Les Paradis terrestres, et les murs qui les cernent, à la Carène à Brest.
Voir aussi :
Est-ce un ange ? Un ramoneur ayant avalé son hérisson ?
Il vole, le sombre Icare aux raides certitudes.
Ou bien croit-il seulement qu'il vole, mais il tombe,
traçant du bout du doigt un slogan illusoire,
comme le peintre accroché à son pinceau,
quand l'échelle a chutée.
.
Dans une near death experience il a l'esprit qui danse,
il voit le Paradis,
l'arbre de la connaissance
quatre fleuves et quatre arrondissements.
Il est logé PARADIS EST,
quoique Paradis Ouest soit bien plus réputé. Tant-pis : ICI ONE CHANCE,
et cette chance est chauve par derrière,
la lance qui saigne ne repasse jamais.
.
Il ignore tout de son destin.
Face à lui vole à toute allure un autre sombre crétin.
Ça va faire boum-boum juste en passant au coin
Et ce sera la fin au pied d'un réverbère.
.
Son double partageait sa fragile innocence,
Tout comme lui il croyait aux lendemains qui chantent
Aux paradis perdus qui revenaient ICI
Aux mots qui, en anglais, semblaient soudain plus beaux,
Au Yoga, à Pilates, à la nage sur le dos,
A l'héritage indien de sa crête iroquoise,
ou aux bienfaits certains d'une poudre turquoise,
dont il se massait.
.
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Soucieux de modifier la fatale trajectoire,
Je criais "Arretez ! Vous foncez droit dans le mur !"
Le mur ? Ils y étaient déjà ! Et dépourvus d'oreille,
ils ne m'écoutaient pas et poursuivaient leur rêve.
Mais sans-doute la koiné du monde paradisaque
était-elle anglaise ? Je criais " ' cause you are gonna crash, baby, you know that ?"
et ce fut peine perdue.
Il s'encastrèrent,
dans la tôle rouillée choisie par nos édiles
pour en faire La Carène.
En fer.
Et peut-être y sont-ils encore.
Morale.
Les murs qui protègent vos paradis
les transforment en enfers.
Ici-bas point d'Eden, mais un sort funeste,
dont la seule issue est de le partager
en toute sollicitude.