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15 mars 2020 7 15 /03 /mars /2020 22:48

Les sablières (vers 1555) de l'église Sainte-Pitère de Le Tréhou . II. La scène de labour. Chapelle latérale sud.

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Voir sur l'église de Le Tréhou :

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—Sur  les sablières bretonnes : 

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Chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Parmi les sept sablières sculptées de l'église Sainte-Pitère du Tréhou, datant de 1555 environ, se trouve, dans la chapelle latérale sud, en face du retable, une pièce de bois représentant une scène de labour.

Cette dernière nécessite d'être montrée (c'est mon premier but), d'être décrite et analysée (mon deuxième but) avant d'être interprétée ou même comprise. Mais dans cette triple démarche, il est nécessaire de savoir que quatre scènes similaires, mais non identiques, ont été sculptées vers la même époque sur les sablières de Sainte-Marie-du Ménez-Hom,  Bodilis, La Roche-Maurice, La Martyre et Pleyben. Les six paroisses se placent sur une ligne nord-sud de 60 km dans le Léon et la Cornouaille. 

Dans cette paroisse qui doit sa richesse au commerce de la toile de lin, il serait logique d'y voir une expression du désir des habitants de témoigner de leur activité agricole. Cela va s'avérer plus compliqué.

La scène elle même est encadrée à sa gauche par  un masque de profil avec des tiges de fleurs et feuillages partant de sa bouche, puis un blochet (un ange présentant un phylactère muet). À sa droite, elle se termine contre un blochet d'angle représentant saint Augustin évêque d'Hippone. Je pars du postulat que ces éléments restent étrangers  à cette scène du labour et je ne m'y attarde pas.

Voici la vue générale des deux pièces de bois de la sablière S1 :

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le semeur.

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A gauche, contre le blochet, un homme — un paysan — se tient de face, bras écartés. La main droite est posée sur un sac aussi haut que lui, et la main gauche tient un panier muni d'une barre servant de poignée.

Sophie  Duhem y voit "un paysan [qui] sème des graines au Tréhou, derrière la charrue qu'entraîne le laboureur" (Duhem p.238) mais je ne retrouve pas ici le geste du semeur. 

Il est vêtu d'une tunique ou veste (chupenn) rouge plissée sous la ceinture de cuir et de chausses blanches; ses cheveux sont serrés par un bandeau (ou recouverts d'un bonnet court).

Faut-il l'intégrer à la scène du labour ? Sans-doute.

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Le geste du semeur de lin est présenté à Quintin  le 3 mai 2017 :

"Les semailles du lin, grand rendez-vous des amoureux de la petite graine, se sont déroulées samedi matin, au parc de Roz-Maria. Sur la parcelle au sol extrêmement bien travaillé, sur une terre la plus fine, la plus souple et la plus moelleuse possible, Maurice Le Dourneuf a multiplié les lancers de poignées de graines. L'ancien veille au grain et connaît la coutume qui dit que pour que « la plante se tienne bien droite, soit vigoureuse et soit dotée d'une belle filasse, il faut que neuf graines puissent tenir dans le sabot d'un cheval ». Le lin qui fait son lit dès la première nuit, est une plante à croissance rapide, reste trois mois en terre, grandit vite et a la taille d'un doigt au bout d'un mois. La future plante est exigeante et sera sans éclat si on ne l'installe pas entre le 25 et 30 avril. En cette période de lune rousse, de saints chevaliers et de dernières gelées printanières, la semaille a bénéficié d'une fenêtre météo idéale, le lopin sera séduisant après la Saint-Pierre, au moment de la floraison. "
© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/quintin/maurice-le-dourneuf-le-semeur-de-roz-maria-03-05-2017-11497530.php#7zeiuMyeU0tAvDDp.99

"Pour Maurice Le Dourneuf, un mode de semailles ancestral, le plus simple qui soit, non pas en ligne et à demeure, mais à la volée par passées parallèles en un long geste circulaire."
© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/quintin/maurice-le-dourneuf-le-semeur-de-roz-maria-03-05-2017-11497530.php#7zeiuMyeU0tAvDDp.99

 

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La scène de labour.

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La culture des céréales se faisait au moyen d'instruments spécifiques préparant le sol avant d'y enfouir la graine . La première étape, celle de la préparation du sol, diffère peu selon la nature des cultures céréalières, seigle, épeautre , etc. , mais elle est fondamentale . Pour les petites surfaces cette préparation du sol s'effectuait avec des outils manuels, bêche , houe , et pour les autres avec des instruments aratoires tractés par l'animal, il s'agit alors de l'araire et de la charrue.

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le laboureur et sa charrue.

Le laboureur est penché en avant, un genou fléchi ; cette posture évoque l'effort exercé sur les manches de l'outil mais répond aussi aux exigences techniques d'une figuration sur une poutre étroite.

Il est vêtu d'une tunique courte, peinte ici en rouge, plissée dans sa moitié inférieure au dessous d'une ceinture jaune .  Il porte un bonnet sans bords, très court au dessus de cheveux mi-longs. Ses jambes sont couverts par des bas-de-chausses, et le bas des jambes ainsi que les chaussures ne sont pas visibles puisque la partie basse de la sablière n'est pas conservée.

Il tient, par une prise manuelle inversée, les deux mancherons, dont l'écartement est maintenu par une traverse.

 

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La charrue

 

 

 

 

Une charrue se distingue de l'araire par la présence d'un versoir, présence dont nous ne pouvons nous assurer ici. Le versoir est une pièce en bois, à l'origine placée d'un seul côté du soc, qui retourne la terre soulevée par celui-ci. Ce retournement ramène à la surface les couches profondes du sol et l'aère . Il enfouit en même temps la partie supérieure envahie de mauvaises herbes. C'est donc la présence ou non d'un versoir qui permet de distinguer les deux instruments et de connaître le degré de préparation du sol. Le coutre est pratiquement obligatoire dans le cas d'une charrue où sa fracture permet de bien séparer la partie du sol qui doit être retournée . La charrue est donc un instrument de travail dissymétrique , c'est la différence essentielle. Elle est généralement munie d'avant-train à roues car cela facilite le travail en donnant plus de possibilités, mais cela n'est pas obligatoire .

Il pourrait s'agir d'un "araire à avant-train à roues". La précision de la pièce sculptée est néanmoins suffisante pour reconnaître les mancherons et le timon.  Ce timon est percé de trous et, pour le raccourcir, on modifie l'emplacement de la cheville de traction dans ces trous. Sur cette cheville est accroché un cordage de traction qui est relié avec l'avant-train grâce à une chaîne.  La couleur bleu-métal indique   le soc ainsi que le coutre.

Rappel :

 

L'araire est composé de plusieurs éléments : le soc en métal qui ouvre le sol; le sep ou dental, pièce de bois sur laquelle est fixé le soc. Cette partie glisse généralement dans le sol;  le timon ou age , une longue tige de bois, droite ou courbe, qui assure la traction de l'ensemble , car il est relié soit au joug soit à l'avant-train; le ou les mancherons, parties en bois que le laboureur empoigne d'une ou de deux mains pour diriger l'instrument et modifier la profondeur du labour.  Il est  muni d'un coutre,  une pièce en métal en forme de couteau fixée sur le timon de telle façon que la partie coupante se trouve près du soc . Il fend la terre en deux quand celle-ci est soulevée par le soc et facilite ainsi le travail de l'araire pour certains sols;

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L'araire.

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 Le passage de l'araire à la charrue avec versoir et avant-train à roues s'est produit dans l'Europe du Sud-Est vers le VI-VIle siècle . Même si  deux instruments ont été utilisés concurremment et ensemble jusqu'au XXe siècle selon les régions et la nature des travaux, partons du postulat qu'il s'agit d'une charrue, vu l'ampleur de son attelage.

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http://histoire-geo-crecy.over-blog.com/article-la-vie-des-paysans-au-moyen-age-115255572.html

 

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Une araire : BnF Latin 14267, fol. 157, Décor marginal Petrus Lombardus (1095?-1160?). 1175-1200

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La suite de la charrue : l'avant-train et son timon.

 

 

Le timon repose sur un avant-train à roues, sur lequel il pivote entre deux traverses verticales. L'effort de traction des animaux s'effectue sur cet avant-train. Un "timon d'avant-train" prend la suite, et se termine par une traverse en T permettant l'attelage de la première paire de bœufs grâce à des cordages.

Ces cordages arrivent de part et d'autre de la tête des bœufs, peut-être sur un collier, bien qu'un joug ait peut-être disparu.

Ensuite, le timon se poursuit, de façon moins analysable pour moi. Il passe, par l'intermédiaire sans doute d'un très gros câble dont nous voyons les brins torsadés et le sertissage bleu-métal. Il s'articule à un joug qui accouple la deuxième paire de bœufs.

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Il faut étudier la charrue, mais aussi les hommes qui l'utilisent, et, pour cela, nous devons passer en revue les divers documents iconographiques. Outre le conducteur, les mains appuyées sur les mancherons, nous voyons parfois un guide, placé à coté des animaux qu'il dirige d'un fouet.

 


 

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La charrue peinte dans les Très Riches Heures du duc de Berry (1440), miniature du mois de mars, musée Condé, Chantilly, ms.65, f.3 :

 

http://fardoise.eklablog.com/la-revolution-technologique-du-moyen-age-1-le-monde-rural-a114630558

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http://books.openedition.org/pup/3503?lang=fr

 

 

Nicolas de Lyra, Postilles sur la Genèse, Italie, entre 1395 et 1402, Paris, BN. Ms. lat. 364, f° 9.

 

 

http://mandragore.bnf.fr/jsp/classementThema.jsp

 

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-BnF Français 598, fol. 11, Cérès . 1403. Giovanni Boccaccio, (Boccace (1313-1375). ) De Claris mulieribus, traduction anonyme en français Livre des femmes nobles et renommees par le Maître des cleres femmes (13..-14..). Enlumineur Maître du Couronnement de la Vierge.

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L'attelage à deux paires de bœufs , + un bœuf de tête.

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Un attelage est tiré soit par des chevaux (qui nécessitent une plantation d'avoine), soit, comme ici,  par des bœufs.

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La tête de l'attelage : l'accident.

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L'animal de tête (un bœuf a priori), attelé par un collier, est représenté incliné et comme soulevé tandis que ses pattes antérieures et son museau sont posés sur le bassin et le buste d'un personnage allongé, face tourné vers le haut.

Les bœufs tirent l'attelage en baisant la tête, ce qui justifie sans doute la présence d'un guide latéral ou de tête, et il est évident que celui (un valet de ferme) qui assure ce poste encoure de grands dangers. Ici, je pose l'hypothèse que l'homme a été renversé par le bœuf de tête, et qu'il a été grièvement blessé, ou qu'il a perdu la vie.

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Blochet : saint Augustin.

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Blochet de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blochet de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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DISCUSSION.
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Nous constatons le regroupement spatial  et temporel de 6 scènes de labourage sculptées sur des sablières dans le Finistère entre 1555 et 1575. Les 3 dernières sont attribuables au même artiste anonyme, désigné sous le nom de "maître de Pleyben". Les 6 paroisses sont situées en Haute-Cornouaille ou Bas-Léon, dans un rayon de 60 kms. Maps. La période correspond à l'âge d'or des Enclos Paroissiaux, âge d'or lui-même en relation avec la prospérité économique liée à la production, au tissage et et au commerce du lin et du chanvre. Les charrues sont de même type (un type qui n'a d'ailleurs connu d'évolution notable entre le Moyen-Âge et le XIXe) mais les attelages sont différents dans les 6 cas, par les animaux (chevaux ou bœufs) de trait ou par leur montage, procurant ainsi de précieuses données d'ethnologie rurale.

La raison d'être de ces scènes est, vraisemblablement, le désir des paroissiens de faire figurer leur activité et source d'enrichissement, désir accru par une émulation mimétique entre clochers.

Mais dans 3 cas (Le Tréhou, Sainte-Marie du Ménez-Hom et Pleyben), c'est un accident qui est montré, par lequel un des guides de l'attelage est écrasé par les animaux. Nous ignorons comment interpréter cela. Nous pouvons écarter l'interprétation donnée à Sainte-Marie du Ménez-Hom, certainement tardivement, et qui y voyait un miracle en lien avec le motif adjacent de cette sablière, une Fuite en Égypte. Ces trois scènes sont-elles commémoratives, soit d'un événement dramatique, soit d'une répétition locale de ce type d'accident. 

Il serait précieux de s'assurer que ce thème n'a pas été représenté ailleurs en France, sur les sablières ou sur un autre support, ou décrit dans la littérature de l'époque. 

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Récapitulatif du corpus.

a) Église du Tréhou v.1555. charrue à avant-train à roues, attelage de 2 paires de bœufs et 1 bœuf de tête, conducteur + 1 guide de tête, renversé par le bœuf.

b) Église Saint-Salomon de La Martyre (1560?).Charrue à avant-train à roues, et attelage à 2 chevaux + 2 bœufs + 2 chevaux +un maître d'attelage en tête. Pas d'accident.

L'église Saint-Salomon de La Martyre VI : les sablières (1560?).

c) église de La Roche-Maurice (vers 1560). Charrue à avant-train à roues, et attelage à 2 paires de chevaux +un maître d'attelage en tête. Pas d'accident ?.

d) Église de Bodilis. I. (Maître de Pleyben?, 1567).

Charrue à avant-train à roues, attelage à 4 chevaux. Un conducteur,1 guide de tête et un semeur en avant. Pas d'accident.

Les sablières de l'église de Bodilis. I. La scène des semailles et du labour (anonyme, 1567).

 

e) Chapelle Sainte-Marie du Ménez-Hom (Maître de Pleyben v.1575). Charrue à avant-train à roue, attelage de 4 chevaux un conducteur, 2 guides et un 3ème écrasé par l'attelage.

La charpente sculptée du collatéral nord de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom en Plomodiern par le Maître de Pleyben (vers 1575).

f) Église de Pleyben ( Maître de Pleyben vers 1571) : haut de la nef coté sud. Charrue à avant-train à roue, attelage à 2 chevaux en couple + 1 cheval de tête. Un conducteur + un guide latéral. Accident (emballement du cheval de tête et écrasement du guide.

La charpente sculptée de l'église de Pleyben (vers 1571) par le Maître de Pleyben : le chœur et le haut de la nef. Sablières et  blochets.

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La Martyre.Photo lavieb-aile.

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église de La Roche-Maurice. Photo lavieb-aile

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Sablières (1567) de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Sablières de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photo lavieb-aile.

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Sablière (vers 1571) du haut de nef, coté sud, de l'église de Pleyben.

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ANNEXE. 

Ma description de la sablières de Pleyben.

 La mort accidentelle du paysan écrasé par son propre attelage .

c) Le motif. Après avoir observé les sablières de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom (Plomodiern), il est facile de reconnaître l'épisode de la mort accidentelle du paysan écrase par son attelage, qui côtoyait, là-bas, la Fuite en Égypte.  Car la victime, étendue visage épouvanté tourné vers le ciel,  était plus facilement identifiable. Ici, c'est par analogie que l'on comprend que l'homme qui lève les bras juste derrière les chevaux a les jambes écrasées par la roue de la charrue, coincé entre le palonnier et la roue, et que son collègue assiste au drame en témoignant de son impuissance par ses bras écartés. Cet accident a peut-être été causé par l'étourderie du chef d'attelage, qui, au lieu de regarder ce qu'il fait, s'est retourné vers l'arrière pour observer dans le ciel quelque chose (mais certainement pas le blochet, qui n'appartient pas à ce récit).

L'attelage à trois chevaux  qui a été choisi associe deux chevaux de front, et le troisième devant les deux autres. Ce dernier, "qui marche dans la raie", et qui est trop éloigné pour être accessible au fouet du conducteur, n'est pas placé entre les deux chevaux noirs, mais sur le coté droit. 

Les chevaux sont attelés grâce à un collier d'épaule. Ils n'ont pas de mors.

La charrue à roue.

Les parties métalliques sont peintes en gris anthracite. La charrue se compose du "coultre tranchant" qui ouvre la terre et coupe verticalement la tranche à renverser, frayant le chemin au soc. La bande de terre est alors tranchée par l'aile du soc, qui casse les tiges, puis basculée vers la droite par le versoir. La charrue est guidée par deux mancherons (comme à Sainte-Marie-du-Ménez-Hom) ou par un seul (comme ici). Le laboureur appuie dessus pour faire pénétrer le soc. Coultre et soc sont réunis à l'age, ou perche. 

Le sillon, tranchée ouverte dans le sol par la charrue, se nomme "raie". Et on nomme "guéret" la partie non encore labourée.

 

On distingue dans l'avant-train des charrues la roue de raie et la roue de guéret . La première roulait dans la raie, la seconde sur la terre non encore fraîchement labourée, c'est-à-dire sur l'ancien guéret. 

 Il reste quelque chose à comprendre. Les trois chevaux ont au moins une patte posée sur un élément architectural polygonal grisâtre (qui n'existe pas à Plomodiern). Le cheval de tête, qui a franchi cet obstacle, s'est emballé. Le cheval noir redresse la tête et semble hennir. 

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Le chanoine Abgrall avait indiqué, dans son analyse de cette scène à Sainte-Marie-du Ménez-Hom,, placée à coté de la Fuite en Égypte,  "La tradition du pays dit que c'est la traduction d'une légende d'après laquelle ces gens, labourant leur champ, se seraient moqués de la Sainte Vierge et de saint Joseph fuyant en Égypte, et auraient été punis sur le coup et blessés par leur chevaux pris d'une terreur panique.". Mais cette explication, suscitée sans-doute a posteriori aux habitants par la proximité des deux motifs, ne tient plus à Pleyben, où la Fuite en Égypte n'est pas représentée. D'autre part, cette tradition locale n'a jamais été confirmée par une autre source. 

A défaut de comprendre avec exactitude à quel récit ou quelle fable morale fait allusion ces deux scènes, je propose d'y voir l'illustration de la "mort accidentelle", telle qu'elle peut survenir pour frapper n'importe qui, menaçant d'emporter en Enfer un paroissien  de Pleyben (en majorité des agriculteurs) s'il n'est en règle avec les exigences de l'Église. 

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SOURCES ET LIENS.

APEVE

Sablières et statues : http://www.apeve.net/spip/spip.php?article141

BASE PALISY :

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=%20Le%20Tr%e9hou&DOM=Tous&REL_SPECIFIC=3

— DUBY (Georges), 1954, La révolution agricole médiévale , Revue de géographie de Lyon  Année 1954  Volume 29  Numéro 4  pp. 361-366 

http://www.persee.fr/doc/geoca_0035-113x_1954_num_29_4_2010

"Le premier grand changement est apporté vers la fin du VIIIème siècle avec l'introduction de l'assolement triennal, en remplacement de l'assolement biennal pratiqué depuis l'Antiquité. Il fonctionne de manière collective avec l'aménagement d'un saltus – friche, terre non cultivée, réservée à l'élevage – en proximité des forêts. La terre se régénère sur une durée plus longue et est fertilisée par l'élevage. Associée à la charrue, qui apparaît vers la même période, le défrichement va connaître un essor sans précédant à la période carolingienne. Son usage est attesté dès le Ve siècle, mais c'est avec la révolution agraire qu'elle va vraiment se répandre dans toute l'Europe. Contrairement à l'araire qui ne fait que scarifier la terre, la charrue est munie d'un versoir latéral qui rejette la terre, la retournant et créant ainsi un sillon plus profond. Associée à l'utilisation du fumier, elle va permettre de réellement augmenter le rendement. Le joug réservé aux seules bêtes à cornes depuis l'Antiquité, va être adapté ainsi au cheval et l'attelage a évolué progressivement depuis la fin de l'Empire romain." (blog Les dits de Fardoise http://fardoise.eklablog.com/la-revolution-technologique-du-moyen-age-1-le-monde-rural-a114630558)

 

COUFFON (René) 1988, .

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/56a53f3ee05cfb4060f6a6fa70341225.pdf

DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe s.), Presses universitaires de Rennes, 1997 - 385 pages, pages 169, 220, 231 à 236, etc.

 

"Le corpus rend compte du grand changement qui s'opère dans l'habillement autour du second quart du XVIe siècle. Jusqu'à cette époque, les vêtements portés sont conformes aux modèles de la garde-robe bas-médiévale européenne.

Le vêtement que porte l'homme du peuple à la fin du Moyen Âge est assez stéréotypé : il s'agit presque toujours d'une chemise ou jaque à manches longues, portée assez près du corps, fermé sur le devant par de gros boutons : ces derniers sont représentés avec précision par Jean Jouhaff à Trédrez, et remplacés à Grâces-Guingamp (1506) par un système de lacets croisés. Cette chemise, en général retenue à la taille par une ceinture (à La Martyre, Plougras, Le Quillio, Trémel (Ch. De Locquéméau), entre autres exemples) où sont parfois glissés des objets  (à Clohars-Fouesnant, La Roche-Maurice, Le Quilio), est portée sur une culotte serrée ou sur des collants « bas-de-chausses ».

Plusieurs modèles de chaussures apparaissent sur les décors. A Morlaix, un homme est chaussé de bootillons noués sur la cheville par des lacets, à Loc-Envel, un autre porte des souliers ouverts retenus par une bride passée sur le coup de pied, à Guimaëc, La Martyre et Ploërmel, les personnages ont des bottes hautes, dont l'usage était sans-doute plus fréquent chez les paysans aisés.

Chapeaux, bonnets, ceintures et chaussures sont les rares accessoires représentés sur les décors, en plus de deux exceptionnelles paires de lunettes sculptées sur les sablières conservées au Musée Dobrée à Nantes, et dans l'église de Loguivy-Plougras.

La plupart des individus sont coiffés de chapeaux à bords relevés, les autres de chaperons dont l'usage semble tardif comme en témoignent les petits pêcheurs des sablières de la chapelle Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun (1554) et le laboureur de l'église de Bodilis (1567). Nous n'avons d'ailleurs pas noté de changement notable dans cette tenue « de base » parfaitement adaptée aux travaux manuels et utilisée semble-t-il sans interruption jusqu'à la fin du XVIe siècle.

Un autre type de vêtement apparaît sur les frises, dont l'emploi paraît aussi répandu que celui de la précédente tenue. Plusieurs personnages portent une tunique longue, ou robe courte, serrée à la taille par une ceinture. Quelques exemples ont été relevés sur des reliefs bas-médiévaux, et sur plusieurs sablières datées du XVIe siècle, voire plus tardives : les hommes vêtus de la sorte sont des paysans ou des laboureurs sur les poutres de La oche-Maurice, du Tréhou, de Guengatet de Magoar, et des musiciens, à Callac, Pluméliau et Cléguérec.

Alors que le vêtement populaire, la « tenue de travail », ne semble pas connaître de grands changement d'aspect jusqu'à la fin du XVIe siècle, les vêtements portés par les représentants des classes privilégiées sont, au contraire, plus variés." S. Duhem 1997 Page 233-234 :

 

ENLUMINURES : labour à la charrue ; labour et semailles

a) Sur Mandragore :

-Français 138, fol. 13, Jason semant les dents du dragon

-Français 331, fol. 106v, Jason semant les dents du dragon

-BnF Français 598, fol. 11, Cérès . 1403. Giovanni Boccaccio, (Boccace (1313-1375). ) De Claris mulieribus, traduction anonyme en français Livre des femmes nobles et renommees par le Maître des cleres femmes (13..-14..). Enlumineur Maître du Couronnement de la Vierge.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84521932/f32.item.zoom

-Français 1630, fol. 42, Renart et le laboureur

-Français 1630, fol. 42v, Renart labourant

-Français 12420, fol. 12, Cérès

-Français 12420, fol. 12, Cérès

-BnF Latin 14267, fol. 157, Décor marginal Petrus Lombardus (1095?-1160?). 1175-1200

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8541007m/f315.image

-BnF Latin 15675, fol. 3v, Massacre des serviteurs de Job

-Néerlandais 1, fol. 116v, Boèce et les paysans

 

b) sur Enluminures :

http://www.enluminures.culture.fr/public/mistral/enlumine_fr?ACTION=RETROUVER_TITLE&LEVEL=1&GRP=0&REQ=%28%28LABOUR%20A%20LA%20CHARRUE%29%20%3aSUJET%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=9&FIELD_2=SUJET&VALUE_2=LABOUR%20A%20LA%20CHARRUE&SYN=1&IMAGE_ONLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=100&DOM=All

http://www.enluminures.culture.fr/public/mistral/enlumine_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_2=SUJET&VALUE_2=%27LABOUR%20ET%20SEMAILLES%27

CORROZET (Gilles), (1510-1568) Ung laboureur son lin semoit.:

 http://www.ruedesfables.net/de-lhirondelle-des-autres-oiseaux/

— CAHIERS LORRAINS, 1994, no 1 Mars Cahiers lorrains Archéologie et ethnologie le soc d'araire gallo-romain de tarquimpol réexaminé. 

http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/43284/CL_1994_1_3.pdf?sequence=1

 

— LALAUSE(de), 1784, Cours complet d’agriculture, Hôtel Serpente, 1784 (Tome troisième, p. 51-144).

https://fr.wikisource.org/wiki/Cours_d%E2%80%99agriculture_(Rozier)/CHARRUE

 

— LE LIN COTÉ NATURE :

https://www.lelin-cotenature.fr/FR/La-Bretagne-cultive-le-passe-et-prepare-l-avenir-110.html

 

—POLGE (Henri), 1967, L'amélioration de l'attelage a-t-elle réellement fait reculer le servage ? Journal des Savants  Année 1967  1  pp. 5-42 Fait partie d'un numéro thématique : Janvier-Mars 1967

https://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1967_num_1_1_1144

"Tout charroi animal suppose en tout temps et en tout lieu :

1° une surface ou un périmètre de déplacement, exploitation agricole, carrière de marbre, cirque, rue, route x, etc. ;

2° une, deux ou plusieurs bêtes de trait, habituellement des solipèdes ou des bovidés, plus rarement des cervidés ou des caméliens, des chiens, etc. Animaux qui diffèrent entre eux par leurs aptitudes naturelles et aussi, le cas échéant, par l'idée que l'on s'en fait ;

3° un dispositif d'attelage (attache des animaux et attache du véhicule) ;

4° une, deux, trois ou quatre roues, exceptionnellement plus, et une charge plus ou moins bien disposée par rapport à elles ;

5° un, deux ou plusieurs véhicules (train) qui diffèrent de construction selon les époques et de conception selon les usages auxquels on les destine ;

6° un, deux ou plusieurs conducteurs qui ont pour mission de stimuler, de guider, de freiner et d'arrêter le véhicule, soit qu'ils marchent à côté (petites vitesses), soit qu'ils se fassent porter (plus grandes vitesses) ;

7° un dispositif de freinage permettant d'agir soit sur les bêtes de trait, soit sur la voiture, soit sur les deux à la fois ;

8° éventuellement des accessoires divers, actifs (comme un tortoir) ou passifs (comme un marche-pied, un porte-fainéant, un siège, etc.).

Pour tendre les traits, le bœuf baisse la tête ; s'il sent une résistance accrue, il appelle sur son avant-train la majeure partie de sa masse tandis que son train postérieur ne sert qu'à donner au corps l'impulsion progressive (en marche arrière il est mal à l'aise) ; au contraire le cheval emploie sa force musculaire à s'appuyer plus ou moins fortement sur la bricole ou le collier au point qu'il tombe en avant si les traits viennent à se rompre. Il s'appuie sur les pieds de devant, mais plus fortement encore sur ceux de derrière, si bien qu'à la limite de son effort les pieds de devant touchent à peine le sol et qu'il a tendance à se cabrer. Donc le joug pour le bœuf et le collier d'épaules pour le cheval semblent les instruments de tirage les mieux conditionnés.

En longueur un attelage trop étiré vire difficilement, surtout en montée, où les animaux intermédiaires, entre la tête et la queue, risquent d'être déportés sur la corde, tandis qu'en descente, sauf frein efficace agissant sur le véhicule, les bêtes de timon peuvent être amenées à bousculer les bêtes de volée "

 

TRÉPOS (Pierre), 1961, Enquêtes sur le vocabulaire breton de la ferme , Annales de Bretagne  Année 1961  Volume 68  Numéro 4  pp. 601-698

http://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1961_num_68_4_2141

 

— SOBRADO CORREA (Hortensio), 2004 " La fertilisation des terres dans la Galice de l’Ancien Régime (xviie-xixe siècle)"

https://www.cairn.info/revue-histoire-et-societes-rurales-2004-1-page-39.htm

—— WIKIPEDIA Le Tréhou

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Tr%C3%A9hou

 

https://en.wikipedia.org/wiki/Le_Tr%C3%A9hou_Parish_close

Le Tréhou est situé dans le centre nord du département du Finistère, à l'ouest des Monts d'Arrée ; les altitudes les plus élevées se trouvent dans la partie sud-est du finage communal, atteignant 172 mètres à l'est-nord-est de Bodénan, mais descendant jusqu'à 36 mètres dans la partie aval de la vallée du fleuve côtier la Mignonne (ce cours d'eau limite au nord la commune), à l'ouest de la commune ; le bourg est vers 97 mètres d'altitude. Les vallées de la Mignonne et de plusieurs de ses petits affluents de rive gauche, notamment le ruisseau du Moulin du Pont, qui ont leur source pour la plupart dans la commune, encaissées, échancrent assez profondément le territoire communal qui est très vallonné.

Le paysage rural est traditionnellement bocager avec un habitat dispersé en hameaux et fermes isolées.

Le nom de la commune apparaît au xive siècle. Le Tréhou est probablement issu du morcellement de la paroisse de Ploudiry. Le nom de la localité est attesté sous les formes Treffou vers 1330, Trevou en 1363, Treffvou en 1446, Treffou en 1467 et 1618, Treffuou en 1481 et Le Treffvou en 1521. Le Tréhou vient du breton trevou (« la paroisse »)

La paroisse du Tréhou faisait partie de l'archidiaconé de Léon relevant de l'évêché de Léon et était sous le vocable de Sainte-Pitère, sous le patronage de Sainte Piterre. Elle avait comme trèves Tréflévénez érigée en paroisse en 1801 et Tréveur (ou Trévéreur), qu'elle a absorbée.

La culture du lin a été pendant longtemps la richesse du pays. Ce sont les juloded, paysans-marchands, producteurs du lin, qui dirigeaient la commune. Le Tréhou était au XVIIIe siècle au cœur de la zone toilière du Léon consacrée à la culture et à la transformation du lin et du chanvre : 27 kanndi y ont été dénombrés à ce jour ; selon les inventaires après décès la fréquence des métiers à tisser y était de 141,3 pour 100 inventaires, même si le lin n'y était apparemment assez peu cultivé et devait être souvent acheté ailleurs. Parmi les paysans-marchands, Guillaume Le Sanquer, de Leslurun, dont la fortune s'élève lors de son décès en 1727 à 23 738 livres selon son inventaire après décès ; celle d'un homonyme, décédé en 1733, s'élève à 27 788 livres et il donnait du travail à plusieurs tisserands.

 Repérable dès le XVe siècle, cette zone connaît son apogée au début des années 1680. Aux XVIe et XVIIIe siècles, époque des grands commerces entre la Bretagne et l’Angleterre, la Hollande, l’Espagne et l’Amérique latine, alors que toutes les voiles des bateaux sont tissées en lin et en chanvre, les toiles crées, fabriquées dans le Haut-Léon, vont bénéficier d’un quasi-monopole sur le marché européen, créant ainsi une prospérité sans égale. Elle est le fait d’une petite caste de paysans-négociants, les juloded en breton, qui commercialisent leurs toiles essentiellement vers l’Angleterre via les ports de Morlaix principalement et de Landerneau. Par exemple en 1743, Morlaix reçoit 34 197 pièces de 100 aunes (soit 122 mètres) et Landerneau 10 027 ; en 1788, Morlaix en reçoit 18555 et Landerneau 2356.

Ils exploitent aussi des fermes dont la taille moyenne est de 15 à 40 ha alors que celle des autres paysans est alors, par exemple à Ploudiry, de 7 à 8 ha.

« La quasi-totalité de la production toilière est le fait de tisserands ruraux, et surtout de paysans-tisserands. Ceux-ci venaient prendre livraison du fil chez leur paysan-marchand, et ils revenaient quelques semaines plus tard rapporter leur pièce de toile. Il fallait environ un mois pour fabriquer une pièce de 122 mètres. En 1788, la zone toilière du Léon comptait un peu plus de 400 paysans-marchands et quelque 3 000 métiers à tisser (...) [Cette zone toilière] fabrique annuellement 80 000 pièces de toile de lin, soit près de 10 000 kilomètres. »

 Les marchands toiliers constituent alors l’élite sociale de la région : les "julots" (en breton juloded), à l’imitation des marchands hollandais de Morlaix, les "Julius". Implantés uniquement dans le Léon méridional ou Haut-Léon, proche des Monts d'Arrée, cette aristocratie paysanne (on parle parfois de "demi-nobles"), pratiquaient une véritable caste à très forte endogamie et jouèrent un rôle important lors de la « Renaissance bretonne », construisant églises avec un riche mobilier, calvaires et enclos paroissiaux, y compris à Plounéour-Ménez, même si ceux de certaines paroisses voisines sont plus célèbres. Ce sont ces juloded enrichis qui ont financé la construction et la réalisation des enclos paroissiaux du Léon, manifestation la plus visible de leur prospérité.

— WIKIPEDIA : article "Julod"

https://fr.wikipedia.org/wiki/Julod

"Le lin est en Bretagne une culture de printemps, semé traditionnellement aux alentours de la Saint-Georges (23 avril) ; il fleurit aux environs de la Saint-Pierre (sa fleur, couleur bleu lavande, ne dure guère plus d'une journée) et il est prêt à être récolté vers le 14 juillet. C'est une plante qui a besoin de beaucoup d'eau pour croître et qui aime des terres légèrement acides.

1ere année sarrazin semé en juin et récolté en septembre, 2ème année seigle ou froment semé en octobre ou novembre, 3ème année avoine

Dans le Léon, au Nord-Finistère, on peut toujours découvrir des maisons buanderies (ou kanndis) qui permettaient de blanchir les écheveaux de fils de lin. Il s'agissait de petites bâtisses en matériaux locaux, schistes ou granites. Elles comportaient un bassin alimenté en eau par un ruisseau et destiné à rincer le fil blanchi. Le blanchiment du fil de lin s'opérait avec de la cendre de hêtre, dans une cuve alimentée par de l'eau chauffée à la cheminée.
Environ 50 kanndis ont été retrouvés dans le pays de Landerneau- Daoulas et certains font l’objet d’un projet de restauration.

Dans les Côtes d'Armor, de nombreux villages recèlent encore des routoirs, bassins en pierre où l'on faisait rouir le lin. Ils étaient sur le trajet d'un cours d'eau et le rouissage avait lieu à ciel ouvert. Des pierres posées sur des planches permettaient de maintenir le lin immergé. Une quinzaine de jours suffisaient pour séparer les éléments fibreux et ligneux de la plante par dissolution de la pectine.
Au 19ème siècle, près de 3000 routoirs ont été dénombrés dans la région de Lannion. Depuis 2012, l'office de tourisme de la presqu'île de Lézardrieux propose des randonnées pédestres sur une boucle de 21 routoirs à lin.

Les musées présentent également de nombreux objets liés au lin: peignes à égrener le lin, brayes à lin pour broyer manuellement les tiges, broyeurs mécaniques ou moulins flamands, rouets, métiers à tisser, presses à lin, armoires à deux battants pour conserver les biens précieux de la maison dont certaines pièces de lin.
Un patrimoine bâti est toujours présent et témoigne d'un passé actif. On peut ainsi voir dans le Trégor des moulins à teiller le long des principaux cours d'eau: le Léguer, le Jaudy, le Trieux...
Enfin, le commerce des toiles a enrichi des négociants qui ont construit de belles demeures et  contribué à la richesse du patrimoine religieux: chapelles, églises, enclos paroissiaux."

 

WIKI-BREST : Histoire de la culture du lin dans le Pays de Landerneau

http://www.wiki-brest.net/index.php/Histoire_de_la_culture_du_lin_dans_le_Pays_de_Landerneau

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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