Sous le porche de Guimiliau, l'ordre habituel de succession des apôtres, qui suit celui du Credo des apôtres, n'est pas respecté, puisque nous devrions avoir Pierre, André, Jacques, Jean, Thomas, Jacques le mineur, Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Jude, Mathias, malgré des variantes après saint Jean. D'autre part, les articles du Credo peints sur les phylactères que tiennent les apôtres sont soit effacés, soit repeints à une période récente.
Les apôtres s'ordonnent par six de part et d'autre du passage des fidèles sous le porche voûté, sous la statue du Christ Sauveur. Chaque apôtre prend place dans une niche à colonnes ioniques et à dais à découpes flamboyantes et voûte à petite clef pendante. Ces niches conservent leur polychromie ocre rouge, mais les statues en pierre ont perdu leurs couleurs, sauf le phylactère qui a été repeint en voilet.
Le Maître de Plougastel a réalisé, à part les deux statues de Pierre et de Jean de cette série, toute la décoration du porche, aidé de son assistant ou "valet : les termes gainés, le bénitier, les modillons et bases de colonne, et les bas-relief dont la scène du saint Yves en exorciste.
Puis Roland Doré a poursuivi le chantier, et a réalisé les statues de six autres apôtres, tous du côté ouest : Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Jude et Thomas, après avoir exécuté les statues des niches extérieures.
Roland Doré, excellent sculpteur de la pierre de kersanton, installé à Landerneau, a sculpté 52 apôtres pour les diocèses de Léon et de Tréguier, et seules deux séries sont complètes, celles de Pleyber-Christ et celle de Plestin-les-Grèves.
Roland Doré (actif de 1618 à 1663) a d'abord travaillé , sans doute comme compagnon de l'atelier du Maître de Plougastel (1570-1621), en 1622 à Saint-Thégonnec pour la croix de Coslen, puis, reprenant un chantier du Maître de Plougastel, il prend le titre de maître à Hanvec en 1621-1622 dans un acte de réparation de la croix du cimetière. Il atteint la maturité de son style lorsqu'il réalise le porche de Guimilau en 1624 (le chantier avait été débuté en 1606 par le Maître de Plougastel).
Les autres statues, dont on peut penser qu'elles sont plus tardives, se trouvent à :
Pleyber-Christ : 12 statues de 0,98 à 1 m de haut, 27 cm de large et 23 cm de profondeur. Roland Doré a aussi réalisé une décollation de saint Pierre au fronton intérieur du porche.
Plestin-les-Grèves: 12 statues de 1,18 à 1,22 m de haut, (et les statues de l'extérieur, un saint Yves et une Marie-Madeleine)
Trémaouézan : 11 statues de 1,60 m de haut. Celles de saint Pierre a été réalisée par le Maître de Plougastel en 1633 sous le rectorat d'Hervé Fily qui signe de ses initiales séparées par un calice sur un blason. Roland Doré a aussi réalisé une Vierge à l'Enfant pour une niche centrale du porche.
Le Tréhou: 4 statues de 0,80 cm, des apôtres Pierre, Jean, André et Thomas, ainsi qu'une statue du Christ Sauveur.
Saint-Thégonnec(1625, 1632 et 1635) : 3 apôtres Jean, Jacques le Majeur et Thomas (Pierre par le Maître de Plougastel). Roland Doré a aussi réalisé une Annonciation et Jean l'évangéliste à l'extérieur du porche.
Plougourvest : Jacques le Majeur. Roland Doré a aussi réalisé un Christ Sauveur au dessus de la porte d'entrée et une Vierge à l'Enfant à l'extérieur du porche.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
1. Saint Pierre , kersanton, Maître de Plougastel, 1606.
Inscription du socle : A : GO.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
2. Saint Jacques, bois, XVIIIe.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
3. Saint Jean, kersanton, Maître de Plougastel, 1606.
Visage imberbe, cheveux taillés mi-longs. Il tient la coupe du poison qu'il bénit de sa main droite. Quatre boutons ronds sur patte. Ceinture plate nouée.
Présence d'un écusson aux armoiries peintes effacées, celles d'un prêtre, voire d'un noble.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
4. Saint André et sa croix en X, bois, XVIIIe.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
5. saint Mathias, bois, XVIIIe.
Attribut (avec un manche rond tenu en pleine paume) perdu.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
6. Saint Jacques le Mineur et son bâton de foulon, bois, XVIIIe.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Le côté ouest (ou côté gauche en entrant dans l'église).
7. Saint Philippe.
8. Saint Barthélémy.
9. Saint Matthieu.
10. Saint Simon
11. Saint Jude.
12. Saint Thomas.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
7. Saint Philippe et sa croix. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription S.F (saint Philippe ?) sur le socle.
Grand manteau enveloppant à doubles plis centraux en zig-zag. Phylactère en diagonale. Philippe tient une croix courte en main droite, différente de la croix à longue hampe habituelle dans l'iconographie.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
8. Saint Barthélémy et son couteau à dépecer. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle S.B ( initiales du saint ?).
Pupilles creusées. Robe à six boutons ronds. Manteau tombant droit sur les épaules, le pan droit faisant retour vers le poignet gauche.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
9. Saint Matthieu et sa hache. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle S.MA.
Pupilles creusées. Barbe peignée. Robe à cinq boutons ronds sur boutonnière en patte ronde, et à ceinture déterminant de nombreux plis serrés en dessous. Pans du manteau réunis sous la gorge par un bouton, le pan gauche faisant retour vers le poignet droit.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
10. Saint Simon et sa scie. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle S.S
Pupilles creusées. Robe sans bouton serrée par une ceinture plate. La scie est longue, à double poignée arrondie.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
11. Saint Jude . Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle S.I pour saint Iude.
Pupilles creusées. Robe à cinq boutons ronds. Manteau à pans trapézoïdaux à plis bouillonnants.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
12. Saint Thomas et son équerre. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle : S. M., initiales d'un donateur, d'un fabricien ou prêtre, "à moins que ce soit une confusion pour saint Matthieu, comme on le voit aussi pour Thomas au Tréhou" (E. Le Seac'h p. 227)
Pupilles creusées. Robe à cinq boutons ronds.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Quelques dais à masques de personnages.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie), 1883, L'église de Guimiliau, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du XVIIè siècle) , Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Pages 97 à 156.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1996, Du nouveau sur Roland Doré
— CASTEL in DANIEL, (Françoise), 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux : [exposition, Morlaix, Musée des Jacobins, juillet 1988] / [exposition conçue et réalisée par Françoise Daniel] Jacobins, juillet 1988] 1 vol. (56 p.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm D'après les travaux d'Yves-Pascal CASTEL .
"Doré s'est forgé un style si reconnaissable que certains amateurs se refusent à y déceler ces variations, subtiles mais réelles, qui font d'un simple praticien un artiste véritable qui s'attache à renouveler sa manière.
Les anatomies des personnages se cachent sous des étoffes lourdes, les mains sont stylisées, les pieds nus dépassant la tombée des plis des tuniques se réduisent à un rang de billes inégales... Tout cela pourrait faire illusion sur le talent de l'artiste encore que nous le verrons, on repère des exceptions.
Mais il y a les visages !
Fronts bombés, lisses ou creusés de rides, selon l'âge ou le sexe des personnages, ligne des arcades sourcilières larges et franches, pommettes pleines et arrondies, un visage de Doré se reconnaît presque toujours.
Les yeux, où se réfugient la manière et les intentions de l'artiste, tout comme ses manies et ses tics, sont particulièrement typés. Les paupières en amande ont le sillon palpébral toujours indiqué. En ceci, Doré se démarque franchement du maître du calvaire de Plougastel-Daoulas, qui , supprimant tout sillon, donne toute l'importance au globe oculaire. Au contraire, dans une option naturaliste
, Doré concentre l'intérêt sur l'iris. Il marque la pupille d'un creux expressif, dont la direction invite le regard de l'observateur à une mobilité qui participe à la vie de ces faces minérales.
Le sillon naso-labial est creusé, plus ou moins, s'articulant sur des lèvres relativement fines.
L'étonnant, dans ce traitement des visages, est qu'il contraste, mis à part les traits incisifs des chevelures et des barbes, avec l'agencement des drapés des vêtements et de leurs plis.
Des étoffes opaques qui masquent les corps, nous l'avons dit, dissimulant les anatomies, en quoi Doré s'engage dans un hiératisme qui l'éloigne du style de l'époque dans laquelle il s'insère. Encore que certaines grandes pièces, telle la Vierge de l'Annonciation de Saint-Thégonnec, invitent à tempérer ce jugement.
Les drapés, calmes et amples, se déploient en pans sculpturaux soulignant la majesté des volumes, tels ceux de la Madeleine du groupe de Notre-Dame-de Pitié si fascinant de Senven-Lehart.
Si les drapés sont stylisés, l'origine de leurs plis n'en demeure pas moins naturelle, structurant, en les animant tout à la fois, les silhouettes. Les plis, formés sur des étoffes épaisses et fermes, captent avec vigueur les ombres d'une sculpture destinée à vivre en plein vent, plus qu'à habiller des corps qui se font oublier.
Plis en becs caractéristiques sur les flancs des blocs sculptés. Plis en volutes, simples ou composés, aux lisières latérales. Plis en volutes simples à queue d'aronde, à étages et bouillonnants dans les pans des manteaux rebrassés. Plis couchés et repassés se chevauchant les uns les autres. Plis en accordéon, sur les manches ajustées. Plis en éventail sur les bras qui portent le manteau."
— COUFFON, René, 1961, L'évolution de la statuaire en Bretagne après la guerre de succession du Duché - In: Mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 97 (1961) p. 1-16
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Guimiliau, Extrait de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.
— LE GUENNEC (Louis), Morlaix et sa région. page 268
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut.
— NANTEUIL (Alfred DE LA BARRE DE ), 1914, Guimiliau (S.F.A. - C.A. 1914) Non consulté.
Le porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Les six statues en kersanton (celle de sainte Pitère, celles de quatre apôtres et du Christ Sauveur par Roland Doré, vers 1649). Les sablières et les blochets de 1610. Le portail ouest (1649).
Nous trouvons une brève description de ce porche dans la Notice de René Couffon et Alfred Le Bars :
"Le porche latéral, lambrissé avec sablières Renaissance décorées des instruments de la Passion, de têtes d'anges et des Evangélistes-blochets, porte la date de 1610 et l'inscription " SERVIRE DEO REGNARE EST " sur la sablière du côté est. Sa porte extérieure est entourée de deux colonnes cannelées en kersanton ; les contreforts portent des niches à coquille caractéristiques de l'atelier de Kerjean. Dans la niche du tympan, statue très fine en kersanton de sainte Pitère portant livre et palme."
Ce porche se détache curieusement de la partie gauche d'un pignon, l'autre moitié étant percée d'une baie. Sur ce pignon en granite local d'appareillage irrégulier, antérieur au porche (*), et encadré de deux contreforts, on a placé, pour le délimiter à sa droite, un troisième contrefort engagé réduit à un seul de ses angles mais creusé d'une niche à coquille. Le porche se distingue de la partie droite par l'emploi de pierre de Logonna, jaune, et de kersanton gris foncé.
(*) Il porte à son sommet quatre blasons en kersanton, érodés mais où se devinent des motifs et quartiers.
Les moulures en kersanton du porche en plein cintre ne sont pas sculptées de figures, et elles culminent sur la grande clef feuillagée (ou "agrafe") qui porte, vers l'intérieur, la date de 1610.
Deux colonnes cannelées rudentées (les cannelures sont occupées en partie basse par des baguettes arrondies) sont inspirées des colonnes "à la française" imaginées par Philibert de l'Orme dans son Traité d'architecture. Elles supportent par des chapiteaux ioniques un entablement dépouillé. À l'étage supérieur équivalent au tympan, une niche à lanternon est encadrée par des pilastres cannelés engagés et des pots à feu. On y trouve la statue en kersanton de sainte Pitère, patronne de l'église.
Comme l'indique René Couffon dans son article sur l'architecture classique en pays de Léon ("école de Kerjean"), ce type de porche à colonnes à la française fait son apparition à Lanhouarneau en 1582, proche du château de Kerjean récemment édifié, puis se diffuse à Bodilis (1601), Guilers (1601), Saint-Houardon de Landerneau (1604), Guimiliau (1606/1617), Trémaouézan (1610-1623), avec des colonnes baguées semblables à celles créées par Philibert de L'Orme pour Villers-Cotterêts en 1552 et au château des Tuileries en 1564.
Au Tréhou (peut-être sur une architecture "de transition" entre Léon et Cornouaille), les colonnes cannelées ne sont pas baguées. Couffon signale cette particularité à Brasparts (1589-1592), Lopérec (1586), Saint-Thomas de Landerneau (1607) ou Plouedern (1609), Plougourvest (1616), etc.
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Le porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
La façade sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Le porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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L'EXTÉRIEUR DU PORCHE (1610) .
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Le porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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L'agrafe et son chronogramme "1610".
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Le porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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La niche Renaissance et la statue de sainte Pitère.
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La statue en kersanton n'est pas proportionnée à la niche et elle a dû être placée là en remplacement d'une autre statue (Vierge?)
La sainte, qui ne peut être identifiée par ses attributs que par référence au nom de l'église, tient la palme du martyre et un livre ouvert. Elle porte un bonnet de coiffe (évoquant la tenue d'Anne de Bretagne), un manteau à plis en bec, une robe à encolure ronde, serrée par une ceinture, et de solides chaussures rondes. Le visage, aux yeux en amande accentuée et à la bouche sévère, n'incite pas à y voir une œuvre de Roland Doré, mais, par son hiératisme, un travail de l' atelier de Landerneau du Maître de Plougastel (1570-1621), dont Roland Doré fut le compagnon avant de devenir maître, voire même une œuvre de l'atelier Prigent (1527-1577). Néanmoins, E. Le Seac'h ne se prononce pas sur son attribution.
La tradition assure que sainte Pitère était la sœur de saint Suliau (Sizun), Thivisiau (Landivisiau) et Miliau (Guimiliau). Son père la fit égorger après qu'elle eut refusé le mari auquel il la destinait.
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Sainte Pitère (kersanton) porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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Sainte Pitère (kersanton) porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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L'INTÉRIEUR DU PORCHE : LES TROIS STATUES EN KERSANTON DU CÔTÉ EST. PIERRE, ANDRÉ ET JEAN RÉALISÉES PAR ROLAND DORÉ.
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À l'intérieur du porche, au dessus d'un banc destiné aux réunions du Conseil de Fabrique, les douze niches ne sont occupées que par cinq statues, bien proportionnées à ces logements : trois du côté droit et deux du côté gauche. La série a-t-elle été complète, ou bien, comme c'est probable, le projet n'a-t-il pas été terminé ? Toujours est-il qu'au début du XXe siècle, on y voyait (Le Guennec) dans les autres niches six statues en bois qui provenaient très probablement de l'ancienne chapelle de Tréveur, trève du Tréhou.
Remarque : la partie haute des niches, et l'entablement qui les surmonte, montrent des colorations noirâtres qui sont peut-être causées par des micro-organismes, mais qui peuvent témoigner aussi d'un incendie.
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Roland Doré.
Les cinq statues en kersanton, de 80 cm de haut son attribuées par Emmanuelle Le Seac'h, dans son catalogue raisonné, au sculpteur Roland Doré.
Rappel :
Roland Doré a sculpté 52 apôtres pour les diocèses de Léon et de Tréguier, et seules deux séries sont complètes, celles de Pleyber-Christ et celle de Plestin-les-Grèves.
Roland Doré a d'abord travaillé , sans doute comme compagnon de l'atelier du Maître de Plougastel (1570-1621), en 1622 à Saint-Thégonnec pour la croix de Coslen, puis, reprenant un chantier du Maître de Plougastel, il prend le titre de maître à Hanvec en 1621-1622 dans un acte de réparation de la croix du cimetière. Il atteint la maturité de son style lorsqu'il réalise le porche de Guimilau en 1624 (le chantier avait été débuté en 1606 par le Maître de Plougastel). Sous le porche de Guimiliau, les statues de Pierre et de Jean sont de ce dernier, Roland Doré exécute celles de Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Jude et Thomas (quatre autres staues en bois datent du XVIIIe).
Les autres statues, dont on peut penser qu'elles sont plus tardives, se trouvent à :
Pleyber-Christ : 12 statues de 0,98 à 1 m de haut, 27 cm de large et 23 cm de profondeur. Roland Doré a aussi réalisé une décollation de saint Pierre au fronton intérieur du porche.
Plestin-les-Grèves : 12 statues de 1,18 à 1,22 m de haut, (et les statues de l'extérieur, un saint Yves et une Marie-Madeleine)
Trémaouézan : 11 statues de 1,60 m de haut. Celles de saint Pierre a été réalisée par le Maître de Plougastel en 1633 sous le rectorat d'Hervé Fily qui signe de ses initiales séparées par un calice sur un blason. Roland Doré a aussi réalisé une Vierge à l'Enfant pour une niche centrale du porche.
Le Tréhou : 4 statues de 0,80 cm, des apôtres Pierre, Jean, André et Thomas, ainsi qu'une statue du Christ Sauveur.
Saint-Thégonnec (1625, 1632 et 1635) : 3 apôtres Jean, Jacques le Majeur et Thomas (Pierre par le Maître de Plougastel). Roland Doré a aussi réalisé une Annonciation et Jean l'évangéliste à l'extérieur du porche.
Plougourvest : Jacques le Majeur. Roland Doré a aussi réalisé un Christ Sauveur au dessus de la porte d'entrée et une Vierge à l'Enfant à l'extérieur du porche.
Landerneau église Saint-Houardon : saint Matthieu.
Voir la liste des articles consacrés aux réalisations de Roland Doré en fin d'article (Sources et liens).
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Bien que le porche du Tréhou soit daté, tant pour l'intérieur sur les sablières que pour l'extérieur, de 1610, les statues, si on accepte leur attribution à Roland Doré, ne peuvent être antérieures au deuxième quart du XVIIe siècle.
Mais d'autres éléments sculptés de l'enclos paroissial du Tréhou pourraient être attribués (hors catalogue de Le Seac'h), à Roland Doré, tant sur le calvaire que sur le portail ouest. Or l'élément le plus caractéristique de ce portail est une tête d'ange de la clef du portail ouest, au dessus de la date de 1649. Je suggère donc que Roland Doré est intervenu en 1649 pour réaliser les cinq statues du porche sud, quelques décors du portail de la tour-clocher, et les anges hématophores de la base du crucifix du calvaire.
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Côté est du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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L'apôtre Pierre et sa clef. Donateur Alain Brest.
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L'apôtre est représenté avec, posée sur l'épaule, sa grande clef dont le paneton est en forme de croix et dont l'anneau est en losange. Il porte sous son manteau une robe à huit boutons ronds sur le devant du torse, serrée par une ceinture de cuir. Le phylactère où était peint le premier article du Credo part en diagonale du poignet gauche.
Les traits du visage sont vigoureux, les yeux en ovale aux paupières soulignées sont centrés par la "drupe" de l'iris à la pupille creusée, trait caractéristique de l'atelier de Roland Doré. Le "toupet" de la calvitie fronto-temporale, n'est pas oublié. Les cheveux et la barbe sont peignés, la moustache forme un V autour d'une pointe de barbe bifide.
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L'inscription ALAIN : BREST renvoie à un membre d'une famille bien connue des généalogistes du Tréhou . Alain Brest est un "julod", un riche cultivateur, fabricant et marchand de toile, décédé après 1611— date de naissance du dernier enfant— (et sans doute même bien après, si on date ces statues vers 1649 puisqu'il assistait au mariage de son fils Guillaume en 1630, décès peut-être en 1658), qui a épousé avant 1604 Marie Le ROUX (décédée en 1611). Le couple a eu quatre enfants :
Anne BREST 1604-1624/ (Marraine : Marguerite de KERSCAU, Dame de Keropartz), mariée le 8 juillet 1624 avec avec Guillaume MENEZ - Le Tréhou, Témoin de mariage : Gabriel GOUSABATZ, Seigneur de Keropartz, †1658
Jeanne BREST 1606-1636, Parrain : Guillaume GOUSABATZ, Seigneur de Keropartz
Guillaume BREST 1609-1658, (Parrain : Guillaume GOUSABATZ, Seigneur de Keropartz), marié en 1630 avec Marguerite KERBRAT 1614-1637, puis en 1638 avec Marie ROUX, père de onze enfants, cultivateur sur Kerom, au Tréhou, qualifié d' "honorable homme".
Gilette BREST 1611-mariée le 18 octobre 1632 au Tréhou avec Hervé CARO.
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On remarquera la noblesse des parrains et marraines. Les Gouzabatz étaient seigneurs de Keropartz au XVIe et XVIIe siècle, et probablement les plus grands propriétaires du Tréhou
Alain BREST devait être établi, comme son fils Guillaume, à Kerom (Kerrom, Kerhom), à 1,6 km au nord-est du bourg. Nous retrouvons ici la racine -hom "vallée" (Menez-hom) et le toponyme kerhom attesté à Plomeur et à Saint-Nic et qui pourrait être à l'origine des toponymes "saint-Côme". La carte montre bien la proximité de Kerhom avec l'important Moulin de Keropartz, sur la rivière de cette vallée à 600 m à l'ouest, et à peine plus loin du lieu-dit (et manoir) de Keropartz.
On a recensé au Tréhou, et ses trèves, 30 (selon l'Inventaire) ou 40 kanndi ou maisons buandières, bâtiments couverts, pavés de dalles, équipés de cuves et de bassins où on faisait chauffer les écheveaux de fil de lin pour les blanchir. Certaines ont été restaurées par l'association Mein Glas.
Le kanndi de Kerhom izella est attesté par ses vestiges et par la micro-toponymie du cadastre parcelle B720. Celui de Kerhom huella (Kerhom d'en-haut) est recensé par l'association Dourdon.
Saint Pierre (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Pierre (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Pierre (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Pierre (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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2. L'apôtre André et sa croix . Inscription F:B:A:F:F
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L'apôtre André porte son attribut, une croix en X dite de Saint-André, de la main gauche, comme à Trémaouézan. Cette croix, comme à Plestin-les-Grèves et Trémaouézan, est de petite taille, moins haute que le torse, à la différence de celle du même apôtre sculpté à Saint-Tugen par le Maître de Plougastel au début du XVIIe siècle, ou de celles de l'atelier des Prigent (1527-1577) ou encore de l'atelier du Folgoët : toutes ces dernières sont placées sur le côté de la jambe et de la hanche, et sont donc plus grandes et cintrées.
Les plis du manteau, qui partent en éventail depuis le poignet droit, forment quatre crans sur le côté gauche, comme, par exemple, le saint Simon de Plestin-les-Grèves.
Les traits du visage sont accentués, avec des rides frontales et naso-labiales marquées. La bouche est entrouverte sur les incisives. Les cheveux aux mèches peignées forment des boucles sur les côtés.
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Si nous comprenons par ses lettres "F.B. a fait faire", nous pouvons tenter de jouer à la devinette : "qui est F.B. ?". Un membre de la famille BREST ? Un François BREST ?
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Saint André (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint André (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint André (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint André (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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3.L'apôtre Jean et sa coupe de poison . Inscription Y:M:A:F:F:C:I
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Nous retrouvons ici, mais du côté droit, la disposition en éventail des plis du manteau.
Le saint bénit de la main droite et tient la coupe de poison, selon un modèle commun à tous les ateliers bretons.
Inscription Y:M:A:F:F:C:I
De même que sur les autres inscriptions des socles, si nous lisons ici "Y. M. a fait faire cette image", cela renvoit-il à un Yves M. ? Par exemple Yves Ménez, né en 1607 ?
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Saint Jean (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Jean (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Jean (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Jean (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Jean (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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L'INTÉRIEUR DU PORCHE : LES DEUX STATUES EN KERSANTON DU CÔTÉ OUEST. L'APÔTRE THOMAS ET LE CHRIST SAUVEUR
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Le côté ouest du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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4.L'apôtre Thomas et son équerre. Inscription S: MATIEV.
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Il ne peut s'agir, comme l'indique l'inscription, de saint Matthieu. L'attribut de ce dernier est la balance, parfois la lance, et jamais l'équerre. Le socle ne semble pas solidaire de la statue, qui y est scellée. Saint Thomas a-t-il été déplacé sur le socle de saint Matthieu ? Ou bien, puisque l'inscription ne suit pas le modèle à initiales des socles précédents, est-elle plus récente ?
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Saint Thomas (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Thomas (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Thomas (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Thomas (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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5.Le Christ Sauveur . Inscription G:B:A:F:F
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Presque partout ailleurs, sous les porches bretons, le Christ Sauveur (c'est-à-dire bénissant et tenant le globe du Monde) occupe une niche disposée au dessus de l'entrée, si bien qu'il préside ainsi à l'assemblée des apôtres. Voir par exemple la statue homologue sculpté par Roland Doré à Bodilis à Lampaul-Guimiliau chapelle de la Trinité, Plestin-les-Grèves ou à l'Hôpital-Camfrout. En tout cas, il n'est jamais placé sur les niches latérales, et cette disposition relève donc d'un avatar de l'histoire locale.
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Inscription.
À nouveau, si nous lisons ici "G. B. a fait faire cette image", nous pouvons imaginer qu'un certain Guillaume BREST est le donateur de cette statue. Rappelons qu'Alain BREST a eu un fils Guillaume, né en 1609, et qui semble avoir repris l'exploitation à Kerhom et le négoce de son père.
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Christ Sauveur (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Christ Sauveur (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Christ Sauveur (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Christ Sauveur (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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L'INTÉRIEUR DU PORCHE : LES SABLIÉRES ET LES BLOCHETS (1610, bois polychrome) .
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Ces sablières évoquent, par leur style Renaissance, par leurs cartouches en cuir découpé à enroulement, par leurs légumes issus du vocabulaire diffusé par les ornemanistes de Fontainebleau (stuc de la galerie François Ier), de l'école de Kerjean, et plus précisément de l'auteur des sablières de la chapelle de Kerjean, de l'église de Pleyben, de la chapelle Sainte-Marie du Ménez-Hom, que Sophie Duhem a désigné sous le nom de Maître de Pleyben. Ce serait alors une manifestation tardive de cet atelier.
Sur les réalisations du Maître de Pleyben (1567-1576), attribution par S. Duhem :
C'est ce côté qui porte le chronogramme 1610 à l'extrême gauche et, tenue par deux anges dans un cartouche à cuir découpé, l'inscription SERVIRE DEO REGNARE EST, "Servir Dieu, c'est régner".
La pièce sculptée, passablement vermoulue, repose sur l'entablement en pierre de telle façon que sa partie basse nous échappe.
Les autres motifs sont : des anges présentant le voile de Véronique ; un masque de face coiffé d'un voile noué sur les oreilles par un nœud de rosette (autre marqueur de l'influence Renaissance) ; un masque léonin de profil, feuillagé et crachant des feuillages.
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Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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II. LES PIÈCES DU CÔTÉ GAUCHE.
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Au centre, deux anges tiennent un cartouche à cuir découpé à enroulement, contenant deux instruments de la Passion, la croix et la couronnes d'épines. Là encore, ce motif est fréquemment retrouvé sur les sablières sculptées par le Maître de Pleyben, par exemple à Pleyben, ou à Sainte-Marie-du-Ménez-Hom.
Ces anges sont figurés — et c'est typique de l'atelier — en vol, leur longue tunique plissée coudée par leur élan.
En périphérie, ce sont des volutes feuillagées nouées, et un masque léonin de profil crachant des tiges et des épillets.
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Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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III. LES BLOCHETS : LES ÉVANGÉLISTES.
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On distingue leur livre, et, plus ou moins, leur plume ou stylet, mais on ne peut les distinguer par leur attribut.
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Blochets du porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blochets du porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blochets du porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blochets du porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blochets du porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blochets du porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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IV. LES MASQUES DES ANGLES.
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Ces masques à la bouche ouverte, tirant la langue, et aux yeux exorbités ont-ils une fonction de protection du seuil que constitue le porche?
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Porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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V. LA PORTE CINTRÉE ET LE BÉNITIER.
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Porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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LE PORTAIL OUEST (PIERRE DE LOGONNA) DE LA TOUR-CLOCHER : ÉLÉMENTS EN KERSANTON (ROLAND DORÉ 1649).
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Le portail ouest est encadré par de solides contreforts. Au sein de l'appareillage en pierre de Logonna (microdiorite quartzite) , seule la clef de voûte est en kersantite d'un gris foncé. Une tête d'ange (ou d'enfant, joufflu et aux cheveux longs et bouclés) est sculptée au centre du chronogramme 1649. On y reconnaît, par la finesse d'exécution, les pupilles creusées et la bouche à demi-sourire, le style de Roland Doré.
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Clef du Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Clef du Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Clef du Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
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Juste au dessus de la corniche du portail du clocher, la teinte grise de la kersantite se remarque encore sur quatre blocs qui devaient être sculptés de blasons.
Sur le bloc de droite, deux anges debout présentent un complexe héraldique (blason carré entouré de palmes ou plutôt d'un collier) très érodé : ils sont manifestement de Roland Doré. Ils portent une tunique bouffantes sur le cordon de ceinture, et fermée par un rang de boutons ronds. Hélas, ils sont défigurés par les lichens jaunes (Xanthoria).
Six ou sept rangées de pierres plus haut, on retrouve encore le kersanton, pour un blason carré, érodé, mais sans les beaux visages doréens.
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Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
— Association Art culture patrimoine Tréhou Mein glas, 2013, L'enclos paroissial de Le Tréhou, Sainte-Pitère, guide de visite. 62 pages IBSN 9782954442709, 2954442700
— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du XVIIè siècle) , Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Pages 97 à 156.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1996, Du nouveau sur Roland Doré
— CASTEL in DANIEL, (Françoise), 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux : [exposition, Morlaix, Musée des Jacobins, juillet 1988] / [exposition conçue et réalisée par Françoise Daniel] Jacobins, juillet 1988] 1 vol. (56 p.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm D'après les travaux d'Yves-Pascal CASTEL .
"Doré s'est forgé un style si reconnaissable que certains amateurs se refusent à y déceler ces variations, subtiles mais réelles, qui font d'un simple praticien un artiste véritable qui s'attache à renouveler sa manière.
Les anatomies des personnages se cachent sous des étoffes lourdes, les mains sont stylisées, les pieds nus dépassant la tombée des plis des tuniques se réduisent à un rang de billes inégales... Tout cela pourrait faire illusion sur le talent de l'artiste encore que nous le verrons, on repère des exceptions.
Mais il y a les visages !
Fronts bombés, lisses ou creusés de rides, selon l'âge ou le sexe des personnages, ligne des arcades sourcilières larges et franches, pommettes pleines et arrondies, un visage de Doré se reconnaît presque toujours.
Les yeux, où se réfugient la manière et les intentions de l'artiste, tout comme ses manies et ses tics, sont particulièrement typés. Les paupières en amande ont le sillon palpébral toujours indiqué. En ceci, Doré se démarque franchement du maître du calvaire de Plougastel-Daoulas, qui , supprimant tout sillon, donne toute l'importance au globe oculaire. Au contraire, dans une option naturaliste
, Doré concentre l'intérêt sur l'iris. Il marque la pupille d'un creux expressif, dont la direction invite le regard de l'observateur à une mobilité qui participe à la vie de ces faces minérales.
Le sillon naso-labial est creusé, plus ou moins, s'articulant sur des lèvres relativement fines.
L'étonnant, dans ce traitement des visages, est qu'il contraste, mis à part les traits incisifs des chevelures et des barbes, avec l'agencement des drapés des vêtements et de leurs plis.
Des étoffes opaques qui masquent les corps, nous l'avons dit, dissimulant les anatomies, en quoi Doré s'engage dans un hiératisme qui l'éloigne du style de l'époque dans laquelle il s'insère. Encore que certaines grandes pièces, telle la Vierge de l'Annonciation de Saint-Thégonnec, invitent à tempérer ce jugement.
Les drapés, calmes et amples, se déploient en pans sculpturaux soulignant la majesté des volumes, tels ceux de la Madeleine du groupe de Notre-Dame-de Pitié si fascinant de Senven-Lehart.
Si les drapés sont stylisés, l'origine de leurs plis n'en demeure pas moins naturelle, structurant, en les animant tout à la fois, les silhouettes. Les plis, formés sur des étoffes épaisses et fermes, captent avec vigueur les ombres d'une sculpture destinée à vivre en plein vent, plus qu'à habiller des corps qui se font oublier.
Plis en becs caractéristiques sur les flancs des blocs sculptés. Plis en volutes, simples ou composés, aux lisières latérales. Plis en volutes simples à queue d'aronde, à étages et bouillonnants dans les pans des manteaux rebrassés. Plis couchés et repassés se chevauchant les uns les autres. Plis en accordéon, sur les manches ajustées. Plis en éventail sur les bras qui portent le manteau."
— COUFFON (René), 1948, L'architecture classique au pays de Léon. L'atelier de l'Elorn. L'atelier de Kerjean., Mémoires SHAB pages 23-101
— COUFFON, René, 1961, L'évolution de la statuaire en Bretagne après la guerre de succession du Duché - In: Mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 97 (1961) p. 1-16
— COUFFON (René) 1988, Nouveau répertoire des églises du diocèse de Quimper
"Le porche latéral, lambrissé avec sablières Renaissance décorées des instruments de la Passion, de têtes d'anges et des Evangélistes-blochets, porte la date de 1610 et l'inscription " SERVIRE DEO REGNARE EST " sur la sablière du côté est. Sa porte extérieure est entourée de deux colonnes cannelées en kersanton ; les contreforts portent des niches à coquille caractéristiques de l'atelier de Kerjean. Dans la niche du tympan, statue très fine en kersanton de sainte Pitère portant livre et palme."
—GOASGUEN (Denis), 1996, Le Tréhou, l'enclos.
—LE GUENNEC (Louis), Le Finistère monumental tome II, Brest et sa région, pages 509-511. Refonte vers 1920-1935 de Le Finistère pittoresque de Guillaume TOSCER, 1907-1910
"Le porche Renaissance, au midi, s'encadre de deux jolies colonnes cannelées d'ordre ionique. Au dessus de l'entrée, une niche terminée en coquille abrite la statuette finement sculptée de sainte Pitère. Des douze Apôtres qui occupaient autrefois les niches à l'intérieur du porche, il en reste trois ou quatre. Sur le socle de la statue de saint Pierre on lit : ALAIN: BREST nom d'une ancienne famille qui a des fondations dans la paroisse.
Six statues en bois, provenant presque sûrement de l'ancienne chapelle de Tréveur, occupent les autres niches. Des frises curieuses complètent l'ornementation du porche. Celle de droite en entrant porte la date de 1610 · puis viennent deux anges portant le voile de la sainte Face ; au milieu, sur un cartouche tenu par deux anges, on lit la devise : SERVIRE DEO, REGNARE EST. La frise se termine par deux rinceaux encadrant une figure grotesque. De l'autre côté un cartouche avec les instruments de la Passion tenu par deux anges, occupe le centre de la frise. Dans les angles sont les statues des quatre Evangélistes."
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne : les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Presses Universitaires de Rennes, pages 205-206.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves.
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PRÉSENTATION
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Dans mon souci de documenter l'iconographie des sculptures de kersantite de Roland Doré (1618-1663), je présente ici les photos des 12 apôtres du porche méridional de l'église Saint-Efflam de Plestin-les-Grèves.
L'attribution a été affirmée par Emmanuelle Le Seac'h dans son catalogue raisonné de l'artiste (p. 346), elle porte sur les 12 apôtres, le Christ Sauveur au dessus du porche d'entrée, mais aussi sur la Vierge, saint Yves et un saint évêque de l'extérieur du porche.
Ce porche, surmonté d'une secrétairerie, porte les armes des Saliou de Lesmaes, alors vicomtes de Plestin. IL fut construit en 1576 par le recteur François de la Tour, qui a inscrit le chronogramme accompagné de ses initiales (il était évêque de Tréguier depuis 1573).
La datation des statues n'est pas connue, même si je rencontre sur internet la date de 1630.
L'un des intérêts de ces photographies et de cet article est de permettre des comparaisons avec les autres séries d'apôtres appartenant à des Credo apostoliques des niches de différents porches . En effet, Roland Doré a sculpté 52 apôtres pour les diocèses de Léon et de Tréguier, et seules deux séries sont complètes, celles de Pleyber-Christ et celle de Plestin-les-Grèves.
Roland Doré a d'abord travaillé , sans doute comme compagnon de l'atelier du Maître de Plougastel (1570-1621), en 1622 à Saint-Thégonnec pour la croix de Coslen, puis, reprenant un chantier du Maître de Plougastel, il prend le titre de maître à Hanvec en 1621-1622 dans un acte de réparation de la croix du cimetière. Il atteint la maturité de son style lorsqu'il réalise le porche de Guimilau en 1624 (le chantier avait été débuté en 1606 par le Maître de Plougastel). Sous le porche de Guimiliau, les statues de Pierre et de Jean sont de ce dernier, Roland Doré exécute celles de Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Jude et Thomas (quatre autres staues en bois datent du XVIIIe).
Les autres statues, dont on peut penser qu'elles sont plus tardives, se trouvent à :
Pleyber-Christ : 12 statues de 0,98 à 1 m de haut, 27 cm de large et 23 cm de profondeur. Roland Doré a aussi réalisé une décollation de saint Pierre au fronton intérieur du porche.
Trémaouézan : 11 statues de 1,60 m de haut. Celles de saint Pierre a été réalisée par le Maître de Plougastel en 1633 sous le rectorat d'Hervé Fily qui signe de ses initiales séparées par un calice sur un blason. Roland Doré a aussi réalisé une Vierge à l'Enfant pour une niche centrale du porche.
Le Tréhou : 4 statues de 0,80 cm, des apôtres Pierre, Jean, André et Thomas, ainsi qu'une statue du Christ Sauveur.
Saint-Thégonnec (1625, 1632 et 1635) : 3 apôtres Jean, Jacques le Majeur et Thomas (Pierre par le Maître de Plougastel). Roland Doré a aussi réalisé une Annonciation et Jean l'évangéliste à l'extérieur du porche.
Plougourvest : Jacques le Majeur. Roland Doré a aussi réalisé un Christ Sauveur au dessus de la porte d'entrée et une Vierge à l'Enfant à l'extérieur du porche.
Landerneau église Saint-Houardon : saint Matthieu.
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DESCRIPTION.
Les statues, en kersantite, mesurent 1,18 m de haut (Simon) à 1,22 m (Jacques le Majeur), 30 cm de large et 18 cm de profondeur. Elles sont scellées sur des socles circulaires. Leur séquence ne reste pas celui du Credo apostolique (Pierre-André-Jacques le Majeur-Jean etc..), sans doute par insouciance lors des remontages (l'église, très remaniée, incendiée en 1944 par les Allemands, a été restaurée au cours de la 2ème moitié du XXe siècle). Pourtant, chaque apôtre tient la banderole où s'inscrivait par peinture l'article du Credo qui lui correspondait.
Tous sont bien-entendu pieds nus, et les rangées d'orteils se glissent sous le pli des longues robes. Dix de ces robes (ou tuniques) sont fermées par quatre ou cinq boutons ronds Tous les apôtres sauf Jean tiennent un livre en main gauche.
Les statues sont aujourd'hui remarquablement restaurées ( peu de moissisures) dans des niches de granite clair à colonnes engagées cannelées.
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Du côté est (à droite en entrant) : (je reprends les identifications d'E. Le Seac'h):
1. Saint Pierre et sa clef.
2. Saint Jean et sa coupe de poison.
3. Saint Philippe et sa croix.
4. Saint Simon et sa scie.
5. Saint Jacques le Majeur et sa tenue de pèlerin de Compostelle.
6. Saint Thomas et son équerre.
Du côté ouest (à gauche en entrant) :
7. Saint-André et sa croix en X.
8. Saint Jacques le Mineur et son bâton de foulon.
9. Saint Mathias et sa lance.
10. Saint Matthieu et sa hallebarde
11. Saint Jude et sa hache.
12. Saint Barthélémy et son couteau de dépeçage.
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1. Saint Pierre et sa clef.
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On identifie le saint à sa clef bien-sûr, mais aussi à son "toupet" ornant sa calvitie. Alors que la partie droite du vêtement est dépouillée (mais formant un grand éventail centré sur l'aiselle gauche), la partie gauche forme, sous l'avant-bras, un bouillonnement de plis superposés en trois rangs.
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Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
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2. Saint Jean et sa coupe de poison.
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Le visage de Jean est très rond, et son front lisse contraste avec celui, marqué de rides, de Pierre.
Là encore, la sobriété du côté droit du vêtement contraste avec les plis du côté gauche.
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Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
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2. Saint Philippe et sa croix.
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L'attribut habituel de saint Philippe est une croix à longue hampe. Ici, Roland Doré lui donne à tenir une petite croix . Le manteau recouvre une tunique serrée par une ceinture dissimulée par l'étoffe bouffante.
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Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
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4. Saint Simon et sa scie.
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Nouvelle opposition entre l'éventail nervuré des plis du manteau, naissant du poignet gauche, et la descente en double zig-zag du pan du côté gauche.
Les pupilles creusées, caractéristiques de l'atelier, sont bien visibles ici.
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Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
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5. Saint Jacques le Majeur et sa tenue de pèlerin de Compostelle.
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Le saint présente tous ses attributs : le chapeau à larges bords centrés par une coquille, le bourdon, la coloquinte à usage de gourde, le baudrier à coquilles) soutenant la besace, ici ornée de glands de passementeries, et la pèlerine protégeant les épaules, au dessus d'une tunique et d'une cotte. Les plis tubulaires des vêtements et de la besace contrastent avec le drapé horizontal de la pèlerine.
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Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
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6. Saint Thomas et son équerre.
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Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
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Du côté ouest (à gauche en entrant) :
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Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
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7. Saint-André et sa croix en X.
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On retrouve les pupilles creusées, et l'opposition des deux types de plis.
La croix de Saint-André était, dans les réalisations des ateliers précédents (notamment des Prigent) bien plus grande, enveloppant tout le côté du corps jusqu'aux jambes.
Les visages des apôtres sont très différents de ceux, ronds, et souriants, de la Vierge ou de saint Jean de Roland Doré, ils sont très expressifs, avec des rides soulignés, et, comme ici, des pommettes saillantes, et ils sont allongés et rectangulaires.
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Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
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8. Saint Jacques le Mineur et son bâton de foulon.
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L'opposition des plis se répète encore une fois, et s'avère être un marqueur stylistique presque systématique.
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Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
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9. Saint Mathias et sa lance.
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Ici, l'éventail des plis du côté gauche vient former une ligne découpée sinueuse et anguleuse tandis que le bord droit tombe verticalement.
La tête est particulièrement oblongue.
Hormis pour Pierre, André, Jacques le Majeur et Jean, et souvent Jacques le Mineur et Barthélémy, l'identification des apôtres par leur attribut est délicate, car elle ne repose pas sur un canon consensuel. La lance est parfois l'attribut de Thomas, de Matthieu, ou de Jude, etc. Lorsque l'ordre du Credo apostolique, imposant une séquence à peu près fixée aux apôtres, a été bouleversé, et lorsque les noms des apôtres n'ont pas été sculptés sur les statues, les identifications sont parfois discutables.
Le recours aux publications des différentes éditions du Calendrier des bergers à partir de 1493, ne règle pas le problème.
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Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
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10. Saint Matthieu et sa hallebarde.
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Matthieu est parfois représenté avec une balance, ce qui ne permet pas de confusion, mais aussi avec une hache... ou une lance.
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Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
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11. Saint Jude et sa hache.
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Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
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12. Saint Barthélémy et son couteau de dépeçage.
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Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
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Les statues en kersanton de l'extérieur du porche.
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Sur l'extérieur du porche, les statues de saint Yves et de saint Jean sont tout à fait caractéristiques de Roland Doré. Hélas, je n'ai pris qu'un cliché de l'ensemble. Les visages sont très ronds, les pupilles creusées, les commissures des lèvres marquées par une fossette. Saint Yves porte la barrette de recteur, le camail à capuche, le surplis et la cotte qui le caractérisent, et il effectue le geste tout aussi caractéristique d'énumération des arguments propre aux plaidoiries, l'index sur la pulpe du pouce. Enfin, il porte, suspendu au poignet gauche, le "livre de ceinture" très souvent retrouvé.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du XVIIè siècle) , Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Pages 97 à 156.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1996, Du nouveau sur Roland Doré
— CASTEL in DANIEL, (Françoise), 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux : [exposition, Morlaix, Musée des Jacobins, juillet 1988] / [exposition conçue et réalisée par Françoise Daniel] Jacobins, juillet 1988] 1 vol. (56 p.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm D'après les travaux d'Yves-Pascal CASTEL .
"Doré s'est forgé un style si reconnaissable que certains amateurs se refusent à y déceler ces variations, subtiles mais réelles, qui font d'un simple praticien un artiste véritable qui s'attache à renouveler sa manière.
Les anatomies des personnages se cachent sous des étoffes lourdes, les mains sont stylisées, les pieds nus dépassant la tombée des plis des tuniques se réduisent à un rang de billes inégales... Tout cela pourrait faire illusion sur le talent de l'artiste encore que nous le verrons, on repère des exceptions.
Mais il y a les visages !
Fronts bombés, lisses ou creusés de rides, selon l'âge ou le sexe des personnages, ligne des arcades sourcilières larges et franches, pommettes pleines et arrondies, un visage de Doré se reconnaît presque toujours.
Les yeux, où se réfugient la manière et les intentions de l'artiste, tout comme ses manies et ses tics, sont particulièrement typés. Les paupières en amande ont le sillon palpébral toujours indiqué. En ceci, Doré se démarque franchement du maître du calvaire de Plougastel-Daoulas, qui , supprimant tout sillon, donne toute l'importance au globe oculaire. Au contraire, dans une option naturaliste
, Doré concentre l'intérêt sur l'iris. Il marque la pupille d'un creux expressif, dont la direction invite le regard de l'observateur à une mobilité qui participe à la vie de ces faces minérales.
Le sillon naso-labial est creusé, plus ou moins, s'articulant sur des lèvres relativement fines.
L'étonnant, dans ce traitement des visages, est qu'il contraste, mis à part les traits incisifs des chevelures et des barbes, avec l'agencement des drapés des vêtements et de leurs plis.
Des étoffes opaques qui masquent les corps, nous l'avons dit, dissimulant les anatomies, en quoi Doré s'engage dans un hiératisme qui l'éloigne du style de l'époque dans laquelle il s'insère. Encore que certaines grandes pièces, telle la Vierge de l'Annonciation de Saint-Thégonnec, invitent à tempérer ce jugement.
Les drapés, calmes et amples, se déploient en pans sculpturaux soulignant la majesté des volumes, tels ceux de la Madeleine du groupe de Notre-Dame-de Pitié si fascinant de Senven-Lehart.
Si les drapés sont stylisés, l'origine de leurs plis n'en demeure pas moins naturelle, structurant, en les animant tout à la fois, les silhouettes. Les plis, formés sur des étoffes épaisses et fermes, captent avec vigueur les ombres d'une sculpture destinée à vivre en plein vent, plus qu'à habiller des corps qui se font oublier.
Plis en becs caractéristiques sur les flancs des blocs sculptés. Plis en volutes, simples ou composés, aux lisières latérales. Plis en volutes simples à queue d'aronde, à étages et bouillonnants dans les pans des manteaux rebrassés. Plis couchés et repassés se chevauchant les uns les autres. Plis en accordéon, sur les manches ajustées. Plis en éventail sur les bras qui portent le manteau."
— COUFFON, René, 1961, L'évolution de la statuaire en Bretagne après la guerre de succession du Duché - In: Mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 97 (1961) p. 1-16
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne : les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Presses Universitaires de Rennes, page 205.
Située au coeur du bourg historique de Larmor-Plage, à deux cents mètres du rivage, l´église Notre-Dame-de-Larmor, ancienne chapelle tréviale de Ploemeur, a longtemps été une chapelle de pèlerinage des marins, et fut réparée après un incendie de 1502. Sa tour massive de base carrée (1630-1660) est accolée à une nef plus modeste de base rectangulaire.
Le porche nord.
-Une inscription en lettres gothiques à l'extérieur du porche, sous le gable, date le début de la construction de ce porche de 1491 : LAN MIL CCCC : IIIIxx ET : XI . On a souvent souligner que cette date est aussi celle du mariage d'Anne de Bretagne avec Charles VIII.
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-L'inscription en caractères gothiques présentée par l'ange formant la clef de voûte a été lue par Y.-P. Castel ainsi :
LAN MIL V C LII FUT FAYST CETE VOUTE . (L'an 1552 fut fait cette voûte)
Dés lors, Yves-Pascal Castel a suggéré que "Dès 1491 , le maître maçon avait prévu , pour le porche , une voûte qui sera placée soixante et un ans plus tard". Tous les auteurs reprennent cette date de 1552. Mais l'un des apôtres porte la date de réalisation des statues , celle de 1518. Il parait impossible que ces statues aient été mises en place avant que le porche ne soit voûté.
Mais au XIXe siècle, c'est la date de 1506 qui avait été lue (Le Bras 1859, Luco 1879). Une vérification serait nécessaire.
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Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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Les porches à apôtres et Credo apostolique.
La tradition des porches à apôtres et Credo est née en Basse-Bretagne.
Le premier atelier ducal du Folgoët (1423-1468) a mené à bien, sous le mécénat du duc Jean V et de ses successeurs, les chantiers de la collégiale du Folgoët (porche vers 1423-1433), de la cathédrale de Quimper (porche sud et portail ouest, 1424-1442), du Kreisker de Saint-Pol-de-Léon (porche entre 1436 et 1472), de Notre-Dame-des-Portes de Châteauneuf-du-Faou (1438), de Kernascléden (porches vers 1433-1464), de l'église Notre-Dame de Quimperlé (porche nord 1420-1450), ainsi que les porches en kersanton de La Martyre (vers 1450 et 1468) et de Rumengol (vers 1470).
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Le second atelier du Folgoët, ou "atelier des enfants" réalisa, deux porches assez identiques, celui de Saint-Herbot entre 1498 et 1509 et celui de Plourac'h vers 1500-1510 et . Ils sont tous les deux en granite pour l'architecture et en kersanton pour les statues, notamment des Apôtres. Comme celui de La Martyre, ils constituent à eux seuls des petites chapelles, voûtés d'ogives, aux solides contreforts et disposant de salle d'archives à l'étage.
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Le porche de Larmor, carré et voûté d'ogive, est achevé en 1506 et ses statues sont datées de 1518 : il est donc chronologiquement proche des deux précédents. Mais sa particularité tient dans le matériau des statues, car onze d'entre elles sont en tuffeau de Loire.
Surtout, il est, à la différence de tous les autres, situé au nord de l'église, moins exposé aux tempêtes. Cette particularité se retrouve à Carnac, et, dans le Finistère, à Gouezec. Le cimetière, lui, se trouvait au sud.
Il suit la tradition qui fait passer le fidèle entre deux rangées d'apôtres, dont les statues sont placées dans des niches à mi-hauteur des murs latéraux. Chacun de ces apôtres tient une banderole où s'inscrit l'article du Credo qui lui a été attribué par la tradition .
Dans les porches sud, les six premiers apôtres sont à la droite du fidèle, et saint Pierre, qui initie le Credo, est à la droite du seuil précédant la nef, seuil marqué par un bénitier où le fidèle se signe. Les six apôtres suivants sont à sa gauche, et le dernier, Matthias, fait face à Pierre près de la porte d'entrée.
Mais ici, dans ce porche nord, la distribution est différente. Saint Pierre est à gauche, le premier venant de l'extérieur, suivi des cinq autres. Puis la lecture du Credo se poursuit sur le côté droit, de l'intérieur du porche vers l'extérieur, jusqu'au dernier apôtre, Mathias.
Nous ignorons si cet ordre est le fruit d'une réorganisation consécutive à un démontage ou une restauration, ou bien si c'est l'ordre initial. Le respect de l'ordre habituel semblait pourtant parfaitement possible ici avec les apôtres 6-5-4-3-2-1 de l'extérieur vers l'intérieur du côté droit, et cet ordre respectait la prééminence de saint Pierre.
Une autre particularité, très précieuse, des statues du porche de Larmor, est que le texte latin de leur Credo est sculpté, et non peint, sur leur phylactère. C'est aussi le cas à Saint-Herbot, et cela nous garantit que la séquence dans laquelle les apôtres se présente est la distribution d'origine. En effet, si tous les apôtres sont pieds nus et tiennent un livre, ils ne se distinguent en général que par leur article du Credo, et par leur attribut d'indentification. Or — et c'est souvent le cas — seules huit apôtres ont gardé leur attribut, les autres attributs ont été brisés.
Enfin, nous apprécions que la polychromie des statues ait été conservée (même si des repeints recouvrent la peinture initiale).
Enfin, dernière particularité, il adopte un ordre des apôtres, une découpe et une attribution des articles du Credo, qui est originale, notamment par rapport au porche de Saint-Herbot. L'ordre des apôtres de Larmor est 1 Pierre-2 André-3 Jacques le majeur-4 Jean-5 Philippe-6 Thomas- 7 Barthélémy-8 Jude- 9 Matthieu-10 Jacques le mineur-11 Simon-12 Mathias. (en gras les identifications certaines, fondées sur les attributs).
En réalité, la tradition de découpe et d'attribution des articles n'est pas établie, ni dans le temps, ni dans l'espace, et chacun des Credo apostoliques constitue une formulation originale.
Au moment même où ce porche se construit, les imprimeurs diffusent (à partir de 1492) des Calendriers des bergers contenant le texte des articles du Credo en français et deux gravures montrant leur attribution aux apôtres, avec leur attribut. Mais ce modèle n'est pas suivi ici.
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La façade intérieure sud. Portail en arc brisé à accolade à crochets et pilastres.
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Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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Le Christ aux liens (Bois polychrome, XVIe siècle)
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Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-plage . Photographie lavieb-aile 2023.
Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-plage . Photographie lavieb-aile 2023.
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La voûte d'ogive. L'ange présentant les armes du seigneur du Chef-du-Bois et l'inscription de fondation de 1506 (?).
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L'ange aux cheveux rejeté en arrière et au toupet à la Tintin présente les armes de Chef-du-Bois , de gueules au greslier d'argent enguiché de même. Cette famille, dont les armes sont également présentes à l'intérieur sur les sablières, possédait un manoir à Ploemeur, le manoir de Penhoat ou Penhoët, qualifié d'hôtel au XVème siècle et de manoir en 1536. Siège d'une ancienne seigneurie appartenant au XIVème siècle à la famille Penhoët ou Penencoët de Ploemeur. Au XVème siècle cette famille prend le nom de Chefdubois (ou Chef-du-Bois). Elle possédait ses tombeaux dans la chapelle, avec ceux des familles du Ter, de Kermassonet, de Kerivilly, de Kervéguan et de la Saudraie. Au XVIe siècle sont connus Pierre de Chef-du-Bois et son fils Jehan.
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Inscription : EN LAN : MIL Vc VI FUT FAYCT CESTE VOUTE.
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La lecture de l'inscription est plus difficile qu'il n'y parait. La date a été lue d'abord par Rosenzweig en 1859 comme étant celle de 1506 (logique dans la chronologie faisant se succéder l'inscripion initiale de 1491 et la date des statues en 1518), lecture reprise par J. Le Bras (qui mentionne aussi la date de 1552) et l'abbé Luco , mais Y.P. Castel lit ici la date de 1552 (LAN MIL V C LII ). Cette dernière date est repris par tous les auteurs actuels, sans que l'on sache s'ils l'ont vérifiée.
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Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-plage . Photographie lavieb-aile 2023.
Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-plage . Photographie lavieb-aile 2023.
Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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LES SIX APÔTRES DU CÔTÉ EST.
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Ils sont placés dans des niches à dais gothiques au dessus d'une frise feuillagée.
Je m'attacherai à une analyse critique des inscriptions des socles (donateurs) et des phylactères (articles du Credo).
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Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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1. Saint Pierre et sa clef. Inscription du socle "G. LE GOHIR FIT CE FAIRE".
— La statue.
Pierre est identifiable à sa clef, mais aussi à son toupet isolé sur sa calvitie fronto-temporale. Sa barbe longue est peignée puis bouclée. Il porte un manteau bleu et une robe rouge ou vieux-rose. Le jaune (sans doute de l'or) est utilisé largement pour les cheveux, la barbe, la clef, le livre, et aussi sur la robe.
La robe n'est pas boutonnée, comme ailleurs, devant la poitrine, mais on voit un pli médian, qui n'est pas un accident du bois, puisqu'on le retrouve chez les autres apôtres.
Je crois voir des boutons de poignets du côté droit.
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—Inscription du phylactère : c'est le premier article du Symbole des apôtres.
[Credo in Deum patrem omnipoten]te[m]
CREATORE[m] CELI ET TERRE.
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—Donateur : J'ai d'abord estimé qu'il fallait lire G. LE GOHIR et non G. LE GOHN, qui est la lecture la plus courante. En effet, le patronyme "Le Gohn" n'est pas attesté à Ploemeur, tandis que, à la montre de Vannes de 1481 parmi les 27 nobles de Ploemeur est signalé "Guillaume Le Gohir, défaillant".
Geneanet indique 87 membres de la famille Le Gohir à Ploemeur, dont Claude, né en 1611.
Mais on peut aussi y voir (c'est l'hypothèse que j'adopte) une forme du patronyme Le GOFFHIR, dont J. Le Bras nous apprend que la famille, qui demeurait à Kerlorec a fourni pendant un siècle les plus anciens procureurs de la fabrique de la chapelle de Larmor. En 1546 Hervé Le Goffhir, procureur-syndique de la chapelle Notre-Dame de Locmaria-Larmor; était l'un des principaux personnages de Ploemeur. (Le Rorthais mentionne, sans explication, qu'il reconnait dans cette inscription Ambroise Gohir, "procureur de la chapelle", sans doute pour Ambroise Le Goffhir.)
Cela expliquerait qu'en tant que procureur de la chapelle, Guillaume Le Goffhir puisse placer son nom sous la statue de saint Pierre et se placer en tête de la série des statues du porche.
Dans cette délibération de 1546 sur l'aménagement de l'église de Larmor, et qui réunit le corps politique de la paroisse (les chefs de famille), on retrouve parmi les noms des participants ceux de Guillaume, de Henri et de Jehan Le Goffhir.
Si, comme plus tard, le "general de paroisse" ou "corps politique" se composait alors à Ploemeur de 12 délibérants dont le procureur, il serait tentant de penser que ce sont eux qui ont placé leurs noms comme mécènes sur le socle des 12 statues. (cf Christian Kermoal 2002) Mais certaines statues ont deux donateurs.
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Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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2. Saint André tient la croix de son supplice. Donateurs : Jérôme Glemen et J. Le Scourn.
— La statue.
Le costume et le visage de saint André, frère de saint Pierre, ne diffère guère de celui-ci, le "toupet" en moins. La croix est tenue frontalement, et non sur le côté. Le phylactère s'enrubanne autour d'elle.
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—Inscription du phylactère : c'est le deuxième article du Symbole des apôtres.
Le texte se lit de bas en haut, les tilde abréviatifs remplaçant la lettre -m
Et in Iesu[m] Xstu[m] filiu[m] eius unicu[m] , Dns nostrum
Soit Et in Iesum Christum Filium eius unicum , Dominum nostrum : "Et en Jésus-Christ notre Seigneur."
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—Donateur : HSME GLEMEN ET J. LE SCOURN
Soit "Jérôme Glemen et [Jean , ou Yves] Le Scourn (ou Le Scournec)".
Albert Deshayes dans son Dictionnaire des noms de famille bretons décrit les noms Gléhen, Gléven [Gleman XIIIe], Le Glever, mais non GLEMEN, et Le Scour (variante Lescour), Le Scournec et Le Scouarnec mais non Le Scourn.
La base geneanet ne signale aucun de ces patronymes à Ploemeur à l'époque concernée
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Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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3. Saint Jacques le Majeur, coquille au chapeau, bâton de pèlerin à la main gauche. Donateur Jacob Le Pulloch.
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— La statue.
Saint Jacques, à la barbe toute bouclée, porte son chapeau de pèlerin sur l'épaule droite : ce chapeau noir à larges bords est frappé d'une grande coquille Saint-Jacques dorée. Il est tourné vers l'entrée du portail. Il tient le bourdon (brisé en partie supérieure) de la main gauche, et c'est autour de lui que s'enroule le phylactère. Sous le manteau, la robe est serrée par une ceinture de cuir à boucle dorée, dont le bout est noué sur lui-même avant de pendre verticalement.
La besace est suspendue à un baudrier à trois coquilles. Au dessus du baudrier viennent se croiser en sautoir les deux cordons enrichis de franges de son chapeau. On trouve ce détail dans le saint Jacques du Maître de Rieux .
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—Inscription du phylactère : c'est le troisième article du Symbole des apôtres.
Elle débute en bas de la tunique puis le phylactère est brisé ; celui-ci se retrouve lorsqu'il croise le bourdon
QUI CON [ceptus est de spirituo sancto natus] EX MARIA / VIRGINE . "qui a été conçu du Saint-Esprit et qui est né de la Vierge Marie"
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—Donateur : JACOB LE PULLOCH
Le patronyme avec les graphies PULLOCH ou PULOCH ou PULOCHE est attesté en Finistère et Morbihan. Il désignerait à l'origine celui qui versait ou payait la "pilochée", une redevance sur les peaux.
Certains auteurs ont lu LE MILLOCH.
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Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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4. Saint Jean présente une coupe contenant un serpent ailé. Donateur : Jehan et Hervé Ranot.
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— La statue.
Saint Jean est imberbe, mais son visage s'encadre d'une chevelure généreuse et bouclée ; il trace une bénédiction sur la coupe de poison (symbolisé par un serpent ailé). Il porte un manteau bleu dont le pan droit fait retour vers le poignet opposé, et une robe vert céladon. La coupe et le serpent sont peints en or, et on trouve des traces d'or sur le galon du manteau et au niveau du cou.
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—Inscription du phylactère : c'est le quatrième article du Symbole des apôtres.
PASSUS SUB PONTIO PILATO CRUCIF[IXUS]
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—Donateur : JEHAN ET HERVE RANOT FIST CE FARE [??]
Ce patronyme n'est pas attesté en Morbihan. On attendrait RANNOU. Ces donateurs ne peuvent être élucidés.
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Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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5. Saint Philippe tient de la main gauche la croix de son supplice et de la droite le Livre. Donateur : XV. Cariou fit ce faer.
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— La statue.
L'apôtre tient indiscutablement une croix à longue hampe, attribut de saint Philippe. Et il présente le cinquième article du Credo. Son identité et son rang sont incontestables, mais pourtant, selon la tradition, c'est saint Thomas qui occupe cette place, tenant une lance. Cette "anomalie " se retrouve aussi sur le Credo apostolique et prophétique de la maîtresse-vitre de Quemper-Guézennec et sur les peintures de la cathédrale de Brunswick: voir le commentaire que j'en fais. C'est l'ordre choisi par le Sermon 241 pseudo-augustinien : Pierre-André-Jacques-Jean-Philippe-Thomas-Barthélémy-Matthieu-Jacques mineur-Simon-Jude-Matthias.
La robe est ici boutonnée sur le devant de la poitrine.
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—Inscription du phylactère : c'est le cinquième article du Symbole des apôtres.
DESCENDIT AD INFERNA, " il descendit aux enfers"
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—Donateur : --X--CARIOU FIT CE FAER. Le prénom est difficile à lire, et le repeint noir perturbe la lecture ; je distingue un X et peut-être un V. Le nom CARIOU et la mention sont certains.
Dans l'acte prônal de 1546 cité par J. Le Bras sont cités Regnan Cariou, Allain Cariou, Jehan Cariou, membres du corps politique de Ploemeur.
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Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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6. Saint [Thomas ] présente de la main gauche le Livre ouvert. Donateur : Gilles Cariou.
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— La statue.
L'attribut tenu dans la main droite est brisé : c'est un manche sur lequel se referme la main, mais qui se prolongeait vers le bas sur le phylactère, et vers le haut au dessus du poignet, puisque nous voyons encore les deux points de fixation. Il est compatible avec un coutelas (Barthélémy) ou une équerre (Thomas), voire une balance (saint Matthieu) ou bien une lance (autre attribut de saint Thomas). Le sixième article est présenté par Thomas à Quemper-Guézennec.
Les auteurs actuels ont opté pour saint Matthieu (M. Jurbert et dépliant )
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—Inscription du phylactère : c'est habituellement la deuxième partie du cinquième article du Symbole des apôtres.
TERTIA DIE RESU[RE]Xit A MORTUIS
Donc, cette découpe de texte crée un décalage dans le déroulé du Credo et de sa répartition entre les apôtres.
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—Donateur : Gilles CARIOU.
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Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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LES SIX APÔTRES DU CÔTÉ OUEST.
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Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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7. Saint Barthélémy tient de la main gauche le Livre, fermé, et de la droite le coutelas à dépecer de son martyre. Donateur : Dom Alan Le Pitu.
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— La statue.
L'attribut , le coutelas de dépeçage, identifie clairement ici saint Barthélémy. La chevelure et la barbe sont bouclés. Le saint est tourné vers sa gauche (vers l'extérieur du porche). Le manteau est bleu, la robe rouge.
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—Inscription du phylactère : c'est le sixième article du Symbole des apôtres.
ASCENDIT AD CELOS SEDET AD [DEXTERAM DEI PATRIS] OMNIPOTE[N]TIS "Il monta aux cieux où il est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant"
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—Donateur : DOM ALAN LE PITU ----TAM
Le titre "dom" (de "dominus") indique ici un religieux (bénédictin, chartreux ou trappiste).
Dans l'acte prônal de 1546 cité par J. Le Bras est mentionné Guillaume le Pitu membre du corps politique de Ploemeur.
La famille Le Pitu, ou Le Pittu, aujourd'hui Le Pite, est bien attestée à Ploemeur. Un Louis Pitu a fait graver son nom sur un linteau daté de 1673. François Le Pittu fut recteur de Ploemeur jusqu'en 1695, il était le fils de Jacques Le Pittu, riche paysan de Ploemeur.
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Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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8. Saint Jude Thaddée tient de la main droite le livre à fermoir qu'il montre de l'index gauche. Donateur : Mahé Le Pitu.
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— La statue.
Le saint [Jude ?] porte un manteau rose et une robe vert clair, boutonnée, et serrée par une ceinture dont le long bout libre est noué sur lui-même et descend verticalement jusqu'à hauteur du genou.
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—Inscription du phylactère : cet article du Symbole des apôtres est souvent considéré comme le septième.
INDE VENTUR[US EST] JUDICARE VIVOS ET MORTUOS "D'où il reviendra juger les vivants et les morts"
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—Donateur : MAHÉ LE PITU.
—Autre donateur : G[uillaume] PEZRON ou PESRON.
M. Jurbert signale la présence de "la signature G. Pesron dans un pli du manteau". Or, dans l'acte prônal de 1546 rapporté par J. Le Bras, on trouve parmi les membres du corps politique "Guillaume PEZRON". J'en déduis que ce n'est pas la signature de l'auteur de la statue, mais le nom de l'un des paroissiens de Ploemeur.
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Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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Le nom : G : PEZRON.
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9. Saint Matthieu? Il a perdu ses deux mains, statue restaurée, le nom du donateur est effacé.
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— La statue.
Que pouvait tenir les mains ? La balance, et le livre ?
Les auteurs actuels parlent ici de saint Thomas.
La neuvième place des Credo des apôtres est le plus souvent occupée par saint Matthieu, tenant une balance, une plume (d'évangéliste) ou (dans le calendrier des bergers) une hache.
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—Inscription du phylactère : c'est le texte des huitième et neuvième article du Symbole des apôtres.
CREDO IN SPIRITUM SANCTUM SANCTAM ECCLESIAM CATHOLICAM SANCTORUM COMMUNIONEM
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Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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10. Saint Jacques le Mineur tient à la main droite le Livre ouvert et de la gauche (brisée) le bâton de foulon de son supplice. Donateur : G. Raoul.
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— La statue.
Le bâton de foulon est brisé, mais reconnaissable par son extrémité plus épaisse, en "club".
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—Inscription du phylactère : c'est le dizième article du Symbole des apôtres.
REMISSIONE[M] PECCATORU[M] "À la rémission des péchés"
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—Donateur : G : RAOUL :
Dans l'acte prônal de 1546 cité par J. Le Bras sont cités Jacob Raoul et Loys Raoul, membres du corps politique de Ploemeur.
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Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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11. Saint Simon tient la scie (brisée) de son supplice de la main droite. Donateur : un seigneur de la famille Chef-du-Bois a fait apposer son blason sur le socle.
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— La statue.
Le manteau porté en cape est fermé par une agrafe hexagonale. La robe est jaune sur une couche rouge. Le phylactère passe sur l'épaule droite, traverse la poitrine, est tenu par la main gauche avant de descendre verticalement.
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—Inscription du phylactère : c'est le onzième article du Symbole des apôtres.
CARNIS RESURECTIONE[M] "À la résurrection de la chair"
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—Donateur : Le nom du socle est remplacé par le blason dont le meuble se distingue : cette trompe suspendue à sa sangle ne peut être que le grélier (un puissant cor de chasse) des Chef-du-Bois. C'est la seule participation de la noblesse à ce Credo. Ces armes figurent aussi au sommet de la voûte.
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Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
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12. Saint Mathias porte un "livre de ceinture", il a perdu ses deux mains. La date de 1518 est inscrite sur un pli de son manteau. Donateurs : G. et Hervé Gleman.
Les douze apôtres qui, par deux rangs de six, encadrent les fidèles qui pénètrent par le porche sud d'une église ou chapelle bretonne forment un Credo apostolique. Ce qui veut dire qu'ils présentent chacun l'un des douze articles du Credo, ou Acte des Apôtres. Lorsque le texte latin de cet article n'est pas sculpté dans la pierre, et qu'il a été peint sur les rouleaux de papier (ou phylactère) déroulés de leur bras jusqu'au sol, il est le plus souvent effacé, et il faut se contenter de les imaginer.
Saint Pierre est toujours placé à droite de l'entrée, tenant sa clef mais aussi le premier article, Credo in Deum, Patrem omnipotentem, creatorem caeli et terrae.
Puis vient saint André et sa croix en X, avec Et in Iesum Christum Filium eius .
Puis saint Jacques le Majeur, et saint Jean l'évangéliste.
Ensuite, l'ordre des articles est immuable mais leur attribution aux apôtres peut changer. Nous pouvons avoir la séquence Philippe-Thomas-Barthélémy-Matthieu-Jacques le Mineur-Jude Thaddée-Simon-Mathias. (verrière de Quemper-Guezennec)
Ou bien Thomas-Jacques le Mineur-Philippe-Barthélémy-Matthieu-Simon-Thaddée-Mathias (Verger du Soulas)
Ou Jacques le Mineur-Thomas-Matthieu-Barthélémy-Philippe-Simon-Jude-Mathias (Cluny).
Etc.
La formulation du Symbole des apôtres, sa division en douze articles et l'attribution de ceux-ci à chacun des douze apôtres date d'une tradition qui remonte au Ve siècle, époque où Rufin d'Aquilée (ca.400) fait du Symbole un texte élaboré par les disciples sous l'inspiration de l'Esprit Saint, et au VIe siècle, où le Pseudo-Augustin attribue chaque article à un apôtre dans son Sermo 241. Au XIIe siècle se développe parmi les prédicateurs le goût pour les images classificatrices et les séries numériques autour des chiffres sept, dix et douze dans des diagrammes didactiques ; la classification des douze articles et des douze apôtres peut s'enrichir de douze prophètes et de leurs versets. Ce thème apparaît dans de luxueux manuscrits enluminés comme le Verger de Soulas à la fin du XIIIe siècle. En 1330, dans le Bréviaire de Belleville un verset des épîtres de Saint Paul est associé à chacun des douze articles, lesquels accompagnent la succession des douze mois du calendrier. Ces calendriers sont adoptés dans des Psautiers et Livres d'Heures comme ceux du duc de Berry (Psautier de Jean de Berry en 1380-1400 ; Petites Heures du duc Jean de Berry en 1385-1390 ; Grandes Heures du duc de Berry en 1400-1410 ) et le Credo apostolique figure dans les vitraux de la Sainte-Chapelle du duc Jean de Berry de Bourges, construite de 1392 à 1397 par Drouet de Dammartin et investie en 1405. Il figurait aussi dans la Sainte Chapelle de Riom élevée entre 1395 et 1403 pour le compte de Jean de Berry par Guy de Dammartin, mais qui ne reçut ses verrières que vers 1445-1455.
Un des exemples (dans l'œuvre de saint Augustin, in E. Mâle):
Pierre: Credo in Deum patrem omnipotentem, creatorem cœli et terrae.
André : Et in Jesum Christum, Filius ejus.
Jacques (majeur) : Qui conceptus est de Spiritu Sancto, creatus ex Maria Virgine
Jean : Passus sub Pontio Pilato, crucifïxus, mortuus et sepultus est.
Thomas : Descendit ad inferna. Tertia die resurrexit a mortuis. .
Jacques [mineur) : Ascendit ad cœlos, sedet ad dexteram patris omnipotentes.
Philippe : Inde venturus est judicare vivos et mortuos.
Barthélémy : Credo in Spiritum Sanctum.
Mathieu : Sanctam Ecclesiam catholicam, sanctorum communionem
André. Croix de saint-André. Et in Iesum Christum Filium eius unicum , Dominum nostrum.
Jacques le Majeur. Bourdon et chapeau. qui conceptus est de Spirituo Sancto n]atus est Maria Virgine.
Jean. Coupe de poison. passus sub Pontio Pilato, crucifixius, mortuus et sepultus.
Philippe. Croix à longue hampe. [Descendit ad inferna,] tertia die ressurexit a mortuis.
Thomas . La Hache ou Hallebarde. Ascendit in celum sedet ad dexteram dei patris omnipotentis
Barthélémy. Coutelas. Inde venturus est iudicare vivos et mortuos :
Matthieu. Plume d'écrivain. Credo in spirituum sanctum
Jacques le Mineur. Sanctam Ecclesiam catholicam, sanctorum communionem
Jude Thaddée?. Hallebarde remissionem peccatorum
Simon. La scie. Credo carnis resurrectionem
Mathias. et vitam eternam amen
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SOURCES ET LIENS.
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—CASTEL (Yves-Pascal), 1983, L'église Notre-Dame à Larmor-Plage", Congrès archéologique de France - Volume 141 -Morbihan, Société française d'archéologie · 1986 pages 107 et suiv.
" ...que la date LAN MIL CCCC : XX ET : XI et un ornement qui pourrait être une fleur de lys.
Dès 1491 , le maître maçon avait prévu , pour le porche , une voûte qui sera placée soixante et un ans plus tard , comme le dit la banderole aux caractères gothiques tenue par l'ange de la clé : LAN MIL V C LII FUT FAY ST CETE VOUTE .
Si la voûte est de 1552 , les niches des parois intérieures sont bien de 1491 , comme le reste du porche . Le vocabulaire varié et délicat des dais et des consoles , issu du dernier gothique flamboyant laisse pointer quelques efflorescences végétales en forme de rosettes quelque peu renaissantes . On y croit deviner aussi des fleurs de lis qui s'inscriraient parmi les toutes premières apparitions de l'emblème royal dans le domaine décoratif du duché breton . 1491 est l'année même du mariage d'Anne de Bretagne et de Charles VIII mais le lis de France ne s'épanouira que quelques années plus tard , à partir de 1508-1510 , aux fenestrages des églises et chapelles de la province en chemin vers l'union.
L'influence extérieure se manifeste à un autre titre dans le porche de Larmor. illustrant un aspect de l'art en Bretagne mis en lumière par M. André Mussat . Le mécénat ducal , développant , au cours du xve siècle , un éclectisme bénéfique , avait fait largement appel aux ateliers étrangers à la province . Les statues du porche le montrent de manière évidente. Taillées dans la pierre tendre , sauf le saint Simon , en granite , elles ne peuvent être que des productions périphériques et l'on songe tout naturellement aux rives ligériennes . Notre série larmorienne , quasi unique dans le Morbihan ne peut donc être étudiée en relation avec les ensembles conservés dans trente porches finistériens qui utilisent le kersanton des carrières littorales de la rade de Brest .
D 'ailleurs, par rapport au Finistère, Larmor adopte une disposition originale. Ici le prince des apôtres accueille le fidèle dès son premier pas dans le porche et se tient à gauche, là-bas, saint Pierre préside près de la porte même de l'église, du côté droit. Évidemment, cette remarque n'est valable que si la distribution originelle n'a pas été bousculée dans la suite des âges. Ainsi , à plus d'un titre , les apôtres de Larmor font figure d'unicum dans le domaine breton. Le nom des apôtres n'étant pas inscrit sur les socles ( il l'est rarement ailleurs ) , la personnalisation demeure malaisée à partir des seuls emblèmes symboliques , d'autant plus que certains ont été mutilés. Notre nomenclature comporte donc quelques points d'interrogation : Pierre (clef), André (Croix), Jacques le Majeur (costume de pèlerin), Jean (calice), Philippe (croix), Matthieu (livre, balance mutilée), Barthélémy ( coutelas ) , Jude ( fig . 5 ) ? ( livre ) , Thomas ? ( attribut manquant ) , Jacques le Mineur ( bâton de foulon et livre ) , Simon ( scie ) et Matthias (?). Si on ne peut définir avec certitude les personnalités individuelles, on est assuré que l'ensemble est en bonne place, dans le bon rang... eu égard au texte du symbole des apôtres dont les articles , gravés sur les phylactères , composent une séquence régulière"
—GOULPEAU (Louis) , À PROPOS DES DATES GRAVÉES DANS LA PIERRE RELEVÉES SUR DES ÉDIFICES RURAUX DE PLOEMEUR
— MUSSAT (André), 1995 Arts et cultures de Bretagne: un millénaire - Page 209
"Dans ce porche , parmi les belles statues d'apôtres qui datent de 1506 à 1518 , à côté de celles offertes par deux prêtres et d'une autre aux armes du seigneur du lieu , Maurice du Chef du Bois , huit portent le nom des notables : Le Gohr , Glemen , Lescournec , Le Milloch , Ronial , Dariou , Pen - Du , Raoul ( cité deux fois ) Le niveau social du gouvernement de la paroisse apparaît donc clairement indiqué : nobles , membres du clergé et fabriciens , qui se retrouvent dans le « général » ."
—Bulletin archéologique de l'Association bretonne, Classe d'archéologie, Volume 5 mpr.-libr.-lithographie L. Prud'homme, 1854 page 68, Saint-Brieuc.
— ROSENZWEIG 1859, Ploemeur, monuments religieux, Statistique archéologique de l'arrondissement de Lorient ,Bulletin de la Société archéologique du Morbihan page 123
— BREVIAIRE DE BELLEVILLE : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum, dit Bréviaire de Belleville. Bréviaire de Belleville, vol. I (partie hiver), 1323-1326
— FAVREAU (Robert), 2003 Les autels portatifs et leurs inscriptions, Cahiers de civilisation médiévale 2003 Volume 46 pp. 327-352 :http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ccmed_0007-9731_2003_num_46_184_2865
— GAY (Françoise) 1993, Le choix des textes des prophètes face aux apôtres au Credo", in Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon
— HASENORH (Geneviève), 1993 "Le Credo apostolique dans la littérature française du Moyen-Âge", Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon
— LACROIX (Pierre) , Renon, Andrée, Mary, Marie-Claude, Vergnolle, Éliane [Publ.] Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon (1993).Sommaire en ligne
— MÂLE (Emile) Le Credo des apôtres in L'art religieux à la fin du Moyen-Âge en France page 246-296
—PICHON (Denis), 2000, Note sur les peintures murales de Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren : présence d'un Credo prophétique Société d'émulation des Côtes-d'Armor, 2000, 130, p. 115-122
— RENON F, relevé du Credo du chœur de la cathédrale de Cambray en 1404 Revue de l'art chrétien: recueil mensuel d'archéologie religieuse, Volume 8 Arras ; Paris 1864 page 262.
— RITZ-GUILBERT, Anne 1993 ; "Aspects de l'iconographie du Credo des apôtres dans l'enluminure médiévale", Pensée, image & communication en Europe médiévale : à propos des stalles de Saint-Claude; Besançon; Asprodic L'auteur analyse les Credo typologiques apparus dans l'enluminure du 13e siècle, puis la version originale qu'en donne Jean Pucelle dans le Bréviaire de Bellevill (Paris, B. N., ms lat. 10483) aux environs de 1323-1326. Le peintre a utilisé le Credo des apôtres comme attribut de la vertu personnifiée de la Foi
—SCHMITT (Jean-Claude), 1989 "Les images classificatrices", in Actualité de l'histoire à l'Ecole des chartes: études réunies à l'occasion publié par Société de l'Ecole des charte 1989 pp.311-341.