Le porche sud (granite, vers 1437) de l'église de Runan.
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Voir sur Runan :
- La maîtresse-vitre de l'église de Runan (22).
- Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan.
- Le bestiaire — zodiacal, religieux, et général — des sablières ornées (bois polychrome, Le Mérer, v.1895) de l'église de Runan.
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Comparer à :
- La Collégiale du Folgoët II. Les anges des façades (kersanton, vers 1423-1433).
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La Collégiale du Folgoët III . Le Porche des Apôtres (1423-1433).
- La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. IV. Les emblèmes, devises et marques des ducs de Bretagne 1423-1505.
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Le portail sud de la cathédrale de Quimper. (1424-1433)
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L'enclos paroissial de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou IV. Le porche sud : les Apôtres. (1498-1509) par le Second atelier du Folgoët : les Apôtres et le Credo apostolique. .
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PRÉSENTATION.
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Données historiques.
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L'église de Runan, construite au XIV et XVe siècle est une ancienne fondation des Templiers, devenue une commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean, mais dédiée à Notre-Dame, est surtout redevable de sa magnificence aux fondations qu'y firent les ducs de Bretagne en raison de leur proche résidence de Châteaulin-sur-Trieux, et dès 1381, Jean IV y fonda une chapellenie d'une messe chaque jour, dans la "chapelle de Ruzargan". Cette fondation se traduit par la restauration du transept et l'ajout d'un bas-côté nord.
Puis Jean V concéda une nouvelle foire à la fabrique le 2 juin 1414, à la fête de Notre-Dame.
Une nouvelle foire au jour de la Saint-Barnabé est octroyée le 19 mai 1421, son administration étant confiée à Henry du Parc. Ce dernier fera établir son gisant avec celui de son épouse Catherine de Kersaliou.
La nouvelle foire est établie "pour l'augmentation de la dite chapelle, et dès 1423, l'ancien plan en tau des templiers est modifié par la création du chevet et de la tour-porche. Sur la maîtresse-vitre à six lancettes de 1423, les nobles de Runan témoignent de leur participation au chantier et aux prééminences qu'ils y exercent : les familles Le Goales, de Lestrézec, Le Caourcin Le Saint de Kerambellec, de Lezversault, Kergrist et Plusquellec ont leurs armes sur les lancettes, Henry du Parc et Catherine de Kersaliou placent les leurs en tête de lancette; tandis que le tympan reçoit celles des Rostrenen, de Jean du Perrier (et de sa femme Constance Gaudin), avec celles des Kerchenériou dans les ajours. Enfin, en supériorité sur le tympan viennent les armes du duc Jean V et de son épouse Jeanne de France.
L'abondance de ces armoiries, et de celles que nous allons découvrir, amène à relativiser l'importance du mécénat ducal et de donner plus de poids à celui des bienfaiteurs locaux. En témoignent les chapellenies mentionnés dans les aveux hospitaliers, appartenant principalement aux prestigieux lignages établis à Runan et Plouëc, dont certains furent associés à la haute administration du duché dès la seconde moitié du XIVe siècle. (S. Lemaître)
Le 28 mars 1435 est accordée une nouvelle foire.
Une enquête du 15 août 1439, relative à l'enlèvement par Olivier de Kernechriou des armes du commandeur du Palacret, Pierre de Keramborgne, indique, d'autre part, que la chapelle de la Commanderie, au sud de l'église, venait d'être terminée l'année précédente, ainsi que le porche méridional.
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LE TYMPAN DU PORCHE.
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Le tympan du porche sud, édifié par Pierre de Keramborgne entre 1435 et 1438, en arc brisé, porte un décor sculpté en moyen-relief sur deux registres.
Le registre principal s'inscrit sur une corniche moulurée de part et d'autre du fleuron de l'accolade. Elle associe une Annonciation à gauche et une Déploration à quatre personnages à droite. Une frise de sarment la surmonte.
Le registre supérieur, encadré de la frise de rinceaux, n'a qu'un tableau, consacré à un ange aux ailes déployées, qui écarte les bras en signe d'accueil ou de salutation.
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La Déploration.
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Au centre, la Vierge, un genou à terre et peut-être assise, vêtue d'un manteau qui la voile, tient son Fils, dont le corps vu de face les bras parallèles au tronc, forme une diagonale.
À sa droite, saint Jean offre la particularité de tenir la palme, celle que, dans les récits apocryphes, lui sera remis par la Vierge pressentant sa mort., et qu'on voit dans les Dormitions.
À sa gauche, sainte Marie-Madeleine, la tête inclinée et les cheveux longs tombant sur ses épaules, tient le flacon d'aromates de la main gauche.
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L'Annonciation.
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À droite, l'archange Gabriel, de trois-quarts, est agenouillé un seul genou à terre, ses cheveux sont rassemblés par un bandeau puis forment deux masses latérales polylobées, et ces boucles angéliques rappellent fortement la manière de l'atelier ducal du Folgoët tant à la collégiale du Folgoët, qu'à Rumengol , à Saint-Herbot et sur le porche sud de la cathédrale de Quimper.
De grosses joues arrondies encadrent une bouche très petite.
Il est vêtu d'une tunique longue dont le large revers (ou l'amict) descend en pectoral.
Il est séparé de la Vierge par un vase d'où s'élève comme une colonne fleuronnée le lys métaphorique de la fleur de pureté et du vase clos de la virginité.
D'une main droite placée en avant paume vers le haut et d'une main gauche tendue en arrière, il déploie un phylactère (celui de l'Ave Maria), mais si nous voulons suivre le déroulé de ce dernier, nous le voyons à la fois à la base du vase, s'enroulant autour de la colonne, passant en diagonale et se retrouvant en haut à droite devant l'une des ailes.
L'autre aile, la droite, montre son bord crénelé entre l'épaule, et la colonne.
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Devant lui, et sculpté sur un bloc séparé, la Vierge est représenté de face, faisant de la paume gauche le geste d'acceptation du Fiat, tandis que la main droite est encore posée sur le lutrin et le livre dont elle récitait les prières avant d'être surprise par l'irruption du messager divin. Un phylactère se retrouve sur le piètement du lutrin, et une inscription peinte courait peut-être sur l'ensemble de la banderole.
Là encore, le visage de la Vierge est particulièrement joufflue ; un bandeau ou un cordon passe autour de son voile.
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L'Ange aux bras écartés.
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Il semble agenouillé et donc en adoration ; sa tunique est serrée par une ceinture.
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LES CONTREFORTS ET LEURS ÉCUS.
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Ils sont décrits par S. Lemaître comme "des contreforts obliques armoriés qui se détachent de la file de pignon".
Ces contreforts à orientation obliques sont une innovation que se retrouvera une décennie plus tard à La Martyre.
Couffon écrit : "Les contreforts sont ornés d'écus d'une très belle sculpture, mais que les lions servant de supports permettent, d'après l'enquête de 1439, d'attribuer au commandeur Pierre de Keramborgne."
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Pierre de Keramborgne et ses armoiries.
Une enquête du 15 août 1439 est relative à l'enlèvement par Olivier de Kernechriou des armes du commandeur du Palacret, Pierre de Keramborgne, sur le pignon sud, après qu'elle y soient restée au moins une année avant le procès, soit un chantier débuté entre le milieu de l'année 1437 et le début de l'année 1438.
Cette enquête d'un procès dont on ignore l'aboutissement , "en cette chapelle et église de Runazhan, devers le midi, [qui] a esté puis nagueres commancee et facte ou près de faicte" disait: "Led. exposant avoir fait mestre et entailler un escuczon ouquel estoient mises et entaillees les armes d'icelui exposant, avecques son timbre au dessus d'icelles armes, et y estoient entaillez et figurez deux leons tenoient led. escuçon ou estoient celles armes."
Ces armes se retrouvent avec celles de l'Ordre de Malte sur les ajours trilobés de la maîtresse-vitre. On les trouve aussi sur la maîtresse-vitre de la chapelle de Keramanach en Plounevez-Moëdec. Elles se blasonnent de gueules à un heaume de profil d'or accompagné de trois coquilles d'argent.
http://www.infobretagne.com/plounevez-moedec-keramanach.htm
La famille de Keramborgne était établie près de Vieux-Marché. Pierre était le fils de Guillaume, homme d'armes lors de la montre de Tréguier de 1481, et de Catherine de Coëtvoult.
"Cette famille a notamment fondée la chapelle de Sainte-Barbe à Plouaret. Leurs armoiries sont d'ailleurs visibles sur le calvaire daté de 1612. Cette seigneurie possédait un droit de haute, moyenne et basse justice qu'elle exerçait au bourg de Plouaret. On peut citer dans cette famille : Merien de Keramborgne (1437), Jean de Keramborgne (époux d'Anne Loz), Guillaume de Keramborgne (époux de Catherine de Coatvoult, il comparait à Tréguier en 1481 avec 400 livres de revenu comme homme d’armes) et Pierre de Keramborgne (1498). La seigneurie passe ensuite entre les mains des familles La Haye (suite au mariage de Jeanne de Keramborgne avec Jean de La Haye), de Bellisle (cité en 1526 et 1556), Perrien (en 1583, suite au mariage de Louise de Bellisle avec Charles de Perrien)." http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ferme-de-keramborn-le-vieux-marche/6ce960cc-2062-46c6-8112-69871cafefc6
Les pinacles de ces contreforts ont été ajoutés selon Couffon pendant les restaurations de 1895.
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Le complexe armorié de gauche.
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Je n'en n'ai pas trouvé de description précise. Les gens ne sont-ils point curieux ? Gardent-ils le fruit de leurs recherches pour eux ?
Les supports en sont deux lions, dressés sur les pattes arrières, et présentant entre leurs pattes antérieures le complexe héraldique. Mais celui de gauche a la tête de profil ("lion" héraldique) et l'autre, à droite, a la tête de face ("léopard" héraldique). Leur queue se dresse verticalement derrière leur corps.
L'écu est-il réduit à la partie rectangulaire inférieure (muette), ou inclut-il le heaume, comme meuble, heaume représenté ici de face ?
Dans ce dernier cas, peu convainquant, l'écu est surmonté d'une couronne, puis vient le cimier que je compare à un vase (c'est difficile à décrire) et à une fleur à plusieurs boutons. À la réflexion le "vase" est un coussin (ou un tortil, mais qui ferait double emploi avec la couronne.
Je penche plutôt pour un (petit) écu aujourd'hui muet, surmonté d'un heaume de face et d'une couronne, puis d'un coussinet d'un cimier en fleur stylisé.
L'écu étant muet, nous ne pouvons en déterminé le possesseur.
Au secours les amis experts !!
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Le complexe armorié de droite.
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Il ressemble fort au premier, mais pourtant...
1. Le lion de notre gauche est de profil mais sa tête est tournée vers nous, le support est un léopard à dextre. Et inversement, le support senestre est un lion.
2. Leurs queues passent entre les jambes puis devant le ventre.
3. L'écu est couché, la pointe vers notre droite.
4. Le coussin se prolonge en une tige, cerclée d'un anneau, et le cimier ressemble à un arbre.
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Les armoiries ducales du faîte.
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C'est ballot. J'ai oublié de prendre en gros plan l'écu rectangulaire couronné, paraît-il, en bannière. Ce serait l'écu du duc. Je n'y vois rien de précis, hormis la couronne.
Ma photo montre en arrière-plan le cadran solaire qui surmonte la rosace.
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Le cadran solaire.
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Michel Lalos cite l'inventaire de la SAF [inv. SAF : 2226901-1] et décrit un cadran peu déclinant de l'après-midi, semi-circulaire, gravé sur pierre, aux lignes chiffrées dans demi-couronne, avec un moignon de style
Il existe un autre cadran solaire, "canonial" (*), à dix secteurs égaux, en réemploi sur le soubassement d'une banquette du porche.
(*) CORNEC (Jean-Paul), LABAT-SEGALEN (Pierre), ROUXEL ( Bernard), 2010 Cadrans solaires en Bretagne Skol Vreizh
https://www.sahpl.asso.fr/site_sahpl/Cornec%20-%20S%C3%A9galen%20-%20Rouxel%20-%20Cadrans%20solaires%20en%20Bretagne.pdf
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RAPPROCHEMENT AVEC LA CHAPELLE NOTRE-DAME-DE-LA-CLARTÉ DE PERROS-GUIRREC.
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S. Lemaître a souligné les ressemblances entre ce décor et celui du tympan de la chapelle Notre-Dame-de-la-Clarté ( à 25 km au nord-ouest), datant du milieu du XVe siècle et décrite en 2010 par Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult. Elle peut être datée entre 1445 (inscription sur un pilier) et 1485.
Malgré l'absence d'ange aux bras écartés en partie haute, la composition 'apparente dans tous ses détails à celle de Runan, tant pour l'Annonciation et la Déploration séparées par l'imposant fleuron d'accolade que pour les choux frisés des rampants au dessus du gable et que pour les deux panneaux des armes présentées par deux lions, et avec des heaumes.
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LES PIÉDROITS ET VOUSSURES DU PORCHE : DOUZE PERSONNAGES ASSIS ET DES ANGES BANDEROLÉS.
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S. Lemaître décrit ici les piédroits, la triple voussure en tiers point, le cortège des anges banderolés, et l'archivolte en accolade rehaussée de choux frisés.
Je retrouve bien, de l'intérieur à l'extérieur, une voussure à sarments, puis une voussure à douze personnages, puis l'accolade s'appuyant sur une console feuillagée et sculptée de douze anges enrubannés du côté interne et de feuilles côté externe, et des deux pinacles engagés à denticules.
Les auteurs, lorsqu'ils se prononcent sur ces personnages, les tiennent, comme Lemaître, pour des apôtres. Parce qu'ils vont par douze sans doute. Je n'y crois pas. Les apôtres sont rarement assis. Leurs barbes ne sont pas taillées en pointe, et ils ne sont pas coiffés de bonnets. J'inclinerait pour des prophètes. C'est drôle comme dès qu'on approfondit un peu l'examen des sites, on se retrouve avec plus de questionnements et moins de certitudes.
L'usure du granite ne facilite pas les choses. Ce n'est pas ici le beau kersanton de Basse-Bretagne.
Certains de ces messieurs ont un point commun, celui de lever la main vers le haut, pour désigner le ciel, ou plutôt un saint personnage (Christ ou Vierge) qui les dominerait . Comme les rois de Juda et les Prophètes dans les Arbres de Jessé.
Ceux qui débutent les séries, en bas à droite et à gauche (n°1 et n°12), s'encadrent dans les moulures transformées en colonnes à chapiteaux.
J'ai pris mes photos des personnages en débutant par la gauche, ce qui reste arbitraire tant qu'aucun d'eux n'est identifié. En tout cas, je ne vois nulle part un saint Pierre tenant sa clef.
Des restes de polychrome ocre sont visibles.
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N°1.
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N°2.
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N°3.
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N°4.
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N°5.
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N°6.
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N°7. On redescend vers la droite.
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N°8.
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N°9.
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N°10.
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N°11.
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N°12.
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L'INTÉRIEUR DU PORCHE.
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"À l'intérieur du porche, la porte en tiers-point est simplement soulignée aux piédroits par deux colonnettes qui s'effacent dans les claveaux de la voussure supérieure. L'entrée du porche est couverte d'une voûte octopartite reposant sur de fines arcatures qui ont pour clé une rose couronnée d'angelots." (S. Lemaître)
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L'ange à phylactère du côté ouest.
On remarquera la coiffure à boules ou macarons, si typique des sculpteurs de l'atelier ducal, au Folgoët, à Quimper et à Rumengol.
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Une console feuillagée du côté est.
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La rose feuillagée ou nuée entourée de huit anges à phylactères.
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Mes photos des têtes d' anges ne sont pas excellentes, mais tendent à montrer les coiffures en macarons, largement illustrés dans mes articles sur l'atelier ducal dit "du Folgoët" (E. Le Seac'h).
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SOURCES ET LIENS.
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—ALAIN (Agnès), 2020, Sortie fontaines et petits patrimoines
https://docplayer.fr/189176009-Sortie-fontaines-et-petits-patrimoine-du-9-mars-2020-pontrieux-runan.html
—BLANCHARD (René), 1895, Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne: étude sur les sources du recueil. n°. 2218 et 2371
Lettres du duc concédant à la chapelle de N. D. de Runan une foire qui devait se tenir le samedi précédant le pardon de la chapelle, fixé au dernier dimanche de juillet. Par le duc, de son commandement, présents : l'archidiacre d'Acreleon, Yvon Roscerf et autres. — Cador.
https://archive.org/details/lettresetmandem02blangoog/page/n137/mode/2up
Mandement d'enquérir de l'injure faite au commandeur de la Feuillie en enlevant ses armoiries de l'église de Runan. Orîg. jad. scellé sur s. q. (Ar. CÔtes-du-Nord, H, f. de Malte).
A Vannes, 1439, 15 août. — « Jehan... A noz seneschalx, alloez et procureurs du ressort de Goelou, de Guigamp et de Lannuyon et à leurs lieutenans, à noz bien amez et fealx conseillers Eon de Roscerf, nostre maistre d'ostel, Jehan de Vennes, nostre contrerolleur gênerai, Robert Cador, nostre secrétaire, Alain Raison et Guillaume Labbé, salut.
De la partie de nostre bien amé et féal religieux et cher frère Pierres de Kaerenborgne, commandeur de la commanderie de la Feuillée et du Palacret, nous a esté exposé engrièvement complaignant, disant que l'église ou chapelle de N. D. de Runarzhan, tref ou fillete de la paroesse de Ploeuc, du diocèse de Treguer, est, comme on tient et dit on communeement, fondée et située en la terre ou fé de lad. commanderie, et ce est assez vroysemblable à croire, car celle chapelle est cernée et environée pour la plus grant partie, des fiez et terres d'icelle commanderie, et aussi en celle chapelle a telle et semblable indulgence et remission comme il a es aultres églises et chapeles fondées et situées es fonds, fiez et terres de lad. commanderie et des autres samblables commanderies de l'ordre de l'ospital Mr saint Jehan Baptiste de Jherusalem ; et que en celle chapelle et église de Runazhan, devers le midi, a esté puis nagueres une chapelle commancée et faicte ou près de faicte, et que au pingnon d'icelle nouvelle chapelle, devers led. midi, est assise et levée une belle fenestre de pierre de taille, et que en une belle pierre de taille assise ou hault d'un costé d'icelle fenestre, par dehors devers midi, led. exposant avoit fait mectre et entailler un escuczon ouquel estoient mises et entaillées les armes d'icellui exposant, avecques son timbre au dessus d'icelles armes, et y estoient entaillez et figurez deux leons, l'un d'un costé et l'autre de l'autre costé d'icelles armes, semblans en figure que celx deux leons tenoient led. escuçon où estoient celles armes, et que tout estoit bien et notablement figuré, entaillé et fiait de et en bel et bon ouvrage de pierre ; et ilecques mis, assis, souffert et laissé par le temps d'un an ou environ ou plus, et tellement que les voisins et demourans en celles mettes et celx qui aloient à lad. église ou passoient par auprès d'elle, au moins devers le midi, le povoient veoir et savoir ; et mesmes Rollant de Kernechriou, Phelipe de Kernechriou son frère et Alain de Kernechriou, oncle desd. frères, le savoient et povoient assez savoir, ainsi que sera déclaré et trouvé si mestier est, comme dit celui exposant ; disant oultre que lui, avecques ses biens, saisines et possessions quelxconcques estoient de piecza et encore sont en noz seurté, proteccion et sauvegarde générale et especiale, pupliés et faictes açavoir tellement que lesd. de Kernechriou ne autres d'icelles parties n'en porroient prétendre ignorance.
Et neantmoins tout ce que dit est, lesd. armes dud. exposant ont esté, puis un mois encza ou environ et que que soit nouvelement et puis nagueres, rompues, arrasées, deffaictes, desentaillées et ostées, et ou lieu et endroit où elles estoient, sont mises, figurez et peintes les armes desd. de Kernechriou ou des aucuns d'elx, car en icelui lieu, puis le démolissement desd. armes dud. exposant, furent mises et assises en peinture et colleurs les armes dud. de Kernechriou, o un cressant d'avantage qui sambloit estre manière de diferance, et que celles armes de Kernechriou o celle diferance furent ilecques par aucuns jours, et après ce en fut ostée lad. diference, et y demeurèrent les plaines armes dud. de Kernechriou, savoir dud. Rollant de Kernechriou, teles comme il les porte, car il est l'aisné de celx de Kernechriou ; et dit celui exposant que lad. offense a esté principalement procurée, pourchacée et faicte par lesd. Rollant et Phelipes de Kernechriou, et que de ce faire ilz et leurs adhérez et complices ont esté agens, consentens et participans, ainsi que plus à plaîn sera déclaré en lieu et temps ; quelle chose, si elle n'estoit reparée, seroit en grant foule, vitupère, deshoneur, préjudice, grief et domage dud. exposant ainsi qu'il dit, et nous a très humblement supplié de lui pourvoir sur ce de convenable remède.
Pour ce est il que nous, desirans justice estre faicte et ne voulanz tieulx deliz demeurer impuniz, quelx, s'ilz sont vroiz, sont cas de mal exemple et dignes de granit punicion, comme de violence faicte à l'iglise, commectant sacrilège et infraccion de nostre sauvegarde et grant offense faicte aud. commandeur et à son estât et honeur, qui est issu de bon et grant lignage appartenant à plusieurs des barons et autres grans nobles de nostre duchié et grandement et dignement bénéficié..., Vous mandons... que vous vous transportez sur le lieu où l'en dit lesd. excès avoir esté faitz, et vous imformez et enquerez du cas sommairement et de plain...; et si vous trouvez lesd. de Kernechriou... coulpables, les requérez... d'en faire reparacion... et remectre les armes dud. commandeur es lieu et estât que trouverez [que] elles estoient avant lad. demolicion d'icelles... Par le duc, en son conseil, ouquel : Vous, l'evesque de S» Brieuc, le maistre d'ostel, Pierres Ivete, le seneschal de Moncontour et autres estoint. — Gunemar. »
https://archive.org/details/lettresetmandem02blangoog/page/n225/mode/2up
— BONNET ( Philippe), RIOULT ( Jean-Jacques), 2010 , "Chapelle Notre-Dame-de-la-Clarté,", in Bretagne gothique : l'architecture religieuse, Paris, Picard, 2010, 485 p.
— COUFFON René Couffon, « Runan », Congrès archéologique de France, Société française d'archéologie « 107e session, 1949, Saint-Brieuc », 1950, p. 150-164.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32118665/f154.image.r=runan
—Infobretagne
http://www.infobretagne.com/runan-eglise.htm
—LALOS (Michel)
http://michel.lalos.free.fr/cadrans_solaires/autres_depts/cotes_d_armor/cs_22_guingamp.php
— LASCAUX (Michel), 1987, Runan l'église des Chevaliers de Malte.
http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_106/Runan_lEglise_des_Chevaliers_de_Malte_.pdf
— LE FLOC'H (Loieiz), La chapelle Notre-Dame-de-la-Clarté.
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— LEMAÎTRE (Stéven), 2015, « Runan, église Notre-Dame-de-Miséricorde », Congrès archéologique de France, Société française d'archéologie « Monuments des Côtes d'Armor, le « Beau Moyen Âge », 173e session, 2015 », 2017, p. 313-326.
— MAN8ROVE
https://man8rove.com/fr/blason/dul7nwn-parc
https://man8rove.com/fr/profile/yru34x5gc-henry-du-parc
—MONNIER (Louis), 1900, « L'église de Runan, ses origines, son histoire », Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, vol. 24, 1900, p. 195.
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https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411436v/f285.image.r=runan
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411435g/f134.image.r=runan?rk=42918;4
—MONUMENTUM
https://monumentum.fr/eglise-notre-dame-cimetiere-pa00089576.html
— PATRIMOINE
https://www.patrimoine-religieux.fr/eglises_edifices/22-C%C3%B4tes-dArmor/22269-Runan/138124-EgliseNotre-Dame
—ROLLAND (Jean-Paul), 2016, L'église Notre-Dame de Runan.
http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_242/eglise__notre__dame__runan.pdf
—ROPARTZ ( Sigismond), 1854, « Notice sur Runan », Annuaire des Côtes d'Armor, 1854.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1107857/f87.item
— SPREV
http://www.sprev.org/centre-sprev/runan-eglise-notre-dame-de-misericorde/
— WIKIPEDIA
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Notre-Dame_de_Runan