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11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 13:36

La chapelle de St Pierre à Plogonnec.

 

  Voir les précédents articles sur Plogonnec:

Église de Plogonnec : statues et bannières.

Église Saint-Thurien à Plogonnec II : une inscription du tonnerre!.

Les vitraux de Plogonnec I : Saint Sébastien

Les vitraux de Plogonnec II : le Jugement dernier.

      Vitrail de Plogonnec III : la Transfiguration.

  Les vitraux de Plogonnec IV : Vitrail de la Résurrection.

 

Vierges allaitantes X : La chapelle St-Denis de Seznec à Plogonnec. 

La chapelle St-Thegonnec à Plogonnec.

  I. Présentation.

DSCN4643c

   La chapelle St-Pierre de Plogonnec a été édifiée, en bordure du bois de Névet, sur l'ancien site de la chapelle seigneuriale des seigneurs de Névet. Ceux-ci occupèrent une place de premier plan dans la région depuis Hervé Ier (av.1270-1309) jusqu'à Malo Ier (1699-1721), accédant au titre de baron au XVIe siècle, puis à celui de marquis au XVIIe, et aux fonctions de gouverneur de Quimper ou à celle de colonel du ban et de l'arrière-ban de Cornouaille. Leur premier château se trouvait sur la paroisse de Plogonnec, mais en raison de démêlés avec l'évêché de Quimper, ils le démontèrent pour le rebâtir de l'autre coté de la forêt de Nevet, à Lezargant sur la paroisse de Kerlaz.  C'est là ( Vierges allaitantes IV, Kerlaz, église Saint-Germain, les vitraux, 3ème partie.) que j'ai découvert la vié édifiante de René de Névet. 

  Claude Ier de Névet ( baron de Névet et seigneur du lieu de 1585 à 1597) épousa en juillet 1585 Elisabeth d'Acigné. Il se soucia de reconstruire l'ancienne chapelle seigneuriale, et y apposa une plaque commémorative où on peut lire  ceci :

Clavigeri templi quod longum diruit aevm

Claudius hic Nemeus primo fundamenta jecit

Tertius Henricus Francos cum jure regebat

Pontifice et summo Sixto tum presule Carlo

Ac humil(is) pastor Lodoicus sacra ministra(ba)t 1594.

  On admira les très nombreuses lettres conjointes (TE, AV, HE, NR , etc...), on notera la forme abréviative 9 pour remplacer la finale -us (prim9, terti9, Henric9, Lodoic9), on s'amusera du mot presule, qui, après avoir désigné pour les romains le chef des danseurs dirigeant les choeurs de danse puis "le chef, le président" désigne ici l'évêque !

st-pierre 5477c

  Vous ne serez pas plus long que moi pour résoudre la petite énigme des premiers mots Clavigeri templi, que le bon chanoine Pérennès avait traduit (BDHA 1940 p. 154, note 23) par "le temple du Porte-clefs". Clavigeri, c'est bien-sûr de Saint-Pierre qu'il s'agit, et nous traduisons donc :

 La chapelle de St-Pierre étant tombée de vétusté,

Claude Premier de Névet en jeta les fondations 

Sous le régne de Henri III roi de France,

Sous le pontificat de Sixte (V) et l'épiscopat de Charles (du Liscoat)

Et durant le saint ministère de l'humble recteur Louis (Le Noy) 1594.

  Tout concorde ... presque puisque Louis Le Noy ne fut recteur qu'à partir de 1596 (et jusqu'en 1623, juste avant Guillaume Toulguengat et René Seznec dont les noms sont sculptés à la chapelle de St-Denis en Seznec), ou encore puisque Sixte Quint ne fut pape que de 1585 à 1590. Charles du Liscoat fut bien évêque de Quimper de 1583 à 1614, mais Henri III ne régna que de 1574 à 1589. On en conclue que le texte fut rédigé avant 1589, ce qui est cohérent avec une autre  inscription lapidaire Belinger 1588.

  La chapelle en forme de croix latine a donc été construite entre 1588 et 1594 pendant la guerre de la Ligue, sous Henri IV ; puis son pignon Ouest fut repris au XVIIe siècle (dates 1614 et 1616) alors que la sacristie porte la date de 1674 et le clocher du XVIIIe siècle (dates 1765 et 1769). 

  


 

II. Les inscriptions extérieures.

1. Le clocher  

  Construit au cours du XVIIIe siècle, il est à balustrade, cantonné de canons de pierre faisant office de gargouille et doté d'une tourelle contenant l'escalier d'accès à la chambre des cloches. Il fut frappé par la foudre en 1992 et restauré en 1995.

  Au dessus des cloches, un dôme bulbe est surmonté d'un lanternon. On y lit :   HENRY . OMNES DE . ROSAVEN F. 1?75, RENE . LE . HENAFF / DE KHERVAN . F. 1765

  Il faut lire : Henri Omnes de la ferme de Rosaven, et  René le Henaff, de la ferme de Kerhervan ; actuellement orthographiée Kerherven, elle est toujours (selon le web) en exploitation par un GAEC de Kerherven au lieu-dit Kererven.


 

                st-pierre 5503c

 

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Sur la tourelle d'accès : LE DOARE CHAPALAIN 1769 / E. PHIL/LIPPE : F

  Les patronymes Le Doaré, Chapalain et Phillipe sont attestés à Plogonnec


 

st-pierre 5519c

 

 

Le pignon Ouest de la chapelle : 

  Elle est de pure inspiration Renaissance et en décline le vocabulaire architectural : volutes terminant les contreforts, colonnes galbées et cannelées, chapiteaux ioniques supportant un fronton triangulaire sous lequel se lit une date 16??, porte à voussure bloquée par une clef feuillagée en agrafe.

 

st-pierre 5507cd

A gauche du portail : J. JONCOVR 1616

  On n'omettra pas de noter le N rétrograde du patronyme : 

st-pierre 6037c

 

 

 

A droite du portail : Y. MAP . F. 1614.

st-pierre 5506c

 

 

 

 

Porte latérale facade sud : 

      La Facade sud est de style gothique

Sur la porte : COSMAO F QUAG (?) 1784 

 

st-pierre 5497x

 

  Au dessus, encadrant le pinacle gothique : Y. QVEO C 1608 FA (Y. QVEO FA 1608, correspondant au patronyme Le Quéau ).


st-pierre 5527c

 

 

 

 


Porte gothique du transept sud :

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Facade ouest du transept sud : BELINGER 1588 H. LAGALLAY 

DSCN4631c

 

Sur le pignon de la chapelle sud : QVERNALEGVEN : FA: 1591

  La famille Kernaleguen est attestée à cette date à Plogonnec (Yvon Kernaleguen, né en 1612 de Joannis Kernaleguen)

DSCN4641c

 

Au dessus de la fenêtre de la sacristie au  nord : M . Y. NIHOVARN PRESTRE  ET CHAPELAIN : G. LE DOARE : F 1674


st-pierre 5511c


 

 

 


III. l'intérieur.

 

 

 

   Le choeur est composé d'un maître-autel à retable et de deux niches abritant les statues de St-Pierre à gauche et de Notre-Dame à droite. Cet ensemble a été réalisé en 1677 par l'atelier Le Déan de Quimper, puis le retable a été repeint par maître Hauteville de Locronan en 1694. 

st-pierre 5492c

 

  On raconte que ce sont les filles d'un des derniers seigneurs de Névet qui ont servi de modèles pour les deux femmes encadrant le tabernacle ; et il faut reconnaître que les traits de ces deux anges thuriféraires sont suffisamment caractéristiques pour se prêter à cette supposition. Ce serait alors, en 1677 les filles de René II de Névet et d'Anne de Guyon Matignon...qui eurent, de mémoire, un fils et une fille !

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Notre-Dame du Bon-Secours, Itron Varia guir zicour.

 

                DSCN4617c

  Saint Pierre, St Pêr. 

Les armoiries qui surmontent la niche sont, selon Henri Pérennès, "de fantaisie". Le saint et apôtre "clavigère" est saisi en plein mouvement de présentation de la clef de notre salut, en grande tenue de premier évêque de Rome et de premier pape selon le dogme de la primauté pontificale.

 

               st-pierre 5487c

  

Dans le bras de transept nord : Sainte Anne dans une scène de Sainte éducation.

 Anne, la tête couverte d'un pli de son manteau, assise, "apprend à lire" à Marie, debout, les cheveux libres comme toute jeune fille. Elle lui indique plutôt, dans les saintes Écritures, comment les prophètes ont annoncé sa destinée et celle de son Fils. Les mains de la mère et de la fille se rejoignent, co-optant résolument le rôle qui leur est dévolu dans le plan divin de l'Incarnation. Sous le pied de sainte Anne, la tête d'un angelot rappelle que c'est un ange qui a annoncé à chacune d'entre Elles leur virginale nativité.

 

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  Au sud, dans le bras de transept, la statue  de la Vierge de l'Apocalypse. 

  Ou plutôt celle de la Vierge de l'Immaculée-Conception, comme l'indique l'inscription en breton Mari, conçevet hep pec'het.

  Elle foule la démone qui entoure vainement l'orbe de sa queue serpentine autour des pieds de la Nouvelle Éve. Cette démone posséde les traits habituels qu'elle présente sur les arbres de Jessé bretons, la tête dressée mi-arrogante mi-spasmée de douleur et les seins "discoïdes" plats car stériles mais suffisamment marqués pour affirmer sa féminité malèfique.

 

          DSCN4623c

  Dans le bras sud du transept également, saint Jean présentant son Évangile.

 

            DSCN4624c

 


 Dans la nef, un beau Christ en croix.

 

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Les sablières :

 

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 Près de la porte du transept sud, un bénitier a été confectionné en récupérant le croisillon d'un calvaire portant l'inscription RECTEVR 1644 : c'est René Seznec qui était "pour lors", responsable de ce saint ministère. Sur le fût, l'emblème des armoiries des seigneurs de Nevet, un léopoard morné (blason " d'or au léopard morné de gueules") . Je rappelle qu'un lion est nommé "lion" en héraldique s'il sa tête est de profil, et "léopard" s'il sa tête est, comme ici, de face.  Et que ce léopard est dit "morné" s'il est dépourvu de griffes, de langue et de dents (mais sans être dépourvu de sexe, ce qui serait particulièrement infâmant). La position normale du lion est d'être "rampant" (dressé sur l'une des pattes arrière) et celle du léopard est d'être "passant", avec le corps de profil, allongé en appui sur trois pattes.

  En 1644, c'était le baron Jean III de Nevet (1616-1647) qui tenait le château de Lezargant avec son épouse Bonaventure de Liscoët.

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III le calvaire.

  Il a été édifié en 1644 par Roland Doré, et qui dit Roland Doré, de Landerneau, dit kersanton bien-sûr. C'est un réassemblage héteroclyte d'élements provenant d'un calvaire antérieur.

  Il est décrit ainsi par l'atlas des croix et calvaires du Finistère coordonné par Y. P. Castel : 

1559. Saint-Pierre, g.f. 4m. 1644, XXe s. Trois degrés, corniche. Socle hémisphérique, inscription sur deux lignes : QVID TIBI MORTIFEROS PEPERIT SIC XPS DOLORES QVID QVOQVE VESTE TVA SPOLIAVIT. AMOR. (D'Où vient que tu soufffres, O Christ, jusqu'à en mourir, d'où vient que te vilà nu, vêtements arrachés ? La seule réponse est Amour). Statues géminées : Vierge-Paul, Jean-Pierre. Croix de granite récente, crucifix métal.

J'ai omis de photographier l'inscription latine, difficilement lisible mais dont je découvre le texte magnifique. J'ai photographié saint Pierre et saint Paul.

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st-pierre 5525v

 

 

Source http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=61

http://www.mairie-plogonnec.fr/histoire-des-chapelles.htm

http://fr.topic-topos.com/chapelle-saint-pierre-plogonnec


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Published by jean-yves cordier

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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