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28 avril 2020 2 28 /04 /avril /2020 23:28

Le moulin de Kereuzen à Crozon, et son inscription de 1795.

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Voir aussi :

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Sur les inscriptions lapidaires de la Presqu'île de Crozon, voir :

 

Et

 

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Mes remerciements à Mr Joseph Pigent pour son accueil.

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Je passe souvent, dans mes promenades autour de la Réserve naturelle de l'Aber, devant cet ancien moulin. 

Le moulin à eau de Kereuzen, sur la rivière de l'Aber à Crozon, est connu depuis le XVIIIe. Il figure, sous le nom de Moulin Colin, sur la carte de Cassini de 1783, et sous celui de Kereuzen, sur le cadastre de 1831. Il a été fermé en 1961.

 

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Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

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Toponymie.

Disons d'abord que ce nom de lieu Kereuzen est rare. Je le trouve attesté à Elliant sur un aveu de 1663.

(le village de Kereuzen ô ses issues & apartenances & autres terres non icy spéciffiées sont sittuées en la Trêve nommée Treffnevez en laditte paroisse d'Eslyan).

Comme l'a remarqué M. Guilcher (12), le déterminatif de la plupart des villages en Ker— est un nom d'homme. Il s'agirait de Ker -Euzen, le village d'Euzen ou Eusen. Albert Deshayes signale pour ce nom Euzen 1446, Ploemeur ; 1513, Remungol ; 1644, Quimper, etc. Il dériverait du vieux breton Eudon , "bon talent", et se diffuse sous les formes Abeozen, Euzenat, Euzénou, Euzénès . Aucune de ces formes n'est attesté à Crozon avant le XVIIe siècle (sauf Guillaume EUSEN 1678).

Si le toponyme KEREUZEN est rare, l'anthroponyme correspondant ne l'est pas moins. À Lannion ,   Jean LE GUALLES, écuyer, sieur de Kereuzen, Ledict sieur de KERYVON, se fait connaître en 1600 par ses prééminences en l'église de Baly. Un Kereuzen représente Plonéour à la  montre de 1481. On trouve un Kereuzen-Brelivet en Châteauneuf-du-Faou ; un Jehan Nouvell Kereuzen à Plougasnou ; à Plouezoc'h en 1545-1550  une Françoise de Kereuzen puis en 1578-1608 Maria de Kereuzen ou Marie de Kereuzen de Kerjean. Et enfin à Bieuzy (56) Françoise Le RUYET DE KEREUZEN 1580-1611, Jan Le RUYET DE KEREUZEN son frère, Yvonnette Le RUYET DE KEREUZEN sa soeur.

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Pour en revenir au toponyme, Pierre Trépos note en 1953  : "Quant à Kerezen et Petit- Kerezen, j'ai d'abord hésité à les classer avec les toponymes en « Vrins » : M. Buffet a interprété le Kerezen de Port-Louis par Ker-Euzen ; mais deux formes relativement anciennes de ce toponyme morbihannais, avec 2 r, (en Hello Querrezen } Besquellec Querrezen , 1080) me font penser que l'hypothèse Kezen, au lieu de Euzen peut au moins se discuter — avant qu'elle cède peut-être la place à une troisième : Kerezen, cerisier."

Henri-François Buffet, étudiant  la toponymie du canton de Port-Louis  suggère de rattacher à Ker-Euzen les lieux-dits Querezen, 1640, et Kerzine.

Quoiqu'il en soit, ce toponyme en ker- est très ancien, vers le Xe siècle :

"Les Bretons venant de l’île de Bretagne apportent en Armorique leur système toponymique. Aux nobles, l’on doit les noms formés sur Lez (qui désigne une cour et résidence seigneuriales). Aux prêtres, les différents Lann (lieu consacré), remplacés par Log après le Xe siècle ; aux paysans, les noms en Trev (lieu habité et cultivé), puis en Kêr. Ce dernier désignait d’abord un lieu défensif, comme c’est toujours le cas en gallois (cf. Car dans Cardiff). Mais c’est à partir du Xe siècle que fleurissent partout les noms en Kêr, lorsque le terme prend le sens d'exploitation rurale et d’endroit habité."  (Office Public de la langue bretonne)

http://www.fr.brezhoneg.bzh/7-noms-de-lieux.htm#par889

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Il signale peut-être une seigneurie disparue, puisque de nombreux moulins à eau dépendaient des manoirs  de seigneurs, qui les affermaient à des meuniers.

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Je découvre pour la première fois aujourd'hui qu'une pierre a été conservée de l'ancien moulin, détruit au XXe siècle pour construire une exploitation agricole. Ce bloc de kersantite porte la date de 1795 et le nom du meunier d'alors, Isidore KERAUDREN. Les inscriptions, c'est ma passion. Surtout lorsque j'apprends que plusieurs ne sont pas parvenus à déchiffrer celle-ci. Un défi ?

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Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

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L'inscription se déchiffre ainsi :

F : F : P : IIOSSE KINEC

ISIDOR KAUDREN 1795.

Soit "fait faire par [Joseph] Kerinec. Isidore Keraudren 1795".

Les lettres IIOSSE me tracassent un peu. On connait l'habitude d'abréger les noms en Ker- par la seule lettre K, aussi il n'est pas difficile de transcrire KINEC par KERINEC et KAVDREN par KERAUDREN. La date ne prête pas à discussion, lorsqu'on connait la façon d'écrire le 5 en forme de S.

Ma lecture va se trouver validée dès que je vais interroger les données généalogiques.

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Une deuxième inscription, en pierre de Logonna cette fois, est sculptée dans une pierre de réemploi de la façade ouest du logis : On y lit en réserve dans un cartouche :

ANNE / COLIN.

 

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Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

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On trouvera aussi sur le mur est de la grange rénovée qui lui fait face le chronogramme 1831 : une inscription plus tardive donc.

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Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

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Les deux premières inscriptions prennent tout leur sens lorsque l'on sait qu'Isidore KERAUDREN a été le meunier  de Kereuzen au XIVIIIe siècle, qu'il avait épousé Anne COLIN, et que sa mère était Marguerite KERINEC.

 

Les données généalogiques sont bien documentées.

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Un peu de généalogie.

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https://gw.geneanet.org/gabrielle5?n=keraudren&oc=&p=isidore

https://gw.geneanet.org/fharmegnies?n=keraudren&oc=&p=isidore

https://gw.geneanet.org/aperson?lang=fr&iz=10684&p=marie&n=keraudren&oc=10

Isidore KERAUDREN est né le 12 octobre 1741 à Kerdaniou – Crozon ; il faut assimiler le toponyme à celui de Kersaniou , noté Kerdaniou sur la carte de Cassini. Le lieu-dit Kersaniou se trouve sur le flanc sud de la vallée de l'Aber, à 1,2 km du moulin. Isidore a été baptisé le lendemain de sa naissance,  à Kerdaniou.

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Il est né de Jacques KERAUDREN, décédé avant 16 février 1813, et de Marguerite KERINEC, décédée avant 16 février 1813.

  • Jacques KERAUDREN, né le 17 décembre 1721 à Kerdaniou, Crozon, est décédé le 18 octobre 1787 à Moulin Rhun, Crozon à l'âge de 65 ans.  Il se maria le 21 novembre 1740 à Crozon, avec

  • Marguerite KERINEC, née le 20 avril 1715 à  Kerglintin Tréboul - Crozon, et décédée le 6 août 1779 à Kerglintin Tréboul - à l'âge de 64 ans. Elle était la fille de Jean KERINEC, né en 1692 à Ranvédan (au dessus de Postolonnec)  et  décédé le 20 janvier 1716 à Kerglintin Tréboul  à l'âge de 24 ans  . Marié le 5 juillet 1714 avec Jeanne SENECHAL, née en 1683, et décédée le 14 mai 1771 à Kerglintin Tréboul  : veuve à 31 ans, elle épousa Jean KERAVEL, d'où 6 enfants. Marguerite KERINEC avait un frère Jean, né en septembre 1716-  (contradiction avec le décès du père) ; j'y reviens.

Quel est ce "Moulin Rhun" de Crozon où décéda Jacques Keraudren ? Était-il lui-même meunier ? La carte de Cassini indique, en aval du moulin Colin, le moulin Kerune.

Isidore a donc un oncle maternel, Jean KERINEC (Kerglintin 1716-Kerdaniou1782), qui épousa Gilette KERAUDREN, 1718-1776,  née à Kerdaniou (comme Isidore lui-même, et comme son père) et décédée à Kerdaniou, où le couple s'était semble-t-il installé. Enfin, il faut remarquer parmi les 8 enfants de ce couple Joseph KERVINEC, né à Kerglintin en 1749, et dont la date de décès est ignorée. Je le rapproche du IOSSE KERINEC de l'inscription de kersanton.

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Isidore est l'aîné de 5 garçons, Jean (ca 1744-1747), Corentin (1749-1750), Allain (1752 -?), marié en 1775 avec Anne BOUSART, et Joseph, marié en 1767 avec Marie BOZENEC.

 

Isidore épousa le 8 juillet 1761, à Crozon,  Anne COLIN, décédée avant le16 février 1813. Elle était la fille d'Yves et de Marguerite LE ROUX. Le couple eut 7 enfants.

  •  Yves KERAUDREN ca 1767-1799

  •  Joseph KERAUDREN 1767-1841 marié Avec Marie Françoise ROLLAND /1777

  •  Marie KERAUDREN 1770-  Mariée le 23 juillet 1788 avec Henry LE BOUSSARD. Leur fille Anne Marguerite épousera en 1811 à Telgruc Louis Maurice LE MONZE (Telgruc 1789-Crozon 1857) . Ils eurent trois enfants, Louis-Maurice (Telgruc 1816-Crozon 1878), Jean-Pierre (Crozon 1817 -Crozon 1853) qui épousa en 1850 Marie Perrine LE CAP, et Corentin (Crozon 1820-Crozon 1889) qui épousa en 1844 Marie HERJEAN.

  •  Julien KERAUDREN 1772-1808  Marié le 16 février 1802 à Crozon, avec Marie LE CORRE/1785

  •  Anne KERAUDREN 1776-1844  Mariée le 18 juillet 1799 à Crozon avec Pierre LE MIGNON ca 1771-

  •  Marie Anne KERAUDREN ca 1780-1781

  • Jeanne KERAUDREN 1783-1859  Mariée le 16 février 1802 à Crozon, avec Pierre Marie GOURMELEN 1777-1808 dont un fils Pierre Marie GOURMELEN 1805-1863, qui se maria  le 15 juin 1829, Crozon, avec Marie Jeanne POSTIC 1810-1850. Jeanne KERAUDREN 1783-1859  se remaria le 7 novembre 1810, Crozon, avec Yves QUEMENER

Pour ces sept enfants, nous disposons pour la plupart du lieu de leur baptême, à Kerglintin-Tréboul, près du Véniec, à près de 3 km du moulin. C'est a priori leur lieu de naissance. Anne Colin venait donc accoucher à Kerglintin ? C'était la maison d'origine de sa belle-mère (le domicile de ses beaux-parents ?) et certainement un lieu de convergence familiale.  La petite Marie-Anne y fut inhumée le 21 novembre 1781.

- J'ai surligné en gras les enfants du couple Marie KERAUDREN/Henry LE BOUSSARD, car les naissances montrent que ce couple est venu s'installer à Crozon en 1817. Or, les noms de Louis LE MONZE et de Corentin  LE CAP figurent au cadastre de 1831 pour les moulins de Pont-Men et de Kereuzen.

- J'ai surligné en gras le nom de Jeanne KERAUDREN, car c'est apparemment elle et son mari Pierre-Marie GOURMELEN I (déclaré meunier à leur mariage en 1802 et à son décès en 1808) qui reprirent le moulin. Elle est déclarée cultivatrice. Jeanne Keraudren est décédée à Kereuzen à 76 ans le 4 juin 1859. Son fils Pierre-Marie II Gourmelen est qualifié à son décès à Kereuzen de "forgeron cultivateur meunier".

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Isidore KERAUDREN est décédé le 13 février 1813 à Kerdaniou. Il était alors veuf de son épouse Anne Colin.

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généalogie Madeleine Harmegnies

 

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Je note incidemment  en 1838 un Philippe KERAUDERN demeurant à Trébéron et  un Bernard KERAUDREN père et fils demeurant au Véniec.

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Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

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Une pierre d'une forme particulière.

Le bloc de kersantite, actuellement déposé et présenté sur un muret fleuri devant la cour,  n'est pas rectangulaire, mais le biseau du coté droit est sans doute intentionnel, puisqu'il est souligné par une moulure. Il est creusé de deux cavités de 4 cm de diamètre environ, et entaillé en sa partie basse par un onglet biaisé.

Ce n'est pas un linteau habituel, et il devait assurer un emploi précis dans le moulin.

Si on réfléchit au sens de l'inscription Fait faire par Joseph KERINEC / Isidore KERAUDREN 1795, nous pouvons penser que l'oncle et son neveu maternel ont fait exécuter des travaux suffisamment importants pour justifier la commande d'un tel travail de sculpture.

La date de 1795 ne correspond à aucun événement familial connu. Isidore KERAUDREN avait alors 54 ans.

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Ce que nous savons du Moulin de Kereuzen.

Aujourd'hui, le moulin a été rasé, les pierres et les meules ont été enfouis par les bulldozer pour permettre la création des bâtiments actuels, qui reprennent des parties anciennes. C'est aujourd'hui une exploitation agricole (Joseph et Laurent Prigent ?)  consacrée à l'élevage de vaches allaitantes (Charolais et Blonde d'Aquitaine).

Deux vestiges en pierre sont conservés, qui portent la marque de leur adaptation au fonctionnement du moulin.

 

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Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.

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Des fragments de la meule en silex.

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Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.

Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.

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Qu'apportent les cartes et photos aériennes ?

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Allons du présent vers le passé. Cliquez sur les photos pour les agrandir. Source Geoportail Remonterletemps

https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.405460&y=48.235703&z=16&layer1=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.CASSINI&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN-EXPRESS.STANDARD&mode=doubleMap

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La carte IGN.

La station de distribution d'eau potable de Poraon et son bassin de stockage de 3000 m3, qui remplace le moulin de Pont-Men, n'est pas encore indiquée. Elle assure 20% de la consommation d'eau potable de la commune.

 

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Le moulin de Kereuzen à Crozon.

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La photo aérienne 2015.

L'usine de Poraon y est bien visible, de même que les bâtiments agricoles et d'habitation de Kereuzen et le petit pont.

Le trajet de la rivière peut se deviner par les hésitations de sa ceinture d'arbres, contrastant avec la rectitude des haies.

On lit aussi  la persistance partielle de l'ancien maillage (jadis bien plus serré) des parcelles (mez, mezou) lanières orientés dans le sens de la pente. 

En 1957, Pierre Flatrès, étudiant la structure rurale du Sud-Finistère d'après les anciens cadastres , écrivait : "Les parcelles des méjous bretons étaient de dimensions et de formes très diverses. On pouvait rencontrer des parcelles de dimensions très variables, depuis les parcelles minuscules des courtils, jusqu'aux lanières de certains terroirs de Crozon qui atteignaient 400 m de long. Dans cette commune, certaines parcelles étaient particulièrement étirées. Nous avons noté, près du Moulin Kereuzen (environs de l'Aber), une parcelle de 394 m x 3,2 m. Toutefois, sur la plupart des terroirs, les dimensions moyennes (100 à 150 m x 10 à 20) prédominaient. La forme des parcelles était aussi variable que leurs dimensions. La plupart, comme il est naturel, étaient longues et étroites, laniérées, mais certaines étaient rectilignes, d'autres incurvées, sans qu'on puisse en donner immédiatement une raison. "

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Le moulin de Kereuzen à Crozon.

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Photo aérienne 2005.

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Le moulin de Kereuzen à Crozon.

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Photo aérienne ancienne 1950-1976.

Deux remarques :

-le maillage plus étroit des champs-lanières

-la meilleure lisibilité du cours d'eau, qui se dédouble après Kereuzen .

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Le moulin de Kereuzen à Crozon.

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Scan50 historique des années  1950.

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Entre les villages de Poraon et Kerun au nord et de Kersaniou au sud, la rivière passe par Kerenzen (4 bâtiments, dont un sur la rivière), et Moulin de Pont-Men (symbole en roue dentée pour "moulin"). La rivière se dédouble entre les deux lieux en deux bras, forment une retenue apparente.

La graphie Kerenzen est étonnante pour la date de 1959.

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Le moulin de Kereuzen à Crozon.

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Carte d'Etat-Major 1820-1866.

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Même constatation, mais "Kerenzen" est précédé de la mention "Moulin". Un chemin descend de Kersaniou à Pont-Men , traversant la rivière en ce point pour regagner Trelannec ; un autre long la rivière au sud entre la route Quimper-Lanvéoc et Le Véniec et Kerglintin.

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Le moulin de Kereuzen à Crozon.

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Cadastre de 1831, vue générale.

Le plan montre mieux la rivière se dédoublant en deux bras distincts entre Moulin de Kereuzen et Moulin de Pont-Men. Le bras nord, formant bief, est barré par le bâtiment de Pont-Men. Le moulin de Kereuzen semble avoir aussi un usage de ferme, car les trois bâtiments sont sur le chemin, et non sur la rivière. Il pourrait , comme un petit hameau, rassembler plusieurs familles qui ne travaillent pas en meunerie.

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Le moulin de Kereuzen à Crozon.

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La carte de Cassini (1783).

Les feuilles du Finistère ont été levées vers 1783 et publiées entre 1789 et 1815. Les informations qu'elles comportent datent donc de 1783.

"Les formes des toponymes proviennent des usages locaux. En effet, les ingénieurs ont reçu pour mission de travailler, pour leur collecte, avec les habitants — le plus souvent, les curés et les seigneurs — des lieux cartographiés."

http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/7_cassini.htm 

La feuille Carhaix-Plouher n° 171  dressée les ingénieurs Langelay, Fessard et C. Aldring sous la direction de de César-François de Thury de Cassini (1714-1784) est divisée en 21 rectangles. Celui le plus occidental nous concerne. La route Quimper-Lanvéoc y rejoint la route Le Faou-Crozon au dessus de la chapelle Saint-Laurent, en un carrefour qui deviendra Tal-ar-Groas "croisement des routes"

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53095252f/f1.item.zoom

 

 

Nous y voyons l'Ance de l'Aber ,  la Rivière de l'Aber dominée au nord par Trébéron et Trellanec puis Porraon et au sud par Ruguenes [Raguenes]la Presqu'ile de Rozan et Kerdaniou [Kersaniou]. Lorsque l'estuaire se referme en un trait noir, le tracé de la rivière, les moulins apparaissent, signalé par une roue dentée : celui de Kerune, et celui de Colin. Ce dernier est accompagné du symbole indiquant un hameau. Plus loin, après la chapelle de Port-Salut (Porzh-Salo) un moulin n'est pas nommé : c'est celui de Ronvarc'h.

Nous constatons que le moulin Kereuzen a été nommé "moulin Colin" en 1783, du nom d'Anne Colin, la propriétaire (ou locataire), et non de celui de son mari Isidore Keraudren. Rappelons qu'Yves Colin, père d'Anne, y était décédé en 1766, tout comme sa mère Marie LE ROUX en 1779, et son frère Corentin COLIN en 1783 à 36 ans, alors que cette famille COLIN était passé par Landévennec (lieu de naissance d'Anne), Plogonnec ou Lennon, et Telgruc. Anne est venue à Kereuzen accompagnée dès 1766 (et vraisemblablement dès son mariage en 1761) de ses parents et de son frère.

Il n'est pas possible de préciser pourquoi le moulin n'est pas nommé KERAUDREN, alors qu'Isidore n'était pas décédé en 1783 et qu'il a inscrit son nom en 1795.

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Le moulin de Kereuzen à Crozon.

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Qu'apportent les plans du cadastre de 1831 ?

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https://kartenn.region-bretagne.fr/sviewer/?&x=-300998&y=6138966&z=9&lb=0&layers=rb%3Aassemblage_cadastre_napoleonien&title=Acc%C3%A9der%20aux%20feuilles%20du%20cadastre%20napol%C3%A9onien

 

La limite entre Telgruc et Crozon passe par la rivière : le moulin de Kereuzen est décrit sur le cadastre de Telgruc, ainsi que les terrains du sud de la rivière

 

Plan cadastral 3P45/2/54 section 24-5.

Etat de section 3P 45/6 volume 4 sections  24-29. Section 24 de Saint-Laurent.

Treboul 3P 45/1/44  section 23-1. Les états de section ne sont pas disponibles (un seul volume, 3P 282/2-3)

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1. Telgruc, section 23-1.

Le dédoublement des bras, et donc le creusement d'un bief vers Pont-Men n'apparaît pas : il aurait été construit après 1831. Au contraire, c'est en amont de Kereuzen qu'un bief, rectiligne, suit, le long du chemin,  le tracé serpentin de la rivière.

Les champs lanières qui descendent de Kersaniou sont orientés soit nord-sud, soit est-ouest.

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Le moulin de Kereuzen à Crozon.

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2. Cadastre de Telgruc, section 23-1. Le moulin de K[er]euzen.

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Parmi les bâtiments 12, 14 (en pointillé) 15, 18, 22 , le moulin correspond à 15, avec le symbole d'une roue : l'eau venant du bief et de la retenue 19 passe sous l'arche du bâtiment 15. Une autre roue est symbolisée près de 14, correspondant à un trajet accessoire de l'eau dessiné au crayon bleu. L'eau regagne le ruisseau juste après un pont.

Ce plan indique donc une roue horizontale sous le bâtiment, comme au moulin de Rosmadec à Telgruc, avant qu'une roue verticale y soit installée après 1831.

Cette roue à pirouette était sans doute mieux adaptée à un cours d'eau à faible débit et faible dénivelé : l'altitude passe de 23 m environ à Kerledan à 12 m à Kerezeun, 3 km en aval. On la retrouve à Pont-Men.

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Le moulin de Kereuzen à Crozon.

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Le plan cadastral de Crozon.

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Le moulin de Kereuzen n'y est pas représenté, hormis le "Pont du moulin de Kereuzen".  Il correspond à une zone déchirée. Bizarrement (le plan est-il plus tardif ?), juste après ce pont, un bief est figuré, au nord du ruisseau, se dirigeant vers l'étang 2173 puis le moulin avec sa roue. Là encore, une deuxième roue occupe le bâtiment 2175.

Après les parcelles 2423 à 2425, la parcelle 2426, nommée foennec vras ar pont (grand pré du pont)  est attribuée sur l'état de section à "Le Cap Corentin, meunier moulin de Kereuzen".

La parcelle 2299 appartenant à Pierre Le Corre est nommée foennec pont ar veil, "pré du pont du moulin".

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Le moulin de Kereuzen à Crozon.

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Entre le bief et la rivière, les parcelles 2175 à 2178  et 2294 à 2297 portent le nom de Tré an daou dour, "pâture entre deux eaux". 

Sur la pente nord, les parcelles en lanières 2179 (foennec vras), 2180 (foennec voan) et 2181 (foennec arguyoarch), et suivantes sont soit des landes, soit des près.

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Le moulin de Kereuzen à Crozon.

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Le moulin de Pont Men.

Il est intéressant à étudier pour nous documenter sur celui de Kereuzen. L'état de section indique :

2167 : Le MONZE Louis, meunier. Moulin de Pont-Men  : Pratiz ar veil ("la pâture du moulin")

2168 : Le MONZE Louis, meunier. Moulin de Pont-Men . [Soldiv ?] à eau et courtil.

2173 : Le MONZE Louis, meunier. Moulin de Pont-Men ; étang : al len ("la mare")

2174 : Le MONZE Louis, meunier. Moulin de Pont-Men ; ar veil hir du [le long moulin noir]; Moulin à eau [Soldiv ?] à eau et courtil.

Didier Cadou a lu ar rodo goll : "canal de décharge". Il précise comment Louis Maurice Le Monze, cultivateur, demeurant à Kerdaniou,  a acquis le 15 septembre 1825 le moulin à Louis, René et Adélaïde Visdelou de Bedée, héritiers de leur père Charles-François Hyacinthe-Claude marquis de Bedée, et de leur mère Bonne du Han, décédée en 1816.

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Le bief aboutit à l'étang de retenue 2173 qui se déverse sous le moulin 2168 avec sa roue placée au milieu (et non latéralement) : une roue à pirouette ? Puis elle traverse la pâture 2167 pour rejoindre la rivière.

L'étang peut être dérivée directement dans la rivière par un canal, auquel se rattache un bâtiment comportant un roue de moulin : 2174, qui est décrit de la même façon que le moulin 2168.

Dans les deux moulins, l'eau passe sous le moulin et non à coté.

Le moulin de Pont-Men, mentionné dès 1725, sera définitivement fermé en 1956 par Alain LE CORRE.

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Le moulin de Kereuzen à Crozon.

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L'apparition de Corentin LE CAP, Meunier à Kereuzen entre (au moins) 1831 et (au moins) 1859.

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1°) Le nom de Corentin Le Cap avec le qualificatif de meunier au Moulin de Kereuzen apparaît dans l'état de section du cadastre de Crozon pour la parcelle 2426 Foennec vras ar pont

Il est possible ou vraisemblable que nous aurions retrouvé ce nom pour les parcelles du cadastre de Telgruc correspondant au moulin de Kereuzen, mais l'état de section n'est pas disponible.

2°) Il apparaît comme déclarant sur l'acte de décès de Jeanne Keraudren, cultivatrice, 78 ans, le 5 juin 1859 au moulin de Kereuzen. L'acte précise l'âge de Corentin LE CAP, 65 ans, sa profession, meunier, et son domicile, Moulin de Kereuzen.. Il était donc né en 1794. Il est accompagné d'un deuxième déclarant, Michel LE CAP,  cultivateur, 29 ans, Moulin de Kereuzen. 

 

https://gw.geneanet.org/harmegniesmad?lang=fr&p=jeanne&n=keraudren&oc=1

3°) Un généalogiste, François HARMEGNIES, signale son décès un an plus tard,  le 27 décembre 1860, au Moulin de Kereuzen.Il indique les identités de son père, Jean LE CAP, né vers 1768, décédé le 4 août 1814 à Kerazoret - Crozon (au nord de Kergoff-Port-Salut), cultivateur,  marié le 10 février 1790 avec Anne Le Corre (16 août 1765, Penanhoat en Crozon - 30 novembre 1844 à Crozon, cultivatrice)

https://gw.geneanet.org/fharmegnies?lang=en&pz=francois+edouard&nz=harmegnies&p=corentin&n=le+cap&oc=2

4°) Un autre généalogiste, Jocelyn Person indique sa date de naissance le 12 Octobre 1794 et son décès le 27 décembre 1860, ainsi que son mariage avec Jeanne KERMARREC (12 janvier 1802-17 avril 1885 à Kerbastum, Crozon), fille de André KERMAEC et de Jeanne GOURMELEN. 

La même source indique les neuf  enfants de Corentin LE CAP :

https://gw.geneanet.org/j438?lang=en&p=corentin&n=le+cap&oc=2

  • 1.  Anne Perrine LE CAP 1822-1845  Mariée le 23 Juillet 1844 avec Jean Marie KERAUDREN 1818, d'où :

    •  Marie Perrine KERAUDREN 1845-1884 Mariée le 18 juillet 1865 avec Joseph Marie GRAVERAN 1835-1869 

  • 2.  Marie Anne LE CAP 1824-1846  Mariée le 23 Juillet 1844 à Crozon (la même date que sa soeur),  avec Jean Pierre LE MONZE 1817-1853 d'où

    •  Louis Marie LE MONZE 1846-1856

  • 3.  Marie Perrine LE CAP 1827  Mariée le 6 février 1850  à Crozon , avec Jean Pierre LE MONZE 1817-1853 , d'où

    •  Jean Michel LE MONZE 1851-1851

    •  Anne Perrine LE MONZE 1852 x 4 Juillet 1868 à Alain DERRIEN 1846 

     Puis cette Marie Perrine LE CAP épousa le 14 février 1857 à Crozon Jean Marie BILLANT 1828 d'où 3 enfants

  • 4.  Marie Michelle LE CAP 1829-1829

  •  5. Jean Michel LE CAP 1830  Marié le 12 Janvier 1856 à Crozon avec  Barbe LE SENECHAL 1838  d'où 

    •  Jean Pierre LE CAP 1859-1889 

    •  Marie Yvonne LE CAP 1865 Mariée le 6 Janvier 1886 à  Crozon  avec Alain BOUSSARD 1861 

    •  Marie Claude LE CAP 1870-1930 x 29 January 1893 à Jean-Claude LE CORRE 1864  :

  • 6. Pierre Marie LE CAP 1832-1883  x Marie DERRIEN †1897 

  • 7. François LE CAP 1835-1899 x 11 Janvier 1864 à Marie Anne BODENAN 1836-1873

  • 8.  Corentin LE CAP 1838-1838

  • 9. Jean Claude LE CAP 1839-1840 x  Anne Perrine KERAUDREN, décédée 14 February 1820

 

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Pierre-Marie Gourmelen, meuniers à Kereuzen.

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1. Pierre-Marie GOURMELEN , (Crozon 1777 -Crozon 1808), meunier 1802-1808.

Sa profession de meunier est indiquée sur l'acte de mariage du 16 février  1802 avec Jeanne KERAUDREN, sur l' acte de naissance de son fils Pierre-Marie en 1805, et sur son acte de décès à 36 ans.

https://gw.geneanet.org/harmegniesmad?lang=fr&p=pierre+marie&n=gourmelen

 

2. Jean Pierre-Marie GOURMELEN , (Crozon 1805-Kereuzen Crozon 1863), forgeron cultivateur meunier .

https://gw.geneanet.org/harmegniesmad?lang=fr&p=jean+pierre+marie&n=gourmelen

Sa profession de meunier apparaît sur  un acte de 1849. Cette année, (sans doute en renouvellement d'un bail de 1840), Pierre Gourmelen, "meunier et cultivateur", loue pour neuf ans l'île de Rozan à son propriétaire, Louis-Victor Bourassin.  (J.J. Kerdreux, Avel Kornog  n°24 p. 53).

Elle apparaît aussi en 1861, 1862, 1863, 1863 et 1865 sur l'acte de naissance de ses enfants Anne, Jean-Pierre, François-Mathurin, et Catherine.

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Enfin, les actes d'état-civil mentionnent deux femmes  :

a) Marie-Anne Kerspern, cultivatrice à Kereuzen en Crozon en 1935

b) Marie-Berbiline RITA, cultivatrice, demeurant Moulin de Kereuzen où elle décéda le 12 avril 1953

https://gw.geneanet.org/ritap?n=rita&oc=&p=marie+berbiline

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La population de Kereuzen en 1841.

Registre de recensement Crozon 6M241.

Ce registre décrit deux lieux-dits "Moulin de Pont-Neuf": le second doit être assimilé à Kereuzen.

a) Moulin de Pont-Men n° 7863 à 7872. 8 personnes.

Louis LE MONZE, meunier.

Jean-Pierre LE MONZE, son fils, meunier.

Corentin LE MONZE, charpentier

Louis Maurice LE MONZE,, cultivateur,

Marie-Jeanne KERAUDREN, cultivatrice.

Marie-Claude LE BOUSSARD, domestique,

Alain LASTENNET, domestique.

b) Moulin de Pont-Men n° 8098-8118. 22 personnes (moulin de Kereuzen)

Corentin LE CAP, cultivateur

Marie-Jeanne KERMARREC, son épouse,

Anne, Marie-Anne, Perrine, Michel, Pierre, et François LE CAP cultivateurs

Jeanne Cor---ff, domestique, enfant trouvé

Pierre THIEC, domestique.

Pierre GOURMELEN, meunier et Marie-Jeanne POSTIC son épouse,

Jean-Pierre Marie, fils, , Isidore, Anne, Marie Corentine, et Joseph GOURMELEN, cultivateurs,

Anne KERAUDREN cultivatrice

Etienne KERAUDREN, Henry RIOU et Anne Alix, domestiques

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La population de Kereuzen en 1911.

Le registre de recensement (où Pont-Men ne figure pas) comptabilise trente personnes appartenant à cinq familles : celle de Yves KERSPERN, Pierre LE CORRE, Corentin DERRIEN, Joseph LE CORRE et Alain DERRIEN. Les chefs de famille sont qualifiés de cultivateur, et aucun de meunier. Ainsi :

Yves KERSPERN (né en 1868), "cultivateur", "chef, patron"

Marie-Yvonne (1874), son épouse

Marie (1901), Jeanne (1902), Anna-Perrine (1903?), Marie-Anne (1907) et Joseph-Marie (1911), leurs enfants

Marie-Anne LASTENNET (1834), "mère" (de Marie-Yvonne ?)

Eugène (Kerspern?), domestique, cultivateur

http://mnesys-portail.archives-finistere.fr/?id=viewer&doc=accounts/mnesys_cg29/datas/ir/serie_m/FRAD029_00000006M.xml&page_ref=20449&lot_num=3&img_num=1&index_in_visu=

 

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Pour évaluer la valeur de ces chiffres de nombre d'habitants au moulin de Kereuzen, je peux me baser sur le registre du recensement de Telgruc en 1841  — page 11— pour le moulin de Ronvarc'h, immédiatement en amont de Kereuzen, avec ses 9 habitants : outre les deux  meuniers Jean MORÉ, veuf, ( et ses enfants Yves et Barbe), et Pierre-Marie MORÉ   (et son épouse Marguerite FOUEST et leur fils Jean), 3 domestiques sont employés.  http://www.notrepresquile.com/population/recensement/telgruc/1841.php

Au moulin de Kerloc'h, toujours sur Telgruc, le meunier Yves FOUEST habite avec sa femme Marie-Jeanne QUEMENER, leurs fils Nicolas et Pierre et leur fille Anne.

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CONCLUSION.

J'ai abordé ce sujet en simple curieux, sans connaissances locales ni compétences   ; mon enquête sur place m'a appris que d'autres m'avaient précédé, mais je n'ai pas trouvé de publication ni de documents : je souhaite que cet article incite les auteurs plus qualifiés que moi à approfondir la connaissance sur ce moulin, et à corriger mes erreurs.

 

 

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Une mise à jour en novembre 2021 : Tanguy RIVIDIC, meunier de Kereuzen en 1743.

Cette information est attestée par un papier timbré découvert dans des archives familiales privées.

Il permet d'interroger la base Geneanet :

Jean RIVIDIC est né vers 1655 à Crozon et il est décédé à Kereuzen, précisément en cette année 1743. Sa profession est celle de meunier.

https://gw.geneanet.org/villadesresedas?lang=fr&p=jean&n=rividic&oc=1

Il eut un fils Jean qui fut baptisé en 1694 à Kereuzen, et y mourut à 13 ans en 1707. Un autre fils, Daniel, est décédé à 1 an, à Kereuzen.

 

https://gw.geneanet.org/villadesresedas?n=rividic&oc=4&p=jean

Il a épousé vers 1675 à Crozon Anne DAINCUFF (v.1655-1721) et a eu six enfants, dont le dernier est notre Tanguy.

Ce Tanguy RIVIDIC est né le 1er août 1705 à Crozon, et a épousé le 27 janvier 1724 Marie KERMARREC. Leurs enfants éventuels ne sont pas spécifiés. Les témoins du mariage sont son père Jean, mais aussi son beau-frère (Jean) LE MOIGNE, qui a épousé vers 1719 Anne RIVIDIC. Parmi les quatre filles de ce couple, les deux premières sont nés à Brospell, mais en 1728 et 1730, les deux autres sont nées à Kereuzen : Jean LE MOIGNE a-t-il travaillé auprès de son beau-père comme meunier ?

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Remontons maintenant au grand-père de Tanguy  c'est un homonyme, Tanguy RIVIDIC, né vers 1625 à Crozon et qui eut 8 enfants, dont sept fils. Outre Jean, déjà nommé, il faut citer Guillaume, qui est mentionné comme meunier ; s'il est décédé en 1721 à Kervenguy, Crozon (à 800 m. au nord-est de Kereuzen), sa fille Françoise est décédée en 1726 à Kereuzen.

 

https://gw.geneanet.org/villadesresedas?lang=fr&p=tanguy&n=rividic&oc=2

https://gw.geneanet.org/villadesresedas?lang=fr&p=francoise&n=rividic&oc=1

Au passage, je note : Catherine LE CORRE, née en 1713 à Kereuzen, décédée en 1758 à Brospell (cf. Jean Le Moign supra). Elle épousa Philippe LE MOIGN.

https://gw.geneanet.org/doma?n=le+corre&oc=&p=catherine

 

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LES AUTRES MOULINS À EAU DE LA PRESQU'ÎLE.

La carte de Cassini en montre :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53095237v/f1.item.zoom

— 6 sur la rivière de l'Aber, Kerune, Colin, [Ronvarc'h], puis sur Telgruc  Kerspern, Kerledan et sur Argol Kerenpren.

—2 à Telgruc sur le ruisseau alimentant le Port de Goat : ceux de  Kergreac'h (Port du Craon) et Kerstaigoff [Rostégoff]

— 1 sur Roscanvel, "Pointe du Diable" (sur le ruisseau Ragadal IGN).

Cette quantité est sans doute sous-estimée, mais la recherche est rendue plus difficile sur les cartes postérieures. On signale aujourd'hui que plusieurs dizaines de moulins à eau existaient  sur la Presqu'île.

Didier Cadiou en compte 10 sur le cours de la rivière de l'Aber : Pont-Men, Kereuzen, Ronvarc'h (ou Meil Gorré), Le Launay, Meil Jeun, Keredan, Peran, Kernon, Kerloc'h, et Moulin-Neuf sur Argol.

Parmi ceux de Telgruc, le Moulin de Kerledan a été restauré et remis en fonctionnement.

Sur la presqu'île de Crozon, il signale en outre ceux de Lostmarc'h, Tromel, Penfond (ou Penfont, sur la rivière de Kerloc'h), La Fraternité (Roscanvel), Poulmic (Lanvéoc), et Rosmadec (Telgruc).

https://www.presqu-ile-de-crozon.com/lanveoc/manoir-de-poulmic-001.php

 

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/moulin-a-farine/bc94c3fe-6e98-46df-b209-2506b9be7511

" Le moulin de Rosmadec est lié au manoir disparu du même nom. La porte du 16e siècle semble être le seul vestige du moulin primitif. Le cadastre ancien figure un moulin à roue horizontale alimenté par un canal qui mène l'eau sous le bâtiment. Le moulin actuel semble avoir été partiellement reconstruit après 1831selon un autre système de fonctionnement. "

Moulin à eau de Roscanvel. https://www.presqu-ile-de-crozon.com/roscanvel/moulin-a-eau-roscanvel-001.php

Les moulins à eau les plus nombreux se trouvaient sur les ruisseaux se jetant dans l'Aulne, à Trégarvan (n=4) et à Dinéault (n=16).

À Trégarvan, : "Des quatre moulins figurant sur le cadastre de 1831 (moulin de Garvan, deux petits moulins au Cosquer, moulin de Kerfréval), seul celui du Garvan subsiste en partie en élévation. Les trois autres, situés sur le Stêr ar Pont Men, un affluent de l'Aulne séparant Trégarvan d'Argol, à l'ouest de la commune, ont disparu. Envisagé en 1837, le projet d´installer un haut fourneau près du moulin du Garvan n'a pas été réalisé."

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/les-moulins-sur-la-commune-de-tregarvan/443d850d-fe90-41f2-8b56-8f1690fb47c1

À Dinéault , il en existait 16 en 1848, dont 9 ont disparu. Il persiste les vestiges des moulins de Coz Veil, Kergoat, de Rouinstin et du Veyer. Le "Moulin d'Eau" dépendait du manoir de Trévoazec (Trefgoazec en 1536). Le Moulin de Rozarnou dépendait du manoir de Rozarnou.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancien-moulin-le-moulin-d-eau-dineault/6fbc1207-1856-4c17-b9b5-0e08807b87bf

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancien-moulin-le-moulin-de-lezaff-dineault/7a464384-31f8-40d8-8332-43abd0ef8c4c

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancien-moulin-le-moulin-d-eau-dineault/6fbc1207-1856-4c17-b9b5-0e08807b87bf

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancien-moulin-rozarnou-dineault/24b97466-8340-4ae2-b701-bcd9b77d1858

"Pour la plupart déjà présents sur la carte de Cassini (vers 1770), les moulins à eau de Dinéault étaient particulièrement nombreux. Parmi les seize sites localisés sur le cadastre de 1848, douze figurent sur le Garvan, un affluent de l´Aulne (Cosquer, Kerveur, Veyer, Lézaff, Treffiec, Ty Voënnec, le Stir, Kernevez, Kergoat, Roscoat, Coz Milin, Rouistin), un sur un affluent du Garvan (moulin de Dourvénez), un sur un affluent de l´Aulne (Roudouhir) et deux sur des affluents de la rivière de l´Aulne (Moulin d´Eau, Rozarnou). Les édifices, pour l'essentiel bâtis aux 17e et 18e siècles, s'ils n'ont pas disparu, ont connu des remaniements successifs ou des reconstructions entières. En 1799, le moulin de Veyer, tenu à titre de domaine congéable depuis 1766 par un nommé Le Pennec, était couvert de chaume. A l'état de vestiges en 1968, le rez-de-chaussée était divisé en deux parties abritant les mécanismes d'un côtés (deux roues horizontales) et la salle commune de l'autre. Le moulin de Coz Veil, remanié, porte la date de 1799. Le moulin de Kergoat (Ty Coz) abritait en 1970 les vestiges de meules. Plusieurs moulins, dont deux dans un état de conservation critique (Rozarnou, Moulin d'Eau), conservaient encore une partie de leurs mécanismes lors de l'enquête de 1968-1970. Ils font, tout comme le moulin de Lézaff, l'objet de dossiers individuels."

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancien-moulin-rozarnou-dineault/24b97466-8340-4ae2-b701-bcd9b77d1858

Moulin de Lézaff sur le Garvan

Le moulin était alimenté par plusieurs cours d'eau dérivés du ruisseau du Garvan. Il dépendait à l'origine du manoir éponyme situé à quelques centaines de mètres au sud. En 1719, il fait toujours partie du domaine noble de Lézaff. Le bâtiment actuel, qui abritait à la fois les mécanismes et le logis du meunier, porte la date de 1792. L'activité s'est arrêtée dans les années 1950. Parmi les deux meules en place en 1968, une seule subsiste aujourd'hui. Le cadastre de 1848 fait état d'un système hydraulique complexe, encore en grande partie identifiable (retenue, canaux d'amenée) alors que le four à pain situé au milieu de la cour a disparu. D'une ferme au sud subsistent le logis et les dépendances (transformées).

Le site a gardé l'empreinte de son usage ancien. Le moulin de Lézaff est le seul moulin de Dinéault qui conserve encore une de ces meules en pierre calcaire concassé et cerclé.

 le Moulin d'Eau (Dinéault)

Le moulin dépendait du manoir de Trévoazec (Trezfgoazec en 1536). Le cadastre de 1848 fait état de deux parties ; les bâtiments au nord correspondent au logis (18e siècle remanié au 19e siècle) et à un four à pain, les deux bâtiments au sud dont un portait la date de 1694 abritaient respectivement les mécanismes d'un moulin à pirouettes avec une roue horizontale et une remise surmontée d'un grenier, à l'origine également un moulin comme le montre le cadastre se 1848. Ces deux corps de bâtiments étaient traversés par un petit ruisseau, affluent de l'Aulne. L'ensemble était en ruine avant 1970. Le logis et le four à pain sont en cours de réhabilitation.

Le Moulin de Rozarnou

Le moulin dépendait du lieu noble de Rozarnou, propriété des Kersauson en 1536. Situé dans l'ancien bois seigneurial et alimenté par un affluent de l'Aulne, il a été reconstruit au 19e siècle. En 1968, la structure du bâtiment et les mécanismes, bien que désaffectés, étaient intacts et le bâtiment était partiellement couvert de chaume. Un nouveau logis a été récemment construit à côté du moulin ruiné. Le site, inaccessible lors de l'enquête, a été profondément restructuré à l'époque contemporaine, avec, notamment, la création d'un étang au nord.

Je signale en Finistère les moulins à eau conservés :

Moulin du Pont à Daoulas (écomusée)

Moulin de Keriolet à Beuzec-Cap-Sizun

Musée de la Rivière à Sizun (Parc d'Armorique)

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Plans cadastraux de quelques moulins.

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Plan cadastral du moulin de Ronvarch (Telgruc) 1831

Plan cadastral du moulin de Ronvarch (Telgruc) 1831

Plan cadastral 1831 du moulin de Launay (Telgruc)

Plan cadastral 1831 du moulin de Launay (Telgruc)

Plan cadastral du moulin de Kerledan (Telgruc) 1831

Plan cadastral du moulin de Kerledan (Telgruc) 1831

Plan cadastral du moulin de Penfont (Crozon) 1831

Plan cadastral du moulin de Penfont (Crozon) 1831

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SOURCES ET LIENS.

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— BUFFET (Henri-François), 1952, La toponymie du canton de Port-Louis  Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1952  59-2  pp. 313-336

https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1952_num_59_2_4403

— CADIOU (Didier), KERDREUX (Jean-Jacques), 2015, Toponymie de Tal-ar-Goas, Avel-Gornog n°24 pages 73-79.

— CADIOU (Didier), 1994, Le moulin de Pont-Men, Echo des Moulins, 2 pages.

— FLATRÈS ( Pierre), 1957,  La structure rurale du Sud-Finistère d'après les anciens cadastres . In: Norois, n°16, Octobre-Décembre 1957. pp. 425-453; doi : https://doi.org/10.3406/noroi.1957.1191 https://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182x_1957_num_16_1_1191

https://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182x_1957_num_16_1_1191

— TRÉPOS (Pierre), 1953  La notation des toponymes bretons Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1953  60-1  pp. 200-212

https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1953_num_60_1_1927

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