Orchidées sauvages de Crozon.
Mes identifications s'appuient sur le remarquable guide Les Orchidées en Presqu'île de Crozon de Paule et André Ragot mais sont celles d'un débutant et sujettes aux erreurs. Ces auteurs ont cartographiè depuis 1995 23 espèces d'orchidées sur les 34 recensées en Bretagne, avec une estimation globale de près de 200 000 pieds sur la Presqu'Île, et quelques sites très riches comme la zone Lostmarc'h-la Palud, et l'Anse de Dinan. Je m'attarderai sur l'un d'eux.
La "cuvette aux orchidées".
Un site est d'intérêt particulier : il s'agit de ce qui a acquis la dénomination de "cuvette aux orchidées" . Celle-ci se situe dans l'Anse de Dinan, au sein des dunes intra-dunales de Kersiguenou. Elle est d'origine anthropique puisqu'elle a profité de l'implantation d'une ancienne carrière de sable qui, à la fin des années 1960, répondait à l'importante demande de sable nécessaire au bétonnage de la base opérationnelle de l'Île Longue. Cette étendue de 7000 m² de surface et d'un mètre de profondeur a été ainsi mise à nu, ce qui a favorisé le développement d'espèces pionnières comme les orchidées. On y dénombre actuellement douze espèces différentes, dont deux plantes d'intérêt communautaire, le Liparis de Loesel, identifié pour la première fois en 1999 et le Spiranthe d'été , mais aussi l'Orchis moucheron, l'Orchis des marais, l'Orchis pyramidal, l'Orchis de Fuchs, l'Orchis incarnat, l'hybride Fuchs / Incarnat, l'Orchis à fleurs lâches, etc... En outre, on trouverait (dossier Natura 2000 FR5300019) à Kersiguénou la carotte sauvage de Gaudeceau, la Renouée de Ray, la Renouée maritime, ou selon le Conservatoire de Brest (M. Goret, 2009) Cynoglossum officinale et Equisetum variegatum dont c'est l'unique station du massif armoricain.
La population de Liparis de Loesel qui atteignait plus de 1000 pieds en 2002 y est soigneusement suivie ( MAGNANON S, ANNEZO N., 2002 ou MANAC'H A., 1993, Note sur les orchidées de Kersiguénou (Crozon-Finistère), ERICA, n°4 ) notamment par le Conservatoire de Botanique de Brest, et le site qui est la propriété Espace Naturel Sensible (ENS) du Conseil Général bénéficie d'une gestion par un programme multipartenarial associant fauchage avec exportation, coupe des saules, arrachage manuel des petits pieds d'herbe de la pampa, arrachage mécanique des pieds plus gros, raclage-étrépage, gyrobroyage.
L'Orchis à fleurs lâches Anacamptis laxiflora (Lam.) M.C. Chase, 1997.
Lieux : Kersiguenou et Trésigneau.
Dates : 7 et 13 mai 2012.
Anacamptis laxiflora et femelle de Polyommatus icarus (Azuré commun, Azuré de la Bugrane) :
Anacamptis laxiflora et Lycaena Phlaeas (Cuivré commun) :
l'Orchis pyramidal Anacamptis pyramidalis (L.) Rich., 1817
Lieu : Lostmarc'h puis la Palud.
date : 24 mai 2012.
Kersiguenou, 12 juin 2012, à profusion.
Le Serapias à petites fleurs Serapias parviflora Parl., 1837.
Lieu : Trésigneau.
Date : 13 mai 2012.
La Listère à feuilles ovales Listera ovata (L.) R.Br., 1813:
Kersiguenou, 7 mai 2012.
L'Orchis des bruyères Dactylorhiza maculata ericetorum .
St Hernot, tourbière, 22 mai 2012
L' Orchis de Fuchs Dactylorhiza fuchssi (Druce) Soó, 1962
Il a été nommé en hommage à Leonhart Fuchs (1501-1566), botaniste allemand célèbre et professeur de médecine à l'Université de Tübingen.
Kersiguenou, 12 et 16 juin 2012
L' Orchis incarnat Dactylorhiza incarnata (L.), Soô, 1962
Kersiguenou, 12 juin 2012.
L' Hybride d'Orchis de Fuchs et d'Orchis Incarnat Dactylorhiza fuchssi x incarnata.
Lorsque je suis rentré de ma récolte photographique du 12 juin, j'ai été incapable de m'y reconnaître correctement entre les différents clichès de Fuchs, d'Incarnat et des images restantes.
Je suis donc retourné sur le terrain avec le petit livre de Paule et André Rageot et j'ai mis de l'ordre dans mes idées:
L'Orchis de Fuchs a des feuilles maculées, il m'est apparu plus petit (alors qu'il peut atteindre 25-40 voire 60 cm!) et moins fourni en fleurs que les deux autres , et ces fleurs étaient roses pâles. Au cours de la floraison, les fleurs du haut ne sont pas encore ouvertes, ce qui donne une forme triangulaire à l'inflorescence. Je m'attachais à retrouver l'aspect effilé et plus long du lobe médian du labelle. Les dessins sobres à l'encre violette faisaient prédominer les lignes plutôt que les points ou tirets.
L'orchis incarnat était celui dont les feuilles, hautes, verticales, pointues, n'étaient pas maculées. Les pieds étaient plus haut que l'espèce précédente, et ses fleurs, de couleur plus soutenue, plus lilas-mauve que rose, denses, serrées entre elles, possédaient un labelle plus long qui retombait verticalement; il était parsemé de petits points, et je voyais surtout cette ponctuation plutôt que "le dessin en double boucle" donné comme caractéristique par Rageot & Rageot.
L'Hybride Fuchs x incarnata était nettement plus haut et son inflorescence était cylindrique. Les feuilles maculées me permettaient d'être sûr de ne pas le confondre avec l'incarnat, mais ses fleurs étaient aussi très différentes, avec un dessin à base de lignes roses.
Sur cette photo, l'orchis incarnat est à gauche (*) et les hybrides à droite, beaucoup plus haut (**).
Voici donc mes clichés de ce fameux hybride :
L'Épipactis des marais Epipactis palustris (L.) Crantz, 1769.
Kersiguenou, 12 juin 2012
l'Ophrys abeille Ophrys apifera Huds., 1762.
Kersiguenou, 22 mai 2012
Le Liparis de Loesel Liparis Loeselii (L.) Rich, 1817.
Lieu : Kersiguenou
Date : 1er juillet 2012
L'Orchis moucheron Gymnadenia conopsea (L.) R. Br., 1817.
Lieu : Kersiguenou
Date : 1er juillet 2012
Un autre site : La Palue :
1. Ophrys sphegodes,
l'Ophrys araignée à La Palue (Crozon).
Tous mes remerciements vont à Michel David, président de la section locale de Bretagne Vivante.
Selon l'excellent guide Les orchidées en Presqu'île de Crozon de Paule et André Rageot, l'Ophrys sphegodes est la première orchidée que l'on puisse observer en Presqu'île, de la fin mars à mi-avril. Une station dans les arrière-dunes de La Palue est régulièrement suivie et, cette année 2013, on y comptait sept à huit pieds : c'est dire la fragilité de cette implantation dans un site extrémement apprécié des surfeurs ou des randonneurs, et menacé par l'embrousaillement de parcelles, privées ou publiques, jadis cultivées et donc entretenues, mais qui sont vite envahies par l'ajonc, le prunus ou le saule.
Les conditions ont été éprouvantes pour les plantes cet hiver et en ce début de printemps où les températures matinales étaient proches de 2°C. Aussi des rosettes prometteuses ont vu leur floraison grillée par le gel.
Les images que je donne sont celles des deux fleurs "présentables" dans ces conditions, et on trouvera ailleurs des images de spécimens aux tiges et feuilles moins pâles.
2. L'Ophrys brun silloné
Ophrys sulcata P. DEVILLERS & J. DEVILLERS-TERSCHUREN 1994,
21 avril 2013
Origine du nom :
du latin sulcata, "silloné", en raison du sillon longitudinal très prononcé des fleurs, qui se prolonge jusqu'au lobe central.
Il procède d'une publication dans Les Naturalistes Belges, supplément Orchidées Hors-série : Devillers, P. & Devillers-Terschuren, J. 1994.- Essai d’analyse systématique du genre Ophrys. Natural. belges 75 (Orchid. 7 suppl.): 273-400.
C'est une espèce méditerranéo-atlantique du groupe fusca (brun), qui atteint en Bretagne, et a fortiori à la pointe de la Presque-Île de Crozon, sa limite septentrionale.
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