Vierges allaitantes VI :
Chapelle Notre-Dame de Kerluan
à Chateaulin
I.Inscriptions... et N rétrograde.
Elle tire son nom du lieu-dit Kerluhan, toponyme dont l'étymologie vient du breton ker-, lieu fortifié puis "village, hameau" et de Luhan, patronyme lui-même dérivé de lugern, brillant, avec la forme diminutive -an. Il s'agit donc du hameau de Luhan. La carte IGN indique l'orthographe Kerluhan, et la carte de Cassini de 1750 celle de Kerluan.
La chapelle de Kerluhan date du XVIe siècle;elle est en forme de croix latine, complétée par une sacristie hexagonale au sud, et un clocher renaissance à deux étages amorti par un dome à lanternon. Son chevet a été reconstruit en 1713 comme l'atteste une inscription BEZIEN FABRIQUE 1713 (ou 1725, Peyron), Le pignon ouest date du XVIe mais sa partie haute a été remontée au XVIIIe. La longère sud a été restaurée en 1837.
La date la plus ancienne relevée à Kerluan est celle qui est portée sur le calvaire qui provient de l'atelier de Roland Doré : 1639. On sait que cette date correspond à une épidémie de peste, et on n'est pas surpris de trouver sur le fut du calvaire les statues de Saint Sébastien et celle de Saint Roch.
Sur la chapelle elle-même, c'est en haut du clocher que l'on peut lire la date de 1653 sur le linteau de la chambre des cloches. Je lis l'inscription Y. PLOU / SENEC
Le patronyme PLOUSENEC est attesté sur Ploeven avec cette orthographe, et à Chateaulin avec l'orthographe Plouzennec
René Couffon signale dans son Nouveau Répertoire des églises et chapelles que "la date la plus ancienne inscrite sur l'édifice est celle de 1653 qu'on lit sur le linteau de la chambre des cloches avec le nom de M. LAGADEC, desservant de la chapelle à cette époque".
Les cloches elles-même furent déposées, fondues et transformées à Brest en canons en 1793, avant qu'en 1796 la chapelle et son enclos ne soient vendues " à Charles-François Le Lièvre pour 500 Livres".
Sur l'angle ouest-sud de la sacristie, on découvre cette inscription bien lisible qui me fait le beau cadeau d'un N rétrograde : j'adore ! :
Je lis, sur un seul bloc de pierre, en lettres capitales latines
V : D : MRE : L : EDY : Rr
H : H: IANGVISIEN FABR : et plus loin , sur un bloc séparé, la date 1734
Ce que je comprends comme Vénérable et Discret Messire L. Edy, Recteur
Honorable Homme Jean Guisien, Fabricien
le titre Vénérable et Discret est réservé aux ecclésiastiques; l'abréviation Rr désigne donc le recteur. Il s'agit du recteur en poste à Chateaulin de 1737 à 1741, et qui se nomme Louis EDY (bdha 1905) ; il succédait à Guillaume Bigeaud, docteur en Sorbonne. Dans le même temps, Jean Edy était recteur à Ergué-Gaberic ( inventaire après décès en 1748 : sur le site Grand Terrier).
Cette inscription a été relevé par les chanoines Abgrall et Peyron dans la Notice consacrée à Chateaulin dans le Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie Bdha de 1905, p. 164. http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=29
L'inscription est disposée sur deux lignes chacune isolée dans un cartouche, et le mot abrégé FABR, aux lettres plus grandes, est isolé dans un cartouche à part, l'ensemble sur le même bloc de pierre taillé pour s'ajuster à l'angle du mur polygonal de la sacristie.
Elle comporte deux lettres N dont seule la seconde est rétrograde.
Au dessus de la porte d'entrée, sud, se trouve une autre inscription plus difficile à déchiffrer, surtout sur photographie :
Elle s'inscrit sur un bloc de 68cmx30cm, en lettres de 6cm de hauteur. Son examen permet de lire ceci :
F :F :P :IEANHET
ET FABRIQVE LA
N 1...
Ce que je lis comme "Fait Fait Par Jean HETET Fabrique l'an 1???" La date pourrait être 1811, mais cela paraît tardif. René Couffon déchiffre 1819.
Le patronyme Hetet est courant encore actuellement à Chateaulin. Des généalogistes signalent un Jean Hetet 1729-1788 à Rumengol-le Faou, mais un fabricien est forcément résident sur la paroisse de Chateaulin.
Enfin, à l'angle nord-est, se trouve cette inscription : .
Je lis FAIT PAR
ALLAIN
BEZIEN
FABRIQVE 1725