Le porche de Guimiliau : les Apôtres (8 statues en kersanton par le Maître de Plougastel en 1606 et Roland Doré en 1624, et 4 en bois, XVIIIe).
Voir sur Guimiliau :
- Les sablières de l'église de Guimiliau.
- Les huit Sibylles de l'église de Guimiliau (Finistère).
- La maîtresse-vitre de l'église de Guimiliau.
- Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. I.
- Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. II.
- L'enclos paroissial de Guimiliau. I. La bannière Le Minor par Pierre Toulhoat (1992).
Voir sur les porches de Basse-Bretagne (ordre chronologique):
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La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. III. Le Porche des Apôtres. (1423-1433)
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L'église Notre-Dame de Rumengol . III. Le porche sud (vers 1468). et ses apôtres.
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L'église Saint-Salomon de La Martyre. I. L'Arc de Triomphe et le Porche sud. (1450-1468). Et ses apôtres.
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Les peintures de la voûte du porche de l'église de La Martyre.
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L'enclos paroissial de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou IV. Le porche sud : les Apôtres (1481).
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Avec du citron ! Les poissons du porche sud de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. (1509)
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Le portail sud de l'église de La Roche-Maurice. (vers 1530-1550, kersanton, atelier Prigent ?)
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Le porche de l'église de Landivisiau. I. L'extérieur. (1554-1565)
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Le porche (1554-1559) de l'église de Landivisiau. II. La grande arcade extérieure (1554-1565).
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Le porche de l'église de Landivisiau III. Les apôtres et leur dais.(1554-1565)
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Le porche de l'église de Landivisiau VII. L'arcade intérieure et son tympan.(1554-1565)
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L'enclos paroissial de Pencran I. Les crossettes du porche (1553).
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L'église de Guipavas III : les Apôtres du porche nord (1563).
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Sculpture sur pierre de l'Abbaye de Daoulas. I. Le Porche aux Apôtres (1566).
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Les sculptures de pierre de l'église de Bodilis . I. Le portail intérieur (1570) du porche sud.
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Les termes (cariatide et atlante) de Lanhouarneau. porche sud (1584-1588) de l'église Saint-Hervé..
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L'église de Goulven VI. Le porche gothique et le porche aux apôtres. (v.1593)
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Les sculptures de pierre de l'église de Bodilis . II. Le décor de l'intérieur du porche sud (1601).
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La chapelle Saint-Tugen de Primelin : les statues en kersanton. de saint Tugen, des Apôtres et des quatre évangélistes (Maître de Plougastel , début XVIIe).
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Les navires sculptés (v. 1528) de la façade occidentale de l'église de Confort-Meilars. Ses 13 statues d'apôtres en kersanton (Maître de Plougastel, v.1588-1602).
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Le porche sud et la porte sud de l'église Saint-Houardon de Landerneau. 1604
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Les modillons et les bases de colonnes du porche intérieur de Guimiliau. (1606)
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Le porche de Trémaouezan et ses apôtres (1610-1623)
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Les Apôtres du porche sud de l'église de Plomodiern. (1624-1626).
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Porche de Gouesnou (1642)
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Porche de Commana (1645)
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Porche de Locmélar (1664)
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Le porche sud de l'église de Ploudiry. (1665, Jean Le Bescont)
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L'enclos paroissial de Brasparts. I. La Démone tentatrice du porche sud.
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L'Annonciation du tympan de la chapelle de Quilinen (Landrévarzec) ...et son double.
PRÉSENTATION.
Sous le porche de Guimiliau, l'ordre habituel de succession des apôtres, qui suit celui du Credo des apôtres, n'est pas respecté, puisque nous devrions avoir Pierre, André, Jacques, Jean, Thomas, Jacques le mineur, Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Jude, Mathias, malgré des variantes après saint Jean. D'autre part, les articles du Credo peints sur les phylactères que tiennent les apôtres sont soit effacés, soit repeints à une période récente.
Les apôtres s'ordonnent par six de part et d'autre du passage des fidèles sous le porche voûté, sous la statue du Christ Sauveur. Chaque apôtre prend place dans une niche à colonnes ioniques et à dais à découpes flamboyantes et voûte à petite clef pendante. Ces niches conservent leur polychromie ocre rouge, mais les statues en pierre ont perdu leurs couleurs, sauf le phylactère qui a été repeint en voilet.
Le Maître de Plougastel a réalisé, à part les deux statues de Pierre et de Jean de cette série, toute la décoration du porche, aidé de son assistant ou "valet : les termes gainés, le bénitier, les modillons et bases de colonne, et les bas-relief dont la scène du saint Yves en exorciste.
- Les termes gainés (cariatide et atlante) de l'intérieur du porche sud (1606) de l'église de Guimiliau. Atelier du Maître de Plougastel, kersanton.
- Le bénitier (kersanton, traces de polychromie, Maître de Plougastel, v.1606) du porche sud de Guimiliau, son ange aux goupillons et ses termes gainés.
- Le porche de Guimiliau. Saint Yves exorciste et thaumaturge (kersanton, , traces de polychromie, 1606, Valet du Maître de Plougastel).
Puis Roland Doré a poursuivi le chantier, et a réalisé les statues de six autres apôtres, tous du côté ouest : Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Jude et Thomas, après avoir exécuté les statues des niches extérieures.
Rappel :
Roland Doré, excellent sculpteur de la pierre de kersanton, installé à Landerneau, a sculpté 52 apôtres pour les diocèses de Léon et de Tréguier, et seules deux séries sont complètes, celles de Pleyber-Christ et celle de Plestin-les-Grèves.
Roland Doré (actif de 1618 à 1663) a d'abord travaillé , sans doute comme compagnon de l'atelier du Maître de Plougastel (1570-1621), en 1622 à Saint-Thégonnec pour la croix de Coslen, puis, reprenant un chantier du Maître de Plougastel, il prend le titre de maître à Hanvec en 1621-1622 dans un acte de réparation de la croix du cimetière. Il atteint la maturité de son style lorsqu'il réalise le porche de Guimilau en 1624 (le chantier avait été débuté en 1606 par le Maître de Plougastel).
Les autres statues, dont on peut penser qu'elles sont plus tardives, se trouvent à :
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Pleyber-Christ : 12 statues de 0,98 à 1 m de haut, 27 cm de large et 23 cm de profondeur. Roland Doré a aussi réalisé une décollation de saint Pierre au fronton intérieur du porche.
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Plestin-les-Grèves : 12 statues de 1,18 à 1,22 m de haut, (et les statues de l'extérieur, un saint Yves et une Marie-Madeleine)
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Trémaouézan : 11 statues de 1,60 m de haut. Celles de saint Pierre a été réalisée par le Maître de Plougastel en 1633 sous le rectorat d'Hervé Fily qui signe de ses initiales séparées par un calice sur un blason. Roland Doré a aussi réalisé une Vierge à l'Enfant pour une niche centrale du porche.
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Le Tréhou : 4 statues de 0,80 cm, des apôtres Pierre, Jean, André et Thomas, ainsi qu'une statue du Christ Sauveur.
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Saint-Thégonnec (1625, 1632 et 1635) : 3 apôtres Jean, Jacques le Majeur et Thomas (Pierre par le Maître de Plougastel). Roland Doré a aussi réalisé une Annonciation et Jean l'évangéliste à l'extérieur du porche.
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Pleyben (Vers 1642) : Jean et Jacques le Majeur.
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Plougourvest : Jacques le Majeur. Roland Doré a aussi réalisé un Christ Sauveur au dessus de la porte d'entrée et une Vierge à l'Enfant à l'extérieur du porche.
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Landerneau église Saint-Houardon : saint Matthieu.
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Le côté droit du porche.
1. Saint Pierre
2. Saint Jacques le Majeur
3. Saint Jean
4. Saint André.
5. Saint Mathias.
6. Saint Jacques le Mineur.
1. Saint Pierre , kersanton, Maître de Plougastel, 1606.
Inscription du socle : A : GO.
2. Saint Jacques, bois, XVIIIe.
3. Saint Jean, kersanton, Maître de Plougastel, 1606.
Visage imberbe, cheveux taillés mi-longs. Il tient la coupe du poison qu'il bénit de sa main droite. Quatre boutons ronds sur patte. Ceinture plate nouée.
Présence d'un écusson aux armoiries peintes effacées, celles d'un prêtre, voire d'un noble.
4. Saint André et sa croix en X, bois, XVIIIe.
5. saint Mathias, bois, XVIIIe.
Attribut (avec un manche rond tenu en pleine paume) perdu.
6. Saint Jacques le Mineur et son bâton de foulon, bois, XVIIIe.
Le côté ouest (ou côté gauche en entrant dans l'église).
7. Saint Philippe.
8. Saint Barthélémy.
9. Saint Matthieu.
10. Saint Simon
11. Saint Jude.
12. Saint Thomas.
7. Saint Philippe et sa croix. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription S.F (saint Philippe ?) sur le socle.
Grand manteau enveloppant à doubles plis centraux en zig-zag. Phylactère en diagonale. Philippe tient une croix courte en main droite, différente de la croix à longue hampe habituelle dans l'iconographie.
8. Saint Barthélémy et son couteau à dépecer. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle S.B ( initiales du saint ?).
Pupilles creusées. Robe à six boutons ronds. Manteau tombant droit sur les épaules, le pan droit faisant retour vers le poignet gauche.
9. Saint Matthieu et sa hache. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle S.MA.
Pupilles creusées. Barbe peignée. Robe à cinq boutons ronds sur boutonnière en patte ronde, et à ceinture déterminant de nombreux plis serrés en dessous. Pans du manteau réunis sous la gorge par un bouton, le pan gauche faisant retour vers le poignet droit.
10. Saint Simon et sa scie. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle S.S
Pupilles creusées. Robe sans bouton serrée par une ceinture plate. La scie est longue, à double poignée arrondie.
11. Saint Jude . Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle S.I pour saint Iude.
Pupilles creusées. Robe à cinq boutons ronds. Manteau à pans trapézoïdaux à plis bouillonnants.
12. Saint Thomas et son équerre. Kersanton, Roland Doré, 1624.
Inscription du socle : S. M., initiales d'un donateur, d'un fabricien ou prêtre, "à moins que ce soit une confusion pour saint Matthieu, comme on le voit aussi pour Thomas au Tréhou" (E. Le Seac'h p. 227)
Pupilles creusées. Robe à cinq boutons ronds.
Quelques dais à masques de personnages.
SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie), 1883, L'église de Guimiliau, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère.
https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1883_0145_0161.html
— ABGRALL (Jean-Marie), 1912, Notice sur Guimiliau, BDHA
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/afef0cf82b371a72f35a42200cb9a127.pdf
— ABGRALL (Jean-Marie) 1924, L'église de Guimiliau, porche, calvaire, ossuaire, (Brest 1906, Morlaix, 1924 et 1935)
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/4c94b42ee1cf842a818f30319dac78c2.pdf
— CASTEL (Yves-Pascal), TUGORES (M.M), 1984, Landerneau, patrimoine artistique et culturel. Edité par la municipalité de Landerneau
https://bibliotheque.idbe.bzh/data/cle_190/landerneau__patrimoine__artistique__et__culturel.pdf
— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du XVIIè siècle) , Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Pages 97 à 156.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1996, Du nouveau sur Roland Doré
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/52e804fd7d01573ff17156ea10bcef19.jpg
— CASTEL in DANIEL, (Françoise), 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux : [exposition, Morlaix, Musée des Jacobins, juillet 1988] / [exposition conçue et réalisée par Françoise Daniel] Jacobins, juillet 1988] 1 vol. (56 p.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm D'après les travaux d'Yves-Pascal CASTEL .
http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_233/roland__dore__et__les_enclos__paroissiaux.pdf
"Doré s'est forgé un style si reconnaissable que certains amateurs se refusent à y déceler ces variations, subtiles mais réelles, qui font d'un simple praticien un artiste véritable qui s'attache à renouveler sa manière.
Les anatomies des personnages se cachent sous des étoffes lourdes, les mains sont stylisées, les pieds nus dépassant la tombée des plis des tuniques se réduisent à un rang de billes inégales... Tout cela pourrait faire illusion sur le talent de l'artiste encore que nous le verrons, on repère des exceptions.
Mais il y a les visages !
Fronts bombés, lisses ou creusés de rides, selon l'âge ou le sexe des personnages, ligne des arcades sourcilières larges et franches, pommettes pleines et arrondies, un visage de Doré se reconnaît presque toujours.
Les yeux, où se réfugient la manière et les intentions de l'artiste, tout comme ses manies et ses tics, sont particulièrement typés. Les paupières en amande ont le sillon palpébral toujours indiqué. En ceci, Doré se démarque franchement du maître du calvaire de Plougastel-Daoulas, qui , supprimant tout sillon, donne toute l'importance au globe oculaire. Au contraire, dans une option naturaliste
, Doré concentre l'intérêt sur l'iris. Il marque la pupille d'un creux expressif, dont la direction invite le regard de l'observateur à une mobilité qui participe à la vie de ces faces minérales.
Le sillon naso-labial est creusé, plus ou moins, s'articulant sur des lèvres relativement fines.
L'étonnant, dans ce traitement des visages, est qu'il contraste, mis à part les traits incisifs des chevelures et des barbes, avec l'agencement des drapés des vêtements et de leurs plis.
Des étoffes opaques qui masquent les corps, nous l'avons dit, dissimulant les anatomies, en quoi Doré s'engage dans un hiératisme qui l'éloigne du style de l'époque dans laquelle il s'insère. Encore que certaines grandes pièces, telle la Vierge de l'Annonciation de Saint-Thégonnec, invitent à tempérer ce jugement.
Les drapés, calmes et amples, se déploient en pans sculpturaux soulignant la majesté des volumes, tels ceux de la Madeleine du groupe de Notre-Dame-de Pitié si fascinant de Senven-Lehart.
Si les drapés sont stylisés, l'origine de leurs plis n'en demeure pas moins naturelle, structurant, en les animant tout à la fois, les silhouettes. Les plis, formés sur des étoffes épaisses et fermes, captent avec vigueur les ombres d'une sculpture destinée à vivre en plein vent, plus qu'à habiller des corps qui se font oublier.
Plis en becs caractéristiques sur les flancs des blocs sculptés. Plis en volutes, simples ou composés, aux lisières latérales. Plis en volutes simples à queue d'aronde, à étages et bouillonnants dans les pans des manteaux rebrassés. Plis couchés et repassés se chevauchant les uns les autres. Plis en accordéon, sur les manches ajustées. Plis en éventail sur les bras qui portent le manteau."
— COUFFON, René, 1961, L'évolution de la statuaire en Bretagne après la guerre de succession du Duché - In: Mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 97 (1961) p. 1-16
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Guimiliau, Extrait de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/c5585b77d35c16ac2fe4dc3004e36d8f.pdf
— DEBIDOUR (Victor-Henry), 1953, La sculpture bretonne: étude d'iconographie religieuse populaire, Plihon, 1953 - 245 pages, page 208.
— LE GUENNEC (Louis), Morlaix et sa région. page 268
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut.
— NANTEUIL (Alfred DE LA BARRE DE ), 1914, Guimiliau (S.F.A. - C.A. 1914) Non consulté.
— POP Plateforme ouverte du Patrimoine
https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000345
— POTIER DE COURCY (Pol), 1864, De Rennes à Brest et à Saint-Malo: itinéraire historique et descriptif; L. Hachette et Cie, page 283
https://books.google.fr/books?id=3ueE6p-q1AYC&dq=guengat+kergorlay+guimiliau&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
— WIKIPEDIA
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:D%C3%A9tail_porche_entr%C3%A9e_%C3%A9glise_Ap%C3%B4tres_Guimiliau_Finist%C3%A8re_France3.JPG