Le Musée d'histoire naturelle de Brest (suite) : les autres collections de l'hôpital maritime Clermont-Tonnerre et la bibliothèque : un complexe dédié à l'instruction des élèves de l'École de médecine navale..
Plan :
Prologue.
Le musée d'anatomie.
La collection d'instruments.
La bibliothèque.
Le Droguier.
Prologue
Le Musée d'histoire naturelle de l'hôpital maritime de Brest ne devait pas sa présence au hasard de collections accumulées, mais relevait d'une volonté déterminée de doter les hôpitaux de la Marine et surtout les Écoles de médecine navale qui s'y trouvaient d'un ensemble cohérent de formation. Cet ensemble pédagogique doit être compris comme un système, réunissant dans le même lieu des outils connectés entre eux, parmi lesquels je citerai :
- Le jardin botanique, bien-sûr, avec ses dépendances (serres, orangerie,)
- L'apothicairerie ou laboratoire pharmaceutique et son droguier,
- L'amphithéâtre et la salle de démonstration,
- Le Musée d'histoire naturelle,
- Les collections anatomiques,
- Les collections d'instruments médicaux ("arsenal" chirurgical)
- La bibliothèque.
L'unité de ce système est démontré par trois arguments :
a) Ces différentes parties sont retrouvées dans chaque École de médecine navale, à Brest, Rochefort (qui conserve et expose encore ses collections), et Toulon.
b) Elles sont, topographiquement, reliées entre elles et concentrées dans le même lieu.
c) Elles sont soigneusement énumérées lors du Projet de construction du nouvel hôpital Clermont-Tonnerre en 1822, tel qu'il est rapporté (en ligne ici) par Reibell dans un Cours de M.J. Scanzin, Inspecteur des Travaux Maritimes :
"Programme ou résumé des leçons d'un COURS DE CONSTRUCTIONS de feu M.G Scanzin, Inspecteur général des ponts et chaussés et des travaux maritimes des ports militaires, T3, 1841.
Appendice n°6. Documents relatifs aux hôpitaux des arsenaux maritimes p. 383.
Document n°1. Programme dressé au port de Brest en 1822, pour servir à l'établissement du nouvel hôpital Clermont-Tonnerre, conformément aux règlements alors en vigueur. :
...Enseignement des élèves.
L'enseignement, aux termes du règlement du 19 pluviôse an VI comprend : la médecine, la chirurgie et la pharmacie. Les cours au nombre de dix, sont faits par sept professeurs, dans les salles et à l'amphithéâtre. Ce service exige :
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4 salles de cliniques, choisies parmi les salles de l'hôpital, avec deux pièces contiguës pour les leçons et les opérations,
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1 amphithéâtre pour les cours d'anatomie, d'hygiène navale, de pathologie, d'histoire naturelle, de chimie et de pharmacie pratique. Il devra communiquer avec les salles et les cabinets de dissection,
-
2 cabinets de professeurs, ou 4 si le local le permet,
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1 galerie pour la conservation des pièces d'anatomie humaine et comparée,
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1 galerie d'histoire naturelle dont l'entrée doit être voisine de la bibliothèque,
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2 cabinets de dissection pour les professeurs,
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1 salle des morts ayant deux issues, l'une sur l'hôpital, l'autre sur la cour des salles de dissection,
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2 latrines pour les élèves, dans la cour des salles de dissection et dans le jardin botanique.
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1 jardin botanique avec cabinet à feu pour le professeur d'histoire naturelle,
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2 serres chaudes et bâches pour les plantes exotiques,
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1 serre d'orangerie,
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1 dépôt d'outils de jardinage, de caisses, treillages, etc...
1 dépôt pour les fumiers, terreaux, etc."
Un autre document précise bien que, à la différence des autres hôpitaux militaires, les trois hôpitaux d'instruction doivent disposer d'installations spécifiques à leur mission, installations énumérées dans le Document n°4 :
"Considéré comme hôpital d'instruction à Brest, Rochefort et Toulon :
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Une aile pour les séances de conseil de santé,
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Un cabinet pour les archives,
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Un cabinet d'histoire naturelle,
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Un cabinet pour le dépôt des pièces anatomiques,
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Un cabinet pour le dépôt et la conservation des instruments de chirurgie (arsenal de chirurgie),
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Un amphithéâtre pour les cours,
-
Une bibliothèque,
-
Un jardin botanique."
.
On ne peut donc, en toute logique, décrire, et encore moins comprendre, l'une des parties (jardin botanique ; musée ; etc...) sans considérer les autres parties.
C'est pourquoi je dois compléter mes articles précédents Le jardin botanique de l'Hôpital Maritime à Brest. Le Musée ou Cabinet d'histoire naturelle du jardin botanique de Brest 1800-1944. par la description des autres collections.
Le Médecin Général Charles Laurent en témoignait lorsque, en 1964, il décrivait au pluriel les musées de l'hôpital militaire de Brest (Revue des corps de santé, 5, 3, 1964 p. 335-343) pour décrire les collections d'histoire naturelle, mais aussi celle d'anatomie.
I. Les Collections anatomiques.
Voici la description qu'en donne le Médecin-Général Charles Laurent :
"Le second musée faisait partie de l'amphithéâtre d'anatomie de la rue Fautras : quelques bâtiments, dans un jardin ombragé de grands ormes, , où l'on ne pénétrait qu'après avoir franchi de multiples portes et montré patte blanche. A droite, un pavillon en rotonde contenait la salle de cours et les bureaux. A gauche, les salles de dissection pour les étudiants et leurs annexes ; après la libération, lors de la démolition des ruines, les ouvriers trouvèrent des cuves de pierre où macéraient des cadavres dont les entrailles apparemment suspectes posèrent des problèmes à la police.
Au premier et au second étage, il y avait le musée. Une très belles collection d'ostéologie comparée remplissait les longues vitrines de squelettes d'hommes et d'animaux. Tous disparurent lors des bombardements à l'exception de celui d'un nain que l'on retrouva, m'a-t-on dit, dans un urinoir auprès de la porte Fautras, sans que l'on ait pu s'explique ce qu'il y était allé faire."
De quand dataient ces collections ? Un fond existait déjà du temps de Chardon de Courcelles ( directeur de l'École de 1742 à 1775) car on connaît le souci pédagogique de l'auteur du Traité d'anatomie ; en outre, le règlement de 1740 mentionne que l'amphithéâtre de la nouvelle école devrait disposé de "armoires vitrées pour conserver les poupées, les squelettes, et les préparations d'anatomies sèches ou injectées " (Hamet, p. 178).
Un autre chirurgien de Brest y a sûrement contribué, il s'agit de Pierre Duret (1745-1825), qui fut nommé à Brest en 1776 vice-démonstrateur d'anatomie. En effet, Yves Le Gallo décrit comment, nommé premier chirurgien en chef au décès de Billard, il fit reprendre aux étudiants le chemin de l'amphithéâtre et de la salle de dissection, selon des principes chers à Chardon de Courcelles. "L'on rapporte qu'il conservait les pièces anatomiques avec le plus grand soin et faisait représenter par le dessin et la peinture celles qu'il ne pouvait préserver d'une prompte destruction. Il rassembla ainsi, soit dans son cabinet, soit dans de gros registres qui étaient connus sous le nom de "grands livres", toute l'iconographie des cas anatomiques pathologiques observés dans les hôpitaux de Brest" (Hamet, 1924). Y. Le Gallo ajoute que Duret était non seulement un savant doublé d'un opérateur prestigieux, mais aussi un collectionneur (je souligne) passionné de singularités et d'anomalies et fouillant les reliquaires des enclos paroissiaux pour accroître sa collection.
Je trouve confirmation de cette hypothèse en découvrant le contenu du dossier de manuscrits MSS 13 de l'Ecole de Santé, conservé au Service historique de la Marine à Brest : une lettre (s.d) est adressée à Jean René Constant Quoy, alors président du Conseil de santé (de 1838 à 1848) : Monsieur le Président, j'ai l'honneur d'offrir à l'école au nom de madame Miriel [la fille ou la petite fille de P. Duret] une collection de pièces d'ostéologie concernant la pathologie et l'anatomie comparée. Ces pièces faisaient partie du Cabinet d'anatomie de Mr Duret, père. Plusieurs d'entre-elles m'ont paru interessantes. J'ai pensé être agréable à mes collègues en les adressant au musée d'anatomie de Brest [le musée existait donc avant ce dépôt]. Signé Charuel.
La fille de Pierre Duret, Marie-Perrine Adèle Duret épousa le Dr Jean-Joseph-Yves Miriel (1779-1829).
Leur fille Adèle Jeanne Marie Miriel (1823-1905) épousa Jules Charuel (1809-1895), médecin de première classe.
I bis. Les collections de phrénologie.
"Pour finir, une seconde série de moulages de têtes de forçats s'y voyait aussi. Doublait-elle ou continuait-elle celle de l'hôpital ? Je ne le sais. En tout cas, grâce à un catalogue, la plus grande partie en était facilement identifiable. On avait dû y adjoindre les crânes eux-mêmes, mais il n'en restait que très peu , les manquants ayant sans-doute tenté les étudiants qui en cherchaient pour les études d'anatomie. En même temps qu'eux, avaient également disparu les vénérables reliques qui y avaient été déposées après avoir été saisies à titres d' »idoles » par les commissaires de la première République ; parmi elles, le crâne du saint patron de la paroisse de Gouesnou, que l'on reconnaissait à l'enfoncement dû au coup de marteau qui le tua.
Vers 1927, faisant ranger et nettoyer le musée, j'avais photographié certains de ces lugubres souvenirs, ceux du moins dont les noms me paraissaient les plus connus. Il est certain que l'hôpital maritime possédait alors une iconographie dont ceux qui écrivirent l'histoire des criminels célèbres ignoraient l 'existence, et dont les photographies que j'ai prises sont probablement les seuls vestiges (1). Les trois moulages représentés sont ceux de Baudelet, Delacolonge et Coignard.
Baudelet, le premier à gauche, était un ancien attaché aux cuisines du duc d'Orléans et un excellent cuisinier. Aubergiste à Strasbourg, il avait été condamné au bagne en 1833 pour le meurtre de sa femme. Affecté à la cuisine des officiers de l'hôpital, son ivrognerie lui valut des sanctions, et, un jour, il trancha la gorge de la sœur Saint-Malch qui dirigeait la cuisine et à qui il en voulait. Il fut guillotiné le 10 avril 1838.
Delacolonge était un ancien ecclésiastique accusé d'avoir assassiné sa maîtresse . Son cas avait fait du bruit, et il était l'une des célébrités du bagne dont les visiteurs ne manquaient pas de demander à le voir.
Plus célèbre encore était Pierre Coignard, dit le Comte Pontis de Sainte-Hélène, l'un des aventuriers et des cambrioleurs les plus extraordinaires qui eussent jamais vécus. Domestique, bagnard évadé, lieutenant-colonel, sa vie a été maintes fois racontée, en particulier dans le livre d'E. Massard et de G. Dallier : « Pierre Coignard ou le forçat colonel » (Albin-Michel).
Tel étaient ces jardins et ces musées, non-seulement précieux pour ses collections qu'ils contenaient, mais qui formaient en même temps les archives émouvantes du Corps de santé de la Marine.
(1) Le Dr A. Corre avait préparé une étude d'anthropologie criminelle avec de nombreux schémas dessinés d'après ces moulages et ces crânes. J'en possède quelques fragments, mais je n'ai pas pu savoir où et quand ce travail avait paru."
(Charles Laurent, p.90-91)
Cet article de Charles Laurent appelle les commentaires suivants :
—a) Les références des travaux du Dr Armand Corre sont actuellement connues :
CORRE et ROUSSEL, " Étude d'une série de têtes de criminels conservés au musée d'anatomie de l'école de médecine de Brest ", Revue d'Anthropologie, 1883, pp. 70-89.
CORRE (Armand) "Étude d'une série de têtes de criminels conservées au Musée d'Anatomie de l’École de Médecine de Brest "— Bulletin de la Société d'Anthropologie de Paris, 2e série, tome VI, 1883, p. 70-89).
—b) Yves Le Gallo précise que Baudelet, comme d'autres condamnés à la décapitation (Rognon en 1824, d'autres en 1850 et 1851, les marins du Foederis Arca en 1866 ) furent l'objet, immédiatement après leur mort, d'un transfert à l'amphithéâtre pour des expériences de galvanisme réalisés par Marcellin Duval devant ses élèves ; les stimulations sont appliquées aux corps sans tête, qui se dressent brusquement, gesticulent avec force, ou aux têtes qui grimacent horriblement ou mordent les crayons qu'on placent entre les dents. Ces expériences sont soigneusement préparées et se vantent d'être réalisées en moins de sept minutes après que la guillotine n'ait fait son œuvre, sur la Place Fautras, à "260 pas de l'amphithèâtre". Les médecins publièrent les résultats de six expériences, en détaillant celles réalisées sur Auguste François le 20 juin 1850 et Jean-Pierre Envesaille le 26 mars 1851 : Duval M, Rochard J, Petit A. "Observations physiologiques sur les cadavres de suppliciés". Gazette médicale de Paris, 12 juillet 1851, p. 436-459 , en ligne à la BIU.
—c) On consultera avec le plus grand profit l'article de Marc Renneville : Marc RENNEVILLE , photos Jean-Claude VIMONT : Phrénologie à Rochefort, L’école de médecine navale et le bagne, 17 mars 2011, publication en ligne du site Criminocorpus,.
II. Les collections d'instruments chirurgicaux.
"L'arsenal de chirurgie est placé dans une salle attenant à la bibliothèque et comprend la riche collection d'instruments historiques réunis par les soins et aux frais de nos prédécesseurs." (Rapport d'inspection générale du Médecin Général Jules Rochard en 1876.)
"On voyait aussi une collection d'instruments anciens de chirurgie, l'une des seules de France. Elle avait été commencée envers 1840 par le médecin-résident de l'hôpital —on disait alors le prévôt — qui, si je ne me trompe, était le docteur Hombron*. Il écrivait dans la préface de son catalogue que, membre de la commission des remises, il voyait souvent condamner et détruire des instruments anciens et périmés, mais qui lui paraissaient pouvoir, avec le temps, devenir des curiosités. Et, en effet, cette collection assez bien continuée dans la suite contenait-elle un outillage extrêmement précieux. Seul de nos hôpitaux maritimes, celui de Rochefort a pu conserver la sienne, moins importante, mais néanmoins précieuse." (Charles Laurent)
*Hombron figure bien dans l'Almanach Royal et national, comme Chirurgien de 1ère classe de l'hôpital de Brest en 1843 et 1850. En, 1852, il préside le Conseil de Santé au Sénégal. Il peut s'agir d'un homonyme de Jacques-Bernard Hombron (1798-1852), célèbre, comme naturaliste, pour avoir participé comme chirurgien au voyage à bord de L’Astrolabe et de la Zélée à l'expédition de Dumont d'Urville de 1837 à 1840, et d'avoir décrit de nombreuses plantes et animaux avec Honoré Jacquinot.
Néanmoins, Prosper Levot indique que ces collections ont été plutôt constituées "en très grande partie par H. Delaporte*, premier médecin en chef de la marine, mort à Brest le 19 février 1853" 'Hist. Brest p. 274).
Henri Delaporte était le second de Duret, dont nous avons vu qu'il était à l'origine des collections anatomiques.
Voir les travaux de l'Université de Lyon :http://histoire-medecine.univ-lyon1.fr/ ou encor http://spiral.univ-lyon1.fr/files_m/M4337/WEB/Histoire%20de%20la%20chirurgie%20%C3%A0%20travers%20ses%20instruments%20P.pdf
On peut y ajouter, comme en témoigne actuellement le musée de l'ancienne école de Rochefort, la collection de prothèses et orthèses. Sa présence est signalée lors de l'inspection de Jules Rochard en 1865. L'hôpital actuel en conserve cet exemple de casque :
III. Un Cabinet de physique.
Son existence est mentionnée par Prosper Levot, mais aussi par un État des objets et instruments relatifs au cabinet de physique et d'électricité de la marine de Brest, contenus dans le dossier Ms 14 du Service Historique de la Marine.
On y décrit une Machine électrique composée des pièces suivantes :
La grande machine à plateau de cristal dite machine positive, ; La table ; Ses deux montants ou châssis en bois ;Le disque ou plateau de verre muni de son arbre, sa manivelle, ses 4 coussins ou frottoirs et la pièce de fer pour démonter l'écrou ; son 1er conducteur en cuivre est à arc, et ses deux supports en cristal Un deuxième conducteur grand et volumineux de 4 à 5 pieds de longueur
Une Autre grande Machine (dite négative) composée des pièces suivantes : sa table ; les montants ou châssis en bois et son plateau non (maisuré) ; un grand conducteur en fer et deux supports en cristal, et une peau de renard pour …
Une Petite machine électrique dite anglaise à cylindres positive et négative composée des pièces suivantes […]
Une autre machine électrique portative dite de Volta ou Electrophore.
Un excitateur à manche et de verres également en cuivre, dont deux avec une chaîne chacune.
1 Excitateur courbe et brisé en cuivre
2 pointes d'acier d'un pied et ½ de long. Quarrée et d'un pied de diamètre, suspendues et isolées pour l'expérience deet démonstraation des feux positifs et négatifs.
Un tiroir ou batterie electrique composée de Cbles et des fonds en cuivre.
Deux tablettes garnies des colonnes de cristal, garnies de viroles et de pièces d'étain et d'un pivot pour les expériences des étincelles brillant dans l'obscurité.
Deux colonnes garnies de viroles et boutons de cuivre sur leur copie en bois pour le même usage.
Deux cadres ou tableaux magiques … d'un pied garni en étain avec leurs chaînes pour l'expérience des conjurés de Franklin,
Deux grosses foudres armées de leurs pièces en étain, dont une est pourvue d'un électromètre de Mr Lasne. [Lane]
Une moyenne bouteille de Leyde armée de son electromètre du même auteur pour..les degrés
Sept moyennes bouteille de Leyde.
Un électromètre portatif armé de sa pointe en cuivre.
L'appareil pour les affections particulières au sexe composé d'une tige en bois percée de plusieurs trous et surmontée d'une tige en cuivre boutonnée et de son excitateur et manche de cristal.
Appareil pour embraser la poudre consistant en une tablette de bois et en deux montants et des deux tiges en cuivre.
Deux plateaux en cuivre pour faire danser des pantins où démontrer les attractions et les répulsions des corps l(egers) pour les corps électrisés.
D'autres précisions sont données, moins lisibles 3 tiges de métal formées d'un anneau d'un bout, et d'une pointe...manche de verre pour les maladies de la... selon la méthode d'un savans suédois. Deux autres tiges de métal d'un pied de long..et garnies de leurs viroles de cuivre..servant pour les maladies de... selon la méthode de l'Abbé J...physicien français. Trois fauteuils et leurs tablettes ayant...
Certifié exact par Deschamps le 8 ventôse an 10.
. Je ne vois pas de mention du "baiser électrique" de Bose, où les amoureux voient une étincelle repousser leurs bouches concupiscentes. L'expérience des conjurés de Franklin date de 1748 : elle consiste à réaliser un condensateur entre une plaque de verre recouverte à la face postérieure de dorure et portant un portrait du roi sur l'autre face, et une couronne mobile posée sur la tête du monarque. Le condensateur-portrait est électrisé par la machine, puis, tous ceux qui, tenant la dorure d'une main, cherchent à ôter la couronne se voient punis par une forte commotion.
Wikipédia Electrophore
Je peux illustrer l'intérêt porté au galvanisme par cette note extraite de la biographie de Girardot, le premier conservateur de la bibliothèque de l'École de médecine en 1804 : "Il étudia avec soin les effets du galvanisme sur le corps vivant, et en fit une heureuse application aux malades". (Annales de la médecine physiologique, Volume 3 p. 166). Il me reste à dresser la liste des ouvrages acquis par la bibliothèque sur le sujet de l'électricité médicale.
Les malades s'en portèrent-ils bien mieux ? On ne sait, mais on ne peut douter que les médecins, eux, ont dû beaucoup s'amuser.
IV. La Bibliothèque.
"La bibliothèque de l'école se compose de 14 000 volumes et reçoit 38 journaux de médecine ou revues scientifiques. Ses dimensions sont devenues insuffisantes, bien qu'on l'ait accrue, il y a quatre ans, en disposant pour recevoir des livres, le grenier qui la surmonte. Lorsqu'on aura pris à l'égard des instruments de chirurgie, les mesures dont j'ai parlé, on pourra se servir des grandes armoires qui les contiennent et approprier à la même destination le cabinet contigu à la salle qu'occupe l'arsenal et dans lequel se trouvent aujourd'hui les appareils et les moyens de prothèse. La bibliothèque est très fréquentée et les deux tables qu'elle possède ne suffisent pas au nombre de lecteurs. Elle est ouverte de 8 heures du matin à 4 heures du soir, et, par une faveur dont l'École de Brest est seule à jouir, elle rouvre le soir de 7 heures à 9 heures pendant toute la durée de l'année scolaire. Elle n'a qu'un seul gardien et malgré son zèle il ne peut suffire..." (Rapport d'inspection générale du Médecin Général Jules Rochard en 1876.)
Elle avait été fondée en 1804 par le préfet Caffarelli « jaloux de contribuer à l'instruction des jeunes gens qui se destinent à l'art de rendre la santé, il a fait extraire de la bibliothèque de l'ancienne Académie de marine* tout ce qui avait rapport avec la science médicale et chirurgicale, et en a fait présent à l'école. Sensibles à un tel bienfait, et reconnaissants d'un pareil service, les officiers de santé du port de Brest lui ont témoigné leur gratitude en plaçant son buste, très bien exécuté par monsieur Collet, sculpteur en chef du port, au milieu même de la salle de lecture ».(Jean-Louis Dauvin Essais topographiques, statistiques et historiques sur la ville, le château, 1816).
( *La partie restante du Fonds de l'ancienne Académie royale de marine de Brest est conservée au Service Historique de la Défense à Vincennes sous les cotes Ms 64 à Ms 110 : http://www.academiedemarine.com/PJ1_InventaireacademieroyaledeBrest.pdf )
P. Levot en 1865 confirme et précise cette information : "Au-dessus des bureaux du Conseil de santé (à l'Hôpital de la marine), est placée la bibliothèque de l'École de médecine navale. Formée, en l'an XI, par M. le préfet maritime Caffarelli, au moyen d'environ 800 volumes d'ouvrages spéciaux qui existaient dans la bibliothèque du port, elle s'est rapidement accrue depuis plusieurs années et se compose aujourd'hui [1865] de 10.000 volumes d'ouvrages spéciaux. Cet accroissement est dû en partie aux achats faits directement par le conseil de santé, au moyen de versements qu'effectuent les officiers de santé, soit à l'entrée à l'école, soit lors de leurs avancements successifs. Dirigée par M. Berdelo*, ancien chirurgien de première classe de la marine, en qui ses confrères, comme ses plus jeunes élèves, rencontrent un dévouement éclairé et un empressement égal à faciliter leurs travaux, elle est d'une utilité qu'on apprécie chaque jour d'avantage" ( P, LEVOT, Histoire de la ville et du port de Brest (Paris, 1865, in-8°), t. II, p. 318 ).
* Vincent-Louis-François-Marie Berdelo, né à Saint-Pol-de-Léon le 9 septembre 1801 et décédé en 1869 avait été nommé chirurgien de première classe en 1839. Il était conservateur de la bibliothèque, mais aussi trésorier de la Société académique de Brest. P. Levot écrivit sa nécrologie dans le Bulletin de la Société Académique de Brest - Volume 5 - Page 628 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2075318/f210.image.r=berdelo.langFR
Abel Hugo cite le chiffre, peut-être moins fiable, de 20000 volumes dans sa France pittoresque: ou description pittoresque, topographique et statistique ...1835.
Vers 1825, dans le projet de construction du nouvel hôpital, une bibliothèque pouvant contenir 5000 volumes était envisagée, ce qui indique probablement le contenu de la bibliothèque de l'époque.
En 1907, Charles de la Roncières dénombre encore 18 000 volumes environ, dont une quarantaine de manuscrits dont il donna une liste complète dans le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France (cf. biblio). Il décrit ainsi ces manuscrits : "Plus de la moitié de ceux-ci sont des rapports remis par les officiers de santé au retour de leurs campagnes, entre autres, par le chirurgien de l'escadre de l'amiral Linois, durant la longue croisière de l'an XI à l'an XIV. Pièces d'archives plutôt que manuscrits, j'ai compris néanmoins ces rapports dans mon catalogue, en raison de leur présence à la bibliothèque de l'École de santé". On trouve cette liste en ligne ici : http://archive.org/stream/cataloguegnr00fran#page/412/mode/2up
Actuellement (2013), l'Hôpital Inter-Armées conserve encore plus de 4000 ouvrages (XVIe-XIXe siècles) dont prés de 300 intéressent la botanique.
Par comparaison, le musée de l'ancienne école de médecine navale de Rochefort est aujourd'hui riche de 25000 volumes.
Voir mon début d'inventaire : Inventaires de la Bibliothèque de l'École de médecine navale de Brest.
V. Le Droguier.
On appelle droguier une salle où a été placée une collection de plantes séchées rangées dans un ordre méthodique et placées généralement dans des bocaux en verre.
"Le droguier annexé au jardin renferme 1200 bocaux contenant des échantillons bien choisis de toutes les substances qui intéressent la médecine. Des étiquettes très détaillées en rendent l'étude facile" (Rapport d'inspection générale du Médecin Général Jules Rochard en 1876.).
On peut encore voir, pour imaginer à quoi pouvait ressembler ce droguier et mesurer l'importance de sa perte, deux collections :
a) celle de Montpellier :http://www.univ-montp1.fr/patrimoine/musees_et_collections/le_droguier qui mentionne 80 000 échantillons en 1921
b) celle du Musée de Matière médicale de l'UER Paris René Descartes et ses 25 000 échantillons :http://www.pharmacie.univ-paris5.fr/pharmacognosie/musee.htm
c) celle de l'École de Rochefort caractérisée par de nombreuses substances d'origine exotique: 1200 échantillons.
VI. ANNEXE : Description du Musée de l'École de médecine navale de Rochefort.
Sources : Wikipédia et Le Quotidien du médecin.
"Sur trois niveaux, le musée présente aux visiteurs tout ce qui servait à enseigner et à pratiquer la médecine. Les objets, les ouvrages, les modes de présentation, de classement et de mise en scène du savoir sont ceux qu'ont souhaités savants et médecins d'il y a 150 ans.
La collection d'anatomie comporte ainsi de très nombreuses fioles où sont conservés des tissus humains, des squelettes, des fœtus dans du formol et est composée de nombreux supports à l'enseignement de la médecine navale tels que les panneaux d'artériologie, les crânes phrénologiques, les caisses de chirurgie9...
Les autres collections, beaucoup moins impressionnantes ou spectaculaires mais cependant fort instructives, sont consacrées à l'ethnographie et à l'histoire naturelle.
L'École bénéficie d'une bibliothèque scientifique ouverte au public et qui est riche de 25 000 ouvrages dont le fonds Lesson qui est constitué de volumes spécialisés dans l'ethnologie des peuples de l'océan Pacifique au xviiie siècle.
Le musée de l'Ancienne école de médecine navale de Rochefort offre au public comme aux chercheurs les étonnantes collections rassemblées par les officiers de santé navale depuis le début du XVIIIe siècle. Géré par le musée national de la Marine depuis 1986 et aujourd'hui restauré, cet ensemble musée-bibliothèque apparaît comme l'un des derniers cabinets de curiosités sauvegardés en France dans son intégralité et son lieu d'origine.
Un musée qui revient de loin.
Lorsque l'hôpital de la marine de Rochefort ferme ses portes en 1983, personne ne sait encore ce qu'il va advenir des bâtiments construits à partir de 1783 sous la direction de l'ingénieur Touffaire et inaugurés en 1788. A l'entrée de l'hôpital de la Butte, comme on l'appelle, sur la gauche, un pavillon de deux étages où s'est installée l'école d'anatomie et de chirurgie. Celle-ci est fermée depuis 1963. Mais ses locaux abrite un musée et une bibliothèque. Après des années d'incertitude, le pavillon est cédé à l'établissement public national du musée de la Marine avec mission de gérer les collections. Un curateur est nommé en la personne du médecin-général Niaussat auquel a succédé M. Romieux, professeur de pharmacie, en tant que conseil scientifique. Le musée de la Marine commence à investir dans la restauration des locaux et des collections avec le concours du Conseil général et de Ville de Rochefort. L'idée est de jumeler ce patrimoine médical et naval à celui du musée de la Marine de Rochefort, rénové en 1993. Deux visites complémentaires.
Nous voilà donc revenus en 1788, lorsque la première école de médecine navale créée en 1722 pour suppléer à l'ignorance chronique des chirurgiens-navigants, par Jean Cochon-Dupuy, premier médecin du port de Rochefort en 1712, vient de déménager dans ses nouveaux locaux.
Au rez-de-chaussée, les salles des Actes et du conseil de Santé, ornées des portraits de médecins attachés à l'histoire de la médecine deRochefort, ont retrouvé leur état d'origine pour accueillir des réunions.
25 000 ouvrages
Au premier étage, la bibliothèque, dont l'accès était réservé aux étudiants et officiers de santé de la Marine. Riche de 25 000 ouvrages (parmi lesquels plusieurs imprimés antérieurs à 1500, accessibles à tous sur simple rendez-vous), elle connut son heure de gloire dans la seconde moitié du XIXe siècle qui vit la réalisation d'un répertoire et d'un catalogue. Centrée sur les maladies exotiques, les récits de voyage, les ouvrages de botanique, dépositaire de nombreux manuscrits de médecins embarqués, elle reste très fréquentée par les chercheurs. Privée de moyens depuis la fermeture de l'école en 1963, elle ne s'enrichit plus, d'ailleurs, que de leurs mémoires et de leurs thèses. Quelques belles pièces comme l'« Opera medicinalia » de Johanes Mesue (Lyon, 1478) ou une édition de 1647 des « Méditations métaphysiques » de René Descartes.
Au second, les collections de médecine et d'histoire naturelle, constituées dès l'origine en musée destiné à l'enseignement des élèves. Dès 1727, les injections au mercure et les préparations anatomiques deFrançois Monségur puis de Jean La Haye, forcent l'admiration du comte de Maurepas, ministre de la Marine. Les préparations anatomiques (panneaux d'artériologie et de névrologie humaines notamment) côtoient l'arsenal de chirurgie des XVIIIe et XIXe siècles ; de grands vases àthériaque en étain de 1701 et le droguier général de plus de mille composants rappelle l'importance accordée à la pharmacopée dans l'enseignement des étudiants.
La galerie des crânes
L'impressionnante « galerie » de crânes des différents types humains témoigne de l'essor de l'école phrénologique de Rochefort au XIXe siècle. A l'époque du bagne (1766-1851) les médecins disposaient en abondance de malades et de cadavres pour leurs études... L'école de chirurgie rochefortaise s'illustre avec Pinsonnière, Pierre Tuffet et Jean-Baptiste Clemot.
Le cabinet d'histoire naturelle date du XIXe siècle. Les médecins embarqués font office de naturalistes et rapportent de leurs expéditions toutes sortes de curiosité : coquillages, végétaux, minéraux, animaux. Dans les vitrines ethnographiques, on distinguent les casses têtes océaniens déposés par Quoy et Gaimard (voyage de l'Uranie 1817-20), un manteau de chef tahitien rapporté par Lesson (voyage de la Coquille 1822-25), les statuettes, la tête en roche volcanique et la bâton de commandement recueillis par le Dr Aze sur l'Ile de Pâques vers 1870. Devant les difficultés de conservation, un certain nombre de pièces furent déposés en 1927 et 1928, aux Muséum de Paris et de La Rochelle et au musée Pierre Loti."
Sources et liens.
CORRE et ROUSSEL, " Étude d'une série de têtes de criminels conservés au musée d'anatomie de l'école de médecine de Brest ", Revue d'Anthropologie, 1883, pp. 70-89.
CORRE (Armand) "Étude d'une série de têtes de criminels conservées au Musée d'Anatomie de l’École de Médecine de Brest "— Bulletin de la Société d'Anthropologie de Paris, 2e série, tome VI, 1883, p. 70-89).
DUVAL (M), ROCHARD (J), PETIT (A). "Observations physiologiques sur les cadavres de suppliciés". Gazette médicale de Paris, 12 juillet 1851, p. 436-459
HAMET "l'École de chirurgie de la marine à Brest (1740-1798)", Archives de médecine et de chirurgie navale, T.114, 1924.
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LE GALLO (Yves), "L'École de médecine navale de Brest dans la première moitié du XIXe siècle", La Santé en Bretagne, Hervas, Paris 1992 pp. 243-256.
Marc RENNEVILLE : Phrénologie à Rochefort, L’école de médecine navale et le bagne, 17 mars 2011, publication en ligne du site Criminocorpus, http://criminocorpus.hypotheses.org/4416
DE LA RONCIÈRE, (Charles) 1907 "MANUSCRITS DE LA BIBLIOTHÈQUE DE L'ÉCOLE DE SANTÉ DE LA MARINE A BREST" in Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Bibliothèques de la Marine. Paris, Plon-Nourrtit et cie 1907 pp. 413-439 : http://archive.org/stream/cataloguegnr00fran#page/412/mode/2up
LAURENT (Médecin Général Charles) "les musées de l'hôpital militaire de Brest" (Revue des corps de santé, 5, 3, 1964 p. 335-343)
ROMIEUX (Yannick) "Histoire de l'École d'anatomie et de chirurgie navale de Rochefort (1722-1964)" Revue d'histoire de la pharmacie 2001 Volume 89 No 332 pp. 489-500 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_2001_num_89_332_5282
REIBELL Programme ou résumé des leçons d'un COURS DE CONSTRUCTIONS de feu M.J Scanzin, Inspecteur général des ponts et chaussés et des travaux maritimes des ports militaires, T3, Paris, 1841.