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1 décembre 2015 2 01 /12 /décembre /2015 18:17

Les psaumes 148 et 150 (Motet Laudate Dominum de coelis d'Orlando de Lasso) enluminés par Hans Mielich en 1570 pour le duc Albert V de Bavière. Analyse poétique.

J'AI INACHEVÉ CET ARTICLE AVANT QU'IL NE M' ACHÈVE. DOMMAGE. J'ÉTAIS BIEN PARTI...

Je le publie malgré tout : adieu, bel oiseau aux ailes rognées.

Voir

La chapelle de cour du duc Albert V, dans le Mus. Ms. A. Première partie: la Salle St-Georges et la Chapelle.

Cet article poursuit la série suivante :

Mirabar solito dans le livre de chœur enluminé Mus. Ms B. de Munich.

Autoportrait de Hans Mielich : Ne Sutor Ultra Crepidam.

Autoportrait de Hans Mielich et portrait de Roland de Lassus : le Mus. Ms. A. I et II.

http://www.lavieb-aile.com/2015/05/la-chapelle-de-cour-du-duc-albert-v-et-les-musiciens-de-roland-de-lassus-mus-ms-a-deuxieme-partie.html

Source des images du Livre de chœur II (Mus. Ms. A II) :

— Microformes (noir et blanc, tout le manuscrit) :

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035009/images/ (conseillé pour zoom 200%)

En pdf déroulant : http://javanese.imslp.info/files/imglnks/usimg/6/66/IMSLP368394-PMLP594987-d-mbs_mus._ms_a_2pb.pdf

http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&bandnummer=bsb00035009&pimage=188&v=150&nav=&l=de

http://imslp.org/wiki/Choirbook,_D-Mbs_Mus._MS_A_%28Lassus,_Orlande_de%29

— en couleur avec une moins bonne définition en pdf (déroulant) :

http://petrucci.mus.auth.gr/imglnks/usimg/8/85/IMSLP368403-PMLP594987-d-mbs_mus._ms_a_2.pdf

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— Volume de commentaire (Erläuterungen) de Samuel Quickelberg (1569) : Mus. Ms A Il(2) Cim 207

Vol. I : http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&lv=1&bandnummer=bsb00035012&pimage=00001&suchbegriff=&l=de

Vol. II : http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035013/images/index.html?id=00035013&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=1&seite=3

N.B. Les couleurs de mes images ont été parfois fortement ravivées et la netteté rehaussée, le but étant ici la lisibilité des documents et non la fidélité de reproduction.

Le motet Laudate Dominum de coelis d'Orlando de Lasso a été composé sur le texte des Psaumes 148 et 150, pour l'usage privé du duc de Bavière Albert V, qui avait fait copié la partition ornée des enluminures de Hans Mielich en 1570 sur un Livre de chœur extrêmement luxueux et onéreux, connu sous le nom de Mus. Ms II, qui est sa cote à la Bibliothèque de Bavière. Ces deux psaumes de louanges prennent place après les sept psaumes pénitentiels, ce qui conclue le corpus, en occupant les folios 153 à 184. Le psaume 148 correspond aux folios  153-174, et le psaume 150 va de la fin du folio 174 au folio 184.

  Le duc Albert V, à la différence de nombreux princes allemands, était un défenseur pour son Duché de Bavière de la religion catholique, et c'est donc dans cette tradition, et non dans le mouvement d'étude et de traduction des psaumes par Luther et par les protestants français, qu'il faut situer ce choix d'Orlando de Lasso de conclure un recueil de sept psaumes liés à la culpabilité de David et aux appels à la contrition en changeant de ton par ce tonique appel à la louange des Laudes  (les psaumes 148, 149 et 150 font partie depuis saint Benoît de la liturgie des Laudes, —du latin laus laudis, "louange"—, une liturgie de l'aurore  où le fidèle rend grâce pour le jour qui se lève). 


 

Je voudrais faire partager  mon amour de la poésie biblique, et donc du texte lui-même des psaumes, et coupler l'émerveillement ressenti devant cette poésie à celui éprouvé devant les enluminures. Je ne pourrais faire entendre la musique polyphonique, mais il est fascinant de voir, dans le même ouvrage, s'associer trois muses, celle de la poésie, celle de la peinture, et celle de la musique.

Puisque le Livre des Psaumes de la Bible comporte 150 psaumes, il est clair que les n° 148 et 150 concluent ce livre tout entier placé sous le thème de la louange. Ils sont tous deux précédés par l'exclamation Alléluia !, de l'hébreu Hallelou-Ya, un terme qui signifie littéralement "louez Ya [hvé]", "louez le Seigneur" (Hallelou est un impératif pluriel). Nous allons entendre un grand appel lancé à toute la création pour chanter les louanges de Dieu. En d'autres termes, une majestueuse incitation à l'admiration et à l'émerveillement. Les savants parlent, devant l'exhortation d'autrui à la louange,  de "louange factitive".

Voici d'abord le texte lui-même (traduction officielle liturgique) :

 

Alléluia !

1 Louez le Seigneur du haut des cieux,

Louez-le dans les hauteurs.
2 Vous, tous ses anges, louez-le,
Louez-le, tous les univers.

3 Louez-le, soleil et lune,
Louez-le, tous les astres de lumière;
4 Vous, cieux des cieux, louez-le,
Et les eaux des hauteurs des cieux.

5 Qu’ils louent le nom du Seigneur :
Sur son ordre ils furent créés;
6 c’est lui qui les posa pour toujours
Sous une loi qui ne passera pas.

7 Louez le Seigneur depuis la terre,
monstres marins, tous les abîmes;
8 Feu et grêle, neige et brouillard.
Vent d’ouragan qui accomplis ses paroles;

9 Les montagnes et toutes les collines,
Les arbres des vergers, tous les cèdres;
10 Les bêtes sauvages et tous les troupeaux,
Le reptile et l’oiseau qui vole;

11 Les rois de la terre et tous les peuples,
Les princes et tous les juges de la terre;
12 Tous les jeunes gens et jeunes filles,
Les vieillards comme les enfants.

13 Qu’ils louent le nom du Seigneur,
Le seul au-dessus de tout nom;
Sur le ciel et sur la terre, sa splendeur :
14 Il accroît la vigueur de son peuple.

Louange de tous ses fidèles,
Des fils d’Israël, le peuple de ses proches!

Alléluia !

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1. Ce qui saute aux yeux, et aux oreilles, c'est la répétition à onze reprise des mots louez et louange, selon une figure de style récemment devenue célèbre, l'anaphore. Nous avons connu le "Moi, président de la République" de François Hollande, mais nous avons ici l'emploi de cette technique qui consiste à commencer des vers de façon récurrente par "louez-le", ce qui crée une énergie rythmique et un effet musical, voire même un effet physique semblable au balancement.

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2.Une autre technique poétique propre à la poésie biblique peut être décelée, celle de la focalisation. L'appel à la louange est lancé en suivant un ordre décroissant allant des éléments les plus vastes, cosmiques, vers les êtres vivants.  les anges (v. 2), les astres (v. 3), les éléments cosmiques (« cieux des cieux », « eaux des hauteurs des cieux » v. 4). Dans la deuxième partie, les créatures interpellées apparaissent comme aux détours d’un voyage : « monstres marins, tous les abîmes » (v. 7), « les montagnes et toutes les collines, les arbres des vergers, tous les cèdres; » (v. 9) « les bêtes sauvages et tous les troupeaux, le reptile et l’oiseau qui vole » v. 10.  Enfin, l’homme fait son apparition, depuis les rois jusqu’aux vieillards et aux enfants (v. 11-12). Israël, en dernier lieu, occupe une place spéciale parmi ceux qui chantent la louange de Dieu (v. 14).

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3. On reconnaît aussi ce que Robert Alter a nommé "la dynamique du parallélisme". Depuis 1753, Lowth a montré que la structuration du verset psalmique est régi par ce parallélisme, un premier vers étant repris en écho par un second vers qui le décline avec une variante. Ainsi, les deux premiers vers  :

Louez le Seigneur du haut des cieux, / Louez-le dans les hauteurs.

Il s'agit ici de parallélisme sémantique, les deux vers ayant le même sens (synonymie). Mais pas tout à fait puisque "dans les hauteurs" peut représenter un étage placé en dessous des cieux, amorçant ainsi la focalisation.  

[Robert Lowth,  qui sera évêque d'Oxford et de Londres, a publié en 1753 De sacra poesi Hebraorum qui reprenait les trente-quatre leçons données comme professeur de poésie à l'université d'Oxford. Dans sa dix-neuvième conférence, il reconnaissait dans les Psaumes et une grande partie de la prophétie biblique trois formes de parallélisme, synonymique, antithétique, ou synthétique. ]

La reconnaissance de ce rythme binaire et des phénomènes d'insistance et de répétition, d'allitérations et d'assonances accentue le plaisir de la lecture ou de l'audition. On peut aussi imaginer qu'ils se répondent, le premier membre étant clamé par un chanteur, auquel répond un second chanteur (on a trouvé, selon Koester, que ces distiques se rattachaient aux doubles chœurs des rondes orientales). J'imagine deux poètes se lançant des défis complices, le premier criant (c'est une poésie qui est rodée au "gueuloir" flaubertien) par exemple "Qu’ils louent le nom du Seigneur", et le second renchérissant par "Le seul au-dessus de tout nom ; Sur le ciel et sur la terre, sa splendeur"

Les 14 versets sont donc disposés dans la typographie  en 32 hémi-versets disposés les uns en dessous des autres, et la ponctuation adoptée ici confirme l'unité formée par ces versets, isolés par un point ou un point-virgule du suivant. Les deux derniers versets 13 et 14 ne sont pas des distiques, mais des triades.

Mais cette mise en forme n'existe ni dans le texte hébreu original, ni dans le texte latin de la Vulgate. Ainsi, en latin, pour le verset 1 :

Alleluia laudate Dominum de caelis laudate eum in excelsis  

– Le parallélisme sémantique synonymique se retrouve encore facilement aux versets 3 et 4 :

3 Louez-le, soleil et lune, / Louez-le, tous les astres de lumière;
4 Vous, cieux des cieux, louez-le, / Et les eaux des hauteurs des cieux.

"Soleil et lune" sont équivalents à "tous les astres de lumière" (mais cette expression peut inclure les étoiles et planètes) ; le latin donne omnes stellae et lumen, traduit par Louis Segond par "vous toutes, étoiles lumineuses. Le second terme du parallélisme crée donc une extension de sens qui englobe le premier. L'hébreu donne : Halélou ya. Halélou éte-Hachém mine-hachamayim, halélouhou bamméromim. 

  Et "cieux des cieux" correspond à "eaux des hauteurs des cieux", c'est à dire les nuées. On le perçoit peut-être mieux dans le latin Laudate eum caeli caelorum et aqua quae super caelum est , le second terme se traduisant littéralement par "les eaux qui sont au dessus du ciel".

– Le verset 7 est intéressant car il est marqué par une élision du verbe, un procédé poétique que je trouve toujours particulièrement savoureux :

7 Louez le Seigneur depuis la terre, / [Louez-le] monstres marins, tous les abîmes;

En outre, le second terme n'est pas un synonyme strict, mais une extension complémentaire du premier : après la terre, ce sont les animaux des profondeurs marines, qui sont convoqués à la louange. Là encore, on peut discuter de la traduction du latin Laudate Dominum de terra dracones et omnes abyssi qui donne littéralement "Louez Dieu depuis la terre, [vous ] les dragons et [vous] les abîmes". Dans chaque cas, il faudrait entendre et comprendre le texte hébreu, ce qui n'est pas mon cas.

Le parallélisme du verset 2 est moins évident sur le plan sémantique dans cette traduction :

Vous, tous ses anges, louez-le, / Louez-le, tous les univers.

Mais "tous les univers" correspond au latin omnes virtutes eius et est traduit par Louis Segond par "vous, toutes ses armées" : les anges forment bien les légions de Dieu.

On voit que l'auditeur peut jouer à découvrir comment l'auteur a développé cette règle de construction poétique du parallélisme sémantique. Mais le parallélisme peut être aussi syntaxique, l'ordre des mots du second hémi-verset reprenant exactement celui du premier. Ainsi : 

Les rois de la terre et tous les peuples, / Les princes et tous les juges de la terre;

Mais la lassitude que peut générer ce procédé peut être élégamment rompu par un chiasme qui réveille l'auditeur par surprise en inversant l'ordre des mots . Je n'en ai pas relevé ici d'exemple.

Enfin le parallélisme peut être hétérogène, mêlant les parallélismes sémantiques et syntaxiques, prosodiques, morphologiques et phonétiques du texte hébreu. 

Ainsi vont les psaumes : ce sont des processions de bœufs accouplés traçant leurs doubles sillons sur le champ du texte : chaque hémi-verset est lié à son compère par un joug, zugon en grec, jugum en latin, racine indo-européenne yeug-yug. L'hébreu biblique ignore ce terme, mais l'araméen et l'hébreu moderne emploient les mots zoug, zog, zouga et zoga avec les sens de "couple, paire, mariage. L'union sexuelle n'est étrangère, ni, étymologiquement, au sens du mot, ni, pour le lecteur  au plaisir de voyeur face aux attelages accouplés dans le texte. Ce plaisir est lié aussi au fait que le joug de l'attelage est visible / invisible, évident mais non énoncé.

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Le psaume 150.

1. Alléluia !

Louez Dieu dans son temple saint, louez-le au ciel de sa puissance ;

2 louez-le pour ses actions éclatantes, louez-le selon sa grandeur !

3 Louez-le en sonnant du cor, louez-le sur la harpe et la cithare ;

4 louez-le par les cordes et les flûtes, louez-le par la danse et le tambour !

5 Louez-le par les cymbales sonores, louez-le par les cymbales triomphantes !

6 Et que tout être vivant chante louange au Seigneur ! Alléluia !

 

  Le parallélisme est ici limpide, mais plus pauvre, dans ces dix exhortations successives et dans cette répétition à dix reprises de l'injonction "Louez-le" : sur le plan poétique, le rythme fonctionne comme une incantation menée tambour battant, et le coté musical du chant s'apparie, sur le plan sémantique, aux neuf mentions de huit instruments de musique.

Puisque c'est le texte latin de la Vulgate qui sert de texte pour le motet d'Orlando de Lassus, j'aurais du m'intéresser d'avantage à la poésie et aux sonorités de la version latine de la Vulgate.  Après le Laudate Dominum du premier verset, ce sont les mots Laudate eum qui seront répétés neuf fois. 

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LE MOTET LAUDATE DOMINUM DE CAELIS DE ROLAND DE LASSUS. LES IMAGES DU LIVRE DE CHOEUR.

Son analyse a été publiée par Peter Bergquist en introduction de son édition critique des Motets de Roland de Lassus.

Le motet Laudate Dominum de caelis suit, dans le manuscrit, les partitions de sept psaumes pénitentiels ( Psalmi Davidis poenitentiales), et il fut publié également à la suite de ces psaumes en 1584. Il appartient donc à un ensemble cohérent en concluant joyeusement avec éclat la partie principale plus sombre. Ces motets ont été composés en 1559 à la demande du duc de Bavière,  pour être chantés pour son usage privé dans sa chapelle par son Chœur de chapelle dirigée par le Maître de chapelle, Roland de Lassus lui-même. Le duc en interdisait la publication. Il est en quatre parties et pour cinq voies SATTB. Les sept psaumes pénitentiels suivent les sept modes de la polyphonie d'église, et le Laudate Dominum obéit au huitième mode.

  Les partitions ont été copiées dans un manuscrit, l'un des plus coûteux jamais produit, en deux volumes : les partitions enluminées elles-mêmes (Mus. Ms. A II (1)) et les commentaires de Samuel Quickelberg (Mus. Ms A II (2) . Le travail du premier volume aurait débuté en 1563 et s'est achevé en janvier 1571, quoiqu'il porte la date de 1570 en dernière page. En 1584, après la mort d'Albert V en 1579, Lassus a pu faire publier ce corpus par Adam Berg à Munich. Mais Laudate Dominum échappa dès 1565 au contrôle du duc, et fut publié comme un motet à part.

Les deux psaumes 148 et 150 réunis sont divisés en quatre parties ou partes selon le shéma suivant :

prima pars : Psaume 148 : 1-6 

pars secunda : Psaume 148 :7-11

pars tertia : Psaume 148 : 12-14, et Psaume 150 : 1

quarta pars : Psaume 150:2-5.

  Ce motet occupe les folio 153 à 183. Chaque page, dont la partition est copiée par Jean Pollet, est enluminée par Hans Mielich. Cette ornementation suit une réflexion et une argumentation théologique très poussée du texte biblique, qui ne procède pas des seules compétences du peintre. Le médecin et bibliothécaire Samuel Quickelberg les décrit et en livre l'interprétation avec une telle science que je le soupçonne d'être le commanditaire qui a conçu le programme iconographique et l'a soumis au peintre. Les commentaires du Laudate Dominum occupent les pages 141 à 157 du Mus Ms. AII(2).

Les initiales D, Q et B des enluminures correspondent aux voix de Discantus,  Quinta vox, et Basse.  Les initiales C et T à Contraténor ou Altus  et à Ténor. Dans le choeur d'hommes et de jeunes garçons (une vingtaine à une quarantaine de choristes) de la Chapelle ducale, les garçons devaient sans-doute chanter les voix de discantus.

N'étant pas musicien, je tente de comprendre ce terme : le discantus ou déchant ou contre-chant ou vox organalis est une voix placée au dessus du Ténor, "évoluant en mouvement contraire avec elle en formant des intervalles de quinte ou de quarte, d'octave ou d'unisson". Le ténor, ou cantus firmus, est une mélodie composée en premier et qui sert de base, ou de "teneur". J'espère ne pas écrire trop de bêtises.

  L'édition moderne de la partition pour 5 voix Discantus, Altus, ténor, Quinta vox et Basse par Peter Bergquist occupe les pages 179 à 199 de son ouvrage.

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Le folio 153.

Laudate Dominum de celis laudate eum in excelsis Laudate eum omnes ange[li ]

Deux voix : Discantus et Bassus. 

Enluminure :  Au milieu, sur un trône dont la forme utilise astucieusement la lettre B, le roi David (qui est censé être l'auteur des Psaumes), joue de la harpe, tandis qu'un ange apparaît dans des nuées éblouissantes en présentant un phylactère où est écrit GLORIA IN EXCELCIS DEO. Derrière le roi se tient un orchestre avec 14 trompettes, un orgue, un luth (sous le trône), une vielle à roue, et autres instruments à identifier. voir le psaume 32 :  "Célébrez l’Éternel avec la harpe, célébrez-le sur le luth à dix cordes.".   

En face du roi, devant un lutrin, un roi écrit sous la dictée d'un ange. Il s'agit selon Quickelberg de Salomon composant le Cantique des Cantiques, et auquel est prêté la parole  de l'Ecclésiaste 1:17 : Dedique cor meum ut scirem prudentiam atque doctrinam  "J'ai appliqué mon esprit à connaître la sagesse,"    L'Ecclésiaste est « fils de David, roi dans Jérusalem » 

En haut, un chœur d'anges accueille dans les cieux le Christ ressuscité, figure du Fils de l'Homme.  En bas, des anges chassent des démons ou anges déchus. Dans les marges, des animaux chûtant la tête en bas. La clef de ces images est fournie par le commentaire de Quickelberg page 141 : il s'agit de la Vision des quatres bêtes, décrite dans le Livre de Daniel 7 :1-28.

Daniel voit quatre vents du ciel soulevant une grande mer. Quatre bêtes énormes sortent de la mer, toutes différentes entre elles 1) un lion avec des ailes d'aigle 2) un ours avec trois côtes dans sa gueule 3) un léopard avec quatre têtes et quatre ailes comme les oiseaux 4) une quatrième bête, terrible, effrayante et extrêmement forte; elle a des dents de fer énormes et porte dix cornes ; elle a  une petite corne avec « des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche, qui parlait avec arrogance ».

Ensuite, un Ancien s'installe sur un trône, des livres sont ouverts et des jugements prononcés en faveur des saints (c'est ce qui est dépeint par Mielich dans la partie supérieure). La quatrième bête est détruite. Le Fils de l'homme reçoit empire, honneur et royaume, et tous les peuples, nations et langues le servent. Son empire est un empire éternel qui ne passe point, et son royaume n'est point détruit.

Le personnage agenouillé en bas à gauche devant un ange  représente Daniel effrayé par sa Vision et qui entend (Daniel 10:19) : Et dixit noli timere vir desideriorum Pax tibi ; "Puis il me dit: Ne crains rien, homme bien-aimé, que la paix soit avec toi! courage, courage! "

C'est peut-être la déclaration de Daniel (7:27) selon laquelle " Le règne, la domination, et la grandeur de tous les royaumes qui sont sous les cieux, seront donnés au peuple des saints du Très-Haut. Son règne est un règne éternel, et tous les dominateurs le serviront et lui obéiront. " qui établit une relation entre la Vision de Daniel, et la louange des anges et des armées célestes du psaume 148. 

 

 http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035013/images/index.html?id=00035013&groesser=&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=1&seite=288

 

Motet Laudate Dominum de caelis, Mus. Ms A II, folio 153.

Motet Laudate Dominum de caelis, Mus. Ms A II, folio 153.

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Folio 154.

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035009/images/index.html?id=00035009&groesser=150%&fip=193.174.98.30&no=&seite=153

Partition du même texte que le folio 153, mais pour les voix C, T et Q.

Huit panneaux rectangulaires échelonnés de chaque coté représentent des anges, accompagnées de légendes . Ce sont les Virtutes coelorum du verset 2, les armées célestes composées depuis Thomas d'Aquin des Séraphins et des Chérubins, des Trônes, des Dominations, des Vertus et des Puissances, , des Principautés, des Archanges et des Anges.

En haut, dans le cartouche de la lettre C sous le mot ORDO, une assemblée d'évêques .

Au milieu, sous le cartouche de la lettre T avec le mot ORDO, le Christ en croix entouré d'une assemblée de têtes couronnées encadrée par des gens d'armes.

En bas, dans le cartouche de la lettre Q et le mot ORDO, les membres de la cour ducale, en habit noir.

 Quickelberg explique qu'il s'agit encore d'une illustration interprétant la Vision du Livre de Daniel 7, celle des "dix cornes" de la quatrième bête : en haut sont figurés les hauts dignitaires de l'Ordre des écclésiastiques, et il cite alors Daniel 7:24  porro cornua decem ipsius regni decem reges erunt ...:  Les dix cornes, ce sont dix rois qui s'élèveront de ce royaume. Il cite aussi Daniel 7:27 regnum autem et potestas et magnitudo regni quae est subter omne caelum detur populo sanctorum Altissimi cuius regnum regnum sempiternum est et omnes reges servient ei et oboedient : Le règne, la domination, et la grandeur de tous les royaumes qui sont sous les cieux, seront donnés au peuple des saints du Très Haut. Son règne est un règne éternel, et tous les dominateurs le serviront et lui obéiront. Après les ordres de l'Église et des Rois vient l'ordre des membres séculiers, que Quickelberg décrit en citant Daniel 7:27 Et omnes reges servient ei et oboedient, "et tous les rois le serviront et lui obéiront".

Enfin il décrit la scène la plus basse de l'enluminure comme représentant deux anges, l'un à droite étant un serviteur de Dieu bon, l'autre à gauche un serviteur du Diable malin.

Il m'est difficile de saisir toute la cohérence de ce commentaire ou des scènes illustrées.

 Commentaires de Quickelberg page 242 : http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035013/images/index.html?id=00035013&groesser=&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=1&seite=289

 

 

 

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folio 154.

folio 154.

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Folio 155.

–Texte : -ti eius laudate eum omnes virtutem eius Laudate eum sol et

– Enluminure :

En haut, le monogramme christique et la mention Philipens :2, entouré des allégories de la Vérité et de la Justice triomphantes

- C'est selon Quickelberg une référence à l'épître aux Philippins de saint Paul Phil.2:10-11 ut in nomine Iesu omne genu flectat caelestium et terrestrium et infernorum et omnis lingua confiteatur quia Dominus Iesus Christus in gloria est Dei Patris "pour qu'au nom de Jésus tout être s'agenouille dans les cieux, sur la terre et jusque sous la terre, et que chacun déclare: Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père."

- Au milieu, les scènes sont accompagnées des références à l'évangile de Matthieu. A gauche, on lit  Math.IX mais la Guérison du paralytique descendu par le toit correspond plutôt au texte de Luc, 5:17-26, Puis, au centre, sous la mention MATH VII on reconnaît la Guérison de la femme hémorroïse correspondant à Math. 9:20-22, ou à Luc 8:40-48.  Enfin à droite sous l'inscription MATH IIII se voit Jésus dormant dans une barque en pleine tempête, correspondant à Math 8:23-27.

- Dans la partie basse, un paysage et le char du Soleil.

- Dans les marges : à gauche, inscription IOSVE : X. C'est sans-doute une référence à Josué 10:12-13 : "Alors Josué parla à l'Eternel, le jour où l'Eternel livra les Amoréens aux Israélites, et il dit devant Israël: «Soleil, arrête-toi sur Gabaon et toi, lune, sur la vallée d'Ajalon!»  Le soleil s'arrêta et la lune suspendit sa course jusqu'à ce que la nation se soit vengée de ses ennemis. Cela n'est-il pas écrit dans le livre du Juste? «Le soleil s'arrêta au milieu du ciel et ne s’empressa pas de se coucher, durant presque tout un jour.» "

 

 

 

 

folio 155.

folio 155.

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Folio 156.

– Texte : -geli eius laudate eum omnes virtutes eius laudate eum sol et luna.

– Enluminure.

- En haut à gauche mention EXODVS XII ; le Tau au centre de rayons lumineux ; 

- latéralement, série de médaillons

- en bas, le char de la Lune.

folio 156

folio 156

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Folio 157.

– Texte :  luna laudate eum omnes stellae et lumen Laudate eum caeli caelorum 

– Enluminure :

a) On trouve les 13 signes zodiacaux.

Aquarius:  Capricornus ; Sagitaris ; Pisces ; Ophiuchus ; Scorpio ; Taurus ; Gemini ;Virginis ;Conser [Cancer] ; Leo ; Aries ; Libra .

b) on y trouve  les 36 constellations décrites par Ptolémée dans son Almageste.


Piscis Mocius?;  Coronaria Borealis ; Ara [Autel] ; Centaurus ;  ; Aquila ; Delpho ; Equus Minor ; Pegasus ; Cetus ;  [Lupus ?] ;  Cap Meduse [Caput Medusae = Persée];  Deltocon [Deltoton =Triangle];  ; Andromeda ; Casiopea ; Cepheus ; Erichtonius [Cocher] ; Ursa Minor ; Ursa Maior ; Playstrum ; ; Draco ; Cignus ; Lira ; Via Lactea ;  Hercules ; Corona ;  Crines Berenices ; -osa Trich?  ;  Bootes [Bouvier] ; L--- ; Crater [Coupe] ;  Orion ; Lepus ; Canus Maior ;  Procion [Canis minor] ; Hidra ; Argo navis et, dessninée mais non nommée : la Flêche ; le Corbeau ; et un vase à anse

c) et on trouve le nom de 13 étoiles au moins :

  • Acarnar dernière étoile de l'extrémité australe d'Eridan, nommée par les arabes : Ākhir an-Nahr ou Fin de la rivière, آخر النهر 
  • Alkor ou Alcor: nom de l'étoile qui double Mizar ou Mirza dans le milieu du timon du Chariot  (ou de la queue de la Grande Ourse Ursa Major) ; seuls les observateurs dotés d'une bonne acuité visuelle distinguent le caractère double de la deuxième étoile du Chariot et discernent le cavalier Alcor (80 U.Ma.),  et le cheval Mizar (ζ U.Ma.). Selon une légende, cette capacité était l'un des critères de sélection des archers de Charles Quint. Son nom dériverait de l'arabe et signifierait "le cavalier". 
  • Angentenar : étoile d'Eridan (tau d'Eridan), nommée par les arabes (ʿArjat an-Nahr = "courbe de rivière"Angentenar in Eridanus (besides Acarnar which was already there in 1536), and Yed in Ophiuchus; equally, in 1540 two Latin star names were added to Leo, Ceruix and Dorsum, which did not exist in the 1536 edition. Most of the figures in the  Citée  Par Petrus Apian 1532 dans Ein kurtzer bericht d'Observation vnnd vrtels, des Jüngst erschinnen Cometen ...https://books.google.fr/books?id=FdZfAAAAcAAJ&pg=PT22&dq=%22angentenar%22&hl=fr&sa=X&ved=0CEUQ6AEwBmoVChMI_oPIxY7YxwIVBFgUCh2cbgM5#v=onepage&q=%22angentenar%22&f=false
  • Alioth :  de la Grande Ourse : de l'arabe Al-Jawn الجون  "le cheval noir "Jean" "  
  • Arcturus ou α Bootis :  étoile la plus brillante de la constellation du Bouvier 
  • Caicula pour Canicula, autre nom de Sirius.
  • ​Cernix pour  Ceruix/Cervix, étoile de la constellation du Lion, nommée en 1540, avec Dorsum. Journal for the History of Astronomy, Volume 18, 1987, page 118
  • Dorsum : étoile de la constellation du Lion : cf Cervix.
  • Dubhé : Alpha de la Grande Ourse :  de l'Arabe dubb, « l'ours », de la phrase ظهر الدب الأكبر Dhahr ad-dubb al-akbar, voulant dire « le dos du Grand Ours ».
  • Lanx Mer[idionalis] :  ou "plateau sud de la Balance " ou Lanx Australis :alpha Librae,  étoile de la constellation de la Balance (Libra) s'opposant avec Lanx Borealis, et portant actuellement le nom de Zuben Elgenubi. Ce dernier nom provient de l'arabe, الزبن الجنوبي « Al Zuban al Janubiyyah », signifiant « la pince sud du Scorpion » . Zuben Elgenubi est également nommée Kiffa Australis ou Elkhiffa Australis, une version latinisée de la phrase arabe « Al Kiffah al Janubiyyah », « Le plateau sud » (de la Balance).  Nom cité par James Cheyne De priore astronomiae parte, seu de sphaera, libri duo,1575 page 23.
  • Rigel ; Beta Orion
  •  Spica  ou l'Épi :  α Virginis, est l'étoile la plus lumineuse de la constellation de la Vierge.
  • Yed : étoile d'Ophiucus, nommée par les arabes 

 

– Commentaire laconique de Quickelberg:

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035013/images/index.html?id=00035013&groesser=&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=1&seite=295

Discussion.

La peinture d'une cinquantaine de constellations et surtout la mention de 13 noms d'étoiles permettent de suspecter quelles ont été les sources d'information de Hans Mielich pour peindre cette représentation du ciel étoilé. Il fat d'abord rappeler que l'astronomie fait partie des grands sujets d'intérêt à la fois pour les savants humanistes, mais aussi pour les puissants, qu'ils soient rois ou empereurs, papes ou évêques, ou, comme en Bavière, ducs. 

SOURCES et LIENS

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_constellations 

Sur Philippe Apian : http://www.ensba.fr/presentations-collections/Allemagne16e/version_sans_JS/Philippus_Apianus.html

http://irfu.cea.fr/Sap/Phocea/Vie_des_labos/Ast/ast.php?id_ast=2617

– Nick Kanas Star Maps: History, Artistry, and Cartography https://books.google.fr/books?id=bae3LP4tfP4C&pg=PA91&lpg=PA91&dq=names+of+stars+islamic+1540&source=bl&ots=ui_D4iJMJA&sig=l8UAfi9zLVWTmLEZUi3J77S5nMI&hl=fr&sa=X&ved=0CDsQ6AEwA2oVChMI3rDwmJDYxwIVARIUCh0jnAoz#v=onepage&q=names%20of%20stars%20islamic%201540&f=false

– Noms d'étoiles : 

Sites consultés :

http://www.constellationsofwords.com/Fixedstars.htm

https://www.pa.msu.edu/people/horvatin/Astronomy_Facts/star_names/starsA.htm

http://datab.us/i/List%20of%20Arabic%20star%20names

KUNITZSCH ( Paul), 1987, « Peter Apian and Azophi - Arabic Constellations in Renaissance Astronomy » Journal for the History of Astronomy, Vol.18, NO. 2/MAY, P.117,

http://www.constellation-guide.com/constellation-list/libra-constellation/

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Folio 183.

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035013/images/index.html?id=00035013&groesser=&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=1&seite=319

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Folio 184.

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folio 184

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SOURCES ET LIENS.

http://imslp.org/wiki/Choirbook,_D-Mbs_Mus._MS_A_(Lassus,_Orlande_de)

http://www3.cpdl.org/wiki/index.php/Laudate_Dominum_de_coelis_(Orlando_di_Lasso)

BERGQUIST (Peter), 1990, Orlando de Lasso, The Seven penitentials psalms and Laudate Dominum de caelis edited par Peter Bergquist, Recent research in music of the Renaissance, A-R Editions, Madison, I-XXXII, 1-199;

 https://books.google.fr/books?id=NWPdOJWL0CMC&pg=PR9&dq=motet+roland+de+lassus+psaume+148&hl=fr&sa=X&ved=0CDIQ6AEwAzgKahUKEwizt9LT09DHAhUBXBQKHR1wDO4#v=onepage&q=motet%20roland%20de%20lassus%20psaume%20148&f=false

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Published by jean-yves cordier - dans Hans Mielich
3 septembre 2015 4 03 /09 /septembre /2015 21:29

La carte du ciel étoilé peinte par Hans Mielich en 1570 pour le duc Albert V de Bavière en illustration du motet Laudate Dominum d'Orlando de Lassus.

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Cette carte se trouve au folio 157 du luxueux manuscrit des Sept Motets Pénitentiels et du Motet Laudate Dominum, conservé par la Bayerische Staatsbibliotek de Munich sous la référence Bußpsalmen mit der Motette Laudes Domini (Chorbuch, Bd. 2) Bayerische Staatsbibliothek BSB Mus.ms. A II.

Source de l'image :

Noir et blanc : http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&bandnummer=bsb00035009&pimage=188&v=150&nav=&l=de

Couleur : http://imslp.nl/imglnks/usimg/8/85/IMSLP368403-PMLP594987-d-mbs_mus._ms_a_2.pdf

Cette page illustre deux versets du psaume 148 mis en musique pour chœur polyphonique à cinq voix par Roland de Lassus dans son motet Laudate Dominum de caelis. L'ouvrage a été réalisé entre 1565 et 1570. Chaque page est enluminée par Hans Mielich.

Cette page bleu-nuit m'est apparue comme étant la plus belle d'un ensemble en tous points splendide, mais j'ai constaté qu'elle donnait l'occasion de découvertes passionnantes sur l'astronomie de l'époque, et sur la place de cette science à la cour du duc Albert V de Bavière, commanditaire des quatre volumes de ce manuscrit.

Je révèle d'emblée les conclusions de mon enquête sur la source astronomique de cette enluminure : il s'agit selon toute vraisemblance de l' Astronomicum Caesarum de Pierre Apian, imprimé en 1540 à Ingolstadt (donc dans le duché de Bavière). Ce que je vais tenter de démontrer à ceux qui auront la patience de me suivre.

 

I. DESCRIPTION.

– Texte de la partition (copiée par Jean Pollet) : [Laudate eum sol et ] luna laudate eum omnes stellae et lumen. Laudate eum caeli caelorum : 

Il s'agit d'un extrait des versets 3 et 4 du Psaume 148 "Louez-le, soleil et lune ! Louez-le, vous toutes, étoiles lumineuses ! Louez-le, cieux des cieux " qui convie toute la création à rendre grâce à Dieu "car il a commandé, et ils ont été créés".

Pour rendre compte de la force cosmique de ce poème biblique, Hans Mielich, peintre et miniaturiste de Munich, crée la première enluminure certes à visée esthétique, mais basée sur des données scientifiquement exactes d'une carte céleste. Il modifie les figures (qui, dans une carte d'astronomie, tournent selon les secteurs du ciel) afin qu'elles soient toutes disposées tête en haut. 

 

– Enluminure :

a) On trouve les 12 signes du cercle  zodiacal.

Aquarius:  Capricornus ; Sagitaris ; Pisces ; Scorpio ; Taurus ; Gemini ;Virginis ;Conser [Cancer] ; Leo ; Aries ; Libra . On peut y ajouter Ophiuchus ou Serpentaire, ou classer cet astérisme dans la liste suivante.

b) on y trouve  les 36 constellations décrites par Ptolémée dans son Almageste.

Piscis Notius;  Coronaria Borealis ; Ara [Autel] ; Centaurus ;  Aquila ; Delpho ; Equus Minor ; Pegasus ; Cetus ;  Lupus  ;  Cap Meduse [Caput Medusae = Persée];  Deltocon [Deltoton =Triangle];  ; Andromeda ; Casiopea ; Cepheus ; Erichtonius [Cocher] ; Ursa Minor ; Plaustrum Ursa Maior ;    ; Draco ; Cignus ; Lira ; Via Lactea ;  Hercules ; Corona ;  Crines Berenices ; Rosa Triches  ;  Bootes [Bouvier] ;  Eridanus ; Crater [Coupe] ;  Orion ; Lepus ; Canus Maior ;  Procion [Canis minor] ; Hidra ; Argonavis et, dessinées mais non nommées ou de façon illisible : la Flêche ; Corvus le Corbeau ; et Crater.

c) et on y trouve le nom de 13 étoiles au moins :

  • Acarnar dernière étoile de l'extrémité australe d'Eridan, nommée par les arabes : Ākhir an-Nahr ou Fin de la rivière, آخر النهر 
  • Alkor ou Alcor: nom de l'étoile qui double Mizar ou Mirza dans le milieu du timon du Chariot  (ou de la queue de la Grande Ourse Ursa Major) ; seuls les observateurs dotés d'une bonne acuité visuelle distinguent le caractère double de la deuxième étoile du Chariot et discernent le cavalier Alcor (80 U.Ma.),  et le cheval Mizar (ζ U.Ma.). Selon une légende, cette capacité était l'un des critères de sélection des archers de Charles Quint. Son nom dériverait de l'arabe et signifierait "le cavalier". 
  • Angentenar : étoile d'Eridan (tau d'Eridan), nommée par les arabes (ʿArjat an-Nahr = "courbe de rivière")
  • Alioth :  de la Grande Ourse : de l'arabe Al-Jawn الجون  "le cheval noir "Jean" "  
  • Arcturus ou α Bootis :  étoile la plus brillante de la constellation du Bouvier 
  • Caicula pour Canicula, autre nom de Sirius.
  • ​Cernix pour  Ceruix/Cervix, étoile de la constellation du Lion, nommée en 1540, avec Dorsum. Journal for the History of Astronomy, Volume 18, 1987, page 118
  • Dorsum : étoile de la constellation du Lion : cf Cervix.
  • Dubhé : Alpha de la Grande Ourse :  de l'Arabe dubb, « l'ours », de la phrase ظهر الدب الأكبر Dhahr ad-dubb al-akbar, voulant dire « le dos du Grand Ours ».
  • Lanx Mer[idionalis] :  ou "plateau sud de la Balance " ou Lanx Australis : alpha Librae,  étoile de la constellation de la Balance (Libra) s'opposant avec Lanx Borealis, et portant actuellement le nom de Zuben Elgenubi. Ce dernier nom provient de l'arabe, الزبن الجنوبي « Al Zuban al Janubiyyah », signifiant « la pince sud du Scorpion » . Zuben Elgenubi est également nommée Kiffa Australis ou Elkhiffa Australis, une version latinisée de la phrase arabe « Al Kiffah al Janubiyyah », « Le plateau sud » (de la Balance).  Nom cité par James Cheyne De priore astronomiae parte, seu de sphaera, libri duo,1575 page 23.
  • Rigel ; Beta Orion
  •  Spica  ou l'Épi :  α Virginis, est l'étoile la plus lumineuse de la constellation de la Vierge.
  • Yed : étoile d'Ophiucus, nommée par les arabes 

 

– Dans le deuxième volume de ce manuscrit, le médecin et bibliothécaire Samuel Quickelberg décrit chaque page dans un commentaire qui développe, depuis le début du Motet en folio 153, un paralléle entre le psaume 148 et la Vision des quatre Bêtes du Livre de Daniel :

"Livre de Daniel 12 :3 qui autem docti fuerint fulgebunt quasi splendor firmamenti et qui ad iustitiam erudiunt multos quasi stellae in perpetuas aeternitates Les hommes qui auront eu de la sagesse resplendiront alors comme le firmament, ceux qui auront amené un grand nombre à être justes brilleront comme les étoiles, à toujours et à jamais. "

Il ne donne donc aucun renseignement sur les données astronomiques représentées ici.

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035013/images/index.html?id=00035013&groesser=&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=1&seite=295

 

Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

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Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157 (partie supérieure), document Bibliothèque Nationale de Bavière

Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157 (partie supérieure), document Bibliothèque Nationale de Bavière

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Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157 (partie médiane), document Bibliothèque Nationale de Bavière.

Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157 (partie médiane), document Bibliothèque Nationale de Bavière.

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Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157 (partie supérieure), document Bibliothèque Nationale de Bavière.

Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157 (partie supérieure), document Bibliothèque Nationale de Bavière.

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II. DISCUSSION.

La peinture de 48 constellations et surtout la mention de 13 noms d'étoiles permettent-elles  de préciser quelles ont été les sources d'informations de Hans Mielich pour peindre cette représentation du ciel étoilé ? Il faut d'abord rappeler que l'astronomie fait partie des grands sujets d'intérêt à la fois pour les savants humanistes, mais aussi pour les puissants, qu'ils soient rois ou empereurs, papes ou évêques, ducs, comme en Bavière, ou banquiers, comme Hans Fugger à Augsbourg.

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1. Rappel historique des connaissances astronomiques. 

Au IIIe siècle av. J.C., le grec Aratos de Soles a décrit dans un poème astronomique et météorologique,, Les Phénomènes ou Phaenomena, dans lequel il fixe la plupart des noms de constellations. Il y décrit la catastérisation, transformation d'un objet ou d'un être (héros de la mythologie) en astre ou en constellation. 

Au IIIe siècle av. J.C. le grec Eratosthène de Cyrène écrit Les Constellations, ou Catastérismes,  Il y décrit 753 étoiles. Ce directeur de la bibliothèque d'Alexandrie décrit toutes les constellations visibles dans l'hémisphère nord (42 principales et 6 constellations secondaires), ainsi que les planètes, donnant la première liste des constellations classiques sous une forme, une origine et un dessin canoniques. Ératosthène a posé ainsi les fondements de la nomenclature et de la distribution des constellations qu'on utilise encore, presque inchangée, aujourd'hui, en décrivant le contexte imaginaire et visuel de sa genèse, son iconographie et sa mythographie. 

 

Vers l'an  10 av. J.C., le poète et astrologue latin Marcus Manilius  écrivit un poème didactique en cinq livres sur l'astronomie ancienne et l'astrologie: les Astronomica. Le Livre I décrit le ciel et ses étoiles.Le concept astrologique de maisons astrologiques (que Manilius appelle templa), utilisé des siècles durant pour tirer des horoscopes à partir de la configuration des planètes dans le zodiaque, apparaît pour la première fois dans les Astronomica.

"Deux manuscrits des Astronomica des xe siècle et xie siècle ont été conservés jusqu'à aujourd'hui grâce aux soins des couvents ; ils sont conservés aujourd'hui, l'un à Bruxelles, l'autre à la Bibliothèque de Leipzig. L'ouvrage, inconnu des savants, fut redécouvert près de Constance en 1416-17 par Le Pogge (Poggio Bracciolini) , dans les intermèdes du concile de Constance, en même temps que le De rerum natura de Lucrèce. L’editio princeps des Astronomica a été préparée en 1473 à Nuremberg par l’astronome Regiomontanus à partir de ce manuscrit très endommagé. Ce texte fit par la suite l'objet d'émendations de Joseph Juste Scaliger, dont l'édition parut d'abord en 1579 à Paris avant d'être réimprimée en 1600 à Leyde." (d'après Wikipédia)

 Le grec Claude Ptolémée au IIe siècle ap. J.C. donne la première description des constellations .

"La compilation exhaustive de constellations la plus ancienne que l'on connaisse remonte à Ptolémée, au IIe siècle ; dans les Livres VII et VIII de son Almageste, il groupa  1 022 étoiles en quarante-huit constellations et en définit les positions. Cette œuvre sera la base de travail des astronomes occidentaux jusqu'à la fin du Moyen Âge. Elle ne comprend cependant que des étoiles visibles d'Alexandrie où Ptolémée faisait ses observations.

En plus des douze constellations du Zodiaque, Ptolémée en inventorie trente-six . Les quarante-huit constellations inscrites par Ptolémée dans son Almageste seront utilisées pendant plus de 1 000 ans en Occident sans aucun changement ni ajout . Mis à part l'immense Navire Argo, découpé plus tard en trois puis quatre constellations, les constellations de Ptolémée seront toutes adoptées sans modification par l'UAI, qui en définira cependant les contours précis. En effet, les délimitations des constellations n'ont pas été fixées à l'époque antique, seule l'appartenance des étoiles brillantes l'ont été. Par la suite, Johann Bayer puis John Flamsteed recensèrent des étoiles moins brillantes dont ils décidèrent de la constellation d'appartenance.

L'Almageste (du grec puis de l'arabe, al-majisṭī (المجسطي ) "le Grand (traité)") de Ptolémée passa dans les mains des astronomes arabes qui complétèrent ses observations, ajoutant quelques constellations qui ne sont plus utilisées actuellement, rallongeant certaines (comme l'Éridan) afin de mentionner des étoiles visibles depuis les latitudes plus australes que celle d'Alexandrie.

L'Almageste étant un ouvrage alors perdu en Europe, les astronomes occidentaux n'en obtinrent des copies que dans la dernière partie du Moyen Âge, à partir de traductions de l'arabe en latin, en même temps qu'un certain nombre d'observations des astronomes arabes." (d'après Wikipédia)

Voir :

  • l'édition abrégée en latin Epytoma Ioannis de Monte Regio in Almagestum Ptolomei par Johannes Müller, dit Regiomontanus en 1496 à la demande du cardinal Bessarion : : https://archive.org/stream/EpytomaIoannisd00Regi#page/n1/mode/2up
  • de une édition de 1515 (Petrus Liechtenstein à Venise) conservée à Vienne Hw 42. : http://www.univie.ac.at/hwastro/rare/1515_ptolemae.htm

42 des 48 constellations de Ptolémée sont présentes dans le Poeticon astronomicon attribué jadis à Hyginus (mais qui est postérieur à Ptolémée). Son édition imprimée en 1475 sera suivie  par celle de Ratdolt en 1482 avec des illustrations sans véracité astronomique. 

Les travaux arabes datent à partir du IXe siècle.

  • Abu Ma'shar http://www.wdl.org/fr/item/2997/  ... http://www.wdl.org/fr/item/2998/

    Ja‘far ibn Muḥammad al-Balkhī (787–886), connu sous le nom d'Abū Ma‘shar, vivait à Bagdad au IXeme siècle.. Il devint l'auteur le plus important et le plus prolifique en matière d'astrologie au Moyen Âge. Son propos intégrait et élargissait les études d'érudits plus anciens d'origine islamique, perse, grecque et mésopotamienne. Ses œuvres furent traduites en latin au 12ème siècle et, grâce à leur large diffusion sous forme de manuscrit, elles eurent une grande influence sur les érudits occidentaux. Le livre des "Fleurs astronomiques" ou Flores Albumasari, Flores astrologiae, est la première édition du  Kitāb taḥAwil sini al-Alam (également connu sous le nom de Kitâb al-Nukat) telle que traduite en latin par le traducteur du XIIeme siècle Johannes Hispalensis (Jean de Séville). Le texte porte sur la nature d'une année (ou mois ou jour), telle que déterminée par l'horoscope, et a été conçu comme un manuel pratique pour l'instruction et la formation des astrologues. Le livre inclut de nombreuses illustrations de planètes et de constellations. L'impression a été effectuée par Erhard Ratdolt, un célèbre imprimeur pionnier d'Augsbourg, en Allemagne qui, avec deux compatriotes, a fondé une imprimerie en partenariat à Venise en 1475. Kitab al-Mudkhal al-Kabīr (Grande Introduction) est son œuvre la plus importante et la plus fréquemment citée par les érudits occidentaux. Elle contient une théorie astrologique sur la nature de l'influence de la lune sur les marées et fut l'ouvrage majeur sur ce sujet durant le Moyen Âge. Introductorium in astronomiam Albumasaris Abalachi octo continens libros partiales, parue à Venise en 1506, est la traduction de 1140 en latin par Hermann de Carinthie, tout d'abord imprimée par Erhard Ratdolt à Augsbourg, en Allemagne, en 1489. La vignette de titre gravée sur bois d'un astronome au visage noir et lisant les étoiles avec un astrolabe et un compas est l'une des représentations les plus connues d'un astronome de la Renaissance. 

  • C'est l'époque du calife Al-Mamoun à Bagdad et de son astronome Al-Farghani, de même que de  la conception de l'astrolabe.
  • Al-Battani (850-929) dit Albatenius rédige un catalogue de 489 étoiles. On lui doit la première utilisation de la trigonométrie dans l’étude du ciel. C’est une méthode beaucoup plus puissante que celle, géométrique, de Ptolémée. Son œuvre principale est « Le livre des tables », composé de 57 chapitres. Traduit en latin au 12ème siècle par Platon de Tivoli (en 1116), il influencera beaucoup les astronomes européens de la Renaissance.

  • Al-Soufi (903-986) ou Azophi est un astronome perse, qui traduit des ouvrages grecs dont l’Almageste et améliore les estimations des magnitudes d’étoiles. 
  • Al-Khujandi (≈940-≈1000)  est astronome et mathématicien perse.
  • Ibn Al-Haytam (965-1039) dit Alhazen né à Bassorah
  • Al-Biruni (973-1048)  l’un des plus grands savants de l’islam médiéval, originaire de Perse.
  • Ali Ibn Ridwan (988-1061)

Du 11ème au 16ème siècle :

  • Al-Zarqali (1029-1087) dit Arzachel Mathématicien, astronome et géographe né à Tolède en Espagne. Il conçoit des astrolabes, et établit les « Tables de Tolède », qui furent utilisées par les grands navigateurs occidentaux comme Christophe Colomb, et serviront de base aux « tables alphonsines ».

  • Omar Khayyam (1048-1131) Connu pour sa poésie, il s’intéresse aussi à l’astronomie et aux mathématiques. Il devient directeur de l’observatoire d’Ispahan en 1074.
  • Al-Tûsî (1201-1274) Astronome et mathématicien fit construire et dirigea l’observatoire de Maragha.

Les astronomes perses du XVe siècle. Al-Kashi et le ZijUlugh Beg (1394-1449).

Dans les années qui suivirent une éclipse de lune à laquelle il assista en 1406 à Kashan, Al-Kashi (1380-1439) rédigea les Khaqani zij (Tables du grand khan). Ulugh Beg, petit-fils de Tamerlan et fils du Shah de Perse, accède au trône en 1447. Il invita al-Kashi à Samarcande en 1420, année de l'ouverture de la médersa qui porte son nom. Al-Kashi joua un rôle important dans la conception de l'observatoire de Samarcande, inauguré vers 1429, et de ses instruments d'astronomie. Les travaux menés par Ulugh Beg, Qadi-zadeh Roumi (1364-1436), al-Kashi et quelque soixante autres savants aboutirent à la publication des "Tables sultaniennes" (Zij-é solTâni, en persan), parues en 1437 mais améliorées par Ulugh Beg jusque peu avant sa mort en 1449. Les données des Khaqani zij y furent bien sûr utilisées. La précision de ces tables restera inégalée pendant plus de 200 ans, et furent utilisées en occident. Elles contiennent les positions de plus de 1 000 étoiles. Leur première traduction date d’environ l’an 1500, et fut réalisée à Venise.(d'après Wikipédia)

Des noms arabes sont alors données aux étoiles. Refusant les noms poétiques ou légendaires, Ulugh Beg utilise des périphrases permettant de situer l'astre dans la constellation. Quelques exemples de noms d'origine arabe : Algol : l’ogre .  Aldébaran : le serviteur, la suivante • Algenib : l’aile (de Pegase), le flanc • Alioth : la queue grasse • Alnitak : la ceinture • Altaïr : le vautour ou l’aigle volant • Albireo : l’oiseau • Alcor : le golfe, le cheval noir, le taureau • Bételgeuse : l’épaule du géant • Dubhe : l’ours • Dénébola : la queue du lion • El Nath : le coup de corne • Enif : le naseau (de Pégase) • Caph : la main • Déneb : la queue • Formalhaut : la bouche du poisson • Megrez : la racine de la queue • Merak : le bas ventre • Mirfak : le coude • Mizar : la robe • Phecda : la cuisse • Rigel : le pied • Saïf : l’épée • Véga : le vol de l’aigle, le vautour qui s’abat .

Les  Tables alphonsines.

Ce sont des tables astronomiques composées par ordre d'Alphonse X, roi de Castille en 1263-1276 par une équipe de lettrés, connue comme École de traducteurs de Tolède. Elles contiennent les positions observées des corps célestes à Tolède depuis le 1er janvier 1252, année du couronnement du roi Alphonse X, avec une précession de 17°8 par rapport aux positions de Ptolémée. Une traduction en latin fut réalisée à Paris vers 1320-1321 par Jean de Murs et Jean de Lignères et un mode d'emploi ou Canon fut écrit par Jean de Saxe en 1327.La première édition imprimée des tables alphonsines est apparue à Venise en 1483. Une seconde édition à Venise en 1492 introduit dans le Catalogue 29 nouveaux noms d'étoiles en arabe.

L'influence des Tables s'est fait sentir dans toute l'Europe à travers une révision française du début du XIVe siècle, et leur utilisation s'est poursuivie jusqu'à la Renaissance. Les tables alphonsines ont fait l'objet de plusieurs éditions, dont une des plus appréciées était celle de Paschasius Hamelius, professeur au Collège de France à Paris, qui a été publiée en 1545 et 1553.

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2. Les représentations du ciel étoilé.

Elles évolueront depuis les illustrations poétiques des constellations sans prétention de respect du positionnement des étoiles vers les atlas célestes (ou cartographie stellaire, ou uranographia) liée à l'astrométrie.

a) Traduction des Phénomènes d'Aratus.

Alors qu'à l'époque de Ptolémée ont été réalisées des représentations des constellations sur des globes célestes,  des manuscrits en latin illustrant la traduction des Phaenomena d'Aratus comportent des cartes du ciel avec les 48 constellations.

Ainsi le Ms Harley 647 de la British Library, folio 8 : Orion

http://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=6561

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Ms Harley 647 de la British Library, Folio 10v-11r : Piscis et Perseus 

 

b) Les manuscrits arabes.

Je citerai le  Kitâb suwar al-kawâkib al-thâbita (Catalogue des étoiles fixes) d' Abd al-Rahmân al-Sûfi, consultable sur Gallica réf. BnF, département des Manuscrits, arabe 2489. " Référence durant des siècles dans le monde islamique, ce traité d’astronomie a été composé par l’éminent astronome al-Sûfi en 965 à la cour d’Ispahan, sur la demande de l’émir bouyide ‘Adud al-Dawla. Il décrit les constellations en s’inspirant du système grec de Ptolémée, adapté en arabe au IXe siècle, selon lequel les sept « planètes », la Lune, Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter et Saturne, tournent autour de la Terre, située au centre du cosmos. Une huitième sphère est composée d’étoiles fixes, dénommées ainsi car la distance entre elles, quel que soit l’endroit où l’on se place, reste inchangée. AI-Sûfi décrit quarante-huit constellations, représentées chacune par une figure identifiable. De nombreuses copies illustrées du Catalogue ont été diffusées entre le XIe et le XVIIIe siècle.
Ce manuscrit, copié sous les Seldjoukides, suit les modèles grecs en les modifiant un peu : chaque constellation est dessinée à l’encre noire sous deux angles, selon que l’astronome la voit dans le ciel ou sur le globe terrestre. Les points rouges représentent les étoiles. Au verso du feuillet 70, Andromède est représentée avec un poisson, élément emprunté au ciel des anciens nomades arabes."  
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8406151k   

La constellation d'Andromède Bnf arabe 2489 folio 70v :http://expositions.bnf.fr/islam/grand/isl_018.htm

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c) Le manuscrit de Vienne de 1440.

http://www.atlascoelestis.com/MS%205415fol168%20Pagina.htm

Cette œuvre d'un anonyme est conservé à la Bibliothèque nationale d'Autriche à Vienne  sous le code MS 5415. Ce sont deux feuillets dont l'un, le  folio 168 r , est un Planisphère boréal pour le ciel du nord et l'autre, le folio  170 r pour le ciel du sud, est presque carré, ses côtés mesurant 31 cm par 28,5.  

 Les noms des constellations sont y portées en latin  tandis que pour les noms des étoiles  prévalent ceux d'origine arabe.

  L'origine de ces deux pages manuscrites, datant de 1440, est  inconnue mais les chercheurs suggèrent le nom de Johannes von Gmunden (environ 1384 à 1442), astronome et mathématicien autrichien, en raison des  affinités de ces planches avec un catalogue d'étoiles définitivement attribué à Johannes von Gmunden, et recueilli dans le même manuscrit MS 5415 Folio 217 à 251. Ce catalogue d'un relevé de l'année 1424 des coordonnées de 1025 étoiles ptolémaïques selon la version de Gérard de Crémone, semble copié d'une version des Tables alphonsines puisque  les longitudes sont majorés par précession par rapport au positions ptolémaïques de 18° 56' soit 1°48' par rapport aux données des Tables alphonsines.

L'auteur du manuscrit de Vienne aurait utilisé un catalogue récent, le Khaqani Zij écrit par l' astronome de Samarcande al-Kashi. Le lien possible entre le manuscrit de Vienne et le travail des astronomes de Samarcande est en outre soutenu par l'utilisation des noms arabes de nombreuses étoiles, dont certains sont utilisés ici pour la première fois en Occident (liste selon P. Kunitzsch 1986)

α UMi : Alrubaca

α UMa : Dubhe

η Uma : Elkeid & Bennenazc

γ Dra : Rasaben

α Cep : Alderaimim

α Lyr : Wega

α Cyg : Denebabigege

α Cas : Scheder

α Per : Alchemb

α Oph : Rosalaugue

α Tau : Aldebaran

β Gem : Rasalgense

β Leo : Denebalezeth

α Sco : Cabalatrab

γ Cap : Denebalchedi

α PsA : Fomahant

α Cet : Menkar

ζ Cet : Batenkaiton

β Cet : Denebcaiton

α Ori : Beldelgenze

γ Ori : Bellatrix

β Ori : Algebar, Rigel.

Τ2 Eri : Angentenar

θ Eri : Acarnar

κ Pup : Markeb

α Hya : Alphart

α Crt : Alhes

γ Crv : Algorab.

L'écliptique est divisé en segments d'une trentaine de degrés dont l'alternance est mis en évidence par la couleur des encoches, le premier noir puis le second rouge;curieusement le calcul de degrés à l'intérieur des segments est mesurée par une progression rare des six par six.

 

Le Manuscrit de Vienne,  est sans doute plus informatif et plus original que les planisphères de 1503 et 1515 qui vont suivre, comme en témoigne la présence de la Voie Lactée, du cercle équatorial et des cercles polaires, la corrélation des positions stellaires avec la référence de la grille, la numérotation de chacun six degrés, le nom des étoiles et l'originalité de la représentation du style des constellations. Tous ces éléments combinés ensemble en font un archétype à partir de laquelle même  Durer ne pourrait s' abstenir de s'inspirer pour réaliser ses deux cartes les plus connues (D'après Felice Stoppa).

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d) Deux manuscrits de 1503.

Il s'agit de deux formats carrés de 67 cm de coté, conservés maintenant au Germanisches Nationalmuseum de Nuremberg sous la référence n°. 5576 Hz et  5577 Hz, Un cartouche rectangulaire dans le coin supérieur droit de l'hémisphère Sud mentionne Konrad Heinfogel pour la position des étoiles.

Il s'agit certainement un précurseur de l'œuvre de Dürer qui sera présentée infra, car elle partage la même régle de la grille de référence, utilise la même projection, par rapport aux planches de Dürer ;cependant, elle est enrichie par la présence des projections des deux cercles polaires, alors que manque la figuration de la Voie Lactée. L'interprétation stylistique des constellations, très schématique et rigide, est dans certains cas très naturaliste, comme par exemple le cratère dans l'hémisphère Sud représenté comme une baignoire en bois, ce qui ne donne pas l'impression que l'auteur pourrait être  Durer. Cependant la paternité lui est attribué par certains historiens de l'art, qui voient des similitudes entre les images allégoriques entourant les cartes avec les œuvres tardives de l'artiste. (D'après Felice Stoppa)

Selon Felice Stoppa, il est plus probable que ce soit là le travail de mise en place technique fait par le mathématicien et l'astronome Heinfogel, que Durer utilisera pour réaliser ses xylographies de 1515.

 

https://heavenastrolabe.wordpress.com/2010/11/06/the-starred-sky-in-science-and-art-the-early-fifteenth-century-representations-of-the-ptolemaic-stars-catalogue/

 

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d) Albrecht Dürer, 1515, Imagines coeli septentrionales et meridionales, deux gravures du ciel nocturne, l'une pour le ciel du Nord et l'autre pour le ciel du Sud.

http://www.atlascoelestis.com/durer.htm

 Les deux gravures reproduisent en stéréographie polaire convexe les projection de deux voûtes étoilées représentées par des cercles de 35 cm, ayant comme centre la projection de leurs pôles écliptique et comme circonférence la projection de l'écliptique. 

Les  cartes célestes des hémisphères nord et sud d' Albrecht Dürer  gravées en 1515  étaient très précises pour leur époque, combinant exactitude de starométrie avec les figures de la constellation classiques. Elles mélangent les sources anciennes et modernes,  intégrant des informations de Aratus, de Ptolémée, de  Marcus Manilius  et Al-Soufi, dont les portraits apparaissent dans les coins  de la carte de l'hémisphère Nord (Aratus Cilix, Ptolemeus Aegyptus, M. Manilius Romanus et Azophi Arabus)  . Dürer était en fait un astronome passionné, et possédait  un observatoire au sommet de sa maison à Nuremberg.  

La carte nord est la plus riche en étoiles, et elle est la seule à comporter les constellations du zodiaque, indiquées par leur nom et leur symbole astrologique. La carte sud comporte   les constellations d' Argonavis , Centaurus, Canis, Canis minor et bien sûr d'Orion, bien visible au dessus de l'horizon dans l'hémisphère nord en hiver. Dürer a réalisé ces cartes sous le patronage de l'empereur Maximilien Ier et du cardinal Matthäus Lang von Wellenburg de Salzbourg, en coopération avec l'astronome royal de Maximillien, le cartographe, mathématicien et historien de la cour Johannes Stabius (1460? 1522) et l'astronome Konrad Heinfogel (de 1455 à 1517) de Nuremberg, qui a fait les calculs astronomiques. Le blason du cardinal Lang, qui deviendra plus tard prince-archevêque de Salzbourg, figure en haut à gauche de la carte sud. Les blasons de  Dürer, de Stabius et de Heinfogel se trouvent en bas à gauche de la carte, et on lit l'inscription Ioann Stabius ordinavit, stellas Conradus Heinfogel posuit la circumscripsit de Albertus Dürer.

 

Les constellations, toutes nommées, sont dessinées  comme  vues de l'extérieur du ciel (de projection convexe). Le Cygne y est encore nommé Avis, ("Oiseau") dans la tradition d'Aratus. Les étoiles ne sont pas nommées, mais sont identifiés par un numéro suivant l'Almageste de Ptolémée. Les coordonnées et le placement des étoiles sur les plaques ont été traités par deux astronomes de l'époque, Stabius et  Heinfogel.

Les planches, qui se servent du Manuscrit de Vienne de 1440 comme source, ont eu l'avantage de constituer la première représentation imprimée et donc à large diffusion du ciel alors connu. Le document est remarquable par sa clarté le rendant très facile à consulter et à mémoriser.

Une autre version de ces cartes sera gravée par Dürer en 1527.

Dürer, 1515, Imagines coeli Septentrionales cum duodecim imaginibus zodiaci, Norimberga 1515 ,

 https://www.rijksmuseum.nl/en/collection/RP-P-OB-1493

 

http://www.atlascoelestis.com/durer.htm

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DÜRER 1515, : Imagines coeli Meridionalis, gravure sur bois, Munich, Staatl.graph.Sammlung 

https://www.rijksmuseum.nl/en/collection/RP-P-OB-1494

 

http://www.raremaps.com/gallery/enlarge/33676op

http://www.atlascoelestis.com/durer.htm

 

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e) Peter Apian, ciel nocturne en une seule carte.

Pierre Apian, né vers 1495, a été professeur de sciences mathématiques à l'Université d'Ingolstadt en Bavière de 1527 jusqu'à sa mort en 1552. Il a publié deux versions d'une carte céleste décrivant les 48 constellations ptolémaïques, dont le dessin se ressent fortement de l' influence des gravures de Dürer.

La première, parue en 1536 à Ingolstadt, fut imprimée sur un feuillet isolé de 42 x 30 cm sous le titre Imagines syderum coelestium et avec l'emploi de caractères gothiques pour le titre et certains noms. Toutes les constellations sont montrées comme si elles étaient vues sur un globe céleste, avec une disposition inversée par rapport aux vues habituelles. 

 La seconde, en 1540, faisait partie de l'Astronomicum Caesareum d'Apian. Les dessins sont strictement identiques, mais le titre et les noms figurent en caractères romains, la plupart des figures sont peintes en couleur, mais surtout, on y trouve deux nouveaux noms arabes absents de l'épreuve de 1536 : Angentenar en Eridan (près d'Acarnar qui était déjà indiqué en 1536) et Yed en Ophiucus. De même, deux nouveaux noms latins apparaissent, ceux des étoiles Dorsum et Ceruix de la constellation du Lion (Leo).

 

 

 

Outre ces deux versions d'une même carte, Pierre Apian avait publié en 1533 une autre carte dans deux ouvrages sortis de son imprimerie d'Ingolstadt, son Horoscopion generale, et son Instrument Buch. On n'y trouve, à des fins didactiques, que les constellations de l'écliptique, du Taureau au Scorpion, mais son intérêt vient de la présence de figures inhabituelles : trois femmes face à une autre femme assise sur un sofa (au lieu de la Petite Ourse) ; un berger avec un chien et un mouton (au lieu de Céphée); quatre dromadaires en entourant un plus jeune ; et un anneau de plume entourant deux étoiles à leur base. Ces images de tradition non ptolemaïque viennent du Livre des constellations (vers 964 ap. J.C) d'Al-Sufi, nommé Azophi par Apian comme Dürer déjà en 1515. (d'après Paul Kunitzscht, 1987)

https://books.google.fr/books?id=FdZfAAAAcAAJ&pg=PT22&dq=Angentenar&hl=fr&sa=X&ved=0CEUQ6AEwBmoVChMIhsXbmbjfxwIVAWsUCh2fGQd4#v=onepage&q=Angentenar&f=false

 

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: http://collections.rmg.co.uk/collections/objects/551748.html

 

 

 

 

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DISCUSSION.
 


Après cette longue présentation, il est temps de revenir à l'enluminure d'Hans Mielich. De nombreux arguments montrent que le peintre de la cour du duc Albert V à Munich s'est inspiré directement de la carte qui figure dans l'Astronomicum Caesarum de Pierre Apian publié en 1540. Certes le peintre n'a pas eu la prétention de livrer un document à usage astronomique, et il a conformé les astérismes aux exigences de mise en page autour des deux encarts de la partition musicale. Mais en s'inspirant des figures de la Carte céleste la plus récente alors disponible, et en en respectant scrupuleusement la nomenclature, il a flatté l'intérêt de son commanditaire Albert V pour l'astronomie, tout en intégrant cette science dans l'hommage à la création rendu par le  Motet. Les paroles du psaume 148 "Louez-le Seigneur, soleil et lune, Louez-le, vous toutes étoiles lumineuses ! Louez-le, cieux des cieux !" intègrent, sous l'effet de cette utilisation par Mielich d'un document scientifique, la connaissance humaine à ces louanges des astres. En outre, par le biais de la catastérisation, par lequel les héros antiques accédaient à l'immortalité en étant projetés comme figure d'une constellation, c'est tout le monde mythologique pré-chrétien qui se trouve intégré dans ce chant de louanges. Ou encore, c'est la façon dont l'homme s'est approprié le ciel étoilé en le rendant familier par les figures de son imagination qui "rend louange au Créateur", ou, en d'autres termes plus laïques, qui  célèbre le génie créatif et poétique humain, et participe à l'émotion et à l'expansion de l'âme de celui qui contemple le firmament,.

Dans une splendide synthèse, le manuscrit réunit dans une même image le génie de la poésie biblique, celui de la musique polyphonique de Roland de Lassus et de l'école franco-flamande, le talent de calligraphie de Jean Pollet, la tradition miniaturiste de Bruges-Gand, et le talent personnel de Hans Mielich, par l'aboutissement d'un travail d'équipe animé par les grands collectionneurs passionnés d'arts et de sciences que furent Hans Fugger, Samuel Quickelberg, le duc Albert V de Bavière et la duchesse Anne d'Autriche.

Les arguments qui permettent d'affirmer que Hans Mielich s'est strictement inspiré de la carte de Pierre Apian de 1540 sont nombreux.

  •  Proximité de la date de conception et réalisation de l'enluminure (1565-1570) avec la date de parution de l'Astronomicum Caesarum.
  • Proximité du lieu d'édition de l'ouvrage, à Ingolstadt, avec celui de fabrication du manuscrit, à Munich. Avant Albert IV, le duché de Bavière était divisé en Bavière-Munich, Bavière-Ingolstadt et Bavière-Landshut mais le duché fut réunifié en 1505.  Ingolstadt, échue aux Wittelsbach, devint en 1472 la première université de Bavière.

  •  Intérêt du duc Albert V pour tous les arts, les collections (livres, cartes, monnaies) et les sciences, ce qui l'amena plus tard à racheter la bibliothèque de Hans Fugger d'Augsbourg. On peut penser que l' Astronomicum Caesarum figurait dans la bibliothèque ducale. L'ouvrage est d'ailleurs conservée actuellement par la  Bayerische Staatsbibliothek avec un ex-libris Ex electorali bibliotheca serenissimorum utriusque Bavariae ducum et les armoiries au collier de la Toison d'or (il est numérisé VD16 A3075)

  • Relations privilégiées entre Raymond Fugger et Pierre Apian, mais surtout, relations très argumentées entre Philippe Apian, fils de Pierre, et le duc Albert V. En 1568, Philippe Apian a réalisé la première carte de la Bavière. 

  • L'argument essentiel, nécessaire et suffisant, est la parfaite concordance entre les deux cartes, tant dans les caractéristiques des figures des constellations (simplement transformées par l'art supérieur du peintre), que dans les noms des constellations et des étoiles, y compris dans certains détails qui, parce qu'ils sont anecdotiques, sont d'autant plus signifiants.

Faire la liste des concordances entre les deux cartes est un jeu passionnant, car il donne accès à une connaissance approfondie de l'astronomie de la Renaissance et aux influences arabes, mais la règle de ce jeu s'avérant unique et constante (Mielich a suivi Apian dans tous les détails), je vais flâner en m'arrêtant là où bon me semble.

J'ai fait largement appel dans cette mise en parallèle aux images et au travail de Felice Stoppa sur  www.atlascoelestis.com

 http://www.atlascoelestis.com/apianus%20013.htm

 

 

 

Pierre Apian, Carte céleste 1540, Astronomicum Caesarum page 18, http://www.atlascoelestis.com/Zagrebelsky/Astronomicum%20Caesareum[1].pdf

Pierre Apian, Carte céleste 1540, Astronomicum Caesarum page 18, http://www.atlascoelestis.com/Zagrebelsky/Astronomicum%20Caesareum[1].pdf

Eridanus

Dans le fleuve Eridan nage une femme nue. Mielich indique le nom de la constellation, Eridanus, et celui de deux étoiles, Acarnar et Angentenar. Si Acarnar figurait sur la carte d'Apian de 1536, par contre Angentenar ne figure que sur la carte de 1540 : confirmation que Mielich a eu accès à la carte de l'Astronomicum Caesarum. Cette femme est une féminisation de Phaéton, le fils du Soleil qui perdit le contrôle du char de son père. Voici comment Ovide, dans le Livre II de ses Métamorphoses (324), raconte la fin du drame :

 "Phaéthon, dont les feux consument la blonde chevelure, roule en se précipitant, et laisse, dans les airs, un long sillon de lumière, semblable à une étoile, qui, dans un temps serein, tombe, ou du moins semble tomber des cieux. Le superbe Éridan, qui coule dans des contrées si éloignées de la patrie de Phaéthon, le reçoit dans ses ondes, et lave son visage fumant."

 

 

Chez Pierre Apian (1540):

http://www.atlascoelestis.com/apianus%20013.htm

 

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Eridanus, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

Eridanus, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

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Eridanus, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

Eridanus, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

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CASIOPEA, Cassiopée. CEPHEVS, Céphée. ERICHTONIVS, l'Aurige ou Erichton.

— Cassiopée  : Apian écrit Cassiopea, mais Mielich écrit Casiopea. Chez le peintre de Munich, la reine Cassiopée prend l'allure d'un enfant nu, potelé et joufflu, tenant une palme dans la main droite et levant le bras gauche, les seuls indices de sa royauté étant que son front est ceint d'une couronne et qu'il est assis sur un trône qui flotte dans la Voie Lactée. Son époux Céphée, qui lui fait face, semble lui présenter un miroir.

Apian écrit dans son Astronomicum Cassiopeam deinceps intuere, Throni, Sellae, Siliquastri nomen obtinentem, astrum pectori inest, Ghaldaeis Scheder dicitur, Sydus hoc semper conspicuum manet.

"Elle fut anciennement nommée Throni, Sellae [la Chaise ou le Trône] , ou Siliquastri (la Gousse ?). L'étoile de sa poitrine est dite  Scheder par Ghaldaeis (?)."

Citée par Aratus de Soles dans ses Phénomènes ["Devant Céphée tourne avec le ciel la malheureuse Cassioppée, qui paraît à peine dans une nuit éclairée par la lune, car les étoiles peu nombreuses dont elle est parsemée ne la font pas beaucoup apercevoir, celles de ses étoiles qui sont comme les deux moitiés d'une traverse qui tient une porte fermée en dedans, représentent ses bras étendus et élevés de chaque côté, comme si elle déplorait le sort de sa fille".], puis par Ptolémée dans l'Almageste, la constellation représente la reine Cassiopée dans la mythologie grecque, femme de Céphée et mère d'Andromède, à côté desquels elle se trouve. Elle est placée sur un trône (Germanicus, Hyginus), et placée de telle sorte qu'elle se couche renversée, et la tête la première , comme pour punir son impiété, dit Hyginus. Sa position sur un trône la fit appeler la femme du trône (Bayer, Germancus César), et même simplement le Trône (Pline). On la nomme aussi la Chaise (Hyginus) : car elle présente la forme d'une chaise renversée, et d'une clef (Théon). On lui donna donc encore les noms de Cathedra mollis, Mulier sedis, Siliquastri, Siliquastrum, Seliquastrum, Sella, Solium, Sedes regalis, Thronos, Cathedra, Canis, Cerva, Mulier habens palmam de libutam (Tables Alphonsines) ,Domina sellae. 

Ulugh-Beg appelle l'étoile de la poitrine, Dat al chursa; celle du milieu du trône Caph al chadib. La suivante de la poitrine prend aussi le nom de Sadr ou Setier; par corruption, Scheder et Schedar, Zedaron. Riccioli lui donne une espèce de verge ou de palme, et une ceinture. Nonnus lui donne l'épithète d'infelix, ainsi qu'Aratus. (Dupuis).

 

http://www.atlascoelestis.com/apianus10%20cost.htm

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— Cepheus : http://www.atlascoelestis.com/apianus%2004%20cost.htm

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— Erichtonius

http://www.atlascoelestis.com/apianus%2012%20cost.htm

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Persée, Erichton, Cassiopée, Céphée ;  Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

Persée, Erichton, Cassiopée, Céphée ; Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

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Bootes (Bouvier)

Il tient chez Mielich trois chiens par de longues laisses, comme dans la carte d'Apian. Paul Kunitzsch y voit un élément précursur de Canes Venatici qui sera élevé au rang d'une constellation propre un siècle et demi plus tard par Hevelius. Sur la carte de 1533, Apian fait figurer deux chiens, tenus par de courtes laisses dans la main droite. Mielich s'est bien inspiré de la carte de 1540. Mais il a inversé le geste, et le Bouvier lève ici la main droite, alors que la lance et les chiens sont tenus à gauche.

Curieusement, Apian parle dans son texte non de chiens mais de trois ânesses : sicut ex tribus, quae sinistrae debentur,  tres asellas. Asella , "petite ânesse", est un diminutif d'asina. Voir Kunitz 1986 Peter Apian und Azophi :

https://www.yumpu.com/de/document/view/7493094/peter-apian-und-azophi/19

 

Par Pierre Apian 1540 :http://www.atlascoelestis.com/apianus%20013.htm

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Bootes, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

Bootes, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

Orion.

Il porte un casque (un Morion !). il semble chevaucher ou emjamber le Lièvre. Mielich nomme l'étoile Rigel, comme Apian.

Celui-ci écrit que les trois étoiles alignées qui forme la ceinture d'Orion sont communément nommées Bâton de Jacob (Sancti Jacobi baculum). En effet, on nomme "bâton de Jacob" l'albalestrille, ancien instrument mesurant les angles en astronomie. Or, l'alignement des trois étoiles de la ceinture d'Orion à partir de Sirius mène droit vers Aldébaran.

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Chez Pierre Apian (1540) http://www.atlascoelestis.com/apianus%2034%20cost.htm : 

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Orion, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

Orion, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

Argonavis.

C'est pour moi la figure la plus belle de l'enluminure de Mielich, et ce navire des Argonautes semble tracer son sillage muet dans le silence de la nuit comme s'il transportait nos rêves. L'allure générale, l'emplacement en bas de la page, la situation relative par rapport à Hydra et l'inscription ARGONAVIS viennent bien d'Apian, mais le peintre a fait du vaisseau une galère portant le pavillon du royaume de Jérusalem, comme si elle participait dans les Cieux à une croisade pour la défense du Royaume de Dieu sur terre. Surtout, il a inversé la poupe et la proue : ce qui correspondait à un gouvernail tribord surmonté d'une porte devient chez Mielich peu ou prou l'éperon de la trirème, surmonté d'un canon ; le château arrière d'Apian devient un groupe de cabanes ; seize rames frappent l'eau ; deux mâts verticaux sont enverguées de voiles latines. Bref, Hans Mielich a peint ici une galère méditerranéenne (Vénitienne) contemporaine, telle qu'on la trouvait vers 1550, et qui se caractérise par "leur forme de fin fuseau, long de 35,50 m pour une largeur de 7,50 m,c par leur tirant d’eau de 1,25 m, et leur voilure latine de 320 m². Son étrave porte une sorte de rostre jouant le rôle d’éperon ; elle est armée de six canons dont quatre de chasse. Deux cents hommes à bord, 20 marins, 80 soldats, 100 rameurs, sous la férule du redoutable comite. Certains d’entre eux ne sont pas des condamnés mais des volontaires appelés bonnevoglies. La Galère  navigue à la voile lorsque le temps le permet, mais en cas de calme plat ou d’action de guerre, elle marche à la rame, maniée par les galiots de la chiourme. Sur cette Galère vénitienne on ne compte qu’un seul rang de rameurs. Sa silhouette est superbe, élégante et racée, montrant sur l’arrière le salon luxueux réservé au capitaine et appelé tabernacle. " (source ici)

Galère par Pierre Puget vers 1655.

Le "tabernacle" surmonté d'un lanternon est couvert de draps d'or frappés au centre d'un médaillon avec un animal dressé sur ses pattes arrières (Lion de Venise ?)

 

 

Par Pierre Apian 1540 : http://www.atlascoelestis.com/apianus%2039%20cost.htm

Argonavis, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

Argonavis, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

Equus minor.

Juste devant Pégase, peint comme un  cheval blanc, Mielich a figuré un cheval bai, réduit à sa moitié antérieure qui émerge de nuées ; cet astérisme ne comporte que quatre étoiles, deux à la tempe et au front, et deux près du museau. On lit la mention EQVVS MINOR. Là encore, nous trouvons (mais sans le talent de l'enlumineur) la même disposition chez Apian. La constellation du Petit Cheval Equuleus est aujourd'hui composée de trois étoiles de magnitude faible.

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Apian 1540 http://www.atlascoelestis.com/apianus%2017%20cost.htm

 

 

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Al-Ṣūfī (903-986), :Kitāb Ṣuwar al-kawākib

 

 

Al-Ṣūfī, Kitāb Ṣuwar al-kawākib  (ca1010), Oxford,  http://bodley30.bodley.ox.ac.uk:8180/luna/servlet/detail/ODLodl~23~23~124045~142506:Equus-minor,-the-lesser-horse---Con

Al-Ṣūfī, Kitāb Ṣuwar al-kawākib  (ca1010), Oxford, http://bodley30.bodley.ox.ac.uk:8180/luna/servlet/detail/ODLodl~23~23~124045~142506:Equus-minor,-the-lesser-horse---Con

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Equus Minor,  Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

Equus Minor, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

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LIRA, la Lyre.

Hans Mielich a une façon bien curieuse de représenter la constellation de la Lyre, dans laquelle les astronomes grecs reconnaissaient une kithara, équivalent à peu près à notre lyre. Car nous voyons ici un oiseau-lyre, ou plutôt un oiseau-violon. Mielich n'a rien inventé, et il a copié Apian qui avait copié Dürer :

 

Voici ce qu'écrit Paul Kunizscht :

"Une attention particulière doit être portée à la Lyre, placée directement en dessous des « Cinq Chameaux » sur la carte de 1533, car elle est dessinée comme un gros oiseau avec un instrument de musique ressemblant à une viole devant son ventre. Nous sommes ici aussi en présence d'une influence arabe : l'étoile alpha Lyrae est appelée par les arabes al-nasr al-waqi (devenu notre Vega !), communément traduit en latin par Vultur cadens, « L'Aigle chûtant ». Par conséquent, ici, la figure d'un aigle est dessinée (figure qui, à la base, est arabe), auquel est ajouté un instrument de musique afin de restituer l'idée classique de Lyre. Mais ce n'est pas une invention d'Apian. Exactement la même représentation de la Lyre avait été donnée auparavant par Dürer en 1515, et elle est purement répétée par Apian tant dans sa carte du ciel de 1540 que dans sa carte « extraordinaire » de 1533. Dürer, à son tour, n'avait pas compris le mot Lyre dans le sens classique du mot, mais avait pris plutôt l'instrument comme l'instrument à cordes nommé « lira » par les italiens contemporains de la Renaissance, ou plus complétement « lira da braccio », de la famille des violons. Ainsi il conçut la figure de la Lyre comme une combinaison extraordinaire de l'ancienne conception arabe, et de la lira da braccio de la Renaissance italienne. Johannes Bayer reprit une figure similaire dans son Uranometria de 1603 pour la Lyre, mais il dessina l'instrument comme une lyre réelle, et non comme la lira de la Renaissance. »

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Chez Pierre Apian (1540) avec l'orthographe LYRA : http://www.atlascoelestis.com/apianus%2008%20cost.htm

 

 

 

 

 

 

 

La Lyre, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

La Lyre, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

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Ursa Major et Ursa Minor. Grande Ourse et Petite Ourse.

VRSA MAIOR.

.Comme dans la carte d'Apian de 1540, Mielich a donné comme nom de la constellation de la Grande Ourse celui d'URSA MAIOR PLAVSTRVM.

De la même façon encore, il a précisé la position de 22 étoiles environ (Apian en compte 27) en différenciant les 7 étoiles principales par des astérisques plus grandes, et les 15 autres par des astérisques plus petits.

Mais il a donné le nom de quatre étoiles ; outre  DUBHE  (α UMa), ALKOR (80 UMa), ALIOTH  (ε UMa), il a placé le nom  DORSUM entre les deux pattes. Or, cela correspond à une copie sans dicernement de la figure d'Apian, car Dorsum appartient en réalité à Leo, le Lion, qui figure chez Apian juste en dessous de la patte postérieure de l'Ourse.

 

Par contre, Mielich n'a pas indiqué le nom de Benenatz, η UMa.

Apian, dans son texte, donne les noms de la constellation (Ursa maior, Arctos maior, Plaustrum maius, Hamaxa, Helice, Calisto, Maior septentrio), puis ceux de quelques étoiles comme Alioth, Benenatz ou Benenaim. Il précise que l'étoile du milieu de la queue (celle qui double Mizar, qu'il ne cite pas) est nommée par les Arabes Alcor "c'est-à-dire, le petit cavalier" (quam Arabes Alcor, id est, parvum equitem vocant), et la faiblesse de taille et d'intensité de cette étoile est à l'origine d'un proverbe arabe qui dit "Tu vois Alcor, et tu ne vois pas la pleine lune" , autrement dit, tu vois le détail minuscule, et tu ignore le motif principal, tu t'interesses à des bagatelles, et non aux faits majeurs.

Adagium. Vidisti alcor, sed non lunam plenam. Ultra has insidere videtur ad huc mediae caudae stella minutissima quaedam, quam Arabes Alcor, id est, parvum equitem vocant, imbecillioribus non adeo aciebus obvia, unde adagium natum apud Arabes, vidisti alcor, sed non Lunam plenam. 

Kunitz discute page 122 de ce proverbe qu'il donne sous la forme "Je lui montre [l'étoile] al-suha, et il me montre la Lune", dont le sens devient alors différent.

Alkor est nommée par les Arabes  سها (Suha), ce qui signifie soit la «l'oubliée» ou «la négligée».

Plaustrum signifie en latin (Gaffiot) "charriot", mais aussi "en Astronomie : Constellation du Chariot." avec une citation du Livre X des Métamorphoses d'Ovide, vers 447  flexerat obliquo plaustrum temone Bootes

 

 VRSA MINOR , la Petite Ourse, est figurée par Mielich à l'envers, les deux ourses étant tournées dans le même sens (les deux casseroles ayant le manche dirigé vers la droite) alors que ces formes sont inversées chez Apian, et dans le ciel. Mielich a privilégié la cohérence artistique de son enluminure en représentant toutes les figures horizontalement face au lecteur.

 Mielich n'indique pas l'étoile polaire  (α Ursae Minoris ) à l'extrémité de la queue de la Petite Ourse, alors qu'Apian indique Stella polaris, et le nom arabe Alrukaba.

 

 

http://www.atlascoelestis.com/apianus%2001%20ursa%20minor%201.htm

 

http://www.atlascoelestis.com/apianus%2002%20ursa%20Major.htm

 

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Ursa Major et Ursa Minor, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

Ursa Major et Ursa Minor, Hans Mielich, 1570, enluminure de la partition du Motet Laudate Dominum de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII folio 157, document Bibliothèque Nationale de Bavière.

 Rosa Triche et Crines Berenices .

Sous les pieds d'Hercule, Mielich a peint une fleur à cinq pétales, avec au dessus une inscription à demi-effacée où je crus lire SOSA, et en dessous une autre inscription TRICHE. 

A la gauche de cette fleur, des étoiles peu distinctes reçoivent le nom de CRINES BERENICES.

La comparaison avec la carte d'Apian permet de rétablir le sens de la peinture, car il faut lire Rosa désignant la fleur, et Crines Berenices Triche devant un astre dessiné par une sorte de soleil centré par un point.

"Rosa" Rosa apparaît pour la première fois dans la carte d' Apian de 1536: Imagines Syderum Coelestium . 

Apian écrit dans Astronomicum Caesarum sous le titre en marge Rosa. Triches. : 

Videntur etiam aliae stellae juxta Leonis caudam, e quibus altera Triches, altera Rosa dicitur. Triches nebulosa est, quae crines Berenices quoque dicitur, Trichasenim graeci crines vocant. Oritur 9 augusti, 27 septen. Occidit, Rosa 18 august, 15 novembris occidit

 

Je tente de traduire par :

"D'autres étoiles se voient près de la queue du Lion, qui sont appelées l'une Triches, et l'autre Rosa. Triches est une nébuleuse, dite aussi "Crines Berenices", ou "Trichas" par les grecs. Elle apparaît le 9 août et disparaît le 27 septembre, et Rosa apparaît le 18  août et disparaît le 15 novembre. "

 

Selon Hyginus, la reine Bérénice avait fait vœu d'offrir sa chevelure à Aphrodite si son époux Ptolémée III revenait vivant de sa lutte contre Séleucos II. L'offrande fut faite en 243 av. J.C., mais la chevelure disparut dès le lendemain et, devant la colère du roi,  l'astronome de la cour, Conon de Samos, annonça que l'offrande avait tellement plu à la déesse qu'elle l'avait placée dans les cieux ; il montra au couple royal un amas d'étoiles qui est maintenant appelé Coma Berenices, la Chevelure de Bérénice. Auparavant, l'astérisme était considérée, notamment par l'Almageste de Ptolémée, comme l'extrémité de la queue du Lion.

Les étoiles les plus visibles de cet amas de faible amplitude constituent le diadème de Bérénice, sa couronne.

 

 

 

:

http://www.atlascoelestis.com/Pietro%20Apiano.htm

 

Rosa,  Triche et Crines Berenices.

Rosa, Triche et Crines Berenices.

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SOURCES et LIENS.

— compilations de sites et liens : http://www.staff.science.uu.nl/~gent0113/celestia/celestia.htm

— Société d'Astronomie de Rennes : http://www.astro-rennes.com/index.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_constellations 

APIAN (Petrus),1540, Astronomicum Caesareum Apian, Petrus Ingolstadii, 1540 : Deutsches Museum, München Signatur: 1927 C 4 : http://dx.doi.org/10.5079/dmm-63

 http://www.atlascoelestis.com/Zagrebelsky/Astronomicum%20Caesareum[1].pdf

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0008/bsb00084760/images/index.html?id=00084760&groesser=&fip=xdsydeayaxdsydxdsydyztsxdsydqrs&no=4&seite=1

 APIAN Petrus, FRISIUS Rainer Gemma 1553, La Cosmographie de Pierre Apian, Docteur Et Mathematicien Tres Excellent: traictant de toutes les Regions, Pais, Villes, & Citez du monde, Gaultherot,- 140 pages

https://books.google.fr/books?id=xdFZAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

APIAN (Petrus), Cosmographia, Bontius, 1553.

http://echo.mpiwg-berlin.mpg.de/ECHOdocuView?url=/permanent/library/PUBSU9QD/index.meta&start=51&pn=25

— ARATUS, Phaenomena, Manuscrit du 9ème siècle, traduction d'Aratus par Tullius Cicéron avec des extraits de l'Astronomica d'Hyginus, Diocèse de Reims : British Library London, Ms Harley 647, 22 figures en pleine page des constellations

http://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=6561

http://www.kristenlippincott.com/assets/Uploads/MSS-DESCRIPTIONS-CiCERO-London-BL-Harley-647-9-Feb-2012.pdf

— CAIOZZO (Anna) 2003, Images du ciel d'orient au moyen âge: une histoire du zodiaque  et de ses représentations dans les manuscrits du Proche-Orient musulman Presses de l'Université Paris-Sorbonne https://books.google.fr/books?id=X4bvch-aC4cC&dq=kit%C3%A2b+suwar+al-kaw%C3%A2kib+al-th%C3%A2bita&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— STOPPA (Felice) : http://www.atlascoelestis.com/durer.htm

 

— HUNT (Patrick), 2012,: "Albrecht Dürer’s 1515 Imagines Coeli Star Charts" , Electrum Magazine, July 20, 2012) http://www.electrummagazine.com/2012/07/albrecht-durers-1515-imagines-coeli-star-charts/

 — KANAS ( Nick)  Star Maps: History, Artistry, and Cartography https://books.google.fr/books?id=bae3LP4tfP4C&pg=PA91&lpg=PA91&dq=names+of+stars+islamic+1540&source=bl&ots=ui_D4iJMJA&sig=l8UAfi9zLVWTmLEZUi3J77S5nMI&hl=fr&sa=X&ved=0CDsQ6AEwA2oVChMI3rDwmJDYxwIVARIUCh0jnAoz#v=onepage&q=names%20of%20stars%20islamic%201540&f=false

 

 KUNITZSCH ( Paul), 1987, « Peter Apian and Azophi - Arabic Constellations in Renaissance Astronomy » Journal for the History of Astronomy, Vol.18, NO. 2/MAY, P.117,

http://adsabs.harvard.edu/full/1987JHA....18..117K

— KUNITZSCH ( Paul), 1986, : "Peter Apian und Azophi. Arabische Sternbilder in Ingolstadt im frühen 16. Jahrhundert". München: Verlag der Bayerischen Akademie der Wissenschaft 1986

https://www.yumpu.com/de/document/view/7493094/peter-apian-und-azophi/27

 

 KUNITZSCH ( Paul), 1986, The Star Catalogue Commonly Appended to the Alfonsine Tables,  Journal for the History of Astronomy, Vol.17, NO. 49/Mai, P. 89. http://adsabs.harvard.edu/full/1986JHA....17...89K
 

— Sur Philippe Apian : 

http://www.ensba.fr/presentations-collections/Allemagne16e/version_sans_JS/Philippus_Apianus.html

http://irfu.cea.fr/Sap/Phocea/Vie_des_labos/Ast/ast.php?id_ast=2617

— Sur Pierre Apian :

http://www.atlascoelestis.com/ApianusPaginabase1.htm

— Astronomie arabe : http://www.astrosurf.com/quasar95/exposes/astronomie_arabe.pdf

Al-SUFI : 'Kitāb ṣuwar al-kawākib (al-thābitah) :

http://bodley30.bodley.ox.ac.uk:8180/luna/servlet/view/search?q=Title=%22Kit%C4%81b%20S%CC%A3uwar%20al-kaw%C4%81kib%20(al-th%C4%81bitah)%20[Book%20of%20pictures%20of%20the%20(fixed)%20stars]%22&os=400

– Noms d'étoiles : 

Sites consultés :

http://www.constellationsofwords.com/Fixedstars.htm

https://www.pa.msu.edu/people/horvatin/Astronomy_Facts/star_names/starsA.htm

http://datab.us/i/List%20of%20Arabic%20star%20names

http://www.constellation-guide.com/constellation-list/libra-constellation/

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Published by jean-yves cordier - dans Hans Mielich
22 mai 2015 5 22 /05 /mai /2015 21:20

La "Chapelle de cour" du duc Albert V et les musiciens de Roland de Lassus, dans le Mus. Ms. A. "Hofkapelle" et Orlando de Lassus. Deuxième partie : la Hofkapelle ou Musique de cour de Roland de Lassus, instrumentistes et instruments.

Suite de :

La chapelle de cour du duc Albert V, dans le Mus. Ms. A. Première partie: la Salle St-Georges et la Chapelle.

Cet article poursuit la série suivante :

Mirabar solito dans le livre de chœur enluminé Mus. Ms B. de Munich.

Autoportrait de Hans Mielich : Ne Sutor Ultra Crepidam.

Autoportrait de Hans Mielich et portrait de Roland de Lassus : le Mus. Ms. A. I et II.

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SOURCE DES IMAGES :

Par copie d'écran de :

Roland de Lassus / Orlando di Lasso, Les sept psaumes pénitentiels de David avec le motet Laudes Domini :

Livre de chœur volume I Mus.ms. A I(1), Bibliothèque Nationale de Bavière Bayerrische Staat Bibliothek BBS , Munich, 1565

https://opacplus.bsb-muenchen.de/metaopac/search?View=default&db=100&id=BV035322074

— Microformes (noir et blanc, tout le manuscrit) :

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035007/images/

— Couleur (une sélection d' enluminures) :

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0008/bsb00089635/images/index.html

– en pdf (déroulant, plus rapide) :

http://burrito.whatbox.ca:15263/imglnks/usimg/1/1d/IMSLP368393-PMLP594987-d-mbs_mus._ms_a_1.pdf

Livre de chœur II (Mus. Ms. AII) :

— Microformes (noir et blanc, tout le manuscrit) :

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035009/images/ (conseillé pour zoom 200%)

En pdf déroulant : http://javanese.imslp.info/files/imglnks/usimg/6/66/IMSLP368394-PMLP594987-d-mbs_mus._ms_a_2pb.pdf

http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&bandnummer=bsb00035009&pimage=188&v=150&nav=&l=de

http://imslp.org/wiki/Choirbook,_D-Mbs_Mus._MS_A_%28Lassus,_Orlande_de%29

— en couleur avec une moins bonne définition en pdf (déroulant) :

http://petrucci.mus.auth.gr/imglnks/usimg/8/85/IMSLP368403-PMLP594987-d-mbs_mus._ms_a_2.pdf

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— Volume de commentaire (Erläuterungen) de Samuel Quickelberg (1569) : Mus. Ms AI(2) Cim 207 et Mus. Ms AII(2)

Vol. I : http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&lv=1&bandnummer=bsb00035012&pimage=00001&suchbegriff=&l=de

Vol. II : http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035013/images/index.html?id=00035013&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=1&seite=3

N.B. Les couleurs ont été parfois fortement ravivées et la netteté rehaussée, le but étant ici la lisibilité des documents et non la fidélité de reproduction.

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Introduction : rappel de la première partie.

J'emprunte cette introduction à Florian Wieninger (2012) : "Un tableau illustre mis en musique sous la direction de Roland de Lassus (1532– 1594)" :

"La chapelle de la cour de Munich fut l’une des institutions musicales les plus significatives de son époque. Des chanteurs triés sur le volet venus de toute l’Europe et les meilleurs instrumentistes virtuoses italiens constituaient la chapelle du duc Albrecht V de Bavière féru d’art (1528–1579) de la maison des Wittelsbach. C’est pour cet ensemble d’élite que Roland de Lassus écrivit vers 1560 ses célèbres Psalmi Davidis Poenitentiales. Les compositions des psaumes de pénitence furent consignées dans un manuscrit de luxe orné de merveilleuses enluminures du peintre de cour munichois Hans Mielich. Samuel Quickelberg, humaniste travaillant à la cour de Munich livra le programme philosophique et le duc ordonna à son excellent musicien Roland de Lassus de composer ces psaumes à 5 voix. théologique de cette œuvre d’art intégrale de la Renaissance. Albrecht V interdit à Lassus de publier ces compositions et conserva le précieux livre de chœur comme Musica Reservata dans son cabinet de curiosités où seule une poignée d’élus avait le droit de l’admirer. Néanmoins, ce codex de musique « secrète » réservée au prince contribua à étendre la notoriété de Lassus de son vivant déjà. Ce n’est que 25 ans après leur composition que les psaumes de pénitence furent imprimés chez Adam Berg en 1584. La musique de ces éditions de luxe ne fut pas utilisée à des fins liturgiques dans l’église mais surtout comme musique de chambre dotée d’une instrumentation riche et diversifiée, ce que dévoile la célèbre illustration de Mielich de la chapelle de cour au grand complet dans la salle Saint-Georges du Neuveste [château] munichois à la page 187 du codex."

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La miniature de la page 187 du second volume du manuscrit enluminé par Hans Mielich à la demande du duc Albert V est très connue, car elle illustre de nombreux ouvrages et pochettes de disques ou de CD. Montrant la formation de Musique de Cour de Roland de Lassus (connue sous le nom de "Hofkapelle") en 1570, elle fournit un témoignage irremplaçable sur les instruments, les techniques de jeu et la pratique musicale à la cour du duc de Bavière, d'autant qu'elle peut être étudiée à la lumière du témoignage scripturaire d'un des altistes de l'orchestre, Massimo Troiano, du volume 2 du Syntagma musicum de Michael Praetorius, le De Organographia de 1619 qui présente tous les instruments de l'époque, ou encore des archives de la comptabilité du duché.

Arnold Schering a consacré à cette image une première étude en 1931, puis son travail fut suivi de celui de Walter Frei en 1962, de Rudolf Eras en 1963, de Barra Boydell en 1978, de Nicole Schwindt en 1996, et de Bernhard Rainer en 2012 ! Notamment, ces travaux ont permis à l'ensemble Dolce risonanza dirigé par Florian Wieninger de reconstituer des instruments et d'approcher au mieux cette Musica secreta.

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On voit donc qu'à la différence de ma première partie, la difficulté ne tiendra pas au manque d'informations, mais à la nécessité, pour un parfait profane, de traduire des textes de musicologie et d'organologie écrits en anglais et en allemand, très techniques, sachant que la simple traduction du nom des instruments ne va pas de soi. Autant dire que je vais vite trouver mes limites et m'arrêter au seuil de mon sujet, pour reprendre mon rôle d'observateur de l'image et de curieux d'anecdote. Si j'identifie quelques instruments, ce ne sera déjà pas si mal.

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Ce que je vois.

Au centre, une table est recouverte d'un drap rouge. Quatre partitions y sont posées, ainsi qu'un long instrument. Trois musiciens sont assis sur des tabourets entre le spectateur et la table, je reconnais deux violons et un luth. Assis également, un joueur de viole de gambe nous fait face. A sa droite, quatre hommes debout dont deux tendent la main vers les musiciens. Derrière eux, sept spectateurs. Derrière et autour de la table, dix musiciens, dont l'un est assis, et trois jeunes chanteurs. A l'arrière-plan, neuf spectateurs, mais certains pourraient être des chanteurs ou tenir un instrument à mon insu. Au total, 44 personnages sur l'image, dont 15 instrumentistes et trois jeunes chanteurs, avec un effectif probable de la Hofkapelle de 35 membres. Parmi les instruments, six instruments à cordes, un luth, un instrument à corde à clavier et sept instruments à vent.

Je n'ai plus qu'à reprendre cela tranquillement. Pour me repérer, je vais attribuer à chaque personnage un numéro.

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187, droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187, droits réservés MDZ, BSB.

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Le groupe de quatre personnages importants à gauche.

 

Selon Nicole Schwindt, il s'agit du duc Albert V en personne (1)  au geste majestueux, cachant partiellement  le maître de chapelle adjoint Johann à Fossa (caché par Albrecht, et non numéroté), de l’intendant de la musique Hans Jakob Fugger (3) et tout à gauche de Roland de Lassus (2).

– Albert V (1528-1579) est reconnu pour ses compétences musicales et pour le soin généreux avec lequel il entretient à sa cour sa Hofkapelle.  Par rapport à ses portraits de 1565 et 1570 du Mus. Ms. A, sa barbe est taillée plus courte. Il porte deux colliers dont, l'un avec une chaîne en or —sans-doute, la Toison d'Or— , et l'autre au bout d'un ruban noir, avec une médaille. Cette même médaille est portée par sept  musiciens (2 ; 4 ; 5 ; 10; 12 ; 13 ; 15).

– Roland de Lassus a été le maître de chapelle de la cour de Bavière de 1568 à sa mort en 1594. Je m'étonne que le peintre ne le mette pas mieux en évidence, et qu'il ressemble peu au portrait imposant de la page 188 du manuscrit.

 Johannes de Fossa ou à Fossa (1540-1603) est un compositeur  flamand et ténor qui est entré à la cour de Bavière en 1569, a secondé Roland de Lassus comme sous-maître de chapelle, puis lui a succédé en 1594. Il a été l'élève de Castileti, soit lorsque celui-ci était Maître de la Chapelle Impériale à Vienne en 1563-1564, soit plus vraisemblablement à Liège avant 1569.

– Le banquier, bibliophile  et passionné d'art Hans Jakob Fugger (1516-1575) est devenu directeur musical à la cour de Bavière (Musikintendant des herzoglichen Hofes in München) en 1565, après avoir été ruiné à la fois par l'énorme emprunt consenti à Philippe II et non remboursé, et à la fois par ses folles dépenses comme mécène et comme collectionneur. En 1557, il avait engagé le médecin Samuel Quickelberg comme conservateur de sa bibliothèque et de ses collections, et ce dernier est ainsi passé au service du duc Albert V jusqu'à son décès en 1567 (ce qui explique qu'il ne figure pas sur cette peinture).

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Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187 partie gauche, droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187 partie gauche, droits réservés MDZ, BSB.

LES CADRES

Selon le comptable-chef, entre 1569 et 1572, l'ensemble musical  est désigné sous le nom de Cantorei. Le Maître de Chapelle (Capellmaister) est Orlando de Lassus. Ludwig Daser est encore rémunéré comme ancien Capellmaister. Le Maître de chapelle en second est Johannes de Fossa (remplacé transitoirement par Richard von Genua en 1571). Johannes de Fossa ou Richard de Gênes dirigent 12 enfants de chœur désignés sous le nom général de CantoreiKnaben.

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LES CHANTEURS ET INSTRUMENTISTES.

 

 En 1570, les comptes de la Trésorerie ducale  relevés par Nicole Schwindt d'après la publication de Sandberger (Beiträge...) permettent à celle-ci d'établir une liste de 32 membres de la Cantoreii, désignation officielle de la formation musicale. Il faut bien-sûr y ajouter le Maître de Chapelle Orlando de Lassus et son second Joan de Fossa. La formation comporte 19 musiciens (7 instrumentistes à cordes, 8 instrumentistes à vents, 3 organistes, 1 luthiste,) et 23 chanteurs (7 altistes, 7 ténors et 9 basses). Les salaires versés vont de 144 à 180 florins par an.

Voir BMLO, Dictionnaire de musiciens bavarois

 

Les instruments joués par les musiciens sont connus par la rare iconographie, par les documents comptables, par le témoignage de Maccimo Troiano en 1569, et, indirectement, par l'inventaire des instruments de la cour de Bavière. Ceux-ci étaient conservés dans un Cabinet de musique au sein de la Residenz, et leur catalogue de 1655 a été publié par Bettina Wackernagel. Cet inventaire, qui inclut bien-sûr les instruments de 1570, renseigne sur ces derniers. 

 

L'inventaire des Instruments de cour à Munich en 1655.

Avec ses 164 entrées énumérant 289 instruments, l'inventaire des instruments de musique de la Cour de Bavière de 1655 n'est surpassé que par les collections de Henri VIII d'Angleterre à Westminster (1547) et de Raymond Fugger à Augsbourg (1566) et du duc de Wurtemberg Louis le Pieux à Stuttgart (1589). Cet inventaire révèle la nette prédominance des 197 instruments à vent. Les instruments étaient entreposés dans un local à part. 24 instruments à clavier (dont 7 orgues positifs, 4 régales et 13 à cordes pincées, frottées ou frappées — clavecins, virginal, épinettes et peut-être clavicorde) auxquels il convient d'ajouter un xylophone, 34 instruments à cordes frottées (incluant violons, violes da braccio et da gamba, basses), et 30 instruments à cordes pincées (cithares, lyres, guitares, pandore, luths, théorbes et harpes). Les instruments à vent se présentant souvent en jeux complets de chaque famille, comme dans les consorts britanniques, typiques de la conception polyphonique Renaissance de l'instrumentation. Ainsi trouve-t-on , de toutes tailles, des chalémies, des bassons, des cervelas, des flûtes droites et traversières, des cornets et des serpents, des trombones et des cromones. On ne s'étonnera pas de l'absence de trompettes qui font l'objet d'un petit chapitre expliquant que leur conservation dans un local à sécurité renforcée, du fait de leur utilisation guerrière et d'apparat, cela s'appliquant également aux timbales et grosse caisse. […] Les positifs et régales venaient généralement d'Allemagne du Sud ou d'Autriche, et les instruments à cordes et à clavier de Venise, sauf naturellement, le fameux Geigenwerk (espèce de clavecin à roues colophanes actionnées par une pédale) venu de Nuremberg, qui s'avère être le premier d'une série de 23 construits par son inventeur Hans Haiden et pour lequel Praetorius témoigne planche à l'appui. Dans le groupe des instruments à cordes frottées, on est sûr qu'au moins trois violons ont été achetés au fameux luthier tyrolien Jacob Stainer d'Innsbruck et beaucoup d'autres à des luthiers non spécifiés de Crémone et de Brescia. D'autre part, comme ailleurs sauf en France, on observe à partir de 1585 environ, que la famille du violon prend peu à peu la prééminence sur celle de la viole. […] Leur cabinet de musique ou Cabinet instrumental est défini comme une collection d'usage (servant à la Chapelle, à la Chambre et à la Table), mais n'excluant pas un certain raffinement (luths, flûtes traversières et cervelas d'ivoire, régales en ébène avec garnitures dorées, autres instruments à clavier aux bois sculptés, trombones d'argent), utilisés par des virtuosi parfois très distingués. ( d'après le Compte-rendu par Scherpereel en du catalogue publié par B. Walckernagel)

 

 

I. INSTRUMENTS A CORDES FROTTÉES.

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Le document iconographique montre cinq joueurs de violons (dont une basse de violon et un alto) et un joueur de grande basse de viole. 

 

 

La Cantorei de Munich compte, en 1570,  7 instrumentistes à cordes (Streicher : Geiger ou violonistes). Même effectif en 1571 et 1572.

  • Antonio Morari (ou Merari), membre depuis au moins 1561 jusqu'à 1583. Il est mort à Munich au début de 1597.

  • Giovanni Battista Morari. mentionné depuis au moins 1561 à 1577, date de son décès. 

  • Hannibale Morari  mentionné depuis au moins 1561 à 1592, date de son décès.

  • Cerbonio Besutio

  • Mattia Besutio Martino Besutio, (Matio Pussingen) mentionné dès 1555 ; décédé en 1604. neveu du précédent.

  • Lucio Tertio (mentionné depuis 1561 ; décédé en 1577). Violoniste et chanteur.

  • Cristoforo Pocis (Christoff Paris) originaire de Crémone, mentionné de 1568 à 1579.

On peut citer aussi le violoniste génois Giovanni Battista Romano, pour le meurtre duquel Troiano aurait été impliqué en 1570.

On remarque la présence de trois familles, les Morari, les Besutio, et les Tertio (Hercule Tertio apparaîtra avec les Vents).

Les trois frères Morari sont originaires de Bergame. Antonio Morari était le plus réputé, et il eut la responsabilité du groupe musical (Konzertmeister), touchant 270 florins alors que les autres musiciens percevaient entre 150 et 180 florins, puis 450 florins en 1581. .Il est l'auteur du  II Primo Libro de Madrigali a Quattro Voci (Guardano, Venice, 1587), et de diverses pièces insérées dans des recueils collectifs.  A partir de 1573, il a effectué plusieurs voyages en Italie, pour embaucher des musiciens (et faire construire des instruments ?). En 1577, son autre frère Achille a été brièvement engagé à Munich. Comme la plupart de ses collègues et comme ses frères,, il savait joué de divers instruments, comme la trompette et  la viole de gambe; ou du cornet. «Antonio Morari suona il soprano, e tanto dolci, netti e politi fa udire li vaghi passaggi e fioretti, e tanto dolci fa esprimer li concenti, che da tutti gli vien dato meritevolmente il primo vanto e onore di quello strumento» (Troiano p. 71).

Les Besutio appartiennent (sans-doute) à la famille italienne des  Besozzi, dont le fief se situe dans le Tessin. Cerbonio Besutio/Besozzi a un homonyme, musicien également et originaire de Bergame, dont la vie est étudiée dans Die Chronik des Cerbonio Besozzi..

On constate donc que tous les violonistes sont italiens, d'Italie du Nord, comme les luthiers Amati de Crémone..

 

Au XVIe siècle, on distingue les viola-da-braccio, "violes à bras" qui correspondent à nos violons, et les viola-da-gamba ou "violes de gambes". 

Massimo Troiano (Discorsi p. 71) présente les virtuosi ainsi :

"Vi sono anco sette virtuosi di viola da braccio, quali solo in camera fanno Musica : e suonano contanta suavita, che quando colli Archi tocchano le corde, par che la sonora simphonia del Cielo ivi udir si faccia. Messere Antonio Morari suona il soprano, e tanto dolci, netti e politi fa udire li vaghi, passaggi, e fioretti : e tanto dolci fa esprimer li concenti, che da tutti gli vien dato meritevolmente, il primo vanto, e honore, qi quello strumento, e non solo di questo si diletta ma di Cornetto, di Viola, di Gamba : e miracolosamente di Cithara.

Messer Battista [Morari] su fratello [...] li suona il contralto, e vi assicuro, che egli è un gran virtuoso, e suona il canto della Viola di gamba , molto delicatamente, e si diletta di Lauto, e di altri strumenti. Vi e anco Hannibale loro fratello, tuttavia in questi giovenili anni, Va salendo il Monte della Musica.

Vi é Cerbonio Besutio, e Mattio Besutio, suo nepote, l'uno il Tenore, e laltro il Basso, assai suavemente toccano e ambiduo, suonano di tutti strumenti di fiato, vi è Lucio terzo, che di piu suona la Lira assai suavemente, tutti questi sono da Bergamo : vi e anco nella loro compagnia Christofaro [Pocis], da Cremona, non meno virtuoso, che affabile." 

 

Vi sono anco sette virtuosi di viola da braccio, i quali fanno Musica nella Mensa ; Antonio Morari suona il soprano, e tanto dolci e netti fa udire li vaghi passaggi, che quanti lo ascoltano li danno il vanto di quello strumento, e suona anco miracolosamente di Cithera. Battista Morari e non solo della viola di braccio molto esperto, ma anco della viola de gamba. Anniballi lorari fratello delli due sudetti , Cerbonio Besutio, Mathio Besutio. Lucio Terzo, e Christoforo da Cremona. Vi sono cinque che suonano di strumenti di fiato, liquali tutti sonio degni di Corona, Domenico Venetiano, Francesco da Lucca Fileno Cornazzano, Sebastiano da Treviso, e Simone Gatto, & tutti questi rarissimi virtuosi suonano d'ogni sorte di strumenti, e non accade ch'io vi dica quanto alcuni di loro sono studiosi e prattici nell'arte delli numeri della Musica, che l'opere prodotte da loro belli ingegni, li fa conoscere al mondo. 

 

Troiano page 128 : Mariano : — Non vi è Meßer Battista suo fratello ? Fortuno — Li suono il contralto, e vi assicuro, che egli è un gran virtuoso, e suona il canto della Viola, di Gamba, molto delicatamente, e si diletta di Lauto, e di altri strumenti."

 

Les musiciens semblent destinés aussi à animer les repas : 

Mar. Non posso se non creder che tutti siano gran virtuosi ; ma ditemi in che tempo si serve sua eccelenza, di questi virtuosi ?

[For. I cantori ogni mattina alla Messa grande, & il Sabbato, e le Vigilie, delle feste commandate al Vespro. Gli strumenti di fiato suonano le Domeniche del Signore, e li giorni festivi alla Messa, & al vespro in compagnia, delli cantori.]

Mar. E le viola da Brazzo, a che se ne serve ?

For. Nel tempo ch'io vi fui non li vidi servire, si non in tavola, ma sono informato, che spesse volte alhora del sonno di mezo giorno, hanno fatte, hora con viola de brazzo, & hora con viola di gamba, & hora con clavicordo, fiffaro e cithara, & altri variati concerti, che quelli di viola di braccio, con quelli stromentisti di fiato, giunti insieme far sogliono, con le voci di Camera, che certo, sonore & artiste ve ne sono.

 

Mar. Ditemi in che modo fanno le loro Musica nella Mensa ?

 

For. Dopo portato le prime vivande e sentati tutti a tavola, quietato il primo tumulto, che col sentare si suole. li strumenti di fiato, hor con corna muse, hora con flauti, hora con fifferi, & hora con tromboni, e cornetti insino alle seconde : con canzoni Franceze, & altre allegre opere, fanno il loro ufficio. Dopo Antonio Morari, e suoi compagni, con le viola di Braccio (ben che alcuna volta, con viole di gamba, e con altri vari strumenti) hor con canzoni Franceze, hor con artificiosi Motteti, & hor con vaghi Madrigali, con celeste harmonia, suonano infino a l'ultimo servitio. Venuti che sono li frutti, Messere orlando di Lasso, con li suoi cantori, a tutti lassa il freno, che suave e piana voce, facciano udir le compositioni, che ciascun giorno di nuovo li presenta. Et al spesso, (non senza gran sodisfattione del Duca), fa cantare alcuni belli quarti, & artificiosi terzi, da prattici e scelti cantori : che posso giurare hauer visto sua Eccelenza lassare il Prandio per udir la harmonia.

 

A. Les cinq  joueurs de violon (4) (6) (7) (16) (17).

 

 

Prateorius Pl. XXI : https://archive.org/stream/imslp-musicum-praetorius-michael/PMLP138176-PraetoriusSyntagmaMusicumB2#page/n295/mode/2up

 Ils sont placés sur les coté droit et gauche autour de la "table" (le clavicorde), et trois jouent assis alors que deux jouent debouts   .

Il s'agit de trois violons, d'un alto (n°16)  et d'un instrument joué en travers (6) qui pourrait être un violon ténor ou basse, dissimulé en partie par le dernier instrument, la grande basse de viole (5). Ces six instruments  sont complétés de deux « instruments d'accompagnement » jouant en accords, un virginal et un luth avec chœur de cordes.

Nicole Schwindt propose judicieusement de reconnaître dans le violoniste n° 17 Lucio Tertio, car celui-ci paraît fort âgé ; or, il est qualifié sur les registres comptables, en 1575 (Standberger page 83) de "Lucio geiger dem altem", et en 1577 on indique la mention "mit todt abganngen".

 

 De même, le joueur de basse de violon serait l'oncle de Mattia Besutio, Cerbonio Besutio et ce serait le musicien n° 7.  En effet, elle se base sur cette phrase de Troiano (p. 71) : "Vi è Cerbonio Besutio, e Mattio Besutio, suo nepote, l'uno Tenore, l'altro il Baßo, aßai suavemente toccano e ambidue, sono di tutti strumenti di fiato". 

Le violoniste n°7 qui est vu de dos au premier plan, semble assez jeune, ce qui incite N. Schwindt à suggérer qu'il s'agit d'Hannibal Morari, car Troiano écrit  "Vi e anco Hannibale loro fratello, tuttavia in questi giovenili anni, Va salendo il Monte della Musica", "Il y avait aussi Hannibal leur frère toutefois, en ses jeunes années, il était encore en train de monter le Mont de la Musique".

La tenue des violons ou Viola da bracchio.

 Les quatre violonistes n° 4, 7, 16 et 17 tiennent leur instrument de la même façon, dans une technique "sans menton". Je constate que le sujet est épineux, puisqu'il risque d'induire une confusion avec la redécouverte des violoncelles alla spalla,  "à l'épaule" ou viola da spalla et que je suis bien incapable de fixer des repères.Néanmoins il semble que la tenue alla spalla désigne un appui sur l'épaule droite. Toujours est-il que les quatre "geiger" de la Hofkapelle de Munich posent leur violon sur leur épaule gauche , ou plus exactement sur la poitrine, en région pectorale sous claviculaire,  ou il est peut-être fixé  à un bouton ou un lacet de leur habit, alors que le bras se repose contre le thorax, que le  coude est fléchi positionnant le violon presque verticalement dans un angle de 30° vers l'avant et vers l'extérieur de leur axe corporel (ou de 50° pour l'alto, qui est moins vertical). L'archet, qui n'est visible que chez notre jeune numéro 4, est tenu bien-entendu en pronation. Dans un document mis en ligne sur Academia, Cyril Lacheze décrit et teste 11 tenues différentes du violon, accompagnées de photo évitant toute ambiguïté : aucune ne correspond à celle des musiciens munichois. Dans la position n°7 dite "tenue d'épaule", l'appui est presque sur la clavicule ; dans la tenue de poitrine n°8, elle se fait sur le sein ; soit, plus haut et plus bas que celle peinte par Mielich. De plus, et surtout, dans les deux cas de figure 7 et 8, le bras gauche est en abduction-élévation antérieure de 30-60°, et le violon est ainsi horizontal. Par contre, Cyril Lacheze recense et propose 341 documents iconographiques, parmi lesquels l'association appui poitrine / inclinaison plongeante s'avère rarement rencontrée. L'inclinaison plongeante avec appui plus haut (épaule, clavicule, cou) est par contre très fréquente, mais évoque une musique festive, de séduction ou même servile alors que la tenue horizontale voire ascendante confère plus de dignité. L'impression de servilité s'accentue lorsque le joueur  penche lui-même le tronc  et incline la tête, comme le n°17. 

L'un des musiciens de l'ensemble Dolce risonanza, Szabolcs Illés, s'est précisément formé à la  technique "sans menton".

 

 

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187 droite, droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187 droite, droits réservés MDZ, BSB.

4. Violon (ou Alto ??)

5. Grande basse de viole ou Violone en sol.

6. basse de violon.

7. Violon

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187 droite, droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187 droite, droits réservés MDZ, BSB.

16. Alto.

17. Violon.

18.  Luth. 

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Le joueur de la BASSE DE VIOLON n°6.

Cet  instrument, "ancêtre" du violoncelle tout en s'en distinguant, dispose d'une iconographie rare au XVIe siècle. Il est apparu dans les années 1530, il a atteint son apogée à l'époque baroque pour disparaître vers 1730. La plupart des instruments anciens ont alors été raccourcis et adaptés en violoncelles. Les trois premiers instruments intacts, deux de 1594 conservés dans la chapelle des anges de la cathédrale de Freiberg,  de petite taille et qui n'ont survécus qu'en tant qu'objet d'art, et  celui, plus grand, construit en 1590 par Dorigo Spilmann, ne sont pas jouables.  et on doit renoncer à l'espoir de connaître le son de ces instruments disparus. C'est dire l'intérêt documentaire de l'enluminure de Mielich. Cet instrument a fait l'objet de la thèse de G.I. Erodi en 2009. Il est connu sous les noms de basse de violon en français,  de Bassgeige en allemand  ou  de basso de viola da braccio, en italien.

Les instruments fabriqués par Andrea Amati, de Crémone, Gasparo da Salo, de Brescia et Francesco de Macchetti Linarol, de  Venise, les premiers luthiers de renom du XVIe siècle, n'ont pas été conservés ou ont été réduits.

 La basse de violon à quatre cordes possède une caisse d'environ 85 cm (soit 10 cm de plus qu'un violoncelle). Elle est accordée un ton au-dessous du violoncelle (sib, fa, do, sol). Dans le dernier tiers du XVIe siècle, le modèle de base a été  utilisé dans les ensembles de violon dans toute l'Europe. Ce modèle se caractérise par ses quatre cordes accordées en quintes, ses ouïes en forme de F,ses épaules supérieures et inférieures   arrondies, par une touche courte et sans frettes. (les ouïes en forme de C et les frettes caractérisent les violes). L' archet de  basse de violon a été joué soit par  pronation ou par supination. La basse de violon existait en deux tailles différentes qui partageaient les mêmes caractéristiques de construction, une plus petite et une plus grande, correspondant à deux réglages différents.

Les chercheurs ont éprouvé des difficultés à la définir clairement par rapport à la viole de gambe, la contrebasse , le violoncelle et le violon ténor. Ainsi, l'instrument joué par notre musicien n°6 , posé sur le coin de la table, et dont la taille  est inférieure à la basse de viole volumineux, mais plus grand que les violon  ou que l'alto, a été identifiée de plusieurs manières différentes. Barra Boydell l'étiquette (page 14) comme un violon ténor (ténor Geige) ou d'une viola da spallaNicole Schwindt l'identifie page 56 soit comme un grand violon  ténor  (grosse Tenorgeige),  ou comme une petite basse de violon (kleine Bassgeige), tandis que Herbert W. Myers plaide pour sa classification comme viola da brazzo.

Les violes de gambe  sont mieux représentées dans l'iconographie et elles ont été conservées en grand nombre car elles étaient jouées par les aristocrate et éatient soigneusement décorées, alors que les violons étaient des instruments de travail qui étaient joués parfois quotidiennement, sans égard pour leur valeur esthétique.

Il est temps de citer  le fameux Jambe de fer, dont l'Epitome est la documentation la plus précoce (1556) sur le sujet :

 Page 63 : "Pour quoy appellez-vous Violes les vnes, & les autres Violons ? Nous appellons violes c'elles desquelles les gentilz hommes, marchantz, & autres gens de vertuz passent leur temps. Les Italiens les appellent viole da gambe par ce qu'elles se tiennnent en bas, les vns entre les iambes, les autres sur quelque siege, ou escabeau, autres sus les genoux mesme lesditctz Italiens, Les Français ont bien en vsage ceste facon. L'autre sorte s'appelle violon & c'est celuy duquel lon vse en dancerie communement, & à bonne cause ; car il est plus facile d'accorder, pour ce que la quinte est plus douce à ouyr que n'est la quarte. Il est aussi plus facile à porter, qu'est chose fort necessaire, mesme en conduisant quelques noces ou mommerie.

L'Italien l'appelle Violon da braccia ou violone, parce qu'il se soustient sus les bras, les vns avec escharpe, cordons, ou autre chose, le Bas à cause de sa pesanteur est port malaysé à porter, pour autant il est soutenu avec un petit crochet dans vn anneau de fer, ou d'autre chose, lequel est attaché au doz dudict instrument bien proprement : a celle fin qu'il n'empesche celuy qui en joue." http://gallicalabs.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55007136d/f66.image 

L'ensemble Dolce Risonanza a fait construire spécialement, pour se rapprocher de l'instrumantation originale de Roland de Lassus,  une basse de violon  "reconstituée à l’aide des rapports de taille très précis des instruments à cordes entre eux dans l’illustration et à l’appui d’exemplaires conservés de la même époque  – comme ceux de l’ensemble de violons de la chapelle des anges de la cathédrale de Freiberg." (B. Rainer)

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La position de jeu de la basse de violon.

L'enluminure est précieuse aussi comme témoignage d'un style de jeu. Les basses de violon ont été jouées soit en position statique (et alors le plus souvent tenues entre les jambes ou les cuisses), soit en ambulatoire lors de processions ou de fêtes, et alors tenu en travers, un peu comme une guitare, l'instrument étant suspendu autour du cou et des épaules par une sangle fixé à l'arrière.

Sur la miniature de Mielich, bien que le musicien soit assis plutôt qu'en déplacement dans une salle de banquet, il a adopté la position de travers. Quoique la basse de violon soit représentée derrière le joueur de basse de viole et qu'elle ne peut être vue entièrement, pourtant il est clair  qu'elle prend appui par la partie haute du corps alors que la main gauche soutient le manche. On ne peut préciser si l'autre moitié de l'instrument est tenue sur la jambe de l'interprète pour l'équilibrer, ou si elle est soutenue par une sangle, que je crois deviner mais que je peux confondre avec un pli du manteau.

Dans un tableau conservé au Prado, Noce de Village, Jan Brueghel l'Ancien a peint vers 1600 trois violonistes ambulants : le premier tient sur la clavicule un soprano à trois cordes, le second entre l'épaule et l'oreille un violon, et le troisième tient une basse de violon suspendue autour du cou dans une posture très semblable à celle du musicien n°6.

 

 

Jan Brueghel l'Ancien, Noce de village, détail, Ca 1600, Prado (Madrid) in G. I. Erodi.

Jan Brueghel l'Ancien, Noce de village, détail, Ca 1600, Prado (Madrid) in G. I. Erodi.

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L' image suivante permet une meilleure étude de l'instrument, et la recherche d'une éventuelle sangle :

Hans Mielich Mus. Ms. A.II page 187, détail.

Hans Mielich Mus. Ms. A.II page 187, détail.

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Le joueur de viole de gambe (5) : Mattia Besutio (?).

Le musicien assis à droite  joue d'une grande basse de viole ou violone en sol identifiée grâce à ses six cordes.

"La viole de gambe (qui veut dire la « viole de jambe ») ou viole est un instrument de musique à cordes et à frettes joué à l'aide d'un archet. Le terme italien viola da gamba le distingue de la viola da braccio par la différence de la tenue de l'instrument (la basse de viole est tenue entre les jambes, d'où son nom, et l'archet est également tenu de façon différente).

 La famille des violes compte sept instruments (pardessus de viole, dessus de viole, viole de gambe alto, viole de gambe ténor, basse de viole de gambe, grande basse de viole de gambe ou violone en sol , contre basse de viole de gambe ou violone en ré ). Toutes les tailles sont tenues entre les jambes, sauf la contrebasse :

Des centres de fabrication de l'instrument en Italie, sont nés des instruments magnifiques. D'importantes « dynasties » de luthiers comme Amati, Stradivari, Guarneri et Ruggieri contribuèrent à élever le nom de Crémone au plus haut niveau. La ville de Brescia comporte aussi deux noms, Gasparo da Salò (1549 – 1609), et Giovanni Paolo Maggini (1580 - 1630) dont les instruments sont considérés comme des instruments de premier choix par les solistes actuels. De Crémone, Brescia, mais aussi Milan, Venise, Mantoue, Bologne, Florence, Rome et Naples sont sortis, de 1540 à 1780, des viola da gamba et viola da braccio (« viole de bras » : c'est ainsi que l'on nommait les instruments de la famille du violon) dont la qualité reste inégalée jusqu'à nos jours. De l'Italie et de l'Espagne, la viole de gambe s'est alors diffusée dans toute l'Europe." (Wikipédia)

Nicole Schwindt identifie le joueur de violon basse n° 6 avec Mattia Besutio (Matteo Besucio, Matteus Besozzi), en raison du texte de  Troiano (p. 71) : "Vi è Cerbonio Besutio, e Mattio Besutio, suo nepote, l'uno Tenore, l'altro il Baßo, aßai suavemente toccano e ambidue, sono di tutti strumenti di fiato", mais aussi des archives de comptabilité, qui indiquent qu'en  1568, a été payé à "Matheisn geiger umb großse Sayttn 2 fl[orins]". ( Sandberger p. 33). 

Praetorius page 44 Pl. VI fig.4 : Groß Viol-de-Gamba-baß :

 

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Comme sur la figure de Praetorius, les ouïes de l'instrument représentées par Mielich sont en S (ou f). Je compte six frettes. La tête  volumineuse et longue (jusqu'au menton du flûtiste)  est dotée d' une copieuse crosse . L'archet est tenu en supination. C'est effectivement la tradition dont témoigne Boccherini, qui écrit dans ses Mémoires qu'au XVIIIe, "tous les violoncellistes avaient conservé la tenue de l'archet utilisé pour la viole de gambe, c'est-à-dire la main vers l'extérieur". Le pouce croise la mêche avant de prendre appui sur la baguette, alors que l'index et le majeur maintiennent cette baguette et que l'annulaire s'appuie sur la mêche pour en régler la tension. Comparer avec les photos ici. La jambe droite est écartée, en abduction rotation externe, la joue basse de l'instrument se calant contre la jambe. Le manche n'est pas appuyé sur l'épaule gauche, mais tenu loin de la tête. L'axe du tronc est légèrement incliné vers la droite.

Les auteurs citent en général  Il Libro del Cortegiano de Baldassare Castiglione (1528) pour  opposer, comme le fera Philibert Jambe de Fer, la viole,  instrument aristocratique dont l'étude faisait partie de l'éducation artistique, tout comme le luth, le clavecin et le chant...ou l'italien, avec le violon, qui n'était employé à ses débuts que par des musiciens professionnels lors des "danceries, noces et mommeries" :  «La musique n'est pas simplement un amusement, mais une obligation pour un courtisan. Elle devrait être pratiquée en présence de dames, parce qu'elle prédispose l'individu à toutes sortes de pensées... Et la musique à quatre violes est particulièrement enchanteresse, parce qu'elle est particulièrement délicate douce et ingénieuse.» 

 

 

 

  

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187  : Grande viole de basse. droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187 : Grande viole de basse. droits réservés MDZ, BSB.

 

II. INSTRUMENTS A CORDES PINCÉES.

 

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I. Le joueur de luth (18) .

L'instrument est selon Nicole Schwindt celui qui est désigné par Praetorius comme "Reche Chorist-oder AltLaute  parmi les sept sortes de "Testudo" (du latin signifiant "tortue", en raison de la forme évoquant une carapace) ou "Laut". Il correspond à la figure 3 "Chorlaute" et comporte 8 chœurs de deux cordes.

. Praetorius, Sciagraphia Pl. XVI,  Testudo oder Laut. 

 

Le luthiste (Lautenist) : Hans Kolman.

Le luthiste de l'ensemble se nomme, en 1570, Hans Kolman ou Kolmac,  membre de la Hofkapelle de 1561 à 1571.  Il joue lors de noces du prince Guillaume et de Renée de Lorraine en février 1568 :  Massimo Troiano page 66  écrit de lui : "virtuoso certo, molto pratico di quello strumento". Il apparaît dans les comptes in Sandberger page 48 dans le réglement de ses prestations de Quottember de Reminiscere, Pfüngsten, et pour Michaelis, (soit les Quatre-Temps du Second Dimanche de Carème et de Pentecôte et pour la Saint-Michel) : il reçoit alors 63 florins. 

Plus tard, en 1573, le poste de luthiste reviendra au très recherché  Cosimo Botegari  (Florence, 1554-Florence,1620) , ou Cosman Bottegeri . Il est l'auteur d'un ''Il Libro di cento e liuto'' qui est une source importante pour les compositions de cette époque. Voir la comptabilité ducale page 100 et 109 in Sandberger.

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7 instrumentistes à cordes (Streicher : Geiger ou violonistes).

  • Antonio Morari (ou Merari), mentionné de avant 1561 à 1597.

  • Giov. Battista Morari. mentionné de avant 1561 à 1577. Voir Troiano page 43

  • Cerbonio Morari

  • Mattia Besutio (Matio Pussingen) mentionné dès 1555 ; décédé en 1604.

  • Lucio Tertio (mentionné depuis 1561 ; décédé en 1577). Violoniste et chanteur

  • Cristoforo Pocis (Christoff Paris) originaire de Crémone, mentionné de 1568 à 1579.

  • Hannibale Morari  mentionné de avant 1561 à 1595.

On peut citer aussi le violoniste génois Giovanni Battista Romano, pour le meurtre duquel Troiano a été impliqué en 1570.

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IV . Le joueur au clavier (12) et le virginal (12a) .

Le virginal est un instrument de musique à « vergettes » (sautereaux), de la famille des instruments à clavier et à cordes pincées qui comprend également le clavecin et l'épinette. L'apparition la plus ancienne du terme se situerait en 1460 dans le Tractatus de Musica de Paulus Paulinirus. Sa forme est celle d'un coffre, avec un clavier rentrant dans une niche appelée boîte à clavier. (Wikipédia)

 

http://de.wikipedia.org/wiki/Virginal : virginal du XVIe siècle.

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Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187  : le virginal. droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187 : le virginal. droits réservés MDZ, BSB.

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 — Instruments à cordes pincées par des sautereaux :

Praetorius Pl. XIV : n° 1-2 Spinetten : Virginal (in gemein Instrument genant) so recht Chor-Thon. N°3 OctavInstrumentlin

Praetorius Pl. XV : Clavicytherium  n° 1 en haut à droite, à caisse verticale / Clavichordium n°2 et 3 / Octav Clavichordium n°4 :

Clavicymbei pl. VI n°1

 

 

Iconographie des instruments à clavier (virginal) peints par Hans Mielich dans le manuscrit des psaumes pénitentiels Mus. ms. A : 

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Hans Mielich, Psaumes pénitentiels, Mus. Ms. AI page 89  : le virginal. droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Psaumes pénitentiels, Mus. Ms. AI page 89 : le virginal. droits réservés MDZ, BSB.

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Hans Mielich, Psaumes pénitentiels, Mus. Ms. AII page 67  : le virginal. droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Psaumes pénitentiels, Mus. Ms. AII page 67 : le virginal. droits réservés MDZ, BSB.

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Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 180  : le virginal. Droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 180 : le virginal. Droits réservés MDZ, BSB.

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Hans Mielich, Psaumes pénitentiels, Mus. Ms. AII page 180  : le virginal. droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Psaumes pénitentiels, Mus. Ms. AII page 180 : le virginal. droits réservés MDZ, BSB.

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Hans Mielich, Psaumes pénitentiels, Mus. Ms. AII page 183  : le virginal. droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Psaumes pénitentiels, Mus. Ms. AII page 183 : le virginal. droits réservés MDZ, BSB.

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III. LES INSTRUMENTS A VENT.

 

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On voit sept instruments à vent : de  gauche à droite, nous reconnaissons un instrument à anche double (Cornemuse ?), une flûte à bec basse, une flûte traversière, un trombone basse, un cornet muet jaune,  un ranquette, et un cornet à bouquin recourbé noir. Troiano signale aussi l'usage du fiffre (fiffaro).

 

La Cantorei compte alors 8 instrumentistes à vent (Bläser ; Zinckenplaser ; Pusauner. Strumenti a fiato):

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  •  Vileno  Carnazano ou  Phileno  Agostino Cornazzani , tromboniste. Aussi altiste, directeur musical, professeur de musique. 

  • Francisco Mosto (de 1550 à son déces en 1590), tromboniste

  • Simon Gatto (à Venise en 1545 ; décédé en 1590 à Graz) tromboniste, trompettiste,, compositeur, chef d'orchestre, collecteur de musique, ténor, Parolier

  • Francesco Guami ou Francesco de Luca, né à Lucques en 1543, décédé à Lucques en 1602, tromboniste, puis maître de chapelle dans diverses villes d'Italie dont Lucques, compositeur de 3 livres de madrigaux de 1588 à 1598. Membre de la Hofkapelle de 1568 à 1580. Frère de Giuseppe (cf. organiste)

  • Sebastiano di Alberto (de Trévise)

  • Jacopo Aldigeri

  • Hercule Tertio (fils de Lucio), tromboniste, mais également violoniste et trompettiste. Présent depuis 1569, décédé en 1613. 

  • Dominico Aldigeri. tromboniste (membre 1563-1570) = Domenico Veneziano ?

En 1572, on voit les noms de Francisco, Niclas, Johann et Marco Laudis.

— Massimo Troiano les présente ainsi  (Discorsi, page 70-71) :

 

[...] page 71 "Vi sono in quel servitio cinque strumenti di fiato, quali tutti sono degni di Corona, Dominico Venetiano suona il Cornetto, con gran dolcezza e gagliardia di petto : suona anco di trombone. Francesco da Lucca, adopra il Tenore, oltra di questo nella compositione delli numeri Musicali, è molto sofficiente. Sebastiano di Alberto, scrittor molto Prattico, e delli buoni costumi molto observatore : questo da fiato alla quinta parte. Fileno Cornazzano giovene assai dedito alla della Armonia, lui da spirito al contralto. Simone Gatto, da vigore et anima al Basso : Ed oltra che di questo se li puo dare il vanto. Puote anco nel numero delli artisti Musici, havere il locote suona anco di cornetto."

 [...] .Gli strumenti di fiato suonano le Domeniche del Signore, e li giorni festivi alla Messa, & al vespro in compagnia, delli cantori.

 

Fileno Agostino Cornazzano , est le fils unique de Baldassare Cornazzano (ca.1520- ca 1601), qui fut trompettiste à la cour impériale de Vienne et à la cour de l'archiduc à Graz. puis Leiter der Instrumentenstube à la cour du duc Albert V. Il  est né entre 1543 et 1545. Initié par son père à l'étude du trombone,  il est comme tromboniste  à Munich en 1559-1560, où il se consacre à l'étude de la composition; il a certainement été l'un des élèves d' Orlando di Lasso . En Juillet 1567, il épousa Regina, demoiselle de compagnie de la duchesse; de ce mariage lui vient un fils, Albert, et trois filles. En juin de l'année suivante, il est nommé "Istrumentist und Zinckplaser" de la chapelle du duc Albrecht V, avec le salaire de départ élevé de 180 florins par an. Cette charge lui donnait la responsabilité , en plus des fonctions de gestion des musiciens, de commander, de contrôler, de payer et de faire venir à Munich de précieux instruments  commandés à Venise et Nuremberg auprès des plus célèbres spécialistes de cette époque. En 1586, il se rendit à Nuremberg pour y acheter deux trompettes ; en 1587 il acheta un Cornet basse à Venise et en 1588 un Fagotto (un basson),  également à Venise, pour 19 florins et 30 couronnes.

A l'occasion des processions et fêtes  somptueuses de Munich,. il a joué le rôle important de "régisseur", qui était une sorte d'organisateur et de directeur général, ainsi que de directeur d'orchestre aux côté de Lasso. Selon les documents des Archives de Munich, où il est mentionné en tant que «Zinckplaser" avec le nom de Vilenno en 1568, puis en tant que tromboniste avec son nom complet en 1569, nous apprenons qu' en 1587, son salaire a été augmenté à 400 florins à 472 florins par an en 1592. Ce revenu lui a permis d'acheter deux maisons, dans lesquelles il était en mesure d'organiser une véritable école  de trombone  et de la composition, de recevoir des étudiants, et d'acquérir de nouveaux revenus . Son élève le plus célèbre était Jacob Paumann, qui deviendra  "recteur und inspector der Instrumentisten» au chapitre de la cathédrale d'Augusta en 1596. A partir de 1589 Fileno a enseigné au collège des Jésuites de Bamberg ; le 15 mars 1591, il a reçu une rente de deux cents florins par an. M. Praetorius , dans Syntagma Musicum , le cite comme «le plus célèbre maître de Munich", et sans doute a-t-il été  reconnu comme un tromboniste, mais aussi comme un compositeur d'une certaine importance, bien que son style soit très similaire à celui de Orlando de Lasso.

De ses compositions nous  sont venus nous quelques chansons incluses dans des recueils de musique polyphonique publiés entre 1569 et 1624. Il a composé la musique profane, comme en témoigne le madrigal "da nave scorta da celeste lume», qui fait partie de Musica dei virtuosi della florida Capella dell'Illº. S. Ducca di Baviera a cinque voci, , publié à Venise en 1569 par G. Scotto et édité par M. Troiano . Fileno Cornazzani a composé aussi de la musique sacrée ; iil semble qu'il  pas composé  pour le trombone, ce qui est très surprenant  de la part d'un virtuose de son niveau. Il mourut à Munich en Juillet 1628.

 

De gauche à droite :

 

I. La Cornemuse (Musicien n°8)...ou le Tournebout voire le Cromorne.

Selon Bernhard Rainer, "L’instrument à vent qui est caché en partie par les joueurs violon ténor et de la grande basse de viole a été clairement identifié dans un article musicologique comme un instrument à anche avec capsule en registre de ténor, et représente à mon avis une cornemuse ; dans son rapport sur les noces, Troiano en confirme l’usage fréquent dans des distributions d’ensemble similaires."

L'article musicologique est celui de Barra Boydell qui reconnaît ici un instrument à anche double (windcap), et qui évoque la possibilité qu'il s'agisse d'un tournebout (Crumhorn), représenté par Praetorius Pl. XIII n°2 sous le nom de Krumbhorner. 

Praetorius Pl. XI n° 6-9 : Grosser Bock -Schaper Pfeiff -Hümmelchen - Duden

https://archive.org/stream/imslp-musicum-praetorius-michael/PMLP138176-PraetoriusSyntagmaMusicumB2#page/n285/mode/2up

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II. La Flûte à bec basse (Musicien n°9).

Baßblockflöte (de)

Praetorius Pl. IX n°1

https://archive.org/stream/imslp-musicum-praetorius-michael/PMLP138176-PraetoriusSyntagmaMusicumB2#page/n283/mode/2up

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III. La Flûte traversière (Musicien n° 10).

Traverseflöte (de)

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IV. Le Trombone basse (Musicien n° 11).

(qui se distingue clairement du trombone ténor par la manette sur la coulisse).

Baßposaune, que Praetorius nomme Quartposaune Pl. VIII n°1-2

 

Praetorius Pl. VIII :https://archive.org/stream/imslp-musicum-praetorius-michael/PMLP138176-PraetoriusSyntagmaMusicumB2#page/n283/mode/2up

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Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187 . droits réservés MDZ, BSB.

8 : Instrument à anche double : Cornemuse, ou Tournebout, ou Cromone.

9. Flûte à bec basse

10. Flûte traversière.

11. Trombone basse.

12 et 12a : Virginal.

A & B : organistes ? 

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V. Le Cornet muet jaune (Musicien n° 13).

Mute Cornett (en) ; Stille Zinken (de) ; Cornetto muto (it.)

Proche du Cornet droit (Gerader Zink), et comme lui taillé dans le buis qui lui donne sa couleur jaune, et de contour cylindrique (et non octogonal) , il s'en distingue par son embouchure non détachable.

Praetorius Pl. VIII n°9 : https://archive.org/stream/imslp-musicum-praetorius-michael/PMLP138176-PraetoriusSyntagmaMusicumB2#page/n283/mode/2up

ou Pl. XIII n° 3 https://archive.org/stream/imslp-musicum-praetorius-michael/PMLP138176-PraetoriusSyntagmaMusicumB2#page/n287/mode/2up

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VI. Le Cervelas. (Musicien n°14).

Cervelas (fr.) = Rackett (en.) = Rankett (de.)

Praetorius Pl. X n°8-9

https://archive.org/stream/imslp-musicum-praetorius-michael/PMLP138176-PraetoriusSyntagmaMusicumB2#page/n285/mode/2up

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VII. Le Cornet à bouquin recourbé noir (15).

 

Cornetto ou krummer Zink, schwarzer Zink (de) ; The curved cornett (en) ;   cornetto curvo, cornetto alto (it.) : c'est le type le plus habituel, long de 60 cm et taillé dans un seul bloc de bois (prunier, poirier, pommier). Le son est produit  par la vibration des lèvres dans une embouchure.  Lointain cousin des cornes d’animaux percées de trous, le cornet de forme incurvé vers la droite est taillé à 8 pans, sans pavillon marqué. Une peau recouvre le corps fait de deux moitiés de bois gougées et collées. Le corps est percé de 6  trous, et d'un trou pour le pouce près de l'embouchure. L’embouchure (le « bouquin »)  est en corne, bois, os ou ivoire, démontable. (Wikipédia)

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Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187 . droits réservés MDZ, BSB.

13 : Cornet muet jaune

14 : Cervelas

15 : Cornet à bouquin courbe noir.

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IV LES CHORISTES.

1. Les trois jeunes choristes.

Ils appartiennent au groupe des 6 ou 12 enfants confiés à la direction du Précepteur. 

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, la Hofkapelle de Munich, Mus. Ms. AII page 187 . droits réservés MDZ, BSB.

 

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2. Les choristes adultes.

N. Schwindt décrit dans l'image "15 chanteurs adultes tête nue, (onze à gauche, quatre à droite)". A l'époque, en 1570, la Cantorei comportes 23 chanteurs : 7 altistes, 7 ténors et 9 basses, originaire soit des Pays-Bas, soit d'Italie. J'ai décrit le Choeur de Chapelle de Munich dans la première partie de cet article, dans la description de la page 186 où Mielich le montre chantant a capella un office dans la Chapelle Saint-Georges.

 

 

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LES ORGUES ET LES ORGANISTES.

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On ne voit pas d'orgue, sur cette enluminure, mais on voit peut-être les organistes, si on admet avec N. Schwindt  que ce sont eux qui sont représentés parmi les spectateurs, mais qui s'en distinguent en  portant un couvre-chef, debout. Peut importe : cette hypothèse permettra de les présenter. 

La Cantorei comporte 3 Organistes (Organisten)

  •  Guiseppe Guami, (Joseph de Luca,), frère de Francesco, mais de plus grande renommée. Premier organiste à Munich en 1568, puis organiste à Lucques de 1570 à 1582, chef de chœur de Gênes en 1585, puis premier organiste de la basilique San Marco à Venise en 1588. Compositeur prolifique de madrigaux et de musique instrumentale,  et l'un des plus grands organistes de l'italien de la fin du XVIe siècle,  Il fut également un professeur de musique réputé l'un des principaux enseignants d'Adriano Banchieri  .

  •  Giov. Battista Morselino ou Morsolino, Morsellino, né à Crémone, chanteur puis organiste engagé à Munich en 1568, brièvement à Landshut en 1569, à Munich de 1569 à 1573 puis de 1586 à 1590, il décède en 1591. Compositeur de deux madrigaux (Scotto, 1569) et de motets. Voir Troiano page 43. Il est désigné comme Johann Babtista Cremona par le comptable.

  • Ivo de Vento, né à Anvers vers 1543, il est engagé comme choriste par Roland de Lassus à l'automne 1556 à Munich. Sa voix s'étant brisée en 1560, Il  a été envoyé à Venise  pour y étudier l'orgue avec Claudio Merulo ou Annibale Padovano. Le jeune musicien a été très influencé par le style italien, qui a été reflétée dans ses compositions. A son retour à Munich de Vento a été nommé en 1563 troisième organiste de l'orchestre de cour. Après le mariage du duc Wilhelm V en 1568 il l'a suivi à Landshut , où il a servi pendant un an comme chef de choeur. Puis il est retourné à son poste à Munich et y est resté comme organiste de la cour jusqu'à sa mort en 1575 . Ivo de Ventos a  composé des œuvres sacrées, messes, motets, madrigaux et de la musique de divertissement profane. 

     

 Le facteur d'orgue se nomme Caspar Sturm (auteur du premier orgue de Regensburg, 1584). Des sommes sont versées  aussi au souffleur, nommés kalkant ou Calcant (ainsi, Lienhart Cramer reçoit 18 florins en 1569). Un Capelldiener est aussi mentionné dans les comptes, après les organistes et le manieur de soufflet, comme un employé necessaire au fonctionnement de l'orgue.

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Massimo Troiano écrit à leur propos :

"MAR. Chi vi è per organista ? FOR. Messer Gioseppe da Lucca, giovanne degno di molta laude perle sue infinite virtu, et honorati costuma. MAR. Il conosco, in Venetia quando che sotto la disciplina di Messere Adriano ivi era. FOR. Vi è anco Messer Giovan Battista Morsolino da Cremona, virtuoso certo tanto qualificato di honorati intertenimenti, che s'io vi volesse dire, come compartite tiene l'hore del giorno, vi faresti maraviglia.  Vi è anco Messer Ivo de Vento, nell'arte della Musica molto essercitato. MAR. — Dunque vi sono tre Organiste. FOR. Tre sono e vanno a vicenda ogni settimana al servitio."

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Praetorius Syntagmata Pl. II : Positif

Iconographie de l'orgue dans le Mus. Ms. A de Mielich :

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Hans Mielich, David ; harpe, Luth et orgue Mus. Ms. AII page 76 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, David ; harpe, Luth et orgue Mus. Ms. AII page 76 . droits réservés MDZ, BSB.

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Quel est le morceau joué par les musiciens ?

 

"À la recherche de la composition dont le tableau de Mielich illustre la représentation, l’idée s’impose qu’il pourrait s’agir des sept Psaumes de pénitence et des deux psaumes Laudate de Roland de Lassus. Ces pièces ont finalement été transcrites dans le manuscrit de luxe en deux parties de Munich. Toutefois, les Psaumes de pénitence de Lassus ne sont composés qu’à cinq voix pour l’essentiel. Des œuvres à cinq voix et six instruments à cordes, sept instruments à vent, deux instruments fondamentaux plus un groupe de chanteurs – comment cela va-t-il ensemble ? La solution de l’énigme se trouve dans le dernier demi-vers de la doxologie qui constitue chaque fois la fin des Psaumes de pénitence respectifs : à partir de Sicut erat in principio, Lassus ajoute une sixième voix à la composition. Il ne s’agissait plus maintenant que de trouver l’attribution logique des instruments aux voix dans le Sicut erat. Dans les instruments à vent, les deux cornets suivent le Cantus I et II, la flûte traversière l’alto, la cornemuse et la flûte à bec basse le ténor I et II, et le trombone basse la basse. Dans les instruments à cordes, deux violons accompagnent le Cantus I et II, l’alto ténor et basse le ténor I et II, et la grande basse de viole la voix de basse. La présence tout d’abord énigmatique du troisième violon s’explique par la flûte traversière qui double aussi l’alto : équivalent à la flûte traversière sonnant une octave plus haut, le violon joue la voix d’alto transposée une octave plus haut. Et enfin, grâce à la transposition au cas par cas de la grande basse de viole une octave plus bas, nous obtenons une extension à la fois simple et géniale de l’éventail sonore de la composition par l’instrumentation sans modifier celle-ci. Les instruments de fondement ranquette, virginal et luth soutiennent tout l’ensemble en partant de la basse. Les distributions des vers de deux à cinq voix suivent les indications de Troiano à l’aide des instruments représentés par Mielich. Dans les vers à cinq voix, les chanteurs sont ainsi accompagnés soit par les cordes soit par les instruments à vent. Tandis que les cinq instruments à cordes soutiennent chacun une voix, les instruments à vent forment un ensemble mixte «  muet  » avec cornet muet, flûte traversière, cornemuse, flûte à bec basse et trombone basse, comme cela est aussi documenté pour le mariage princier de 1568. Les instruments à vent « forts » cornet à bouquin recourbé et ranquette n’interviennent qu’au Sicut erat tout comme le troisième violon. Les exécutants de ces trois instruments forment donc sur le tableau un groupe à part qui ne fait son entrée qu’au début de la doxologie. Les vers de seulement deux à quatre voix sont confiés aux chanteurs solistes avec soutien au cas par cas du luth ou du virginal – Troiano parle des scelte voci (« voix choisies ») dans l’exécution de ces passages. L’ensemble complet du tableau de Mielich reste ainsi réservé au demi-vers Sicut erat. Il en naît un incroyable effet de conclusion à la fin de chaque Psaume de pénitence. Cette splendide musique de la Renaissance nous fait appréhender dans tous nos sens ce que pouvait signifier une œuvre d’art intégrale pour les gens de cette époque." Bernhard Rainer.

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QUELQUES INSTRUMENTS PEINTS PAR MIELICH DANS LES PARTITIONS (1565-1570).

 

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Hans Mielich, Mus. Ms. AII page 179 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Mus. Ms. AII page 179 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Mus. Ms. AII page 179 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Mus. Ms. AII page 179 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Mus. Ms. AII page 179 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Mus. Ms. AII page 179 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Mus. Ms. AII page 179 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Mus. Ms. AII page 179 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Mus. Ms. AII page 179 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Mus. Ms. AII page 179 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Mus. Ms. AII page 179 . droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Mus. Ms. AII page 179 . droits réservés MDZ, BSB.

 

 

 

La caisse à musique de Hans Jakob Fugger.

...à venir..

 

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Hans Mielich, Mus. Ms. A.II folio 187, droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Mus. Ms. A.II folio 187, droits réservés MDZ, BSB.

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Hans Mielich, Mus. Ms. A.II folio 187, droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich, Mus. Ms. A.II folio 187, droits réservés MDZ, BSB.

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Comparaison avec le frontispice du Patrocinium musices de Roland de Lassus, 1573.

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Dans une pièce carrelée assez semblable à la Salle Saint-Georges du Neuvestes,, mais délimitée par des ttentures, un groupe de 14 personnes sont réunis  autour d'une table. Sur celle-ci, des partitions sont posées, ainsi qu'un virginal. On dénombre 9 musiciens (dont 4 assis), deux jeunes chanteurs en avant, trois chanteurs en arrière. 

Les instruments ont étté étudiés par Rudolf Eras qui identifie:

  • un virginal,
  • un groupe d'alti (altagruppe) constitué de  deux trombones, deux Cornetto curvo. 
  •  un groupe de basses (Baßagruppe) : Violine, Flûte traversière, Luth, Viole de Gambe.

 

http://www.zeno.org/Kunstwerke/B/Meister+I+N%3A+Titelblatt+von+Orlando+di+Lassos+%C2%BBPatrocinium+Musices,+Prima+Pars%C2%AB,+1573+M%C3%BCnchen

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SOURCES ET LIENS :

— Annales de la Société royale des beaux-arts et de littérature de Gand, Volume 7 :page 191

https://books.google.fr/books?id=624TAAAAQAAJ&pg=PA192&dq=%22In+corde+prudentis+requiescit+sapientia%22+lassus&hl=fr&sa=X&ei=aBFRVf2lGe3fsATc1oDABg&ved=0CCUQ6AEwAQ#v=onepage&q&f=false

 

— BERGQUIST (Peter) 2006,   Orlando Di Lasso Studies page 165   Google

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 — Sur la musique baroque et ses instruments : http://classic-intro.net/introductionalamusique/baroque3.html

Sur la musique à Munich :

http://www.musiklexikon.ac.at/ml/musik_M/Muenchen.xml

Sur la Résidence de Munich :

http://www.residenz-muenchen.de/deutsch/service/publik.htm

 
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  • : Le blog de jean-yves cordier
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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