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18 octobre 2021 1 18 /10 /octobre /2021 14:53

Le calvaire (granite et kersantite, 1581-1588, Maître de Guimiliau  ; Maître de Saint-Thégonnec ; XVIIe siècle Roland Doré ; Yan Larhantec XXe siècle) de l'enclos paroissial de Guimiliau. I, les scènes de l'Enfance et la Vie Publique du Christ ; sa Passion.

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Voir sur Guimiliau :

 

 

 

 

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—Du Maître de Guimiliau, voir :

 

L'enclos paroissial de Saint-Herbot en Plonevez-du-Faou. IX. Le calvaire (granite et kersantite, Maître de Guimiliau) de 1575.

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Situation et composition.

Alors que l'église est orientée légèrement sur l'axe sud-ouest/ nord-est, le calvaire placé, sur le placître de l'enclos, face à la dernière lucarne, et aux coupoles de la sacristie, est tourné presque vers l'ouest géographique, afin que le Christ en croix, fasse face, symboliquement,  à l'occident, lieu de la disparition du soleil avant sa réapparition à l'Est.

C'est l'un des sept calvaires monumentaux de Bretagne , avec notamment Tronoën (v.1450), Plougonven (1554) et Pleyben (1555)  puis Plougastel (1602-1604), et enfin Saint-Thégonnec (1610). C'est à dire que son soubassement est large et que le décor y déroule, organisés en deux registres, les 25 scènes de la Vie de Jésus, de la Passion, la Crucifixion et la Résurrection, soit 150 personnages au total, ou 200 en comptant les animaux et monstres.

Au sommet, le croisillon abrite le Calvaire (la Vierge et Jean entourant le Crucifié), et du coté oriental saint Pierre, mais aussi Yves, le saint breton.

La forme du soubassement doit être saisie, par une vue d'avion qui échappe au visiteur, comme un carré dont les angles s'étendent en ailettes (ou contreforts), percées d'arcades autorisant la déambulation. Nous aurons donc à décrire les  quatre cotés, et aussi les  ailes qui présentent au fidèle les quatre évangélistes.

Une réflexion théologique s'affirme donc, dans la symbolique des chiffres et celle des formes, par cette seule architecture : l'histoire du Salut (Incarnation et Rédemption) trouve sa base dans les quatre évangiles, tandis que la Croix en forme le sommet. Les quatre arcades partagent avec les portes des tétrapyles la symbolique du croisement des axes soulignant l'importance du point de croisement, pilier du monde ou axis mundi, associé à la Croix du Christ.

La même forme octogonale à  quatre ailes reprend celle du calvaire de Plougastel, et peut se retrouver  sur celui de  Pleyben, alors qu'à Plougonven le soubassement est un massif octogonal sans ailes ni arcades, et qu'il est rectangulaire à Saint-Thégonnec. Comme à Plougastel, les quatre ailes présentent les statues des quatre évangélistes rédigeant leur évangile.

 


 

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Voir : 

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On remarquera que ces quatre ailes confèrent à l'ensemble un dynamisme comparable à celui d'une hélice, et que les scènes de la Vie de Jésus y progressent presque en spirale ascensionnelle. Mais cet effet n'atteint pas la force exceptionnelle de la structure en étoile à six branches du calvaire de Quilinen à Landrévarzec.

L'édifice comporte un escalier (au nord-ouest) qui permettait l'accès à la plate-forme, laquelle pouvait donc servir de chaire.

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Attribution et restauration (d'après E. Le Seac'h).

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a) Le Maître de Guimiliau.

Le calvaire de Guimiliau est attribué à un maître éponyme, à qui on attribue aussi les petits calvaires de Saint-Herbot à Plonévez-Porzay et de Mespaul, ainsi que la statue de Sainte Nonne à Dirinon. Il se reconnaît aux yeux globuleux de ses personnages, dépourvus de paupières.

b) Un émule du Maître de Guimiliau, au style moins adroit, a sculpté vers 1589 cinq scènes : L'Annonciation (haut-relief, registre inférieur), la Visitation, la Présentation au Temple, et l'Entrée à Jérusalem (moyen-reliefs, registre inférieur) et le Christ aux outrages (ronde-bosse, sur la plate-forme). On lui attribue aussi trois des quatre évangélistes, la Déploration, et la statue de saint Pol de Léon. "Il traite avec moins d'aisance les drapés des vêtements mais donne à ses personnages des paupières qui rejoignent le courant naturaliste de la Renaissance". (Le Seac'h).

Le Maître et son émule manient la caricature et le mouvement avec une touche de vivacité et d'éclat que n'ont pas leurs contemporains. Le style mêle la tradition médiévale (petites saynettes des pièdroits de la porte du manoir de Trébodennic) aux costumes Henri II et à des décors dans l'esprit de la Renaissance. 

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c) le Maître de Saint-Thégonnec (1550-1610) a sculpté les personnages géminés du croisillon du calvaire.

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d) Roland Doré a refait la tête de Gamaliel (Mise au Tombeau) au milieu du XVIIe siècle.

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e) Restauration de 1881.

Abgrall écrivait en 1906 :

"Autrefois tous les personnages de ce calvaire étaient couverts de grandes plaques de lichen blanc qui faisaient des tâches singulières contrariant les plis des draperies et des costumes, dénaturant les physionomies si expressives des figures. Un honorable et érudit voisin, ami dévoué de· notre art breton, s'est intéressé à ce monument, a replacé et consolidé quelques personnages, puis a tout lavé et brossé ; et si le pittoresque ou la dénaturation chère à quelques archéologues y a perdu, la lecture des scènes si vivantes et si variées y a beaucoup gagné."

Le Seac'h date cette restauration de 1881 "comme l'indique la date gravée sur le revers de la scène de Résurrection, confirmée par un test électromagnétique en 1998 qui a détecté des goujons de métal sur le calvaire".

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f) Yan Larhantec (décédé en 1913).

La tête de la croix en kersanton, bisée lors d'une tempête en 1902, a été refaite par Yan Larhantec, de Landerneau. Il a remplacé la console décorée d'un ostensoir et de chandeliers et a sculpté le Crucifié accompagné de quatre anges recueillant le sang des plaies.

g) L'atelier de Pierre Floch a  nettoyé une nouvelle fois le calvaire de ses lichens en 2009.

h) Des croix des Larrons ?

On s'étonne de leur absence, et on parie sur leur disparition à une date inconnue.

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L'enclos paroissial de Guimiliau.

L'enclos paroissial de Guimiliau.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. I.
Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. I.

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FAIRE LE TOUR.

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Coté Ouest.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Coté Nord.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Coté Est.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Coté Sud.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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POINT DE DÉPART : LE SOUBASSEMENT DU COTÉ OUEST.  L'INSCRIPTION DE 1581 ; LA NICHE DE SAINT POL.

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Ce calvaire possède, manifestement, un coté principal, celui de l'ouest, où une table d'offrande sous la statue en kersanton de saint Pol Aurélien (patron du diocèse du Léon) est encadrée de deux colonnes cannelées. La statue du saint n'est pas du Maître de Guimiliau, mais de son Émule.

Ces colonnes supportent un portique dont le fronton porte une inscription.

On retrouve cette disposition sur le calvaire de Plougastel, qui lui est postérieur de plus de 20 ans (ou de 10 ans pour les réalisations de l'Émule).

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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La statue de saint Pol de Léon (kersanton, mule du maître de Guimiliau, après 1589).

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Vêtu en évêque il bénit de la main droite et tient selon Le Seac'h un bâton en tau. J'ignore les éléments de son identification, et je suis passé trop vite devant lui.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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L'inscription de la frise de l'architrave de l'autel.
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Elles est sculptée sur le granite en creux en lettres gothiques (textura) dont les fûts rectilignes, parallèles et serrés ne facilitent pas la lecture. La transcription est incertaine.  Les auteurs ont lu :

AD GLORIAM DOMINI : 1581 . CRUX EGO : FACTA : FUI[T]

"À la gloire du Seigneur. 1581. [Cette] croix fut faite [par moi ?] ou Moi, croix, fut faite".

Pour Castel, "Une inscription en partie détruite sur l’architrave de la niche occidentale pourrait apporter une précision sur l’auteur de cette uvre magistrale débordante de vie: AD GLORIAM DOMINI 1581 CRUX: CNO: FACTA: FUI (T). La croix fut faite à la gloire du Seigneur par Stefan (?) [YPC 1980]"

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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II. LES QUATRE ÉVANGÉLISTES DES AILES.

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Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. I.

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Saint Jean et son aigle (kersanton,  Maître de Guimiliau, 1581-1588).

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Jean est assis sur une cathèdre à dais décoré de masques, volutes et palmettes Renaissance. Il est tourné vers sa gauche (donc vers l'ouest) et rédige d'un calame assuré son Evangile, donc le codex  est ouvert sur l'accoudoir. Il est imberbe, en tant que Jean, et pieds nus en tant qu'apôtre. Il porte sur ses cheveux longs et bouclés un large nimbe, qui lui forme une sorte de chapeau. Jean est vêtu d'une robe dont les manches s'enrichissent de franges en créneaux. La tenue du crayon (calame) est particulière, car il passe entre l'index et les autres doigts longs.

À sa gauche, mais taillé dans un bloc de kersantite séparé, son aigle (l'une des quatre figures du Tétramorphe des évangélistes), ailes éployées, est posé sur une console sculptée de volutes.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Saint Marc et son lion (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

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L'évangéliste est assis à son pupitre, en train d'écrire, tandis que son lion emblématique tient dans sa gueule le plumier et l'encrier (et non un encensoir comme l'écrit Le Seac'h !).

Il est vêtu d'une robe dont la partie thoracique est fermée par des boutons ronds autour d'un bourrelet frontal, tandis que des plis en arête de poisson se disposent autour de cet axe. Cette manière de faire se retrouvera employée pour d'autres personnages.

Il porte la barbe et est coiffé du bonnet carré des docteurs. 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Saint Matthieu et son ange (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

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Matthieu porte la même barbe, le même bonnet carré et la même robe que Marc, mais celle-ci est recouverte d'un manteau. Comme Marc, il est assis à son pupitre et rédige son évangile, tandis que son attribut, l'ange, tient le plumier et l'encrier. 

Mais le pupitre est décoré d'une curieuse figure, évoquant les grotesques de la Renaissance, et dont le masque est soutenu par deux bras contournant le support. Il porte sur sa tête une volute.

De même, l'ange est posé sur une console représentant une femme aux bras repliés sur les cotés,  que nous pouvons voir comme une figure de la Démone.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Le gros plan sur le visage permet de détailler les caractères qui distinguent l'Émule du Maître, avec ces yeux aux paupières ourlées, ou la barbe aux mèches moins peignées, et les cheveux tirés en arrière.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Saint Luc et son taureau (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

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Toute la moitié supérieure est identique à la statue précédente, mais le taureau, assez maladroitement rendu, prend place à droite du siège. Le pupitre est soutenu par un atlante nu, jambes croisées, et portant une corbeille ("canéphore"), un bel exemple des supports anthropomorphes apparus à la fin du XVIe siècle dans le Léon sous l'influence des recueils des architectes et sculpteurs de la Seconde Renaissance, et qu'on retrouve sous le porche de Guimiliau en 1606.

https://www.lavieb-aile.com/2021/01/les-termes-cariatide-et-atlante-de-guimiliau.html

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Un autre atlante est sculpté sur le coté gauche du siège, avec ses bras réduits à des tronçons en volute. L'histoire familiale ne dit pas si mon grand-père Paul Sourdat s'en est inspiré dans sa fameuse — et alors contestée — description de l'amputation en saucisson développée sur les ambulances d'arrière des tranchées de 14-18, et dont l'intérêt est aujourd'hui reconnu en milieu précaire....!

Ces moignons en volutes et les jambes entortillées viennent des ouvrages d'Androuet du Cerceau et se retrouvent dans d'autres sculptures du Léon à la même époque.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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III. LE REGISTRE INFÉRIEUR : L'ENFANCE ET LA VIE PUBLIQUE DU CHRIST. LE REGISTRE SUPÉRIEUR : LA VIE PUBLIQUE ET LA PASSION DU CHRIST.

 

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Les scènes sont présentées ici dans l'ordre chronologique de la narration, un choix déjà fait par le chanoine Abgrall, ... mais qui, sur place, nécessite de faire plus de sept fois le tour du monument.

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Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. I.

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Sur le registre inférieur de la face sud, coté droit : l'Annonciation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

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E. Le Seac'h, reprenant l'analyse d'Y.-P. Castel en 1998,  consacre un paragraphe de son chapitre sur l'Émule du Maître de Guimiliau aux Annonciations de Guimiliau (s.d.) et de Saint-Thégonnec (1589 par inscription), en soulignant leur similitude.

Voir :

L'arc de triomphe (1587, granite de Plounéour-Ménez et 1589, kersanton) de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Son Annonciation et son inscription en vers bretons.

L'abbé Castel avait écrit :

"L'Annonciation de Guimiliau et celle de Saint-Thégonnec sont indubitablement de la même main. Les prie-Dieu sont identiques, les vases de fleurs ont les mêmes anses à large volutes, les panses sont ornées de canaux et de godrons similaires, les bouquets, dans leur stylisation, se ressemblent. Le traitement des visages ne laisse, lui non plus, aucun doute sur l'étroite parenté des deux groupes." CASTEL (Y.P.) in  ROUDAUT (F.) (dir.), 1998, Saint-Thégonnec. Naissance et renaissance d'un enclos, Brest, CRBC, 183 p.

 

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E. Le Seac'h décrit une scène en haut-relief, à l'exception des têtes de l'ange et de Dieu et des accessoires (partie supérieure du bâton, étoile), en écrivant :

"Gabriel brandit un bâton fleuri en marguerite à huit pétales où s'enroule un phylactère portant l'inscription AV[E] MAR[IA]. La Vierge est assise devant le prie-Dieu en forme de pilastre. Au milieu, un vase de feuillages symbolise les lys de la fécondité. Au dessus, Dieu le Père apparaît en buste, bénissant d'une main, le globe terrestre dans l'autre. De l'étoile à treize rayons au dessus de la Vierge jaillit un volatile, le Saint-Esprit dont la tête est brisée. La Vierge Marie et l'archange Gabriel  ont un visage anguleux, pointu, au sillon naso-génien très creusé. Le drapé particulier des robes, partant en diagonale est caractéristique de l'Émule. Les mêmes visages tristes et sérieux se retrouvent dans la scène de la Visitation."

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Je n'ai plus rien à ajouter, sauf pour faire remarquer le peigné de la barbe de Dieu, bien représentative de l'atelier de Guimiliau.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face sud, coté gauche : la Visitation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

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La Vierge (tête nue) salue sa cousine Elisabeth (voile et guimpe) en lui posant la main sur l'épaule et selon l'évangile, à cet instant l'enfant porté par Elisabeth, le futur saint Jean-Baptiste, "trésaille". La scène se déroule chez Zacharie, époux d'Elisabeth, qui est représenté à droite, appuyé sur sa canne ; il est muet depuis l'annonce par un ange de la grossesse de sa femme. La troisième femme, la main sur la poitrine pourrait être sainte Anne, mais celle-ci porte habituellement la guimpe, ou bien une servante.

"On retrouve les mêmes drapés tout en courbe [que dans l'Annonciation] avec en plus un travail sur les différentes couches de vêtements qui ne semblent plus être traités en superposition mais en creux." (E. Le Seac'h)

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face Est : La Nativité (kersanton,  Maître de Guimiliau, 1581-1588).

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L'Enfant est allongé nu sur un linge tenu par un ange et par la Vierge. Saint Joseph est représenté derrière celle-ci, appuyé sur sa canne, et absorbé dans ses pensées. Le quatrième personnage pourrait être, comme le suggère E. Le Seac'h, "Zélomie, l'accoucheuse qui confirma la naissance virginale de Jésus" ; ou l'une des autres sages-femmes apocryphes, Salomé, ou sainte Anastaise.

Voir ma discussion:

https://www.lavieb-aile.com/article-vierges-couchees-et-livres-d-heures-de-rennes-suite-113133129.html

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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 La Nativité : l'âne et le bœuf ; un ange et deux bergers (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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L'âne et le bœuf sont traités en raccourci et agenouillés. Derrière leur tête, un ange présente l'Enfant aux deux bergers, et le premier s'agenouille. Un tonnelet est accroché à sa ceinture.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face Est, coté aile gauche : l'Adoration des Rois Mages. La date de 1588. (kersanton,  Maître de Guimiliau).

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À l'angle sud-est, la Vierge est assise sur une cathèdre et élève son Fils, nu, pour le présenter aux visiteurs. La Mère et le Fils sont nimbés ; le nimbe de Jésus est marqué de rayons. Le genou droit de Marie est croisé sur son genou gauche. Ses cheveux sont retenus en deux nattes par un lacet ou ruban.

À l'arrière, Joseph, coiffé d'un chapeau rond s'appuie sur sa canne, toujours un peu mis à l'écart de ce qui se passe, par sa posture et son regard. Il semble en tenue de marche, comme sur le départ.

Le chronogramme 1588 est sculpté en réserve dans un cartouche sur le bloc supportant Marie.

On remarquera que cette date correspond à l'assassinat du duc de Guise, et au début de la Guerre de la Ligue en Bretagne.

http://www.utl-morlaix.org/2015/03/12/la-guerre-de-la-ligue-en-bretagne-1588-1598/

J'appliquerai volontiers cette date à l'ensemble des sculptures du Maître, réservant celle de 1581 à l'inscription  de la face est.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Les trois rois sont taillés dans le même bloc, le plus âgé étant agenouillé et sa couronne, exagérément large, placée devant lui. Il présente à l'Enfant par l'intermédiaire d'un linge son offrande, un calice rempli d'or (mais celui-ci est caché par le grand couvercle). Il est vêtu d'une tunique courte, recouverte d'une collerette, de hauts de chausses, de guêtres et de chaussures à bouts ronds ; son épée, large et recourbée comme un cimeterre, est à son flanc gauche.

Derrière lui, les deux autres rois sont également barbus mais avec une barbe plus courte pour indiquer la différence d'âge. Le premier s'apprête à ôter sa couronne, placée sur un turban pour souligner l'origine orientale.

E. Le Seac'h décrit les  récipients comme "des pots à tourelles moulurées et un pot à dragées godronné dans l'esprit de la Renaissance".

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face Nord, coté aile gauche : la Présentation au Temple (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

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Les auteurs désignent cette scène sous le qualificatif de "Circoncision", mais c'est à mon sens une erreur et la présence d'un personnage (servante ?) tenant le panier aux trois colombes en est la preuve : il s'agit de la Présentation de Jésus au Temple, décrit dans Luc 2:21-40. L'Enfant n'est pas allongé, mais tenu debout et donc "présenté", et aucun couteau, aucun geste de circoncision ne sont figurés.

Le mobilier est une table recouverte d'un drap plissé, dont le piètement s'orne d'un masque anthropomorphe mais à oreilles d'âne, et d'un siège, sur le dossier duquel est sculpté un nouvel exemple de terme ou support anthropomorphe, sous un chapiteau ionique, et avec le bas du corps remplacé par une base pyramidale. Je renvoie aux réflexions développées à propos du siège de saint Luc.

Le grand-prêtre du Temple est assis, et tient le bras et le bassin de l'Enfant : c'est lui qui le présente. Derrière celui-ci, trois hommes dont deux barbus tendent un linge, en guise de drap d'honneur. Le Seac'h y voit trois prêtres, l'un tenant un rouleau, celui du milieu ouvrant le linge et le troisième serrant contre sa poitrine un livre. Mais ils semblent des laïcs, et le premier pourrait être Joseph. Seul Syméon n'est pas représenté.

La Vierge est agenouillée à l'autel, mains jointes. Le sculpteur a repris ici le motif du bandeau occipital retenant les cheveux en passant derrière la nuque, et dont je m'attache à montrer la fréquence dans le Finistère dans les représentations de Marie, ou de Marie-Madeleine dans de nombreux ateliers.

Son visage est d'un ovale allongé, les paupières sont tracées, la bouche est courte et concave, le menton avancé, "en galoche".

Enfin, la servante, aux cheveux couverts par une coiffe ronde, et dont la robe est serrée par une ceinture à boucle large, place la main gauche sur la poitrine ; elle tient par son anse un panier, d'où émergent trois têtes correspondant, maladroitement, aux couples de colombes ou tourterelles citées par l'évangile de Luc. Le Seac'h n'a pas identifié ce détail, et voit là un vase à godrons tenu par un valet.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face Est, coté aile droite : la Fuite en Égypte (kersanton, Maître de Guimiliau, vers 1588).

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Marie, assise en amazone sur l'âne, tient l'Enfant-Jésus, retenant d'une main sûre son pied droit. Elle porte une robe et un manteau qui la voile. L'Enfant est vêtu d'une tunique longue, il tient un fruit dans la main gauche.

L'âne est représenté de manière identique dans l'Entrée à Jérusalem

Taillé dans un bloc à part, Joseph est  représenté, de face mais la jambe en avant. Il est vêtu d'un pourpoint orné d'un col rabattu, d'une cape fermée par une agrafe à pétales de marguerite et de bottes à rabat. Il est coiffé d'un grand chapeau rond à bord incurvé. Il tient la corde qui guide l'âne.  Le bissac  et le bâton de marche rappellent que le couple part pour un long voyage.

La tête de Joseph est magnifique de noblesse, et tire toute sa force de sa barbe évasée comme une coquille cannelée.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. I.
Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de la face sud, à gauche : le Baptême du Christ (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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Un ange, nimbé, tient la tunique de Jésus, lequel est plongé jusqu'au genou dans le Jourdain ; Jean-Baptiste, vêtu de sa célèbre peau de chameau, le baptise (mais le bras droit est brisé), tandis qu'il tient par le bras gauche un livre.

Là encore, la tête du Baptiste, barbue et chevelue, est magnifique.

Un détail est insolite par rapport à l'iconographie, c'est celui du petit chien s'agrippant à la jambe de Jean. Mais en écrivant cela, je me dis : et si c'était un agneau ? Là, ce serait une riche idée !

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face ouest, à gauche : l'Entrée à Jérusalem (kersanton,  Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

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Jésus est assis sur son ânon (ou son ânesse, le texte évangélique de Matthieu mentionne les deux) devant trois des apôtres (Jean, imberbe, et par exemple Pierre et son frère André) et ses disciples (une femme, disons Marie-Madeleine). La foule rassemblée devant les murailles et la porte de Jérusalem l'accueillent en déroulant leurs manteaux devant son chemin. 

La tête de l'ânon est délicieusement sculptée, avec ses immenses oreilles dressées. celles-ci se prolongent par le tronc d'un arbre, qui offre à la foule ses rameaux, rappelant les rameaux de palmier par lesquels les habitants acclament la venue de Jésus.

Les yeux aux paupières bien tracées permettent d'attribuer  ce travail à l'Émule.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face sud, au centre : le Lavement des pieds des Apôtres (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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La scène est découpée en trois groupes.

Comptons. Un deux trois quatre, etc., les apôtres sont au nombre de onze. Pourtant, il est implicite dans le texte évangélique que Judas était présent.

Au premier plan, à gauche, un apôtre assis se rechausse ou se déchausse. Puis vient le Christ, à genoux, manches retroussées, qui lave les pieds de saint Pierre, qui renverse le torse pour signifier son refus ("Tu ne me laveras pas les pieds, non, jamais !". Puis vient un troisième apôtre, qui est assis à droite. Je ne parviens pas à voir une bourse à sa ceinture, mais il est dans l'ombre.

En arrière plan, les autres apôtres sont attablés (on voit un verre, un plat et une cruche). À droite, les mains croisées sur la poitrine, Jean se reconnaît car il est imberbe.

"Dans cette scène, on retrouve le même mouvement dans les étoffes que pour le voile de la Vierge de la Nativité ou de l'Adoration des Mages. Les courbes des tissus et des robes relevées pour échapper au éclaboussures contribuent à donner une impression de joyeux désordre contrebalancé par les lignes verticales des autres tuniques qui rappellent la gravité de la scène. Les personnages ne sont pas alignés comme à Plougastel-Daoulas : les Apôtres sont pour la plupart debout et tiennent des cruches ou des linges pour essuyer leurs pieds. Leurs bouches entrouvertes disent la consternation et l'incompréhension du geste de Jésus." (Le Seac'h p. 273)

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face ouest, à droite : la Cène (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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La scène occupe deux blocs de kersanton, rapprochés par la tranche.

Douze apôtres sont réunis autour de la table, et Judas se reconnaît à la bourse qu'il tient. Jean, imberbe, est à la droite de Jésus, qui est nimbé. Au premier plan, un serviteur, barbu, et pieds-nus comme les apôtres, apporte une corbeille de pains et une cruche de vin.

Sur la table , on voit des miches de pain, des gobelets en forme de calice, tandis que le plat contenant l'agneau pascal est placé devant Jésus.

Les traits des apôtres sont semblables (avec une petite différence de longueur des barbes), mais leur posture diffère légèrement, ils discutent entre eux par paires, la bouche entrouverte : seul Jean et le Christ semblent concentrés, ce dernier approchant la main vers le plat contenant l'agneau. L'instant représenté est donc celui de l'institution de l'Eucharistie, et non — comme dans la Cène de Léonard de Vinci —  celui où le Christ dit "en vérité je vous le dit l'un de vous me livrera" alors que Judas approche la main du plat, et que les autres apôtres protestent.

Parmi les robes, assez identiques, certaines ont des manches courtes et crénelées, d'autres se distinguent par l'encolure.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face nord, à droite : L'Agonie de Jésus au Mont des Oliviers, les trois disciples Pierre, Jacques et Jean s'étant endormis (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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Le sculpteur n'a disposé que de peu de place pour figurer cette scène, dans laquelle Pierre, Jean et son frère Jacques ne sont pas parvenus à rester éveillés pour soutenir Jésus, qui, au Jardin des Oliviers, prie son Père et accepte sa Passion. C'est  l'Agonie à Gethsémani où la sueur de sang (hémathidrose) témoigne de sa profonde angoisse.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face nord, à droite : Pierre frappant Malchus, le serviteur du Grand prêtre (Caïphe). Kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588.

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On penserait volontiers à un sacrifice ou à un assassinat, si le contexte ne nous aidait pas à voir Pierre levant son glaive et tranchant l'oreille de Malchus. Le Seac'h a vu, mieux que moi, que l'oreille était visible sur l'épaule gauche du serviteur, qui tombe à la renverse. Une lanterne, à notre droite, rappelle que l'arrestation de Jésus se déroule la nuit.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face nord, au centre : l'Arrestation de Jésus en présence de Judas tenant la bourse aux trente deniers, salaire de sa trahison (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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Cette belle scène est répartie sur deux blocs, isolant ainsi Judas tenant sa bourse. Jésus est saisi par trois soldats (ou quatre si on compte les jambes).

Jésus a le même manteau et la même robe que lors de la Cène. Les soldats offrent un bel exemple du talent du sculpteur pour souligner la truculence des personnages, qui sont vêtus de costumes Henri III. Comme je l'avais souligné dans ma description du calvaire de Plougastel, il est important de se souvenir  de la pratique, par les habitants, des mises en scènes de la Passion, comme en témoigne les Mystères en langue bretonne édités en pleine Renaissance puis à l'époque baroque (1530, 1609, 1622).

L'un porte un bonnet à plume généreuse et faisant panache (ce serait l'officier), les deux autres sans doute des casques . Les moustaches se distinguent de celles du Christ et des apôtres, qui sont en V inversé, car elles frisent et sont horizontales. 

Les tuniques sont courtes, marquées par cette ligne médiane bombante qui peut évoquer celle des cuirasses. Les chausses sont bouffantes, et à crevés formant des hachures ou des godrons.

Les visages sculptés par le Maître de Guimiliau ne sont pas différenciés, qu'on ait affaire à un saint personnage, à un pharisien ou à un bourreau, les traits ne sont pas marqués, les grimaces et expressions sont absentes, les yeux globuleux n'indiquent pas les regards. Par contre, la gestuelle compense cette inexpressivité, notamment par la chorégraphie des fentes des jambes des soldats et par l'entrecroisement des bras.

Les chaussures sont toutes les mêmes sur tout ce calvaire, avec une semelle épaisse et bien délimité, ainsi que le contrefort et le quartier (la partie arrière autour du talon), tandis que l'avant, à bout rond, est moins précis.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

 

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Sur le registre supérieur de la face nord,  la comparution devant Pilate et le lavement des mains (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

 

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À gauche, Pilate est assis sous un dais et se lave les mains dans l e bassin présenté par un serviteur ou soldat qui y verse l'eau d'une cruche. On remarquera le petit chien, si fréquemment représenté auprès de Pilate sur les enluminures et gravures, ou sur les maîtresses-vitres finistérienne qu'il en est presque un attribut (c'est un chien blanc lorsque la couleur est visible). On connaît l'attachements des princes de la Renaissance pour la présence de ces animaux de compagnie dans leur palais.

On remarquera aussi la tenue vestimentaire de Pilate, qui n'est pas celle d'un gouverneur romain, mais d'un grand-prêtre hébraïque dans les conventions iconographiques du XVIe siècle : chapeau conique et turban, très longue barbe, longs cheveux, glands de passementerie au bout des manches. Nous pourrions confondre avec Caïphe, si le lavement des mains n'identifiant pas l'homme sans ambiguïté.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Derrière le trône de Pilate, se trouvent deux personnages tenant des rouleaux. L'un est coiffé d'un turban, l'autre du bonnet carré : ce sont des pharisiens, des docteurs de la Loi hébraïque, des membres du Sanhédrin. Ils valident, ou ordonnent, les scènes d'outrages et de dérisions ainsi que la condamnation du Christ.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de  la face nord, coté droit,  la Flagellation (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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Elle est traitée en trois blocs distincts

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Le Christ est lié à une colonne au chapiteau corinthien. Un soldat, harassé par sa tache, se repose à ses pieds, le faisceau de verges. Nous retrouvons le bonnet porté de travers, les manches relevées, les crevés et les bottes à rabats qui caractérisent les bourreaux.

Les trois autres bourreaux tiennent les verges et s'apprêtent à frapper. Leur costume suscite notre intérêt. J'ignore si les coiffures coniques de deux d'entre eux, et le camail festonné et à glands de l'autre, tendent à les désigner comme Juifs.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de  l'angle nord-ouest, le couronnement d'épines (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

 

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Le Christ est assis, les mains liées devant lui, l'air résigné et patient. Deux bourreaux enfoncent avec deux bâtons avec force la couronne afin que les épines pénètrent le cuir chevelu. Là encore, bien qu'on devine un rictus par la bouche tordue d'un bourreau, ce sont les postures qui expriment la vivacité et la cruauté des soldats.

À gauche, deux autres soldats tiennent un bâton sur lequel ils poussent, la position des mains étant inversée. L'un des deux tire la langue au condamné. J'y verrais volontiers une composante du Couronnement d'épines, surtout si nous nous référons aux scènes analogues des vitraux, où les quatre soldats s'activent sur deux perches formant une croix.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur  : le Christ aux outrages (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

 

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Le Christ est assis, les mains liées devant lui, et revêtu d'une tunique longue, à un ou deux boutons devant la poitrine. Il ne tient pas le roseau de la dérision. Ses yeux sont bandés par un voile assez large. Ses traits évoquent sa patience courageuse face aux sévices. 

Parmi les quatre bourreaux, l'un porte une épée, c'est un officier. Il est vêtu d'une tunique courte dotée d'une ceinture et frangée en V au bord inférieur, de hauts de chausses bouffants ( à plis horizontaux), et de chaussures assez remarquables. Il est coiffé d'un béret et ses cheveux sont mi-longs, atteignant la base des épaules.

Deux autres bourreaux tiennent des gourdins, tandis que le troisième me semble nouer le bandeau. Leur tenue est proche de celle de l'officier, mais leur coiffure, au moins pour deux d'entre eux, évoque une capuche (ou un chaperon).

Les yeux sont "en noyau de datte" et circonscrit par le trait qui forme les paupières, c'est la caractéristique de l'Émule.

Les traits des bourreaux sont vultueux, les arcades sourcilières épaisses, les lèvres protruses et grosses, mentons saillants voire même bilobé dans un cas.

La barbe et la moustache en colombin est peignée régulièrement, comme c'est la règle chez le Maître et son élève.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de  l'angle sud-est,  le cavalier tenant une banderole : début du  Portement de croix ? Kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588.

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Abgrall ou Le Seac'h considèrent que ce cavalier  qui déroule des deux mains une banderole est à la tête de la procession du Portement de croix sur les pentes du Golgotha. 

Cette banderole portait vraisemblablement une inscription peinte qui permettait d'identifier le personnage. Nous pouvons remarquer sa barbe particulièrement longue (ce qui exclut un officier romain) et surtout son chapeau hébraïque (large et conique) doté de deux franges rituelles à glands, qui tombent sur un scapulaire. Les cheveux sont longs, et forment deux mèches épaisses et qui semblent sales.  C'est, dans le code iconographique en vigueur, un pharisien du Sanhédrin, et sans doute même le "souverain sacrificateur", Caïphe. Portait-il le texte de l'accusation, celui du titulus de la croix, "Jésus de Nazareth, [celui qui se prétend] roi des Juifs" ?

En s'attardant à détailler l'harnachement du cheval, les fleurons du mors, et le type des étriers, puis à les comparer aux mêmes détails sur les Calvaires bretons et les Passions des maîtresses-vitres finistériennes, nous ferions des découvertes fructueuses.

La barbe est remarquable. Elle est typique de l'atelier de Guimiliau, et on en  retrouve d'autres exemples sur le calvaire de Saint-Herbot.

 

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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L'écuyer de Caïphe, tenant une fleur. 

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Il porte un chapeau conique, "juif", mais il porte la tunique courte à ceinture, les haut de chausses plissés, les chaussures des soldats et il faut peut-être y voir l'écuyer de Caïphe. Il a perdu l'accessoire de sa main gauche, tandis que la main droite tient entre index et majeur d'une part, annulaire et auriculaire d'autre part, une tige évasée en fleur à six pétales.

Le plastron de son pourpoint, doté de boutons et d'un renfort sternal, est plissé de traits obliques et remonte en bourrelet épais autour du cou.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de  la face Sud, au centre,  le Portement de croix (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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Au centre, et dans l'axe de la croix du calvaire, Jésus est agenouillé : ses genoux ont fléchis sous le poids de la croix qu'il porte. Juste derrière, Simon de Cyrène apporte son aide.

Dans la procession guidée par le cavalier et son écuyer, deux musiciens viennent en tête. L'un  frappe avec deux baguettes épaisses et dilatées à l'extrémité  sur un long tambour. Nous voyons bien la corde de tension entrelacée sur des cercles et traversant en diagonale la peau pour former le timbre.

Le joueur forme avec son compère une belle paire, presque spéculaire, ils se regardent comme s'ils étaient pris par le même rythme et le même élan, mais pourtant, le deuxième joueur se contente de tenir un long bâton servant peut-être d'appui au tambour.

L'iconographie est difficile à rassembler, car je trouve surtout les images de tambour d'ordonnance de caisse plus courte, inscrite dans un carré.

Sur la travée VIII du tour de chœur de la cathédrale de Chartres,  un tambour de forme allongé est sculpté, autour de la date de 1527, au centre de l'entrecroisement de deux flutes.

L'Orchésographie (1589) de Thoinot Arbeau, alias Jehan Tabourot , chanoine de Langres, montre un exemple de militaire battant son tambour avec la notification d'une marche de régiment : l'instrument est différent de celui de Guimiliau, mais le costume est à remarquer, avec ses crevés. 

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Voir ici un haut-tambour de 1789 (Anjou).

Deux exemples de tambour de 1636, dans le dictionnaire de Jacquot.

Les exemples de tambour aussi haut et long que celui-ci correspondent plutôt aux tambours ou tambourins de Provence, et rejoignent parfois ceux des galoubets, frappés en même temps que le joueur souffle dans un fifre.

 

 

 

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. I.
Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Un joueur de trompe .

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Deux soldats autour de Simon de Cyrène qui aide le Christ à porter sa croix.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Le Christ chutant sous le poids de sa croix.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Un soldat frappant le Christ, puis un joueur de trompe. Un soldat assis à terre.

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Je ne comprends pas tout dans ce bloc : je vois un fragment de croix écoté (la traverse ??), retenu par une barre en T ;  les hommes ont l'air d'être embarqués dans un véhicule ; le soldat qui tient la corde lève un objet, peut-être un fouet mais bien bizarre et qui retombe sur sa tête.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de  l'aile sud-ouest, Véronique et son voile (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

 

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La sainte est coiffée d'un turban ; elle se renverse légèrement en arrière pour présenter son voile, sur lequel, on le sait, s'est miraculeusement imprimé le visage martyrisé du Christ.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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AU CENTRE : LA CRUCIFIXION (LE CALVAIRE) : VOIR PARTIE IV.

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Nous reprenons la description dans l'ordre narratif, après la Crucifixion.

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Sur le registre supérieur de  la face Ouest, à gauche, la Déploration (Pietà). Bloc monolithique à quatre personnages, kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588). À gauche Marie-Madeleine, bloc distinct. En arrière, un personnage : Jean ?

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Cette Déploration est très différente de celle de Saint-Herbot, attribuée au Maître de Guimiliau. Elle est à mes yeux bien plus belle, dépouillée et tragique. La Vierge est tient son fils sur son genou droit, l'autre étant posé à terre. Le corps du Christ forme une ligne brisée en six morceaux, la tête/le thorax (en arc)/le ventre/les cuisses/les jambes/les pieds. Auquel s'ajoutent le bras droit, qui pend vertical, inerte, la paume percée ; et le bras gauche, horizontal et soutenu par la Mère.

Tout cela est d'un kersanton très sombre, presque volcanique, brûlé, malgré des teintes verdâtres (micro-organismes)et rougeâtres (idem, ou ocre témoignant vaguement d'une polychromie ?).

Tous les drapés sont verticaux, austères, graves.

Deux personnages ont les têtes brisées. J'imaginerai volontiers que celui qui est à la fois à la tête du Christ et à la droite de Marie est saint Jean (la statue plus en arrière étant rapportée mais n'appartenant pas initialement à ce groupe). En effet, c'est ce personnage qui soutient la tête du Crucifié, et ce rôle est celui de Jean dans les Déplorations, plus souvent, notamment dans cette composition que celui de Joseph d'Arimathie.

À gauche de Marie,  on pense d'abord à une sainte femme. Mais si on regarde attentivement, on voit que c personnage tient dans sa main gauche un flacon, comparable au pot d'aromates de Marie-Madeleine.

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Je propose donc de voir une Déploration avec Jean et Marie-Madeleine entourant la Vierge. Un bloc auquel aurait été ajouté, après la perte des têtes de Jean et Marie-Madeleine, leurs statues isolées, provenant d'un autre emplacement, par exemple au pied de la croix comme sur d'autres calvaires monumentaux.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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a) La Vierge, entourée de deux personnages aux têtes manquantes,  et le Christ.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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b) Marie-Madeleine.

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Elle est agenouillée, main droite sur la poitrine et main gauche levée, paume de face, en signe de vif émoi. Son manteau est tombé autour d'elle, dégageant la robe aux manches bouffantes, et aux poignets à crevés. 

Elle est coiffée d'un large chapeau (ou bien est-elle nimbée) d'où sortent quelques boucles. Nous ne voyons pas ses cheveux pendre devant ses épaules, comme c'est ailleurs la règle. Et je n'ai pas trouvé son pot d'aromates.

À ces détails près, c'est exactement la Marie-Madeleine au pied de la croix de la tradition des sculpteurs de Landerneau depuis les Prigent, et le détail du manteau formant une vague ou corolle autour d'elle ou derrière elle est l'indice très sûr d'une filiation stylistique. 

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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c) Saint Jean ?.

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Ce personnage aux pieds nus, portant la robe fendue sur le devant par une ouverture fermée par deux boutons, est a priori un apôtre. Mais il est imberbe, ce qui nous conduit à identifier saint Jean, malgré une coiffure bien féminin.

Pourtant, le geste des deux mains réunies devant l'abdomen est insolite : c'est un geste d'énonciation, d'énumération des arguments, qui est inédit dans l'iconographie de Jean.

Ce geste est fréquent parmi les prophètes vétérotestamentaires (hypothèse exclue, ces derniers sont barbus) et dans les représentations de saint Yves, comme au sommet du calvaire. Mais la robe et les pieds nus s'opposent à cette solution.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de  la face Est, au centre,  la Mise au Tombeau (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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Huit personnages sont penchés au dessus du tombeau, ou plus justement au dessus de la table, nappée d'un linge, où le corps du Crucifié a été déposé.

Ce sont de gauche à droite Joseph d'Arimathie, qui soutient la tête, Marie, Mère de Jésus, puis les Trois Marie, dont Marie-Madeleine tenant les aromates. Viennent ensuite Gamaliel, saint Jean (nimbé) et enfin Nicodème, soutenant les pieds.

La tête du Christ mort est nimbée, d'une de ces auréoles larges qui en abusent pour des chapeaux, et qu'on retrouvent plusieurs fois sur ce calvaire.

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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a) Joseph d'Arimathie.

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Comme c'est l'usage, il est coiffé d'un chapeau conique à turban et fanons, doté de cheveux tressés et d'une longue barbe, et vêtu d'un costume "Juif" (camail à pointes, bouffant des manches à franges).

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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b). La Vierge.

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Elle est coiffée du voile qui se prolonge par son manteau, et porte la guimpe. Ses bras sont croisés devant la poitrine.

Pour une fois, le visage est très expressif, et il semble que la Mère sanglote ; le nez est plus fin et pointu qu'ailleurs, un bourrelet fait pont entre les deux sourcils, le philtrum est creusé, le modelé des pommettes et du menton est accentué.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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c). Marie-Madeleine et deux saintes femmes ( soit : les trois Marie, Marie Salomé, Marie Jacobé — ou Cléophas— et Marie-Madeleine).

 

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Marie-Madeleine porte une coiffe rappelant celle d'Anne de Bretagne, et, au dessus le large nimbe. Inutile de souligner l'élégance raffinée de sa tenue, c'est son marqueur identitaire, avec son pot d'aromates.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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d) Gamaliel . Tête : réemploi d'une sculpture par Roland Doré vers 1620-1660.

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Pour paraphraser l'incipit de Moby Dick "Appelez-le Gamaliel", celui qui apparaît dans certaines Mises au Tombeau avec son fils Abibon, 

https://www.lavieb-aile.com/2018/06/la-mise-au-tombeau-de-l-abbatiale-sainte-croix-de-quimperle.html

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Mais il faudrait pouvoir accéder à la plate-forme, le contourner, chercher les indices, tenter d'expliquer ce fleuron sur la poitrine, car nous ne pouvons nous fonder sur la tête actuelle : ses pupilles creusées sur des yeux en losange la font attribuer à Roland Doré, mais c'est un réemploi. Venant probablement d'un apôtre, et ce serait un saint Jacques que ...

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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e). Saint Jean.

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Pourquoi saint Jean ? Parce qu'il est nimbé de l'auréole plat à barbe caractéristique, comme le Christ et Marie-Madeleine, et qu'il est imberbe.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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f) Nicodème, tenant la couronne d'épines.

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Là encore, le chapeau conique indique qu'il s'agit d'un pharisien, et, à cet emplacement, cela ne peut être que Nicodème.

Comme dans d'autres Déplorations (Quilinen, Locronan), il porte, par l'intermédiaire d'un drap, la Couronne d'épines, bien que ce soit ici une couronne sans épines mais à joaillerie.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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La descente aux Enfers ; le Christ et Adam et Ève en tête des  élus sortant des limbes ou des damnés chassés par les démons de la gueule de Léviathan (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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Sur l'angle sud-ouest, le Christ ressuscité est vêtu du manteau rouge et il tient la hampe de son étendard de la victoire sur la Mort.  Entre le Vendredi Saint, jour de sa Mort, et le dimanche de Pâques, date de sa résurrection le troisième jour, il est, comme l'affirme le Credo, descendu aux Enfers. Il y a libéré les âmes des justes enfermé dans le Limbes patrum, ou limbe des patriarches. Fidèle à l'iconographie, le sculpteur mont la sortie d'Adam (presque debout, remerciant le Christ mains jointes) et d'Ève (plus petite, accroupie, tête brisée).

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Juste à coté, la gueule du Léviathan, personnification ou "poissonnification" des forces du Mal, crache les âmes des damnés, que des démons saisissent de leur fourche. Il y a à terre un monstre, aux pattes de lion, à l'échine de dragon et à la longue queue, et dont la face vaguement humaine (très peu pour moi !) grimace tandis qu'une femme nue à la poitrine provoquante lui est amenée, bien contre son gré, par deux diables. Les guides aiment, pour terroriser les paroissiens, la désigner comme étant Katell  Gollet "qui n'avait pas avoué ses péchés en confession".

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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SOURCES ET LIENS.

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CASTEL (Yves-Pascal), 1980, "Guimiliau" n° 666 . "Guimiliau, église, le Grand Calvaire", Atlas des croix et calvaires du Finistère

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/guimiliau.html

Calvaire en granite et kersanton, daté de 1581-1588.

Soubassement de plan octogonal avec ailes percées d’arcades, avant-corps, table d’offrande encadrée de colonnes cannelées, escalier d’accès à la plate-forme.

Les scènes de la vie de Jésus se déploient sur la frise et à l’étage, dans un ordre non chronologique. De gauche à droite, en commençant par la face occidentale:

Entrée de Jésus à Jérusalem, Cène, , Agonie, Arrestation,. Sur la plate-forme: Vierge de Pitié, Madeleine, Résurrection, Enfer, Descente de Jésus aux limbes, Véronique, Baptême de Jésus, Portement de croix, Scène d’outrages, Mise au tombeau, Disciples d’Emmaüs, Pilate se lave les mains, Scène de dérision, Flagellation, Couronnement d’épines, personnage isolé.


 

Croix centrale sur fût rond, écots, croisillon, statues géminées: Vierge-Pierre, Jean-Yves, crucifix et anges recueillant le Sang.

Vestiges de l’ancienne croix placés sur l’arc de l’entrée d’enclos: cavaliers, Vierge à l’Enfant.

Mis à part le travail évident du restaurateur dans la croix centrale, on distingue plusieurs mains dans l’exécution, reconnaissables à la manière de traiter les yeux, globuleux ou figurés avec les paupières. Une tête d’apôtre du porche a pris place sur les épaules d’un personnage de la Mise au tombeau.

Une inscription en partie détruite sur l’architrave de la niche occidentale pourrait apporter une précision sur l’auteur de cette oeuvre magistrale débordante de vie: AD GLORIAM DOMINI 1581 CRUX: CNO: FACTA: FUI (T). La croix fut faite à la gloire du Seigneur par Stefan (?) [YPC 1980]

— ABGRALL (Jean-Marie), 1883, L'église de Guimiliau, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1883_0145_0161.html

— ABGRALL (Jean-Marie), 1912, Notice sur Guimiliau, BDHA

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/afef0cf82b371a72f35a42200cb9a127.pdf

— ABGRALL (Jean-Marie) 1924,  L'église de Guimiliau, porche, calvaire, ossuaire,  (Brest 1906, Morlaix, 1924 et 1935)

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/4c94b42ee1cf842a818f30319dac78c2.pdf

— ABGRALL (Jean-Marie) , 1902, "Les croix et les calvaires du Finistère" Bulletin Monumental  Année 1902  66  pp. 176-209

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1902_num_66_1_11302

 — COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Guimiliau,  Extrait de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/c5585b77d35c16ac2fe4dc3004e36d8f.pdf

LE GUENNEC (Louis), Morlaix et sa région. page 268

—  LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. 

POTIER DE COURCY (Pol), 1864, De Rennes à Brest et à Saint-Malo: itinéraire historique et descriptif; L. Hachette et Cie, page 283

https://books.google.fr/books?id=3ueE6p-q1AYC&dq=guengat+kergorlay+guimiliau&hl=fr&source=gbs_navlinks_s


—HYPERLAPS (dossier photo et légendes en anglais)

https://hyperleap.com/topic/Calvary_at_Guimiliau


 


 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculpture Kersanton Calvaires

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  • : Le blog de jean-yves cordier
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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