L'église Saint-Monna de Logonna-Daoulas :
Inscriptions, statues, bannières...
et saint Isidore
dans son beau costume breton.
Saint Isidore.
Patron des paysans, il est représenté dans son costume du dimanche sur cette statue du XVIIe siècle. La datation de cette oeuvre est importante, puisqu'elle apporte un document iconographique sur le costume régional d'une classe sociale, et je trouve sur la fiche de Protection PM 29000524 des Monuments historiques consacrée aux 4 statues de saint Isidore, la Vierge à l'Enfant, saint Monna, saint Yves, que celles-ci sont attribuées à l'atelier d'Anthoine et datent du dernier quart du XVIIe siècle, soit 1675-1699. Il s'agirait de cet Anthoine qui a signé le Sépulcre de Lampaul-Guimiliau (Anthoine fecit) en 1676, et qui a réalisé quatre statues à L'Hopital-Camfrout (Christ, Vierge, saint Jean, saint Yves).
Si on lit René-Yves Creston, (Le Costume breton, écrit entre 1953 et 1958, ed Tchou 1978, p. 30), on apprend que nous ne disposons pas de documents matériels sur les costumes bretons avant la Révolution en dehors des sculptures sur bois des sablières, d'ornementation de meubles, qui ne nous montrent "que des costumes d'origine française et plus particulièrement de l'époque Louis XIII", et que c'est sous cette forme qu'apparurent à la fin du XVIIIe les costumes masculins des paysans bretons, sans existence de modes locales ou régionales, le phénomène de fragmentation des modes n'apparaissant qu'après la Révolution.
Philippe Le Stum, dans son introduction de l'ouvrage de Yann Guesdon (Costumes de Bretagne, ed. Palantines, 2009) conteste cette notion en écrivant page 12 : "On a longtemps supposé que la diversification locale des costumes ne datait que de l'extrême fin du XVIIIe siècle "...mais "le dépouillement et l'analyse des sources d'Ancien-Régime, effectués principalement par Marie-Thérèse Sclippa dans une thèse soutenue à Brest en 1982 dément cette croyance en une rupture post-révolutionnaire"..."faisant remonter la multiplication de formes locales du vêtement populaire breton au moins au début du XVIIIe siècle, et très vraisemblablement avant cette date".
Plus loin, cet auteur cite le travail mené par Marie-Dominique Menant, chercheur à l'Inventaire régional de Bretagne, pour classer et analyser les représentations des saints Fiacre et Isidore, tous deux protecteurs de l'agriculture et représentés dans le costume paysan contemporain du sculpteur.
J'ai examiné ici les statues d'Elliant Costumes bretons d'Elliant : vitrail et statues. et de Brélès Église de Brélès : anges musiciens et Isidore en costume breton.
Comment est habillé ce fermier qui vient, faucille en main, offrir une gerbe de blé?
En partant du bas (la statue est placée en hauteur...d'où ma photo en contre-plongée) on remarque les chaussures à boucles d'argent, les guêtres qui semblent de cuir mais qui étaient le plus souvent de toile, boutonnée sur le coté, qui ne couvrent pas les chaussures ; la culotte bouffante de drap blanc semblable aux bragou braz ; le gilet de drap bleu fermé sur le coté droit par une douzaine de boutons ronds en métal ; la ceinture de flanelle, rouge, comparable au turban mais portée ici très haut.
La veste est longue (comme dans l'habit à la française), dotée de larges poches au rabat fermé par deux boutons arrondis dorés, de manches à revers. Elle reste ouverte malgré le double alignement de boutons (boutons convexes comme nos boutons de blazer). Le col est relevé dans le cou autour du col de chemise blanche, laquelle épanouit sa corolle après avoir été sévèrement fermée par un joli petit bouton d'or:
Bien-sûr, on remarque le collier de grosses perles dorées auquel est suspendu une croix.
En résumé, ce costume fin XVII n'est pas très éloigné, pour un néophyte, de celui que porteront deux ou trois cent ans plus tard les paysans de Logonna.
Logonna-Daloulas est placé par R.Y. Creston dans la guise de la presqu'île de Plougastel (p. 138) : le costume masculin y est décrit avec un seul gilet et une veste à manche, entièrement bleues.
La statue de saint Yves.
Elle serait donc contemporaine de celle de saint Isidore, et réalisée par l'atelier Anthoine. Une confrérie de saint Yves est attestée par ses comptes, conservés pour la période de 1764 à 1790 dans les archives départementales.
La Pietà :
Les bannières :
Bannière de Saint Monna :
Bannière de Jeanne d'Arc :
Bannière de Saint Jean :
Sant Yan Badezour pedit evidomp, "Saint Jean Baptiste priez pour nous".
Elle porte les armoiries de la Bretagne, et celle de Mgr Duparc évêque de Quimper et du Léon de 1908 à 1946.
Les armoiries papales correspondent à celles de Benoît XV, Giacommo della Chiesa, pape de 1914 à 1922. Ce sont des "armes parlantes", sortes de rébus qui traduisent en images le nom du possesseur. Elles sont tranchée d'azur et d'or à l'église d'argent couverte de gueules brochant sur le tout, au chef d'or à l'aigle issant de sable. L'église traduit ainsi le nom Chiesa.
La devise n'est pas mentionnée ici, il s'agit de "in te, Domine, speravi ; non confundar in aeternum", "En toi, Seigneur, j'ai mis mon espérance ; que je ne sois jamais confondu". C'est la dernière phrase du Te Deum, hymne chrétien des jours de gloire.
La bannière peut donc être datée entre 1914 et 1922.
Cette bannière est sans-doute celle de la chapelle Saint-Jean-Baptiste, du XVIIe à Logonna. Elle dépendait prohibitivement de la seigneurie de Rosmorduc et en porte les armoiries.
Bannière de sainte Anne :
D'hor Mam santez Anna,"à notre mère sainte Anne".
Il s'agit des premiers mots du cantique breton qui débute ainsi :
D'hor Mamm santez Anna
D'an Itron Varia
D'hor Salver benniguet
Ni vo fidel bepred
Hor c'halon baour mantret
gant glac'har hag enkerz
Ni a zo daoulinet
Dirazoc'h-c'hwi, Gwerc'hez
"A notre Mère Sainte Anne, à Marie, Notre-Dame, à notre sauveur béni, nous serons toujours fidèles."
Les vitraux :
L'ange aux cinq plaies :
traditionnel blason des carriers "aux mains meurtries" :
Les inscriptions lapidaires :
Nombreuses sont celles qui datent d'une importante période de modification de l'église, vers 1700. Les fabriques ou fabriciens qui sont mentionnés, Quillien, Herrou, Guermeur, Madec, sont des familles honorables de la paroisse, et le fond des archives départementales possède une série nombreuse de fondations allant de 1609 à 1742 dans lesquelles les noms de Herrou et Guermeur reviennent souvent. Par exemple: "1615 : fondation de 2 livres 8 sols faite à la fabrique de Logonna par René le Herrou à la charge de faire célébrer un obit le jour et fête de saint René et le prochain dimanche ensuivant". Yves Herrou en 1601, Charles Herrou de 3630 à 1645, Gabriel Herrou de 1641 à 1643, furent recteurs de Logonna.
Jeanne Guermeur fut la marraine de la cloche Hyacinthe-Jeanna de 1769...posée par "Corentin Quillien du moulin à mer". Jeanne Fily, femme de Charles Guermeur, de Rungléo avait été celle de la cloche Monna de 1641.
Le bénitier porte l'inscription IHS . Maria. F. GUERMEUR. LA. FAIT. FAIRE. I. THOMAS. F.1693
GVILLAVME : QVILLIEN : YVES : HEROV : FABRIQVE : 1701
F : MADEC : M :
? 1566 sur kersantite :
GVILLAVME QVILLIEN DV COET ET YVON LE HERROV LE EVY DEMENCVIT 1701
M : MADEC : M : GVERMEVR : FABRIQVE : 1700
Le Pieuré-cure de Logonna était un bénéfice dépendant de l'abbaye de Daoulas.
Le Nobilial de de Courcy donne :
Clévédé, sr de Coëtbihan, par. de Kerlaz (etc... sans citer Logonna), d'argent à deux lions affrontés de gueules, tenant une lance d'azur de leur pattes de devant.
Le Bdha donne la liste des prieurs de Logonna, parmi lesquels :
"Paul Gourgon de Clévédé, Sr de Kergadoret, prieur de logonna, prit possession de son siège le 25 août 1700; il mourut le 30 juillet 1733 et fut inhumé dans l'église de Logonna".
1710 LE Sr DECLEVEDE PRIEVR DE LOGONNA :
LE Sr DECLEVEDE PRIEUR DELOGoNNA : 1715 :
N'ENTRE : ICI : QVAVEC : CRAINTE : CAR : CEST : LA : MAISON DV SEIGNEVR DIEV :
Armoiries sur l'ossuaire :
La famille de Rosmorduc s'est fondue dans Le Gentil après le mariage en 1608 d'Anne de Rosmorduc, fille de Michel, sr du dit-lieu et d'Isabeau le Jeune, avec Allain du Gentil seigneur de Coatninon et de Pencran. Elle eut trois fils, dont l'aîné, Jacques de Gentil donna une riche postérité : ses descendants possèdent encore le manoir de Rosmorduc.
Sur la famille Le Gentil, voir : Vierges allaitantes III : Quillidoaré, la légende du Marquis de Pontlez et l'histoire.
Les armoiries de la famille Le Gentil sont : D'azur au serpent volant d'or lampassé de gueules, avec la devise Spargit unde quaque venenum alors que celles de Rosmorduc sont d'argent à trois roses de gueules, boutonnées d'or.
Les mêmes armoiries sur l'entrée de la maison voisine, en alliance avec celle de Rosmorduc.
A l'intérieur de l'église, actuellement placée juste devant et en dessous de saint Isidore, j'avais pu observé ces armes :
Lien : Henri Pérennès Notice sur Logonna-Daoulas Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, Bdha, , 1928, p. 1, 65 et 127 :http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=48