Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Béhuard (49). Révision de la datation par l'héraldique ?
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Voir :
- La cloche de Notre-Dame de Béhuard offerte par Louis XI vers 1472.
- La liste de mes 200 articles sur les vitraux.
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L'église Notre-Dame de Béhuard ("Île Marie" en 1040 lorsqu'elle fut offerte au chevalier breton Buhuardus qui légua l'île et sa chapelle en 1060 à l'abbaye Saint-Nicolas d'Angers), d'abord évangélisée au Ve siècle par l'évêque d'Angers saint Maurille, est un lieu de pèlerinage très ancien fréquenté par les bateliers de la Loire, érigée sur le sommet d'un rocher, puis agrandie et enrichie des dons de Louis XI entre 1469 et 1482 à la suite d'un vœu prononcé en 1453. Elle fut rattachée à la paroisse de Denée.
Elle a un plan particulier avec deux vaisseaux disposés en équerre, à cause de cet emplacement sur le roc, et on y accède par l'un des deux escaliers dallés de schistes.
Monseigneur Freppel évêque d'Angers a remis à l'honneur le pèlerinage en 1870, et trois verrières datent de la fin du XIXe siècle dont la baie 4 dédiée à la Vierge, par l'atelier Meignen, Clamens et Bordereau en 1888, et la baie 6 aux quatre bustes des évangélistes, accompagnés du pélican attribué à Thierry père.
Rappel : Charles Thierry"père" créa un atelier de vitrail en 1836 à Saint-Georges-sur-Loire, puis son fils Charles Thierry ouvrit son atelier en 1846 à Angers (20 rue d'Orléans) avec Louis Truffier, verrier parisien. A sa succession, l'atelier accueille Meignen, Jean Clamens, Charles Bordereau. En 1880, Truffier s'installe Place au Pélican.
https://barthe-bordereau.com/atelier/histoire/
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Mais je décrirai ici les vitraux du XVe siècle, en partant de la description des auteurs du volume II du Corpus Vitrearum Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire, (1981), pages 302-303, en l'étoffant de mes petits commentaires, et en la complétant de mon analyse des armoiries.
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La baie 0.
Cette baie à 3 lancettes trilobées au décor organisé en 3 registres date du dernier tiers du XVe siècle (et donc de la construction de la chapelle en 1469 par vœu de Louis XI) mais a été restaurée au XIXe siècle avec remplacement du registre inférieur et du panneau central du registre intermédiaire).
Elle mesure 3,40 m de haut et 1,70 m de large.
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Registre supérieur (XVIe siècle).
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a) lancette gauche : écu armorié des La Haye-Jouslain. L'écu porte des armes de gueules à la croix tréflée d'hermines.
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b) lancette centrale : Trinité souffrante ou Trône de Grâces.
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À l'intérieur d'une riche architecture gothique à gables fleuronnés, pinacles, remparts crénelés et murailles à fenêtres grillagées, une tenture verte damassée de rinceaux sert de fond à Dieu le père, au visage de Christ à nimbe crucifère comme c'est alors l'usage; tenant entre ses bras la croix où son Fils est crucifié . La colombe sort de sa bouche et dirige son bec vers la tête couronnée d'épines. Cette colombe rappelle celle de l'enluminure de l'épistolier de Cambrai (1226), des peintures murales de la chapelle de Jean Chiffrevast à Coutances, datée de 1384, ou celles de l'enfeu de Gervais de Larchamp à Bayeux ( 1447). Voir ma synthèse iconographique, et le renvoi vers la publication de Boespflug et Zaluska ici :
On peut souligner que ce panneau trouve ses références au XIIIe, XIVe et milieu du XVe, plutôt qu'à la fin du XVe.
Le manteau rouge formant mandorle et la robe bleue relèvent des restaurations du XIXe.
Le jaune d'argent est utilisé pour la croix, la circonférence des nimbes, les barbes et chevelures.
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Lancette droite : écu armorié mi-parti.
L'écu de la lancette gauche ( de gueules à la croix tréflée d'hermines) est ici en alliance avec un autre de gueules au lion d'azur couronné d'or le lion portant entre ses pattes antérieures une fleur de lys d'or et entre les pattes postérieures un meuble de sable (couronne ou artefact).
Je propose d'y voir les armes de Jeanne de Vendôme, épouse d'Hardouin III de la Haye-Jouslain (cf. infra), en supposant que les armes des comtes de Vendôme aient été mal comprises par les restaurateurs. Jeanne de Vendôme était la fille de Jean VI de Vendôme , ou plutôt de l'oncle de ce dernier, Jean de Vendôme.
Notez que les premiers comte de Vendôme étaient la famille Bouchard, seigneurs de l'Isle-Bouchard.
http://www.francebalade.com/vendome/ctvendome.htm#comtevendome
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Le registre intermédiaire. Donateur et donatrice (XVe ) autour de l'écu royal (XIXe).
https://monumentum.fr/eglise-pa00108973.html
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a) Lancette gauche. Le donateur Briant de la Haye-Jouslain présenté par saint Jean-Baptiste.
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Sur fond d'une tenture verte à larges feuillages à digitations, Jean-Baptiste, largement restauré, se reconnaît à son manteau de poils de chameau et à l'agneau pascal tenant l'étendard de la Résurrection.
Il présente un donateur en armure recouverte d'un tabard à ses armes, et au visage marqué par une barbe bifide. Une courte fraise entoure son cou. Les solerets en pièces articulées n'ont pas d'éperon, ou ont un éperon sans molette, mais l'ignorance que nous avons des initiatives des restaurateurs incite à ne pas en tirer de conclusion. Néanmoins, il faudra comparer ce portrait avec celui de Louis XI et Charles VIII en donateurs sur la baie 2.
Il joint les mains, mais le prie-dieu n'est pas (ou n'est plus) visible.
Le plus intéressant est la lecture des armoiries du tabard. Ce sont celles de l'écu de gueules à la croix tréflée d'hermines du registre supérieur.
Bien que les différents auteurs n'identifient pas le donateur, les armoiries correspondent à celles de la famille La Haye-Jouslain (La Haye-Iolain, La Haye-Jolain, La Haye-Joslain, La Haye-Jousselin), que je peux présenter ainsi :
Cette famille de La Haye-Jouslain est issue d'une famille bourgeoise de Tour. Un certain Jean Jouslain ou Goslain fut sénéchal de Touraine en 1153-1163 et anobli par le comte d'Anjou ; ce dernier lui permit de créer à proximité d'Angers un ensemble féodal qui prit le nom de La Haye-Jouslain (commune de Saint-Sylvain-d'Anjou) . Signalons parmi cette lignée :
- Maurice I
- Maurice II
- Hardouin Ier de la Haye-Jouslain épouse Isabelle de Savonnière.
- Hardouin II épouse Jeanne de Mathefelon
- Hardouin III (mort après 1370) épousa Jeanne de Vendôme (d'argent au chef de gueules au lion d'azur, armé, lampassé et couronné d'or, brochant sur le tout) dont il eut Brient qui lui succéda, puis Anne de Launay qui lui donna encore trois fils. Il porte de gueules à une croiz, dermine patée pommetée . Sa fille Catherine épousa Geoffroi de Beaumont-La Forêt. Roberte de la Haye-Jouslain épouse Geoffroi III des Roches
- Briant la Haye-Jouslain (décédé après 1407) épousa vers 1360 Mahaut DE ROUGÉ, dame de Clervaux (décédé dès 1397) fille de Bonabès IV de ROUGÉ (de gueules à la croix pattée d'argent et d'argent à deux fasces de gueules ) et de Jeanne de l'Isle-Bouchard (de gueules à deux léopards l'un sur l'autre). Leur fille Catherine épousa Renaud de Vivonne (d'hermines au chef de gueules).
- Geoffroy de la Haye-Jouslain (ca 1363-1415) épousa Jeanne Isabeau d'Ancenis (de gueules à trois quintefeuilles d'hermines). Il décéda en 1415 à Azincourt, sans postérité.
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Le fief de La Haye-Jouslain est vendue en 1383 par Brient ou Briant à Colin Ier Cornillau.
Ajoutons qu'en 1684 les cinq quintes d'Angers sont la ville, Brain, la Haie-Jouslain, la Membroue et Saint-Georges.
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Parmi les nobles qui rendirent hommage à Marie de Blois (1345-1404), duchesse d'Anjou et comtesse du Maine en 1387 et 1388 apparaît, pour Angers, "Brient, sieur de la Haye-Jolain, chastellenie de la Haye-Jolain, [...] —chastellenie de Savonnières [pour Savennières] pour tant qu'il en a le duché, — forêt du Fouilloux" [s'étendant en partie sur Savennières]. https://archive.org/details/fiefsducomtdanj00espigoog/page/n8
[Les Savennières portaient de gueules à la croix pattée et alésée d'or .]
Or, Savennières est la commune située immédiatement au nord de l'île de Béhuard.
Ce même Brient de la Haye, chevalier, chastellenie de La Haye-Joullain, Savonnières et Santerre rend aveu au comté d'Angers comme lige le 8 juillet 1404, présenté le 27 septembre 1404 à l'assise d'Angers, et autre le 14 mars 1406.
https://archive.org/details/fiefsducomtdanj00espigoog/page/n26
Geoffroy de la Haye [son fils] fait aveu en 1409 "à cause de Jehanne d'Ancenis, sa femme", le 20 septembre et 21 décembre.
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Quelques liens :
https://gw.geneanet.org/fgautier1?lang=en&n=cornillau&nz=gautier&ocz=0&p=colin+ier&pz=francois
Voir La Chesnaye-Desbois
Voir généalogie
https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=hardouin&n=de+la+haye+jouslain&oc=2
Voir Gille Ménage
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En conclusion, nous pouvons affirmer qu'il s'agit d'un seigneur de La Haye-Jouslain. Son épouse va nous permettre de préciser qu'il s'agit de Brient.
Le fait qu'il soit présenter par Jean-Baptiste ne doit pas nous inciter à penser que le donateur porte ce prénom, mais seulement qu'il se réclame de son patronage ; ce sera la même chose pour son épouse. Jean-Baptiste et Catherine présentent sur les vitraux de très nombreux membres de la haute noblesse. À la même époque, la fin du XIVe et début du XVe, c'est encore Jean-Baptiste et Catherine d'Alexandrie que choisissent Philippe le Hardi et son épouse Marguerite de Flandres pour être présentées devant la Vierge au portail de la chartreuse de Champmol.
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Lancette droite : la donatrice Mahaud de la Haye-Jouslain présentée par sainte Catherine.
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Nous retrouvons le cadre d'architecture gothique, et la tenture verte à feuilles larges.
Sainte Catherine, identifiée par sa couronne et par la roue hérissée de lames de son supplice, présente la donatrice agenouillée et mains jointes.
Elle est coiffée d'un bonnet dont le pourtour plissé entoure tout son visage. Son surcot d'hermines est décolleté sur un cou gracile. Il est recouvert par un vêtement rouge aux manches évasées. La robe sert surtout à présenter les armoiries mi-parti alliant, à gauche, celle de son époux ( de gueules à la croix tréflée d'hermines) avec d'autres à droite de gueules à la croix pattée d'argent et de gueules à deux fasces d'argent.
En examinant successivement les armoiries de familles des épouses des seigneurs de la Haye-Jouslain, nous parvenons assez vite à la conclusion que ce sont, du coté droit, les armes de la famille de Mahaud de Rougé, épouse de Briant de la Haye-Jouslain. La partie haute (de gueules à la croix pattée d'argent ) correspond à la famille de Rougé, et la partie basse (de gueules à deux fasces d'argent) à la famille de Derval. Ces deux familles se sont réunies lors du mariage, en 1275, d'Olivier III de Rougé et d'Agnès de Derval, d'où se sont succèdés :
http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Rouge.pdf
- Olivier IV de Rougé + après 1316 chevalier, seigneur de Derval (44) et du Bouays 1272), x Aragon (1284) et Flandres (1304) ép. après 1275 et dès 1299 Agnès, dame de Derval + dès 06/1350 (fille de Bonabes III de Derval et de Berillosa de La Roche) ,d'où
- Guillaume Ier de Rougé
- Bonabès III de Rougé / Jeanne de Maillé
- Bonabès IV de Rougé / Jeanne de l'Isle-Bouchard (Bonabès IV, ~1328 + 1377 (La Meilleraye) seigneur de Rougé, Clervaux, baron de Derval, Gouverneur du Pays de La Mée et de Redon (1352), vicomte de La Guerche (1365), châtellain de Pontcallec, Chambellan et conseiller du roi Jean II «Le Bon» (prisonnier à Poitiers, (1356), otage puis négociateur du traité de Brétigny (1360)), x à Auray (1365)
- Mahaud de Rougé + dès 1397 dame de Clervaux qui épouse vers 1360 Briant de La Haye-Jourdain, seigneur de La Haye, La Fougereuse, Le Plessis-Macé (49) et fils de Hardouin III de La Haye et de Jeanne de Vendôme
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_seigneurs_de_Derval
armoiries de Bonabès IV de ROUGÉ :
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Armoiries de la famille de Rougé :
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On conclue que la donatrice est Mahaud de Rougé, et que son blason met en alliance les armes des La Haye-Jouslain (son mari) et celles des Rougé-Derval (son père).
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Le registre inférieur date du XIXe siècle.
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Lancette de gauche. Fondation par Jeanne de France, fille de Louis XI, des Dames de l'Annonciade à Bourges.
On se souvient que cette fondation n'est pas sans rapport avec la cloche de Béhuard offerte par Louis XI vers 1472 et son inscription AVE MARIA, paroles de l'Annonciation.
La cloche de Notre-Dame de Béhuard offerte par Louis XI vers 1472.
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Lancette de droite : saint Louis refusant de s'associer à un gouvernement musulman.
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Le tympan.
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Les mouchettes sont centrées par des écus armoriés, très restaurés et entourées de palmes. Ces écus reprennent les armoiries des donateurs des lancettes.
a) écu de gueules à la croix tréflée d'hermines de Brient de la Haye-Jouslain.
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Écu de Mahaud de la Haye-Jouslain, mi-parti à senestre de La haye-Jouslain et à dextre de Rougé-Derval.
C'est celui de la robe de la donatrice.
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DISCUSSION.
Les auteurs du Corpus vitrearum datent ce vitrail du dernier tiers du XVe siècle. Armand Parrot le date "à peu près à la même époque que 1525". Célestin Port indique "le XVIe siècle".
Les deux derniers auteurs lisent les blasons du donateur et de son épouse, mais ne les identifient pas.
Ils décrivent pour le donateur de gueules à la croix tréflée d'hermines et pour l'épouse, parti au 1er de gueules, à la croix tréflée d'hermines, au 2e de gueules à la face ondée d'argent, au lion d'azur, couronné d'or, chargé sur les pattes de devant d'une fleur de lys, également d'or. Ils indiquent la répétition de ces mêmes armes au tympan.
Enfin, A. Parrot décrit, "entre les donataires, au dessous de la Crucifixion, un troisième écusson, de gueules à trois fleurs de lys d'or, à la croix fleuronnée et alaisée d'argent en abîme. Ce blason pourrait être celui qui avait été donné à l'ancien chapître."
En 1989, Robert Nussard , dans son Héraldique médiévale en Touraine, indique que les armoiries de La Haye-Jouslain figurent dans l'église de Béhuard, mais il ne décrit ni le vitrail du donateur, ni le blason de la donatrice.
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Je montre ici que le donateur Brient porte les armes de La Haye-Jouslain, que son épouse Margaud porte les mêmes armes en alliance avec celles de sa propre famille de Rougé-Derval, et que le premier registre comporte aussi les armes de Jeanne de Vendôme, mère de Brient de la Haye-Jouslain.
Le programme héraldique est donc parfaitement cohérent avec au premier registre les armes des parents du donateur, et au registre intermédiaire celle u couple donateur.
L'identification par l'héraldique du donateur et de la donatrice comme étant Brient La Haye-Jouslain et son épouse Mahaud, fille de Bonabés IV de Rougé, seigneur de Derval pose néanmoins problème, puisque ce couple ramène au plus tard à 1408 (dernière mention de Brient). Si leurs places sur le vitrail a été commandé par leur fils Geoffroy, cela ne retarde guère la datation que vers 1409 ou avant 1415. Ce qui est en désaccord avec la datation du vitrail "dans le derniers tiers du XVe siècle" (Corpus). Mais puisqu'il occupe la baie de style flamboyant de la nef primitive (ou antérieure à la construction demandée par Louis XI), il faut peut-être avancer cette estimation, d'autant qu'un autre panneau en baie 2 (saint Nicolas) est précisément daté du début du XVe siècle.
L'examen stylistique et matériel des verres peut-il permettre aujourd'hui, malgré les restaurations, de confirmer ou d'infirmer cette hypothèse ? Le volume du Corpus Vitrearum consacré au Centre et Pays de la Loire est déjà ancien, et une nouvelle expertise pourrait apporter des éléments nouveaux.
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La baie 2.
Elle éclaire la seconde nef en retour d'équerre construite sous Louis XI dans les dernières années de son règne, et elle diffère de la première baie, non par ses dimensions, mais par le réseau de son tympan aux trois fleurs de lys au lieu des enlacements flamboyants.
Elle comporte trois lancettes trilobées organisées en trois registres avec un tympan à trois fleurs de lys. Elle est datée du début du XVe siècle et du dernier tiers du XVe, mais a été très restaurée en 1837 par Charles Thierry "père", car Célestin Port rapporte y avoir lu l'inscription au panneau central : "Thierry, St-Georges, 1837.". Une restauration a été effectuée au XXe siècle.
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Elle mesure 3,40 m de haut et 1,70 m de large.
Chaque figure est encadrée d'architectures, différentes de celles de la baie 0. Le fond diffère également, associant au premier registre le ciel bleu et le sol jaune, au deuxième registre des rideaux latéraux et un sol carrelé, sans les piédroits à fenêtre grillagée de la baie 0.
Le sujet de cette baie est très clair et très documenté, puisqu'elle souligne le rôle de mécène de Louis XI et de son fils Charles VIII à l'égard de Béhuard.
À la suite d'un vœu, Louis XI, qui vénérait particulièrement la Vierge, se prit de dévotion pour la petite île de Béhuard et son pèlerinage. On compte une vingtaine de voyages du roi à Béhuard, dont le premier en 1462. C'est le 26 juin 1469 qu'il donne l'ordre de construire ou agrandir l'ancien chapelle devenue trop étroite. En 1470, il supplie la Vierge de lui obtenir un fils, et quelques mois plus tard, il vient remercier Notre-Dame par trois fois cette année là. Mais c'est en 1472 que les séjours du roi sont le plus fréquents ; il y passe parfois plus de quinze jours et surveille la construction de l'église.
Une dédicace d'octobre 1483 est gravée sur une pierre dans l'église : Charles VIII y donne à Béhuard le fief de Denée et fonde trois messes basses par semaine pour le repos de l'âme de Louis XI, ainsi que des messes pour chaque fête de la Vierge.
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Le registre supérieur.
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a) Lancette de gauche : Vierge du XIXe siècle.
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b) Panneau central : Calvaire.
Peint en grisaille jaune d'argent sur fond bleu. Tête restaurée. Le corps porte les marques à trois pointes du fouet de la flagellation.
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c) Lancette de droite : saint Jean.
Le saint tient un livre, et lève la main vers le Christ. Le crâne "d'Adam" du pied de la croix est visible sur le sol.
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Le registre intermédiaire.
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a) Lancette de gauche. Louis XI
Tête restaurée. Le roi est agenouillé devant le Livre d'heures posé sur le prie-dieu. Il est en armure, recouvert d'un tabard aux armes de France d'azur aux trois fleurs de lys d'or, et il est coiffé de son célèbre chapeau à médaillon. Il porte le collier de l'Ordre de Saint-Michel, que le roi a créé le 1er août 1469 à Amboise.
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b) Panneau central. Anges tenant un écu aux armes de France (bouche-trou).
Les têtes datent du XIXe-XXe.
En 1873, A. Parrot décrit "des anges soutenant un voile".
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c) Lancette de droite. Charles VIII, fils de Louis XI.
Restauré au XIXe.
Charles VIII est représenté en armure recouverte d'une tunique rouge, et coiffé d'un bonnet à médaillon ; il porte le collier de Saint-Michel. Il est agenouillé face à un rouleau de parchemin fixé à un dérouleur sur son prie-dieu.
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Le registre inférieur.
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a) Lancette de gauche : un chanoine portant l'aumusse.
Il s'agit peut-être Guillaume Fournier, chanoine de la cathédrale Saint-Maurice d'Angers, doyen des chanoines de Béhuard et curé de Denée. Ce dernier avait été investi de sa charge de doyen par Louis XII lui-même, dans une lettre qu'il lui adressa comme "amé et féal conseiller" et où il détaille la liste des six chanoines et des six vicaires ou chapelains.
c) lancette de droite : "Moine bénédictin" (Corpus), ou chanoine portant le ruban bleu distinctif.
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Lancette centrale. Un moine nommé frère Nicolas aux pieds de saint Nicolas.
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Ce panneau est plus ancien et date du début du XVe siècle. Il n'était pas là en 1873, où A. Parrot décrit "un ostensoir" et la mention du nom de Charles Thierry 1837.
Sur un fond de tenture rouge pourpre délicatement orné de rinceaux, saint Nicolas, en évêque (grisaille et jaune d'argent) est vénéré par un moine (tonsure, habit bleu).
Une inscription indique en lettres gothiques majuscules puis minuscules
: S : NICOLAS :
FRERE PIERRE NICOLAS :
La chapelle avait été donnée à l'abbaye Saint-Nicolas d'Angers. Parmi les abbés, le seul portant le prénom de Pierre est Pierre de Laval, abbé en 1465. C'est une mauvaise piste, puisque l'inscription donne le nom PIERRE NICOLAS.
En 1419, le premier curé de Beaucouzé porte ce nom ; il était attaché à l'abbaye Saint-Nicolas d'Angers. A-t-il été également curé de Bégard ?
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La baie nord de la tribune.
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Cette baie date du XIXe et montre un évêque et une femme de la haute noblesse.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:P1290062_49_Behuard_eglise_ND_vitrail_rwk.jpg
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Le saint évêque.
Il est logique de l'identifier comme saint Maurille.
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La noble femme.
Elle porte le surcot ouvert doublé d'hermines des princesses, et on peut proposer d'y voir Yolande d'Aragon, belle-mère de Charles VII et grand-mère de Louis XI.
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SOURCES ET LIENS.
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— GRODECKI (Louis), PERROT (Françoise), et collaborateurs, Les vitraux du Centre et du Pays de la Loire, Corpus Vitrearum vol. II; editiondu CNRS, page 302-303.
— PARROT (Armand), 1873, Histoire de Notre-Dame de Béhuard, Angers.
http://sanctuaire-behuard.fr/files/2016/07/parrot-behuard-1873.compressed.pdf
— PORT(Célestin)
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