Depuis le 5 avril, un Goéland Bourgmestre Larus hyperboreusGunnerus, 1767 a été signalé dans le port du Conquet, tout simplement à proximité immédiate de l'embarcadère de la vedette pour Ouessant.
Aujourd'hui 15 avril, je vais lui rendre visite, et je le repère facilement sur l'indice infaillible de deux longues-vues établies sur le quai et pointèes vers un petit caboteur : tournant avec opiniatreté autour de la coque (il y restera pendant plus d'une heure ), l' hyperboréen est là, avec sa grande taille, sa livrée très clairs, à peine grise, quasi immaculée, et sa queue blanche qui le distingue immédiatement de tous les goélands argentés du voisinage.
En France, les observations ont souvent lieu en novembre, à l'occasion d'un coup de vent de Nord-Ouest, et la tempête du 9 au 11 novembre 2007 en avait porté plusieurs dizaines. Ici, au Conquet, un Bourgmestre a été observé le 2 octobre dernier.
On dénombrerait 20 à 80 observations annuelles en France. L' île d'Ouessant, le port de Brest, les ports de Douarnenez, Guilvinec, Lesconil ou d'Audierne sont parmi les bons spots, les chalutiers hauturiers ramenant parfois avec eux les Goélands Bourgmestres qu'ils rencontrent...
Les individus qui sont vus en fin d'hiver ou début de printemps ont un plumage "usé" qui apparaît ainsi particulièrement blanc, alors que les oiseaux de novembre ont le ventre sombre, café au lait, et un manteau chiné.
Dnas un article d'Ornithomédia de 2007, Marc Fasol écrivait : Les juvéniles ont un bec rose bonbon typique, aux bords bien droits, parallèles, dont le dernier tiers distal (proche de l'extrémité) aurait été trempée dans de l'encre de Chine.
Le Goéland Bourgmestre habite et niche dans le haut Arctique (Groenland, Svalbard, Islande, Russie arctique), et s'y trouve très bien : seuls les petits jeunes et les immatures contestent cette vie sédentaire et partent sur la route, vers le Sud passer l'hiver le long des côtes de l'Amérique du Nord, et, pour quelques-uns, à l'occasion, sur nos côtes.
Ces grands goélands mettent quatre année à devenir adultes, et passent successivement par quatre plumages. Adulte, notre héros aura les yeux jaunes, mais c'est encore un immature de deuxième année calendaire et de premier hiver, c'est un H1 à l'iris foncé, et au bec bicolore rose chair à la base et noir à l'extrémité.
Un individu H2 sera reconnaissable par son iris clair, et par son plumage plus clair que H1 (notre specimen ne permet pas d'en juger, vu sa clarté particulière).
Le plumage H3 se rapproche beaucoup du plumage adulte H4, mais se démarque par un manteau plus clair et une tête fortement marquée d'ocre (Ornithomédia, Marc Fasol).
L'observation d' adulte est tout-à-fait exceptionnelle en France. Le bec puissant est alors jaune avec une marque rouge sur la mandibule inférieure.
Les pattes sont roses :
Les couvertures alaires sont gris pâles avec une nette bordure blanche. Marc Fasol écrit : En vol, un Goéland bourgmestre de premier hiver est "magique": ses courtes mains (extrémités des ailes), presque transparentes, donnent une impression étrange. Lent et puissant, l'oiseau "au corps de velours" s'éclipse tel un fantôme, ne présentant aucun motif bien défini, ni sur la queue, ni sur les ailes. Tout au plus, ses culottes sont-elles délicatement rayées. (Ornithomédia)
Merci aux messages de Bernard Cadiou, Antoine Gouëllo, Emmanuel Chabot et Mickaël Champion sur la liste obsbzh qui ont diffusés ces informations.