Quelques images d'un séjour à la Grande Île de Chausey.
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Voir aussi :
Les vitraux de la chapelle de Chausey par Yves Saint-Front, 1967.
Les vitraux de l'église de Carolles par Jacques Simon.
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Cliquez sur l'image pour ouvrir le diaporama.
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La Grande Cale.
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"LA VIE EST BELLE" pour mon blog lavieb-aile.
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LE SOUND DEPUIS LA CHAPELLE.
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LA MAISON DE MARIN-MARIE.
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LA BISQUINE "LA GRANVILLAISE" DANS LE SOUND.
Balise nord "La Crabière de l'ouest".
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UNE LIBELLULE DE SEPTEMBRE : Aeshna mixta Latreille 1816 , l'Aeschne mixte .
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UNE EXCURSION DANS "LE HOGGAR".
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"La Chaire de Vérité". Nord de l'île de la Meule.
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"L'Artichaut". Nord de l'île de La Houllée.
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"Les Moines", sur Riche Roche.
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"L'Éléphant", à l'ouest de Gros-Mont.
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LA PISCINE (ANCIENNE CARRIÈRE) DU CHÂTEAU ET SES GRAVURES.
Les gravures sont celles de Jacques Boullaire, beau-frère de Louis Renault qui fit aménager cette piscine.
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Mesures de niveau.
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La STÈLE COMMÉMORATIVE de la perte du bombardier DAISY MAE SCRAGGS.
Partie sud, au sud-est du Château Renault.
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Le 8 juin 1944. Ici est tombé
le DAISY MAE SCRAGGS un avion B-24
du 446 Bomb group 8th Air Force
1st Lt JAMES Q. OGDEN, 2nd Lt RAYMOND J. MORRIS
2nd Lt WILLIAM L. LAUTEN , 2nd Lt WALTER R. ALLAMANN
T/Sgt LEWIS B. LEEDY T/SGT GEORGE H. RUPARD
S/SGT GEORGE E. GRIFFITH S/SGT WILLIAM R. NACE
S/SGT WILLIAM SAWYER S/SGT FRANK DILEVA
Les co-équipiers survivants ont été sauvés de la mer
par les habitants de Chausey.
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Voir : https://www.uswarmemorials.org/html/monument_details.php?SiteID=665&MemID=949
Le site aérostèles donne 5 tués et 5 rescapés:
— Morts en action :
- 2nd Lt Walter R. Allamann, mitrailleur avant et mécanicien
- T/Sgt Lewis B. Leedy, mécanicien, mitrailleur tourelle supérieure
- S/Sgt Geo. E Griffith, B/T Gunner (mitrailleur tourelle sous fuselage) ;
- S/Sgt William R. Nace, W/W Gunner (mitrailleur tourelle droite);
- S/Sgt William A Sawyer, W/W Gunner (mitrailleur tourelle gauche).
— Rescapés :
- 1st Lt James Q. Ogden, Pilote
- 2nd Lt Raymond J. Morris, Co-Pilote
- 2nd Lt William L. Lauten Navigateur et bombardier ;
- T /Sgt George H. Rupard, Radio-opérateur ;
- S/Sgt Frank D. DiLeva, T/T Gunner (mitrailleur de queue)
https://www.aerosteles.net/stelefr-granville-daisymae
L'âge des hommes allait de 19 à 26 ans.
Le bombardier B-24 Liberator 42-109830 «Daisy Mae Scraggs» appartenait au 704ème escadron de bombardiers, 446ème groupe de bombardement. Il a décollé de la station 125 Bungay, Suffolk, au Royaume-Uni, lors d'une mission de bombardement au-dessus de Granville. Les moteurs de l’avion avaient besoin d'une révision et son équipage était «flak happy» et était constitués d’officiers qui ne s’étaient jamais rencontrés. Les conditions météorologiques furent également difficiles, ne permettant qu'à seulement sept bombardiers de voler vers la cible secondaire, la gare de Granville, alors que la cible primaire (l'aéroport militaire de Laval) était obstruée par des nuages. Après le largage des bombes sur Granville vers 10h30, ils ont été attaqués par quinze Messerschmitt Me-109. Le poste de pilotage de l’avion a pris feu et les moteurs 1 et 2 ont pris feu. Sans personne pour l'éteindre et alors que le feu se propageait vers la soute à bombes, le pilote J. Ogden a ordonné à l'équipage de sauter en parachute mais il est resté sur le même niveau. Le sergent Leedy Lewis fut tué en plein vol par une rafale de 20 mm, juste après avoir annoncé de la tourelle supérieure : "Capitaine,! J'en ai eu un !". Après que chaque homme ait sauté, le bombardier explosa, juste au dessus de Chausey et les débris tombèrent sur l'île.
Le corps de Leedy fut retrouvé dans l'épave, et inhumé sur l'île. Il fut enterré ensuite, après la guerre, au cimetière américain et britannique de Saint-James, près d'Avranches . Trois aviateurs ne furent pas retrouvés, sans-doute tombés en mer et noyés. L'un des parachutistes tomba en mer au pied du phare et, blessé et inconscient, allait se noyer s'il n'avait pas été secouru. Deux tombèrent à Roc-Ner et deux autres sur l'îlot de la Conchée où ils furent récupérés par les pêcheurs en doris.
Les cinq survivants, sauvés par les habitants de l'île qui les ont hébergés, partagèrent la vie des habitants et la pêche des homards. Mais un mois plus tard, dans la nuit du 9 juillet 1944, les Allemands vinrent les chercher. Ils ont été envoyés en captivité en Pologne, soit au Stalag Luft 4 à Gross-Tychow, soit au Stalag Luft 1 à Barth-Vogelsang.
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Pour une photo de meilleure qualité :
http://turbert-granvillaise.pagesperso-orange.fr/chausey/chy-grd-ile/chy-memorial.html
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Morceau d'hélice déposé dans la chapelle de l'île.
Inscription T/ SGT LEEDY LEWIS B DIED IN ACTION JUNE 8-44 USAAF .
Voir : https://www.uswarmemorials.org/html/people_details.php?PeopleID=5393
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Plaque de remerciement placée dans l'église par le 446th bomb group Association en 2003.
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LA CHAPELLE
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LES EX-VOTO ET MAQUETTES DE LA CHAPELLE.
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Navire de guerre à trois-mats carré (3 phares carrés, brigantine sur le mât d'artimon).
Sous réserve d'avis compétent, ce ne serait pas une frégate (comme la fameuse Hermione), armé de canons sur un seul pont-batterie et d'autres pièces d'artillerie sur le pont principal, puisque nous distinguons deux rangées de sabord donc deux ponts-batteries. Il ne peut s'agit de faux sabords, (le double damier noir et blanc étant destiné à faire illusion), car les gueules des canons sortent bien des sabords. Je compte 14 canons par pont, de chaque coté, soit au total 56 canons, Je n'ai lu aucun nom. La figure de proue est un buste de femme.
L'arrière arrondi (à cul rond) ne dispose pas de château, mais d'une double balustrade.
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Doris de procession sur son brancard.
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Bateau de procession sur son brancard : Bateau de pêche caseyeur CH 170248 "Les Blainvillais" .
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Maquette de procession : un doris ou un warry.
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Maquette d'une bisquine à coque noire type La Granvillaise.
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Autre maquette. Monotype ?
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MARIE-JOSEPHE, LA CLOCHE DE LA CHAPELLE.
On y lit sur son coté ouest :
J'AI REMPLACÉ EN 1951
CELESTE-ZOÉ
BÉNITE EN 1951
EN PRÉSENCE DES
FAMILLES HARASSE ET HÉDOUIN
ALORS PROPRIÉTAIRES
Explication.
"L’origine de la propriété actuelle de Chausey remonte loin. Il faut en effet revenir trois siècles en arrière, au 28 juillet 1772 très exactement, date à laquelle le roi Louis XV en fait concession à l’abbé Nolin. Un an après avoir reçu cette concession, l’abbé Nolin meurt. Ses héritiers, un frère et une sœur, vendent l’île le 15 juillet 1775 à Louis-Jean-Christophe Régnier, fils de l’aubergiste.
Le 12 juillet 1786, Chausey est ainsi vendu à Jacques PIMOR, un des principaux négociants de Granville.
Après le décès de Jacques Pimor, sa succession est partagée entre ses deux fils et sa fille, et réunie peu après en une seule main, celle de monsieur HARASSE, gendre de son fils aîné – et bientôt seul héritier des Pimor.
En 1891, la propriété des îles change, sinon de famille, au moins de titulaire. Monsieur et madame Harasse ont eu une fille, qui épouse monsieur HÉDOUIN, armateur à Granville. Le domaine entier de l’archipel se trouve ainsi réuni entre leurs mains par l’acquisition du dernier quart possédé par les DAGUNET-HUGON.
Madame Hédouin, qui a longtemps survécu à son mari, laisse comme héritières deux filles, Marie et Léonie Hédouin, à qui incombe la tâche difficile d’administrer un tel domaine.
Le 10 mai 1919, Léonie Hédouin, dernière “reine des îles”, s’éteint. Six mois auparavant, elle a vendu Chausey à une Société Civile Immobilière composée de trois familles, les Durand de Saint-Front, les Fortin et les Gélin…"
(D'après le site :http://www.ileschausey.com/textes/sci/origine.htm )
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La chapelle fut construite en 1848 par et pour les quelques 500 carriers qui y séjournaient. Elle était alors dotée en guise de clocher d'un campanile en bois. La cloche fut baptisée Céleste-Zoé en l'honneur des marraines Céleste PIMOR , grand-mère des demoiselles HÉDOUIN, et Zoè HUGON DE LATOUR, cousine de Céleste.
Vers 1935, Louis Renault fit construire un clocher en granit, et y installa, outre Céleste-Zoé, une deuxième cloche plus petite baptisée NOÉMIE, du nom de l'épouse de Georges CROSNIER.
En 1945, une salve d'obus tirée par les Allemands venus de Jersey endommage le clocher et fend l'une des cloches qui tinte alors d'une voix égrillarde, méritant bientôt le sobriquet de "l'aigrelette".
En 1951, les deux cloches furent fondues en une seule, la MARIE-JOSEPHE, à la fonderie HAVARD-CORNILLE de Villedieu-les-Poëles.
Elle fut baptisée en août 1951 du nom des deux doyens de l'île, MARIE LEPERCHOIS et JOSEPH GUILLOT, du temps de l'abbé DELABY, en présence de Marin-Marie et du fermier Joseph Gérouard.
Cf Roman PETROFF, "Marin-Marie", 2014. Ancre de Marine ed..
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LES VIEILLES COQUES DE BATEAUX DE PÊCHE SOUS LE SÉMAPHORE.
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Comparez avec cette capture d'écran (modifiée) d'un film vidéo (cf Sources) INA 1994 :
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DRAPEAUX EN BERNE POUR UN ABSENT, Fréderic Legrand dit Fredo, pêcheur de homard et patron du warry "Rebelote", sauveteur en mer, est décédé le 6 septembre 2018.
Voir les belles photos de Laurence Picot en 2016 :
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Fredo photographié pour l'exposition au Fort.
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Pavillon de Chausey en berne sur la Ferme.
Les couleurs bleu à croix rouge de ce pavillon sont inspirées du guidon (burgee) du Yacht-Club de New-York NYYC (lequel comporte en outre une étoile blanche au centre). C'est Marin-Marie qui a obtenu du NYYC la permission de reprendre ces couleurs pour la flotte de Chausey, après ses traversées en solitaire de l'Atlantique Douarnenez-New-York sur le voilier Winnibelle II en 1933 puis sur la vedette Arielle en 1936.
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Pavillon "français" ? en berne sur le local de la SNSM.
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"Frédéric Legrand, sur nommé "Frédo", était incontournable à Chausey et Granville. Le pêcheur, connu pour son bonnet bleu à pompom jaune, a commencé son activité à l'âge de 19 ans, en 1960 à bord du Stella-Maris.
En parallèle de cette activité, il se lance dix ans plus tard (en 1970) dans le sauvetage en mer. Le patron du canot de sauvetage de Chausey, le Marin Marie II, a exercé durant 30 ans. En 2004, il a été élevé au rang de chevalier dans l'ordre du Mérite maritime et reçu la médaille d'honneur des marins de la pêche. Deux ans plus tard, c'est la Société nationale des sauveteurs en mer (SNSM) qui lui remet la médaille d'argent." (FR3)
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Sur le local de la SNSM.
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Le warry CH 449836 "REBELOTE".
Le film INA de 1994 montre Fredo en pêche à bord de Rebelote, avec le même numéro et la même décoration.
Un warry, barque à fond plat utilisée jadis à Terre-Neuve pour tendre les lignes à pêcher la morue, diffère d'un doris par son arrière plus large et ses formes plus volumineuses et plus arrondies.
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SOURCES ET LIENS.
— VIDEO INA 27 août 1994 : Fredo de Chausey
http://www.ina.fr/video/I00013495
— EUDE (Michel), 1956. "Pierre Jourdan, Les Iles Chausey". In: Annales de Normandie, 6ᵉ année, n°1, 1956.
https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1956_num_6_1_4306_t1_0101_0000_3
"M. l'abbé Pierre-Joseph Jourdan, ancien curé de Chausey, est mort à Granville le 18 juillet 1954 (il était né au Mesnil-Aubert en 1880). Il avait publié en 1953, sur l'archipel qu'il avait administré de 1929 à 1950, une brochure qu'il convient de signaler aux lecteurs des Annales de Normandie. Illustrée de clichés, croquis et cartes, l'étude comprend sept chapitres: temps anciens, relief de l'archipel, climat des îles, flore terrestre et marine, vie religieuse Chausey dans l'histoire, ressources de Chausey. On se limitera ici à quelques-uns des problèmes que pose cet archipel de 11 kms de long sur 5 de large, situé à 17 kms de Granville et composé de plusieurs centaines d'îlots (52 ne sont jamais recouverts, plus de 360 découvrent à marée liasse, réunis par de vastes étendues de sables au N.-O., de vases au S.-E. et au centre). Sur l'origine des îles Chausey comme de tout le littoral de la baie du Mont-Saint-Michel M. Jourdan se rallie (mais on hésite à le suivre) à la thèse d'une formation récente (v° et vi«>- siècles de l'ère chrétienne), sans toutefois que le cataclysme de 709, s'il a existé, ait eu l'influence décisive que certains iui attribuent : ta submersion serait due à une lente et progressive élévation du niveau marin. Constitué par un massif de granite précambrien antérieur au poudingue (également précambrien) de Granville, alors que le granité de Carolles appartient au Carbonifère injecté dans les schistes plissés du briovérien inférieur, l'archipel possède donc une structure extrêmement ancienne (il n'y a à signaler, au Tertiaire, que quelques dislocations, peut-être une faille qui expliquerait le relèvement de la partie S. O. et rabaissement de la partie N.-E. de l'archipel). Son visage actuel, en revanche, ne date que du Quaternaire : une phase initiale (transgressions tyrrhénienne et monastirienne), puis une régression pendant laquelle Chausey devait dominer d'une quarantaine de mètres une immense zone plate et basse, traversée par un cours d'eau formé de la Sée et de la Sélune et grossi de la Rance et du Couesnon, précèdent la transgression flandrienne. Celle-ci est suivie d'une légère régression (à laquelle correspondrait la « forêt de Scissy »), jusqu'à ce que la transgression dunkerquienne vienne donner à la baie du Mont-Saint-Michel l'aspect que nous lui connaissons. Le relief des iles hautes a pu être façonné par les mers tyrrhénienne et iiaut-monastirienne, celui des îles basses (5 m. au maximum au dessus des plus hautes mers) correspondant au niveau bas-monastirien légèrement supérieur au niveau actuel. Les rochers aux contours pittoresques (éléphant, dormeur, bouledogue, moines) sont peut-être dus à une érosion plus récente. Quant aux formes d'accumulation, elles ne se rencontrent guère que dans la Grande Ile, où le sable a soudé quatre ilôts primitivement séparés.
Nous ne savons rien de l'histoire de Chausey avant le xie siècle : vers 1025 (et non en 1008 : cf. J. Adigard des Gautries, Annales de Normandie, 1951, p. 21), Richard II donne Calsoi aux Bénédictins du Mont-Saint-Michel qui y bâtissent une chapelle desservie par deux moines. En 1343 le prieuré bénédictin cède la place, pour deux siècles, aux Franciscains, mais toujours sous l'autorité de l'abbé du Mont (la possession de Chausey lui avait déjà été confirmée par une bulle de 1179). Le service religieux, assuré par le clergé diocésain au xviii siècle, fut interrompu au moment de la Révolution et ne devait reprendre qu'en 1848. Suivant le sort du duché de Normandie, les îles Chausey avaient été rattachées au domaine du roi de France en 1204. Dans la seconde période de la guerre de Cent Ans elles furent, comme le Mont-Saint-Michel, occupées par les partisans de Charles VII. Leur importance stratégique n'échappa point à Henri 11 qui v fit construite en 1558 une forteresse (détruite en 1756 et restaurée en 1928 par l'industriel Louis Renault).
Le commandement en fut confié peu après à Jacques II de Matignon, lieutenant-général en Basse-Normandie (il sera fait maréchal de France en 1578) dont la famille (qui devait s'allier en 1715 aux Grimaldi de Monaco) conserva la charge de gouverneur de Chausey jusqu'à la Révolution, tout en se faisant le plus souvent à la tète de la petite garnison par des capitaines. Depuis le milieu du xvie siècle, l'archipel a donc essentiellement un rôle de surveillance et de défense contre les Anglais. Ceux-ci tentent des coups de main (et réussissent parfois à occuper les îles) en 1694, 1695, 1744, 1756-57. Ce dernier épisode faillit être fatal à Chausey, dont le gouvernement de Louis XV sembla se désintéresser totalement après 1763.
Les iles furent sauvées par l'action conjuguée de deux hommes : le Blainvillais Régnier, qui développa la fabrication de la barille (soude) à partir du varech, et l'abbé Nolin, chanoine de Dijon et agronome réputé, tous deux soutenus d'ailleurs par les Grimaldi et l'intendant de Caen, Fontette. L'œuvre de Régnier, mort en 1772, fut continuée par son fils Jean-Louis, organisateur en 1781, avec le Baron de Rullecourt, de la malheureuse expédition contre Jersey, et qui jouera un rôle important à Granville pendant la Révolution. En 1786 Régnier céda ses droits à l'armateur granvillais Pimor, à la famille duquel le ministère des Finances reconnut la propriété des îles en 1803. Au cours du xixe siècle, l'archipel resta propriété des Pimor, puis, par héritages, des familles Harasse et Hédouin (la chronologie de M. Jourdan, assez embrouillée, appellerait sans doute quelques rectifications). Plus d'un Granvillais se souvient encore des demoiselles Marie et Léonie Hédouin (de l'aînée surtout, véritable « châtelaine de Chausey ») qui, peu de temps avant 1914, léguèrent les des à une société civile immobilière. Celle-ci en possède actuellement la plus grande partie, le reste (terrains occupés par le fort, le phare et le sémaphore) étant passé aux mains de l'Etat par suite d'expropriations.
La position stratégique de l'archipel, la proximité de Jersey expliquent en effet l'intérêt qu'on lui portait et les constructions qu'on y éleva au siècle dernier. Après l'alerte de 1840, c'est le phare, allumé en 1817 ; en 1866 le fort, en 1867 le sémaphore (abandonné par la Marine après 1945). M. Jourdan ne signale pas un trait caractéristique du rôle de Chausey en face de l'Angleterre : à la fin du xixe siècle encore, le 2e régiment d'infanterie, en garnison à Granville, détachait une demi-compagnie pour occuper le fort, et ce n'est qu'après l'entente cordiale de 1904 que celui-ci fut abandonné et déclassé. Après avoir reçu en 1871 des communards, il fut utilisé au cours de la première guerre mondiale comme lieu d'internement pour des prisonniers allemands et des étrangers suspects.
Quelles sont dernière question les ressources de Chausey et comment envisager son avenir ? Longtemps la vie économique des îles a reposé sur trois activités : les carrières de granit, le varech, la (lèche. Depuis le xie siècle au moins (au Mont-Saint-Michel, la construction de l'abbaye romane commence en 1023) la pierre est exploitée et dirigée vers les ports de Saint-Germain-sur-Av, Regnéville et Genêts. Les maisons, l'église Notre-Dame, les remparts, le port de Granville sont en granit de Chausey. Aux xvir et xvii siècles on venait de Jersey et de Guernèsey se fournir à Chausey, jusqu'à ce que la vente à l'étranger fût interdite en 1731 par le secrétaire d'État à la marine. Et après 1945, c'est la pierre de Chausey qui a été choisie pour la reconstruction de Saint-Malo, afin de conserver à la vieille cité malouine tout son caractère. Aussi ancienne sans doute est l'exploitation du varech : au xiiie siècle les Jersyais venaient couper le varech de Chausey pour le brûler et extraire de ses cendres la soude utilisé dans l'industrie du verre. Au xviie siècle, la manufacture de glaces de Tourlaville recherche le varech des îles, et il fallut en 1736 en interdire la coupe aux Jersyais.
La monarchie de Juillet marque l'apogée de cette activité : chaque année quelque 500 barilleurs, la plupart venus de Blainville, s'installent pour six mois à Chausey et brûlent le varech dont les cendres sont traitées à l'usine de Granville. Mais la concurrence, les progrès de la chimie ne lardèrent pas à ruiner cette industrie, qui disparut complètement vers 1880. La pêche, en revanche, fait encore vivre une centaine de personnes, c'est-à-dire presque tous les Chausyais, l'agriculture et surtout l'élevage étant représentés par l'unique ferme de la Grande Ile. Elle porte principalement sur tes crustacés (homard et bouquet) que l'on va chercher jusqu'aux Minquiers.. M. Jourdan signale également la tentative, entreprise en 1950, de reconstituer les parcs à huîtres. On notera pour terminer que la pèche n'est pas seulement l'activité essentielle des Chausyais : elle est liée en effet au remarquable essor du tourisme après 1945. M. Jourdan cite le chiffre de. 32.000 passagers entre Granville et Chausey (mais on y vient également de Cancale, Saint-Malo et Jersey) pour l'année 1949. Ressource appréciable, certes, et appelée à se développer encore, mais qui n'est peut-être pas sans danger. Sans parler des déprédations trop souvent causées par les campeurs, une pratique inconsidérée de la pêche (comme, en hiver, de la chasse aux oiseaux de mer) par des amateurs risque d'amener la raréfaction, voire la disparition de certaines espèces (en particulier du homard). Enfin la question de l'eau se posera toujours avec acuité. L'unique source de la Grande Ile a tari en 1949 et 1955 et le fait peut se reproduire lors des étés chauds et secs, ceux précisément où les touristes viennent nombreux dans l'archipel. Il y a là un problème difficile à résoudre, mais impossible à éluder pour qui se préoccupe de l'avenir des iles Chausey." Michel EUDE.
— JOURDAN (abbé Pierre) , 1953, Les îles Chausey , Saint-Lô, impr. de R. Jacqueline, (1953). In-8°, 96 p., fig., cartes, couv. ill. [D. L. 14913-53] -VIIIe.
BnF
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3344612x.texteImage
https://books.google.fr/books?id=lddYDwAAQBAJ&pg=PT91&dq=chapelle+chausey&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiS0NWkvrfdAhUIx4UKHZwHDSwQ6AEIKDAA#v=onepage&q=chapelle%20chausey&f=false
— THEVENIN (Jean-Michel), 1999, "Il était une fois Chausey".
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