L'ensemble de la nef, du chœur et de l'aile nord sont du milieu du XIVe siècle, le porche a été commandité au tout début du XVIe siècle par le seigneurde Boutteville, baron et vicomte de Coaquénan, dont le manoir est situé à moins de 500 m.
L'architecture de l'église.
"L'église au plan en tau, caractéristique de nombreuses chapelles bretonnes, a un chevet plat, avec chœur très légèrement saillant.Les murs de granite sont en pierres de taille, mises à part les portions en moellons irréguliers du bas-côté nord et de la chapelle qui lui fait suite . Cette manière de traiter à moindre frais des parties d'édifice moins voyantes correspond à un usage fort répandu autre fois. La ligne de bancs de pierre du pied du mur sud, du porche et du mur ouest de la chapelle méridionale sont en relation avec des usages communautaires disparus." (Y.P. Castel)
L'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche des Boutteville.
"La facture soignée du porche au dessin sobre et précis, grand gable et contreforts biais, n'a rien d'étonnant vu la qualité des commanditaires, les Boutteville dont l'écu aux cinq fusées de gueules sur champ d'argent timbre les pinacles à l'extérieur et la clef de voûte à l'intérieur.
Baron du Faouët, sieurs de Barégan , les Boutteville sont connus pour avoir été les initiateurs en 1489 de la fameuse chapelle Sainte-Barbe, qui domine l'Ellé, dans leur pays du Faouët. Il y a lieu de penser que les armoiries de notre porche sont celles de Jean, qui, par son mariage avec Alix de Launay, gagna le titre de vicomte de Coëtquénan, fief voisin dont dépendait le Grouanec. Chevalier banneret, Jean Boutteville fut l'un des 468 hommes d'armes qui participèrent au recouvrement du duc Jean V, en 1420 après sa capture par les Penthièvre.
Le porche peut être daté ainsi de la première moitié du XVe siècle |sic]. Et si l'inscription en caractères gothiques, à droite de la façade, n'était aussi usée on aurait sur la date de sa construction quelque utile précision.
On l'a dit, le style de cette édifice est soigné. Les éléments en pierre de kersanton, qui tranchent sur la structure de granite, le rattachent à l'atelier du Folgoët, la Collégiale fondée en 1422 par le duc Jean V.
Archivolte à crochets, pinacles soutenus par des crossettes figurées dont l'une représente un homme renversé [sic, tout témoigne de l'habilité du sculpteur. Mais ne lui appartient pas la tête du Christ posée sur le fleuron, vestige provenant d'un calvaire démoli." (Y.P. Castel)
Proposition généalogique personnelle :
Jean III de Boutteville, écuyer, seigneur du Faouët, décédé en 1463, épousa Aliette de Coëtquenan, vicomtesse de Coëtquénan. En 1420, il prit les armes pour délivrer le duc Jean V, alors prisonnier des Penthiève. En 1427, il fut capturé par les anglais au Mont Saint-Michel. Son fils Jean IV de Boutteville , chevalier, vicomte de Coëtquenan, marié à Marie de Kerimerc'h est le cofondateur de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët . En 1495, la seigneurie du Faouet avait été érigée en baronnie au profit de Jean par la duchesse-reine Anne. De sa femme Marie de Kerimerc'h, épousée en 1463, il eut deux enfants, Catherine, et Louis, vicomte de Coëtquenan, décédé en 1539. Louis de Boutteville épousa le 19 janvier 1498 Jeanne du Chastel. Leur fils Yves épousa Renée de Carné (née en 1515). Leur fille Jeanne, vicomtesse de Coëtquenan se maria avec Yves de Parcevaux, décédé en 1558, puis elle épousa en 1559 Claude de Goulaine (1512-1579) qui reprit le titre de seigneur de Coëtquenan.
Si on considère que ce porche date du début du XVIe siècle, c'est Louis de Boutteville qui est le mieux placé chronologiquement pour en être le commanditaire. Mais les armes de son épouse, fascé d'or et de gueules de six pièces sont absentes au Grouanec. Je note que dans la chapelle Sainte-Barbe du Faouët, sur le vitrail où Louis et Jeanne sont représentés comme donateurs, Louis de Boutteville est présenté par saint Fiacre. Or, c'est à saint Fiacre qu'est dédiée la chapelle sud du Grouanec.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les crossettes en kersanton.
Ce sont deux "lions de crossettes" typiques des sculpteurs sur pierre bas-bretons du XVe siècle. Cet animal partage avec les dragons la palme des motifs de ces pierres d'amortissement, avant les chiens ou les anges. Leur forme est constamment retrouvée, notamment la gueule montrant les crocs, la crinière contrastant avec un corps glabre, la langue pendante, les pattes velues ou la queue passant sous l'abdomen et faisant retour sur le dos pour y étaler le fouet caractéristique.
L'animal est semblable des deux côtés. La crinière est traitée en trois rangs de mêches bouclées.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les pinacles gothiques à crochets.
a. Le pinacle du côté est.
Si la forme des deux pinacles est identiqsue, avec crochets, fleuron sommital et gable à la base, les détails sculptés sont différents.
À l'est, un homme renversé occupe le gable à feuilles d'acanthe. La tête (à cheveux courts en couronne) est bien visible, il est difficile de confirmer l'hypothèse qu'il s'agit d'un acrobate réalisant une galipette ou renversement postérieur, bien qu'on puisse deviner qu'il se saississe de sa cheville droite. À notre gauche, un élément à larges franges peut correspondre à une partie de vêtement de saltimbanque.
Au dessus, les armes des Boutteville à cinq fusées sont sculptées sur un blason en bannière.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le pinacle ouest.
Les gables sont occupées par un trilobe gothique.
On trouve au dessus les fusées des Boutteville, mais surtout une belle figure héraldique, celle d'un lion rampant.
Si nous passons en revue les alliance des Boutteville depuis le moment où ils sont devenus seigneurs de Coëtquénan, et donc les descendants de Jean III et d'Aliette ou Alix de Coëtquenan, vicomtesse de Coëtquénan — ou les parents de cette dernière—, nous ne trouvons pas de famille ayant un lion rampant dans ses armes :
Kerouzéré (de), baron dudit lieu et sr de Kersauzon, par. de Sibiril, — de Kerroenaouet et de vtenfautet par. de Cléder, — de Trogoff par. de Plouescat, — de Kerandraon et de Keraliou, par. de Plouguerneau, -*- de Kerdrein, — de Kernavallo, — de Kerangoraar, par. de Taule, — de Trévehy et de Tromanoir, par. de Plouenan.
Réf. et montres de 1426 a 1534, elites par., év. de Léon. De pourpre au lion d’argent. Devise : List, list. (Laissez, laissez.)
Eon, président universel de Bretagne en 1390 ; Jean, son fils, échanson du duc Jean V, contribua au siège de Chamteauceaux à la délivrance de ce prince, prisonnier des Penthièvre en 1420, et épousa Constance le Barbu, dame de Trévéhy ; Yvon, conseiller et chambellan du duc François II en 1465 ; Alain, évêque de Léon f 1445.
La montre de l'évêché de Léon à Lesneven en 1481 signale 38 gentilshommes de Plouguerneau, dont en tête Olivier Le Moyne, de la garde du duc, puis, juste après, Vincent Kerouzéré, de 132 #, archer en brigandine, bras couverts, et sous lui Autred Kerasquer, vouger en brigandine et page, puis Yvon Kerouzéré, de 70 #, absent es études, par Derien Kerasquer, vouger en brigandine . Viennent ensuite Yvon Coetivy, et Allain Coetivy, et ensuite Allain an Nobletz, dont le fils Jean obtiendra par contrat de 1514 droits de prééminence dans la chapelle sud du Grouanec.
De même, H. Pérennès cite "une réformation sans date qui doit se situer dans la seconde moitié du XVe siècle", où Vincent Kerouzéré arrive juste après Henri Coatquenan dans la liste des nobles de Plouguerneau, devant Prigent de Coetivy et Ollivier Le Moyne :
Je ne peux que suggérer cette hypothèse, sans la conclure.
L'intérieur du porche.
"À l'intérieur du porche, l'absence de niches pour les statues des apôtres est compensée par la loge à console médiane qui devait abriter quelque sculpture religieuse. Un vaste bénitier à double usage, extérieur et intérieur, est encastré dans le mur de part et d'autre de manière ingénieuse.
Le vantail de la porte à trois panneaux mêle aux serviettes médiévales deux têtes d'angelots du style que Bertoulous sculptait au XVIIe siècle. Le bas-relief représente la Vierge à l'enfant sous le titre de N.D . GROUANEC, réplique de la grande Vierge de kersanton du bras nord.
Signalons dans ce porche une curiosité peu banale. Entre les arcs ogifs en pierre, appuyés sur des culots sculptés de masques, les quartiers de la voûte sont ...en bois. Mais nul ne saura dire si c'est le résultat de l'avortement du propos primitif ou si c'est dû à une destruction accidentelle postérieure de la voûte en pierre, ce qui semble bien peu probable." (Y.P. Castel)
Les armes des Boutteville en clef de voûte.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Les culots sculptés de masques : trois écuyers et une sirène.
Nous n'avons pas affaire à des sculptures en kersanton, qui, avec son grain fin, résiste bien à l'usure, mais à du granite, et même à plusieurs faciès de granite, aussi les clichés sont-ils médiocres et peu aptes à en rendre les sujets. Mais on voit trois têtes de personnages assez semblables, aux cheveux mi-longs et bouclés, et un col bien marqué. Rien ne permet d'y voir des anges, et ce serait plutôt des écuyers, comme ceux qui, dans d'autres porches bretons, saluent le fidèle qui s'apprête à entrer.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
La sirène à queue bifide.
Une autre sculpture montre ce qui pourrait être un animal vu de dos, mais je propose plutôt d'y voir une sirène, vue de face, à la chevelure longue, et qui maintiendrait avec ses mains les extrémités d'une queue bifide.
Comme sur les chapiteaux romans de Brioude...
Brioude, cliché lavieb-aile.
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
L'ossuaire.
"Au mur occidental s'accroche un ossuaire d'attache bâti après coup, au XVIe siècle. Les cinq pilastres classiques sont dans l'esprit de l'architecte morlaisien Michel Le Borgne, sans qu'on puisse affirmer qu'il en soit véritablement l'auteur."
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
L'inscription de la porte de l'aile nord.
"Si les armoiries des Boutteville n'ont [n'avaient] été, à ce jour, relevées par aucun auteur, l'a été, quoique de manière incomplète [Couffon], l'inscription gravée à l'ombre du fleuron de la porte sur l'aile nord. La voici. LAN:MIL Vc :F : N : NOUEL : F[ABRIQUE] / H : ROUEL.
On sait ainsi qu'en 1500, un certain N. Nouel était ici fabrique. Quant à H. Rouel, non suivi d'initiale, on ne sait quelle est sa qualité exacte, fabrique ou prêtre." (Y.-P. Castel)
Le porche ( début XVIe siècle) de l'église du Grouanec en Plouguerneau. Cliché lavieb-aile 2024.
LE CALVAIRE DE 1505. CIMETIÈRE DU GROUANEC.
Le calvaire de l'enclos du Grouanec occupe désormais le centre du cimetière. Il a été décrit par Yves-Pascal Castel en 1980, et celui-ci l'a daté du XIVe siècle, et, par ses inscriptions, de 1508 (chapiteau) et de 1838 (socle). C'est d'ailleurs une croix, et non pas un calvaire.
Au dessus d'un soubassement de plan octogonal à quatre degrés et d'un socle portant la date de 1838 est posé le fût à pans où Castel a lu l'inscription L AN MIL VCV H O P, en lettres gothiques. Puis, un "chapiteau" évasé en losange porte la croix, monolithique aux bras terminés en fleurons carrés, et couronnée d'un élément à godrons.
La croix du cimetière du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
La face principale.
Elle porte le Christ en croix (kersanton). Hélas, les lichens ont proliféré et dissimulent la majeure partie du visage, des bras et du tronc, ne laissant pas estimer la qualité du travail du sculpteur. Les jambes sont fines et les pieds sont croisés et superposés. On devine les cheveux longs, mêlés à la couronne d'épines, et un œil globuleux. Les côtes sont horizontales.
Le titulus porte les lettres INRI en caractère gothique.
La croix du cimetière du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
La croix du cimetière du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
La croix du cimetière du Grouanec. Cliché lavieb-aile 2024.
La face opposée.
Elle porte une statue de la Vierge à l'Enfant en kersanton, qui serait très belle et émouvante si elle n'était, elle aussi, défigurée par les lichens.
La Vierge porte une couronne à fleurons, son visage est rond, sa bouche petite. Son manteau forme un pli qui recouvre le bras doit avant de retomber en triangle, dessinant un triangle à pointe supérieure avec le côté opposé. Le corps est long et fin. La robe est (ou semble) serrée par une ceinture ; fine et ajustée sur le buste, elle se plisse ensuite en plis tubulaires.
Je ne parviens pas à distinguer les chaussures ; sont-elles pointues, comme au XVe siècle.
Car cette statue me semble dater de ce siècle (et, alors, relever de l'atelier du Folgoët). Notamment, les cheveux en boucle de l'enfant-Jésus m'évoque cette datation.
Cet enfant a le visage très rond, "à la Tintin", une remarque qui m'était déjà venue devant les deux Vierges à l'Enfant de l'intérieur de l'église du Grouanec . Il est vêtu d'une tunique longue. Il pose tendrement la main sous la gorge de sa Mère, tandis que le bras gauche est vertical ; la main gauche est posée sur le globe terrestre, que Marie soutient dans sa paume.
On rêverait de voir ce chef-d'œuvre correctement mis en valeur et débarrassé de ses scories qui interdisent toute étude valable.
Voir le cliché de la croix du cimetière en 2015 : le visage du Christ était encore préservé :
— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, "Plouguerneau", atlas n°2009 Le Grouanec cimetière" Atlas des croix et calvaires du Finistère = 4 clichés [closdesfuschias2024]
2009. Le Grouanec, cimetière, granite. kersanton. XIVè s., 1505, 1838. Soubassement de plan octogonal à quatre degrés. Socle: 1838. Fût à pans: L AN MIL VCV H O P, en lettres gothiques, chapiteau. Croix, fleurons, crucifix, Vierge à l’Enfant. [YPC 1980]
"Un ossuaire est adossé à la chapelle, et une fontaine l'avoisine. A 400 mètres au nord-est se dresse un vieux calvaire à baldaquin, qui d'après de Kerdanet, serait de 1580."
—POTIER DE COURCY (Pol) 1859, « Itinéraire de Saint-Pol à Brest », Revue de Bretagne et de Vendée, 6,
Sous le porche de Guimiliau, l'ordre habituel de succession des apôtres, qui suit celui du Credo des apôtres, n'est pas respecté, puisque nous devrions avoir Pierre, André, Jacques, Jean, Thomas, Jacques le mineur, Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Jude, Mathias, malgré des variantes après saint Jean. D'autre part, les articles du Credo peints sur les phylactères que tiennent les apôtres sont soit effacés, soit repeints à une période récente.
Les apôtres s'ordonnent par six de part et d'autre du passage des fidèles sous le porche voûté, sous la statue du Christ Sauveur. Chaque apôtre prend place dans une niche à colonnes ioniques et à dais à découpes flamboyantes et voûte à petite clef pendante. Ces niches conservent leur polychromie ocre rouge, mais les statues en pierre ont perdu leurs couleurs, sauf le phylactère qui a été repeint en voilet.
Le Maître de Plougastel a réalisé, à part les deux statues de Pierre et de Jean de cette série, toute la décoration du porche, aidé de son assistant ou "valet : les termes gainés, le bénitier, les modillons et bases de colonne, et les bas-relief dont la scène du saint Yves en exorciste.
Puis Roland Doré a poursuivi le chantier, et a réalisé les statues de six autres apôtres, tous du côté ouest : Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Jude et Thomas, après avoir exécuté les statues des niches extérieures.
Roland Doré, excellent sculpteur de la pierre de kersanton, installé à Landerneau, a sculpté 52 apôtres pour les diocèses de Léon et de Tréguier, et seules deux séries sont complètes, celles de Pleyber-Christ et celle de Plestin-les-Grèves.
Roland Doré (actif de 1618 à 1663) a d'abord travaillé , sans doute comme compagnon de l'atelier du Maître de Plougastel (1570-1621), en 1622 à Saint-Thégonnec pour la croix de Coslen, puis, reprenant un chantier du Maître de Plougastel, il prend le titre de maître à Hanvec en 1621-1622 dans un acte de réparation de la croix du cimetière. Il atteint la maturité de son style lorsqu'il réalise le porche de Guimilau en 1624 (le chantier avait été débuté en 1606 par le Maître de Plougastel).
Les autres statues, dont on peut penser qu'elles sont plus tardives, se trouvent à :
Pleyber-Christ : 12 statues de 0,98 à 1 m de haut, 27 cm de large et 23 cm de profondeur. Roland Doré a aussi réalisé une décollation de saint Pierre au fronton intérieur du porche.
Plestin-les-Grèves: 12 statues de 1,18 à 1,22 m de haut, (et les statues de l'extérieur, un saint Yves et une Marie-Madeleine)
Trémaouézan : 11 statues de 1,60 m de haut. Celles de saint Pierre a été réalisée par le Maître de Plougastel en 1633 sous le rectorat d'Hervé Fily qui signe de ses initiales séparées par un calice sur un blason. Roland Doré a aussi réalisé une Vierge à l'Enfant pour une niche centrale du porche.
Le Tréhou: 4 statues de 0,80 cm, des apôtres Pierre, Jean, André et Thomas, ainsi qu'une statue du Christ Sauveur.
Saint-Thégonnec(1625, 1632 et 1635) : 3 apôtres Jean, Jacques le Majeur et Thomas (Pierre par le Maître de Plougastel). Roland Doré a aussi réalisé une Annonciation et Jean l'évangéliste à l'extérieur du porche.
Plougourvest : Jacques le Majeur. Roland Doré a aussi réalisé un Christ Sauveur au dessus de la porte d'entrée et une Vierge à l'Enfant à l'extérieur du porche.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
1. Saint Pierre , kersanton, Maître de Plougastel, 1606.
Inscription du socle : A : GO.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
2. Saint Jacques, bois, XVIIIe.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
3. Saint Jean, kersanton, Maître de Plougastel, 1606.
Visage imberbe, cheveux taillés mi-longs. Il tient la coupe du poison qu'il bénit de sa main droite. Quatre boutons ronds sur patte. Ceinture plate nouée.
Présence d'un écusson aux armoiries peintes effacées, celles d'un prêtre, voire d'un noble.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
4. Saint André et sa croix en X, bois, XVIIIe.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
5. saint Mathias, bois, XVIIIe.
Attribut (avec un manche rond tenu en pleine paume) perdu.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
6. Saint Jacques le Mineur et son bâton de foulon, bois, XVIIIe.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Le côté ouest (ou côté gauche en entrant dans l'église).
7. Saint Philippe.
8. Saint Barthélémy.
9. Saint Matthieu.
10. Saint Simon
11. Saint Jude.
12. Saint Thomas.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
7. Saint Philippe et sa croix. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription S.F (saint Philippe ?) sur le socle.
Grand manteau enveloppant à doubles plis centraux en zig-zag. Phylactère en diagonale. Philippe tient une croix courte en main droite, différente de la croix à longue hampe habituelle dans l'iconographie.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
8. Saint Barthélémy et son couteau à dépecer. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle S.B ( initiales du saint ?).
Pupilles creusées. Robe à six boutons ronds. Manteau tombant droit sur les épaules, le pan droit faisant retour vers le poignet gauche.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
9. Saint Matthieu et sa hache. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle S.MA.
Pupilles creusées. Barbe peignée. Robe à cinq boutons ronds sur boutonnière en patte ronde, et à ceinture déterminant de nombreux plis serrés en dessous. Pans du manteau réunis sous la gorge par un bouton, le pan gauche faisant retour vers le poignet droit.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
10. Saint Simon et sa scie. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle S.S
Pupilles creusées. Robe sans bouton serrée par une ceinture plate. La scie est longue, à double poignée arrondie.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
11. Saint Jude . Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle S.I pour saint Iude.
Pupilles creusées. Robe à cinq boutons ronds. Manteau à pans trapézoïdaux à plis bouillonnants.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
12. Saint Thomas et son équerre. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle : S. M., initiales d'un donateur, d'un fabricien ou prêtre, "à moins que ce soit une confusion pour saint Matthieu, comme on le voit aussi pour Thomas au Tréhou" (E. Le Seac'h p. 227)
Pupilles creusées. Robe à cinq boutons ronds.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Quelques dais à masques de personnages.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
Les Apôtres du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
SOURCES ET LIENS.
.
— ABGRALL (Jean-Marie), 1883, L'église de Guimiliau, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du XVIIè siècle) , Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Pages 97 à 156.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1996, Du nouveau sur Roland Doré
— CASTEL in DANIEL, (Françoise), 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux : [exposition, Morlaix, Musée des Jacobins, juillet 1988] / [exposition conçue et réalisée par Françoise Daniel] Jacobins, juillet 1988] 1 vol. (56 p.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm D'après les travaux d'Yves-Pascal CASTEL .
"Doré s'est forgé un style si reconnaissable que certains amateurs se refusent à y déceler ces variations, subtiles mais réelles, qui font d'un simple praticien un artiste véritable qui s'attache à renouveler sa manière.
Les anatomies des personnages se cachent sous des étoffes lourdes, les mains sont stylisées, les pieds nus dépassant la tombée des plis des tuniques se réduisent à un rang de billes inégales... Tout cela pourrait faire illusion sur le talent de l'artiste encore que nous le verrons, on repère des exceptions.
Mais il y a les visages !
Fronts bombés, lisses ou creusés de rides, selon l'âge ou le sexe des personnages, ligne des arcades sourcilières larges et franches, pommettes pleines et arrondies, un visage de Doré se reconnaît presque toujours.
Les yeux, où se réfugient la manière et les intentions de l'artiste, tout comme ses manies et ses tics, sont particulièrement typés. Les paupières en amande ont le sillon palpébral toujours indiqué. En ceci, Doré se démarque franchement du maître du calvaire de Plougastel-Daoulas, qui , supprimant tout sillon, donne toute l'importance au globe oculaire. Au contraire, dans une option naturaliste
, Doré concentre l'intérêt sur l'iris. Il marque la pupille d'un creux expressif, dont la direction invite le regard de l'observateur à une mobilité qui participe à la vie de ces faces minérales.
Le sillon naso-labial est creusé, plus ou moins, s'articulant sur des lèvres relativement fines.
L'étonnant, dans ce traitement des visages, est qu'il contraste, mis à part les traits incisifs des chevelures et des barbes, avec l'agencement des drapés des vêtements et de leurs plis.
Des étoffes opaques qui masquent les corps, nous l'avons dit, dissimulant les anatomies, en quoi Doré s'engage dans un hiératisme qui l'éloigne du style de l'époque dans laquelle il s'insère. Encore que certaines grandes pièces, telle la Vierge de l'Annonciation de Saint-Thégonnec, invitent à tempérer ce jugement.
Les drapés, calmes et amples, se déploient en pans sculpturaux soulignant la majesté des volumes, tels ceux de la Madeleine du groupe de Notre-Dame-de Pitié si fascinant de Senven-Lehart.
Si les drapés sont stylisés, l'origine de leurs plis n'en demeure pas moins naturelle, structurant, en les animant tout à la fois, les silhouettes. Les plis, formés sur des étoffes épaisses et fermes, captent avec vigueur les ombres d'une sculpture destinée à vivre en plein vent, plus qu'à habiller des corps qui se font oublier.
Plis en becs caractéristiques sur les flancs des blocs sculptés. Plis en volutes, simples ou composés, aux lisières latérales. Plis en volutes simples à queue d'aronde, à étages et bouillonnants dans les pans des manteaux rebrassés. Plis couchés et repassés se chevauchant les uns les autres. Plis en accordéon, sur les manches ajustées. Plis en éventail sur les bras qui portent le manteau."
— COUFFON, René, 1961, L'évolution de la statuaire en Bretagne après la guerre de succession du Duché - In: Mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 97 (1961) p. 1-16
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Guimiliau, Extrait de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.
— LE GUENNEC (Louis), Morlaix et sa région. page 268
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut.
— NANTEUIL (Alfred DE LA BARRE DE ), 1914, Guimiliau (S.F.A. - C.A. 1914) Non consulté.
Le porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Les six statues en kersanton (celle de sainte Pitère, celles de quatre apôtres et du Christ Sauveur par Roland Doré, vers 1649). Les sablières et les blochets de 1610. Le portail ouest (1649).
Nous trouvons une brève description de ce porche dans la Notice de René Couffon et Alfred Le Bars :
"Le porche latéral, lambrissé avec sablières Renaissance décorées des instruments de la Passion, de têtes d'anges et des Evangélistes-blochets, porte la date de 1610 et l'inscription " SERVIRE DEO REGNARE EST " sur la sablière du côté est. Sa porte extérieure est entourée de deux colonnes cannelées en kersanton ; les contreforts portent des niches à coquille caractéristiques de l'atelier de Kerjean. Dans la niche du tympan, statue très fine en kersanton de sainte Pitère portant livre et palme."
Ce porche se détache curieusement de la partie gauche d'un pignon, l'autre moitié étant percée d'une baie. Sur ce pignon en granite local d'appareillage irrégulier, antérieur au porche (*), et encadré de deux contreforts, on a placé, pour le délimiter à sa droite, un troisième contrefort engagé réduit à un seul de ses angles mais creusé d'une niche à coquille. Le porche se distingue de la partie droite par l'emploi de pierre de Logonna, jaune, et de kersanton gris foncé.
(*) Il porte à son sommet quatre blasons en kersanton, érodés mais où se devinent des motifs et quartiers.
Les moulures en kersanton du porche en plein cintre ne sont pas sculptées de figures, et elles culminent sur la grande clef feuillagée (ou "agrafe") qui porte, vers l'intérieur, la date de 1610.
Deux colonnes cannelées rudentées (les cannelures sont occupées en partie basse par des baguettes arrondies) sont inspirées des colonnes "à la française" imaginées par Philibert de l'Orme dans son Traité d'architecture. Elles supportent par des chapiteaux ioniques un entablement dépouillé. À l'étage supérieur équivalent au tympan, une niche à lanternon est encadrée par des pilastres cannelés engagés et des pots à feu. On y trouve la statue en kersanton de sainte Pitère, patronne de l'église.
Comme l'indique René Couffon dans son article sur l'architecture classique en pays de Léon ("école de Kerjean"), ce type de porche à colonnes à la française fait son apparition à Lanhouarneau en 1582, proche du château de Kerjean récemment édifié, puis se diffuse à Bodilis (1601), Guilers (1601), Saint-Houardon de Landerneau (1604), Guimiliau (1606/1617), Trémaouézan (1610-1623), avec des colonnes baguées semblables à celles créées par Philibert de L'Orme pour Villers-Cotterêts en 1552 et au château des Tuileries en 1564.
Au Tréhou (peut-être sur une architecture "de transition" entre Léon et Cornouaille), les colonnes cannelées ne sont pas baguées. Couffon signale cette particularité à Brasparts (1589-1592), Lopérec (1586), Saint-Thomas de Landerneau (1607) ou Plouedern (1609), Plougourvest (1616), etc.
.
René Couffon 1948. Je cercle Le Tréhou en rouge.
.
Le porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
La façade sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Le porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
L'EXTÉRIEUR DU PORCHE (1610) .
.
Le porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
L'agrafe et son chronogramme "1610".
.
Le porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
La niche Renaissance et la statue de sainte Pitère.
.
La statue en kersanton n'est pas proportionnée à la niche et elle a dû être placée là en remplacement d'une autre statue (Vierge?)
La sainte, qui ne peut être identifiée par ses attributs que par référence au nom de l'église, tient la palme du martyre et un livre ouvert. Elle porte un bonnet de coiffe (évoquant la tenue d'Anne de Bretagne), un manteau à plis en bec, une robe à encolure ronde, serrée par une ceinture, et de solides chaussures rondes. Le visage, aux yeux en amande accentuée et à la bouche sévère, n'incite pas à y voir une œuvre de Roland Doré, mais, par son hiératisme, un travail de l' atelier de Landerneau du Maître de Plougastel (1570-1621), dont Roland Doré fut le compagnon avant de devenir maître, voire même une œuvre de l'atelier Prigent (1527-1577). Néanmoins, E. Le Seac'h ne se prononce pas sur son attribution.
La tradition assure que sainte Pitère était la sœur de saint Suliau (Sizun), Thivisiau (Landivisiau) et Miliau (Guimiliau). Son père la fit égorger après qu'elle eut refusé le mari auquel il la destinait.
.
.
Sainte Pitère (kersanton) porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
Sainte Pitère (kersanton) porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
L'INTÉRIEUR DU PORCHE : LES TROIS STATUES EN KERSANTON DU CÔTÉ EST. PIERRE, ANDRÉ ET JEAN RÉALISÉES PAR ROLAND DORÉ.
.
À l'intérieur du porche, au dessus d'un banc destiné aux réunions du Conseil de Fabrique, les douze niches ne sont occupées que par cinq statues, bien proportionnées à ces logements : trois du côté droit et deux du côté gauche. La série a-t-elle été complète, ou bien, comme c'est probable, le projet n'a-t-il pas été terminé ? Toujours est-il qu'au début du XXe siècle, on y voyait (Le Guennec) dans les autres niches six statues en bois qui provenaient très probablement de l'ancienne chapelle de Tréveur, trève du Tréhou.
Remarque : la partie haute des niches, et l'entablement qui les surmonte, montrent des colorations noirâtres qui sont peut-être causées par des micro-organismes, mais qui peuvent témoigner aussi d'un incendie.
.
Roland Doré.
Les cinq statues en kersanton, de 80 cm de haut son attribuées par Emmanuelle Le Seac'h, dans son catalogue raisonné, au sculpteur Roland Doré.
Rappel :
Roland Doré a sculpté 52 apôtres pour les diocèses de Léon et de Tréguier, et seules deux séries sont complètes, celles de Pleyber-Christ et celle de Plestin-les-Grèves.
Roland Doré a d'abord travaillé , sans doute comme compagnon de l'atelier du Maître de Plougastel (1570-1621), en 1622 à Saint-Thégonnec pour la croix de Coslen, puis, reprenant un chantier du Maître de Plougastel, il prend le titre de maître à Hanvec en 1621-1622 dans un acte de réparation de la croix du cimetière. Il atteint la maturité de son style lorsqu'il réalise le porche de Guimilau en 1624 (le chantier avait été débuté en 1606 par le Maître de Plougastel). Sous le porche de Guimiliau, les statues de Pierre et de Jean sont de ce dernier, Roland Doré exécute celles de Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Jude et Thomas (quatre autres staues en bois datent du XVIIIe).
Les autres statues, dont on peut penser qu'elles sont plus tardives, se trouvent à :
Pleyber-Christ : 12 statues de 0,98 à 1 m de haut, 27 cm de large et 23 cm de profondeur. Roland Doré a aussi réalisé une décollation de saint Pierre au fronton intérieur du porche.
Plestin-les-Grèves : 12 statues de 1,18 à 1,22 m de haut, (et les statues de l'extérieur, un saint Yves et une Marie-Madeleine)
Trémaouézan : 11 statues de 1,60 m de haut. Celles de saint Pierre a été réalisée par le Maître de Plougastel en 1633 sous le rectorat d'Hervé Fily qui signe de ses initiales séparées par un calice sur un blason. Roland Doré a aussi réalisé une Vierge à l'Enfant pour une niche centrale du porche.
Le Tréhou : 4 statues de 0,80 cm, des apôtres Pierre, Jean, André et Thomas, ainsi qu'une statue du Christ Sauveur.
Saint-Thégonnec (1625, 1632 et 1635) : 3 apôtres Jean, Jacques le Majeur et Thomas (Pierre par le Maître de Plougastel). Roland Doré a aussi réalisé une Annonciation et Jean l'évangéliste à l'extérieur du porche.
Plougourvest : Jacques le Majeur. Roland Doré a aussi réalisé un Christ Sauveur au dessus de la porte d'entrée et une Vierge à l'Enfant à l'extérieur du porche.
Landerneau église Saint-Houardon : saint Matthieu.
Voir la liste des articles consacrés aux réalisations de Roland Doré en fin d'article (Sources et liens).
.
Bien que le porche du Tréhou soit daté, tant pour l'intérieur sur les sablières que pour l'extérieur, de 1610, les statues, si on accepte leur attribution à Roland Doré, ne peuvent être antérieures au deuxième quart du XVIIe siècle.
Mais d'autres éléments sculptés de l'enclos paroissial du Tréhou pourraient être attribués (hors catalogue de Le Seac'h), à Roland Doré, tant sur le calvaire que sur le portail ouest. Or l'élément le plus caractéristique de ce portail est une tête d'ange de la clef du portail ouest, au dessus de la date de 1649. Je suggère donc que Roland Doré est intervenu en 1649 pour réaliser les cinq statues du porche sud, quelques décors du portail de la tour-clocher, et les anges hématophores de la base du crucifix du calvaire.
.
.
Côté est du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
L'apôtre Pierre et sa clef. Donateur Alain Brest.
.
L'apôtre est représenté avec, posée sur l'épaule, sa grande clef dont le paneton est en forme de croix et dont l'anneau est en losange. Il porte sous son manteau une robe à huit boutons ronds sur le devant du torse, serrée par une ceinture de cuir. Le phylactère où était peint le premier article du Credo part en diagonale du poignet gauche.
Les traits du visage sont vigoureux, les yeux en ovale aux paupières soulignées sont centrés par la "drupe" de l'iris à la pupille creusée, trait caractéristique de l'atelier de Roland Doré. Le "toupet" de la calvitie fronto-temporale, n'est pas oublié. Les cheveux et la barbe sont peignés, la moustache forme un V autour d'une pointe de barbe bifide.
.
L'inscription ALAIN : BREST renvoie à un membre d'une famille bien connue des généalogistes du Tréhou . Alain Brest est un "julod", un riche cultivateur, fabricant et marchand de toile, décédé après 1611— date de naissance du dernier enfant— (et sans doute même bien après, si on date ces statues vers 1649 puisqu'il assistait au mariage de son fils Guillaume en 1630, décès peut-être en 1658), qui a épousé avant 1604 Marie Le ROUX (décédée en 1611). Le couple a eu quatre enfants :
Anne BREST 1604-1624/ (Marraine : Marguerite de KERSCAU, Dame de Keropartz), mariée le 8 juillet 1624 avec avec Guillaume MENEZ - Le Tréhou, Témoin de mariage : Gabriel GOUSABATZ, Seigneur de Keropartz, †1658
Jeanne BREST 1606-1636, Parrain : Guillaume GOUSABATZ, Seigneur de Keropartz
Guillaume BREST 1609-1658, (Parrain : Guillaume GOUSABATZ, Seigneur de Keropartz), marié en 1630 avec Marguerite KERBRAT 1614-1637, puis en 1638 avec Marie ROUX, père de onze enfants, cultivateur sur Kerom, au Tréhou, qualifié d' "honorable homme".
Gilette BREST 1611-mariée le 18 octobre 1632 au Tréhou avec Hervé CARO.
.
On remarquera la noblesse des parrains et marraines. Les Gouzabatz étaient seigneurs de Keropartz au XVIe et XVIIe siècle, et probablement les plus grands propriétaires du Tréhou
Alain BREST devait être établi, comme son fils Guillaume, à Kerom (Kerrom, Kerhom), à 1,6 km au nord-est du bourg. Nous retrouvons ici la racine -hom "vallée" (Menez-hom) et le toponyme kerhom attesté à Plomeur et à Saint-Nic et qui pourrait être à l'origine des toponymes "saint-Côme". La carte montre bien la proximité de Kerhom avec l'important Moulin de Keropartz, sur la rivière de cette vallée à 600 m à l'ouest, et à peine plus loin du lieu-dit (et manoir) de Keropartz.
On a recensé au Tréhou, et ses trèves, 30 (selon l'Inventaire) ou 40 kanndi ou maisons buandières, bâtiments couverts, pavés de dalles, équipés de cuves et de bassins où on faisait chauffer les écheveaux de fil de lin pour les blanchir. Certaines ont été restaurées par l'association Mein Glas.
Le kanndi de Kerhom izella est attesté par ses vestiges et par la micro-toponymie du cadastre parcelle B720. Celui de Kerhom huella (Kerhom d'en-haut) est recensé par l'association Dourdon.
Saint Pierre (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Pierre (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Pierre (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Pierre (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
2. L'apôtre André et sa croix . Inscription F:B:A:F:F
.
L'apôtre André porte son attribut, une croix en X dite de Saint-André, de la main gauche, comme à Trémaouézan. Cette croix, comme à Plestin-les-Grèves et Trémaouézan, est de petite taille, moins haute que le torse, à la différence de celle du même apôtre sculpté à Saint-Tugen par le Maître de Plougastel au début du XVIIe siècle, ou de celles de l'atelier des Prigent (1527-1577) ou encore de l'atelier du Folgoët : toutes ces dernières sont placées sur le côté de la jambe et de la hanche, et sont donc plus grandes et cintrées.
Les plis du manteau, qui partent en éventail depuis le poignet droit, forment quatre crans sur le côté gauche, comme, par exemple, le saint Simon de Plestin-les-Grèves.
Les traits du visage sont accentués, avec des rides frontales et naso-labiales marquées. La bouche est entrouverte sur les incisives. Les cheveux aux mèches peignées forment des boucles sur les côtés.
.
Si nous comprenons par ses lettres "F.B. a fait faire", nous pouvons tenter de jouer à la devinette : "qui est F.B. ?". Un membre de la famille BREST ? Un François BREST ?
.
Saint André (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint André (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint André (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint André (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
3.L'apôtre Jean et sa coupe de poison . Inscription Y:M:A:F:F:C:I
.
.
Nous retrouvons ici, mais du côté droit, la disposition en éventail des plis du manteau.
Le saint bénit de la main droite et tient la coupe de poison, selon un modèle commun à tous les ateliers bretons.
Inscription Y:M:A:F:F:C:I
De même que sur les autres inscriptions des socles, si nous lisons ici "Y. M. a fait faire cette image", cela renvoit-il à un Yves M. ? Par exemple Yves Ménez, né en 1607 ?
.
.
Saint Jean (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Jean (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Jean (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Jean (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Jean (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
L'INTÉRIEUR DU PORCHE : LES DEUX STATUES EN KERSANTON DU CÔTÉ OUEST. L'APÔTRE THOMAS ET LE CHRIST SAUVEUR
.
.
Le côté ouest du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
4.L'apôtre Thomas et son équerre. Inscription S: MATIEV.
.
Il ne peut s'agir, comme l'indique l'inscription, de saint Matthieu. L'attribut de ce dernier est la balance, parfois la lance, et jamais l'équerre. Le socle ne semble pas solidaire de la statue, qui y est scellée. Saint Thomas a-t-il été déplacé sur le socle de saint Matthieu ? Ou bien, puisque l'inscription ne suit pas le modèle à initiales des socles précédents, est-elle plus récente ?
.
Saint Thomas (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Thomas (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Thomas (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Saint Thomas (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
5.Le Christ Sauveur . Inscription G:B:A:F:F
.
Presque partout ailleurs, sous les porches bretons, le Christ Sauveur (c'est-à-dire bénissant et tenant le globe du Monde) occupe une niche disposée au dessus de l'entrée, si bien qu'il préside ainsi à l'assemblée des apôtres. Voir par exemple la statue homologue sculpté par Roland Doré à Bodilis à Lampaul-Guimiliau chapelle de la Trinité, Plestin-les-Grèves ou à l'Hôpital-Camfrout. En tout cas, il n'est jamais placé sur les niches latérales, et cette disposition relève donc d'un avatar de l'histoire locale.
.
Inscription.
À nouveau, si nous lisons ici "G. B. a fait faire cette image", nous pouvons imaginer qu'un certain Guillaume BREST est le donateur de cette statue. Rappelons qu'Alain BREST a eu un fils Guillaume, né en 1609, et qui semble avoir repris l'exploitation à Kerhom et le négoce de son père.
.
Christ Sauveur (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Christ Sauveur (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Christ Sauveur (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Christ Sauveur (kersanton, Roland Doré, v. 1649) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
L'INTÉRIEUR DU PORCHE : LES SABLIÉRES ET LES BLOCHETS (1610, bois polychrome) .
.
Ces sablières évoquent, par leur style Renaissance, par leurs cartouches en cuir découpé à enroulement, par leurs légumes issus du vocabulaire diffusé par les ornemanistes de Fontainebleau (stuc de la galerie François Ier), de l'école de Kerjean, et plus précisément de l'auteur des sablières de la chapelle de Kerjean, de l'église de Pleyben, de la chapelle Sainte-Marie du Ménez-Hom, que Sophie Duhem a désigné sous le nom de Maître de Pleyben. Ce serait alors une manifestation tardive de cet atelier.
Sur les réalisations du Maître de Pleyben (1567-1576), attribution par S. Duhem :
C'est ce côté qui porte le chronogramme 1610 à l'extrême gauche et, tenue par deux anges dans un cartouche à cuir découpé, l'inscription SERVIRE DEO REGNARE EST, "Servir Dieu, c'est régner".
La pièce sculptée, passablement vermoulue, repose sur l'entablement en pierre de telle façon que sa partie basse nous échappe.
Les autres motifs sont : des anges présentant le voile de Véronique ; un masque de face coiffé d'un voile noué sur les oreilles par un nœud de rosette (autre marqueur de l'influence Renaissance) ; un masque léonin de profil, feuillagé et crachant des feuillages.
.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
II. LES PIÈCES DU CÔTÉ GAUCHE.
.
Au centre, deux anges tiennent un cartouche à cuir découpé à enroulement, contenant deux instruments de la Passion, la croix et la couronnes d'épines. Là encore, ce motif est fréquemment retrouvé sur les sablières sculptées par le Maître de Pleyben, par exemple à Pleyben, ou à Sainte-Marie-du-Ménez-Hom.
Ces anges sont figurés — et c'est typique de l'atelier — en vol, leur longue tunique plissée coudée par leur élan.
En périphérie, ce sont des volutes feuillagées nouées, et un masque léonin de profil crachant des tiges et des épillets.
.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Sablières (bois polychrome, 1610) du porche sud de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
III. LES BLOCHETS : LES ÉVANGÉLISTES.
.
On distingue leur livre, et, plus ou moins, leur plume ou stylet, mais on ne peut les distinguer par leur attribut.
.
Blochets du porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blochets du porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blochets du porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blochets du porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blochets du porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blochets du porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
IV. LES MASQUES DES ANGLES.
.
Ces masques à la bouche ouverte, tirant la langue, et aux yeux exorbités ont-ils une fonction de protection du seuil que constitue le porche?
.
Porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
V. LA PORTE CINTRÉE ET LE BÉNITIER.
.
Porche sud (1610) de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
LE PORTAIL OUEST (PIERRE DE LOGONNA) DE LA TOUR-CLOCHER : ÉLÉMENTS EN KERSANTON (ROLAND DORÉ 1649).
.
Le portail ouest est encadré par de solides contreforts. Au sein de l'appareillage en pierre de Logonna (microdiorite quartzite) , seule la clef de voûte est en kersantite d'un gris foncé. Une tête d'ange (ou d'enfant, joufflu et aux cheveux longs et bouclés) est sculptée au centre du chronogramme 1649. On y reconnaît, par la finesse d'exécution, les pupilles creusées et la bouche à demi-sourire, le style de Roland Doré.
.
Clef du Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Clef du Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Clef du Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
.
.
Juste au dessus de la corniche du portail du clocher, la teinte grise de la kersantite se remarque encore sur quatre blocs qui devaient être sculptés de blasons.
Sur le bloc de droite, deux anges debout présentent un complexe héraldique (blason carré entouré de palmes ou plutôt d'un collier) très érodé : ils sont manifestement de Roland Doré. Ils portent une tunique bouffantes sur le cordon de ceinture, et fermée par un rang de boutons ronds. Hélas, ils sont défigurés par les lichens jaunes (Xanthoria).
Six ou sept rangées de pierres plus haut, on retrouve encore le kersanton, pour un blason carré, érodé, mais sans les beaux visages doréens.
.
Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
Blason (kersantite, Roland Doré, 1649) du portail ouest de l'église Sainte-Pitère du Tréhou. Photographie lavieb-aile.
— Association Art culture patrimoine Tréhou Mein glas, 2013, L'enclos paroissial de Le Tréhou, Sainte-Pitère, guide de visite. 62 pages IBSN 9782954442709, 2954442700
— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du XVIIè siècle) , Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Pages 97 à 156.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1996, Du nouveau sur Roland Doré
— CASTEL in DANIEL, (Françoise), 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux : [exposition, Morlaix, Musée des Jacobins, juillet 1988] / [exposition conçue et réalisée par Françoise Daniel] Jacobins, juillet 1988] 1 vol. (56 p.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm D'après les travaux d'Yves-Pascal CASTEL .
"Doré s'est forgé un style si reconnaissable que certains amateurs se refusent à y déceler ces variations, subtiles mais réelles, qui font d'un simple praticien un artiste véritable qui s'attache à renouveler sa manière.
Les anatomies des personnages se cachent sous des étoffes lourdes, les mains sont stylisées, les pieds nus dépassant la tombée des plis des tuniques se réduisent à un rang de billes inégales... Tout cela pourrait faire illusion sur le talent de l'artiste encore que nous le verrons, on repère des exceptions.
Mais il y a les visages !
Fronts bombés, lisses ou creusés de rides, selon l'âge ou le sexe des personnages, ligne des arcades sourcilières larges et franches, pommettes pleines et arrondies, un visage de Doré se reconnaît presque toujours.
Les yeux, où se réfugient la manière et les intentions de l'artiste, tout comme ses manies et ses tics, sont particulièrement typés. Les paupières en amande ont le sillon palpébral toujours indiqué. En ceci, Doré se démarque franchement du maître du calvaire de Plougastel-Daoulas, qui , supprimant tout sillon, donne toute l'importance au globe oculaire. Au contraire, dans une option naturaliste
, Doré concentre l'intérêt sur l'iris. Il marque la pupille d'un creux expressif, dont la direction invite le regard de l'observateur à une mobilité qui participe à la vie de ces faces minérales.
Le sillon naso-labial est creusé, plus ou moins, s'articulant sur des lèvres relativement fines.
L'étonnant, dans ce traitement des visages, est qu'il contraste, mis à part les traits incisifs des chevelures et des barbes, avec l'agencement des drapés des vêtements et de leurs plis.
Des étoffes opaques qui masquent les corps, nous l'avons dit, dissimulant les anatomies, en quoi Doré s'engage dans un hiératisme qui l'éloigne du style de l'époque dans laquelle il s'insère. Encore que certaines grandes pièces, telle la Vierge de l'Annonciation de Saint-Thégonnec, invitent à tempérer ce jugement.
Les drapés, calmes et amples, se déploient en pans sculpturaux soulignant la majesté des volumes, tels ceux de la Madeleine du groupe de Notre-Dame-de Pitié si fascinant de Senven-Lehart.
Si les drapés sont stylisés, l'origine de leurs plis n'en demeure pas moins naturelle, structurant, en les animant tout à la fois, les silhouettes. Les plis, formés sur des étoffes épaisses et fermes, captent avec vigueur les ombres d'une sculpture destinée à vivre en plein vent, plus qu'à habiller des corps qui se font oublier.
Plis en becs caractéristiques sur les flancs des blocs sculptés. Plis en volutes, simples ou composés, aux lisières latérales. Plis en volutes simples à queue d'aronde, à étages et bouillonnants dans les pans des manteaux rebrassés. Plis couchés et repassés se chevauchant les uns les autres. Plis en accordéon, sur les manches ajustées. Plis en éventail sur les bras qui portent le manteau."
— COUFFON (René), 1948, L'architecture classique au pays de Léon. L'atelier de l'Elorn. L'atelier de Kerjean., Mémoires SHAB pages 23-101
— COUFFON, René, 1961, L'évolution de la statuaire en Bretagne après la guerre de succession du Duché - In: Mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 97 (1961) p. 1-16
— COUFFON (René) 1988, Nouveau répertoire des églises du diocèse de Quimper
"Le porche latéral, lambrissé avec sablières Renaissance décorées des instruments de la Passion, de têtes d'anges et des Evangélistes-blochets, porte la date de 1610 et l'inscription " SERVIRE DEO REGNARE EST " sur la sablière du côté est. Sa porte extérieure est entourée de deux colonnes cannelées en kersanton ; les contreforts portent des niches à coquille caractéristiques de l'atelier de Kerjean. Dans la niche du tympan, statue très fine en kersanton de sainte Pitère portant livre et palme."
—GOASGUEN (Denis), 1996, Le Tréhou, l'enclos.
—LE GUENNEC (Louis), Le Finistère monumental tome II, Brest et sa région, pages 509-511. Refonte vers 1920-1935 de Le Finistère pittoresque de Guillaume TOSCER, 1907-1910
"Le porche Renaissance, au midi, s'encadre de deux jolies colonnes cannelées d'ordre ionique. Au dessus de l'entrée, une niche terminée en coquille abrite la statuette finement sculptée de sainte Pitère. Des douze Apôtres qui occupaient autrefois les niches à l'intérieur du porche, il en reste trois ou quatre. Sur le socle de la statue de saint Pierre on lit : ALAIN: BREST nom d'une ancienne famille qui a des fondations dans la paroisse.
Six statues en bois, provenant presque sûrement de l'ancienne chapelle de Tréveur, occupent les autres niches. Des frises curieuses complètent l'ornementation du porche. Celle de droite en entrant porte la date de 1610 · puis viennent deux anges portant le voile de la sainte Face ; au milieu, sur un cartouche tenu par deux anges, on lit la devise : SERVIRE DEO, REGNARE EST. La frise se termine par deux rinceaux encadrant une figure grotesque. De l'autre côté un cartouche avec les instruments de la Passion tenu par deux anges, occupe le centre de la frise. Dans les angles sont les statues des quatre Evangélistes."
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne : les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Presses Universitaires de Rennes, pages 205-206.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves.
.
.
PRÉSENTATION
.
Dans mon souci de documenter l'iconographie des sculptures de kersantite de Roland Doré (1618-1663), je présente ici les photos des 12 apôtres du porche méridional de l'église Saint-Efflam de Plestin-les-Grèves.
L'attribution a été affirmée par Emmanuelle Le Seac'h dans son catalogue raisonné de l'artiste (p. 346), elle porte sur les 12 apôtres, le Christ Sauveur au dessus du porche d'entrée, mais aussi sur la Vierge, saint Yves et un saint évêque de l'extérieur du porche.
Ce porche, surmonté d'une secrétairerie, porte les armes des Saliou de Lesmaes, alors vicomtes de Plestin. IL fut construit en 1576 par le recteur François de la Tour, qui a inscrit le chronogramme accompagné de ses initiales (il était évêque de Tréguier depuis 1573).
La datation des statues n'est pas connue, même si je rencontre sur internet la date de 1630.
L'un des intérêts de ces photographies et de cet article est de permettre des comparaisons avec les autres séries d'apôtres appartenant à des Credo apostoliques des niches de différents porches . En effet, Roland Doré a sculpté 52 apôtres pour les diocèses de Léon et de Tréguier, et seules deux séries sont complètes, celles de Pleyber-Christ et celle de Plestin-les-Grèves.
Roland Doré a d'abord travaillé , sans doute comme compagnon de l'atelier du Maître de Plougastel (1570-1621), en 1622 à Saint-Thégonnec pour la croix de Coslen, puis, reprenant un chantier du Maître de Plougastel, il prend le titre de maître à Hanvec en 1621-1622 dans un acte de réparation de la croix du cimetière. Il atteint la maturité de son style lorsqu'il réalise le porche de Guimilau en 1624 (le chantier avait été débuté en 1606 par le Maître de Plougastel). Sous le porche de Guimiliau, les statues de Pierre et de Jean sont de ce dernier, Roland Doré exécute celles de Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Jude et Thomas (quatre autres staues en bois datent du XVIIIe).
Les autres statues, dont on peut penser qu'elles sont plus tardives, se trouvent à :
Pleyber-Christ : 12 statues de 0,98 à 1 m de haut, 27 cm de large et 23 cm de profondeur. Roland Doré a aussi réalisé une décollation de saint Pierre au fronton intérieur du porche.
Trémaouézan : 11 statues de 1,60 m de haut. Celles de saint Pierre a été réalisée par le Maître de Plougastel en 1633 sous le rectorat d'Hervé Fily qui signe de ses initiales séparées par un calice sur un blason. Roland Doré a aussi réalisé une Vierge à l'Enfant pour une niche centrale du porche.
Le Tréhou : 4 statues de 0,80 cm, des apôtres Pierre, Jean, André et Thomas, ainsi qu'une statue du Christ Sauveur.
Saint-Thégonnec (1625, 1632 et 1635) : 3 apôtres Jean, Jacques le Majeur et Thomas (Pierre par le Maître de Plougastel). Roland Doré a aussi réalisé une Annonciation et Jean l'évangéliste à l'extérieur du porche.
Plougourvest : Jacques le Majeur. Roland Doré a aussi réalisé un Christ Sauveur au dessus de la porte d'entrée et une Vierge à l'Enfant à l'extérieur du porche.
Landerneau église Saint-Houardon : saint Matthieu.
.
DESCRIPTION.
Les statues, en kersantite, mesurent 1,18 m de haut (Simon) à 1,22 m (Jacques le Majeur), 30 cm de large et 18 cm de profondeur. Elles sont scellées sur des socles circulaires. Leur séquence ne reste pas celui du Credo apostolique (Pierre-André-Jacques le Majeur-Jean etc..), sans doute par insouciance lors des remontages (l'église, très remaniée, incendiée en 1944 par les Allemands, a été restaurée au cours de la 2ème moitié du XXe siècle). Pourtant, chaque apôtre tient la banderole où s'inscrivait par peinture l'article du Credo qui lui correspondait.
Tous sont bien-entendu pieds nus, et les rangées d'orteils se glissent sous le pli des longues robes. Dix de ces robes (ou tuniques) sont fermées par quatre ou cinq boutons ronds Tous les apôtres sauf Jean tiennent un livre en main gauche.
Les statues sont aujourd'hui remarquablement restaurées ( peu de moissisures) dans des niches de granite clair à colonnes engagées cannelées.
.
Du côté est (à droite en entrant) : (je reprends les identifications d'E. Le Seac'h):
1. Saint Pierre et sa clef.
2. Saint Jean et sa coupe de poison.
3. Saint Philippe et sa croix.
4. Saint Simon et sa scie.
5. Saint Jacques le Majeur et sa tenue de pèlerin de Compostelle.
6. Saint Thomas et son équerre.
Du côté ouest (à gauche en entrant) :
7. Saint-André et sa croix en X.
8. Saint Jacques le Mineur et son bâton de foulon.
9. Saint Mathias et sa lance.
10. Saint Matthieu et sa hallebarde
11. Saint Jude et sa hache.
12. Saint Barthélémy et son couteau de dépeçage.
.
Photo GO69 sur Wikipedia, modifiée
.
.
.
1. Saint Pierre et sa clef.
.
On identifie le saint à sa clef bien-sûr, mais aussi à son "toupet" ornant sa calvitie. Alors que la partie droite du vêtement est dépouillée (mais formant un grand éventail centré sur l'aiselle gauche), la partie gauche forme, sous l'avant-bras, un bouillonnement de plis superposés en trois rangs.
.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
.
.
2. Saint Jean et sa coupe de poison.
.
Le visage de Jean est très rond, et son front lisse contraste avec celui, marqué de rides, de Pierre.
Là encore, la sobriété du côté droit du vêtement contraste avec les plis du côté gauche.
.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
.
.
2. Saint Philippe et sa croix.
.
L'attribut habituel de saint Philippe est une croix à longue hampe. Ici, Roland Doré lui donne à tenir une petite croix . Le manteau recouvre une tunique serrée par une ceinture dissimulée par l'étoffe bouffante.
.
.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
.
.
4. Saint Simon et sa scie.
.
Nouvelle opposition entre l'éventail nervuré des plis du manteau, naissant du poignet gauche, et la descente en double zig-zag du pan du côté gauche.
Les pupilles creusées, caractéristiques de l'atelier, sont bien visibles ici.
.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
.
.
5. Saint Jacques le Majeur et sa tenue de pèlerin de Compostelle.
.
Le saint présente tous ses attributs : le chapeau à larges bords centrés par une coquille, le bourdon, la coloquinte à usage de gourde, le baudrier à coquilles) soutenant la besace, ici ornée de glands de passementeries, et la pèlerine protégeant les épaules, au dessus d'une tunique et d'une cotte. Les plis tubulaires des vêtements et de la besace contrastent avec le drapé horizontal de la pèlerine.
.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
.
.
6. Saint Thomas et son équerre.
.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
.
.
Du côté ouest (à gauche en entrant) :
.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
.
.
7. Saint-André et sa croix en X.
.
On retrouve les pupilles creusées, et l'opposition des deux types de plis.
La croix de Saint-André était, dans les réalisations des ateliers précédents (notamment des Prigent) bien plus grande, enveloppant tout le côté du corps jusqu'aux jambes.
Les visages des apôtres sont très différents de ceux, ronds, et souriants, de la Vierge ou de saint Jean de Roland Doré, ils sont très expressifs, avec des rides soulignés, et, comme ici, des pommettes saillantes, et ils sont allongés et rectangulaires.
.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
.
.
8. Saint Jacques le Mineur et son bâton de foulon.
.
L'opposition des plis se répète encore une fois, et s'avère être un marqueur stylistique presque systématique.
.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
.
.
9. Saint Mathias et sa lance.
.
Ici, l'éventail des plis du côté gauche vient former une ligne découpée sinueuse et anguleuse tandis que le bord droit tombe verticalement.
La tête est particulièrement oblongue.
Hormis pour Pierre, André, Jacques le Majeur et Jean, et souvent Jacques le Mineur et Barthélémy, l'identification des apôtres par leur attribut est délicate, car elle ne repose pas sur un canon consensuel. La lance est parfois l'attribut de Thomas, de Matthieu, ou de Jude, etc. Lorsque l'ordre du Credo apostolique, imposant une séquence à peu près fixée aux apôtres, a été bouleversé, et lorsque les noms des apôtres n'ont pas été sculptés sur les statues, les identifications sont parfois discutables.
Le recours aux publications des différentes éditions du Calendrier des bergers à partir de 1493, ne règle pas le problème.
.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
.
.
10. Saint Matthieu et sa hallebarde.
.
Matthieu est parfois représenté avec une balance, ce qui ne permet pas de confusion, mais aussi avec une hache... ou une lance.
.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
.
.
11. Saint Jude et sa hache.
.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
.
.
12. Saint Barthélémy et son couteau de dépeçage.
.
Les statues (kersanton, Roland Doré, XVIIe siècle) des douze apôtres du porche de Plestin-les-Grèves. Photographie lavieb-aile.
.
.
Les statues en kersanton de l'extérieur du porche.
.
Sur l'extérieur du porche, les statues de saint Yves et de saint Jean sont tout à fait caractéristiques de Roland Doré. Hélas, je n'ai pris qu'un cliché de l'ensemble. Les visages sont très ronds, les pupilles creusées, les commissures des lèvres marquées par une fossette. Saint Yves porte la barrette de recteur, le camail à capuche, le surplis et la cotte qui le caractérisent, et il effectue le geste tout aussi caractéristique d'énumération des arguments propre aux plaidoiries, l'index sur la pulpe du pouce. Enfin, il porte, suspendu au poignet gauche, le "livre de ceinture" très souvent retrouvé.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du XVIIè siècle) , Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Pages 97 à 156.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1996, Du nouveau sur Roland Doré
— CASTEL in DANIEL, (Françoise), 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux : [exposition, Morlaix, Musée des Jacobins, juillet 1988] / [exposition conçue et réalisée par Françoise Daniel] Jacobins, juillet 1988] 1 vol. (56 p.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm D'après les travaux d'Yves-Pascal CASTEL .
"Doré s'est forgé un style si reconnaissable que certains amateurs se refusent à y déceler ces variations, subtiles mais réelles, qui font d'un simple praticien un artiste véritable qui s'attache à renouveler sa manière.
Les anatomies des personnages se cachent sous des étoffes lourdes, les mains sont stylisées, les pieds nus dépassant la tombée des plis des tuniques se réduisent à un rang de billes inégales... Tout cela pourrait faire illusion sur le talent de l'artiste encore que nous le verrons, on repère des exceptions.
Mais il y a les visages !
Fronts bombés, lisses ou creusés de rides, selon l'âge ou le sexe des personnages, ligne des arcades sourcilières larges et franches, pommettes pleines et arrondies, un visage de Doré se reconnaît presque toujours.
Les yeux, où se réfugient la manière et les intentions de l'artiste, tout comme ses manies et ses tics, sont particulièrement typés. Les paupières en amande ont le sillon palpébral toujours indiqué. En ceci, Doré se démarque franchement du maître du calvaire de Plougastel-Daoulas, qui , supprimant tout sillon, donne toute l'importance au globe oculaire. Au contraire, dans une option naturaliste
, Doré concentre l'intérêt sur l'iris. Il marque la pupille d'un creux expressif, dont la direction invite le regard de l'observateur à une mobilité qui participe à la vie de ces faces minérales.
Le sillon naso-labial est creusé, plus ou moins, s'articulant sur des lèvres relativement fines.
L'étonnant, dans ce traitement des visages, est qu'il contraste, mis à part les traits incisifs des chevelures et des barbes, avec l'agencement des drapés des vêtements et de leurs plis.
Des étoffes opaques qui masquent les corps, nous l'avons dit, dissimulant les anatomies, en quoi Doré s'engage dans un hiératisme qui l'éloigne du style de l'époque dans laquelle il s'insère. Encore que certaines grandes pièces, telle la Vierge de l'Annonciation de Saint-Thégonnec, invitent à tempérer ce jugement.
Les drapés, calmes et amples, se déploient en pans sculpturaux soulignant la majesté des volumes, tels ceux de la Madeleine du groupe de Notre-Dame-de Pitié si fascinant de Senven-Lehart.
Si les drapés sont stylisés, l'origine de leurs plis n'en demeure pas moins naturelle, structurant, en les animant tout à la fois, les silhouettes. Les plis, formés sur des étoffes épaisses et fermes, captent avec vigueur les ombres d'une sculpture destinée à vivre en plein vent, plus qu'à habiller des corps qui se font oublier.
Plis en becs caractéristiques sur les flancs des blocs sculptés. Plis en volutes, simples ou composés, aux lisières latérales. Plis en volutes simples à queue d'aronde, à étages et bouillonnants dans les pans des manteaux rebrassés. Plis couchés et repassés se chevauchant les uns les autres. Plis en accordéon, sur les manches ajustées. Plis en éventail sur les bras qui portent le manteau."
— COUFFON, René, 1961, L'évolution de la statuaire en Bretagne après la guerre de succession du Duché - In: Mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 97 (1961) p. 1-16
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne : les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Presses Universitaires de Rennes, page 205.
Située au coeur du bourg historique de Larmor-Plage, à deux cents mètres du rivage, l´église Notre-Dame-de-Larmor, ancienne chapelle tréviale de Ploemeur, a longtemps été une chapelle de pèlerinage des marins, et fut réparée après un incendie de 1502. Sa tour massive de base carrée (1630-1660) est accolée à une nef plus modeste de base rectangulaire.
Le porche nord.
-Une inscription en lettres gothiques à l'extérieur du porche, sous le gable, date le début de la construction de ce porche de 1491 : LAN MIL CCCC : IIIIxx ET : XI . On a souvent souligner que cette date est aussi celle du mariage d'Anne de Bretagne avec Charles VIII.
.
-L'inscription en caractères gothiques présentée par l'ange formant la clef de voûte a été lue par Y.-P. Castel ainsi :
LAN MIL V C LII FUT FAYST CETE VOUTE . (L'an 1552 fut fait cette voûte)
Dés lors, Yves-Pascal Castel a suggéré que "Dès 1491 , le maître maçon avait prévu , pour le porche , une voûte qui sera placée soixante et un ans plus tard". Tous les auteurs reprennent cette date de 1552. Mais l'un des apôtres porte la date de réalisation des statues , celle de 1518. Il parait impossible que ces statues aient été mises en place avant que le porche ne soit voûté.
Mais au XIXe siècle, c'est la date de 1506 qui avait été lue (Le Bras 1859, Luco 1879). Une vérification serait nécessaire.
.
Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Les porches à apôtres et Credo apostolique.
La tradition des porches à apôtres et Credo est née en Basse-Bretagne.
Le premier atelier ducal du Folgoët (1423-1468) a mené à bien, sous le mécénat du duc Jean V et de ses successeurs, les chantiers de la collégiale du Folgoët (porche vers 1423-1433), de la cathédrale de Quimper (porche sud et portail ouest, 1424-1442), du Kreisker de Saint-Pol-de-Léon (porche entre 1436 et 1472), de Notre-Dame-des-Portes de Châteauneuf-du-Faou (1438), de Kernascléden (porches vers 1433-1464), de l'église Notre-Dame de Quimperlé (porche nord 1420-1450), ainsi que les porches en kersanton de La Martyre (vers 1450 et 1468) et de Rumengol (vers 1470).
.
Le second atelier du Folgoët, ou "atelier des enfants" réalisa, deux porches assez identiques, celui de Saint-Herbot entre 1498 et 1509 et celui de Plourac'h vers 1500-1510 et . Ils sont tous les deux en granite pour l'architecture et en kersanton pour les statues, notamment des Apôtres. Comme celui de La Martyre, ils constituent à eux seuls des petites chapelles, voûtés d'ogives, aux solides contreforts et disposant de salle d'archives à l'étage.
.
Le porche de Larmor, carré et voûté d'ogive, est achevé en 1506 et ses statues sont datées de 1518 : il est donc chronologiquement proche des deux précédents. Mais sa particularité tient dans le matériau des statues, car onze d'entre elles sont en tuffeau de Loire.
Surtout, il est, à la différence de tous les autres, situé au nord de l'église, moins exposé aux tempêtes. Cette particularité se retrouve à Carnac, et, dans le Finistère, à Gouezec. Le cimetière, lui, se trouvait au sud.
Il suit la tradition qui fait passer le fidèle entre deux rangées d'apôtres, dont les statues sont placées dans des niches à mi-hauteur des murs latéraux. Chacun de ces apôtres tient une banderole où s'inscrit l'article du Credo qui lui a été attribué par la tradition .
Dans les porches sud, les six premiers apôtres sont à la droite du fidèle, et saint Pierre, qui initie le Credo, est à la droite du seuil précédant la nef, seuil marqué par un bénitier où le fidèle se signe. Les six apôtres suivants sont à sa gauche, et le dernier, Matthias, fait face à Pierre près de la porte d'entrée.
Mais ici, dans ce porche nord, la distribution est différente. Saint Pierre est à gauche, le premier venant de l'extérieur, suivi des cinq autres. Puis la lecture du Credo se poursuit sur le côté droit, de l'intérieur du porche vers l'extérieur, jusqu'au dernier apôtre, Mathias.
Nous ignorons si cet ordre est le fruit d'une réorganisation consécutive à un démontage ou une restauration, ou bien si c'est l'ordre initial. Le respect de l'ordre habituel semblait pourtant parfaitement possible ici avec les apôtres 6-5-4-3-2-1 de l'extérieur vers l'intérieur du côté droit, et cet ordre respectait la prééminence de saint Pierre.
Une autre particularité, très précieuse, des statues du porche de Larmor, est que le texte latin de leur Credo est sculpté, et non peint, sur leur phylactère. C'est aussi le cas à Saint-Herbot, et cela nous garantit que la séquence dans laquelle les apôtres se présente est la distribution d'origine. En effet, si tous les apôtres sont pieds nus et tiennent un livre, ils ne se distinguent en général que par leur article du Credo, et par leur attribut d'indentification. Or — et c'est souvent le cas — seules huit apôtres ont gardé leur attribut, les autres attributs ont été brisés.
Enfin, nous apprécions que la polychromie des statues ait été conservée (même si des repeints recouvrent la peinture initiale).
Enfin, dernière particularité, il adopte un ordre des apôtres, une découpe et une attribution des articles du Credo, qui est originale, notamment par rapport au porche de Saint-Herbot. L'ordre des apôtres de Larmor est 1 Pierre-2 André-3 Jacques le majeur-4 Jean-5 Philippe-6 Thomas- 7 Barthélémy-8 Jude- 9 Matthieu-10 Jacques le mineur-11 Simon-12 Mathias. (en gras les identifications certaines, fondées sur les attributs).
En réalité, la tradition de découpe et d'attribution des articles n'est pas établie, ni dans le temps, ni dans l'espace, et chacun des Credo apostoliques constitue une formulation originale.
Au moment même où ce porche se construit, les imprimeurs diffusent (à partir de 1492) des Calendriers des bergers contenant le texte des articles du Credo en français et deux gravures montrant leur attribution aux apôtres, avec leur attribut. Mais ce modèle n'est pas suivi ici.
.
.
La façade intérieure sud. Portail en arc brisé à accolade à crochets et pilastres.
.
Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Le Christ aux liens (Bois polychrome, XVIe siècle)
.
Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-plage . Photographie lavieb-aile 2023.
Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-plage . Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
La voûte d'ogive. L'ange présentant les armes du seigneur du Chef-du-Bois et l'inscription de fondation de 1506 (?).
.
L'ange aux cheveux rejeté en arrière et au toupet à la Tintin présente les armes de Chef-du-Bois , de gueules au greslier d'argent enguiché de même. Cette famille, dont les armes sont également présentes à l'intérieur sur les sablières, possédait un manoir à Ploemeur, le manoir de Penhoat ou Penhoët, qualifié d'hôtel au XVème siècle et de manoir en 1536. Siège d'une ancienne seigneurie appartenant au XIVème siècle à la famille Penhoët ou Penencoët de Ploemeur. Au XVème siècle cette famille prend le nom de Chefdubois (ou Chef-du-Bois). Elle possédait ses tombeaux dans la chapelle, avec ceux des familles du Ter, de Kermassonet, de Kerivilly, de Kervéguan et de la Saudraie. Au XVIe siècle sont connus Pierre de Chef-du-Bois et son fils Jehan.
.
Inscription : EN LAN : MIL Vc VI FUT FAYCT CESTE VOUTE.
.
Rosenzweig 1859
.
La lecture de l'inscription est plus difficile qu'il n'y parait. La date a été lue d'abord par Rosenzweig en 1859 comme étant celle de 1506 (logique dans la chronologie faisant se succéder l'inscripion initiale de 1491 et la date des statues en 1518), lecture reprise par J. Le Bras (qui mentionne aussi la date de 1552) et l'abbé Luco , mais Y.P. Castel lit ici la date de 1552 (LAN MIL V C LII ). Cette dernière date est repris par tous les auteurs actuels, sans que l'on sache s'ils l'ont vérifiée.
.
Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-plage . Photographie lavieb-aile 2023.
Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-plage . Photographie lavieb-aile 2023.
Le porche (1491-1506) de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
LES SIX APÔTRES DU CÔTÉ EST.
.
Ils sont placés dans des niches à dais gothiques au dessus d'une frise feuillagée.
Je m'attacherai à une analyse critique des inscriptions des socles (donateurs) et des phylactères (articles du Credo).
.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
1. Saint Pierre et sa clef. Inscription du socle "G. LE GOHIR FIT CE FAIRE".
— La statue.
Pierre est identifiable à sa clef, mais aussi à son toupet isolé sur sa calvitie fronto-temporale. Sa barbe longue est peignée puis bouclée. Il porte un manteau bleu et une robe rouge ou vieux-rose. Le jaune (sans doute de l'or) est utilisé largement pour les cheveux, la barbe, la clef, le livre, et aussi sur la robe.
La robe n'est pas boutonnée, comme ailleurs, devant la poitrine, mais on voit un pli médian, qui n'est pas un accident du bois, puisqu'on le retrouve chez les autres apôtres.
Je crois voir des boutons de poignets du côté droit.
.
—Inscription du phylactère : c'est le premier article du Symbole des apôtres.
[Credo in Deum patrem omnipoten]te[m]
CREATORE[m] CELI ET TERRE.
.
—Donateur : J'ai d'abord estimé qu'il fallait lire G. LE GOHIR et non G. LE GOHN, qui est la lecture la plus courante. En effet, le patronyme "Le Gohn" n'est pas attesté à Ploemeur, tandis que, à la montre de Vannes de 1481 parmi les 27 nobles de Ploemeur est signalé "Guillaume Le Gohir, défaillant".
Geneanet indique 87 membres de la famille Le Gohir à Ploemeur, dont Claude, né en 1611.
Mais on peut aussi y voir (c'est l'hypothèse que j'adopte) une forme du patronyme Le GOFFHIR, dont J. Le Bras nous apprend que la famille, qui demeurait à Kerlorec a fourni pendant un siècle les plus anciens procureurs de la fabrique de la chapelle de Larmor. En 1546 Hervé Le Goffhir, procureur-syndique de la chapelle Notre-Dame de Locmaria-Larmor; était l'un des principaux personnages de Ploemeur. (Le Rorthais mentionne, sans explication, qu'il reconnait dans cette inscription Ambroise Gohir, "procureur de la chapelle", sans doute pour Ambroise Le Goffhir.)
Cela expliquerait qu'en tant que procureur de la chapelle, Guillaume Le Goffhir puisse placer son nom sous la statue de saint Pierre et se placer en tête de la série des statues du porche.
Dans cette délibération de 1546 sur l'aménagement de l'église de Larmor, et qui réunit le corps politique de la paroisse (les chefs de famille), on retrouve parmi les noms des participants ceux de Guillaume, de Henri et de Jehan Le Goffhir.
Si, comme plus tard, le "general de paroisse" ou "corps politique" se composait alors à Ploemeur de 12 délibérants dont le procureur, il serait tentant de penser que ce sont eux qui ont placé leurs noms comme mécènes sur le socle des 12 statues. (cf Christian Kermoal 2002) Mais certaines statues ont deux donateurs.
.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
2. Saint André tient la croix de son supplice. Donateurs : Jérôme Glemen et J. Le Scourn.
— La statue.
Le costume et le visage de saint André, frère de saint Pierre, ne diffère guère de celui-ci, le "toupet" en moins. La croix est tenue frontalement, et non sur le côté. Le phylactère s'enrubanne autour d'elle.
.
—Inscription du phylactère : c'est le deuxième article du Symbole des apôtres.
Le texte se lit de bas en haut, les tilde abréviatifs remplaçant la lettre -m
Et in Iesu[m] Xstu[m] filiu[m] eius unicu[m] , Dns nostrum
Soit Et in Iesum Christum Filium eius unicum , Dominum nostrum : "Et en Jésus-Christ notre Seigneur."
.
—Donateur : HSME GLEMEN ET J. LE SCOURN
Soit "Jérôme Glemen et [Jean , ou Yves] Le Scourn (ou Le Scournec)".
Albert Deshayes dans son Dictionnaire des noms de famille bretons décrit les noms Gléhen, Gléven [Gleman XIIIe], Le Glever, mais non GLEMEN, et Le Scour (variante Lescour), Le Scournec et Le Scouarnec mais non Le Scourn.
La base geneanet ne signale aucun de ces patronymes à Ploemeur à l'époque concernée
.
.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
3. Saint Jacques le Majeur, coquille au chapeau, bâton de pèlerin à la main gauche. Donateur Jacob Le Pulloch.
.
— La statue.
Saint Jacques, à la barbe toute bouclée, porte son chapeau de pèlerin sur l'épaule droite : ce chapeau noir à larges bords est frappé d'une grande coquille Saint-Jacques dorée. Il est tourné vers l'entrée du portail. Il tient le bourdon (brisé en partie supérieure) de la main gauche, et c'est autour de lui que s'enroule le phylactère. Sous le manteau, la robe est serrée par une ceinture de cuir à boucle dorée, dont le bout est noué sur lui-même avant de pendre verticalement.
La besace est suspendue à un baudrier à trois coquilles. Au dessus du baudrier viennent se croiser en sautoir les deux cordons enrichis de franges de son chapeau. On trouve ce détail dans le saint Jacques du Maître de Rieux .
.
—Inscription du phylactère : c'est le troisième article du Symbole des apôtres.
Elle débute en bas de la tunique puis le phylactère est brisé ; celui-ci se retrouve lorsqu'il croise le bourdon
QUI CON [ceptus est de spirituo sancto natus] EX MARIA / VIRGINE . "qui a été conçu du Saint-Esprit et qui est né de la Vierge Marie"
.
—Donateur : JACOB LE PULLOCH
Le patronyme avec les graphies PULLOCH ou PULOCH ou PULOCHE est attesté en Finistère et Morbihan. Il désignerait à l'origine celui qui versait ou payait la "pilochée", une redevance sur les peaux.
Certains auteurs ont lu LE MILLOCH.
.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
4. Saint Jean présente une coupe contenant un serpent ailé. Donateur : Jehan et Hervé Ranot.
.
— La statue.
Saint Jean est imberbe, mais son visage s'encadre d'une chevelure généreuse et bouclée ; il trace une bénédiction sur la coupe de poison (symbolisé par un serpent ailé). Il porte un manteau bleu dont le pan droit fait retour vers le poignet opposé, et une robe vert céladon. La coupe et le serpent sont peints en or, et on trouve des traces d'or sur le galon du manteau et au niveau du cou.
.
—Inscription du phylactère : c'est le quatrième article du Symbole des apôtres.
PASSUS SUB PONTIO PILATO CRUCIF[IXUS]
.
—Donateur : JEHAN ET HERVE RANOT FIST CE FARE [??]
Ce patronyme n'est pas attesté en Morbihan. On attendrait RANNOU. Ces donateurs ne peuvent être élucidés.
.
.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
5. Saint Philippe tient de la main gauche la croix de son supplice et de la droite le Livre. Donateur : XV. Cariou fit ce faer.
.
— La statue.
L'apôtre tient indiscutablement une croix à longue hampe, attribut de saint Philippe. Et il présente le cinquième article du Credo. Son identité et son rang sont incontestables, mais pourtant, selon la tradition, c'est saint Thomas qui occupe cette place, tenant une lance. Cette "anomalie " se retrouve aussi sur le Credo apostolique et prophétique de la maîtresse-vitre de Quemper-Guézennec et sur les peintures de la cathédrale de Brunswick: voir le commentaire que j'en fais. C'est l'ordre choisi par le Sermon 241 pseudo-augustinien : Pierre-André-Jacques-Jean-Philippe-Thomas-Barthélémy-Matthieu-Jacques mineur-Simon-Jude-Matthias.
La robe est ici boutonnée sur le devant de la poitrine.
.
—Inscription du phylactère : c'est le cinquième article du Symbole des apôtres.
DESCENDIT AD INFERNA, " il descendit aux enfers"
.
—Donateur : --X--CARIOU FIT CE FAER. Le prénom est difficile à lire, et le repeint noir perturbe la lecture ; je distingue un X et peut-être un V. Le nom CARIOU et la mention sont certains.
Dans l'acte prônal de 1546 cité par J. Le Bras sont cités Regnan Cariou, Allain Cariou, Jehan Cariou, membres du corps politique de Ploemeur.
.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
6. Saint [Thomas ] présente de la main gauche le Livre ouvert. Donateur : Gilles Cariou.
.
— La statue.
L'attribut tenu dans la main droite est brisé : c'est un manche sur lequel se referme la main, mais qui se prolongeait vers le bas sur le phylactère, et vers le haut au dessus du poignet, puisque nous voyons encore les deux points de fixation. Il est compatible avec un coutelas (Barthélémy) ou une équerre (Thomas), voire une balance (saint Matthieu) ou bien une lance (autre attribut de saint Thomas). Le sixième article est présenté par Thomas à Quemper-Guézennec.
Les auteurs actuels ont opté pour saint Matthieu (M. Jurbert et dépliant )
.
—Inscription du phylactère : c'est habituellement la deuxième partie du cinquième article du Symbole des apôtres.
TERTIA DIE RESU[RE]Xit A MORTUIS
Donc, cette découpe de texte crée un décalage dans le déroulé du Credo et de sa répartition entre les apôtres.
.
—Donateur : Gilles CARIOU.
.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
LES SIX APÔTRES DU CÔTÉ OUEST.
.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
7. Saint Barthélémy tient de la main gauche le Livre, fermé, et de la droite le coutelas à dépecer de son martyre. Donateur : Dom Alan Le Pitu.
.
— La statue.
L'attribut , le coutelas de dépeçage, identifie clairement ici saint Barthélémy. La chevelure et la barbe sont bouclés. Le saint est tourné vers sa gauche (vers l'extérieur du porche). Le manteau est bleu, la robe rouge.
.
—Inscription du phylactère : c'est le sixième article du Symbole des apôtres.
ASCENDIT AD CELOS SEDET AD [DEXTERAM DEI PATRIS] OMNIPOTE[N]TIS "Il monta aux cieux où il est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant"
.
—Donateur : DOM ALAN LE PITU ----TAM
Le titre "dom" (de "dominus") indique ici un religieux (bénédictin, chartreux ou trappiste).
Dans l'acte prônal de 1546 cité par J. Le Bras est mentionné Guillaume le Pitu membre du corps politique de Ploemeur.
La famille Le Pitu, ou Le Pittu, aujourd'hui Le Pite, est bien attestée à Ploemeur. Un Louis Pitu a fait graver son nom sur un linteau daté de 1673. François Le Pittu fut recteur de Ploemeur jusqu'en 1695, il était le fils de Jacques Le Pittu, riche paysan de Ploemeur.
.
.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
8. Saint Jude Thaddée tient de la main droite le livre à fermoir qu'il montre de l'index gauche. Donateur : Mahé Le Pitu.
.
— La statue.
Le saint [Jude ?] porte un manteau rose et une robe vert clair, boutonnée, et serrée par une ceinture dont le long bout libre est noué sur lui-même et descend verticalement jusqu'à hauteur du genou.
.
—Inscription du phylactère : cet article du Symbole des apôtres est souvent considéré comme le septième.
INDE VENTUR[US EST] JUDICARE VIVOS ET MORTUOS "D'où il reviendra juger les vivants et les morts"
.
—Donateur : MAHÉ LE PITU.
—Autre donateur : G[uillaume] PEZRON ou PESRON.
M. Jurbert signale la présence de "la signature G. Pesron dans un pli du manteau". Or, dans l'acte prônal de 1546 rapporté par J. Le Bras, on trouve parmi les membres du corps politique "Guillaume PEZRON". J'en déduis que ce n'est pas la signature de l'auteur de la statue, mais le nom de l'un des paroissiens de Ploemeur.
.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Le nom : G : PEZRON.
.
.
.
9. Saint Matthieu? Il a perdu ses deux mains, statue restaurée, le nom du donateur est effacé.
.
— La statue.
Que pouvait tenir les mains ? La balance, et le livre ?
Les auteurs actuels parlent ici de saint Thomas.
La neuvième place des Credo des apôtres est le plus souvent occupée par saint Matthieu, tenant une balance, une plume (d'évangéliste) ou (dans le calendrier des bergers) une hache.
.
—Inscription du phylactère : c'est le texte des huitième et neuvième article du Symbole des apôtres.
CREDO IN SPIRITUM SANCTUM SANCTAM ECCLESIAM CATHOLICAM SANCTORUM COMMUNIONEM
.
.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
10. Saint Jacques le Mineur tient à la main droite le Livre ouvert et de la gauche (brisée) le bâton de foulon de son supplice. Donateur : G. Raoul.
.
— La statue.
Le bâton de foulon est brisé, mais reconnaissable par son extrémité plus épaisse, en "club".
.
—Inscription du phylactère : c'est le dizième article du Symbole des apôtres.
REMISSIONE[M] PECCATORU[M] "À la rémission des péchés"
.
—Donateur : G : RAOUL :
Dans l'acte prônal de 1546 cité par J. Le Bras sont cités Jacob Raoul et Loys Raoul, membres du corps politique de Ploemeur.
.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
11. Saint Simon tient la scie (brisée) de son supplice de la main droite. Donateur : un seigneur de la famille Chef-du-Bois a fait apposer son blason sur le socle.
.
— La statue.
Le manteau porté en cape est fermé par une agrafe hexagonale. La robe est jaune sur une couche rouge. Le phylactère passe sur l'épaule droite, traverse la poitrine, est tenu par la main gauche avant de descendre verticalement.
.
—Inscription du phylactère : c'est le onzième article du Symbole des apôtres.
CARNIS RESURECTIONE[M] "À la résurrection de la chair"
.
—Donateur : Le nom du socle est remplacé par le blason dont le meuble se distingue : cette trompe suspendue à sa sangle ne peut être que le grélier (un puissant cor de chasse) des Chef-du-Bois. C'est la seule participation de la noblesse à ce Credo. Ces armes figurent aussi au sommet de la voûte.
.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
Les apôtres (tuffeau, 1518) du porche de l'église de Larmor-Plage. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
12. Saint Mathias porte un "livre de ceinture", il a perdu ses deux mains. La date de 1518 est inscrite sur un pli de son manteau. Donateurs : G. et Hervé Gleman.
Les douze apôtres qui, par deux rangs de six, encadrent les fidèles qui pénètrent par le porche sud d'une église ou chapelle bretonne forment un Credo apostolique. Ce qui veut dire qu'ils présentent chacun l'un des douze articles du Credo, ou Acte des Apôtres. Lorsque le texte latin de cet article n'est pas sculpté dans la pierre, et qu'il a été peint sur les rouleaux de papier (ou phylactère) déroulés de leur bras jusqu'au sol, il est le plus souvent effacé, et il faut se contenter de les imaginer.
Saint Pierre est toujours placé à droite de l'entrée, tenant sa clef mais aussi le premier article, Credo in Deum, Patrem omnipotentem, creatorem caeli et terrae.
Puis vient saint André et sa croix en X, avec Et in Iesum Christum Filium eius .
Puis saint Jacques le Majeur, et saint Jean l'évangéliste.
Ensuite, l'ordre des articles est immuable mais leur attribution aux apôtres peut changer. Nous pouvons avoir la séquence Philippe-Thomas-Barthélémy-Matthieu-Jacques le Mineur-Jude Thaddée-Simon-Mathias. (verrière de Quemper-Guezennec)
Ou bien Thomas-Jacques le Mineur-Philippe-Barthélémy-Matthieu-Simon-Thaddée-Mathias (Verger du Soulas)
Ou Jacques le Mineur-Thomas-Matthieu-Barthélémy-Philippe-Simon-Jude-Mathias (Cluny).
Etc.
La formulation du Symbole des apôtres, sa division en douze articles et l'attribution de ceux-ci à chacun des douze apôtres date d'une tradition qui remonte au Ve siècle, époque où Rufin d'Aquilée (ca.400) fait du Symbole un texte élaboré par les disciples sous l'inspiration de l'Esprit Saint, et au VIe siècle, où le Pseudo-Augustin attribue chaque article à un apôtre dans son Sermo 241. Au XIIe siècle se développe parmi les prédicateurs le goût pour les images classificatrices et les séries numériques autour des chiffres sept, dix et douze dans des diagrammes didactiques ; la classification des douze articles et des douze apôtres peut s'enrichir de douze prophètes et de leurs versets. Ce thème apparaît dans de luxueux manuscrits enluminés comme le Verger de Soulas à la fin du XIIIe siècle. En 1330, dans le Bréviaire de Belleville un verset des épîtres de Saint Paul est associé à chacun des douze articles, lesquels accompagnent la succession des douze mois du calendrier. Ces calendriers sont adoptés dans des Psautiers et Livres d'Heures comme ceux du duc de Berry (Psautier de Jean de Berry en 1380-1400 ; Petites Heures du duc Jean de Berry en 1385-1390 ; Grandes Heures du duc de Berry en 1400-1410 ) et le Credo apostolique figure dans les vitraux de la Sainte-Chapelle du duc Jean de Berry de Bourges, construite de 1392 à 1397 par Drouet de Dammartin et investie en 1405. Il figurait aussi dans la Sainte Chapelle de Riom élevée entre 1395 et 1403 pour le compte de Jean de Berry par Guy de Dammartin, mais qui ne reçut ses verrières que vers 1445-1455.
Un des exemples (dans l'œuvre de saint Augustin, in E. Mâle):
Pierre: Credo in Deum patrem omnipotentem, creatorem cœli et terrae.
André : Et in Jesum Christum, Filius ejus.
Jacques (majeur) : Qui conceptus est de Spiritu Sancto, creatus ex Maria Virgine
Jean : Passus sub Pontio Pilato, crucifïxus, mortuus et sepultus est.
Thomas : Descendit ad inferna. Tertia die resurrexit a mortuis. .
Jacques [mineur) : Ascendit ad cœlos, sedet ad dexteram patris omnipotentes.
Philippe : Inde venturus est judicare vivos et mortuos.
Barthélémy : Credo in Spiritum Sanctum.
Mathieu : Sanctam Ecclesiam catholicam, sanctorum communionem
André. Croix de saint-André. Et in Iesum Christum Filium eius unicum , Dominum nostrum.
Jacques le Majeur. Bourdon et chapeau. qui conceptus est de Spirituo Sancto n]atus est Maria Virgine.
Jean. Coupe de poison. passus sub Pontio Pilato, crucifixius, mortuus et sepultus.
Philippe. Croix à longue hampe. [Descendit ad inferna,] tertia die ressurexit a mortuis.
Thomas . La Hache ou Hallebarde. Ascendit in celum sedet ad dexteram dei patris omnipotentis
Barthélémy. Coutelas. Inde venturus est iudicare vivos et mortuos :
Matthieu. Plume d'écrivain. Credo in spirituum sanctum
Jacques le Mineur. Sanctam Ecclesiam catholicam, sanctorum communionem
Jude Thaddée?. Hallebarde remissionem peccatorum
Simon. La scie. Credo carnis resurrectionem
Mathias. et vitam eternam amen
.
.
SOURCES ET LIENS.
.
—CASTEL (Yves-Pascal), 1983, L'église Notre-Dame à Larmor-Plage", Congrès archéologique de France - Volume 141 -Morbihan, Société française d'archéologie · 1986 pages 107 et suiv.
" ...que la date LAN MIL CCCC : XX ET : XI et un ornement qui pourrait être une fleur de lys.
Dès 1491 , le maître maçon avait prévu , pour le porche , une voûte qui sera placée soixante et un ans plus tard , comme le dit la banderole aux caractères gothiques tenue par l'ange de la clé : LAN MIL V C LII FUT FAY ST CETE VOUTE .
Si la voûte est de 1552 , les niches des parois intérieures sont bien de 1491 , comme le reste du porche . Le vocabulaire varié et délicat des dais et des consoles , issu du dernier gothique flamboyant laisse pointer quelques efflorescences végétales en forme de rosettes quelque peu renaissantes . On y croit deviner aussi des fleurs de lis qui s'inscriraient parmi les toutes premières apparitions de l'emblème royal dans le domaine décoratif du duché breton . 1491 est l'année même du mariage d'Anne de Bretagne et de Charles VIII mais le lis de France ne s'épanouira que quelques années plus tard , à partir de 1508-1510 , aux fenestrages des églises et chapelles de la province en chemin vers l'union.
L'influence extérieure se manifeste à un autre titre dans le porche de Larmor. illustrant un aspect de l'art en Bretagne mis en lumière par M. André Mussat . Le mécénat ducal , développant , au cours du xve siècle , un éclectisme bénéfique , avait fait largement appel aux ateliers étrangers à la province . Les statues du porche le montrent de manière évidente. Taillées dans la pierre tendre , sauf le saint Simon , en granite , elles ne peuvent être que des productions périphériques et l'on songe tout naturellement aux rives ligériennes . Notre série larmorienne , quasi unique dans le Morbihan ne peut donc être étudiée en relation avec les ensembles conservés dans trente porches finistériens qui utilisent le kersanton des carrières littorales de la rade de Brest .
D 'ailleurs, par rapport au Finistère, Larmor adopte une disposition originale. Ici le prince des apôtres accueille le fidèle dès son premier pas dans le porche et se tient à gauche, là-bas, saint Pierre préside près de la porte même de l'église, du côté droit. Évidemment, cette remarque n'est valable que si la distribution originelle n'a pas été bousculée dans la suite des âges. Ainsi , à plus d'un titre , les apôtres de Larmor font figure d'unicum dans le domaine breton. Le nom des apôtres n'étant pas inscrit sur les socles ( il l'est rarement ailleurs ) , la personnalisation demeure malaisée à partir des seuls emblèmes symboliques , d'autant plus que certains ont été mutilés. Notre nomenclature comporte donc quelques points d'interrogation : Pierre (clef), André (Croix), Jacques le Majeur (costume de pèlerin), Jean (calice), Philippe (croix), Matthieu (livre, balance mutilée), Barthélémy ( coutelas ) , Jude ( fig . 5 ) ? ( livre ) , Thomas ? ( attribut manquant ) , Jacques le Mineur ( bâton de foulon et livre ) , Simon ( scie ) et Matthias (?). Si on ne peut définir avec certitude les personnalités individuelles, on est assuré que l'ensemble est en bonne place, dans le bon rang... eu égard au texte du symbole des apôtres dont les articles , gravés sur les phylactères , composent une séquence régulière"
—GOULPEAU (Louis) , À PROPOS DES DATES GRAVÉES DANS LA PIERRE RELEVÉES SUR DES ÉDIFICES RURAUX DE PLOEMEUR
— MUSSAT (André), 1995 Arts et cultures de Bretagne: un millénaire - Page 209
"Dans ce porche , parmi les belles statues d'apôtres qui datent de 1506 à 1518 , à côté de celles offertes par deux prêtres et d'une autre aux armes du seigneur du lieu , Maurice du Chef du Bois , huit portent le nom des notables : Le Gohr , Glemen , Lescournec , Le Milloch , Ronial , Dariou , Pen - Du , Raoul ( cité deux fois ) Le niveau social du gouvernement de la paroisse apparaît donc clairement indiqué : nobles , membres du clergé et fabriciens , qui se retrouvent dans le « général » ."
—Bulletin archéologique de l'Association bretonne, Classe d'archéologie, Volume 5 mpr.-libr.-lithographie L. Prud'homme, 1854 page 68, Saint-Brieuc.
— ROSENZWEIG 1859, Ploemeur, monuments religieux, Statistique archéologique de l'arrondissement de Lorient ,Bulletin de la Société archéologique du Morbihan page 123
— BREVIAIRE DE BELLEVILLE : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum, dit Bréviaire de Belleville. Bréviaire de Belleville, vol. I (partie hiver), 1323-1326
— FAVREAU (Robert), 2003 Les autels portatifs et leurs inscriptions, Cahiers de civilisation médiévale 2003 Volume 46 pp. 327-352 :http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ccmed_0007-9731_2003_num_46_184_2865
— GAY (Françoise) 1993, Le choix des textes des prophètes face aux apôtres au Credo", in Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon
— HASENORH (Geneviève), 1993 "Le Credo apostolique dans la littérature française du Moyen-Âge", Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon
— LACROIX (Pierre) , Renon, Andrée, Mary, Marie-Claude, Vergnolle, Éliane [Publ.] Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon (1993).Sommaire en ligne
— MÂLE (Emile) Le Credo des apôtres in L'art religieux à la fin du Moyen-Âge en France page 246-296
—PICHON (Denis), 2000, Note sur les peintures murales de Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren : présence d'un Credo prophétique Société d'émulation des Côtes-d'Armor, 2000, 130, p. 115-122
— RENON F, relevé du Credo du chœur de la cathédrale de Cambray en 1404 Revue de l'art chrétien: recueil mensuel d'archéologie religieuse, Volume 8 Arras ; Paris 1864 page 262.
— RITZ-GUILBERT, Anne 1993 ; "Aspects de l'iconographie du Credo des apôtres dans l'enluminure médiévale", Pensée, image & communication en Europe médiévale : à propos des stalles de Saint-Claude; Besançon; Asprodic L'auteur analyse les Credo typologiques apparus dans l'enluminure du 13e siècle, puis la version originale qu'en donne Jean Pucelle dans le Bréviaire de Bellevill (Paris, B. N., ms lat. 10483) aux environs de 1323-1326. Le peintre a utilisé le Credo des apôtres comme attribut de la vertu personnifiée de la Foi
—SCHMITT (Jean-Claude), 1989 "Les images classificatrices", in Actualité de l'histoire à l'Ecole des chartes: études réunies à l'occasion publié par Société de l'Ecole des charte 1989 pp.311-341.
Le premier atelier ducal du Folgoët (1423-1468) a mené à bien, sous le mécénat du duc Jean V et de ses successeurs, les chantiers de la collégiale du Folgoët (porche vers 1423-1433), de la cathédrale de Quimper (porche sud et portail ouest, 1424-1442), du Kreisker de Saint-Pol-de-Léon (porche entre 1436 et 1472), de Notre-Dame-des-Portes de Châteauneuf-du-Faou (1438), de Kernascléden (porches vers 1433-1464), de l'église Notre-Dame de Quimperlé (porche nord 1420-1450), ainsi que les porches en kersanton de La Martyre (vers 1450 et 1468) et de Rumengol (vers 1470).
.
Le second atelier du Folgoët, ou "atelier des enfants" réalisa, avec moins de souplesse et de grâce que le premier Maître, deux porches assez identiques, celui de Plourac'h vers 1458-1488 ou 1500-1510 et celui de Saint-Herbot entre 1498 et 1509. Ils sont tous les deux en granite pour l'architecture et en kersanton pour les statues, notamment des Apôtres. Comme celui de La Martyre, ils constituent à eux seuls des petites chapelles, voûtés d'ogives, aux solides contreforts et disposant de salle d'archives à l'étage.
À Plourac'h, un registre de paroisse (non daté mais assez tardif, cité par R. Couffon, folio 42°) affirme ce lien familial entre les deux Ateliers en indiquant que "François du Méné, chambellan du duc François II, entreprit de faire bâtir le beau porche de Plourac'h avec les enfants du célèbre maître qui construisit la merveille du Folgoat". On prendra cette allégation dépourvue de sources avec prudence, puisque ce François du Méné ne figure pas dans la liste (non exhaustive) des chambellans de François II.
Le mécénat des ducs de Bretagne est attesté par les armes d'Anne de Bretagne sur le tympan de la baie 3 (vers 1500-1506).
.
Datation.
a) La datation proposée par E. Le Seac'h semble se fonder sur l'inscription d'un entrait de la chapelle nord, datant la charpente en l'an 1500 (pour d'autres, en 1506) sur commande de Charles Clévédé (cf. article sur les sablières), puisque l'inscription de fondation du porche est à demi-martelée, et qu'elle n'a pu la lire ni l'interpréter. Pourtant, elle écrit "Le porche de Plourac'h est donc à dater entre 1458 et 1488."
b) Néanmoins, le pied du bénitier de l'angle nord-est du porche est une colonnette sculptée en nid d'abeille, motif qui, selon Parvis-Hermon, n'est présent dans l'art breton que peu après 1510. Les exemples de motif en nid d'abeille cités par Couffon 1952 sont plus tardifs, sur le calvaire de Confort-Meilars, le porche de la chapelle de Saint-Germain de Plogastel-Saint-Germain. On trouve ces colonnettes sous le porche sud de Lampaul-Guimiliau (1533), sur la porte sud (1541) de la chapelle de Ty Mamm Doué de Quimper, au dessus de la porte ouest de l'église de Brasparts (1541) ou sur le porche de Landivisiau (1554-1565)., sur la porte de la chapelle Saint-Nicodème de Ploéven (1592) ou de la chapelle Saint-Vendal de Douarnenez (1592).
Le dossier de l'Inventaire rédigé par Pavis-Hermon en reprenant les conclusions de sa notice IA0000 3364-01 indique : "édifice de la première moitié du XVe siècle. Chapelle orientale et porche du début du premier quart du XVIe siècle". On négligera le dossier PA00089517 de la base Mérimée (1992), très peu fiable, et qui indique que "les fenêtres flamboyantes et le porche sont du XVe siècle".
c) Si les armoiries du gable sont celles des Clévédé, cela ne permet pas de préciser mieux la datation, puisque Charles Clévédé est présent à la montre de 1481 en Cornouaille, "homme d'armes à deux chevaux pour la selle" et représentant Henry du Dresnay. Il est accompagné de Jehan et Guillaume Clévédé, archers en brigandine. (Tudchentil). Ces derniers sont peut-être les fils de Charles, qui se serait marié vers 1461. Il est décédé en 1531, date à laquelle sa veuve Marie de Pestivien rend aveu comme tutrice de son fils. Jean Clévédé sieur de Guerlesquet représente Plourac'h à la Réformation de 1536 (Tudchentil).
d) Un autre élément de datation est la proximité du porche de Plourac'h avec celui de la chapelle de Saint-Herbot. Or, le début de la construction de ce dernier est clairement daté par inscription de 1498. La date de fin en 1509 était portée sur le phylactère d'un ange. Le chantier aurait duré onze ans.
Si le chantier de Plourac'h a eu la même durée et s'est achevé avec le bénitier à nid d'abeilles, nous aurions une datation, reprenant la proposition de Parvis -Hermon (début du premier quart du XVIe siècle), de 1500-1510.
À la différence de Saint-Herbot, nous ne trouvons pas ici la devise des ducs de Bretagne A ma Vie.
En conclusion, j'adopte la datation suivante : "vers 1500-1510". Anne de Bretagne est alors reine de France depuis 1491, elle décède en 1514.
.
Restauration.
L'ensemble du porche et ses statues ont été analysés et restaurés en 2017 (étude) et 2020 par Arthema Restauration sous le suivi du SDAP des Côtes d'Armor et de l'architecte des bâtiments de France madame Véronique André, avec dépoussiérage de la polychromie pulvérulente, nettoyage précautionneux des mousses, des lichens et des algues (chlorophycées), fixation des écailles de peinture. Les analyses stratigraphiques en laboratoire ont été confiées au CARAA.
.
.
.
.
I. L'EXTÉRIEUR DU PORCHE .
.
Le porche sud, de plan carré, est construit au droit des troisième et quatrième travées
L'arc brisé de l'entrée est plus resserré qu'à Saint-Herbot ; les piédroits et voussures sont sculptés de deux rangs de feuilles d'acanthe, et complétés d'une accolade et de pinacles. Au dessus du fleuron, on voit la fenêtre à épaisses grilles de la salle d'archives de la fabrique, et accessible par l'escalier d'une tourelle circulaire latérale (angle sud-ouest), et plus haut encore, la trace d'un complexe héraldique hélas soigneusement martelé et dans lequel on a suggéré de voir les deux lions affrontés autour d'une lance des seigneurs de Clévédé, fondateurs de la chapelle nord en 1500-1506. À droite de ce complexe se voit une pierre portant un écu martelé.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Les rampants du pignon sont à crochets, et amortis de deux crossettes.
La crossette de droite représente un homme, souriant, en tenue noble de l'époque (bonnet, cheveux bouclés sur les épaules, tunique longue serrée par une cordelière), dont les mains tiennent peut-être un cor ou un parchemin. Pavis-Hermon y voyait peut-être un calice d''où émerge un dragon", ce qui pourrait en faire un saint Jean ; mais les saints ne sont jamais représentés sur les crossettes.
La crossette de gauche représente un animal ailé, peut-être un dragon.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Les moulures du porche extérieur.
Le décor est bien moins développé qu'à Saint-Herbot.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
II. L'INTÉRIEUR DU PORCHE : LE MUR NORD : LA PORTE ET LE TYMPAN .
.
La porte ogivale est encadrée de deux moulures à rinceaux (naissant, comme dans tous les porches de cet Atelier de la gueule d'animaux), encadrée de pinacles et soulignée d'un arc en accolade à choux frisés, conduisant au culot très ouvragé d'une niche. Celle-ci, encadrée de pinacles et couronnée d'un dais gothique, abrite une belle Vierge à l'Enfant en kersanton polychrome du XVIe siècle.
On lit sur la porte en bois, qui serait d'origine, les mots Domus Dei, Porta Coeli (Maison de Dieu, Porte du Ciel) sous deux anges en prière entourant à gauche le Christ et à droite St Jean-Baptiste, patron de l'église ; en dessous sont sculptés des motifs en plis de serviette.
Les statues en kersanton de deux des quatre évangélistes l'entourent, saint Marc à gauche avec son lion et saint Luc à droite avec son taureau. Ils tiennent la plume, portent l'encrier et le plumier.
Pour E. Le Seac'h, les trois statues ne sont pas de la même main que les statues des apôtres et leur sont postérieures.
.
Bien que la proximité du porche de Plourac'h avec celui de Saint-Herbot ait été souligné, les différences sont nombreuses et importantes ; l'influence du mécénat ducal et du style du premier atelier du Folgoët est moins net. Et le mur nord, qui n'a pas ici les portes jumelles et le bénitier du trumeau, est dédié à la Vierge et non au saint patron du lieu.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
L'inscription de fondation (granite).
.
Cette pierre a été buchée sur toute sa moitié gauche ; et son extrémité droite a été retaillée (pierre de réemploi ?). Ce qui subsiste est écrit en lettres gothiques, perlées, aux fûts bifides (les V), et à empattement triangulaire. Le O est tracé en (). Les branches des V sont réunies par un ^ ou un o .
Mais hélas, elle est indéchiffrable, même à éclairage frisant ou après estampage:
--- VXLLOV
---] : XIXOV
---XQVE
Ou bien, car tant de lettres X incitent à les lire comme des I bifides et perlés
---VILLOV
---J: ILIOV
--- IQVE
Le dernier mot pourrait être la fin de "FABRIQUE"
Pavis-Hermon avait lu ceci :
---VILLON
---:NOV
---IQVE
.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
La Vierge à l'Enfant, kersanton polychrome, début XVIe siècle.
.
.
La statue occupe une niche hexagonale à dais, à voûte nervurée, construite par deux pinacles engagés appuyés sur un ange et un lion. On discerne sur le dais des traces d'ocre (bouche-pore à la chaux), et de plusieurs couches de peinture à l'huile avec traces d'orange foncé ( ou brun-rouge) et de bleu clair.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Cette statue mesure 127 cm de haut. La Vierge est couronnée, ses longs cheveux sont regroupés derrière la nuque par un voile occipital typique de la statuaire finistérienne du XVIe siècle, puis les méches recouvrent ses épaules. La couronne à fleurons et perles était dorée, et rouge vermillon. Le visage est rond, le front et les sourires épilés, la bouche rouge petite au dessus d'un petit menton rond. Les yeux regardant le spectateur sont sombres (mais avec des traces de bleu). La face est couverte d'une carnation rose, les cheveux étaient dorés, le voile était également doré mais est jaune pâle.
La robe à décolleté carré était rouge, serrée par une ceinture d'étoffe jaune nouée. Un pan est retroussé et fixé au poignet gauche, formant des plis en V. Les manches sont larges. Le décolleté dévoile une chemise fine, à petits plis, perlée à l'encolure, et un collier (ou l'attache du manteau).
Le manteau est largement ouvert, il est vert-brun avec des parties rouge vermillon et bleu selon l'usure des couches. Il forme de vastes plis du côté gauche.
La main et l'avant-bras droit sont absents : la Vierge tendait peut-être un objet (fruit) à son Fils.
L'Enfant en tunique longue, à cheveux bouclés, est assis jambes croisées sur le bras de sa Mère et est tourné vers elle, sans échange de regards. Sa main droite est posée sur sa poitrine tandis qu'il tient, en enfant sauveur, le globe du Monde dans la main gauche.
La statue a reçu une préparation "bouche pore" ocre jaune, puis plusieurs couches de peinture à l'huile plus ou moins écaillées mais remarquablement restaurées.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
À ses pieds, deux anges ou enfants de chœur, joufflus, vêtus d'une tunique dorée, présentent un cube (un écu à la pointe abrasée ?) sculpté en bas-relief d'un calice : donation d'un prêtre ?
Les anges aux cheveux bouclés (or sur mixion jaune) ont un visage proche de celui de la Vierge, à la carnation identique (couches de blanc et rose).
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Saint Marc évangéliste à gauche (kersanton, traces de polychromie, début XVIe siècle).
.
On remarque que malgré la restauration récente, et malgré les précautions prises (fils tendus), le haut de la statue est couvert de fientes.
Le saint, identifié par son lion, tient dans un geste délicat le livre ouvert de son évangile, et y pose le stylet de son travail d'écrivain, tandis que le plumier oblong et l'encrier rond sont suspendus à sa ceinture.
Il est coiffé d'un chapeau à larges bords de forme carrée évoquant la coiffure des docteurs médiévaux. La carnation rose est préservée.
Il porte un manteau attaché sous la gorge, au pan gauche retroussé vers la ceinture.
Le plissé de la robe ou cotte est modelé par l'avancée du genou droit. Cette cotte était rouge sur couche ocre ; elle laisse voir l'extrémité des chaussures.
Le lion , qui enjambe la chaussure gauche, est finement représenté, d'allure vive, et montrant les dents. Comme c'est l'usage, la queue passe entre les jambes et fait retour sur le dos pour y étaler son fouet à trois méches.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Saint Luc évangéliste à droite (kersanton, traces de polychromie, début XVIe siècle).
.
Il est déjà bien arrosé de fientes.
Il a perdu presque toute sa polychromie, sauf au bas de la cotte ocre rouge.
Il porte le même chapeau de type "bonnet carré", la même cotte talaire, le même manteau (mais c'est le pan droit qui vient se fixer sur la ceinture), le même encrier et le même plumier.
Mais il tient son livre fermé (reliure à fermoir) tandis qu'il laisse une banderole se dérouler jusqu'au sol. L'inscription qui devait y être peinte n'est plus visible.
Comme le lion de Marc, le taureau pointe ses cornes au dessus de la chaussure gauche de son maître.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
La voûte.
Le porche est voûté d’ogives, avec en clé de voûte des armes non identifiées. La partie droite est ocre rouge, la partie gauche ocre jaune, et les restaurateurs ont pu y discerner dans les voûtains quelques tracés attestant d'une fresque : un Christ en croix sur la gauche avec à ses côtés la Vierge et saint Jean, et plus haut un diable. Ou des personnages dans une barque (pêche miraculeuse ?), ou un personnage avec un drapeau. Et probablement une mise au tomneau et un Noli me tangere.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Le bénitier à la colonnette en nid d'abeille.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
II. L'INTÉRIEUR DU PORCHE : LES SIX APÔTRES DU CÔTÉ DROIT .
.
1°) Un Credo apostolique.
.
La présence dans ce porche, comme dans ceux réalisés par le Premier atelier du Folgoët, des douze Apôtres n'est pas ornementale : elle affirme pour le fidèle qui s'apprête à entrer dans l'église, les vérités dogmatiques de sa Foi, réunies dans les douze articles du Credo.
Le texte de ces douze articles, chacun confié à un apôtre dans un ordre assez bien établi par la tradition, ne sont presque plus visibles puisqu'ils étaient peints sur le phylactère qu'ils ont soin de présenter, alors qu'à Saint-Herbot, ils sont sculptés et bien lisibles, et en outre, le nom des apôtres est sculpté sur le socle.
Néanmoins, c'est bien ce texte désormais invisible du Credo qui s'affirmait ici avec solennité.
Comme nous ne pouvons plus déchiffrer les textes (bien que des traces des écritures en gothique subsistent), et comme les statues ont pu être déplacées lors de restaurations des siècles passés, et enfin comme les apôtres ne portent pas , sauf les quatre premiers, d'attribut distinctif, nous ne pouvons être certain de leur identité, sauf à postuler d'une part que les statues sont encore dans leur ordre initial, et d'autre part qu'elles suivent la séquence utilisée à Saint-Herbot.
Rappel :
La séquence suivie à Saint-Herbot est celle du Canon romain, Pierre-André-Jacques-Jean-Thomas-Jacques-Philippe-Barthélémy-Matthieu-Jude-Simon-Matthias, modifiée selon l'ordre courant où la même succession se termine par Simon-Jude-Matthias.
Cet ordre, et l'attribution des articles du Credo, obéit à celui établit par le Sermon du Pseudo-Augustin : Sermo CCXLIDe symbolo, P.L. 39 col; 2190 ; C'est aussi l'ordre du Speculum Theologiae ou Verger de Soulas du XIIIe siècle, Bnf Fr 9220 folio 13v ; des Grandes heures du duc de Berry (1409) folio 1r à 6v ; du Psautier de Jean de Berry, BNF latin 13091, dont les enluminures sont dues à André Beauneveu en 1380-1400 .
Le texte des phylactères est celui du Symbole des Apôtres (Credo in Deum), qu'on ne confondra pas avec le Credo, ou Symbole de Nicée (Credo in unum Deum), récité lors de la messe.
.
1. Pierre. Clef. Credo in Deum Patrem omnipotentem, Creatorem celi et terre.
2. André. Croix de saint-André. Et in Ihesum Christum, Filium eius unicum, Dominum nostrum
3. Jacques le Majeur. Bourdon, chapeau, besace. qui conceptus est de Spiritu Sancto, natus ex Maria Virgine.
4. Jean. Coupe de poison. passus sub pontio pilato, crucifixus, mortuus, et sepultus.
5. Thomas . descendit ad inferna, tertia die resurrexit a mortuis,
6. Jacques le Mineur. ascendit ad celos, sedet ad dexteram Dei Patris omnipotentis.
7. Philippe. inde venturus iudicare vivos et mortuos.
8. Barthélémy. Coutelas. Credo in Spiritum Sanctum
9.Matthieu. sanctam Ecclesiam catholicam, sanctorum communionem .
10. Simon. remissionem peccatorum.
11. Jude Thaddée. carnis resurrectionem
12. Mathias. vitam eternam. Amen
.
Mais au moment où se construit le porche de Plourac'h, des éditions imprimées successives du Calendrier des Bergers sont publiées (sept éditions entre 1491 et 1508), diffusant les gravures des apôtres avec leur attribut et le texte du Symbole des apôtres en français, non sans variations.
Pour ne rien simplifier, nous pouvons comparer ce porche de Plourac'h à celui de Notre-Dame de Larmor à Larmor-Plage : débuté en 1491, achevé en 1552, il aligne douze statues d'apôtres de 1518 en tuffeau, aux inscriptions de phylactères sculptées, dans l'ordre Pierre, André, Jacques le majeur, Jean, Philippe (tenant lacroix) Mathieu, Barthélémy ( couteau), Jude Thaddée, Thomas, Jacques le mineur, Simon, Mathias.
Les articles consacrés à ce thème sont très nombreux dans ce blog : le premier d'entre eux (Quemper-Guezennec) l'explore tout particulièrement. La plupart des porches bretons possèdent leurs séries de niches aux apôtres, deux calvaires sont structurés sur ce Credo, et plusieurs verrières de France y sont consacrées.
Tous les apôtres sont pieds nus, tous sont barbus sauf Jean, tous tienent un phylactère, presque tous tiennent un livre (rappel du Livre des Apôtres) mais chaque livre est différent ou tenu différemment.
Toutes les statues sont en kersanton et conservent leur polychromie écaillée, où on retrouve le bouche-pore ocre-jaune et ocre rouge constaté sur le porche, et les différentes couches de décors peints à l'huile, très lacunaire, persistant dans les creux des plis. D'un apôtre à l'autre, la palette se modifie et crée autour de quatre couleurs majeures une diversité, avec une dominance rouge pour le manteau, tandis que les carnations sont identiques, rose et blanche, tout comme barbes et cheveux (Sienne brûlée). La présence de dorure a été retrouvée par les restaurateurs d'Arthema, sur certains endroits du manteau en faible quantité. Les carnations sont affectées par un fort repeint. Ailleurs, les différentes couches de peinture superposent plusieurs couleurs de différentes époques.
"Ils ont le même visage allongé, des yeux en amande soulignés d'une petite paupière inférieure et d'une paupière supérieure plus large. Les cheveux longs sont séparés en stries ondulantes avec parfois des mèches bouclées sur le haut du crâne.
Les robes présentent les mêmes plis variés et sont aussi bloussantes par dessus la ceinture." (Le Seac'h)
Les barbes sont toutes convexes.
Lors de la restauration, deux mains portant des livres (dont celles de la sixième statue), et le haut du bâton de saint Jacques ont été retrouvés, et remis en place par collage (Arthema).
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
1. Saint Pierre et sa clef. Kersanton, rares traces de polychromie, début XVIe siècle.
.
Saint Pierre s'identifie par sa clef, mais aussi par le "toupet", les ilots de cheveux échappant à sa calvitie fronto-temporale. Sa barbe est plus courte qu'à Saint-Herbot. Sa clef est imposante, avec son anneau losangique (il est en cœur à Saint-Herbot). Il porte un manteau mi-long, une cotte talaire fermée par un bouton, et une chemise.
Un blason muet est placé à côté de son pied gauche.
Son dais (cf. infra) est orné d'un petit personnage de face.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
2. Saint André et sa croix en X. Kersanton, rares traces de polychromie, début XVIe siècle.
.
Sa croix est habilement incurvée pour se modeler au corps. Son front est également doté d'un "toupet" en cornes. Il ne tient pas de livre. Tous ces détails se retrouvent à Saint-Herbot.
La barbe est longue, peignée en mèches aux extrémités bouclées.
Le pan du manteau est retenu par la main gauche. La cotte talaire est serrée par une ceinture dont la boucle est figurée ; cette cotte s'ouvre devant la poitrine en deux revers éfilés.
Polychromie : traces de blanc sur la carnation, de bleu et de rouge.
.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
3. Saint Jacques le Majeur et sa tenue de pèlerin. Kersanton, traces de polychromie, début XVIe siècle.
.
Il porte le chapeau des pèlerins de Compostelle à larges bords et frappé de trois coquilles (insignes de pèlerinage), la besace portant des coquilles et soutenue par un baudrier à coquilles, et le bourdon (brisé entre le nœud et la boule sommitale) à extrémité pointue. Il est revêtu d'une cotte talaire et d'une pèlerine à type de blouse plissée, à larges manches, et descendant au dessous des genoux.
Les cheveux sont longs, la barbe peignée de mèches bouclées à l'extrémité.
Le visage a conservé sa carnation rose presque complète. La cotte était rouge sur une couche rose.
Les différents détails d'équipement se retrouvent à Saint-Herbot, mais s'organisent différemment (bourdon à droite, besace à gauche, pèlerine ouverte devant la poitrine).
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
4. Saint Jean et la coupe de poison d'où émerge un dragon.Kersanton, traces de polychromie, début XVIe siècle.
.
Saint Jean est imberbe, avec des cheveux bouclés n'atteignant pas les épaules. Il porte un manteau fermé par un bouton et dont un pan est retenu par la ceinture (boucle à ardillon et passant), et la cotte talaire.
Il trace un geste de bénédiction de la main droite sur la coupe de poison dont un dragon émerge pour en signaler la malignité.
Le phylactère est replié à ses pieds.
.
Les traces de polychromie indiquent que les cheveux étaient dorés, la carnation rose et le mateau rouge.
Un blason à ses pieds conserve, malgré qu'il ait été martelé, le contour d'un calice (donateur ecclésiastique).
.
La statue de Saint-Herbot est bien différente, avec la palme comme attribut, une chevelure rayonnante, une robe dorée, un pied soulevé, et un long article en latin qui ne tiendrait pas ici sur le petit phylactère.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
5. Saint [Thomas].Kersanton, traces de polychromie, début XVIe siècle.
.
Aucun attribut et aucune inscription ne permet de l'identifier et je me fie à son rang. Le pan gauche de son manteau sert de sudarium pour tenir le livre. La cotte talaire est fermée par cinq boutons. Le phylactère vertical est très long.
Le visage conserve des portions de carnation rose en carte de géographie. La barbe à pointe ovale est soigneusement peignée de mèches dont la pointe bouclée rebique.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
6. Saint [Jacques le Mineur] . Kersanton, traces de polychromie, début XVIe siècle.
.
Tout comme à Saint-Herbot, l'attribut de l'apôtre, le bâton de foulon qui deviendra incontournable, est absent.
Le pan droit du manteau vient se fixer à la ceinture, la cotte est ouverte jusqu'à la taille et ses revers forment deux triangles rapprochés.
Les cheveux sont bouclés "en boule", la barbe soignée, le regard dirigé vers l'extérieur du porche.
La carnation est bien conservée, rose foncée et blanche.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Les dais .
.
Ces dais gothiques hexagonaux sont coiffés de hauts pinacles à boules. Celui de saint Pierre montre un petit persoannage en culotte plissée (bagou bras) la main sur la poignée de son épée.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
La frise inférieure : feuilles d'acanthe.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
L'extrémité des tiges d'acanthes est tenue dans la gueule d'un tout petit animal, qui se tient à l'envers : j'ai inversé ma photo pour présenter celui-ci, avec son museau tronqué.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
III. L'INTÉRIEUR DU PORCHE : LES SIX APÔTRES DU CÔTÉ GAUCHE.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
7. Saint [Philippe]. Kersanton, traces de polychromie, début XVIe siècle.
.
L'attribut habituel de Philippe est la croix à longue hampe. Mais sur le Calendrier des Bergers il est figuré avec une croix en T (1493-1500), puis avec une équerre (1516 et 1519).
Mais ici, l'attribut est tenu verticalement dans le poing de la main droite sous la forme d'un manche à extrémité élargie et arrondie; il est ensuite brisé mais il se prolongeait jusqu'à l'épaule droite où son appui est visible.
Cet attribut est bien plus compatible avec un coutelas (celui de saint Barthélémy) qu'avec tout autre attribut, et, de toute façon, il ne peut être considéré ni comme une croix, ni comme une équerre. Comparez avec le saint Barthélémy de Saint-Herbot :
.
Statue de saint Barthélémy, chapelle de Saint-Herbot. Photo lavieb-aile.
.
Par contre, et c'est amusant, de nombreuses gravures du Calendrier des Bergers montre saint Philippe tenant, comme ici, un livre de ceinture (ou "en aumônière").
.
Calendrier et compost des Bergers, J. Belot, Genève 1498-1500
.
Le long phylactère passe sur l'avant-bras gauche.
Le visage conserve la majeure partie de la carnation rose. La barbe, toujours peignée, est bifide. Les cheveux longs sont peignés également. Les yeux sont comme écarquillés, car ils conservent leur couleur blanche sous une paupière supérieure lourde.
Les cheveux sont jaunes ou dorés ; la cotte est, comme ailleurs, rouge.
.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Le porche sud de l'église de Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Le livre de ceinture.
.
Il est représenté avec précision, et l'on voit bien comment la reliure réunie par son fermoir se poursuit par une étoffe qui est empoignée, tandis qu'une spère-bouton lui évite de glisser. Ce dispositif de transport et de préhension permet aussi de le suspendre à la ceinture.
"La porte principale du côté Ouest est aussi riche que la précédente, mais sans être d'aussi belles proportions, on y remarque particulièrement les beaux feuillages qui ornent les gorges profondes de ces nervures et les deux personnages en ronde-bosse, aux amortissements du gâble au-dessus du bandeau. L'un représente un guerrier coiffé d'un casque et à corps d'animal, portant un étendard déployé, l'autre une femme la tête couverte d'un voile et tenant une banderole sur laquelle on lit ces mots : Pax: Vobis 1592." (C. Chaussepied)
"Enfin, la porte ouest, également toute gothique avec son gable tangent et coupant les piédroits, porte sur une banderole : " PAX : VOBIS. 1592." R. Couffon
Le portail ouest de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Le portail ouest de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Ce portail reprend dans son architecture un style répandu autour de Quimper notamment dans tout le Cap Sizun. On le reconnaît à la façon dont le gable à choux frisés, comme le remarquent C. Chaussepied et R. Couffon, vient couper les pinacles et se poursuit pour s'appuyer sur deux personnages en moyen-relief. On retrouve cette particularité, initiée à Saint-Herbot (1516), à Saint-Tugen de Primelin (sur les deux portails), à Plogoff (1547), puis à Cléden-Cap-Sizun (1561), puis à Plouhinec (1572) ou encore à Esquibien. Et à Saint-Tugen et à Plogoff, comme ici, le personnage de droite présente l'inscription de bienvenue Pax Vobis (la paix soit avec vous).
Le style gothique cornouaillais s'illustre aussi, sans ce détail de croisement gable/pinacle, à Saint-Herlé en Ploaré (v.1548), Locronan, Pont-Croix, ou Confort-Meilars.
C'est donc, en 1592, une reprise bien tardive d'un style gothique cornouaillais, alors que le style Renaissance s'exprime depuis plus de vingt ans en Haut-Léon.
Portail ouest de l'église de Plouhinec. Copyright Monumentum.
.
.
.
Détail : les trois moulures du portail, sculptées de rinceaux de vigne à l'extérieur, et d'acanthes.
.
Le portail ouest de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Le portail ouest de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Le page ou écuyer tenant une banderole PAX VOBIS 1592. Leucogranite, 1592.
.
.
Le portail ouest de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Le portail ouest de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
L'inscription de bienvenue Pax vobis se retrouve, du côté droit du portail Saint-Herbot en Plonévez-Porzay (page saluant en touchant son bonnet du haut d'un rempart), puis à Saint-Tugen en Primelin (page saluant en touchant son bonnet du haut d'un rempart) ou à Plogoff (page saluant en touchant son bonnet), mais aussi sur le porche sud de Lampaul-Guimiliau (vers 1533 sur le culot d'un apôtre, et présenté par un page la main sur son bonnet à l'entrée) et sous le porche de Landivisiau, tenue par un ange.
Ici, à Ty Mamm Doué, l'artiste reprend donc fidèlement le motif du page (ou écuyer, en habit noble) saluant le visiteur de l'inscription de bienvenue de sa banderole et faisant le geste de courtoisie de se préparer à ôter son bonnet. Ce page porte la même chevelure bouclée arrivant sur les épaules, son chapeau à bords larges est plus modelé que les bonnets de ses collègues, sa large cape laisse voir une veste courte à manches évasées.
Le portail ouest de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Le portail ouest de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Le messager en armure tenant une hallebarde à étendard du côté gauche. Leucogranite, v. 1592.
.
Ce guerrier à fière allure est représenté en buste , coiffé d'un casque et vêtu d'une armure. Il brandit une hallebarde à manche écoté (ou une lance frappée d'une hermine) laissant flotter la flamme d'un étendard qui portait certainement jadis un message peint.
Je ne lui connais pas d'homologue dans les édifices de style cornouaillais.
.
Le portail ouest de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Le portail ouest de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Les culots des niches (vides) des contreforts : masques crachant des feuillages. Leucogranite, vers 1592.
.
Le portail ouest de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Le portail ouest de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
II. LA PREMIÈRE PORTE SUD (1605).
.
Cette petite porte est de style Renaissance ou classique avec son fronton triangulaire, les deux médaillons des pilastres, le Dieu le Père en moyen-relief dans une niche centrale, et l'inscription portant le nom du recteur (les recteurs font en effet plutôt apposer leur nom sur les édifices après le XVIe siècle). Deux niches latérales, vides, ont un dais en dôme.
.
"Au XVIIe siècle on pratiqua dans le mur Sud une autre porte, qui, ornée de deux colonnes isolées, disparues maintenant, devait produire un très bel effet. Elle est en arc surbaissée, ornée de pilastres, d'une fine corniche et d'un fronton au-dessous duquel on remarque un petit motif sculpté également en ronde-bosse, représentant le Père Eternel couronné de la tiare. Les petits pilastres sont ornés de têtes d'anges et de démons; sur les socles des colonnes se voient, mais bien mutilés, des personnages ailés; et au-dessus des entablements, de riches dais abritant sans doute des statues de pierre aujourd'hui disparues. " (C. Chaussepied)
.
Le portail sud de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Le portail sud de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Le portail sud de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Inscription dans un :
" M. P. CORAY. RECTEVR. 1605 " soit "Messire Pierre Coray recteur 1605".
Pierre Coray fut recteur de Cuzon de 1596 à 1612.
.
Le portail sud de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Le portail sud de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Le portail sud de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Le portail sud de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
III. LA DEUXIÈME PORTE SUD (1541).
.
.
Entre deux contreforts à quatre niches à dais gothiques, et équipés de bancs, et dont le visiteur pourra détailler les supports, cette porte ogivale de style Louis XII est encadrée par deux magnifiques colonnettes, au premier niveau en nid d'abeilles suivi, après une bague octogonale, d'un étage torse en lignes spiralées. Ces colonnes ornées de couronnes et cordelières (C. Chaussepied) sont coiffées de pinacles fleuris. Au dessus de la porte à triple voussures non ornés, une accolade à choux frisés s'achève en un fleuron ; le monogramme christique IHS s'inscrit en son aisselle.
.
.
Le portail sud de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
C'est au dessus de cette porte que se trouve l'inscription de fondation de 1541, en caractères gothiques :
CESTE CHAPELLE EN LHÕEVR [LHONNEUR] (le tilde ~ remplace la lettre N)
DE MAM DOE : L[AN] . M :Vcc : XLI
AINSY FAITZ SCAVOIR A CHE
NOBLE SINEVR ÕAGE [OMMAGE] BONNE FOI
qui a été transcrite ainsi :
Ceste chapelle en l'honneur
De Mam Doe (la Mère de Dieu) l'an 1541
Ainsi faitz (je) scavoir à ce
Noble seigneur hommage et bonne foi.
Elle est riche en lettres conjointes et en tildes qui rendent sa transcription complexe, et l'érosion du granite n'arrange pas les choses.
Elle est placée dans un cartouche tenu par deux personnages de profil, en position de chevalier servant, et qui ont les cheveux mi-longs et bouclés de l'époque, sont vêtus d'une tunique courte échancrée et plissée, et sont chaussés de chaussures pointues.
.
.
Le portail sud de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Le portail sud de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Le portail sud de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Le portail sud de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
Le cadran solaire.
.
Le cadran solaire de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Le complexe héraldique du sommet de la deuxième lucarne.
il est présenté par deux lions ; ses armes n'ont pas été déchiffrées ou attribuées.
.
Blason de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Inscription au dessus d'une ouverture murée.
.
Elle porte l'inscription
M. I . CONNAN . RECTEVR . 1621
soit Messire J[ean] Connan 1621. Jean Conan fut recteur de Cuzon après Pierre Corlay (précédemment cité), dès 1617.
.
Inscription de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
La porte cintrée de la sacristie au nord.
Sur le côté Nord, dans un cartouche à "poignées" triangulaires, nous trouvons une autre inscription :
INRI . O . MATER . DEI . MEMENTO . MEI . 1578
.
L'oraison O mater dei, memento dei, (O Mère de Dieu, souviens-toi de moi), parfaitement appropriée à cette chapelle de la Mère de Dieu, est très répandue.
.
Inscription de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
À cette inscription répond, dans un cartouche identique, la date de 1578 d'une piscine de l'intérieur.
.
Inscription de l'intérieur d la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Autres détails sculptés de l'intérieur.
Les culots des statues du chœur (XVIe siècle et/ou XXe siècle). Dragons dévorant un masque.
.
Culot de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Culot de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Piscine du côté sud.
.
Piscine de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Piscine de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
Cet artisan a fondu d'autres cloches finistériennes entre 1854 et 1872, notamment à Morlais en 1862, à Guengat (1872), à la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic , à Sainte-Marie-du Menez-Hom en 1876 et pour deux cloches à Trégarvan (1859 et 1880).
.
Cloche de la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
SOURCES ET LIENS.
.
— ABGRALL (Jean-Marie), 1915, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments du Finistère
Chapelle de la Mère de Dieu: (Ty-Mam-Doue) . Au-dessus de la porte principale Sud-Est est une inscription gothique dont voici la lecture d'après MM. le chanoine Abgrall, Waquet et Lucien Lécureux : Ceste chapelle en lhoeur (l'honneur) De Mam Doe l (an) MVecXLI Ainsy faits scavoir a che Noble sineur oage et bonne foi (hommage)
Avant d'envoyer au Salon de Paris, qui va bientôt s'ouvrir, les dessins et relevés de cette chapelle, nous avons pensé qu'il serait intéressant de les soumettre aux membres présents à cette séance, et qui sans doute connaissent ce joli monument situé aux portes de Quimper.
Une étude approfondie faite l'été dernier nous a permis de réunir dans un même cadre les ensembles et détail de ce curieux édifice.
Nous ne redirons point l'historique de cette chapelle, notre éminent collègue, M. le chanoine Peyron, nous a précédé dans cette tâche avec son talent habituel, nous nous contenterons d'y ajouter seulement une courte description purement archéologique.
La Chapelle de Ty-Mam-Doué, ou maison de la mère de Dieu, fut rebâtie vers le milieu du XVIe siècle sur le versant d'un coteau, et subit comme tous les monuments de celle époque diverses transformations successives.
En plan elle a la forme d'une croix latine orientée de l'Est à l'Ouest avec nef sans bas-côtés, large transept et abside terminée par un mur droit. le tout flanqué de contreforts d'angle, quoiqu'on n'eût sans doute point l'intention de la voûter. Les charpentes sont recouvertes d'un berceau en lambris
peint de date récente; il est probable qu'autrefois les entraits et poinçons de charpente étaient apparents, mais il furent coupés et l'on en retrouve quelques traces le long des murs.
De larges Laies géminées éclairent le fond du chevet et du transept, d'autres petites ajoutent encore de la lumière à l'intérieur de ce monument.
Outre la partie principale du côté Ouest, trois autres portes sont pratiquées dans lés murs, deux du côté Sud, une du côté Nord; une petite sacristie est adossée de ce à l'extérieur. .même côté avec sortie directe
Les proportions de cette Chapelle sont élégantes, mais certaines dispositions présentent des talonnements ou des erreurs regrettables.' Ainsi nous remarquons ces deux transepts qui ne portent que de hautes piles octogonales du légères poutres, et l'irrégularité des rampants de cette
partie de l'édifice; il est évident que cette disposition était il nous sera permis que dire que les
voulue, cependanteaux prises avec des difficultés, n'ont pas su constructeurs, atteindre un 'résultat satisfaisant. II en est ainsi du léger gâble qui surmonte la porte Ouest, il n'est ni courbe ni droit, mais d'une forme indécise et, comme la fenêtre qui le surmonte, produit le plus fâcheux efTet.
Tout l'intérêt de la Chapelle réside particulièrement dans élégant clocher. Bâti de quilles légères, sur le sommet son d'un contrefort d'angle, il est surmonté d'une flèche gracieuse etde clochetons ;aux quatre angles ornée de crochets,de gâbles nous remarquons quatre petits marmousets des retombées
qui détachent curieusement leur silhouette dans le ciel.
Toule la richesse d'ornementation fut réservée aux façades Sud et Ouest; les contreforts sont ornés de niches peu profondes à pinacles fleuronnés couronnées de dais, et dont les supports sont ornés de têtes et de feuillages entrelacés. Des pinacles surmontaient autrefois ces contreforts.
La porte ogivale que surmonte une accolade à gros fleuron est formée de fines nervures et flanquée de deux colonnes bagues ornées de couronnes et cordelières,torses, avec et terminée par des pinacles fleuris; elle rappelle cette si riche et si féconde époque Louis XII que nous avons sur les bords de la Loire bien souvent admirée
Au-dessus de cette porte s'étale une large inscription supportée par des anges et sur laquelle on lit en caractères gothiques: Cette Chapelle · en l'honneur Mam-Doé l'an mille cinq cent qnarante et un nous y fait scavoir que chez Noblesse gisent (devocion) bonne foy, qui donne une date assez précise de la reconstruction de l"édifice . .
La porte principale du côté Ouest est aussi riche que la précédente, mais sans être d'aussi belles proportions, on y remarque pat'liculièrement les beaux feuillages qui ornent les gorges profondes de ces nervures et les deux personnages en ronde-bosse, aux amortissements du gâble au-dessus du bandeau. L'un représente un guerrier coiffé d'un casque et à corps d'animal, porlant un étendard déployé, l'autre une femme la tête couverte d'un voile et tenant une banderolle sur laquelle on lit ces mots : Pax: Vobis 1592. Les meneaux des fenêtres attirent peu d'intérêt; nous y avons même trouvé une certaine gaucherie d'exécution qui dénature certainement l'ensemble de l'œuvre.
Au-dessus du gros gable du transept sud sont sculptées des armoiries presque effacées ,et supportées par des griffons.
Nous ne quitterons pas l'extérieur sans parler des curieuses gargouilles et sujets d'amortissement des gâbles, homme au poisson, torse de femme courbée) animaux fantastiques, personnes à deux têtes, etc. , tous atteslant une période féconde en production, où la naïveté jointe à une sûreté d'exécution, engendra des combinaisons souvent bizarres, mais toujours intéressantes.
L'intérieur est peu remarquable; cependant nous y trouvons les belles piscines, pratiquées dans les murs, toutes quatre diverses de formes, que nous nous sommes plu à l'e produire fidèlement; puis de jolis bénitiers, les uns adossés, les autres isolés comme celui du XVIIe siècle, monté sur un groupe de quatre petites colonnettes engagées.
Dans le bas de la Chapelle il semble qu'on ait voulu établir une tribune dans de plus grandes proportions que celle qui existe aujourd'hui, si nous considérons les quatre encorbellements puissants placés le long des murs latéraux.
A l'angle Sud·Ouest un escalier à noyau central conduit à la tribune.
N'oublions pas de mentionner aussi les quelques consoles ou supports habilement sculptés, les deux du fond du chœur qui sont figurés sur nos dessins attirent particulièrement l'attention; ils représentent des monstres marins prêts à dévorer un mortel.
Au XVIIe siècle on pratiqua dans le mur Sud une autre porte, qui, ornée de deux colonnes isolées, disparues maintenant, devait produire un très bel effet. Elle est en arc surbaissée, ornée de pilastres, d'une fine corniche et d'un fronton au-dessous duquel on remarque un petit motif sculpté également en ronde-bosse, représen tant le Père Eternel couronné de la tiare. Les petits pilastres sont ornés de têtes d'anges et de démons; sur les socles des colonnes se voient, mais bien mutilés, des personnages ailés; et au-dessus des entablements, de riches dais abritant sans doute des statues de pierre aujourd'hui disparues. La restauration, mais surtout la conservation de cet édifice, s'imposent. Aussi demanderons-nous à M. le Ministre des Beaux-Arts de vouloir bien le classer parmi les monuments historiques de la région,si caractéristiques dans département, pour l'étude des anciennes écoles françaises,
CHARLES CHAUSSE PIED
— COMITÉ D'ANIMATION
https://chapelletymammdoue.com
— COUFFON (René), 1980, Notice sur Quimper, in Nouveau répertoire des églises de chapelles du diocèse de Quimper et Léon
"Cette chapelle dépendait, avant la Révolution, de la paroisse de Cuzon. Elle comprend une nef, d'abord sans bas-côtés puis avec une travée séparée de ses bas-côtés par une architrave sur pilier octogonal, enfin un transept non saillant et un choeur profond à chevet plat. Bien que non voûtée en pierre, elle est flanquée de contreforts d'angle ; le petit clocher à jour est posé sur l'un de ces contreforts, côté sud. Elle remonte au XVIe siècle. L'an 1540, Pierre Quénec'h-Quivilly, seigneur de Keranmaner, permettait aux paroissiens de Cuzon de la reconstruire sur ses terres, et l'inscription gothique, au-dessus de la porte latérale sud, indique : " CESTE CHAPELLE EN LHOEUR/DE MAM DOE. L : M : Vcc : XLI./... " Le chevet à noues multiples date de cette époque. Au-dessus de la porte sud, autre inscription : " INRI/O. MATER. DEI. MEMENTO. MEI. 1578. " Enfin, la porte ouest, également toute gothique avec son gable tangent et coupant les piédroits, porte sur une banderole : " PAX : VOBIS. 1592. " Le style Renaissance apparaît, au contraire, sur la petite porte sud de la nef, sur laquelle on lit l'inscription : " M. P. CORAY. RECTEVR. 1605 ", et sur un linteau de la sacristie daté par l'inscription " M : I : CONNAN : RECTEVR. 1621. "
— PEYRON (Paul), 1893 Notice sur la chapelle Ty-Mam-Doue en Kerfeunteun · A. de Kerangal
La Mère - de - Dieu (Ty-Mam-Doue). La chapelle Ty-Mam-Doué ou de la Maison de la Mère de Dieu, située à trois kilomètres de Quimper, faisait autrefois partie de la paroisse de Cuzon, mais a été réunie depuis le Concordat à celle de Kerfeunteun. Cette chapelle est un lieu de pèlerinage fort fréquenté, tout particulièrement par les habitants de Quimper, tant à cause de sa proximité de la ville, qu'à raison de la dévotion traditionnelle qui, de temps immémorial, s'est manifestée en ce lieu, en l'honneur de la Mère de Dieu. A quelle époque faut-il faire remonter les origines de cet oratoire? C'est ce qu'il n'est pas possible de préciser, et nous ne pouvons répondre à cette question que dune manière approximative. Un arrêt du Parlement de Bretagne rendu le l6 Avril 1556 nous apprend que l'an 1540, Pierre Kernechquivilic, lors sieur de Keranmanoir, sur le terrain duquel était bâtie la chapelle, « aurait permis aux paroissiens de Choeuzon de refaire et reconstruire de nouveau certaine chapelle appelée chapelle de la Mère de Dieu ». Le premier édifice était donc en ruine au commencement du xvie siècle, ce qui suppose une existence antérieure d'au moins deux siècles. Il serait dès lors permis de conclure que la première construction datait de la première partie du xive siècle, et si l'on rapproche cette date de celle de la translation de la maison de Nazareth à Lorette en 1295, et de la dénomination sous laquelle a été connu de tout temps l'oratoire de Kerfeunteun : Chapelle de Ia Maison de la Mère de Dieu, il ne sera pas téméraire d'avancer que la chapelle de Ty-Mam-Doue a été construite en mémoire de la translation miraculeuse de la maison où s'est accompli le mystère de la Maternité divine, et que cette construction date d'une époque rapprochée de ce grand événement. Cette conjecture est encore confirmée par l'existence des deux édifices séparés qui se voient en ce lieu de Keranmaner, dont l'un affecte la forme d'une simple maison convertie en oratoire [détruit en 1969] et l'autre est la chapelle proprement dite de la Maison de la Mère de Dieu. Il serait difficile d'expliquer autrement le voisinage si rapproché de ces deux édifices.
Le manoir noble de Keranmaner, sur les terres duquel était bâtie la chapelle, relevait de l'Evêque de Quimper, auquel il payait la dîme. Ce manoir était possédé en 1509, par Jean Le Scanff, veuf de Marguerite Noël ; En 1540, il appartenait, d'après l'arrêt cité plus haut, à Pierre Kernechquivilic, qui, en 1549, le délaissa, à titre de féage, à Jehan Furic, époux (en 1562) de demoiselle Jeanne Le Cleuziou ; mais cette cession était faite à condition « qu'il ne serait permis à nulle personne fors audit « Kernechquivilic avoir et mettre armoieries et intersignes de noblesse, sans le congé du dit Kernechquivilic, suivant lequel contrat le dit de Kernechquivilic aurait « fait apposer des armoieries au portail d'icelle chapelle « lesquelles y auraient tousjours esté au veu et sceu de tous les paroissiens et si longuement que le dit de Kernechquivilic a esté sieur du dit lieu de Keranmanoir ». Le sieur de Kernechquivilic ne figure pas dans l'armorial de M. de Courcy, et il serait inutile de rechercher ses armes au portail de la chapelle, car cette partie de l'édifice porte la date de 1592. Non obstant la réserve formelle de l'acte de cession, Jehan Furic avait fait apposer ses armoiries sur la chapelle ; mais aussitôt le sieur de Kernechquivilic les avait fait abattre, et en 1556, il remontrait au Parlement que la dite chapelle « était assise au fief de l'Evêque de Cornouaille, dedans lequel fief n'était permis d'avoir armoieries en bosse, si non audit Evêque et aux gentilshommes de la paroisse ; que le dit Furic était roturier et de basse condition, incapable de jouir des droits et prérogatives appartenant à gens extraits de noble lignée ».
Le premier Avril 1556, un arrêt du Parlement reconnut le bien fondé de la réclamation et condamna le sieur Furic à l'amende et aux dépens. Le sieurs Furic furent, du reste, à diverses reprises déboutés de leurs prétentions à la noblesse, ce qui n'empêche pas que leurs armes soient les seules qui se voient de nos jours dans la chapelle de la Mère-de-Dieu. Elles sont sculptées en bois sur la tribune, qui date vraisemblablement de 1592 comme le portail, et portent dazur à trois croisettes au pied fiché et haussé d'or. Les Furic demeurèrent propriétaires de Keranmanoir, de 1547 au commencement du XVIIIe siècle ; car après Jehan Furic, qui figure comme possesseur en 1547-1562, nous trouvons mentionnés en 1604, comme seigneurs de Keranmanoir, « nobles gens Yves Furic, Guillaume Furic et autres » ; et en 1681, « la dame Marie du Stangier, veuve de noble homme Ignace Furic ». Nous devons avouer que c'est de leur temps, et grâce sans doute à leur générosité, que fut rebâtie presque totalement la chapelle.
Grande chapelle actuelle
Elle est d'un très heureux effet, surtout vue à travers les arbres du placître. Ce qui lui donne particulièrement du pittoresque, c'est son petit clocher si singulièrement campé sur un contrefort d'angle, orné de niches et de dais, la belle porte sculptée et feuillagée à côté de ce contrefort, la fenêtre et le grand pignon du transept Sud et les pignons aigus de l'abside. Au-dessus de cette porte ornementée, se lit la date de cette partie de la construction, écrite en caractères gothiques sur un cartouche tenu par deux petits personnages.
Cette légende, avec ses abréviations, est très difficile à déchiffrer ; la voici, d'après la dernière lecture qu'en a faite M. Lucien Lécureux :
CESTE CHAPELLE EN LHÕ~EVR
DE MAM DOE L . M Vcc XLI
AINSY FAITZ SCAVOIR A CHE
NOBLE SINEVR ÕAGE Z BONNE FOI
Et l'on doit traduire ainsi :
Ceste chapelle en l'honneur
De Mam Doe (la Mère de Dieu) l'an 1541
Ainsi faitz (je) scavoir à ce
Noble seigneur hommage et bonne foi.
La petite porte Sud de la nef a été percée après coup, comme l'indique le style de son encadrement et de son fronton, et comme l'atteste l'inscription de la frise :
M.P. CORAY. RECTEVR . 1605
Le portail Ouest, donnant au bord de la route, est tout à fait dans la note gothique, et on est porté à lui attribuer la même date qu'au transept Midi et à l'abside, et cependant il serait de beaucoup postérieur d'après l'inscription que tient un ange sur une banderole à main droite de la porte :
PAX . VOBIS . 1592
De l'autre côté, un homme d'armes, en cariatide, porte une bannière ou enseigne fixée à une hampe ou branche à nœuds. Sur le côté Nord, nous trouvons une autre date :
L'église Saint-Cuffan de Pluguffan (29) : les vitraux du XVIe siècle (fragments d'une Crucifixion, vers 1525-1530), le porche sud (1587) et le calvaire du XVIe siècle.
.
I. LES VITRAUX DE LA BAIE AXIALE : ÉLÉMENTS D'UNE CRUCIFIXION DE 1525-1530.
PRÉSENTATION.
L'église possédait en sa maîtresse-vitre une Crucifixion dont il ne persiste que des fragments. Ceux-ci ont été restaurés en 1938 par Jean-Jacques Gruber et accompagnés de vitreries colorés par l'atelier Rault. L'un des panneaux originaux, comprenant les têtes des personnages assistant au drame, a été détruit en 1958 mais a été restitué plus récemment.
Cette verrière avait été restaurée et complétée en 1846 par Guillaume Cassaigne, qui est l'auteur du tympan (croix de Malte, étoiles, triangle symbolique).
La baie mesure 3,90 m de haut et 2,00 m de large et est divisée en trois lancettes trilobées et un tympan à une rose.
On lira dans les références bibliographiques la description et l'analyse du maître-verrier quimpérois Jean-Pierre Le Bihan.
.
—Voir les 29 Passions des verrières du Finistère au XVIe siècle dont beaucoup sont attribuées à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :
3e quart XVIe siècle (vers 1560), Quéménéven église Saint-Ouen : Attribuable à l'atelier Le Sodec . Cartons communs (Le Bihan) avec Guengat, Gouezec et Guimiliau, ou La Martyre et La Roche-Maurice (Gatouillat). Larmes de compassion (une seule femme). Pas d'inscription ni de verres gravés.
3e quart XVIe siècle Tréguennec ; Attribuable à l'atelier Le Sodec. 5 lancettes dont une Grande Crucifixion centrale.
3e quart XVIe siècle : Ploudiry. 3 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion, proche de celles de La Roche-Maurice, La Martyre, etc.
4e quart XVIe : Pont-Croix. Attribuable à l'atelier Le Sodec. 6 lancettes de la Vie du Christ à un couple de donateurs (Rosmadec).
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
La lancette centrale.
.
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Le Christ en croix (vers 1525-1530).
.
Seuls sont anciens la tête et les bras du Christ, avec le fond rouge, la croix, l'inscription INRI ainsi que les lances, les bannières et hallebardes, tandis que le torse et le perizonium (pagne) ont été complétés.
.
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Le panneau inférieur : tête des spectateurs de la Crucifixion (soldats) , 1958.
.
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Les lancettes latérales : deux profils féminins (vers 1525-1530).
Ces deux femmes levant la tête pourrraient être des saintes femmes au pied de la croix.
.
Lancette A (à gauche) : un profil très restauré.
.
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Lancette C (à droite) : femme levant la tête, de profil .
Ce personnage évoque celui de Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix, avec ses cheveux blonds dénoués, sur les Crucifixions finistériennes du XVIe siècle.
.
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
La maîtresse-vitre de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Photos de complément.
.
L'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
L'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
L'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
II. LE PORCHE SUD (1587).
.
Porche sud (1587) de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Porche sud (1587) de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Le porche est voûté d'ogives. La porte cintrée est surmontée d'une accolade gothique à feuilles d'acanthe et fleuron tandis que les piédroits sont prolongés par des pinacles. Un dragon ailé, à gauche, et un homme au visage cadavérique tenant un rameau, à droite, retiennent notre attention.
Nous pouvons rapprocher ce décor sculpté de celui du porche sud de l'église de Guengat (à moins de 10 km au nord). On y trouve un dragon ailé, et un personnage brandissant un rameau, très semblables à ceux de Pluguffan.
.
Porche sud (1587) de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
À gauche, un dragon ailé.
.
Porche sud (1587) de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
À droite, un personnage (la Mort ?) tenant un rameau.
.
À Guengat, j'avais considéré son homologue comme un ange tenant un glaive enflammé. Ici, dans la même posture horizontale, le personnage aux yeux caves et au visage stylisé en crâne, évoque la Mort. Tient-il un rameau, une torche, ou un glaive de feu ?
.
Porche sud (1587) de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Porche sud (1587) de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
III. LE CALVAIRE DU XVIe SIÈCLE.
.
Ce calvaire situé à gauche de l'entrée, sur l'ancien cimetière, est daté du XVIe siècle par Yves-Pascal Castel. Je me rapprocherais d'avantage de l'avis de René Couffon, qui le date de la fin du XVe ou début du XVIe siècle.
En effet, je remarque une scène du Jugement Dernier qui se retrouve sur les calvaires finistériens du XVe (Tronoën, Notre-Dame de Châteaulin, Argol).
Il n'est plus "orienté", c'est-à-dire avec le Crucifix tourné vers l'ouest.
Il mesure 4,50 m de haut et est en granite.
.
Cliché Breizh up 2016
.
Croquis Yves-Pascal Castel 1980
.
Au dessus du fût à pans, un "chapiteau" octogonal est sculpté d'une Sortie du Tombeau en face principale (jadis côté ouest) et d'un Jugement dernier de l'autre côté.
Puis vient la Croix, élément monolithique à quatre faces dont la base cubique présentant le Crucifié, entouré des larrons, puis sur la face opposée la Vierge de Pitié, sur une console.
.
Le Christ en croix et la Sortie du tombeau.
.
Calvaire de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Calvaire de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Calvaire de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Calvaire de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Calvaire de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
La Vierge de Pitié et le Jugement dernier.
.
Calvaire de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
Calvaire de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Le Jugement dernier.
.
C'est l'élément le plus intéressant à mes yeux, en raison de sa rareté dans le décor des calvaires bretons, mais paradoxalement, la scène a échappé aux différents auteurs.
Malgré la dégradation du granite, on le reconnaît par la partie basse et centrale : une boule surmontée d'un demi-cercle : cette boule est la Terre (le Monde) et le demi-cercle est l'arc-en-ciel.
On reconnaît alors le thème largement représenté dans les peintures et enluminures, du Christ du Jugement dernier, assis sur l'arc-en-ciel (rappel de l'arche de l'Alliance), Christ ressuscité, vêtu du manteau glorieux et montrant ses plaies en plaçant ses paumes vers le spectateur.
Rogier van der Weyden Jugement Dernier, 1443-1452, retable des Hospices de Beaune. Photo lavieb-aile.
.
Calvaire de l'église de Pluguffan. Photographie lavieb-aile juin 2023.
.
.
Sur ce calvaire de Pluguffan, le Christ du Jugement (ou de la Parousie) est encadré par deux anges tourné vers lui et tenant une lance et un étendard.
Voir également le même thème sur le calvaire de Tronoën (1450-1470), où il est plus difficile à discerner (voir le croquis) sur le registre inférieur de la face sud :
.
Calvaire de Tronoën en Saint-Jean-Trolimon. Photo lavieb-aile.
"Le choeur a deux bas-côtés dont chacun est formé de colonnes avec chapiteaux ornés de sujols grossièrement exécutés, et d'arcades toujours dans le même style. Le vitrail du chevet, belle et grande fenêtre ogivale du XVème siècle, est très élégant de forme : la partie supérieure est composée d'une rosace ; la partie inférieure est divisée par deux meneaux formant trois baies trilobées, dont les vitraux représentent Notre-Seigneur en Croix, la Vierge et saint Jean. Au fond du choeur, se dresse le maître hôtel en marbre blanc, d'exécution récente, et dont le devant est orné d'un médaillon sur lequel repose l'agneau nimbé. Les coins de l'autel sont garnis d'anges adorateurs. Les deux autels des bas-côtés ornementés dans le style du XVIIIème siècle se trouvent placés sur le même plan."
"La plus ancienne des croix du cimetière remonte à la fin du XVIème siècle ; les deux larrons, les principaux personnages et instruments de la passion y sont représentés. "
—CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère.
2464. Pluguffan, église no 1, g. 4,50 m. XVIè s. Trois degrés. Socle octogonal allongé. Fût à pans, chapiteau historié: Christ ressuscité, au revers, Christ lié. Croix, branches rondes, larrons appuyés de chaque côté, crucifix, Vierge de Pitié. [YPC 1980]
ÉGLISE SAINT-CUFFAN (C.) Elle comprend une nef de quatre travées avec bas-côtés séparée par un puissant arc diaphragme d'un choeur de deux travées avec bas-côtés. Au droit de la quatrième travée de la nef, deux chapelles en ailes forment faux transept. Le clocher est construit sur l'arc diaphragme. Reconstruite presque totalement au XVe siècle et agrandie au XVIE siècle, elle conserve d'un édifice antérieur les quatre arcades séparant le choeur de ses bas-côtés; celles-ci sont très nettement inspirées de Languidou en Plovan et datent du XIIIE siècle. En 1847, l'architecte Joseph Bigot allongea la nef d'une travée et reconstruisit la façade ouest.
Le remplage de la fenêtre axiale, des premières années du XVe siècle, est identique à celui éclairant le bas-côté de la façade ouest des Carmes de Pont-l'Abbé et très proche de ceux des fenêtres axiales de Beuzec-CapCaval, de Tronoën et de Lanvern.
Le clocher, à un beffroi sans galerie, est amorti par une haute flèche octogonale; sa tourelle d'accès est semblable à celle de Saint-Germain en Plogastel. D'après l'inscription du linteau de la chambre des cloches, il a été construit en 1558. Foudroyé en 1841, il a été remonté en 1855-1856, d'après les comptes de fabrique, par Bertran, maître maçon, et Hervé Marc'hadour, maître charpentier.
Le porche, surmonté d'une salle de délibérations, est voûté sur ogives avec liernes longitudinale et transversale; il porte la date de 1587.
La nef obscure est lambrissée; ses grandes arcades en tiers-point aigu pénètrent directement dans les piliers. Pas de sablières ni d'entraits. Mobilier Contre le chevet plat, autel latéral à décor de fleurs et de fruits.
- Transept nord, autel en bois polychrome, surmonté d'un retable à pilastres. Confessionnal à demi-dôme style XVIIIe siècle. Statues en bois polychrome : Vierge à L'Enfant et saint Cuffan dans les niches du chevet, Christ en croix, autre Vierge à L'Enfant, saint Blaise, saint Sébastien.
Vitraux : Au chevet, panneau du Christ en croix, provenant d'une Crucifixion ancienne. - Dans le transept, deux vitres des ateliers Lobin : le Sacré-Coeur (1892) : et la Vierge du Rosaire (1895).
* Porte monumentale d'entrée du placitre (C.). De style gothique, elle date de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle. Calvaire de la même époque (C.) : larrons en bas-relief sous les bras du Christ.
— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Brtetagne, Corpus vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes edition, page 165.
— LE BIHAN (Jean-Pierre), 20 mars 2008, blog. "Pluguffan les restes d'une Passion et deux Sibylles".
II s'agit des restes d’une Passion, qui a été restaurée en 1641, puis en 1841, après la chute du clocher, puis par le peintre vitrier Quimpérois Cassaigne,auteur du tympan. En 1935, apport de vitrerie sur les lancettes.
Les deux autres panneaux avec des Sibylles peuvent provenir d’une autre baie.
Après la chute du clocher, la vitre aux armes de Coatfao est trouvée dans les décombres. Le recteur Michel Riollay l’avait toujours vu à la fenêtre du chevet. Ces armoiries n'ont pas reparues!
Autres travaux sur les vitraux de l'église, certains sans spécification du lieu : En 1618, restauration d’Ambroise Le Garo, peintre vitrier à Quimper. En 1630, Claude Conan répare les vitraux.En 1632, remise en plomb des vitres de monsieur saint Blaise ( bras sud du transept)et aveu d'avoir fait de neuf la grande vitre; Coût 27 livres 4 sols, plus en collation au vitrier et à son garçon, 1 livre et 11 sols.
DESCRIPTION DE LA MAITRESSE VITRE
Baie à 4 lancettes trilobées de 3 panneaux de 58x180 et un réseau composé de 2 trèfles, 4 écoinçons et 6 quadrilobes entourant un oculus à 6 lobes.
Restauration par le peintre vitrier Quimpèrois Cassaigne, en 1841, des éléments du vitrail XVIe ainsi que la fourniture de la vitrerie blanche des lancettes et le montage kaléidoscope du réseau
Cette vitrerie blanche est remplacée un peu plus tard par une vitrerie géométrique de couleurs.
Dans ce réseau, triangle blanc de la Sainte Trinité, d’où partent six rayons blancs sur fond violet. Dans les quadrilobes, croix de Malte sur fond violet, marguerite blanche à centre rouge sur rond violet et quatre points rouges sur fond blanc à rayons, étoile blanche à 4 pointes cintrées terminée par perles blanches sur fond bleu clair, étoile rouge à cinq branches sur fond blanc et rayons rouges dans lobes sur fond violet.
Les éléments XVIe
Ils se résument à une Crucifixion composée du Christ en croix entouré de 6 personnages et à 2 sibylles. Le Christ a des bras très réduit lors des diverses restaurations, dont une au XIXe par Cassaigne, cité plus haut,
Une dépose est signalée en 1938, et ces éléments resteront plusieurs années sur Paris avant d’être reposés après restauration en 1955.
Quant au buste intacte jusqu’en 1958, la pièce détruite par vandalisme fut refaite par l'atelier parisien de Jean-Jacques.Gruber en 1980.
La tête du Christ
Elle est présentée de face , un peu penchée sur sa droite et est bien plus ancienne que celles des personnages qui l’accompagnent.
Les yeux sont demis clos, les sourcils relevés, la bouche fine est entrouverte,
le menton disparaît sous une barbe banche à une seule pointe,
les cheveux tombent sur les épaules, une couronne d’épines le coiffe, sa croix est fait d’un bois arrondi. Le titulus INRI est ici un court phylactère.
Au dessous, il a été posé des pieds aux Christ; Il s'agit des siens, mais non percés, provenant probablement d’une descente de croix, d'époque plus tardive, scène reconnaissable aux barreaux de l'échelle éléments d’une échelle.
Les personnages de la Passion.
Sur la gauche, un personnage de trois quart droite moustache en pointe, chapeauté, lève son visage vers le Christ. De sa main gauche, il pose une question tandis que la droite est ouverte comme s’il avait reçu quelque chose. Il s’agit probablement de Longin.
Près de lui, un personnage a le visage de face, un peu écrasé, un troisième se montre derrière lui. Sur la droite des pieds, du Christ, on voit ,de profil gauche, un visage d’homme au turban, aux nez crochu de juif, à la bouche ouverte surmontée d’une moustache. Lui aussi regarde le Christ.
Derrière deux autres hommes semblent se parler. Une lance à la quelle est accroché un pavillon avec SPQR se pointe sous le bras droit du Christ, de l’autre côté, un bambou porte bien droit une éponge.
Ces témoins de la Crucifixion fin XVIe aux sourcils « à la banane » peuvent être rapprochés des soldats de la Passion de Gouézec, mais sans barbe. Ils peuvent nous rappeler les joueurs de flûte dans « la Danse » de Breughel.
Les sibylles.
Les deux personnages féminins sont agenouillés , le visage de profil, richement vêtus . Prophétesses païennes, en vogue aux XV et XVIe siècle, elles sont inspirées de Dieu lorsqu’elles rendent leurs oracles relatives à la venue de Jésus et à sa Passion.
L'église Saint-Idunet date en majeure partie de la seconde moitié du XVIe siècle, même si elle conserve les fragments d'une verrière de la Passion du milieu du XVIe siècle, et que sa nef à cinq travées complétée par un transept et un chevet rectangulaire remonterait aux alentours de 1520. Les sablières portent la date de 1544. La statue du saint patron est datée de 1562, le groupe sculpté en pierre du Baptême du Christ de 1563. Le vitrail de saint Sébastien, armorié, daterait des années 1570.
Les cloches portent les dates de 1602 et 1646.
À la fin du XVIIe siècle, peut-être à la suite du rectorat de Maurice Guéguen et à la visite de l'évêque François de Coëtlogon en 1673, on constate une reprise des travaux d'aménagement : commande de dix pots acoustiques en 1666, construction d'un porche sud avec toit en carène inversée datée de 1687, puis d'une sacristie accolée au côté sud datée de 1675.
Ce porche de 1687 présente l'intérêt de porter une inscription lapidaire à chronogramme portant, en quatre cartouche, les patronymes des curés et fabriciens commanditaires. Sur la sacristie, on retrouvera une inscription comparable, mentionnant en outre le nom du recteur Maurice Guéguen.
Mais le porche est également doté de deux figures anthropomorphes en bas-relief, dont une femme serpent fournissant un nouvel exemple d'un motif bien représenté en Bretagne, et dont l'interprétation est ouverte.
Enfin, la façade sud, au faîte de la dernière lucarne, porte un écusson qui suscite notre curiosité.
.
Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
.
.
LES INSCRIPTIONS.
.
1. Les inscriptions du côté gauche du porche :
Le cartouche supérieur (deux lignes séparées par une réglure) :
V P : BOVRCHIS
CV : 1687
Soit "Vénérable Pierre Bourhis, curé, 1687."
Le cartouche inférieur (deux lignes séparées par une réglure) :
F : PERON G . FA (*)
GR. PERON G . FA. (**)
(*) (**) N rétrogrades
.
Pierre Le Bourhis est mentionné comme "curé", c'est à dire vicaire du recteur Maurice Guéguen dès 1661, les "prêtres " étant alors Jean Le Bourhis (frère de Pierre) et Maurice Jac, qui décèdera en 1662. La famille Le Bourhis est bien établie à Trégourez.
En 1672, il existait pour assister Maurice Guéguen deux vicaires, "vénérable missires Jean et Pierre Le Bourhis, prêtres et curés, célébrant depuis longues années au profit et satisfaction de tout le peuple."
L'inscription de la sacristie les mentionnent tous les deux en 1675 :
" D. MAVRICIVS. GVEGVEN. R. 1675 / M. P. LE. BOVRCHIS. C./ M. I. LE. BOURCHIS. P./M. G. PERENNES / CL. LE. GALLOV. FA./ Y. LE COR /G. QVEINNEC. FA./ LO. TALIDEC. MA. " (mur ouest) ; et sur le mur nord : " H. I. CO. MAHE. "
"D. Mauricius Gueguen Recteur 1675, Messire Pierre Le Bourhis curé, Messire Ian Le Bourhis Prêtre, M. G. Perennès Cl; Gallou fabriciens, Y. Le Cor G. Queinnec fabriciens, Lo[uis] Talidec MA."
.
Les noms des fabriciens du cartouche inférieur posent problème. René Couffon avait lu "PERONIC (ou PEROVIC ?)". La base Geneanet ignore ces patronymes à Trégourez. Les familles PERON sont nombreuses sur la paroisse, qui, en 1672, comptait 872 habitants. Au village de Kerscao habitait alors Gilles Péron et sa femme Marie Le Goff.
Le G précédent FA (fabricien) correspond-il à "Gouverneur" ?
.
.
Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
.
.
2. Les inscriptions du côté droit du porche :
.
Le cartouche supérieur (deux lignes séparées par une réglure) :
NOBLE & DISCRET
MI. MICHEL. DE. KGVEAV. P
Soit : "Noble et discret missire Michel de Kergueau (Kercueau ? Kercuehu ? Kerguen) prêtre".
N.b le recteur en 1699 est Vincent de Kerguélen
On aimerait lire Kerguern ou Kervern, sr de Penfrat, paroisse de Trégourez.
Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
.
.
LES DEUX REPRÉSENTATIONS ANTHROPOMORPHES.
.
1°) La créature de type femme-serpent.
.
Allongée sous la corniche du mur sud du porche, au dessus de ces inscriptions à l'angle gauche, cette femme sculptée en bas-relief est couchée sur le dos. Son visage ovoïde est entouré d'une chevelure longue à deux nattes ; les yeux sont peut-être clos, la bouche est petite. Les bras sont confondus avec le torse, qui a la forme d'un disque sur lequel les deux seins sont stylisés en deux demi-disques. La queue s'enroule en boucle et s'achève par une pointe arrondie.
.
Schéma par Hiroko Amemiya
.
.
Cet ornement du type femme-serpent appartient à une série de 11 exemples de la statuaire bretonne, dont 9 dans le Finistère. Le plan souligne la répartition particulière de ces figures.
Localisation des onze femmes-serpents de Bretagne. H. AMEMIYA p. 176.
.
.
Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
.
.
2°) Le personnage masculin.
.
On le découvre sur le mur oriental, faisant l'angle.
Son style rudimentaire et sa position allongée sur le dos incite à l'associer à la femme-serpent en un couple ou du moins un tout, mais il est nu et dépourvu de tout détail permettant une interprétation.
Le porche sud (1687) de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
.
.
LA DEUXIÈME LUCARNE DE LA FAÇADE SUD : LE BLASON.
.
Dernière lucarne sud de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
Dernière lucarne sud de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
.
.
Analyse :
Les supports : deux lions léopardés.
Les quatre quartiers : en 1 et 4, trois lys soit les armes de France.
En 2 et 3 , une croix cantonné de seize alérions = Montmorency ; les bras de la croix semblent bien porter des coquilles.
Brochant sur le tout : un lion (Laval)
Et un lambel à trois pendants.
.
La solution proposée couramment est d'y voir les armes de "Nicolas d'Aragon et Charlotte de Laval" (Couffon)
"Les Trêves de Tregourez, de Saint Goazec et de Saint Thois dépendaient de la seigneurie de Laz. Cette seigneurie de Laz appartenait à la riche famille de Kergorlay au 13e siècle qui possédait en outre des domaines en Spezet et Motreff. Elle passa au 15e siècle de la famille de Kergorlay à la famille de Montfort par le mariage de Raoul de Montfort avec Jeanne de kergorlay. Son fils Jean de Montfort épousa Jeanne de Laval. Il mourut le 12 avril 1414 laissant la seigneurie de Laz à son fils André de Laval, Maréchal de France, dit Maréchal de Lohéac.
A sa mort en 1486, son frère Louis de Laval-Châtillon, devint seigneur de Laz donc de Tregourez et autres trêves. Son neveu Nicolas de la Roche Bernard épousa Charlotte d’Aragon, princesse de Tarente, fille de Frédéric III d’Aragon, roi de Naples. Ils eurent quatre enfants dont Anne née à Vitré le 25 septembre 1505, filleule d’Anne de Bretagne. Anne de Laval épousa en 1521 François de la Trémoïlle, prince de Talmont. La seigneurie de Laz et ses dépendances passa donc dans la famille de Trémoïlle. "
Mes suggestions :
Cet écartelé évoque celui de Guy de Montmorency-Laval (+1338), blasonné ainsi :
Ecartelé au I d'azur à trois fleurs de lys d'or, au II et III d'or à la croix de gueules cantonnée de seize alérions d'azur ordonnés 2 et 2 et chargée de cinq coquilles d'argent, au IV d'azur à trois fleurs de lys d'or chargé d'un bande camponnée de gueules et d'argent, sur le tout de gueules au lion d'argent.
Mais je ne vois pas, en 4, la barre camponnée. D'autre part, ces armes portent un lambel indiquant une brisure.
Il faudrait être plus averti que moi de la généalogie nobiliaire et de l'héraldique, et de l'histoire locale, pour aller plus loin.
Quelques copié-collés sur la baronnie de Laz, sur Nicolas de Laval-Montfort dit Guy XVI de Laval (1476-1531) et sur la fille de Guy XVI de Laval et de Charlotte d'Aragon, Anne de Laval.
À partir de 1486, la baronnie de Laz appartient à la famille de Laval. Un aveu d'Anne de Laval concernant la seigneurie de Kergorlay date de 1543.
Le roi François 1er fait épouser à Guy XVI, le 5 mai 1517, Anne de Montmorency, sœur d’Anne, qui devint connétable de France . La mort lui enleva, en 1525, le 26 juin, Anne de Montmorency, au château de Comper . Le corps d’Anne de Montmorency fut rapporté à Laval et fut inhumé à la Collégiale Saint-Tugal de Laval , le 23 juillet, par Yves Mahyeuc , évêque de Rennes qui, la veille, venait de procéder à la consécration de la chapelle de la maison de Patience.
Nicolas de Laval-Montfort dit Guy XVI de Laval (1476-1531) était comte de Laval-Baron de Vitré-Vicomte de Rennes-Baron de La Roche-Bernard-Baron d’Acquigny et de Crevecœur-Seigneur de Montfort et de Gaël-Baron de Quintin et du Perrier, Seigneur d’Avaugour, de Beffou , de Belle-Isle, châtelain de La Bretesche, seigneur de La Roche-en-Nort, de Laz, seigneur de Tinténiac, de Bécherel et de Romillé, seigneur de Lohéac , de Bréal, et de La Roche-en-Nort , seigneur de La Roche-d’Iré, chevalier de l’Ordre de Saint-Michel, gouverneur et lieutenant-général en Bretagne, capitaine de Rennes, amiral de Bretagne.
Dernière lucarne sud de l'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
.
.
QUELQUES CROSSETTES.
.
Un lion.
.
L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
.
.
Une créature à queue de serpent (dragon ou femme-serpent?).
.
L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
.
.
Un dragon à queue de serpent.
.
L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
.
.
Un lion.
.
L'église de Trégourez. Photographie lavieb-aile 2022.
.
.
SOURCES ET LIENS.
.
— AMEMIYA (Hiroko) 2005, Vierge ou démone, exemple dans la statuaire bretonne, Keltia éditeur, Spézet. 269 p. page 176. Version remaniée de la thèse de 1996.
— AMEMIYA (Hiroko) Figures maritimes de la déesse-mère, études comparées des traditions populaires japonaises et bretonnes thèse de doctorat d'études littéraires, histoire du texte et de l'image Paris 7 1996 sous la direction de Bernadette Bricout et de Jacqueline Pigeot. 703 pages Thèse n° 1996PA070129
Résumé : Le thème principal de cette étude est de voir quel rôle la femme non-humaine - et notamment la femme qui appartient au monde maritime - a joué au japon et en Bretagne, à travers les récits relatifs à l'épouse surnaturelle. Pour la Bretagne, les recherches s'étendent également sur l'iconographie religieuse représentant l'être semi-humain telles la sirène et la femme-serpent. La région conserve dans ses chapelles de nombreuses statues des xvie et xviie siècles figurant ce type faites par des artisans locaux. L'imagination populaire s'épanouit ainsi dans la femme non-humaine de deux façons en Bretagne : dans l'expression orale et dans l'expression plastique ce qui nous offre une occasion inestimable d'étudier leur compatibilité dans leur contexte socioculturel. Les récits qui traitent le thème du mariage entre l'être humain et l'être non-humain révèlent la conception de l'univers d'une société. L'autre monde ou les êtres de l'autre monde sont en effet une notion fonctionnelle qui permet a la société de maintenir l'ordre interne par une intervention externe fictive : la suprématie du fondateur du japon s'explique par la transmission d'une puissance surnaturelle par sa mère du royaume maritime, alors qu'en bretagne, la destruction de la cite légendaire d'Is est causée par une fille maudite née d'une fée. Le premier volume de cette étude est composé de trois parties : i. L'autre monde dans la tradition populaire au japon, ii. Récits relatifs au mariage au Japon et en Bretagne, iii. Iconographie d'une femme semi-humaine. Le deuxième volume est un inventaire des différents types de représentation semi-humaine en bretagne.
—COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Trégourez, Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine.
Le porche latéral sud, avec toit en carène renversée, porte l'inscription : " V P : BOVRCHIS CV : 1687/F. PERONIC (ou PEROVIC ?). FAB./GR. PERONIC (ou PEROVIC ?). FAB. " et " NOBLE & DISCRET MI. MICHEL. DE. KGVEAN. P./IL. BLANCHE. " La porte intérieure est soulignée d'une accolade reposant sur des culots. Porte identique dans le mur sud. Enfin, la sacristie, accolée au flanc sud, porte des inscriptions : " D. MAVRICIVS. GVEGVEN. R. 1675 / M. P. LE. BOVRCHIS. C./ M. I. LE. BOURCHIS. P./M. G. PERENNES / CL. LE. GALLOV. FA./ Y. LE COR /G. QVEINNEC. FA./ LO. TALIDEC. MA. " (mur ouest) ; et sur le mur nord : " H. I. CO. MAHE. "
Le porche de Pleyben porte la date de 1588 à l'extérieur, sur l'agrafe de la grande arcade, et celle de 1591 sur la frise intérieure. Ces dates font suite à celle d'une pierre de fondation placée aujourd'hui dans le cœur indiquant le début de la construction en 1564, et à celle de la sablière du transept nord indiquant celle de 1571.
Mais beaucoup des statues des apôtres sont plus tardives, et, surtout, sont de style disparate. Enfin, ces apôtres sont placés sous la bénédiction d'un Christ sauveur dont le socle porte la date de 1654.
.
Yves-Pascal Castel a repéré sept auteurs différents de ces statues :
a) Saint Pierre : la plus ancienne, vers 1591. C'est la moins haute, et, par sa taille, ce serait pour Castel la mieux accordée à sa niche (mais un haut socle cylindrique est néanmoins nécessaire). Son style est en accord avec la statuaire de la fin du XVIe siècle, et elle pourrait être contemporaine de la fondation du porche.
b) Saint André vient ensuite, mais par un autre artiste de la toute fin du XVIe siècle.
c) Jacques le Majeur et Jean sortent de l'atelier landernéen de Roland Doré, sculpteur du Roi. Le chantier daterait des années 1633, lorsque la tour fut continuée sous la direction de Guillaume Kerlezroux, ou plutôt vers 1642. "Elles adoptent la rigueur de statues colonnes posées sur d'étroits socles ronds. Le tuyauté aigu des tuniques, les masses festonnées des pans rebrassés de la pèlerine de saint Jacques, les plis en bec du manteau de saint Jean, en un mot le vocabulaire cher à l'atelier de Roland Doré est là, griffe inimitable."
d) La statue n°9, attribuée à saint Thomas se distingue par sa qualité d'exécution. Milieu XVIIe ?
e) Matthieu, Philippe et Thaddée. Statues réalisées par deux "mains", l'un étant un tâcheron fruste, rudimentaire, populaire et d'origine paysanne, l'autre corrigeant et améliorant le travail du premier par plus de finesse.
f) Jacques le Mineur, Barthélémy, Simon, (tous ont un socle octogonal) s'apparentent au Christ Sauveur de 1654.
g) hors-série, la dernière statue, en bois, tente de combler la carence de "douzième apôtre", mais ne s'accorde pas aux précédentes. Elle n'a pas les caractères de la statuaire d'apôtre, et ce ré-emploi pourrait être un Jean-Baptiste.
.
.
.
.
LE CHRIST SAUVEUR (1654).
.
Au-dessus de la porte du fond, une statue du Christ en Sauveur du monde (tenant le globe et bénissant) porte sur son socle l'inscription M : NAT : COFFEC : RECT : D : 1654.
Soit Messire Natalis Coffec recteur, 1654.
Ou, selon Y.P. Castel, Messire Natalis Coffec recteur, décédé en 1654.
Natalis est ici la forme latine du prénom Noël (fréquemment transcrit alors sous la forme Nouel). Le recteur Noël Coffec fut responsable de la paroisse de Pleyben de 1632 à 1654, où il eut un rôle considérable dans la restauration de l'enclos, et le chanoine Abgrall indique :
"Noël Coffec. — Était qualifié de notaire apostolique. Il entreprit, en 1633, l’achèvement du grand clocher, dont les travaux durèrent jusqu’en 1642. Il fit placer, en 1650, par l’architecte Ozanne, plusieurs groupes de personnages sur le Calvaire. En 1654, il ornait le grand porche des statues du Sauveur et des Apôtres. Ce fut lui qui obtint, en 1644, de Mgr. René du Louët, évêque de Cornouaille, l’érection officielle de la Confrérie du Saint Rosaire à Pleyben.
Sous son rectorat, en 1643, le Vénérable Julien Le Maunoir prêcha à Pleyben, lors de la tournée pastorale de Mgr. du Louët, qui confirma, à cette occasion, plusieurs centaines de personnes, tant de Pleyben que des paroisses environnantes. Messire Coffec acceptait très volontiers de remplir les fonctions de parrain, et nous avons relevé, durant son rectorat, le nom de Noël imposé par lui à plus de cinquante filleuls qu’il avait tenus sur les fonts baptismaux. Il signe pour la dernière fois aux registres le 14 Novembre 1654, et meurt peu de temps après.
Le vicariat de Pleyben demeura vacant depuis sa mort jusqu’en 1662, et ce fut Messire Jacques Rannou, prêtre de Pleyben, qui, en qualité de curé d’office, administra la paroisse jusqu’à la nomination du nouveau recteur."
.
Pour Castel, cette statue, "de style assez difficile à définir vu la simplicité extrême du vêtement", est à attribuer au même sculpteur qui a fait les statues de Jacques, Barthélémy et Simon.
Le Christ sauveur (kersanton, 1654) du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Le Christ sauveur (kersanton, 1654) du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
L'inscription.
.
Le Christ sauveur (kersanton, 1654) du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
..
.
.
LE CÔTÉ EST (1591).
.
Les 12 statues d'apôtres sont chargés de présenter aux fidèles qui pénètrent dans l'église par le porche sud sont chargés de lui rappeler le dogme de sa foi par les 12 articles du Credo : ils forment un "Credo apostolique". De saint Pierre jusqu'à saint Mathias, ils suivent un ordre codifié. La série débute toujours, par Pierre et sa clef, à droite de l'entrée, soit à l'angle nord-est du porche. Les articles du Credo étaient soit peints, soit gravés ou sculptés sur une banderole que l'apôtre déroule devant lui.
Un bénitier en kersanton est placé de chaque côté.
Les apôtres sont toujours figurés pieds nus, vêtus d'une tunique boutonnée sous le col, et d'un manteau, portant un livre d'une main, le phylactère du Credo, et l'attribut qui permet, le plus souvent, leur identification. Ils sont tous barbus, sauf Jean l'évangéliste.
Ils occupent ici une niche polygonale à arcature nervurée retombant sur une clef pendante. Ces niches sont peintes en rouge, bleu et jaune. Elles sont surplombées par un dais sculpté de volutes, de style contemporain de la frise datée de 1591. Une première série de statues d'apôtre a peut-être occupé ces niches initiales.
L'ordre de succession des apôtres, et le choix de leur attribut, est moins fixé qu'on pourrait s'y attendre, rendant les identifications parfois hasardeuses.
Ici, nous trouvons, selon Y.-P. Castel :
1. Saint Pierre et sa clef.
2. Saint André et sa croix en X
3. Saint Jacques le Majeur et sa tenue de pèlerin.
4. Saint Jean bénissant la coupe de poison.
5. Saint Matthieu tenant une lance (brisée).
6. Saint Jacques le Mineur et le bâton de foulon.
7. Saint Philippe tenant une pique (brisée).
8. Saint Barthélémy et son couteau de dépeçage.
9. Saint Thomas tenant l'équerre (à la branche brisée)
10. Saint Simon tenant la scie.
11. Saint Jude-Thaddée tenant une croix renversée à la traverse oblique.
12. À la place de Mathias tenant sa hache ou son glaive, une statue en bois.
.
Mais en se référant, comme l'a fait Jérôme Lafeuille pour la série d'apôtres du jubée de Kerfons, aux éditions successives du Calendrier des Bergers édités de 1493 à 1579, et encore en 1705, on peut remettre en question ces attributions. En effet, le Credo apostolique y est illustré par des gravures dans lesquelles saint Thomas occupe la 5ème place, et tient une lance, tandis que saint Matthieu est à la 9ème place tenant une hache. Et saint Philippe porte une croix à longue hampe. C'est saint Simon qui tient une croix à traverse courte, et saint Jude qui tient la scie.
Cet ordre, avec Thomas en n°5 et Matthieu en n°9 est aussi celui des Credo apostoliques de la liturgie. C'est celui du porche (1498-1509) de Saint-Hernot à Plonevez-du-Faou, où le nom des apôtres, et le texte des articles du Credo, sont sculptés sur la statue, ne laissant aucune ambiguïté d'attribution. À Lopérec les statues datant de 1615 portent également le nom des apôtres sur le socle, mais elles ont été dérangées dans leur séquence. Thomas porte la lance, et Matthieu la hache. Simon tient la scie, et Mathias... l'équerre ! On pourrait multiplier les exemples (par exemple ceux où Matthieu tient une balance) et accentuer ainsi la confusion.
Le seul but de cela est d'inciter à la prudence dans les attributions qui sont reprises ici à l'abbé Castel.
Le porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
Le bénitier est surmonté, à droite, de deux anges tenant un calice eucharistique. Ce calice peut suggérer que le recteur en a été le donateur.
.
Le porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
Les six apôtres du côté droit du porche.
.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
1. Saint Pierre tenant sa clef (kersanton, traces de polychromie, vers 1591?).
.
Cette statue contredit ma présentation, puisqu'aucune banderole n'est présente. Ce sera aussi le cas de Matthieu, Philippe, Thaddée et "Mathias" ; Y.-P. Castel suggère que les articles du Credo étaient inscrits sur le socle, et croit voir inscrit [CRE]DO sur celui de Pierre.
La partie basse de la tige, et l'anneau de la clef, sont perdus, mais le point d'ancrage de la partie brisée est visible.
Le saint peut être identifié aussi par le toupet de sa calvitie frontale. Il porte une tunique et un manteau rouges, sur une couche or qui apparaît en dessous. La clef est peinte en or. Le visage est peint en blanc.
L'article propre à Pierre est Credo in unum Deum Patrem omnipotentem creatorem caeli et terrae.
.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
2. Saint André et sa croix en X (kersanton, polychromie, fin XVIe ?).
.
Saint André est bien le deuxième apôtre des Credo apostolique : l'ordre liturgique est respecté, et le restera avec les apôtre suivants, Jacques le Majeur et Jean.
Il est identifié par la croix en X ou "de saint-andré" en bois écôté, qu'il tient contre son côté droit. Il est identifié aussi par le deuxième article du Credo, celui qui lui est attribué, car le texte en est sculpté, et a donc été préservé. On peut lire : ET IN IESVM CHRISTVM FI[LIVM] EIUS VNICVM.
Il porte une tunique non boutonnée, couleur or mêlée de rouge, et un manteau rouge.
L'apôtre amorce un mouvement d'avancée du pied gauche ; sa tête est légèrement inclinée. La statue est portée par un socle polygonal à listel.
.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
3. Saint Jacques le Majeur (kersanton, polychromie, Roland Doré, vers 1642).
.
Il porte ses attributs de pèlerin de Compostelle : le chapeau rond à larges bords timbré d'une coquille Saint-Jacques ; le bourdon où est accroché une coloquinte à usage de gourde ; une besace (à touffe de passementerie comme les aumônières) ; le baudrier à coquille, qui supporte cette besace ; et la banderole, dont l'article de Credo, jadis peint, n'est plus lisible.
Les pupilles des yeux ne sont pas creusées, à la différence de la statue homologue de Saint-Thégonnec datée vers 1635.
Au dessus d'une robe longue, il porte une sorte de surplis descendant sous le genou, et qui forme aux manches des plis bouillonnants.
Un écu, dont les armes ne sont plus visibles, est représenté sur le bas de la jambe droite.
.
Roland Doré (actif de 1618 à 1663) a sculpté 54 apôtres pour les diocèses de Léon et de Tréguier, dont seules sont complètes les séries de Pleyber-Christ et de Plestin-les-Grèves, tandis qu'à Trémaouezan 11 statues sur 12 sont de sa main. Il est intervenu aussi à Guimiliau, Saint-Thégonnec (Jean, Jacques le Majeur et Thomas/Jude) au Tréhou (Pierre, Jean, André et Matthieu, tenant une équerre), Plounéour-Ménez, Plougourvest (Jacques le Majeur), Saint-Houardon de Landerneau (Matthieu).
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
4. Saint Jean (kersanton, polychromie, Roland Doré, vers 1642).
.
Jean est représenté dans la posture de tout les apôtres Jean des porches bretons : bénissant de la main droite la coupe de poison dont la nature maléfique est indiquée par des petits dragons levant la tête. C'est l'épreuve dont il triompha à Éphèse devant les contempteurs de Diane-Artémis :
"Alors le grand prêtre Aristodème souleva une sédition dans le peuple, au point que les deux partis s’apprêtaient à en venir aux mains. Et l’apôtre lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour t’apaiser ? » Et lui : « Si tu veux que je croie en ton Dieu, je te donnerai du poison à boire ; et, s’il ne te fait aucun mal, c’est que ton Dieu sera le vrai Dieu. » Et l’apôtre : « Fais comme tu l’as dit ! » Et lui : « Mais je veux que d’abord tu voies mourir d’autres hommes par l’effet de ce poison, pour en constater la puissance ! » Et Aristodème demanda au proconsul de lui livrer deux condamnés à mort : il leur donna à boire du poison, et aussitôt ils moururent. Alors l’apôtre prit à son tour le calice, et, s’étant muni du signe de la croix, il but tout le poison et n’en éprouva aucun mal : sur quoi tous se mirent à louer Dieu. Mais Aristodème dit : « Un doute me reste encore ; mais s’il ressuscite les deux hommes qui sont morts par le poison, je ne douterai plus, et croirai au Christ. » L’apôtre, sans lui répondre, lui donna son manteau. Et lui : « Pourquoi me donnes-tu ton manteau ? Penses-tu qu’il me transmettra ta foi ? » Et saint Jean : « Va étendre ce manteau sur les cadavres des deux morts en disant : l’apôtre du Christ m’envoie vers vous, pour que vous ressuscitiez au nom du Christ ! » Et Aristodème fit ainsi, et aussitôt les deux morts ressuscitèrent. Alors l’apôtre baptisa le grand prêtre et le proconsul avec toute sa famille ; et ceux-ci, plus tard, élevèrent une église en l’honneur de saint Jean." (Jacques de Voragine, Légende dorée)
.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
5. Saint Matthieu... ou saint Thomas, tenant une lance (brisée). Kersanton polychrome, .
.
Les trois points de contact de la hampe de la lance le long de la robe du saint atteste qu'il s'agit bien d'une lance.
.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
6. Saint Jacques le Mineur tenant le bâton de foulon.
.
Socle octogonal.
Inscription sur le socle M. IAC --CVRE
.
.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
.
LE CÔTÉ OUEST.
.
.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
.
7. Saint Philippe tenant la croix à longue hampe, brisée (kersanton polychrome) .
.
L'attache de la hampe sur le pan du manteau et devant le pied droit atteste de la longueur de la hampe.
.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
8. Saint Barthélémy et son couteau à dépecer (kersanton polychrome).
.
Socle octogonal.
.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
9. Saint Thomas ou saint Matthieu tenant une équerre (brisée) (kersanton polychrome, seconde moitié XVIIe siècle ? ) .
.
« Tout indique une œuvre d'atelier. Professionnel accompli, l'artiste allie l'habileté technique et la subtilité esthétique. La posture dynamique du personnage est renforcée par le port du visage légèrement penché. Le traitement sobre des plis de la tunique à encolure flottante, le manteau léger sous lequel se perd le phylactère sont des formules d'une belle tenue dans leur sobriété. L'auteur se distingue ainsi du tailleur local. Sa vision prend de l'envol, se jouant du matériau magistralement traité.
On aimerait connaître le nom d'un maître dont on repérera peut-être, dans la région, d'autres œuvres.
Était-ce un compagnon engagé un jour qu'il flânait sur le pont de Landerneau au cours de son Tour de France ? Était-ce un sculpteur de la Marine travaillant au port de Brest ? Vers la même époque, quelques pièces « françaises » du porche de Guimiliau fournissent un bel exemple du passage fortuit dans un atelier landernéen d'un ouvrier formé dans quelque grand chantier du royaume. (Yves-Pascal Castel)
.
L'attribut est bien une équerre. Nous avons vu qu'au Tréhou, l'apôtre tenant l'équerre porte le nom de Mathieu.
.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
10. Saint Simon .
.
Socle octogonal.
.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
11. Saint Jude Thaddée .
.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
.
12. Faisant fonction de saint Mathias une statue en bois (Jean-Baptiste?) .
.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
Les apôtres du porche (1588-1591) de l'église de Pleyben. Photographie lavieb-aile.
.
.
SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL (Jean-Marie), 1904, L'Architecture bretonne, Quimper, de Kerangal éditeur
—ABGRALL (Jean-Marie), ou PEYRON, 1923, Notice sur Pleyben, BDHA Quimper.
A propos du recteur Noël Coffec :
En 1636, le 19 Avril, nous lisons au registre des baptêmes (de Pleyben) : « Ce jour dix neuffviesme .d'apprill mil six cent trante on a trouvé ung enfiant dans ung pan nier au portai de l'esglise parochialle de Pleiben, duquel on ne scait quy sont ses père et mère, lequel a esté baptisé sur le fond baptismal de Ia ditte esglise par moy soubsignant curé (Ie Ia ditte paroisse, les dits jour et an que devant. Parrain a esté vénérable personne Missire Nouel Coffec, vicaire perpétuel de la ditte paroisse et Recteur de Saint-Ségal, la marraine Catherine Corre ». NOUEL COFFEC, recteur G. PAILLART, Curé.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1996, Pleyben. Sept sculpteurs pour douze apôtres : Un imbroglio stylistique (suite) ...: articles du Progrès de Cornouaille / Courrier du Léon 19/10/1996
— CASTEL ( Yves-Pascal), 1985, « Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du xviie siècle) », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome 94, pages 97-116.
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice de Pleyben, Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.
— COUFFON (René), 1961, "L'évolution de la statuaire en kersanton" Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc t. LXXXIX, 1961 p. 1-45.
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.
:
1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)