Zoonymie (étude du nom) du Grand Nacré Argynnis aglaja Linnaeus, 1758.
La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).
Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.
Résumé.
— Argynnis, Fabricius, 1807 : cet auteur danois ami de Linné a créé 49 noms génériques, dont, selon la règle qu'il s'était fixé, près de la moitié sont des épithètes de Vénus (Aphrodite en Grèce) : c'est le cas pour l'épiclèse Argynnis Argunnis ´Αργυννίς «D'Argynnos (toponyme et anthroponyme)» , épiclèse d'Aphrodite (´Αφροδίτη ) du nom de son temple Argyneion bâti selon la légende par Agamemnon roi de Mycènes sur les bords du fleuve Céphise en souvenir de son amant le jeune Argynnus qui s'y était noyé. Le rapprochement lointain et fortuit avec le grec arguros "argent" a sans-doute été inspiré bien plus tard à Emmet (1991) par les taches argentées des ailes.
— aglaja (Linnaeus, 1758) : espèce nommée — comme Boloria euphrosyne— du nom de l'une des trois Grâces, ici Aglaé (en grec ancien Αγλαΐα / Aglaía, « éclat, beauté, parure ») : l'Éblouissante. En 1746 il avait choisi dans sa Faune de Suède pour cette espèce le nom de Rex, "Roi" .
— Après les premiers noms vernaculaires des anglais Pétiver (The Greater Silver-spotted Fritillary, 1699) et Wilkes (The Darkned Green Fritillary, 1742), le médecin français Etienne-Louis Geoffroy s'en démarqua en 1762 en nommant cette espèce "Le Grand Nacré". Il reprenait ainsi une comparaison avec la perle (margarita) que Moffet avait introduit dès la première description en latin en 1634, et il appliquait pour décrire les taches de la face inférieure des ailes une métaphore créée an 1734 par Réaumur décrivant les écailles "de ce blanc plus beau que celui de l'argent, et qu'on appelle nacré, parce qu'il a l'éclat de la nacre de perle ". Le nom qui a été repris par Engramelle 1779, a été abandonné par Latreille puis Godart (1821) puis remis à l'honneur par G. Luquet en 1986 est désormais adopté par tous.
I. Nom scientifique.
1. Famille et sous-famille.
a) Famille des Nymphalidae Rafinesque, 1815.
Cette famille comporte (je suivrai Dupont & al. (2013) ) 8 sous-familles en France :
- Sous-famille des Libytheinae Boisduval, Rambur, Dumesnil & Graslin, [1833]
- Sous-famille des Danainae Boisduval, [1833]
- Sous-famille des Limenitidinae Butler, 1870
- Sous-famille des Heliconiinae Swainson, 1822
- Sous-famille des Apaturinae Boisduval, 1840
- Sous-famille des Nymphalinae Swainson, 1827
- Sous-famille des Charaxinae Doherty, 1886
- Sous-famille des Satyrinae Boisduval, [1833]
b) Sous-famille des Heliconiinae Swainson, 1822
Selon Dupont & al., Pelham & al. (2008), se référant aux travaux de Koçak (1981), considèrent Heliconiinae Swainson, 1827, comme invalide, au motif que le nom donné par Swainson est fondé sur le nom générique Heliconius Latreille, 1804, qui est un homonyme d’Heliconius Kluck, 1780. Ces auteurs préconisent l’utilisation d’Heliconiinae Swainson, 1822 (planche 92, « Heliconiae »).
c) Tribu des Argynnini Swainson, 1833 : les Argynnes.
Pour la systématique des Argynnini Dupont & al. suivent les travaux de Simonsen & al. (2006).
d) Sous-tribu des Argynnina Swainson, 1833
- Genre Issoria Hübner, [1819]
- Genre Brenthis Hübner, [1819]
- Genre Argynnis Fabricius, 1807
2. Nom de genre Argynnis, Fabricius, 1807:
a) Description originale :
Argynnis, "Systema glossatorium", in "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge aus den Linneischen Gattungen Papilio und Sphinges", "Nach Fabricii systema glossatorum Tom 1" , in Johann Karl Wilhelm Illiger*, Magazin für Insektenkunde, Karl Reichard Braunschweig [Brunswick] (6) page 283. L'espèce-type, celle sur laquelle se base la description, est Papilio paphia Linnaeus, 1758.
*Illiger est le fils d'un marchand de Brunswick. Il fut l'élève de Johann Hellwig (1743-1831), un célèbre entomologiste. Le comte von Hoffmannsegg (1766-1849), naturaliste et grand collectionneur, remarque alors le jeune homme et lui confie, afin qu'il les étudie, ses collections zoologiques. Illiger continue d'étudier les insectes et fait paraître la revue Magazin für Insektenkunde de 1802 à 1807. Les recommandations de Fabricius, de l'université de Kiel, lui valent un titre de docteur honoraire en 18061. Lorsque le musée zoologique de Berlin ouvre ses portes en 1810, Hoffmannsegg lui donne le poste de conservateur, fonction qu'il conservera jusqu'à sa mort.
L'histoire de la publication du Systema glossatorum de Fabricius est en elle-même le petit roman tragique et complexe d'un manuscrit perdu. Ce nom de Systema glossatorum suppose d'abord que l'on sache que Fabricius, dont la classification des insectes reposait sur la structure des pièces buccales utilisait le terme de Glossata (les Glossates) pour désigner les Lépidoptères, ou Papillons : en d'autres termes, il s'agit de sa Classification des Lépidoptères, la dernière de sa série des Systema après Systema eleutheratorum [les coléoptères] Kiliae 1801, Systema rhyngotorum [les hémiptères], Brunsvigae 1803, Systema piezatorum [les hyménoptères], Brunsvigae 1804 et Systema antliatorum [les diptères], Brunsvigae 1805.
Le manuscrit du dernier des Systema a été terminé le 4 mars 1806 et envoyé à Reichard, le même éditeur que les précédents à Brunswig, et qui éditait aussi le Magazin für Insektenkunde d'Illiger. C'est dans la sixième et dernière parution de cette revue que Illiger écrivit un article sur "La dernière classification par genre des papillons des genres linnéens Papilio et Sphinges", Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge aus den Linneischen Gattungen Papilio und Sphinges (cité supra, 1807 pp 277-289), anticipant la parution du premier volume de la Systema Glossatorum, annoncée pour Pâques 1808. Quant à Fabricius, il donna un résumé de son ouvrage dans "Zeitung fur Literatur und Kunst in den Konigl. Danischen Staaten," Kiel, 11. Sept. 1807 (pp. 81-84) sous le titre: "Etatsrath Fabricius Rechenschaft an das Publikum fiber seine Classification der Glossaten. Joh. Christ. Fabricii systema glossatorum, Vol. I ".
Hélas, avant que ne paraisse le livre, l'éditeur fit faillite, et ses créanciers saisirent le matériel et vendirent les travaux en cours à des chiffonniers. On ignore ce qu'est devenu le manuscrit original de Fabricius, mais néanmoins, les sept premiers feuillets déjà imprimés de son livre ont été conservés, en trois exemplaires. L'un de ceux-ci est maintenant à la Bibliothèque du Musée zoologique de Berlin : elle comporte les pages 1-112 avec la page de titre et s'intitule Systema glossatorum, sans mentionner "volume I". Elle a fait l'objet d'un fac-similé publié par F. Bryk en 1938. Un autre exemplaire appartenait à K.A Dohrn à Szczecin [Stettin], qui l'a légué au Musée zoologique de Szczecin ; après la seconde guerre mondiale, il devint la propriété de la Bibliothèque Royale de Copenhague. Il comprend les pages 3-112, sans la page de titre. Enfin, l'American Museum of Natural History de New-York détient depuis au moins 1903 le troisième exemplaire. Il ne se compose que des pages 1-80, page de titre incluse.
Comme Dohrn signale que le numéro 6 de la revue d'Illiger avait brûlé lors d'un incendie chez l'imprimeur, Brik pense que le manuscrit de Fabricius a été détruit lors du même incendie. Ce manuscrit ne devait porter que sur le volume I, puisque la liste des genres, par laquelle Fabricius débute (page 9-12) ne comporte pas les Noctuidae et les Geometridae.
Felix Brik (1938) sembla avoir utilisé une épreuve de la bibliothèque de la Berliner Naturforschung Gesselschaft, publiant un fac simile qui apporte les noms de nouvelles espèces par rapport à Illiger. (J Chr Fabricius Systema Glossatorum Nature 143, 784 (13 Mai 1939). Par son Opinion n° 137 du 30 octobre 1942, l'ICZN établi que les noms génériques publiés par Illiger sont à créditer à "Fabricius (in Illiger), 1807" et par extension de l'Opinion n° 137, les noms triviaux du fac-similé de Briks sont indiqués "Fabricius (in Brik), 1938".
Dans la note préliminaire d'Illiger, Fabricius divisait l'ensemble de ses Papilio (papillons "de jour") en 49 "genres", dans lesquels il englobait les Sphinx (n°43), les Sesia (n°44) les Zygaena (n°47), sans distinction, alors que Latreille (dont la classification de 1804 est présentée dans la partie B du même article page 90) crée des Sections (Diurnes-Crépusculaires-) divisées en familles (Papillionides et Sphingides), elles-mêmes divisées en quatre sous-groupes.
Sources du paragraphe:
SL Tuxen Annu Rev. Entomol.1967, http://www.annualreviews.org/doi/pdf/10.1146/annurev.en.12.010167.000245
Voir aussi Taeger, Nota lepidopterologic 2001
https://archive.org/stream/notalepidoptero242001soci#page/n89/mode/2up/search/fabricius
Zimmer, 2012 http://dezimmer.net/eGuide/Lep2.1-T-Z.htm
— Description :
Taster zwei, dreigliedrig : zweites Glied vor der inner Spitze erweitert. Fühler geknoft : Kolbe zusammengedrükkt, scheibenförmig. (Putzfüfse).
*Zahnrandige Flügel
Pap. Paphia, Cynara, Cethosia, Aglaja.
** ganzrandige Flügel.
Pap. Liriope, Morpheus, Hermes.
41 Art.
— Type spécifique: Papilio Paphia,Linnaeus, 1758, sélectionné par Latreille en 1810.
b) Sous-genres.
Ce genre renferme 4 sous-genres
— Sous-genre Speyeria Scudder, 1872
Selon Dupont & al. : "Speyeria Scudder, 1872 : Fauna Europaea maintient l’emploi du sous-genre Mesoacidalia Reuss, 1926, qui isole les espèces paléarctiques des espèces néarctiques, regroupées dans le genre Speyeria Scudder, 1872. Les travaux de Simonsen & al. (2006) ont montré que ces deux groupes appartenaient à la même lignée monophylétique au sein du genre Argynnis. Nous maintenons Speyeria comme nom du sous-genre, celui-ci ayant la priorité.".
Scudder, "A systematic Revision of some of the American Butterflies : with brief notes on those known to occur in Essex County, Mass.", 4th Annual Report of the Peabody Academy of Sciences, [1871], Salem, 1872, p. 44.
- Argynnis aglaja (Linnaeus, 1758) Grand Nacré.
— Sous-genre Fabriciana Reuss, 1920
- Argynnis niobe (Linnaeus, 1758) Chiffre.
- Argynnis adippe ([Denis & Schiffermüller], 1775) Moyen Nacré.
- Argynnis elisa Godart, 1823 Nacré tyrrhénien.
— Sous-genre Pandoriana Warren, 1942
- Argynnis pandora ([Denis & Schiffermüller], 1775) Cardinal.
— Sous-genre Argynnis Fabricius, 1807.
- Argynnis paphia (Linnaeus, 1758) Tabac d’Espagne.
Origine et signification du nom Argynnis.
— A. Spuler p.
—A. Maitland Emmet (1991) page 154 :
- Argynnus, a lady beloved by Agammemnon. After her death he erected a temple in her honour where Aphrodite (Venus) was worshipped ; thus Argynnis came to be used as an epithet of Aphrodite. This was fabricius's family name for all the larger fritillaries wich had been called "Perlati" by Latreille (1804) because of the pearly markings on the underside ; with his fondness for word play, fabricius is probably punning on arguros, ; silver, with references to these underside markings.
— Hans A. Hürter (1998) :
—Luquet in Doux et Gibeaux (2007) page
: "Argynnis : transcription du mot "Argynne" (Argunnos ou Argynnus), nom d'une femme aimée d'Agamemnon. Après la mort de celle-ci, il fit ériger un temple en son honneur où on rendait un culte à Aphrodite (=Venus) ; c'est ainsi qu'Argynne devint une épithète d'Aphrodite . Argynnis fut utilisé par Fabricius en tant que nom de famille pour désigner les "Nacrés" de grande taille, appelès "perlati" par Latreille (1804) en raison des motifs perlés (= nacrés) de leur revers. Du fait de son goût prononcé pour les jeux de mot, Fabricius a probablement usé d'un calembour fondé sur le mot grec arguros ("argent") par allusion aux taches argentées du revers des Nacrés.
— Perrein & al. (2012) page 338 :
Étymologie : de Argennos ou Argynnos, jeune homme de Béotie d'une grande beauté, favori d'Agamemnon, le légendaire roi de la mythologie grecque ; selon Emmet (1991), probable jeu de mot de Fabricius avec le grec arguros "argent", allusion aux taches nacrées du revers des ailes des espèces de la famille qu'il dénomme ainsi.
Discussion.
Fabricius a confié qu'il avait puisé les noms de genre qu'il a créé pour ses papillons diurnes dans le (vaste) répertoire des épithètes de Vénus (ou Aphrodite pour les grecs) alors que ses genres de papillons de nuit recevaient les surnoms de Diane/Artémis, déesse lunaire:
Fabricius, dans sa présentation du Systema glossatorum (déjà cité, in Zeitung für Literatur und Kunst in den Königl . Dänischen Staaten [ Kiel ] , Septembre 11 1807, p. 83), donne des indications précieuses sur ses règles d'attribution des noms : il écrit qu'il est en train de changer un certain nombre de nom donnés par Linné car il souhaite faire apparaître le nom de la plante hôte. "Les noms de genre ne posent pas de problèmes importants, il faut seulement éviter qu'ils soient trop longs, et qu'ils ne soient pas déplaisants à l'oreille. Pour les papillons de jour, j'ai choisi différents épithètes [cognomina] de Vénus, et pour les papillons de nuit, ceux de Diane. Ils semblent être les plus appropriés. Leurs homologues grecs [qualificatifs d'Aphrodite ou d'Artémis] ont tendance à être durs, longs et désagréables."
Pour une fois, Emmet reconnaît en l'un des noms de genre de Fabricius une épithète de la déesse Aphrodite, mais, parce qu'il méconnaît le passage que je viens de citer, il hésite à adhérer complètement à cette hypothèse. Pour lui, Fabricius est un farceur, et ce parti-pris le pousse à surinterpréter le nom choisi par l'auteur danois pour y projeter ses propres associations. Or, l'association entre l'épithète Argynnis et le grec Arguros "Argent" se crée d'autant plus facilement que toutes les descriptions spécifiques des Nacrés utilisent le mot latin argenteis. Pour n'importe quel spécialiste des papillons, le nom Argynnis évoque d'abord la série latin argenteis, grec arguros, "argent". Bien que les recherches étymologiques ne confirment pas cette interprétation digne d'Isidore de Séville, Emmet ne parvient pas à y renoncer et l'impute à l'esprit de Fabricius. Mais la tendance de ce savant aux jeux de mots n'est attesté que... chez Emmet, et dissimule le plus souvent la difficulté éprouvée face à la liste des épithètes de Vénus.
Il est vrai que, pour Emmet en 1991 et encore aussi en 2014 pour celui qui dispose désormais des moteurs de recherche pour étudier ces noms, il est bien difficile d'imaginer que Fabricius ait eu une connaissance si encyclopédique de la littérature grecque (Aphrodite) et latine (Vénus) pour réunir une liste des épithètes alors que les références auxquelles renvoient chaque nom sont ponctuelles, dispersées, peu accessible. Bien-sûr, Fabricius a du simplement utiliser une liste issue d'une compilation, d'un dictionnaire ou d'une monographie dédiée à Vénus / Aphrodite. Mais c'est vite dit, car aucune des sources auxquelles il pouvait alors avoir accès ne donne l'ensemble des épithètes.
La source la plus évidente est le Mémoire sur Vénus de l'hélleniste Pierre-Henri Larcher (1726-1812) : Mémoire sur Vénus par M. Larcher, de l'Académie des Scineces et belles-Lettres de Dijon, Paris, chez Vallade, 355 pp. Je rappelle que Johan Christian Fabricius (1745-1808) tout en enseignant à Kiel en hiver, séjournait tous les étés à partir de 1790 à Paris auprès de ses amis Pierre-André Latreille, Cuvier, Olivier, Geoffroy et Lamarck. Cet ouvrage lui était donc d'accès facile.
Or, le Mémoire sur Vénus donne dans son "Troisième Index des Noms, Surnoms et principales épithètes de Vénus" près de 250 entrées de son texte.
La liste des 49 noms de genre crée en 1807 par Fabricius contient 19 noms qui sont des épiclèses d'Aphrodite ou de Vénus : comme on le voit, Fabricius n'a pu s'inspirer de Larcher que dans 16 cas au plus. Fabricius a complété Larcher avec une autre source.
Liste des 49 noms de genre :
- Urania : Larcher renvoie à Céleste page 8-76
- Amathusia Larcher page 45
- Papilio
- Zelima
- Morpho : Larcher page 168.
- Cethosia
- Castnia : Larcher page 85
- Eupotea
- Apatura :
- Limenitis :
- Cynthia
- Vanessa
- Biblis
- Hipparchia
- Neptis : Larcher donne Nephthys page 33
- Brassolis
- Paphia : Larcher page 42-43
- Melanitis : Larcher Melaenis et Melanis page 148-149
- Argynnis Larcher page 174-175
- Thais
- Idea
- Doritis : Larcher page 113
- Pontia : Larcher page 111
- Colias : Larcher page 30 et 152
- Haetera : Larcher donne Etaera page 83.
- Acraea : Larcher page 51, 112-113
- Mechanitis : Larcher page 71.
- Libythea : Larcher donne Libitina page 237
- Helicopis
- Hesperia
- Lycaena
- Erycina Larcher page 187.
- Myrina [Larcher Myrica]
- Thecla
- Nymphidium
- Danis
- Emesis
- Thymele
- Helias
- Pamphila
- Laothoe
- Sphinx
- Sesia
- Aegeria
- Zygaena
- Glaucopsis
- 49. Procris
1. Urania* « amour céleste »
2. Amathusia* : de la ville d'Amathus, à Chypre
5. Morpho* : (aux belles formes, aux formes changeantes)
7. Castnia* : du Mont Kastion, en Pamphylie
8. Eupolea (euploea) : de l'heureuse navigation
9. Apatura : Aphrodite apatouria ou apatouros, « la décevante»
10 Limenitis : des ports
11. Cynthia : (épithète de Diane , mais désigne plutôt ici la courtisane vénusienne des Élégies de Properce)
12. Vanessa ( Vanessa, créature de Vénus dans le conte de Swift, Cadenus et Vanessa)
15. Neptis* : neptis Veneris, Ov. M. 4, 530 : la petite-fille de Vénus (= Ino) ; ou Nephthys déesse égyptienne assimilée à Vénus.
17. Paphia* : du temple de Paphos, à Chypre.
18. Melanitis* : ou Melanis "de la nuit", "la ténébreuse"
19. Argynnis* : Venus argennis, d'Argennus, favorite d'Agamemnon.
20. Thaïs : courtisane célèbre dévouée à la déesse Vénus.
22. Doritis* : Vénus doritis, "la bienfaitrice" qui avait selon Pausanias son temple à Cnide
23. Pontia* : de la mer profonde
24. Colias* : du temple de Colias, en Attique
25. Haetera* ; Hétaïra, protectrice des courtisanes.
26. Acraea* : Protectrice des acropoles et des lieux élevés.
27. Mechanitis* : l'ingénieuse à ourdir des ruses, son surnom à Megalopolis.
33. Erycina* : du mont Erix, en Sicile.
36. Nymphidium (des mariages)
Mais pour Argynnis, Larcher consacre deux pages (174-175) à cet épithète :
...et sur les bords du Céphise un Temple de Vénus Argynnis, bâti par Agamemnon, en l'honneur d'Argynnus, qu'il avait aimé, et qui s'était noyé dans les eaux du Céphise, où il prenait plaisir à nager. C'est ce que nous apprend en partie Phanoclés (Clemens Alexandrin. Cohortat. al. Gentes, tom.I. Page 32 lin.20) dans son ouvrage sur les Amours ou les Beaux, et en partie Athénée (Athén. Deipnosophist. Lib. XIII cap. VIII page 603 D) dans le texte duquel il faut lire argynne au lieu de […] Properce (Propertii Lib. 115. Eleg. VII vers 21.) parle aussi de cet Argynnus et de l'amour qu'eut pour lui Agamemnon. :
Sunt Agamemnoniastestantia littora curas
Quae notat Argyni poena natantis aqua
Une synthèse très complète est proposée en ligne par Vinciane Pirenne-Delforge dans L’APHRODITE GRECQUE : j'en donne ici un copié-collé : © Presses universitaires de Liège, 1994
4. Argyneion
4.1. Localisation
La seule référence géographique explicite est le Céphise. Divers fleuves de Grèce portent ce nom, mais les textes sont clairs sur ce point : c’est en Béotie que l’événement s’est déroulé. L’antique Céphise prenait sa source en Phocide et se jetait dans le lac Copaïs. Il est donc naturel de situer l’Argyneion dans cette région127.
Le lien entre un lieu et un personnage mythique éponyme est fréquent en Béotie ; les fils d’Athamas ponctuent ainsi la toponymie béotienne : Ptoös, Coronos, Schoineus, Onchestos, Érythos, pour ne citer qu’eux 128. Or Argynnos est un descendant d’Athamas chez Stéphane de Byzance. La légende remplit une fonction étiologique et vise à expliquer l’épiclèse topographique d’Aphrodite.
Le thème du jeune homme qui meurt noyé est également attesté à Thespies où se plaçait le décès de Narcisse 129. La mort des adolescents, qu’ils soient garçons ou filles, est largement exploitée dans les légendes béotiennes 130 et s’identifie fréquemment à un sacrifice, volontaire ou non, pour le salut de la communauté. On a pu montrer que de telles réminiscences de sacrifice humain n’étaient probablement que la symbolisation mythique de la mort initiatique des jeunes gens soumis aux rituels du passage de l’enfance à l’âge adulte 131. Deux exemples suffiront. Lophis, tué par son père à qui l’oracle de Delphes avait intimé l’ordre de mettre à mort la première personne qu’il rencontrerait sur le territoire d’Haliarte, fit naître de son sang une rivière providentielle pour une population privée d’eau 132 ; Métioché et Ménippé, filles d’Orion à qui Athéna avait enseigné à tisser la toile tandis qu’Aphrodite leur accordait une grande beauté, se sacrifièrent pour sauver Orchomène de la peste 133.
Le cas d’Argynnos est quelque peu différent puisque sa mort relève apparemment d’un accident. Cependant, l’insertion de son histoire dans un contexte initiatique permet d’expliquer diverses composantes du récit qui, sinon, restent incomprises.
Agamemnon, dont la flotte est en rade à Aulis, est un exemple de roi-guerrier, amoureux, de surcroît, d’un adolescent. Or ce type de relation pédérastique, dans les sociétés militaires, présentait un caractère religieux et initiatique134. Tout comme la Crète et Sparte, la Béotie, au dire de Plutarque, connaissait une telle situation, particulièrement illustrée par le bataillon sacré des amants de Thèbes135. Les législateurs auraient institutionnalisé les relations entre hommes mûrs et adolescents pour assouplir dès l’enfance le tempérament brutal de leurs compatriotes136.
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S’il est difficile d’expliquer pourquoi Agamemnon, hormis son caractère guerrier, a été adjoint aux aventures malheureuses d’Argynnos, il n’y a pas lieu de voir en Aphrodite une intruse 137. Même si le contexte ferait a priori préférer Apollon ou Artémis, protecteurs attitrés des rituels d’adolescence, la composante amoureuse de la relation justifie la présence de la déesse. Thésée aussi se mit sous sa protection avant le voyage en Crète, qui devait le mener à la sexualité adulte 138. Les spécificités régionales peuvent également avoir été déterminantes 139 :
C’est pour le même motif qu’ils ont aussi, et avec raison, intronisé dans leur cité la déesse que l’on dit fille d’Arès et d’Aphrodite, persuadés que là où les natures guerrières et combatives ont le plus de relation et de commerce avec la séduction et les Grâces, l’État jouit, grâce à Harmonie, de l’organisation la plus équilibrée et la plus parfaite.
Quelle que soit la cohérence de l’analyse, elle autorise peu de conclusions fermes, tant à propos de la nature exacte du culte rendu à Aphrodite Argynnis que d’un point de vue chronologique. Raoul Lonis a naguère cherché à expliquer l’implication de certains dieux dans les choses de la guerre car, hormis le problématique Arès, il n’y a pas de divinités spécifiques en ces matières140. « La fonction guerrière des divinités à l’époque classique résulte [...] du long compagnonnage qu’elles entretiennent avec les futurs guerriers pendant toutes les étapes de leur croissance et de leur formation141 ». Ce serait donc le caractère courotrophe d’Aphrodite qui permettrait de justifier sa participation paradoxale à la vie militaire 142. Si toutes les analyses des cultes d’Aphrodite menées par cet auteur n’emportent pas également la conviction, il apparaît cependant que les prérogatives d’Aphrodite en Béotie, que ce soit à Thèbes ou dans l’Argyneion 143, trouvent là une explication heureuse.
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Notes :
123 Athénée, XIII, 603d : Ἀγαμέμνονά τε Ἀργύννου ἐρασθῆναι λόγος, ἰδόντα ἐπὶ τῷ Κηφισῷ νηχόμενον ἐν ᾧ καὶ τελευτήσαντα αὐτὸν (συνεχῶς γὰρ ἐν τῷ ποταμῷ τούτῳ ἀπελούετο) θάψας εἵσατο καὶ ἱερὸν αὐτόθι Ἀφροδίτης Ἀργυννίδος. Athénée indique ensuite qu’une autre version fait d’Hyménée l’éraste d’Argynnos.
124 Stéph. Byz, s.v. [Ἀργύννιον] (Meineke, p. 114) .... Ἄργυννος, υἱὸς Πεισιδίκης τῆς Λεύκωνος τοῦ Ἀθάμαντος τοῦ Σισύφου τοῦ Αἰόλου, ἐρώμενος Ἀγαμέμνονος, Βοιωτός, ὄς ἀνιὼν εἰς τὸν Κηφισσὸν τελευτᾷ. ἀφ’ οὗ Ἀργυννίδα τὴν Ἀφροδίτην ἐτίμησε. λέγεται καὶ Ἀργουνίς. Ἀριστοφάνης δὲ Ἀργύνειον διὰ διφθόγγου. ὁ οἰκήτωρ Ἀργύννιος.
125 Ce qui n’est pas sans fondement puisque, dans un autre fragment, il fournit l’orthographe exacte d’une épiclèse de Zeus tout en en précisant l’origine : 379 F 2 Jacoby (FGrH, III B, p. 247), et le commentaire au fragment (IIIb Kommentar, p. 163).
126 Argynnos est peut-être attesté chez Hésiode, mais ce n’est guère assuré :Hés, fr. 70 Merkelbach-West. Cf. M. West, The Hesiodic Catalogue of Women, Oxford, 1985, p. 66-67. – La légende de l’amour d’Agamemnon pour le jeune homme apparaît encore chez le poète hellénistique Phanoclès qui mentionne également l’élévation du sanctuaire à Aphrodite (fr. 5 Powell [Collectanea Alexandrina, p. 108], cité par Clém. Alex, Protr., II, 38, 2 : Ἀγαμέμνονα τῶν Ἑλλήνων βασιλέα Ἀργυννίδος νεὼν Ἀφροδίτης εἵσασθαι ἐπ’ Ἀργύννῳ τῷ ἐρωμένῳ. – Le thème de l’amour du roi pour le jeune homme est vaguement repris et déformé chez Plutarque, Mor., 990d-e. Properce, III, 7, 21, évoque les rivages de Béotie qui furent témoins du chagrin d’Agamemnon après la mort d’Argynnos. Ce serait selon lui la raison pour laquelle il aurait différé le départ de la flotte et dû sacrifier Iphigénie. – D’après G. Wentzel, art. Argynnos, in RE, II, 1 (1895), c. 799, toutes les attestations dépendent de Phanoclès ; il ne considère apparemment pas qu’Aristophane de Béotie ait pu en parler.
127 A. Schachter fournit des arguments supplémentaires : à Copaïs, on a découvert une inscription comprenant l’anthroponyme Argounion (IG, VII, 2781, 1. 34). À Éleusis, une tombe du milieu du ive siècle av. J.-C. porte le nom de trois femmes originaires de Scaphlai, dont l’une s’appelle Argounis (SEG, XV, loi). S.N.Koumanoudis, RPh, 35 (1961), p. 99-105, surtout 100-101, pose l’hypothèse que la ville de Scaphlai, dont la localisation est inconnue, se situait près d’Argynion.
128 R.J. Buck, op. cit. (n. 2), p. 58-59.
129 Conon, 26 F 1 (XXIV) Jacoby (FGrH, I, p. 197-198) ; Ovide, Mét., III, 339 sq. ;Paus, IX, 31, 7.
130 Cf. A. Schachter, art. cit. (n. 28), p. 19-21.
131 P. Bonnechere, Le sacrifice humain en Grèce ancienne, Liège, 1994. Cf. aussi A. Brelich, Paides e Parthenoi, Roma, 1969 ; Κ. Dowden, Death and the Maiden, London, 1989 ; P. Brulé, La fille d’Athènes, Paris, 1987.
133 Nicandre chez Antoninus Liberalis, Mét., 25. – Le métier à tisser et la beauté signifient que les jeunes filles avaient atteint l’âge du mariage. Cf. C. Calame, Les chœurs de jeunes filles en Grèce ancienne, I, Rome, 1979, p. 343-344, 408 ; P.Brulé, op. cit. (n. 131), p. 301-302.
134 H. Jeanmaire, Couroi et Courètes, Lille, 1938, p. 450-460 ; B. Sergent,L’homosexualité dans la mythologie grecque, Paris, 1984.
135 Plut, Dialogue sur l’amour, 76ld-e ; Pélopidas, 18.
136 La tradition veut que le tombeau d’Iolaos – neveu et éromène d’Héraclès – ait reçu les serments échangés entre les amants. Cf. A. Schachter, op. cit. (n. 1), p. 36, n. 2, qui évoque brièvement le caractère initiatique de la légende d’Argynnos.
137 Comme le suggère A. Schachter, op. cit. (n. 1), p. 36, n. 2.
139 Plut, Pélopidas, 19, 1 (trad. R. Flacelière, É. Chambry), cf. infra, p. 446-447.
140 R. Lonis, Guerre et religion en Grèce à l’époque classique, Paris, 1979.
On trouve aussi ce substantif dans la liste des Epiclèses rassemblées par le CRESCAM de l'Université de Rennes : http://www.sites.univ-rennes2.fr/lahm/crescam/aff_fiche.php?id=97
Argunnis ´Αργυννίς «D'Argynnos (toponyme et anthroponyme)» , épiclèse d'Aphrodite (´Αφροδίτη )
Source 1 :Aristophane de Béotie, cité par Stéphane de Byzance, s.v. [Argynnion] IVe a.C.
Source 2 : Athénée, XIII, 603 d IIIe s. p. C.
Origine et signification du nom du sous-genre Speyeria.
— Luquet in Doux et Gibeaux (2007) page 104 :
genre dédié au médecin Adolph Speyer (°28-IV-1812, Arolsen, † 14 XI-1892, Rhoden, Waldeck) par Samuel Hubbard Scudder (° 1837-†1911), paléontologiste et bibliothécaire à l'université de harvard (Cambridge, Massachusetts).
—Perrein & al. (2012) page 347:
"Étymologie : en l'honneur d'Adolph Speyer,(1812-1892), entomologiste et médecin allemand."
3. Nom d'espèce : Argynnis aglaja (Linnaeus, 1758)
a) Description originale
Protonyme Papilio aglaia Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 824 pp. Page 481
[http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277]
— Description :
140 . P[apilio] N[ymphalis] [Phalerati] Alis angulatis fulvis nigro maculatis : subtus maculis XXI argenteis.
Alae maculis argenteis : primorum 4 obsoletis, posticarum 21.
— Habitat in Viola tricolore
— références données par Linné (classées chronologiquement) :
c) James Pétiver 1699, Musei page 35 n°A320
N.B : M. Salmon hésite à voir dans cette description celle de A. aglaia ou celle de A. adippe .
e) Linné, 1746 : Fauna suecica de Linné page 236 n° 780 :
b) Localité-type
: Suède, désignée par Honey & Scoble (2001) : Honey, M. R. & Scoble, M. J. 2001. Linnaeus's butterflies (Lepidoptera: Papilionoidea and Hesperioidea). Zoological Journal of the Linnean Society, 132(3): 277-399.page 293.
Selon Dupont & al. 2013, cette espèce a une répartition paléarctique. Elle est signalée dans toute la France. Les chenilles se nourrissent sur diverses espèces de Violettes.
c) Synonymes INPN (Muséum) et sous-espèces.
— Liste des synonymes :
-
Argynnis aglaja aglaja (Linnaeus, 1758)
-
Mesoacidalia aglaja aglaja (Linnaeus, 1758)
-
Mesoacidalia aglaja lyauteyi (Oberthür, 1920)
-
Mesoacidalia aglaja (Linnaeus, 1758)
-
Papilio aglaja Linnaeus, 1758
-
Papilio charlotta Haworth, 1802 : Haworth, A. H. 1802. Prodromus Lepidopterorum Britanicorum. A concise catalogue of British Lepidopterous insects with the time and place of appearence. Holt, London. 38. page 3.
— Sous-espèces :
Tsikolovets retient trois sous-espèces en Europe et le bassin méditerranéen :
- aglaja Linnaeus, 1758.
- lyauteyi Oberthür, 1920. Localité-type : Azrou, Maroc. Les pièces génitales de ce taxon sont différentes (Higgins, 1975).
- ottomana Röber, 1896. Localité-type : Karli Boghas, Anatolie, Turquie.
d) Origine et signification du nom aglaja.
Les interprétations des étymologistes :
— Arnold Spuler ( 1901-1908) page 30:
eine der 3 Gracien
— A. Maitland Emmet (1991) page 154 :
— aglaia, one of the three Graces ; see euphrosyne.
— August Janssen (1980) page 40 :
een van de drie Gratien.
— Gérard Luquet in Doux et Gibeaux (2007) page 104 :
aglaja : Aglaé (Aglaia), l'une des trois Grâces (mythologie grecque)
— Christian Perrein et al. (2012) page347 :
Étymologie : de Aglaé, la plus jeune des trois Grâces (les Charites des Grecs), divinités de la Beauté faisant partie de la suite d'Apollon, présentées nues et se tenant par les épaules, du grec aglaos, "beau, brillant, orné".
Discussion :
Encyclopédie Wikipédia :
Dans la mythologie grecque, Aglaé (en grec ancien Αγλαΐα / Aglaía, « éclat, beauté, parure ») est la plus jeune des trois Charites (Grâces). Elle est la beauté dans ce qu'elle a de plus éblouissant, la splendeur.
Aglaé passe, selon Hésiode, pour l’épouse d’Héphaïstos à la place d’Aphrodite et aussi pour la messagère de cette dernière.
Dans la mythologie Gréco-romaine, Aglaé, Euphrosyne et Thalie sont les trois Grâces, en grec les « Charites », des divinités compagnes d’Aphrodite la déesse de l’amour qui l’aident à se parer pour être encore plus séduisante. Filles de Zeus elles ont le don de répandre la joie dans la nature et dans le cœur des humains. « Avec vous tout devient charmant et doux » disait d’elles le poète Pindare. Aglaé est « la brillante », Euphrosyne « celle qui réjouit le cœur » et Thalie « celle qui fait fleurir » car à l’origine ce sont des déesses de la nature associées au dieu solaire Apollon.
A partir du IVe siècle avant notre ère on les représente sous la forme de trois jeunes femmes nues se tenant l’épaule ce qui en fit une source inépuisable d’inspiration pour les artistes
Papilio aglaja appartient au 57 espèces de la "phalange" des Nymphales, l'une des six phalanges dans lesquelles Linné répartit ses papillons de jour. Ces papillons aux ailes dentelées (alis denticulatis) se répartissent eux-mêmes en 23 "Nymphales gemmati" aux ailes ocellées, et en 34 "Nymphales phalerati" aux ailes "aveugles" (sans yeux ou ocelles) mais harnachées (traduction de phalerati) c'est-à-dire présentant des taches et des bandes. Tous les papillons Nymphales reçoivent des noms féminins de la mythologie, soit réellement des noms de nymphe, soit de divinités grecques ou romaines, que Linné puise dans ses recueils d'antiquité, notamment les Fabulae de Hygin. Ici, il débute la courte série des 3 Grâces avec Aglaja ; puis —pourquoi ? —il l'interrompt en nommant l'espèce suivante Lathonia avant de reprendre avec Euphrosyne. Aglaja, Euphrosyne, on attend donc la troisième, Thalia, mais non, Linné s'arrête là et termine sa liste avec Niobe et vanillae. (voir infra)
Les Trois Grâces, groupe en marbre du Louvre, restauré en 1603.
Discussion (suite) : un doublet linnéen d'aglaja.
Si je donne une suite à ma "discussion", c'est qu'après avoir écrit l'article Noms des Papillons diurnes (rhopalocères) créés par Linné dans le Systema Naturae de 1758., avoir lu le livre d'Emmet des dizaines de fois, avoir rédigé la zoonymie de Boloria euphrosyne et de Melitaea athalia, après être venu et revenu sur ces noms des trois Grâces, et avoir publié cette Zoonymie de l'A. aglaja, je ne découvre qu'aujourd'hui que Linné a, dans sa liste des Lépidoptères du Systema Naturae de 1758, donné deux fois ce nom d'aglaja à un papillon.
En effet, Linné a d'abord créé les noms des papilio aglaja et papilio thalia pour deux de ses Heliconii respectivement page 465 n°44 et page 467 n°53 pour des papillons exotiques (Inde et Asie). Et les Grâces trouvaient naturellement leur place sur l'Hélicon parmi les Muses, elles qui font partie du cortège d'Apollon.
De manière incompréhensible, Linné a donné exactement le même épithète spécifique aglaja seize pages plus loin à l'une de ses Nymphales, et en a profité pour terminer la série des trois Grâces avec Euphrosyne. En résumé, Linné créé dans son Onomastique de 1758 Papilio thalia (n° 53), Papilio euphrosyne n° 142 et un doublet de Papilio aglaja n°44 et n° 140.
II. Archéo-taxonomie.
1. Le genre.
Mesoacidalia et Speyeria ont perdu, dans la Révision systématique de Dupont & al. 2013, leur statut de genre.
2. L'épithète spécifique.
...est resté identique.
III. Noms vernaculaires.
I. Les Noms français.
Cette espèce avait reçu deux noms vernaculaires an anglais, "The Greater Silver-spotted Fritillary" de Pétiver 1699 et "The Darkned Green Fritillary" de Wilkes 1742, puis le nom de Rex dans la Fauna Suecica de Linné 1746, mais le nom choisi par Geoffroy en 1762 se démarque de ces dénominations. Néanmoins, il reprend indirectement, par le nom "Nacré" liè à la perle, le terme de margarita (perle) de la toute première description de la littérature, celle de Moffet 1634 (qui reprenait sans-doute celle de Gessner).
1. Le Grand Nacré Geoffroy, 1762.
Étienne-Louis Geoffroy 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ; Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt : page 42-43 n°9 planche 11 fig. 1-2.
On lira donc ici la première description en français de ce papillon ; et on la comparera avec la brièveté des descriptions précédentes (celles de Pétiver, Ray, et Linné) pour en mieux apprécier la valeur. en outre, la chenille y est décrite.
Ses ailes arrondies et peu dentelées sont fauves en dessus, avec des taches et des raies noires. En dessous, les ailes supérieures sont d'une couleur fauve plus pâle, avec des taches noires semblables et quelquefois un peu de nacre vers l'angle extérieur ; mais les inférieures presque jaunes, ont de grandes plaques argentées ou nacrées, au nombre de 20, 21 ou 24 sur chacune ; savoir, une bande qui borde l'aile, ordinairement composée de sept taches en forme de croissant, une au milieu posée transversalement, composée de sept, huit et quelquefois dix taches, les unes plus grandes, les autres plus petites ; et enfin cinq ou six taches assez grandes, posées irrégulièrement proche de la base de l'aile, ou vers l'endroit où elle s'attache au corps de l'insecte. On trouve souvent ce beau papillon dans les bois ; il vole vite et fort haut et est très difficile à saisir. Sa chenille est épineuse, de couleur noire, avec une bande de taches fauves de chaque coté, et une bande plus pâle sur le dos. Elle est très rare.
Si Geoffroy nomme cette espèce "Grand Nacré", c'est qu'il décrit ensuite le Petit Nacré, le Papilio lathonia.
La justification du nom est claire : le substantif "nacré" renvoie aux taches et plaques argentées traduit le terme latin argenteis des phrases spécifiques de Linné, Ray et Pétiver. Cela montre le soin que Geoffroy met pour transformer un simple adjectif descriptif en une métaphore et en un nom de matière. Il a choisi Citron plutôt que "jaune", Souci plutôt que "jaune orangé", Tabac d'Espagne plutôt que "blond", Collier argenté (la perle) plutôt que "argent", Damier plutôt que "quadrillé", Flambé (nom d'un tissu) plutôt que =/- rayé, Bronzé (qui revoie au Bronze), Cuivré, plutôt que brun brillant ou orangé, Deuil (une tenue) plutôt que "noir", Demi-deuil plutôt que "noir et blanc", Grisette (encore une étoffe), Gazé (idem) Miroir, etc. Ces noms de matière ont souvent perdu leur pouvoir d'évocation, mais le soin de Geoffroy est remarquable.
L'adjectif "nacré" est si bien passé dans le langage commun que la référence qu'il fait à un matériau s'est beaucoup affaiblie ; pourtant, son usage est assez récent. Le dictionnaire (Trésor de la langue française CNRTL) révèle que l'adjectif n'est entré au dictionnaire de l'Académie qu'en 1835 (7ème édition), et que les premiers emplois sont intimement liés à l'Histoire Naturelle : le CNRTL donne deux dates : 1. 1667 «qui renferme de la nacre» (C. de Rochefort, Hist. naturelle des Iles Antilles de l'Amérique, t.1, p.460); et 2 .1734 «qui a l'éclat de la nacre» (Réaumur, Mém. pour servir à l'hist. des Insectes, t.1, p.205 ds Brunot t.6, p.579, note 6).
On sait que le père de Etienne-Louis Geoffroy, Etienne-François Geoffroy (1672-1731), membre de l'Académie des Sciences était très proche de Réaumur, qui était le président de cette Académie. On sait aussi que Réaumur a été le tout premier français à avoir écrit un ouvrage d'entomologie, dont une grande partie est consacrée aux papillons et notamment aux chenilles. Cela donne un relief très particulier à l'information suivante : cette référence vers Réaumur que donne le CNRTL dans sa définition de "nacré" est directement en rapport avec les ailes des papillons.
Retrouvons la citation originale ; elle figure dans le Cinquième Mémoire des Mémoires pour servir à l'histoire des insectes de Réaumur (1734), 5ème mémoire qui porte le titre de "Des parties extérieures des papillons et principalement des ailes", et qui traite de généralités sur les papillons. C'est à la page 205 :
Certains endroits de l'aile ne sont remplis que d'écailles du plus beau bleu, d'autres places le sont d'écailles rouge, d'autres d'écailles jaune, d'autres d'écailles noires, d'autres écailles d'un blanc ordinaire, d'autres d'écailles de ce blanc plus beau que celui de l'argent, et qu'on appelle nacré, parce qu'il a l'éclat de la nacre de perle .
2. Le Grand Nacré , Engramelle, 1779.
Jacques Louis Engramelle 1779 Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 1 page 53 planche 13 fig. 16 dessinée par J.J Ernst (?) et gravée par Gerardin. .
Selon Latreille et Godart 1819, puis Duponchel 1849, Engramelle a décrit sous le nom de "Grand Nacré" le Papilio adyppe, et sous celui de "Nacré" le Grand Nacré de Geoffroy P. aglaia. C'est possible, mais Engramelle donne bien comme référence de son Grand Nacré celui de Geoffroy, et comme ce qui m'intéresse est l'histoire du nom propre vernaculaire, cela ne change rien pour mon sujet.
3. Argynne Aglaé , Latreille et Godart 1819
Latreille et Godart Encyclopédie méthodique, Paris : Vve Agasse tome 9, page 264 .
Cet article permet de disposer de l'ensemble des références bibliographiques sur cette espèce, notamment par les auteurs germaniques, autrichiens ou suisses.
4. Argynne Aglaé , Godart 1821,
Jean-Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons d'Europe, Paris : Crevot 1821, page 54 et planche 3 secund fig.3 peinte par Vauthier et gravée par Lanvin.
Je fais cette découverte curieuse en lisant le texte de Godart :
Ces mêmes ailes offrent en outre, vers l'origine de leur bord antérieur, quatre taches noires obliques représentant grossièrement le nombre 1356.
Cette constatation a été rappelée par P.A. Robert dans Les Papillons dans la nature, Delachaux et Niestlé, 1934 page 155, avec cette remarque que ce dessin se retrouve sur les ailes de tous les Argynnes. A. niobé lui devrait son nom Le Chiffre.
Mais elle renvoie aux constatations analogues faites à propos du Vulcain.
Godart donne la description de la chenille (comme déjà Geoffroy) et de la chrysalide.
5. L'Argynne aglaé, Duponchel 1849.
— DUPONCHEL (Philogène Auguste Joseph) 1849 Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir à de compléter une l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, de MM. Godart et Duponchel . Paris : Germer Baillère, 1849 page 120 planche XIV figg.46 a-b.
6. La revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986 et le nom vernaculaire actuel.
Dans la révision des noms vernaculaires français des rhopalocères parue dans la revue Alexanor en 1986, Gérard Christian Luquet proposait comme nom principal "Le Grand Nacré" et "l'Aglaé".
Cet auteur a fait du substantif "Nacré" le déterminant d'une série à laquelle appartient bien-sûr le Moyen Nacré argynnis adippe et le Petit Nacré Issoria lathonia, mais à laquelle il ajouta 18 nouveaux noms vernaculaires qu'il créa sur le modèle Nacré + plante-hôte ou lieu géographique. De ce nombre initial de 1986, la Révision taxonomique de Dupont & al. (dont G. Luquet) n'en fait plus apparaître en 2013 que 10. Tous les "Nacrés" appartiennent à la Tribu des Argynnini, dans la Sous-famille des Heliconiinae :
- Nacré porphyrin, Boloria titania
- Nacré de la Bistorte, Boloria eunomia
- Nacré subalpin, Boloria pales
- Nacré des Renouées, Boloria napaea
- Nacré de la Canneberge, Boloria aquilonaris
- Nacré des Balkans, Boloria graeca
- Nacré de la Filipendule, Brenthis hecate
- Nacré de la Sanguisorbe, Brenthis ino
- Nacré de la Ronce, Brenthis daphne
- Nacré tyrrhénien, Argynnis elisa .
On pourrait presque regrouper les Argynnes sous le nom des Nacrés, si (Dieu merci) Luquet n'avait pas conservé les noms consacrés par l'usage de Petit et Grand Collier argenté, Petite Violette, Chiffre, Cardinal et Tabac d'Espagne.
7. Étude zoonymique des auteurs français :
— Doux et Gibeaux 2007 page 104 :
Nacré (Engrammelle, 1779) : allusion à l'ornementation de la face inférieure".
8. Noms vernaculaires contemporains :
Charles Oberthür et Constant Houlbert , dans leur Faune armoricaine de 1912-1921, utilisent le nom scientifique de Argynnis aglaja puis ajoutent entre parenthèse (Le Nacré) page 125, ajoutant page 127 "Le Nacré, ainsi que l'appelle Engramelle..".
—Bellmann / Luquet 2008 : "Le Grand Nacré speyeria aglaja" .
— Blab / Luquet 1988 :
— Chinery / Leraut 1998 : "Mesoacidalia aglaja, le Grand nacré"
— Doux & Gibeaux 2007 : "Le Grand Nacré ".
— Higgins & Riley /Luquet 1988 : " ".
— Lafranchis, 2000 : "Argynnis aglaja le Grand Nacré" .
— Perrein et al. 2012 : " Grand Nacré ".
— Tolman & Lewington / P. Leraut 2009 : "Speyeria aglaja", le Grand nacré"
— Wikipédia : " Grand Nacré ".
III. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.
- "Dark Green Fritillary" en anglais : "Fritillaire vert foncé"
- "Großer Perlmutterfalter" en allemand "Grand Perlé"
- "Argentada de muntanya" en catalan "argenté des montagnes"
- "Žalsvasis perlinukas" en lithuanien
- "Perlovec veľký "
- "Перламутровка аглая" en russe (Perlé aglaia)
- "Perleťovec větší" en tchèque
- " Lunares de Piata" en espagnol
- "Kerekfoltú gyöngyházlepke " en hongrois
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Langues celtiques :
1. langues gaéliques : irlandais (gaeilge) ; écossais (Gàidhlig ) ; mannois ( gaelg :île de Man).
-
en irlandais
- "Breckag ghoo-ghlass" en mannois. "Fritillaire vert-foncé"
-
"" en gaélique écossais*
2. Langues brittoniques : breton (brezhoneg) ; cornique (kernevek); gallois (Welsh, cymraeg).
-
pas de nom en breton ;
-
" Brittheg werdde" en gallois "Fritillaire vert".
*Liste des noms gaéliques écossais pour les plantes, les animaux et les champignons. Compilé par Emily Edwards, Agente des communications gaélique, à partir de diverses sources. http://www.nhm.ac.uk/research-curation/scientific-resources/biodiversity/uk-biodiversity/uk-species/checklists/NHMSYS0020791186/version1.html
Voir aussi :http://www.lepidoptera.pl/show.php?ID=70&country=FR
IV. Les noms vernaculaires en anglais (M. Salmon, 2000).
- Première description Moffet, 1634.
- "The Great Sylver Spotted Fritillary" : Buddle, c.1700
- "Darkned Green Fritillary" : Wilkes, 1741-1742.
- "Dark Green Fritillaria" : Harris, 1766.
- "Silver-spotted Fritillary" : Lewin, 1795.
- "Dark Green Fritillary" : Haworth, 1803 ; Jermyn, 1824 ; Rennie, 1832 ; et la plupart des auteurs suivants.
- "Queen of England Fritillary" (ab. charlotta) : Haworth, 1803 ; Jermyn, 1824 ; Newmann & Leeds, 1913.
- "The Charlotte Butterfly" (ab.charlotta) : Brown, 1832.
L'onomastique anglo-saxonne classe cette espèce dans le très vaste groupe de ses Fritillary ( "Damiers"), puis la qualifie par sa taille (Great, "Grande"), sa couleur (Dark Grenn, "vert-foncé") ses taches argentées (Silver-spotted) avant de faire de la variété charlotta décrite par Haworth la "Reine d'Angleterre".
Bibliographie, liens et Sources.
— Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : Argynnis aglaja
I. Zoonymie des lépidoptères :
— EMMET (Arthur Maitland) 1991. The Scientific Names of the British Lepidoptera: Their History and Meaning, Colchester, Essex, England : Harley Books, 1991, 288 p. : ill. ; 25 cm.
— GLASER L, 1887 Catalogus etymologicus Coleoperum et Lepidopterum. Erklärendes und verdeutschendes namensverzeichnis der Käfer und Schmetterlinge fûr Liebhaber und wissenschaftliche Sammler, R. Friehändler : Berlin 1887, 396 pages. BHL Openlibrary.
— GLASER, L, 1882 "Zur Nomenklatur des deutschen Tagfalter, in Entomologischen Nachrichten, Stettin 1882 pages 303-317,
https://archive.org/stream/entomologischena81882berl#page/310/mode/2up/search/lycaena)
— Gozmány, László: Vocabularium nominum animalium Europae septem linguis redactum. 2 vols. Budapest: Akadémiai Kiadó, 1979.
— JERMYN L.: The Butterfly Collector's Vade Mecum: or a Synoptical Table of English Butterflies. 1824. http://archive.org/stream/butterflycollect00jerm#page/n6/mode/1up
— HELLER (John Lewis) - 1983 -"Studies in Linnaean method and nomenclature", Marburger Schriften zur Medizingeschichte, Bd.1983;7:1-326.Frankfurt am Main ; New York : P. Lang,
—HÜRTER Hans-Arnold 1988 Die wissenschaftlichen Schmetterlingsnamen, Herleitung und Deutung, Bottrop ; Essen : Pomp, 492 pages.
— ISAAK (Mark) Curiosities of the biological nomenclature, en ligne.
— JANSENN (August) 1980, "Entomologie und Etymologie der Namen der belgischen Tagfalter"; in : Phegea, driemaandelijks tijdschrift van de vereniging voor Entomologie van de Koninklijke Maatschappij voor Dierkunde van Antwerpen, Jgg.8 Nr.2, 1980.
— KEMPER Heinrich 1959 Die tierischen Schädlinge im Sprachgebrauch, Berlin : Duncker & Humblot 1959. Google books.
— MACLEOD (Roderick Donald) 1959 Key to the names of British Butterflies and moths, 86 pp. Londres.
— RAMANN (Gustav) 1870-76, Die Schmetterlinge Deutschlands und der angrenzenden Länder in nach der Natur gezeichneten Abbildungen nebst erläuterndem Text, 4 Bände, Band 1, Arnstadt 1870-1876.
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