Les églises des îles du Ponant V.
L'église St-Gildas, île de Houat.
I. Présentation.
L'église Saint-Gildas date de 1746-1766, remplaçant une ancienne chapelle ; elle fut dotée de chapelles latérales en 1834, d'une sacristie, d'un choeur et d'un transept en 1840, et de sa tour-clocher en 1856. En 1962, la sacristie est déplacée à l'extérieur .
Les murs blancs de sa façade sud participent à former la place de la Mairie, centrée par le Monument aux Morts. Cette année (2012), une exposition de photographie de pêcheurs en action par Xavier Dubois s'affichait sur les murs.
Sa façade nord donne sur le cimetière, qui surplombe l'entrée du port St-Gildas ; et, que l'on vienne de la Grande Plage (Treac'h ar Gouret) ou que l'on remonte du port, elle offre sa silhouette familière que l'on repérait déjà comme un amer, en naviguant vers l'île.
II. La maquette de procession.
Il ne s'agit pas d'un ex-voto, liè à un voeu et à un évenement de mer, mais d'une maquette offerte pour être portée en procession pour le 15 août lors des fêtes de la mer et pour la St-Gildas le 29 janvier. Elle est datée du quatrième quart du XIXe siècle, et le site Les ex-votos marins http://www.ex-voto-marins.net/pages/lieupage56Houat.htm la décrit comme un navire de guerre, un trois-mâts carré armé de 94 canons en deux rangées de sabord et une autre rangée de pont. D'autres parlent d'une "goelette". Les trois mats semblent équipés pour recevoir une voile aurique, à la différence des trois-mats carrés. On remarque que le navire était motorisé puisqu'un emplacement pour l'hélice est aménagé devant le gouvernail. Le grand pavois est établi, ainsi qu'une longue flamme aux couleurs nationales.
III. Les statues.
1. Maris stella.
Je retrouverai cette statue dans chaque église des îles du Ponant, tenant une ancre. Elle illustre un qualificatif de la Vierge Marie dans les litanies : Maris stella, "Étoile de la mer", bien-sûr très adaptée à ces paroisses de pêcheur situées en pleine mer.
2. Sainte Anne, Éducation de la Vierge:
3. Saint Gildas.
IV. Les vitraux.
Ils datent de 1962 et ont été réalisés par un artisan de Rennes ; ils ont été restaurés en 2006.
V. Les autres éléments remarquables.
1. Les bannières
Bannière paroissiale Parrez-Houat.
Au dessus du monogramme SG, elle représente saint Gildas en tenue d'Abbé.
Bannière "Notre-Dame de la Garde, protégez nos marins."
La Vierge couronnée a pris place dans un bateau.
2. Éléments marins au pied de la statue de Maris stella:
Couronne de coquillage (dont des étoiles de mer Asterias rubens faisant allusion à maris stella) ; bouquet de fleurs des dunes (immortelle Helichrysum stoechas et queue-de-lièvres Lagurus ovatus) bouée de sauvetage reprenant l'invocation de la bannière "Notre-Dame de la Garde protégéz nos marins".
3. Tableau au dessus du choeur : La mort de saint Gildas.
La Vie de saint Gildas repose sur une part historique puisque l'existence de cet ecclésiastique émigré de Grande-Bretagne est attestée notamment par son sermon De Excidioet Conquestu Brittaniae : il serait né en 490. La tradition rapporte qu'après un pélerinage à Rome, il passa sept années à l'abbaye de St-Gildas de Rhuys, juste en face au nord de Houat. Puis il prit un an la tête de l'abbaye de Llancarfan pour remplacer saint Cadoc, établit un ermitage dans le Somerset, avant de revenir à Rhuys, où il mourut.
Plus précisément, selon la Vie des saincts de la bretaigne Armorique par Albert Le Grand (1636), " Saint Gildas, sentant approcher la fin de ses jours, se retira dans l'île de Hoüath, avec deux ou trois de ses religieux, où il vescut en grande abstinence, silence et recollection, s'estant entièrement démis du Gouvernement de son Monastère. Une nuit, après ses longues veilles & oraisons, comme il se fut jeté sur son pauvre grabat, un Ange luy révéla en songe que dans huit jours, il devoit estre délivré de la prison de son corps, à ces bonnes nouvelles, il s'éveilla et rendit grâces à Dieu ; le matin, après la messe, il déclara à ses confrères la révélation qu'il avait eue, lesquels le mandèrent incontinent à Rhuys. Cette nouvelle attrista extrêmement les religieux de Rhuys, la plupart desquels allèrent voir leur saint Père & bon Abbé, pour recevoir sa bénédiction & ses dernières instructions. Sa mort prochaine ayant esté révélée aux religieux du monastère de S. Hydultus en Cornouailles d'outremer, son pays natal, plusieurs s'embarquèrent & vinrent le visiter en son isle d'Hoüalth, lesquels, l'ayans trouvé fort malade, environnent son pauvre lit pour ouïr ses dernières instructions qu'il leur donna ; puis se fit porter en la chapelle, où, s'étant confessé au prieur de Rhuys, il receut le S. Viatique & l'Extrème-Onction & s'adressant à ses moynes, leur dist : "Je vous supplie mes frères de n'entrer an aucune altercation touchant ce mien corps, quand j'aurais rendu l'esprit ; mettez mon corps en un batteau, et, sous ma teste, posez la pierre laquelle m'a toujours servy de chevet pendant ma vie ; qu'aucun de vous ne demeure dans le batteau, mais poussez-le en pleine mer, et le laissez aller où il plaira Dieu, lequel luy pourvoira sépulture où bon luy semblera : or le Dieu de paix et de dilection demeure toujours avec vous".
On le voit donc entouré de ses moines, de l'évêque de Vannes, mais aussi de sainte Tréphine accompagnée de son fils Trémeur. On sait que cette sainte qui avait été décapitée par son mari Conomor avait été ressuscitée par Gildas.
Sur le galon de la robe de Trephine peut se lire l'inscription Hyacinthe Jarno- Presbyter-Haec- fecit-anno 1881- Orate-Pro-Mih.
L'Abbé Hyacinthe Jarno est un peintre de Port-Louis qui était alors aumonier au pénitencier de Palais à Belle-île (site Topic-topos)
4. Blason
Signé M. DEGOUZO, il porte la date 1962 et la devise Kentoc'h mervel (eget bezan saotret), "Plutôt mourir" (que la souillure).
VI. Le cantique Buhé Sant Geltas :
1 ) Cheleuet, pobl a Houad, chonjet en hon kalon,
E buhé Sant Geltas, hou skuir hag hou Patron,
Sellet ean el hou skuir, eit real hou puhé,
Hag avel hou Koarnour ha Patrom dirak Doué.
(2-27...)
PEDEM :
Sant Geltas, hur Patrom, gredus en hou pedamb;
Dirak en Eutrou Doué hou peet chonj ahanamb;
Goulennet aveit homb, eit hou pobl, hou Houadis,
He hrès de vonet ol genoh d'er baraouiz
VII. Et encore...
Quelques vues du port :
Panneau de chalut :
La pause :