La carte du ciel étoilé peinte par Hans Mielich en 1570 pour le duc Albert V de Bavière en illustration du motet Laudate Dominum d'Orlando de Lassus.
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Cette carte se trouve au folio 157 du luxueux manuscrit des Sept Motets Pénitentiels et du Motet Laudate Dominum, conservé par la Bayerische Staatsbibliotek de Munich sous la référence Bußpsalmen mit der Motette Laudes Domini (Chorbuch, Bd. 2) Bayerische Staatsbibliothek BSB Mus.ms. A II.
Source de l'image :
Noir et blanc : http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&bandnummer=bsb00035009&pimage=188&v=150&nav=&l=de
Couleur : http://imslp.nl/imglnks/usimg/8/85/IMSLP368403-PMLP594987-d-mbs_mus._ms_a_2.pdf
Cette page illustre deux versets du psaume 148 mis en musique pour chœur polyphonique à cinq voix par Roland de Lassus dans son motet Laudate Dominum de caelis. L'ouvrage a été réalisé entre 1565 et 1570. Chaque page est enluminée par Hans Mielich.
Cette page bleu-nuit m'est apparue comme étant la plus belle d'un ensemble en tous points splendide, mais j'ai constaté qu'elle donnait l'occasion de découvertes passionnantes sur l'astronomie de l'époque, et sur la place de cette science à la cour du duc Albert V de Bavière, commanditaire des quatre volumes de ce manuscrit.
Je révèle d'emblée les conclusions de mon enquête sur la source astronomique de cette enluminure : il s'agit selon toute vraisemblance de l' Astronomicum Caesarum de Pierre Apian, imprimé en 1540 à Ingolstadt (donc dans le duché de Bavière). Ce que je vais tenter de démontrer à ceux qui auront la patience de me suivre.
I. DESCRIPTION.
– Texte de la partition (copiée par Jean Pollet) : [Laudate eum sol et ] luna laudate eum omnes stellae et lumen. Laudate eum caeli caelorum :
Il s'agit d'un extrait des versets 3 et 4 du Psaume 148 "Louez-le, soleil et lune ! Louez-le, vous toutes, étoiles lumineuses ! Louez-le, cieux des cieux " qui convie toute la création à rendre grâce à Dieu "car il a commandé, et ils ont été créés".
Pour rendre compte de la force cosmique de ce poème biblique, Hans Mielich, peintre et miniaturiste de Munich, crée la première enluminure certes à visée esthétique, mais basée sur des données scientifiquement exactes d'une carte céleste. Il modifie les figures (qui, dans une carte d'astronomie, tournent selon les secteurs du ciel) afin qu'elles soient toutes disposées tête en haut.
– Enluminure :
a) On trouve les 12 signes du cercle zodiacal.
Aquarius: Capricornus ; Sagitaris ; Pisces ; ; Scorpio ; Taurus ; Gemini ;Virginis ;Conser [Cancer] ; Leo ; Aries ; Libra . On peut y ajouter Ophiuchus ou Serpentaire, ou classer cet astérisme dans la liste suivante.
b) on y trouve les 36 constellations décrites par Ptolémée dans son Almageste.
Piscis Notius; Coronaria Borealis ; Ara [Autel] ; Centaurus ; Aquila ; Delpho ; Equus Minor ; Pegasus ; Cetus ; Lupus ; Cap Meduse [Caput Medusae = Persée]; Deltocon [Deltoton =Triangle]; ; Andromeda ; Casiopea ; Cepheus ; Erichtonius [Cocher] ; Ursa Minor ; Plaustrum Ursa Maior ; ; Draco ; Cignus ; Lira ; Via Lactea ; Hercules ; Corona ; Crines Berenices ; Rosa Triches ; Bootes [Bouvier] ; Eridanus ; Crater [Coupe] ; Orion ; Lepus ; Canus Maior ; Procion [Canis minor] ; Hidra ; Argonavis et, dessinées mais non nommées ou de façon illisible : la Flêche ; Corvus le Corbeau ; et Crater.
c) et on y trouve le nom de 13 étoiles au moins :
- Acarnar dernière étoile de l'extrémité australe d'Eridan, nommée par les arabes : Ākhir an-Nahr ou Fin de la rivière, آخر النهر
- Alkor ou Alcor: nom de l'étoile qui double Mizar ou Mirza dans le milieu du timon du Chariot (ou de la queue de la Grande Ourse Ursa Major) ; seuls les observateurs dotés d'une bonne acuité visuelle distinguent le caractère double de la deuxième étoile du Chariot et discernent le cavalier Alcor (80 U.Ma.), et le cheval Mizar (ζ U.Ma.). Selon une légende, cette capacité était l'un des critères de sélection des archers de Charles Quint. Son nom dériverait de l'arabe et signifierait "le cavalier".
- Angentenar : étoile d'Eridan (tau d'Eridan), nommée par les arabes (ʿArjat an-Nahr = "courbe de rivière")
- Alioth : de la Grande Ourse : de l'arabe Al-Jawn الجون "le cheval noir "Jean" "
- Arcturus : ou α Bootis : étoile la plus brillante de la constellation du Bouvier
- Caicula pour Canicula, autre nom de Sirius.
- Cernix pour Ceruix/Cervix, étoile de la constellation du Lion, nommée en 1540, avec Dorsum. Journal for the History of Astronomy, Volume 18, 1987, page 118
- Dorsum : étoile de la constellation du Lion : cf Cervix.
- Dubhé : Alpha de la Grande Ourse : de l'Arabe dubb, « l'ours », de la phrase ظهر الدب الأكبر Dhahr ad-dubb al-akbar, voulant dire « le dos du Grand Ours ».
- Lanx Mer[idionalis] : ou "plateau sud de la Balance " ou Lanx Australis : alpha Librae, étoile de la constellation de la Balance (Libra) s'opposant avec Lanx Borealis, et portant actuellement le nom de Zuben Elgenubi. Ce dernier nom provient de l'arabe, الزبن الجنوبي « Al Zuban al Janubiyyah », signifiant « la pince sud du Scorpion » . Zuben Elgenubi est également nommée Kiffa Australis ou Elkhiffa Australis, une version latinisée de la phrase arabe « Al Kiffah al Janubiyyah », « Le plateau sud » (de la Balance). Nom cité par James Cheyne De priore astronomiae parte, seu de sphaera, libri duo,1575 page 23.
- Rigel ; Beta Orion
- Spica ou l'Épi : α Virginis, est l'étoile la plus lumineuse de la constellation de la Vierge.
- Yed : étoile d'Ophiucus, nommée par les arabes
– Dans le deuxième volume de ce manuscrit, le médecin et bibliothécaire Samuel Quickelberg décrit chaque page dans un commentaire qui développe, depuis le début du Motet en folio 153, un paralléle entre le psaume 148 et la Vision des quatre Bêtes du Livre de Daniel :
"Livre de Daniel 12 :3 qui autem docti fuerint fulgebunt quasi splendor firmamenti et qui ad iustitiam erudiunt multos quasi stellae in perpetuas aeternitates Les hommes qui auront eu de la sagesse resplendiront alors comme le firmament, ceux qui auront amené un grand nombre à être justes brilleront comme les étoiles, à toujours et à jamais. "
Il ne donne donc aucun renseignement sur les données astronomiques représentées ici.
http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035013/images/index.html?id=00035013&groesser=&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=1&seite=295
Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.
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Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157 (partie supérieure), document Bibliothèque Nationale de Bavière
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Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157 (partie médiane), document Bibliothèque Nationale de Bavière.
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Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157 (partie supérieure), document Bibliothèque Nationale de Bavière.
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II. DISCUSSION.
La peinture de 48 constellations et surtout la mention de 13 noms d'étoiles permettent-elles de préciser quelles ont été les sources d'informations de Hans Mielich pour peindre cette représentation du ciel étoilé ? Il faut d'abord rappeler que l'astronomie fait partie des grands sujets d'intérêt à la fois pour les savants humanistes, mais aussi pour les puissants, qu'ils soient rois ou empereurs, papes ou évêques, ducs, comme en Bavière, ou banquiers, comme Hans Fugger à Augsbourg.
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1. Rappel historique des connaissances astronomiques.
Au IIIe siècle av. J.C., le grec Aratos de Soles a décrit dans un poème astronomique et météorologique,, Les Phénomènes ou Phaenomena, dans lequel il fixe la plupart des noms de constellations. Il y décrit la catastérisation, transformation d'un objet ou d'un être (héros de la mythologie) en astre ou en constellation.
Au IIIe siècle av. J.C. le grec Eratosthène de Cyrène écrit Les Constellations, ou Catastérismes, Il y décrit 753 étoiles. Ce directeur de la bibliothèque d'Alexandrie décrit toutes les constellations visibles dans l'hémisphère nord (42 principales et 6 constellations secondaires), ainsi que les planètes, donnant la première liste des constellations classiques sous une forme, une origine et un dessin canoniques. Ératosthène a posé ainsi les fondements de la nomenclature et de la distribution des constellations qu'on utilise encore, presque inchangée, aujourd'hui, en décrivant le contexte imaginaire et visuel de sa genèse, son iconographie et sa mythographie.
Vers l'an 10 av. J.C., le poète et astrologue latin Marcus Manilius écrivit un poème didactique en cinq livres sur l'astronomie ancienne et l'astrologie: les Astronomica. Le Livre I décrit le ciel et ses étoiles.Le concept astrologique de maisons astrologiques (que Manilius appelle templa), utilisé des siècles durant pour tirer des horoscopes à partir de la configuration des planètes dans le zodiaque, apparaît pour la première fois dans les Astronomica.
"Deux manuscrits des Astronomica des xe siècle et xie siècle ont été conservés jusqu'à aujourd'hui grâce aux soins des couvents ; ils sont conservés aujourd'hui, l'un à Bruxelles, l'autre à la Bibliothèque de Leipzig. L'ouvrage, inconnu des savants, fut redécouvert près de Constance en 1416-17 par Le Pogge (Poggio Bracciolini) , dans les intermèdes du concile de Constance, en même temps que le De rerum natura de Lucrèce. L’editio princeps des Astronomica a été préparée en 1473 à Nuremberg par l’astronome Regiomontanus à partir de ce manuscrit très endommagé. Ce texte fit par la suite l'objet d'émendations de Joseph Juste Scaliger, dont l'édition parut d'abord en 1579 à Paris avant d'être réimprimée en 1600 à Leyde." (d'après Wikipédia)
Le grec Claude Ptolémée au IIe siècle ap. J.C. donne la première description des constellations .
"La compilation exhaustive de constellations la plus ancienne que l'on connaisse remonte à Ptolémée, au IIe siècle ; dans les Livres VII et VIII de son Almageste, il groupa 1 022 étoiles en quarante-huit constellations et en définit les positions. Cette œuvre sera la base de travail des astronomes occidentaux jusqu'à la fin du Moyen Âge. Elle ne comprend cependant que des étoiles visibles d'Alexandrie où Ptolémée faisait ses observations.
En plus des douze constellations du Zodiaque, Ptolémée en inventorie trente-six . Les quarante-huit constellations inscrites par Ptolémée dans son Almageste seront utilisées pendant plus de 1 000 ans en Occident sans aucun changement ni ajout . Mis à part l'immense Navire Argo, découpé plus tard en trois puis quatre constellations, les constellations de Ptolémée seront toutes adoptées sans modification par l'UAI, qui en définira cependant les contours précis. En effet, les délimitations des constellations n'ont pas été fixées à l'époque antique, seule l'appartenance des étoiles brillantes l'ont été. Par la suite, Johann Bayer puis John Flamsteed recensèrent des étoiles moins brillantes dont ils décidèrent de la constellation d'appartenance.
L'Almageste (du grec puis de l'arabe, al-majisṭī (المجسطي ) "le Grand (traité)") de Ptolémée passa dans les mains des astronomes arabes qui complétèrent ses observations, ajoutant quelques constellations qui ne sont plus utilisées actuellement, rallongeant certaines (comme l'Éridan) afin de mentionner des étoiles visibles depuis les latitudes plus australes que celle d'Alexandrie.
L'Almageste étant un ouvrage alors perdu en Europe, les astronomes occidentaux n'en obtinrent des copies que dans la dernière partie du Moyen Âge, à partir de traductions de l'arabe en latin, en même temps qu'un certain nombre d'observations des astronomes arabes." (d'après Wikipédia)
Voir :
- l'édition abrégée en latin Epytoma Ioannis de Monte Regio in Almagestum Ptolomei par Johannes Müller, dit Regiomontanus en 1496 à la demande du cardinal Bessarion : : https://archive.org/stream/EpytomaIoannisd00Regi#page/n1/mode/2up
- de une édition de 1515 (Petrus Liechtenstein à Venise) conservée à Vienne Hw 42. : http://www.univie.ac.at/hwastro/rare/1515_ptolemae.htm
42 des 48 constellations de Ptolémée sont présentes dans le Poeticon astronomicon attribué jadis à Hyginus (mais qui est postérieur à Ptolémée). Son édition imprimée en 1475 sera suivie par celle de Ratdolt en 1482 avec des illustrations sans véracité astronomique.
Les travaux arabes datent à partir du IXe siècle.
- Abu Ma'shar http://www.wdl.org/fr/item/2997/ ... http://www.wdl.org/fr/item/2998/
Ja‘far ibn Muḥammad al-Balkhī (787–886), connu sous le nom d'Abū Ma‘shar, vivait à Bagdad au IXeme siècle.. Il devint l'auteur le plus important et le plus prolifique en matière d'astrologie au Moyen Âge. Son propos intégrait et élargissait les études d'érudits plus anciens d'origine islamique, perse, grecque et mésopotamienne. Ses œuvres furent traduites en latin au 12ème siècle et, grâce à leur large diffusion sous forme de manuscrit, elles eurent une grande influence sur les érudits occidentaux. Le livre des "Fleurs astronomiques" ou Flores Albumasari, Flores astrologiae, est la première édition du Kitāb taḥAwil sini al-Alam (également connu sous le nom de Kitâb al-Nukat) telle que traduite en latin par le traducteur du XIIeme siècle Johannes Hispalensis (Jean de Séville). Le texte porte sur la nature d'une année (ou mois ou jour), telle que déterminée par l'horoscope, et a été conçu comme un manuel pratique pour l'instruction et la formation des astrologues. Le livre inclut de nombreuses illustrations de planètes et de constellations. L'impression a été effectuée par Erhard Ratdolt, un célèbre imprimeur pionnier d'Augsbourg, en Allemagne qui, avec deux compatriotes, a fondé une imprimerie en partenariat à Venise en 1475. Kitab al-Mudkhal al-Kabīr (Grande Introduction) est son œuvre la plus importante et la plus fréquemment citée par les érudits occidentaux. Elle contient une théorie astrologique sur la nature de l'influence de la lune sur les marées et fut l'ouvrage majeur sur ce sujet durant le Moyen Âge. Introductorium in astronomiam Albumasaris Abalachi octo continens libros partiales, parue à Venise en 1506, est la traduction de 1140 en latin par Hermann de Carinthie, tout d'abord imprimée par Erhard Ratdolt à Augsbourg, en Allemagne, en 1489. La vignette de titre gravée sur bois d'un astronome au visage noir et lisant les étoiles avec un astrolabe et un compas est l'une des représentations les plus connues d'un astronome de la Renaissance.
- C'est l'époque du calife Al-Mamoun à Bagdad et de son astronome Al-Farghani, de même que de la conception de l'astrolabe.
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Al-Battani (850-929) dit Albatenius rédige un catalogue de 489 étoiles. On lui doit la première utilisation de la trigonométrie dans l’étude du ciel. C’est une méthode beaucoup plus puissante que celle, géométrique, de Ptolémée. Son œuvre principale est « Le livre des tables », composé de 57 chapitres. Traduit en latin au 12ème siècle par Platon de Tivoli (en 1116), il influencera beaucoup les astronomes européens de la Renaissance.
- Al-Soufi (903-986) ou Azophi est un astronome perse, qui traduit des ouvrages grecs dont l’Almageste et améliore les estimations des magnitudes d’étoiles.
- Al-Khujandi (≈940-≈1000) est astronome et mathématicien perse.
- Ibn Al-Haytam (965-1039) dit Alhazen né à Bassorah
- Al-Biruni (973-1048) l’un des plus grands savants de l’islam médiéval, originaire de Perse.
- Ali Ibn Ridwan (988-1061)
Du 11ème au 16ème siècle :
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Al-Zarqali (1029-1087) dit Arzachel Mathématicien, astronome et géographe né à Tolède en Espagne. Il conçoit des astrolabes, et établit les « Tables de Tolède », qui furent utilisées par les grands navigateurs occidentaux comme Christophe Colomb, et serviront de base aux « tables alphonsines ».
- Omar Khayyam (1048-1131) Connu pour sa poésie, il s’intéresse aussi à l’astronomie et aux mathématiques. Il devient directeur de l’observatoire d’Ispahan en 1074.
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Al-Tûsî (1201-1274) Astronome et mathématicien fit construire et dirigea l’observatoire de Maragha.
Les astronomes perses du XVe siècle. Al-Kashi et le Zij. Ulugh Beg (1394-1449).
Dans les années qui suivirent une éclipse de lune à laquelle il assista en 1406 à Kashan, Al-Kashi (1380-1439) rédigea les Khaqani zij (Tables du grand khan). Ulugh Beg, petit-fils de Tamerlan et fils du Shah de Perse, accède au trône en 1447. Il invita al-Kashi à Samarcande en 1420, année de l'ouverture de la médersa qui porte son nom. Al-Kashi joua un rôle important dans la conception de l'observatoire de Samarcande, inauguré vers 1429, et de ses instruments d'astronomie. Les travaux menés par Ulugh Beg, Qadi-zadeh Roumi (1364-1436), al-Kashi et quelque soixante autres savants aboutirent à la publication des "Tables sultaniennes" (Zij-é solTâni, en persan), parues en 1437 mais améliorées par Ulugh Beg jusque peu avant sa mort en 1449. Les données des Khaqani zij y furent bien sûr utilisées. La précision de ces tables restera inégalée pendant plus de 200 ans, et furent utilisées en occident. Elles contiennent les positions de plus de 1 000 étoiles. Leur première traduction date d’environ l’an 1500, et fut réalisée à Venise.(d'après Wikipédia)
Des noms arabes sont alors données aux étoiles. Refusant les noms poétiques ou légendaires, Ulugh Beg utilise des périphrases permettant de situer l'astre dans la constellation. Quelques exemples de noms d'origine arabe : Algol : l’ogre . Aldébaran : le serviteur, la suivante • Algenib : l’aile (de Pegase), le flanc • Alioth : la queue grasse • Alnitak : la ceinture • Altaïr : le vautour ou l’aigle volant • Albireo : l’oiseau • Alcor : le golfe, le cheval noir, le taureau • Bételgeuse : l’épaule du géant • Dubhe : l’ours • Dénébola : la queue du lion • El Nath : le coup de corne • Enif : le naseau (de Pégase) • Caph : la main • Déneb : la queue • Formalhaut : la bouche du poisson • Megrez : la racine de la queue • Merak : le bas ventre • Mirfak : le coude • Mizar : la robe • Phecda : la cuisse • Rigel : le pied • Saïf : l’épée • Véga : le vol de l’aigle, le vautour qui s’abat .
Les Tables alphonsines.
Ce sont des tables astronomiques composées par ordre d'Alphonse X, roi de Castille en 1263-1276 par une équipe de lettrés, connue comme École de traducteurs de Tolède. Elles contiennent les positions observées des corps célestes à Tolède depuis le 1er janvier 1252, année du couronnement du roi Alphonse X, avec une précession de 17°8 par rapport aux positions de Ptolémée. Une traduction en latin fut réalisée à Paris vers 1320-1321 par Jean de Murs et Jean de Lignères et un mode d'emploi ou Canon fut écrit par Jean de Saxe en 1327.La première édition imprimée des tables alphonsines est apparue à Venise en 1483. Une seconde édition à Venise en 1492 introduit dans le Catalogue 29 nouveaux noms d'étoiles en arabe.
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2. Les représentations du ciel étoilé.
Elles évolueront depuis les illustrations poétiques des constellations sans prétention de respect du positionnement des étoiles vers les atlas célestes (ou cartographie stellaire, ou uranographia) liée à l'astrométrie.
a) Traduction des Phénomènes d'Aratus.
Alors qu'à l'époque de Ptolémée ont été réalisées des représentations des constellations sur des globes célestes, des manuscrits en latin illustrant la traduction des Phaenomena d'Aratus comportent des cartes du ciel avec les 48 constellations.
Ainsi le Ms Harley 647 de la British Library, folio 8 : Orion
http://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=6561
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Ms Harley 647 de la British Library, Folio 10v-11r : Piscis et Perseus
b) Les manuscrits arabes.
Je citerai le Kitâb suwar al-kawâkib al-thâbita (Catalogue des étoiles fixes) d' Abd al-Rahmân al-Sûfi, consultable sur Gallica réf. BnF, département des Manuscrits, arabe 2489. " Référence durant des siècles dans le monde islamique, ce traité d’astronomie a été composé par l’éminent astronome al-Sûfi en 965 à la cour d’Ispahan, sur la demande de l’émir bouyide ‘Adud al-Dawla. Il décrit les constellations en s’inspirant du système grec de Ptolémée, adapté en arabe au IXe siècle, selon lequel les sept « planètes », la Lune, Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter et Saturne, tournent autour de la Terre, située au centre du cosmos. Une huitième sphère est composée d’étoiles fixes, dénommées ainsi car la distance entre elles, quel que soit l’endroit où l’on se place, reste inchangée. AI-Sûfi décrit quarante-huit constellations, représentées chacune par une figure identifiable. De nombreuses copies illustrées du Catalogue ont été diffusées entre le XIe et le XVIIIe siècle.
Ce manuscrit, copié sous les Seldjoukides, suit les modèles grecs en les modifiant un peu : chaque constellation est dessinée à l’encre noire sous deux angles, selon que l’astronome la voit dans le ciel ou sur le globe terrestre. Les points rouges représentent les étoiles. Au verso du feuillet 70, Andromède est représentée avec un poisson, élément emprunté au ciel des anciens nomades arabes." http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8406151k
La constellation d'Andromède Bnf arabe 2489 folio 70v :http://expositions.bnf.fr/islam/grand/isl_018.htm
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c) Le manuscrit de Vienne de 1440.
http://www.atlascoelestis.com/MS%205415fol168%20Pagina.htm
Cette œuvre d'un anonyme est conservé à la Bibliothèque nationale d'Autriche à Vienne sous le code MS 5415. Ce sont deux feuillets dont l'un, le folio 168 r , est un Planisphère boréal pour le ciel du nord et l'autre, le folio 170 r pour le ciel du sud, est presque carré, ses côtés mesurant 31 cm par 28,5.
Les noms des constellations sont y portées en latin tandis que pour les noms des étoiles prévalent ceux d'origine arabe.
L'origine de ces deux pages manuscrites, datant de 1440, est inconnue mais les chercheurs suggèrent le nom de Johannes von Gmunden (environ 1384 à 1442), astronome et mathématicien autrichien, en raison des affinités de ces planches avec un catalogue d'étoiles définitivement attribué à Johannes von Gmunden, et recueilli dans le même manuscrit MS 5415 Folio 217 à 251. Ce catalogue d'un relevé de l'année 1424 des coordonnées de 1025 étoiles ptolémaïques selon la version de Gérard de Crémone, semble copié d'une version des Tables alphonsines puisque les longitudes sont majorés par précession par rapport au positions ptolémaïques de 18° 56' soit 1°48' par rapport aux données des Tables alphonsines.
L'auteur du manuscrit de Vienne aurait utilisé un catalogue récent, le Khaqani Zij écrit par l' astronome de Samarcande al-Kashi. Le lien possible entre le manuscrit de Vienne et le travail des astronomes de Samarcande est en outre soutenu par l'utilisation des noms arabes de nombreuses étoiles, dont certains sont utilisés ici pour la première fois en Occident (liste selon P. Kunitzsch 1986)
α UMi : Alrubaca
α UMa : Dubhe
η Uma : Elkeid & Bennenazc
γ Dra : Rasaben
α Cep : Alderaimim
α Lyr : Wega
α Cyg : Denebabigege
α Cas : Scheder
α Per : Alchemb
α Oph : Rosalaugue
α Tau : Aldebaran
β Gem : Rasalgense
β Leo : Denebalezeth
α Sco : Cabalatrab
γ Cap : Denebalchedi
α PsA : Fomahant
α Cet : Menkar
ζ Cet : Batenkaiton
β Cet : Denebcaiton
α Ori : Beldelgenze
γ Ori : Bellatrix
β Ori : Algebar, Rigel.
Τ2 Eri : Angentenar
θ Eri : Acarnar
κ Pup : Markeb
α Hya : Alphart
α Crt : Alhes
γ Crv : Algorab.
L'écliptique est divisé en segments d'une trentaine de degrés dont l'alternance est mis en évidence par la couleur des encoches, le premier noir puis le second rouge;curieusement le calcul de degrés à l'intérieur des segments est mesurée par une progression rare des six par six.
Le Manuscrit de Vienne, est sans doute plus informatif et plus original que les planisphères de 1503 et 1515 qui vont suivre, comme en témoigne la présence de la Voie Lactée, du cercle équatorial et des cercles polaires, la corrélation des positions stellaires avec la référence de la grille, la numérotation de chacun six degrés, le nom des étoiles et l'originalité de la représentation du style des constellations. Tous ces éléments combinés ensemble en font un archétype à partir de laquelle même Durer ne pourrait s' abstenir de s'inspirer pour réaliser ses deux cartes les plus connues (D'après Felice Stoppa).
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d) Deux manuscrits de 1503.
Il s'agit de deux formats carrés de 67 cm de coté, conservés maintenant au Germanisches Nationalmuseum de Nuremberg sous la référence n°. 5576 Hz et 5577 Hz, Un cartouche rectangulaire dans le coin supérieur droit de l'hémisphère Sud mentionne Konrad Heinfogel pour la position des étoiles.
Il s'agit certainement un précurseur de l'œuvre de Dürer qui sera présentée infra, car elle partage la même régle de la grille de référence, utilise la même projection, par rapport aux planches de Dürer ;cependant, elle est enrichie par la présence des projections des deux cercles polaires, alors que manque la figuration de la Voie Lactée. L'interprétation stylistique des constellations, très schématique et rigide, est dans certains cas très naturaliste, comme par exemple le cratère dans l'hémisphère Sud représenté comme une baignoire en bois, ce qui ne donne pas l'impression que l'auteur pourrait être Durer. Cependant la paternité lui est attribué par certains historiens de l'art, qui voient des similitudes entre les images allégoriques entourant les cartes avec les œuvres tardives de l'artiste. (D'après Felice Stoppa)
Selon Felice Stoppa, il est plus probable que ce soit là le travail de mise en place technique fait par le mathématicien et l'astronome Heinfogel, que Durer utilisera pour réaliser ses xylographies de 1515.
https://heavenastrolabe.wordpress.com/2010/11/06/the-starred-sky-in-science-and-art-the-early-fifteenth-century-representations-of-the-ptolemaic-stars-catalogue/
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d) Albrecht Dürer, 1515, Imagines coeli septentrionales et meridionales, deux gravures du ciel nocturne, l'une pour le ciel du Nord et l'autre pour le ciel du Sud.
http://www.atlascoelestis.com/durer.htm
Les deux gravures reproduisent en stéréographie polaire convexe les projection de deux voûtes étoilées représentées par des cercles de 35 cm, ayant comme centre la projection de leurs pôles écliptique et comme circonférence la projection de l'écliptique.
Les cartes célestes des hémisphères nord et sud d' Albrecht Dürer gravées en 1515 étaient très précises pour leur époque, combinant exactitude de starométrie avec les figures de la constellation classiques. Elles mélangent les sources anciennes et modernes, intégrant des informations de Aratus, de Ptolémée, de Marcus Manilius et Al-Soufi, dont les portraits apparaissent dans les coins de la carte de l'hémisphère Nord (Aratus Cilix, Ptolemeus Aegyptus, M. Manilius Romanus et Azophi Arabus) . Dürer était en fait un astronome passionné, et possédait un observatoire au sommet de sa maison à Nuremberg.
La carte nord est la plus riche en étoiles, et elle est la seule à comporter les constellations du zodiaque, indiquées par leur nom et leur symbole astrologique. La carte sud comporte les constellations d' Argonavis , Centaurus, Canis, Canis minor et bien sûr d'Orion, bien visible au dessus de l'horizon dans l'hémisphère nord en hiver. Dürer a réalisé ces cartes sous le patronage de l'empereur Maximilien Ier et du cardinal Matthäus Lang von Wellenburg de Salzbourg, en coopération avec l'astronome royal de Maximillien, le cartographe, mathématicien et historien de la cour Johannes Stabius (1460? 1522) et l'astronome Konrad Heinfogel (de 1455 à 1517) de Nuremberg, qui a fait les calculs astronomiques. Le blason du cardinal Lang, qui deviendra plus tard prince-archevêque de Salzbourg, figure en haut à gauche de la carte sud. Les blasons de Dürer, de Stabius et de Heinfogel se trouvent en bas à gauche de la carte, et on lit l'inscription Ioann Stabius ordinavit, stellas Conradus Heinfogel posuit la circumscripsit de Albertus Dürer.
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Les constellations, toutes nommées, sont dessinées comme vues de l'extérieur du ciel (de projection convexe). Le Cygne y est encore nommé Avis, ("Oiseau") dans la tradition d'Aratus. Les étoiles ne sont pas nommées, mais sont identifiés par un numéro suivant l'Almageste de Ptolémée. Les coordonnées et le placement des étoiles sur les plaques ont été traités par deux astronomes de l'époque, Stabius et Heinfogel.
Les planches, qui se servent du Manuscrit de Vienne de 1440 comme source, ont eu l'avantage de constituer la première représentation imprimée et donc à large diffusion du ciel alors connu. Le document est remarquable par sa clarté le rendant très facile à consulter et à mémoriser.
Une autre version de ces cartes sera gravée par Dürer en 1527.
Dürer, 1515, Imagines coeli Septentrionales cum duodecim imaginibus zodiaci, Norimberga 1515 ,
https://www.rijksmuseum.nl/en/collection/RP-P-OB-1493
http://www.atlascoelestis.com/durer.htm
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DÜRER 1515, : Imagines coeli Meridionalis, gravure sur bois, Munich, Staatl.graph.Sammlung
https://www.rijksmuseum.nl/en/collection/RP-P-OB-1494
http://www.raremaps.com/gallery/enlarge/33676op
http://www.atlascoelestis.com/durer.htm
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e) Peter Apian, ciel nocturne en une seule carte.
Pierre Apian, né vers 1495, a été professeur de sciences mathématiques à l'Université d'Ingolstadt en Bavière de 1527 jusqu'à sa mort en 1552. Il a publié deux versions d'une carte céleste décrivant les 48 constellations ptolémaïques, dont le dessin se ressent fortement de l' influence des gravures de Dürer.
La première, parue en 1536 à Ingolstadt, fut imprimée sur un feuillet isolé de 42 x 30 cm sous le titre Imagines syderum coelestium et avec l'emploi de caractères gothiques pour le titre et certains noms. Toutes les constellations sont montrées comme si elles étaient vues sur un globe céleste, avec une disposition inversée par rapport aux vues habituelles.
La seconde, en 1540, faisait partie de l'Astronomicum Caesareum d'Apian. Les dessins sont strictement identiques, mais le titre et les noms figurent en caractères romains, la plupart des figures sont peintes en couleur, mais surtout, on y trouve deux nouveaux noms arabes absents de l'épreuve de 1536 : Angentenar en Eridan (près d'Acarnar qui était déjà indiqué en 1536) et Yed en Ophiucus. De même, deux nouveaux noms latins apparaissent, ceux des étoiles Dorsum et Ceruix de la constellation du Lion (Leo).
Outre ces deux versions d'une même carte, Pierre Apian avait publié en 1533 une autre carte dans deux ouvrages sortis de son imprimerie d'Ingolstadt, son Horoscopion generale, et son Instrument Buch. On n'y trouve, à des fins didactiques, que les constellations de l'écliptique, du Taureau au Scorpion, mais son intérêt vient de la présence de figures inhabituelles : trois femmes face à une autre femme assise sur un sofa (au lieu de la Petite Ourse) ; un berger avec un chien et un mouton (au lieu de Céphée); quatre dromadaires en entourant un plus jeune ; et un anneau de plume entourant deux étoiles à leur base. Ces images de tradition non ptolemaïque viennent du Livre des constellations (vers 964 ap. J.C) d'Al-Sufi, nommé Azophi par Apian comme Dürer déjà en 1515. (d'après Paul Kunitzscht, 1987)
https://books.google.fr/books?id=FdZfAAAAcAAJ&pg=PT22&dq=Angentenar&hl=fr&sa=X&ved=0CEUQ6AEwBmoVChMIhsXbmbjfxwIVAWsUCh2fGQd4#v=onepage&q=Angentenar&f=false
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: http://collections.rmg.co.uk/collections/objects/551748.html
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DISCUSSION.
Après cette longue présentation, il est temps de revenir à l'enluminure d'Hans Mielich. De nombreux arguments montrent que le peintre de la cour du duc Albert V à Munich s'est inspiré directement de la carte qui figure dans l'Astronomicum Caesarum de Pierre Apian publié en 1540. Certes le peintre n'a pas eu la prétention de livrer un document à usage astronomique, et il a conformé les astérismes aux exigences de mise en page autour des deux encarts de la partition musicale. Mais en s'inspirant des figures de la Carte céleste la plus récente alors disponible, et en en respectant scrupuleusement la nomenclature, il a flatté l'intérêt de son commanditaire Albert V pour l'astronomie, tout en intégrant cette science dans l'hommage à la création rendu par le Motet. Les paroles du psaume 148 "Louez-le Seigneur, soleil et lune, Louez-le, vous toutes étoiles lumineuses ! Louez-le, cieux des cieux !" intègrent, sous l'effet de cette utilisation par Mielich d'un document scientifique, la connaissance humaine à ces louanges des astres. En outre, par le biais de la catastérisation, par lequel les héros antiques accédaient à l'immortalité en étant projetés comme figure d'une constellation, c'est tout le monde mythologique pré-chrétien qui se trouve intégré dans ce chant de louanges. Ou encore, c'est la façon dont l'homme s'est approprié le ciel étoilé en le rendant familier par les figures de son imagination qui "rend louange au Créateur", ou, en d'autres termes plus laïques, qui célèbre le génie créatif et poétique humain, et participe à l'émotion et à l'expansion de l'âme de celui qui contemple le firmament,.
Dans une splendide synthèse, le manuscrit réunit dans une même image le génie de la poésie biblique, celui de la musique polyphonique de Roland de Lassus et de l'école franco-flamande, le talent de calligraphie de Jean Pollet, la tradition miniaturiste de Bruges-Gand, et le talent personnel de Hans Mielich, par l'aboutissement d'un travail d'équipe animé par les grands collectionneurs passionnés d'arts et de sciences que furent Hans Fugger, Samuel Quickelberg, le duc Albert V de Bavière et la duchesse Anne d'Autriche.
Les arguments qui permettent d'affirmer que Hans Mielich s'est strictement inspiré de la carte de Pierre Apian de 1540 sont nombreux.
- Proximité de la date de conception et réalisation de l'enluminure (1565-1570) avec la date de parution de l'Astronomicum Caesarum.
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Proximité du lieu d'édition de l'ouvrage, à Ingolstadt, avec celui de fabrication du manuscrit, à Munich. Avant Albert IV, le duché de Bavière était divisé en Bavière-Munich, Bavière-Ingolstadt et Bavière-Landshut mais le duché fut réunifié en 1505. Ingolstadt, échue aux Wittelsbach, devint en 1472 la première université de Bavière.
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Intérêt du duc Albert V pour tous les arts, les collections (livres, cartes, monnaies) et les sciences, ce qui l'amena plus tard à racheter la bibliothèque de Hans Fugger d'Augsbourg. On peut penser que l' Astronomicum Caesarum figurait dans la bibliothèque ducale. L'ouvrage est d'ailleurs conservée actuellement par la Bayerische Staatsbibliothek avec un ex-libris Ex electorali bibliotheca serenissimorum utriusque Bavariae ducum et les armoiries au collier de la Toison d'or (il est numérisé VD16 A3075)
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Relations privilégiées entre Raymond Fugger et Pierre Apian, mais surtout, relations très argumentées entre Philippe Apian, fils de Pierre, et le duc Albert V. En 1568, Philippe Apian a réalisé la première carte de la Bavière.
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L'argument essentiel, nécessaire et suffisant, est la parfaite concordance entre les deux cartes, tant dans les caractéristiques des figures des constellations (simplement transformées par l'art supérieur du peintre), que dans les noms des constellations et des étoiles, y compris dans certains détails qui, parce qu'ils sont anecdotiques, sont d'autant plus signifiants.
Faire la liste des concordances entre les deux cartes est un jeu passionnant, car il donne accès à une connaissance approfondie de l'astronomie de la Renaissance et aux influences arabes, mais la règle de ce jeu s'avérant unique et constante (Mielich a suivi Apian dans tous les détails), je vais flâner en m'arrêtant là où bon me semble.
J'ai fait largement appel dans cette mise en parallèle aux images et au travail de Felice Stoppa sur www.atlascoelestis.com
http://www.atlascoelestis.com/apianus%20013.htm
Pierre Apian, Carte céleste 1540, Astronomicum Caesarum page 18, http://www.atlascoelestis.com/Zagrebelsky/Astronomicum%20Caesareum[1].pdf
Eridanus
Dans le fleuve Eridan nage une femme nue. Mielich indique le nom de la constellation, Eridanus, et celui de deux étoiles, Acarnar et Angentenar. Si Acarnar figurait sur la carte d'Apian de 1536, par contre Angentenar ne figure que sur la carte de 1540 : confirmation que Mielich a eu accès à la carte de l'Astronomicum Caesarum. Cette femme est une féminisation de Phaéton, le fils du Soleil qui perdit le contrôle du char de son père. Voici comment Ovide, dans le Livre II de ses Métamorphoses (324), raconte la fin du drame :
"Phaéthon, dont les feux consument la blonde chevelure, roule en se précipitant, et laisse, dans les airs, un long sillon de lumière, semblable à une étoile, qui, dans un temps serein, tombe, ou du moins semble tomber des cieux. Le superbe Éridan, qui coule dans des contrées si éloignées de la patrie de Phaéthon, le reçoit dans ses ondes, et lave son visage fumant."
Chez Pierre Apian (1540):
http://www.atlascoelestis.com/apianus%20013.htm
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Eridanus, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.
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Eridanus, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.
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CASIOPEA, Cassiopée. CEPHEVS, Céphée. ERICHTONIVS, l'Aurige ou Erichton.
— Cassiopée : Apian écrit Cassiopea, mais Mielich écrit Casiopea. Chez le peintre de Munich, la reine Cassiopée prend l'allure d'un enfant nu, potelé et joufflu, tenant une palme dans la main droite et levant le bras gauche, les seuls indices de sa royauté étant que son front est ceint d'une couronne et qu'il est assis sur un trône qui flotte dans la Voie Lactée. Son époux Céphée, qui lui fait face, semble lui présenter un miroir.
Apian écrit dans son Astronomicum Cassiopeam deinceps intuere, Throni, Sellae, Siliquastri nomen obtinentem, astrum pectori inest, Ghaldaeis Scheder dicitur, Sydus hoc semper conspicuum manet.
"Elle fut anciennement nommée Throni, Sellae [la Chaise ou le Trône] , ou Siliquastri (la Gousse ?). L'étoile de sa poitrine est dite Scheder par Ghaldaeis (?)."
Citée par Aratus de Soles dans ses Phénomènes ["Devant Céphée tourne avec le ciel la malheureuse Cassioppée, qui paraît à peine dans une nuit éclairée par la lune, car les étoiles peu nombreuses dont elle est parsemée ne la font pas beaucoup apercevoir, celles de ses étoiles qui sont comme les deux moitiés d'une traverse qui tient une porte fermée en dedans, représentent ses bras étendus et élevés de chaque côté, comme si elle déplorait le sort de sa fille".], puis par Ptolémée dans l'Almageste, la constellation représente la reine Cassiopée dans la mythologie grecque, femme de Céphée et mère d'Andromède, à côté desquels elle se trouve. . Elle est placée sur un trône (Germanicus, Hyginus), et placée de telle sorte qu'elle se couche renversée, et la tête la première , comme pour punir son impiété, dit Hyginus. Sa position sur un trône la fit appeler la femme du trône (Bayer, Germancus César), et même simplement le Trône (Pline). On la nomme aussi la Chaise (Hyginus) : car elle présente la forme d'une chaise renversée, et d'une clef (Théon). On lui donna donc encore les noms de Cathedra mollis, Mulier sedis, Siliquastri, Siliquastrum, Seliquastrum, Sella, Solium, Sedes regalis, Thronos, Cathedra, Canis, Cerva, Mulier habens palmam de libutam (Tables Alphonsines) ,Domina sellae.
Ulugh-Beg appelle l'étoile de la poitrine, Dat al chursa; celle du milieu du trône Caph al chadib. La suivante de la poitrine prend aussi le nom de Sadr ou Setier; par corruption, Scheder et Schedar, Zedaron. Riccioli lui donne une espèce de verge ou de palme, et une ceinture. Nonnus lui donne l'épithète d'infelix, ainsi qu'Aratus. (Dupuis).
http://www.atlascoelestis.com/apianus10%20cost.htm
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— Cepheus : http://www.atlascoelestis.com/apianus%2004%20cost.htm
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— Erichtonius
http://www.atlascoelestis.com/apianus%2012%20cost.htm
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Persée, Erichton, Cassiopée, Céphée ; Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.
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Bootes (Bouvier)
Il tient chez Mielich trois chiens par de longues laisses, comme dans la carte d'Apian. Paul Kunitzsch y voit un élément précursur de Canes Venatici qui sera élevé au rang d'une constellation propre un siècle et demi plus tard par Hevelius. Sur la carte de 1533, Apian fait figurer deux chiens, tenus par de courtes laisses dans la main droite. Mielich s'est bien inspiré de la carte de 1540. Mais il a inversé le geste, et le Bouvier lève ici la main droite, alors que la lance et les chiens sont tenus à gauche.
Curieusement, Apian parle dans son texte non de chiens mais de trois ânesses : sicut ex tribus, quae sinistrae debentur, tres asellas. Asella , "petite ânesse", est un diminutif d'asina. Voir Kunitz 1986 Peter Apian und Azophi :
https://www.yumpu.com/de/document/view/7493094/peter-apian-und-azophi/19
Par Pierre Apian 1540 :http://www.atlascoelestis.com/apianus%20013.htm
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Bootes, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.
Orion.
Il porte un casque (un Morion !). il semble chevaucher ou emjamber le Lièvre. Mielich nomme l'étoile Rigel, comme Apian.
Celui-ci écrit que les trois étoiles alignées qui forme la ceinture d'Orion sont communément nommées Bâton de Jacob (Sancti Jacobi baculum). En effet, on nomme "bâton de Jacob" l'albalestrille, ancien instrument mesurant les angles en astronomie. Or, l'alignement des trois étoiles de la ceinture d'Orion à partir de Sirius mène droit vers Aldébaran.
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Chez Pierre Apian (1540) http://www.atlascoelestis.com/apianus%2034%20cost.htm :
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Orion, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.
Argonavis.
C'est pour moi la figure la plus belle de l'enluminure de Mielich, et ce navire des Argonautes semble tracer son sillage muet dans le silence de la nuit comme s'il transportait nos rêves. L'allure générale, l'emplacement en bas de la page, la situation relative par rapport à Hydra et l'inscription ARGONAVIS viennent bien d'Apian, mais le peintre a fait du vaisseau une galère portant le pavillon du royaume de Jérusalem, comme si elle participait dans les Cieux à une croisade pour la défense du Royaume de Dieu sur terre. Surtout, il a inversé la poupe et la proue : ce qui correspondait à un gouvernail tribord surmonté d'une porte devient chez Mielich peu ou prou l'éperon de la trirème, surmonté d'un canon ; le château arrière d'Apian devient un groupe de cabanes ; seize rames frappent l'eau ; deux mâts verticaux sont enverguées de voiles latines. Bref, Hans Mielich a peint ici une galère méditerranéenne (Vénitienne) contemporaine, telle qu'on la trouvait vers 1550, et qui se caractérise par "leur forme de fin fuseau, long de 35,50 m pour une largeur de 7,50 m,c par leur tirant d’eau de 1,25 m, et leur voilure latine de 320 m². Son étrave porte une sorte de rostre jouant le rôle d’éperon ; elle est armée de six canons dont quatre de chasse. Deux cents hommes à bord, 20 marins, 80 soldats, 100 rameurs, sous la férule du redoutable comite. Certains d’entre eux ne sont pas des condamnés mais des volontaires appelés bonnevoglies. La Galère navigue à la voile lorsque le temps le permet, mais en cas de calme plat ou d’action de guerre, elle marche à la rame, maniée par les galiots de la chiourme. Sur cette Galère vénitienne on ne compte qu’un seul rang de rameurs. Sa silhouette est superbe, élégante et racée, montrant sur l’arrière le salon luxueux réservé au capitaine et appelé tabernacle. " (source ici)
Galère par Pierre Puget vers 1655.
Le "tabernacle" surmonté d'un lanternon est couvert de draps d'or frappés au centre d'un médaillon avec un animal dressé sur ses pattes arrières (Lion de Venise ?)
Par Pierre Apian 1540 : http://www.atlascoelestis.com/apianus%2039%20cost.htm
Argonavis, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.
Equus minor.
Juste devant Pégase, peint comme un cheval blanc, Mielich a figuré un cheval bai, réduit à sa moitié antérieure qui émerge de nuées ; cet astérisme ne comporte que quatre étoiles, deux à la tempe et au front, et deux près du museau. On lit la mention EQVVS MINOR. Là encore, nous trouvons (mais sans le talent de l'enlumineur) la même disposition chez Apian. La constellation du Petit Cheval Equuleus est aujourd'hui composée de trois étoiles de magnitude faible.
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Apian 1540 http://www.atlascoelestis.com/apianus%2017%20cost.htm
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Al-Ṣūfī (903-986), :Kitāb Ṣuwar al-kawākib :
Al-Ṣūfī, Kitāb Ṣuwar al-kawākib (ca1010), Oxford, http://bodley30.bodley.ox.ac.uk:8180/luna/servlet/detail/ODLodl~23~23~124045~142506:Equus-minor,-the-lesser-horse---Con
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Equus Minor, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.
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LIRA, la Lyre.
Hans Mielich a une façon bien curieuse de représenter la constellation de la Lyre, dans laquelle les astronomes grecs reconnaissaient une kithara, équivalent à peu près à notre lyre. Car nous voyons ici un oiseau-lyre, ou plutôt un oiseau-violon. Mielich n'a rien inventé, et il a copié Apian qui avait copié Dürer :
Voici ce qu'écrit Paul Kunizscht :
"Une attention particulière doit être portée à la Lyre, placée directement en dessous des « Cinq Chameaux » sur la carte de 1533, car elle est dessinée comme un gros oiseau avec un instrument de musique ressemblant à une viole devant son ventre. Nous sommes ici aussi en présence d'une influence arabe : l'étoile alpha Lyrae est appelée par les arabes al-nasr al-waqi (devenu notre Vega !), communément traduit en latin par Vultur cadens, « L'Aigle chûtant ». Par conséquent, ici, la figure d'un aigle est dessinée (figure qui, à la base, est arabe), auquel est ajouté un instrument de musique afin de restituer l'idée classique de Lyre. Mais ce n'est pas une invention d'Apian. Exactement la même représentation de la Lyre avait été donnée auparavant par Dürer en 1515, et elle est purement répétée par Apian tant dans sa carte du ciel de 1540 que dans sa carte « extraordinaire » de 1533. Dürer, à son tour, n'avait pas compris le mot Lyre dans le sens classique du mot, mais avait pris plutôt l'instrument comme l'instrument à cordes nommé « lira » par les italiens contemporains de la Renaissance, ou plus complétement « lira da braccio », de la famille des violons. Ainsi il conçut la figure de la Lyre comme une combinaison extraordinaire de l'ancienne conception arabe, et de la lira da braccio de la Renaissance italienne. Johannes Bayer reprit une figure similaire dans son Uranometria de 1603 pour la Lyre, mais il dessina l'instrument comme une lyre réelle, et non comme la lira de la Renaissance. »
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Chez Pierre Apian (1540) avec l'orthographe LYRA : http://www.atlascoelestis.com/apianus%2008%20cost.htm
La Lyre, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.
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Ursa Major et Ursa Minor. Grande Ourse et Petite Ourse.
VRSA MAIOR.
.Comme dans la carte d'Apian de 1540, Mielich a donné comme nom de la constellation de la Grande Ourse celui d'URSA MAIOR PLAVSTRVM.
De la même façon encore, il a précisé la position de 22 étoiles environ (Apian en compte 27) en différenciant les 7 étoiles principales par des astérisques plus grandes, et les 15 autres par des astérisques plus petits.
Mais il a donné le nom de quatre étoiles ; outre DUBHE (α UMa), ALKOR (80 UMa), ALIOTH (ε UMa), il a placé le nom DORSUM entre les deux pattes. Or, cela correspond à une copie sans dicernement de la figure d'Apian, car Dorsum appartient en réalité à Leo, le Lion, qui figure chez Apian juste en dessous de la patte postérieure de l'Ourse.
Par contre, Mielich n'a pas indiqué le nom de Benenatz, η UMa.
Apian, dans son texte, donne les noms de la constellation (Ursa maior, Arctos maior, Plaustrum maius, Hamaxa, Helice, Calisto, Maior septentrio), puis ceux de quelques étoiles comme Alioth, Benenatz ou Benenaim. Il précise que l'étoile du milieu de la queue (celle qui double Mizar, qu'il ne cite pas) est nommée par les Arabes Alcor "c'est-à-dire, le petit cavalier" (quam Arabes Alcor, id est, parvum equitem vocant), et la faiblesse de taille et d'intensité de cette étoile est à l'origine d'un proverbe arabe qui dit "Tu vois Alcor, et tu ne vois pas la pleine lune" , autrement dit, tu vois le détail minuscule, et tu ignore le motif principal, tu t'interesses à des bagatelles, et non aux faits majeurs.
Adagium. Vidisti alcor, sed non lunam plenam. Ultra has insidere videtur ad huc mediae caudae stella minutissima quaedam, quam Arabes Alcor, id est, parvum equitem vocant, imbecillioribus non adeo aciebus obvia, unde adagium natum apud Arabes, vidisti alcor, sed non Lunam plenam.
Kunitz discute page 122 de ce proverbe qu'il donne sous la forme "Je lui montre [l'étoile] al-suha, et il me montre la Lune", dont le sens devient alors différent.
Alkor est nommée par les Arabes سها (Suha), ce qui signifie soit la «l'oubliée» ou «la négligée».
Plaustrum signifie en latin (Gaffiot) "charriot", mais aussi "en Astronomie : Constellation du Chariot." avec une citation du Livre X des Métamorphoses d'Ovide, vers 447 flexerat obliquo plaustrum temone Bootes.
VRSA MINOR , la Petite Ourse, est figurée par Mielich à l'envers, les deux ourses étant tournées dans le même sens (les deux casseroles ayant le manche dirigé vers la droite) alors que ces formes sont inversées chez Apian, et dans le ciel. Mielich a privilégié la cohérence artistique de son enluminure en représentant toutes les figures horizontalement face au lecteur.
Mielich n'indique pas l'étoile polaire (α Ursae Minoris ) à l'extrémité de la queue de la Petite Ourse, alors qu'Apian indique Stella polaris, et le nom arabe Alrukaba.
http://www.atlascoelestis.com/apianus%2001%20ursa%20minor%201.htm
http://www.atlascoelestis.com/apianus%2002%20ursa%20Major.htm
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Ursa Major et Ursa Minor, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.
Rosa Triche et Crines Berenices .
Sous les pieds d'Hercule, Mielich a peint une fleur à cinq pétales, avec au dessus une inscription à demi-effacée où je crus lire SOSA, et en dessous une autre inscription TRICHE.
A la gauche de cette fleur, des étoiles peu distinctes reçoivent le nom de CRINES BERENICES.
La comparaison avec la carte d'Apian permet de rétablir le sens de la peinture, car il faut lire Rosa désignant la fleur, et Crines Berenices Triche devant un astre dessiné par une sorte de soleil centré par un point.
"Rosa" Rosa apparaît pour la première fois dans la carte d' Apian de 1536: Imagines Syderum Coelestium .
Apian écrit dans Astronomicum Caesarum sous le titre en marge Rosa. Triches. :
Videntur etiam aliae stellae juxta Leonis caudam, e quibus altera Triches, altera Rosa dicitur. Triches nebulosa est, quae crines Berenices quoque dicitur, Trichasenim graeci crines vocant. Oritur 9 augusti, 27 septen. Occidit, Rosa 18 august, 15 novembris occidit
Je tente de traduire par :
"D'autres étoiles se voient près de la queue du Lion, qui sont appelées l'une Triches, et l'autre Rosa. Triches est une nébuleuse, dite aussi "Crines Berenices", ou "Trichas" par les grecs. Elle apparaît le 9 août et disparaît le 27 septembre, et Rosa apparaît le 18 août et disparaît le 15 novembre. "
Selon Hyginus, la reine Bérénice avait fait vœu d'offrir sa chevelure à Aphrodite si son époux Ptolémée III revenait vivant de sa lutte contre Séleucos II. L'offrande fut faite en 243 av. J.C., mais la chevelure disparut dès le lendemain et, devant la colère du roi, l'astronome de la cour, Conon de Samos, annonça que l'offrande avait tellement plu à la déesse qu'elle l'avait placée dans les cieux ; il montra au couple royal un amas d'étoiles qui est maintenant appelé Coma Berenices, la Chevelure de Bérénice. Auparavant, l'astérisme était considérée, notamment par l'Almageste de Ptolémée, comme l'extrémité de la queue du Lion.
Les étoiles les plus visibles de cet amas de faible amplitude constituent le diadème de Bérénice, sa couronne.
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http://www.atlascoelestis.com/Pietro%20Apiano.htm
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SOURCES et LIENS.
— compilations de sites et liens : http://www.staff.science.uu.nl/~gent0113/celestia/celestia.htm
— Société d'Astronomie de Rennes : http://www.astro-rennes.com/index.php
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_constellations
— APIAN (Petrus),1540, Astronomicum Caesareum Apian, Petrus Ingolstadii, 1540 : Deutsches Museum, München Signatur: 1927 C 4 : http://dx.doi.org/10.5079/dmm-63
http://www.atlascoelestis.com/Zagrebelsky/Astronomicum%20Caesareum[1].pdf
http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0008/bsb00084760/images/index.html?id=00084760&groesser=&fip=xdsydeayaxdsydxdsydyztsxdsydqrs&no=4&seite=1
— APIAN Petrus, FRISIUS Rainer Gemma 1553, La Cosmographie de Pierre Apian, Docteur Et Mathematicien Tres Excellent: traictant de toutes les Regions, Pais, Villes, & Citez du monde, Gaultherot,- 140 pages
https://books.google.fr/books?id=xdFZAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
— APIAN (Petrus), Cosmographia, Bontius, 1553.
http://echo.mpiwg-berlin.mpg.de/ECHOdocuView?url=/permanent/library/PUBSU9QD/index.meta&start=51&pn=25
— ARATUS, Phaenomena, Manuscrit du 9ème siècle, traduction d'Aratus par Tullius Cicéron avec des extraits de l'Astronomica d'Hyginus, Diocèse de Reims : British Library London, Ms Harley 647, 22 figures en pleine page des constellations
http://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=6561
http://www.kristenlippincott.com/assets/Uploads/MSS-DESCRIPTIONS-CiCERO-London-BL-Harley-647-9-Feb-2012.pdf
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Sites consultés :
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