Le porche de l'église de Lampaul-Guimiliau II : les quinze anges.
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Sur Lampaul-Guimiliau : l'intérieur de l'église :
L'extérieur de l'enclos :
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Les crossettes et gargouilles (granite, 1602-1667) de l'église et de l'ossuaire de Lampaul-Guimilau.
Sur les porches :
- L'église Notre-Dame de Rumengol . III. Le porche sud (vers 1468).
- L'église Saint-Salomon de La Martyre. III. Les bénitiers.
- L'enclos paroissial de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou IV. Le porche sud : les Apôtres (1481).
Rappel chronologie et attribution de quelques porches du Finistère :
Premier atelier ducal du Folgoët :
- Notre-Dame du Folgoët, porche occidental : 1423
- Notre-Dame du Folgoët, porche sud : 1423-1433
- Quimper, cathédrale : 1424-1442
- Saint-Pol-de-Léon, Kreisker : 1436-1472
- Châteauneuf du Faou : Notre-Dame-des-Portes : 1436-1472
- Kernascleden : 1433-1463
- Le Faouët, chapelle Saint-Fiacre : 1450
- Quimperlé, porche nord : 1420-1450
- La Martyre porche sud : 1450-1468
- Le Faou, Rumengol, porche sud : 1468.
Deuxième atelier ducal du Folgoët :
- Plourach, porche sud : 1458-1488
- Plonevez-du-Faou, Saint-Hernot porche sud : apôtres 1481/porche 1498-1509
Atelier des frères Prigent à Landerneau :
- Pencran, porche sud : 1553
- Landivisiau, porche sud : 1554-1565
- Guipavas, porche nord : 1563
Maître de Plougastel :
- Bodilis, 1601
- Guimiliau, 1606-1617
non attribué :
- Landerneau , Saint Houardon (1604)
- Guimiliau (1606-1617)
- Gouesnou (1640-1664)
Roland Doré (1618-1663) :
- Guimiliau, apôtres
- Pleyber-Christ, apôtres
- Plestin-les-Grèves, apôtres
- Trémaouezan (1610-1623), apôtres
- Le Tréhou, apôtres;
Jacques Mazé :
- Plouneventer, apôtres 1679
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"Lampaul-Guimiliau. C'est par le porche et l'angle Ouest du bas-côté Sud qu'on a commencé cette reconstruction, remontant à 1533, Là, l'ornementation et la structure sont encore absolument gothiques, avec quelques mélanges cependant de détails indiquant l'influence de la Renaissance. Ce porche, comme la plupart de ceux de la contrée datant de la même époque, semble avoir été préparé en carrière ou dans les ateliers d'un tailleur de pierre et imagier, du moins pour ce qui regarde toutes les parties sculptées en kersanton, comme l'indiquent les marques d'appareilleurs gravées sur ces pierres, pour leur mise en place." (Abgrall 1891)
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Datation : antérieure ou égale à 1533.
Attribution : non établie.
L'atelier en activité dans la région vers 1533 est celui des frères Prigent, à Landerneau, auteurs des statues du lanternon et de la partie haute du porche de Lampaul-Guimiliau, mais Emmanuelle Le Seac'h précise que si "les Apôtres de l'intérieur du porche et les trois statues au dessus des portes jumelles ne sont pas de l'atelier", néanmoins "on peut se demander si il n'a pas réalisé aussi l'arc d'entrée du porche".
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LE PORCHE EXTÉRIEUR.
"La grande entrée consiste en une arcade composée de moulures prismatiques séparées par des gorges profondes, lesquelles gorges sont tapissées de feuilles découpées, chardons, choux frisés et pampres de vignes. Les tiges de ces plantes sortent, comme dans les autres œuvres analogues, de la gueule de monstres variés : sourds, lézards, dragons ailés." (Abgrall 1891)
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Moulure (kersanton) du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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A. LES DEUX ANGES DES CONTREFORTS .
"Deux contreforts, posés sur les angles, accostent cette arcade, et sur les faces intérieures de chacun sont deux petits anges tenant une banderole avec ces légendes en caractères gothiques : Bonnes gens qui ycy passez priez Dieu pour les trépassés. Benedictus qui venit in nomine Domini. "(Abgrall, 1891).
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1°) L'ange de droite :
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B[E]NEDICT[US] QUI VE[N]IT
IN NO[M]I [N]E D[OMI]NI
Les lettres entre crochets correspondent aux tildes, ces tirets horizontaux suscrits. Le -US final de BENEDICTUS est abrégé par le signe 9.
Traduction : "Béni soit celui qui vient an nom du Seigneur." Il s'agit du verset 26 du psaume 117, chanté en grégorien et présent dans les antiphonaires les plus anciens. Il appartient au texte du Sanctus, après les mots Hosanna in excelsis, et il reprend l'acclamation des rameaux dans l'évangile de Mathieu Mt 21:9
https://gregorien.info/chant/id/1093/2/fr
Dans l'esprit des paroissiens de l'époque, elle s'associe naturellement et indissociablement au chant, à la liturgie, mais aussi aux anges qui sont souvent représentés entonnant le Sanctus en l'honneur de Dieu.
Placée à l'entrée du sanctuaire, elle devient une formule d'accueil des fidèles.
Son écriture en minuscules gothiques aux fûts droits réguliers à brefs empattements en losange, aux hampes non bifides sans ornementation la rapproche de la textura quadrata, ce qui est cohérent avec le style gothique du porche souligné par Abgrall.
Le visage de l'ange est très rond, la tête est inclinée, la bouche est petite, les cheveux sont longs et bouclés. Il porte une aube qui descend sur les pieds, lesquels sont chaussé. Un surplis recouvre l'aube. L'amict se replie en un boudin circulaire, avec un créneau sous le menton.
La main droite inoccupée est placée sur la poitrine, à la manière des enfants de chœur thuriféraires, tandis que la main gauche tient le phylactère.
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Ange (kersanton) du contrefort droit du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Ange (kersanton) du contrefort droit du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Ange (kersanton) du contrefort droit du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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2°) L'ange de gauche .
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La tête a été brisée ; l'habit est le même, quoique l'amict ne soit plus roulé sous le cou. La main qui ne tient pas la banderole est levée en signe de salutation.
Curieusement, l'écriture est bien différente de celle du premier ange : elle est gothique, à fûts droits, mais elle fait usage du deux-points de séparation des mots, et l'extrémité de certains jambages est bifide, tandis que le jambage des Y s'enroule ce qui donne une allure plus contournée, et plus ancienne que la précédente. .
L'inscription dit :
BONES : GENZ : QUE : YCY : PASSEZ
PRIEZ : DIEU : POUR : LEs : TREPASSEZ
"Bones gens qui ycy passez, priez Dieu pour les trépasséz"
Le premier N ne porte pas de tilde, l'orthographe est donc Bones et non Bonnes.
Ce distique rimé est fréquemment rapporté, sous des formes proches, mais, — et c'est cela qui est ici singulier — toujours sur un ossuaire, un cimetière ou dans le cadre d'une épitaphe. Je ne résiste pas à débuter par cet exemple tiré des Reflexions sur les grands hommes qui sont morts en plaisantant d'Andre Francois Boureau Deslandes :
"Bonnes gens, qui par cy passez
Priez Dieu pour les Trépasses :
Bonnes gens qui passez par icy,
Priez pour ce pauvre homme-cy :
Qui par cy passsez, bonnes genz,
A prier soyez diligens
Pour le pauvre frère GREGOIRE
Qui ne mourut que de trop boire."
Mais nos bons auteurs rapportent l'existence de ce distique sur les ossuaires de Trémaouezan et de Ploudiry. Je citerai d'abord cet extrait :
"Cette inscription était la plus répandue sur les ossuaires tant de Bretagne que du reste de la France. Elle se lisait notamment sur la porte d’entrée du cimetière de Montfort l’Amaury, qui possédait deux très curieux charniers convertis en galeries (plusieurs crânes, formant métopes, sont encore encastrés entre les arceaux des piliers). À l’aide des quelques lettres qui en subsistent, M. A. de Dion l’a ainsi restituée :
Vous tous qui icy passez
Priez Dieu pour les trépassez.
Ce que êtes ils ont étez ;
Ce que sont un jour serez. " Charles Le Goffic, 1908, L’Âme bretonne Honoré Champion (série 2, p. 120-132).
Alfred Lebars dans Les ossuaires bretons, signale cet exemple à Sizun :
VOUS NOS ANFENS QUI PAR ICY PASSES
SOUVENEZ VOUS QUE NOUS SOMMES TREPASSES
HIRIO DIME VARHOAS DIDE (aujourd'hui à moi, demain à toi)
Il ajoute :
"Il subsiste de l'ossuaire Saint-Melaine de Morlaix une plaque en pierre de Locquirec dont l'inscription gothique maintenant en grande partie illisible était ainsi conçue :
BONES GENS QUI PAR ILLEC PASSES
PRIES DIEU POUR LES TREPASSES.
L'ossuaire de la cathédrale de Quimper, détruit vers 1842, comportait une inscription du même genre :
VOUS QUI PAR ILLECQUES PASSEZ
SOUVENEZ VOUS QUE NOUS SOMMES TREPASSES
Des inscriptions à peu près semblables rappelant l'idée de la mort, de la prière pour les trépassés, se lisaient autrefois sur l'ossuaire de Marville (Meuse), ; à Monfort-l'Amaury (Seine-et-Oise), au cimetière des Innocents et à la porte de celui de Saint-Séverin à Paris ; à l'entrée du grand canal d'Orléans ; contre le mur extérieur de l'église de Beauval (Somme) et sans doute dans les cimetières de la plupart des régions de France."
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On trouve encore :
Bonnes gens, qui en ce moustier
venez chascun jour pour prier
Pour Dieu, ne vueillez oublier les Trepassez.
Cet exemple est cité par A de la Borderie (L'Imprimerie en Bretagne), comme tiré de Les Loys des Trepassés, Bréant-Loudéac, 1484-1485, mais je ne le retrouve pas dans l'exemplaire de la Bnf
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1511301d/f15.image
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Ange (kersanton) du contrefort gauche du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Ange (kersanton) du contrefort gauche du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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L'INTÉRIEUR DU PORCHE.
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À l'intérieur du porche, vous pouvez organiser pour les groupes scolaires ou du troisième âge un concours : dix points pour chaque ange trouvé ! J'ai ainsi gagné 130 points.
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B. LES ANGES DE LA FRISE DES CULOTS SOUS LES APÔTRES DU PORCHE.
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À l'intérieur du porche, les statues des douze apôtres sont disposées de chaque coté sur des culots dont un sur deux est sculpté d'un ange tenant une banderole, l'autre étant sculpté d'un chou frisé. Si j'ai bien compté, cela nous donne six anges, trois de chaque coté.
Ces banderoles portaient jadis des inscriptions, du temps où tout cela était peint de belles couleurs.
Je les décrirai en partant de saint Pierre (à droite près de la porte d'entrée) et en tournant comme si j'étais l'aiguille de quelque montre posée au sol, vers la voûte.
Ils sont chacun différents par la posture, par la prise manuelle des parchemins, etc.
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Ange n°1. sous saint Pierre.
Il tient sa banderole par les pouces entre ses deux bras étendus.
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Ange (kersanton) des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Ange des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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Ange n°2 sous saint Philippe tenant sa croix.
Une demi-colonne l'oblige à ne dérouler le rouleau que vers sa droite.
Ses cheveux sont bouclés non seulement en deux volutes sous les oreilles, comme les autres, mais en vaguelettes. Sa tunique est bouffante au dessus d'une ceinture.
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Ange des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Ange des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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Au passage : un beau chou frisé.
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Culot des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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Ange n°3, levant la main gauche sous saint Jacques le Mineur.
Il est placé à l'entrée du porche, et il accueille les fidèles par ce signe. Il tient le phylactère entre le pouce, écarté, et l'index et le majeur. Ses cheveux frisés forment une suite de petits macarons, jusqu'à l'alsacienne finale.
L'amict forme, comme l'ange du contrefort droit, un créneau sous le menton. Il existe dans tous ces anges un détail ou un autre qui les relient et nous permet d'affirmer qu'ils sortent du même atelier.
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Ange des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Ange des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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Les anges du coté gauche.
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Ange n°4 sous saint Barthélémy tenant son coutelas.
Il a le bras droit étendu, tandis que le bras gauche est fléchi. La tenue de la bande de parchemin est inversée, pouce au dessus avec la paume en arrière du coté droit, l'inverse à gauche.
Les cheveux forment des mèches plus ou moins bouclées. Sa tunique serrée par une ceinture fait des plis épais parallèles sur le buste, et froissés sur les manches. Bien-sûr, Le détail est dans ces deux sangles croisées sur la poitrine, et dont nous ignorons l'usage.
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Ange des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Ange des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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Ange n°5 sous saint XX avec son glaive.
Celui-ci ne s'est pas laissé embêter par la demi-colonne : hop, il a lancé sa banderole par dessus, et il a demandé à un lionceau de saisir l'extrémité dans sa gueule.
La chevelure est plus rétive aux boucles.
Il porte les sangles entrecroisées comme son collègue.
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Ange des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Ange des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Ange des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Ange des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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Ange n°6 sous saint André et sa croix en X.
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Il présente la banderole coudes fléchis, mais l'élégance presque précieuse tient à la prise par trois doigts (index à annulaire) placés sur la tranche supérieure du parchemin. Chacun son truc !
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Ange des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Ange des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Ange des culots des Apôtres du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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C. LES ANGES DES CULOTS AU DESSUS DES PORTES DU PORCHE.
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1°) Au centre sous la Vierge à l'Enfant : le messager Pax Vobis.
Ses ailes ne sont pas bien visibles, mais je le tiens néanmoins pour un ange, qui se serait coiffé d'un bonnet de feutre. Il tient une banderole avec les mots PAX VOBIS, "La paix soit avec vous". Vraiment, les anges de Lampaul-Guimiliau ont le sens de l'accueil.
Mais il sort de la meilleure école hôtelière des anges, là où on vous apprend à tenir, à la sortie des voyageurs d'un aérodrome, les panonceaux Mr INTEL d'une main, index et majeur au recto, les autres doigts au verso, le corps bien droit, le visage à peine marqué d'un sourire tout en saluant l'heureux Intel de deux doigts sur le bord de la casquette. So class, so chic !
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Ange des culots du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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Sous la statue de saint Jean.
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Ange des culots du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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Sous la statue de saint Fiacre.
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Ange des culots du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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En prime : deux scènes animalières
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Tout leur intérêt provient de leur motif : un quadrupède passant entre les spires d'un parchemin torsadé. En effet, ce motif rappelle fortement celui de l'hermine passant de la même façon à travers une banderole, et qui, accompagnée de la devise A MA VIE, affirme le rôle du duc de Bretagne comme commanditaire de la collégiale du Folgoët, par exemple, ou de l'église de Quimperlé.
On retrouve un aspect analogue sur les sablières de Notre-Dame-de-Grâces près de Guingamp en 1506-1508, avec une hésitation sur l'identification de l'animal, un renardeau a priori.
De même, le motif est repris sur les sablières de l'église de l'Hôpital-Camfrout.
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Ici, il est difficile d'identifier l'animal : un loup ? Un renard ? Une hermine ?
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1°) Du coté gauche des portes.
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Hermine ou renard passant entre les spires, porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Hermine ou renard passant entre les spires, porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Hermine ou renard passant entre les spires, porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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2°) Du coté droit des portes.
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Hermine ou renard passant entre les spires, porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Hermine ou renard passant entre les spires, porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Hermine ou renard passant entre les spires, porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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D. LES QUATRE ANGES DES CLEFS DE VOÛTE.
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"Dans les clefs de voûte, deux anges tiennent, l'un les instruments de la Passion, l'autre cette légende : Bonum est sperare in Domino. (Abgrall, 1891)"
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Clef de voûte (kersanton) du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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1°) Les deux anges tenant deux banderoles entrelacées.
L'une des banderoles porte BON[U]M EST, et l'autre SPERARE IN D[OMI]NO. Elles se réunissent autour d'une fleur verte. Les banderoles sont vertes sur fond ocre rouge, les lettres sont jaunes.
Le visage des anges est rond, encadré par les boucles des cheveux. La tunique est plissée, bouffante sur les manches ; l'amict est arrondi en demi cercle mais non roulé. Leurs ailes sont bien écartées.
Un tilde sur le M signale l'absence du U de BONUM, un autre sur le O celle de OMI de Domino. Les lettres RE de Sperare sont plus petites car elles s'inscrivent sous la main de l'ange.
L'écriture est celle de l'ange de droite du contrefort de l'entrée : une gothique textura régulière, claire, à empattements en losange, dont la hampe du b et le jambage du p sont bifides.
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Clef de voûte (kersanton) du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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Le texte Bonum est sperare in Domino, "Il est bon d'espérer en Dieu" est le début du verset 9 du psaume 117, ce même psaume dont le verset 26 était tenu par l'ange de l'entrée. Le texte complet est : Bonum est confidere in Domino, quam confidere in homine, Bonum est sperare in Domino quam sperare in principibus. : "Il est bon de mettre sa confiance dans le Seigneur, plutôt que de mettre sa confiance en l'homme. Il est bon de mettre son espérance dans le Seigneur, plutôt que de mettre son espérance dans les princes".
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Ce verset chanté en grégorien appartient aux plus anciens antiphonaires, comme celui de l'abbaye de Saint-Gall.
https://gregorien.info/chant/id/1113/2/fr
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Clef de voûte (kersanton) du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Clef de voûte (kersanton) du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Clef de voûte (kersanton) du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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2°) Les deux anges porteurs des instruments de la Passion.
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L'un porte la couronne d'épines, un marteau et trois clous.
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Clef de voûte (kersanton) du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Clef de voûte (kersanton) du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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L'autre porte la colonne de la Flagellation, les verges et le flagellum.
Les anges ont le même visage poupon que les précédents, mais on remarquera la tunique à plis tubulaires, et serrée à la taille par une ceinture autour de laquelle elle vient bouffer.
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Clef de voûte (kersanton) du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
Clef de voûte (kersanton) du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau. Photographie lavieb-aile 29 mars 2019.
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SOURCES ET LIENS.
—ABGRALL (Jean-Marie), 1891, Notice sur l'église de Lampaul-Guimiliau , Bulletin de la Société archéologique du Finistère .
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207615d/f92.image
— ABGRALL (Jean-Marie), 1916, Notice sur l'église de Lampaul-Guimiliau, B.D.H.A. page 65 .
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eb8a12b7e12798d2ef6eea2b182e7115.pdf
"C'est par le porche et l'angle Ouest du bas-côté Sud qu'on a commencé cette reconstruction, remontant à 1533, Là, l'ornementation et la structure sont encore absolument gothiques, avec quelques mélanges cependant de détails indiquant l'influence de la Renaissance. Ce porche, comme la plupart de ceux de la contrée datant de la même époque, semble avoir été préparé en carrière ou dans les ateliers d'un tailleur de pierre et imagier, du moins pour ce qui regarde toutes les parties sculptées en kersanton, comme l'indiquent les marques d'appareilleurs gravées sur ces pierres, pour leur mise en place. La grande entrée consiste en une arcade composée de moulures prismatiques séparées par des gorges profondes, lesquelles gorges sont tapissées de feuilles découpées, chardons, choux frisés et pampres de vignes. Les tiges de ces plantes sortent, comme dans les autres œuvres analogues, de la gueule de monstres variés : sourds, lézards, dragons ailés. Deux contreforts, posés sur les angles, accostent cette arcade, et sur les faces intérieures de chacun sont deux petits anges tenant une banderole avec ces légendes en caractères gothiques : Bonnes gens qui ycy passez priez Dieu pour les trépassés. Benedictus qui venit in nomine Domini.
Le tympan porte un cadran solaire, au haut duquel deux anges gras et joufflus tiennent une tête de mort. Plus haut, est la date : A. D. m Ve XXXIII. Au-dessus, une sirène cornue, à queue contournée, forme cul-de-lampe pour une jolie statue de saint Michel terrassant le dragon. Ce saint Michel est couronné par -un dais Renaissance sur lequel est portée la statue de saint Paul Aurélien, tenant en laisse un dragon ailé, au cou duquel il a passé son étole. Cette statue est abritée par une belle niche Renaissance, surmontée das statues de la Sainte Vierge et de saint Jean, qui accompagnaient autrefois un Christ en croix, maintenant disparu. A l'intérieur du porche, les niches des Apôtres sont très variées dans leurs sculptures et leurs découpures flamboyantes. Dans les clefs de voûte, deux anges tiennent, l'un les instruments de la Passion, l'autre cette légende : Bonum est sperare in Domino. Au fond, les deux portes séparées par un trumeau sont encadrées de fines moulures et couronnées d'accolades ornées de feuilles frisées. Un riche bénitier, avec torsades, modillons, perles et feuillages, est fixé dans le trumeau. Au-dessus, un personnage, tenant une légende PAX VOBIS, soutient la statue de Notre-Dame de Lampaul. Des deux côtés, sur des colonnettes prismatiques tournées en spirale, sont saint Fiacre tenant une bêche et un autre Saint tenant un livre. Un détail à noter c'est, auprès de la statue de saint Pierre, un petit brûle-cierges en fer, sur lequel il est d'usage d'allumer un flambeau quand un malade est à T agonie, afin qu'il soit bien accueilli par le Portier du ciel. Les portes ont conservé leurs vantaux primitifs, et l'on ne peut trop admirer celte menuiserie si bien assemblée, solide et parfaitement raisonnée."
— ABGRALL (Jean-Marie), 1915, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments du Finistère, Société Archéologique du Finistère - SAF 1915 tome 42 - Pages 189 à 216
— COUFFON (René), LE BARS ( Alfred), 1988, Notice sur Lampaul-Guimiliau , Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm. ISBN 978-2-950330-90-1.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/ffdece473d8b2cacb3b0124f2e647d77.pdf
— COUFFON (René), 1964 Quelques considérations sur la sculpture religieuse en Basse-Bretagne du 12e au 19e siècle In: Bulletins et mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 92 (1964) p. 21-52
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.
http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf
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