La chapelle de N.D. de la Croix à Concarneau (29).
Dédiée à Notre Dame de Bon Secours, et établie selon la tradition sur un ancien monastère, elle était dite Notre-Dame de la Croix en 1540. Elle marquait alors la limite du faubourg de Pennaroff.
Petit édifice pavé de terre cuite, de plan rectangulaire datant des XVe et XVIe siècle et restauré en 1854, elle conserve sur le pignon est des restes de sculpture du XVe siècle.
Au XVIIe siècle, elle est dite "Chapelle de la Sainte-Croix" (comme en témoigne un reliquaire "de la Vraie Croix", datant du XIXe) ; on y célèbre plusieurs mariages bourgeois, et elle sert de point de départ aux processions, notamment lors du Pardon le premier dimanche d'octobre. Sa cloche est utilisée par temps de brume pour guider les navires dans la passe d'entrée dont la Roche du Cochon n'est pas le danger le plus redoutable.
Elle est réquisitionnée à la Révolution en 1791 pour la surveillance des côtes et va être transformée en corps de garde par une division en deux salles par une cloison dont le sol conserve encore la trace. Sa maître-vitre est murée et remplacée par une cheminée. Elle servit ensuite de dépôt d'affût de canons, d'écurie ou d'atelier de menuiserie. Elle n'est rendue au culte qu'en 1849, et érigée comme chapelle de secours. Elle est restaurée par l'architecte Bigot en 1854 (date gravée sur le pignon Ouest) avec agrandissement des portes, réouverture des baies, reprise de la maçonnerie et reconstruction du clocher. C'est le prince Jérome Bonaparte qui accepte d'être le parrain des cloches, par procuration, en les offrant. La marraine était Mme Gustave Le Guillou-Penanros.
La date du Pardon est déplacée pour coïncider avec la Fête de l'Exaltation de la Sainte-Croix le 14 septembre, puis avec la Nativité de la Vierge le 8 septembre.
En 1968, la chapelle bénéficie d'une nouvelle restauration marquée par la pose des deux vitraux du Père Bouler.
La flêche du clocheton, déjà décapitée en 1853, puis au début du XXe siècle et en 1970, est à nouveau abattue en 1987 lors de l'ouragan. Il est reconstruit dès l'année suivante et reçoit une nouvelle cloche en 1989. Enfin elle est restaurée en 1991 par les services municipaux.
(Selon un document affiché dans la chapelle)
" Près de la chapelle, face à la mer, deux croix : l'une est ancienne, l'autre est une croix de mission, (1885)"
Les vitraux.
Il sont l'œuvre du Père jésuite André Bouler (1924-1997).
André Bouler était né à Quimperlé et était venu avec sa famille à Riec-sur-Belon. Il avait suivi sa scolarité au collège Saint-François-Xavier de Vannes avant d'entrer au Noviciat des Jésuites en 1943. A Paris, entre 1949 et 1952, il travaille dans l'atelier de Fernand Léger, rencontre le père dominicain Couturier, mais aussi Jean Zack et Jean Bazaine, Maurice Morel et Manessier. Il se consacre alors entièrement à la peinture et à l'Art Sacré pour orner de vitraux les églises de Sainte-Thérèse du Landais ou de Lambezellec à Brest, la chapelle de Sainte-Marine à Bénodet, ou de la chapelle du Roucas à Marseille. Entre 1963 et 1995, il réalise 42 ensembles de vitraux et aménage 69 lieux de culte. (Renseignements donnés par Jean-Marie Tézé in "La prière de l'"Anima Christi" " page 9 ). Le site jésuite.com précise "Quand il retrouvera la "vibration colorée" qui caractérise sa peinture désormais non-figurative, il n'en gardera pas moins le souci d'une structuration parfois secrète, mais toujours solidement installée. D'où, chez cet admirateur de M0NET, de BONNARD, de BAZAINE, une reconnaissance toujours vive pour son maître LÉGER. En 1957 il se fixe à Paris, 35 rue de Sèvres - son atelier est voisin de celui de LE CORBUSIER - puis, à l'automne 1971, au 42 de la rue de Grenelle. Il y meurt le 3 juillet 1997."
Voir les vitraux de la Chapelle Sainte-Marine à Combrit : la Vierge allaitante et la bannière Le Minor.
Voir la bannière dessinée par André Bouler : L'église Notre-Dame des Carmes à Pont-L'Abbé habillée par Le Minor.
Vitraux en dalle de verre de l'église Notre-Dame-de-la-Mer à Bénodet.
Chapelle de la Communauté Saint-Joseph à Francheville (69)
Chapelle Saint-Joseph à Quilmperlé.
Les deux baies concernées à Concarneau sont la maîtresse-vitre ou Baie 0, et la baie sud.
Les statues.
La chapelle renferme une Vierge à l'Enfant dite Notre Dame de Bon Secours, provenant de l'ancienne église, sainte Anne, 1856, une Pietà en pierre, mutilée,du XVIe siècle, des Anges adorateurs provenant de l'église de Trégunc,( XVIIe siècle), saint Antoine ermite, saint Guénolé et saint Guen.
Saint Guénolé, bois, XVIe, h = 90cm. Il a perdu sa crosse, mais le Père Abbé de l'abbaye de Landevennec, revêtu de la chape, tient encore fermement son missel.
Les "Ex-voto".
Il convient plutôt de parler de maquette de procession, et de diorama votif.
La maquette de procession.
C'est celle du "St-Guénolé", d'une goélette de pêche, ou plutôt, selon le site Topic-topos, celle d' une goélette de cabotage portée par les élèves de l'école Saint-Joseph.
Le Diorama.
Il a été offert en 1991 , et il fourmille en détails qui en rend la découverte passionnante. Il est formé de deux parties, la principale étant une boite rectangulaire, mais qui est couronnée d'un oculus. Cette disposition n'est pas gratuite, mais sert à mettre en scène, en haut, un naufrage (base de tout ex-voto et hantise du marin), et, au dessous, une procession ou une fête de bénédiction de la mer dont le but est de protéger les équipages de la funeste éventualité.
Le diorama comporte l'inscription "Hommage à Notre-Dame du Bon Secours" ainsi que les lettres "CCAC", vraisemblablement celles du donateur, entourant les mots ex-voto inscrit aux quatre quartiers d'une croix/ancre de marine ; la date 1991 s'inscrit dans l'effilement du diamant de l'ancre.
Dans le hublot, un sardinier ou un misainier de Concarneau, immatriculé CC 1089 tente de rentrer au port par gros temps. La mer est très forte dans la passe, et le patron à la barre n'en mène pas large, d'autant qu'une lame se forme par l'arrière bâbord. Il a réduit la voilure en ferlant sa partie inférieure grâce à la bande de ris, mais n'est pas "à sec de toile" afin, si près de la côte, de rester manœuvrant. Mais soudain, les nuages s'écartent miraculeusement et laissent apparaître la pleine lune, qui éclaire d'un rayon blafard le clocher de Notre-Dame-de-Bon-Secours. Dieu soit loué ! Le port est proche !
Dans la vitrine inférieure, c'est une belle journée d'été et les sardiniers rentrent au port après la Bénédiction de la mer. La première chaloupe a ferlé ses voiles et des matelots, dans le canot, prennent l'amarre avant. A bord se trouvent Monsieur le Recteur, An Aotrou Person, accompagné des enfants de chœur en surplis, et des paroissiennes les plus cotées. Trois bannières claquent dans la brise solaire. Derrière, une seconde chaloupe sardinière CC 827 affale sa voile de misaine, à la teinte cachou bien sombre. On a accroché des rubans et des bouquets en tête de mât ; les dames, en coiffe blanche et costume noir, chantent les cantiques en levant les bannières avec enthousiasme. Derrière elles encore, des marins les regardent, sur le quai, portant l'aviron de godille du canot sur leur épaule.
Au premier plan, on peut apprendre comment maintenir une bannière : la matrone porte la hampe, mais ses deux acolytes tiennent des cordons qui permettent d'orienter la traverse et de lutter contre les effets du vent.
Une vue de détail de la première embarcation permettrait d'identifier les bannières ; elle permet du moins de voir que non seulement le recteur, mais deux autres curés sont à bord ; onze personnes à bord !
Pendant ce temps, sur le quai, la procession bat son plein sous la férule des dames patronnesses : les élèves des écoles privées (pas celle du diable !) et les enfants de Marie portent une première maquette pavoisée, alors que des Anciens portent sur leurs solides épaules un Trois-Mât-barque, coque noire et sabords blancs.
Les tableaux.
a) Deux médaillons d'époque Louis XIV, toiles peintes (la Vierge et saint Jean ).
b) peinture sur toile de la fin du XVIIe siècle, portant l'inscription : "LE VRAI PORTRAIT DE LA Ste VI/ERGE PEINT PAR ST LUC" (œuvre du peintre Luc Floc'h, dit Saint-Luc, de Lannion).
Je rappelle que l'évangéliste saint Luc est traditionnellement considéré comme l'auteur du premier portrait de la Vierge
c) - Le don du Rosaire à saint Dominique.
avec les attributs habituels du saint, le lys, les livres (des dogmes de la Foi), le globe du monde, et le chien tenant un flambeau allumé. (Sa mère avait rêvé qu'elle accouchait de ce chien là).
d) Tableau ex-voto dit à tort "Le radeau de la Méduse" (!), de J. Baret 1841. AVE MARIA STELLA .
N.b : le personnage torse-nu porte un "scapulaire" qui semble porter l'image d'un cœur vendéen.