Zoonymie de la Thécla du Prunier Satyrium pruni (Linnaeus, 1758).
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Voir sur ce blog :
- Zoonymie de la Thécla de l'Orme Satyrium w-album (Knoch, 1782).
- Zoonymie (étude du nom) de la Thécla de l'Yeuse Satyrium ilicis (Esper, 1779).
- Zoonymie ou étude du nom de la Thécla de l'Amarel Satyrium acaciae (Fabricius, 1787).
- Zoonymie (étude du nom) du papillon la Thécla du Bouleau Thecla betulae Linné, 1758.
...parmi plus de 80 autres zoonymies...
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La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).
Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.
Résumé.
— Satyrium Scudder, 1876 : l'auteur américain donne l'explication du choix de son genre dans sa description originale en soulignant "la sobriété de ses marques et de sa coloration , rappelant dans une certaine mesure le ton de couleur propre aux Oréades ou Satyrids, d'où le nom que je lui aie attribué". En effet, les ailes de l'espèce-type du genre, Satyrium fuliginosa ou "Western Sooty Hairstreak" sont d'un gris uni en dessous et d'un brun terne au dessus, qui peuvent rappeler les couleurs de quelques Satyrides. Le nom ne crée aucun rapport entre les espèces du genre, et les satyres de la mythologie.
— pruni, du latin Prunus "Prunier". Cet adjectif spécifique a été créé par Linné dans le Systema naturae de 1758, cet auteur le justifiant par la mention (qui concerne la chenille) Habitat in Pruno domestica "Vit sur le Prunier cultivé". En 1761 dans Fauna suecica, il se contentait de Habitat in Pruno , le Genre incluant ainsi entre autre le Prunellier. Ce qualificatif -pruni appartient aux 25 des 192 noms linnéens qui désignent la plante nourricière, dont 8 Plebejus ( betulae, pruni, quercus, rubi, caricae, virgaureae, bixae, malvae).
— Le papillon a d'abord été nommé "Le Porte-Queue brun à [deux] lignes blanches " par Geoffroy (1762) et par Engramelle (1779), — nom encore utilisé par Oberthür —, puis "Polyommate du Prunier" par Latreille (1818) et Godard (1821), avant que G.C. Luquet ne propose en 1986 "La Thécla du Coudrier" puis en 2013 "La Thécla du Prunier".
I. Nom scientifique.
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1.NOM DE FAMILLE.
1°) Famille des Lycaenidae, William Elford Leach, 1815. Les Lycènes.
Leach, William Elford, 1790-1836 "Insecta" pp. 329-336."Entomology". pp 646-747 in D. Brewster éditeur, Brewster's Encyclopaedia Edinburgh, [Edinburgh, volume 9, 1, 04/1815 pp. 57-172 : selon Sedborn 1937] [Philadelphia, E. Parker,1816? selon BHL Library] page 718. [ Article publié anonymement et attribué à Leach, qui avait annoté son propre manuscrit]
La famille Lycaenidae tient son nom du genre Lycaena de Fabricius (1807).
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Sous-famille des Theclinae Butler, 1869 : [Thiéclines : Théclas ou Thècles et Faux-Cuivrés]. Hairstreaks en anglais
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Sous-famille des Lycaeninae [Leach, 1815] : [Lycénines : Cuivrés].
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Sous-famille des Polyommatinae Swainson, 1827 : [Polyommatines : ; Azurés, Argus et Sablés]. Blues en anglais.
2°) Sous-famille des Theclinae Butler, 1869 : les Thèclas ou Thècles et les Faux-Cuivrés.
Les Theclinés se distinguent par la présence d'une courte queue sur les ailes postérieures. Ils portent le nom de Hairstreaks ["cheveux-stries] en anglais, en raison (W. Dale) des lignes fines qui traversent la face inférieure de leurs ailes.
Elle comprend trois tribus en France :
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Tribu des Tomarini Eliot, 1973 (Genre Tomares ).
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Tribu des Theclini Butler, 1869.
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Tribu des Eumaeini Doubleday, 1847.
3°) Tribu des Eumaeini Doubleday, 1847
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Genre Satyrium Scudder, 1876
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Genre Callophrys Billberg, 1820.
http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38600#page/160/mode/1up
2. NOM DE GENRE : Satyrium Scudder, 1876
a) Description originale :
Satyrium Scudder, 1876; "Synonym list of the butterflies of North America, North of Mexico. Part 2. Rurales." Bulletin of the Buffalo Society of natural Sciences, Chicago, 1887 3 [18], page 106.
http://www.archive.org/stream/bulletinofbuffal03buffuoft#page/106/mode/1up
— Description :
"8. SATYRIUM Scudder.
Type : Lycaena fuliginosa Edw.
This genus which both Edwards and Boiduval referred to the Ephori is allied to Erora, but in the sobriety of its markings and coloration is in striking contrast to that group, recalling to a certain degree a tone of color common among Oreades or Satyrids, whence the name I have applied to it . The center of the eyes is thinly pilose ; the palpi, though slight, are longer than the eyes by the whole lenght of the terminal joint. The fore tibiae are three-fourths and the middle tibiae seven-eights the lengyh of the hind tibiae. The wings are broader than in Erora, resembling more those of Callipsyche, but, as in the former genus, the male has no discal stigma on the front pair, and the hind wings are scarcely excavated at the tip of the inner border ; the first superior subcostal nervule of the fore wings arise at or just before the middle of the cell, and the letter is a little less than half as long as the wing. In the markings of the under surface of the wings Satyrium resembles Callipsyche more closely than Erora, but in structure it seems nearly allied to the latter."
8. Satyrium Scudder.
Type: Lycaena fuliginosa Edw.
Ce genre que Edwards et Boiduval placent tous les deux parmi les Ephori est proche du genre Erora, mais par la sobriété de ses marques et de sa coloration il entre en contraste frappant avec ce groupe, rappelant dans une certaine mesure le ton de couleur propre aux Oréades ou Satyrids, d'où le nom que je lui aie attribué. Le centre des yeux est finement velu; les palpes, si légers, sont plus longs que les yeux de toute la longueur de l'articulation terminal. Les tibias antérieures sont trois quarts plus longs, et les tibias du milieu des sept huitièmes de la Longueur, que le tibia postérieur. Les ailes sont plus larges que chez Erora, ressemblant plus ceux de Callipsyche, mais, comme chez le premier genre, le mâle n'a pas de tache discale sur la paire d'ailes antérieures et les ailes postérieures sont à peine creusée à la pointe de la bordure intérieure; le premier nervule sous-costale supérieure des ailes antérieures se situe au niveau ou juste avant le milieu de la cellule, et la lettre est un peu moins longue que la moitié de l'aile. Dans les marques de la surface sous des ailes Satyrium ressemble à Callipsyche plus étroitement que chez Erora, mais dans la structure elle semble presque appartenir à celle-ci.
N.B : pour comprendre cette description, il faut savoir que Scudder place ce genre entre le n°7 Erora , nom encore valide aujourd'hui pour des Theclinae Eumaeni américains, et le n°9 Callipsyche, également valide pour des Theclinae Eumaeni. Il faut aussi savoir que le nom d' Ephori est synonyme (Herbst, 1793) ou analogue à la sous-famille des Theclinae. (Herbst avait divisé les Plebejus rurales de Linné en deux groupes, Vestales et Ephori). En 1881, Scudder écrivait "Tribe Ephori Herbst =Theclides Kirby = Hairstreaks". On peut admettre l'équation Ephori = Thécla.)
Enfin, les Oréades désignent un "Stirps" de Hübner, un rang taxonomique peut-être équivalent à nos Sous-familles, et qui renferme pour cet auteur des Papilio Danai gemmati de Linné soit les Satyri de Fabricius, donc la sous-famille des Satyrinae.
— Type spécifique: Lycaena fuliginosa Edwards, 1861. Proc. Acad. nat. Sci. Philad. 13: 164.
— Noms juniors :
- Chrysophanes ; Weidemeyer, 1864 Proc. ent. Soc. Philad. 2(4) : 536.
- Chrysophanus Hübner, 1818 Zutr. Samml. exot. Schmett. 1 : 24. (publication précédant la seconde mention de ce nom par Hübner en [1819] dans Verzeichniss bekannter Schmettlinge page 72.
— Ce genre renferme 6 espèces en France :
- Satyrium acaciae (Fabricius, 1787) Thécla de l’Amarel.
- Satyrium esculi (Hübner, [1804]) Thécla du Kermès.
- Satyrium ilicis (Esper, 1779) Thécla de l’Yeuse.
- Satyrium w-album (Knoch, 1782) Thécla de l’Orme.
- Satyrium pruni (Linnaeus, 1758) Thécla du Prunier
- Satyrium spini ([Denis & Schiffermüller], 1775) Thécla des Nerpruns
Origine et signification du nom
—A. Maitland Emmet (1991) page 148:
"Saturos, a satyr, a mythical being associated with the worship of Bacchus, in art often depicted with the horns and tailo of a goat. The satyrs engaged in voluptuous dances with the nymphs and this name, like Ochlodes Scudder, draws attention to the spritely flight of the butterflies. Another possible source is a plant called saturion, which was used as an aphrodisiac. Derivation from Saturium, a town in southern italy, is unlikely, since the Latin "u" should not be changed to a "y"."
—Luquet in Doux et Gibeaux (2007) page 170:
" du grec Saturos, "Satyre". êtres mythiques associés au culte de Bacchus, les Satyres se livraient à des danses voluptueuses avec les Nymphes, et le nom Satyrium semble faire allusion au vol sautillant de ces papillons. Ce nom de genre pourrait aussi dériver de Saturion, nom grec d'une plante censée posséder des pouvoirs aphrodysiaques."
— Perrein et al. (2012) page :
Étymologie : du latin satyrus, du grec satyros, "satyre" ; les satyres de la mythologie gréco-romaine sont des démons, compagnons de Dionysos —ou Bacchus pour les Latins—, représentés souvent cornus, avec une longue et large queue, et un membre viril toujours dressé et surdimensionné. La teinte sombre du recto des ailes des espèces du genre, ainsi que les petites queue des ailes postérieures, a pu inspirer l'entomologiste américain, plutôt que leur vol dansant comme le suggère Emmet (1991).
— Arizzabalaga & al. 2012 :
Satyrium : Els satirs, divinitats gregues dels boscos
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Discussion.
A. M. Emmet, recopié par Luquet (2007) et Perrein & al. (20013), interprète le mot Satyrium comme s'il s'agissait du mot Satyrus, et sans consulter la description originale de Scudder. Pourtant, l'auteur américain ne se réfère nullement aux personnages mythologiques du cortège de Dionysos, ni à leurs danses, ni à leurs queues, mais se réfère à la taxonomie des lépidoptères et il le dit très clairement : "par la sobriété de ses marques et de sa coloration il [ce genre] entre en contraste frappant avec ce groupe [des Theclinae], rappelant dans une certaine mesure le ton de couleur propre aux Oréades ou Satyrids, d'où le nom que je lui ai attribué."
Satyrium prunii (Theclinae) à gauche, et Maniola jurtina (Satyrinae) à droite : (presque) la même "sobriété des marques et de la couleur".
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Avec Satyrium prunii, la démonstration n'est pas spectaculaire, mais il faut se souvenir que Scudder prend comme espèce-type Satyrium fuliginosa, "fuligineux" — The Western Sooty Hairstreak— qui, comme son nom l'indique, est particulièrement dépourvu de couleurs vives et dont les marques sont particulièrement sobres :
©Kim Davis 2010 © 2008 Andrew Warren
Lasiommata petropolitana ("Gorgone) :
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3. NOM D'ESPÉCE : Satyrium pruni, (Linnaeus, 1758).
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a) Description originale
Papilio pruni Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Editio decima, reformata. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 1-824. page 482.
[http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277#page/504/mode/1up]
147. P.P alis subcaudatis supra fuscis, subtus fascia marginali fulva utrinque nigro punctata.
Habita in Pruno domestica.
Traduction mihi "Ailes à queue ébauchée, brunes sur le dessus, avec une bande marginale fauve au dessous avec des points noirs."
b) Références données par Linné.
1°) Roesel. Insecten Belustigung I. pap. 2.t.7.
2°) John Ray, Insect. 130. n° 9 ?
3°) James Petiver Gazophylacii II f.10
c) localité et description.
— Localité-type : Allemagne, désignée par Verity, R. 1943. Le Farfalle diurne d'Italia 2. Divisione Lycaenida. Marzocco, Firenze. 2: 401 pp. Page 370.
— Selon Dupont & al. (2013), "cette espèce a une répartition eurasiatique. Elle est signalée dans toute la France sauf dans le Massif Armoricain et dans le domaine méditerranéen. Il existe une population allopatrique en Provence Alpes-Côte d’Azur, principalement localisée dans les Préalpes de Digne. Les chenilles se nourrissent principalement sur Prunus spinosa L. ."
— Selon Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A8cle_du_prunier
C'est un petit papillon au dessus marron, avec une queue aux postérieures, et des taches orange submarginales, discrètes aux postérieures chez le mâle, aux postérieures et aux antérieures chez la femelle.
Le revers est de couleur marron orné d'une fine ligne blanche et de taches submarginales orange confluentes marquées d'un petit point noir.
La chenille, petite et trapue, possède une tête rétractile marron clair et un corps vert avec deux rangées de bosses dorsales blanchâtres et des stries obliques jaunâtres sur les flancs. Il vole en une génération, entre mi-juin et mi-juillet.
Il hiverne à l'état de chenille formée dans l'œuf pondu à la fourche des rameaux.
Sa plante hôte est le prunellier ou épine noire Prunus spinosa. Et aussi Prunus padus et d'autres Prunus.
Il est présent dans une grande partie de l'Europe, mais ni en Espagne, ni dans la majeure partie de l'Italie et de la Grèce, ni dans le nord. Il est aussi présent en Sibérie et jusqu'en Corée et auJapon.
En France métropolitaine il est présent dans la moitié est allant du sud-ouest au nord-est. Suivant d'autres sources il ne serait absent que de Bretagne, quelques départements du sud de la France et de Corse. C'est un lépidoptère des fourrés de prunelliers.
c) Origine et signification du nom pruni
— Les interprétations des auteurs antérieurs :
— Arnold Spuler ( 1908) 1 page 53 :
"Prunus, Gattungsname von Steinobstpflanzen.“
"Prunus, nom générique de Steinobstpflanzen."
— A. Maitland Emmet (1991) page 148 :
"— Prunus, the blackthorn genus ; correctly given by Linnaeus, although his references to earlier British authors show that at least in part he has confusing this species vith the previous one [w-album]. "
Trad. (mihi) : "- Prunus, le genre Prunus ; Correctement donné par Linné, mais les références à des auteurs britanniques antérieurs montrent qu'il a au moins dû confondre cette espèce en partie avec la précédente ".
— Hans Arnold Hürter (1998), page 299 :
" "Die Raupe lebt an schlehen, manchmal auch an Zwetschenbaümen "(F-W II, S.78, und Higgins S. ) zeigt, daß der deutsche Name "Pflaumen-zipfelfalter" nur zum geringen Teil korrekt ist, ein Merkmal leider vieler Namen in den Landesprachen. Der wissenschaftliche Name, von der Pflanzengattung abgeleitet, erfaßt sowohl Schlehe als auch Zwetschge."
Trad. (mihi) "La chenille vit sur les prunelles, parfois sur des pruniers "(FW II, p.78, et Higgins S.) montre que le nom allemand "Pflaumen-zipfelfalter" n'est correct que dans une faible mesure, ce qui est, malheureusement, une caractéristique de beaucoup de noms dans les langues nationales . Le nom scientifique est dérivée de la plante du genre, incluant à la fois le prunellier et le prunier".
— Luquet in Doux et Gibeaux (2007) page 176:
"— pruni : genitif du mot Prunus, nom générique d'arbres fruitiers à noyau (divers Pruniers et Cerisiers, plantes nourricières attestées de cette espèce"
— Perrein et al. (2012) page :
"Étymologie : "du latin prunus, "du prunier" pour Linné, emprunté au grec proumnos ou prounos, ces derniers mots d'une langue anatolienne [Carnoy, 1959].
— Arizzabalaga & al. (2012) ; cette espèce n'est pas étudiée par ces auteurs.
— Discussion :
La seule "justification" du nom spécifique -pruni est sa création par Linné dans le Systema naturae de 1758, cet auteur expliquant cet adjectif par la mention Habitat in Pruno domestica.
Linné a décrit le Prunus domestica en 1753 dans Species Plantarum I, page 475, §9 :
http://www.biodiversitylibrary.org/item/13829#page/487/mode/1up
Fiche INPN Prunus domestica L. 1753 http://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/116067/tab/taxo
Fiche Telebotanica Prunus domestica L.
On considère qu'il s'agit d'un hybride Prunus spinosa x Prunus cerasifera.
Le prunier ou prunier cultivé est un arbre fruitier appartenant au genre Prunus, au clade Amygdalus-Prunus, section Prunus, de la famille des Rosaceae, cultivé pour ses fruits, les prunes. Il est plus rarement appelé prunier domestique.
En 1761, Linné se contentera d'indiquer, dans Fauna suecica, "Habitat in Pruno", sans préciser l'espèce de son genre Prunus. L'adjectif -pruni ne renvoie plus seulement alors au Prunier domestique, mais au Prunellier Prunus spinosa.
Sur les 192 espèces de rhopalocères nommées en 1758 par Linné, 25 portent le nom de leur plante nourricière : Aucun Equites, 2 Heliconii (ricini et psidii), 11 Danai (anacardii, crataegi, brassicae, rapae, napi,sinapis, cardamines, sennae, rhamni, cassiae, sophorae), 4 Nymphales (cardui, populi, urticae, vanillae) et 8 Plebeji ( betulae, pruni, quercus, rubi, caricae, virgaureae, bixae, malvae).
Description par les auteurs. Etude et complément des références de Linné.
A. Références de Linné (replacées dans l'ordre chronologique)
1°) James Petiver 1702, Gazophylacii II f.10
Si cette référence est exacte, elle correspond à une chenille, eruca carnea
2°) John Ray, 1710 Historia insectorum page 130. n° 9 ?. Linné place un point d'interrogation, et effectivement, la description de cette espèce, qui ne mentionne pas l'existence d'un appendice caudé, ne semble pas convenir. Pap. minor caerulescens, subtus striatus. John Ray renvoie à Petiver, Musei page 319.
3°) Roesel. Insecten Belustigung I. pap. 2.t.7. (1740)
illustration ci-dessous :
1°) Roesel. Insecten Belustigung I. pap. 2.t.7.
http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/7362#/summary
http://www.biodiversitylibrary.org/item/31182#page/138/mode/1up
2°) John Ray, Insect. 130. n° 9 ? https://archive.org/stream/historiainsector00rayj#page/n11/mode/2up
3°) Petiver Gazophylacii II f.10 books.google.fr/books?id=sp05AAAAcAAJ
Roesel von Rosenhof, Insecten Belustigung I, 1740, page 101 planche VII fig.3. Biodiversity Heritage Library
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B. Références complémentaires données par Charles de Villers in Caroli Linnaei Entomologia... curante Carolo de Villers 1789
4°) Linné, Fauna suecica , 1761, n° 1071 page 283.
Linné indique désormais "habitat in Pruno" (et non in Pruno domestico), ce qui associe désormais le qualificatif -pruni avec l'ensembles des arbres du genre Prunus, notammet P. spinosa, le Prunellier. En outre, il ajoute un complément de description :
Alae omnes fuscae ; postice caudae & ante caudam maculis 2. f.3. Ferrugineis lunatis. Subtus omnes obscure cinereae : linea transversa. Secundariae intra marginem posticum fascia fulva, utroque margine nigro punctata.
5°) Scopoli, Entomologia Carniolica , 1763 page 459
6°) Réaumur, Mémoires pour servir à l'Histoire des Insectes, 1734, . I. pl..28 fig 6-7.
Réaumur nomme (page 282) cette espèce par l'intermédiaire de sa chenille : "la chenille cloporte de l'orme". Les différents futurs Théclas ne sont pas encore différenciés.
7°) Schaeffer Icones insectorum 1779, . t.14 f.1-2 ; elem. t.94 f.15
8°) Esper t.XIX fig .3 et t.XXXIX f.1 a, b, var.
9°) Fuessli Ins. n°592. http://www.biodiversitylibrary.org/item/78769#page/11/mode/1up
10°) Fabricius page 526
III. NOMS VERNACULAIRES.
I. Les Noms français.
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1. [Le Porte-Queue brun à deux bandes de taches blanches ], Geoffroy, 1762.
Étienne-Louis Geoffroy 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ; Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt page 60 n°28
Papilio fuscus supra macula fulva, subtus fascia duplici, transversia macularum albicantium, alis secundariis lunularum ferruginearum serie, et in imo caudatis
Geoffroy donne se réfère dans son texte au Papilio pruni de Linné et reproduit les références de l'auteur suédois à J. Ray, à Petiver et à Roesel, mais il décrit un papillon à deux bandes de taches blanches, qui crée une confusion avec Thecla betulae, la Thécla du Bouleau. Il signale que la chenille se trouve sur l'orme (c'est la "chenille cloporte de l'orme " de Réaumur), par confusion avec Satyrium w-album . Pour ces raisons, je ne le considère pas parmi les nomenclateurs de l'espèce.
2. Le Porte-Queue brun à [deux] lignes blanches, Engramelle, 1779.
Jacques Louis Engramelle, 1779 Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 1 page 157 Planche 35 c-d et planche 36 a-f dessinées par J.J Ernst .
L'ouvrage disponible à la consultation en ligne sur archiv.org reprend le même nom que celui de Geoffroy, se réfère à la description de Geoffroy, à celle de Roesel, celle de Linné, celle d'Esper, de Réaumur, de Scopoli et de Fuessli. Par contre, il ne décrit qu'une seule ligne blanche : "une ligne composée de petites taches blanches traverse les deux ailes". La chenille, une "cloporte" de Réaumur, vit sur l'orme...mais "Linné dit qu'elle mange aussi des feuilles de prunier". Enfin, l'illustration a été reconnue comme conforme à Satyrium pruni par les entomologistes qui ont eu accès aux planches originales.
Mais, et c'est assez curieux, ces entomologistes (Latreille et Godart, Oberthür) ont lu "Le Porte-Queue à lignes blanches", en escamotant le chiffre "deux" embarassant. Dès 1780, François Rozier cite ce nom dans cette version "corrigée". Pourtant, je vérifie que Engramelle n'a pas corrigé lui-même ce nom (in Additions et Corrections). Mieux encore, Ochsenheimer et Treitschke parlent en s'y référant, d'un" Porte-Queue brun à une ligne blanche". Et enfin, Latreille et Godart reconnaisse le Papilio pruni dans les figures 72 c et d du tableau XXXV, celui qui porte chez Engramelle le nom de "Porte-Queue brun à taches aurores".
Dans cette version, le nom "Porte-Queue brun à lignes blanches" sera utilisé tout au long du XIXe siècle, à Colmar, dans le Doubs ou à Rouen et, par Oberthür, jusqu'en 1922. En 1868, Émile Blanchard utilise "Le Porte-Queue brun à ligne blanche", avec sa seule ligne blanche...
Après avoir écrit ces lignes, je découvre une édition de l'ETH-Bibliothek, Zürich Rar1316q http://www.e-rara.ch/zut/content/pageview/4154873, dont le texte est bien différent pour la page 157 planche XXXVI n°73 : l'espèce est nommée Le Porte-Queue brun à lignes blanches ; et on ne trouve plus que deux références, à Linné et à Roesel. C'est bien entendu cette édition qui a été consultée par les entomologistes postérieurs. La Planche XXXVI se trouve ici : http://www.e-rara.ch/zut/content/pageview/4155199
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3. Polyommate du Prunier , Latreille et Godart 1819
Latreille et Godart Encyclopédie méthodique, Histoire Naturelle . Entomologie, ou Histoire naturelle des crustacés, des arachnides et des insectes, par M. Latreille,, Papillon Paris : Vve Agasse tome 9, page 647 n° 111.
Cet article permet de disposer de l'ensemble des références bibliographiques sur cette espèce, notamment par les auteurs germaniques, autrichiens ou suisses.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58338273/f658.image.r=Godart.langFR
C'est la première description française cohérente avec nos connaissances. La chenille "vit sur le prunier sauvage".
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5. Polyommate du Prunier , Godart 1821.
Jean-Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons d'Europe, Paris : Crevot 1821, page 184 planche IX fig. 2 peinte par Delarue et gravée par Duménil.
"Le dessus des deux sexes est d'un brun noirâtre, avec une rangée postérieure de taches fauves aux quatre ailes de la femelle, et seulement aux secondes ailes du mâle.
Le dessous est d'un brun un peu plus clair que le dessus, avec une ligne blanche, transverse, commune, et légè-rement interrompue ; puis une bande fauve, offrant le long de son coté interne une série de points noirs, bordés de blanc antérieurement. cette bande est plus vive aux ailes inférieures. Elle y est en outre appuyée sur un cordon de taches noires, triangulaires, lesquelles s'appuient à leur tour sur une ligne blanche,presque marginale. [...] La chenille vit sur le Prunellier.
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Polyommate du Prunier, ♀, Godart, Planche IX fig.2
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6. "Polyommate du Prunier ", la chenille, Duponchel, 1849
Duponchel (Philogène Auguste Joseph) 1849 Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir à de compléter une l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, de MM. Godart et Duponchel . Paris : Germer Baillère, 1849 page 76 n°26,
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Chenille du Polyommate du Prunier, Planche VII fig. 26 a-b.©BHL :
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6. La revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986 et le nom vernaculaire actuel.
1°) Dans la révision des noms vernaculaires français des rhopalocères parue dans la revue Alexanor en 1986, Gérard Christian Luquet créait comme nom principal "La Thécla du Coudrier", comme nom accessoire "La Thécla du Prunier", et comme nom dont l'usage est à écarter "Le Porte-Queue brun à lignes blanches" d'Engramelle. Il accompagnait ce choix d'une note [39] :
[39] : "Le nom de "Thécla du Prunier" est tout-à-fait correct. Cependant pour éviter des confusions éventuelles avec l'espèce nommée "Thécla du Prunellier" (Satyrium spini), je propose "Thécla du Coudrier"
2°) Dans Doux et Gibeaux (2007) page 176, G.C. Luquet écrit encore
"La Thécla du Coudrier, la Thécla du Prunier : —Coudrier : Corylus avellana (Noisetier) l'une des plantes nourricières présumées de l'espèce. "
Dans Dupont et al. 2013, on lit (sous la plume de G.C. Luquet sans-doute)
"Le nom « Thécla du Coudrier » (LUQUET, 1986 : [13]), naguère proposé pour remplacer celui de « Thécla du Prunier », trop proche de celui de l’espèce voisine alors désignée sous le nom de «Thécla du Prunellier » (Satyrium spini D. & S.), peut être écarté au profit du rétablissement de «Thécla du Prunier », Satyrium spini ayant reçu dans l’intervalle un nouveau nom commun en relation avec la véritable plante nourricière de sa chenille."
Et à propos de S. spini :
"Parmi les anciens noms communs de cette espèce figuraient ceux de « Thécla du Prunellier » et de « Thécla de l’Aubépine », d’après les noms de deux Rosacées jadis considérées à tort comme plantes nourricières de cette Thécla. Diverses études ont montré que la chenille de ce Lycène se développait en réalité exclusivement sur les arbustes du genre Rhamnus. Un nouveau nom commun, Thécla des Nerpruns, a donc été proposé par P. LERAUT, puis repris dans la littérature entomologique (LUQUET, in RUCKSTUHL, 1977 : 228 ; LUQUET, in DOUX & GIBEAUX, 2007 : 178). "
7. Noms vernaculaires contemporains :
Charles Oberthür et Constant Houlbert , dans leur Faune armoricaine de 1912-1921, utilisent page 188 le nom scientifique de Thecla pruni suivi immédiatement du nom de "Porte-Queue brun à lignes blanches" , répétant ce nom à la page suivante avec la mention "ainsi que le nomme Engramelle".
— Doux & Gibeaux 2007 : " La Thécla du Coudrier "..
— Perrein et al. 2012 : "Thécla du Prunier ".
— Wikipédia : "Thécle du prunier ou Thècle du coudrier ".
SOURCES ET LIENS :
— Funet : Satyrium
— Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : Satyrium pruni
— lepiforum : Satyrium pruni
BIBLIOGRAPHIE
Voir : Zoonymie des Rhopalocères : bibliographie.
http://www.lavieb-aile.com/article-zoonymie-des-rhopaloceres-bibliographie-124969048.html