J'avais observé le Gazè, Aporia crataegi (Linnaeus,1758) près de l'étang de Kerloc'h à Crozon l'année dernière : je le retrouve ce printemps (15 mai ) sur le même groupe de marguerites ou de camomilles, exactement sur le même tournant ensoleillé à un mètre près. Ces rendez-vous sont aussi émouvants que si vous retrouviez un ami avec qui, l'année passée, vous aviez convenu de vous revoir à telle heure, tel jour, devant telle statue du Luxembourg et que vous voyez apparaître : mais lorsqu'il s'agit d'un papillon, ces retrouvailles tiennent du miracle, sans-doute parce qu''ils épiphanisent les rouages mystérieux du Temps et les engrenages des grands Cycles naturels.
Mais il n'était pas venu seul, l'animal ! Partout, zébrant les feuillages de leur grand vol blanc, ils animaient les buissons, les pelouses et les prairies : et je les retrouvaient, ces papillons considérés comme rares, sur chaque site que je visitais, à l'Aber, à Camaret, à Telgruc, et dociles avec ça, tous enclins à poser pour le photographe, presque léthargique même en début de matinée.
Si bien que émerveillé d'abord et attentif à les fixer sur ma pellicule numérique, je finis par m'en lasser et par les négliger au même titre que les Tircis ou les Fadets!