Vers le Paradis, rue de l'Harteloire à Brest. COP21.ORG
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La rue de l'Harteloire, à Brest, descend en pente douce dans le prolongement de la Place de la Liberté et de l'avenue Clemenceau, vers la rive de la Penfeld, et le pont de l'Harteloire. Mais ce matin-là, elle était empruntée par un étrange cortège d'Hominidés.
Je décidais de leur emboîter le pas. Puisqu'il suffisait de suivre la pente...
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C’était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d’épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j’y tenais mal mon rôle
C’était de n’y comprendre rien
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent...
Aragon
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Où vont-t-ils ?
Je dépassais d'abord le sympathique PLIOPITHÉQUE, avec ses allures guillerette de Gibbon. Venait-il de la BIBLIOTHÉQUE de la fac Victor Ségalen ?
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Puis vint PROCONSUL, bien décidé à en découdre. Mais de quoi ? Une manif pour créer un Jardin des Plantes ?
Quelqu'un avait inscrit A POIL. Mais pourquoi ? C'était déjà acquis.
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DRYOPITHECUS, le nez dans les gaz d'échappement et les crottes de chien, devançait Proconsul. Il avait parcouru, depuis son Miocène, 18 Millions d'années pour se rendre à ce mystérieux rendez-vous. Un peu voûté, forcément.
OREOPITHECUS (Oreopithecus Bambolii, Gervais 1872) courait après sa chance. La borne d'incendie n°471 portait l'inscription AU FEU. Pourtant l'espèce, comme le genre, est éteinte depuis le Pliocène.
Que faisais-je là?
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AUSTRALOPITHECUS se croyait en retard. Même pas le temps de passer une cravate. Peut-être présidait-il la commission ad-hoc ?
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PARANTHROPUS s'approchait du parcmètre, carte bancaire en main. Mais chacun sait que depuis juin dernier, Monéo ne fonctionne plus à Brest. D'e quelle cambrousse sortait-il ?
Avec une meilleure vue, j'aurais pu lire sur sa carte :" † Australopithecus boisei Leakey, 1959 " : il venait d'une région boisée. La forêt du Cranou?
HOMO ERECTUS, un lointain cousin, me lança un coup d'œil complice. En étais-je ?
Aussi gêné que Marcel devant Charlus, je détournais les yeux vers un bourdon qui butinait, à mes pieds.
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J'aurais, par contre, donné ma chemise au sympatique
HOMO SAPIENS
mais le silex qu'il tenait dans la main me fit réflechir. Une fonction dont je lui étais, d'ailleurs, redevable.
L'HOMME D'HIER était nu comme un ver, mais portait la barbe (hier, sans-doute ne rasait-on pas gratis). Il portait une lance. Un léger anachronisme, car cet "hier" était plus vieux qu'Hérode.
J'avais couru pour dépasser ces augustes gentlemen, car je voulais voir "L'Homme d'aujourd'hui". Il n'y était point. J'étais en face de la M.P.T de l'Harteloire, et ses portes vitrées. Je n'y vis que mon reflet, et c'est tout.
Pourtant, là-bas, dans ce costume ?
C'était "L'HOMME DE L'AVENIR". Dans une version passablement démodée dessinée par Jules Vernes, car c'était, à l'évidence, un "pied-lourd" avec sa tenue de scaphandrier.
Fallait-il en rire ?
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j’y tenais mal mon rôle
C’était de n’y comprendre rien
Je finis par comprendre.
Tous ces gens étaient venus car des panneaux annoncaient LE PARADIS.
Le PARADIS ? ICI ?
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Ici ? Le Paradis ?
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Ce n'est pas à un vieux singe comme moi qu'on fera prendre des vessies pour des lanternes.
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