Le moulin de Ronvarc'h à Telgruc-sur-Mer sur le ruisseau de l'Aber et son inscription en kersanton de 1802.
.
— Voir :
.
— Sur les inscriptions lapidaires de la Presqu'île de Crozon, voir :
-
Sur l'inscription lapidaire Anne FOLGAR / LE BEULIN 1730 du bourg de Lanvéoc.
-
Les inscriptions lapidaires des maisons de Lanvéoc II. Les dates de 1694 et 1752 au 14 Grand'rue.
-
Les inscriptions lapidaires et maisons remarquables du bourg de Lanvéoc III.
-
Les blasons sculptés de quelques abbés de Landévennec . Et les inscriptions lapidaires du bourg. (de Landévennec)
-
Épigraphie de Roscanvel : son église et ses cloches, sa fontaine, ses manoirs et demeures.
.
Et
.
.
Remerciements à Jean-Yves Marchadour pour son accueil.
.
Jean Marchadour, le dernier meunier du moulin à eau de Ronvarc'h à Telgruc, sur le cours du ruisseau de l'Aber, a cessé son activité en 1959 puis l'étang de retenue du moulin a été comblé, ses installations fonctionnelles ont été rasées (et enfouies sans doute pour le comblement) et Jean-Yves Marchadour a créé une exploitation agricole de vaches laitières Holstein en 1981, avant de prendre sa retraite.
Le promeneur découvre malgré tout encore, à coté des trois hangars et étables désaffectées, à droite, et la maison d'habitation crépie au ciment (sans doute du XIXe ou XXe) à gauche, trois bâtiments en pierre : deux servent de dépendance (garages), mais le troisième, orienté obliquement par rapport à la route, attire le regard par l'appareillage en pierre de taille des ouvertures : c'est l'ancien moulin et les ruines de l'ancienne habitation.
Si, avec l'accord du propriétaire, il s'en approche, il découvre ceci :
.
.
Le bâtiment principal (l'ancien moulin) possède encore sa jolie porte cintrée à encadrement en pierre jaune, et deux ouvertures également en pierre de taille. Mais les murs effondrés du premier plan correspondent à l'ancienne maison des meuniers, dont, au nord, la porte basse cintrée est encadrée de kersantite. Le mur mitoyen avec le moulin conserve une vaste cheminée, au dessus de laquelle a été placée, en réemploi, une pièce de kersantite tranchant par sa couleur gris sombre avec les autres pierres. Elle était auparavant le linteau de la porte d'entrée sud de la maison d'habitation (une maison disposant jadis d'un grenier auquel on accédait par un escalier intérieur). La pierre de kersanton porte une inscription.
.
.
.
Ce blog est complet comme l'indique son cartouche à moulures limitant deux lignes de lettres majuscules ; la première ligne est elle-même séparée en trois compartiments. Nous pouvons lire ceci:
FET PAR / JEAN MORE / ET (oiseau)/ FRANCOISSEGOVRVES 1802.
et nous pouvons transcrire l'inscription ainsi : "Fait par Jean MORÉ et Françoise GOURVES en 1802."
Je note l'oiseau sculpté en fin de ligne, une ornementation qui n'est pas courante.
Les généalogistes nous donnent les renseignements nécessaires sur ce couple.
.
-Jean MORÉ est né le 23 août 1742 à Kergoff-Portsalut (juste au dessus de Ronvarc'h) [ou à Saint-Nic] et est décédé au Moulin de Ronvarc'h le 21 juillet 1805.
Ses parents sont Yves MORÉ (baptisé le 16 février 1704 à Kergoff-Tréboul,Crozon) et Marie RIOU (mariage le 28 juillet 1740 à Crozon) .
Sa tante paternelle Marie MORÉ (née à Kergoff-Portsalut le 17 octobre 1709 et mariée en 1730 à Jean LASTENNET) est décédée le 5 octobre 1779 à Pont Men (Crozon) le dernier moulin en aval sur la rivière de l'Aber. Au décès de Jean Lastennet, le moulin de Pont Mean est affermé à sa veuve Marie et à Etienne Lastennet par bail du 13 septembre 1763 : ils doivent payer 150 livres en avril et pour la Saint-Michel (29 septembre), ce qui donne une idée des baux des moulins sous l'Ancien Régime.
Il avait un frère Yves (1741), une sœur Catherine (1747) et surtout une sœur Marie-Françoise née le 22 novembre 1752 à Kergoff-Port-Salut (témoins Jacques Riou et Marie Lastennet). Elle épousa Hervé HORELLOU, meunier au moulin de Brenalen en Saint-Nic et y décéda le 17 novembre 1816. Son fils Jean et sa petite-fille Jeanne furent meunier de Brenalen.
Ses grands parents paternels étaient Budoc MORÉ (?v.1676, Trégarvan- 2 février 1734 à Kergoff-Portsalut, Crozon, couturier puis laboureur) et Marie THOMAS (mariée le 13 février 1702 à Argol, décédée le 4 avril 1740 à Kergoff Tréboul). Ce couple eut un autre fils Alain MORÉ (1707-1787). Quatre générations plus tard, Marie-Jeanne MORÉ son arrière-petite fille s'étant mariée avec Jean LE CORRE, leur fils Joseph Marie LE CORRE reprend le moulin de Ronvarc'h avec Marie Jeanne LE DOARÉ.
On n'aura pas tout suivi de cet écheveau, mais on pourra retenir que les réseaux familiaux s'entrecroisent pour fournir des meuniers à divers moulins de la Presqu'île de Crozon.
Note : il faut sans doute assimiler Kergoff-Tréboul à Kergoff-Portsalut.
Enfin ,le grand-père paternel de Jean MORÉ est Simon MORÉ.
.
.
-Françoise GOURVES (GOURVEZ) est née au moulin de Péran (également un moulin à eau sur l'Aber) le 12 avril 1749 et est décédée, au moulin de Ronvarc'h le 18 mai 1802, l'année même de cette inscription. Est-elle apparentée à Jean GOURVEST, meunier du moulin de Kérrédan, qui procéda en 1725 à l'expertise du moulin de Pont-Mean ?
Son père Jean GOURVEZ (Né ?, décédé le 10 mai 1775 au moulin de Péran, était donc meunier. Il était le fils de Jean GORVES (décédé en 1746) et de Marguerite LE GARREC. Sa mère était Françoise POUDOULLEC (1726?-1779) est décédée au moulin de Péran (comme ses deux parents Nicolas POUDOULLEC en 1751 et Catherine THOMAS en 1759).
-Le couple s'est marié le 26 novembre 1770 à Telgruc. Ils eurent (au moins) trois enfants, Pierre (né en 1772 et qui travaillera comme meunier à Ronvarc'h), Jean Budoc (né en 1778 et qui reprendra le moulin), et Marie-Françoise, née en 1780. J'y reviendrai.
Ils avaient acheté le moulin de Ronvarc'h le 30 mai 1791 ; j'ignore où ils demeuraient avant cette date, depuis leur mariage en 1770, et s'ils exerçaient le métier de meunier.
La date de pose de ce linteau ne correspond donc ni à l'achat du moulin, ni au mariage du couple, mais peut-être à une restauration de la maison d'habitation. Remarquons que les propriétaires-meuniers du moulin de Kereuzen, (à peine éloigné de 850 mètres en aval) avaient posé une inscription similaire en 1795. Une prospection plus large de ces inscriptions montrerait sans doute qu'elles répondent au désir des nouveaux propriétaires d'affirmer leur statut, après des siècles où les meuniers étaient assujettis aux baux consentis par la Noblesse et l'Eglise.
Avant de raconter ce que nous pouvons connaître de ce moulin aux XIXe et XXe siècle, je propose de détailler les éléments historiques qui le concernent depuis le XVIIe siècle.
.
.
.
Données toponymiques : le toponyme RONVARCH.
Le moulin est certainement bien plus ancien que le XVIIe siècle, et une installation humaine doit remonter à l'époque médiévale (les premiers moulins à eau en Bretagne apparaissent au XIe siècle), mais la première attestation du toponyme date de 1636 (moulin de ronvarch) et de 1642 (moulin de ronarch). Albert Deshayes estime que c'est l'élément -marc'h, "cheval" qui s'y cache comme dans l'anthroponyme Ronarch (Quimper, 1699), l'incitant à envisager le nom ancien Roenmarch formé sur roen "royal" (ou "lignée, parentage, noblesse").
À proximité (2 km à l'est), on trouve le lieu-dit Brenvarc'h, peut-être de bren-, ancien breton brenn, "colline" (forme Brennevrac'h sur la Carte d'Etat-Major 1820-1866, Brenerarh sur la carte de Cassini).
À Saint-Nic, nous trouvons Coativrac'h.
Quand au moulin de Ronvarc'h, il est mentionné (symbole) mais n'est pas nommé sur la carte de Cassini, apparaît sous le nom de la chapelle de Port-Salut, ou sur la carte d'Etat-Major, où son symbole est en dessous du lieu-dit Kergoff-Portsalut. La carte du "Scan historique 1950" (synthèse de cartes antérieures) donne le nom de moulin de Rouvarch.
Curieusement, un autre nom est souvent cité, et il est même porté, peint à la main sur une pancarte fléchant l'entrée, à coté du panneau officiel : "Meilh Gouarc'h". La sonorité finale est la même, mais gouarc'h renvoie au vieux-breton comarch "salut, exigence, défi" après son évolution en -convarch, couarch, gonvarch. Il se qui se retrouve dans les anthroponymes HELGOUARC'H ou ARGOUARC'H, HARGOUARC'H (Argoarch Quimper 1628). Didier Cadiou rapporte l'usage de Meilh Gorré, un bulletin de l'AFM celui de Meil Gouar. Néanmoins, je ne les trouve ni sur les cartes, ni dans les archives et BMS.
.
.
Une possession de l'abbaye de Landévennec.
Jusqu’à la révolution, posséder un moulin est un privilège seigneurial : les paysans sont contraints d’y venir moudre leur grain et payent une taxe en nature ou en argent (souvent les deux) contre ce « service ». « Dans un rayon d'une lieue [4.66 km], ils sont tenus de venir faire moudre leurs grains. Le meunier leur retient 1/16 de la mouture. Chacun attend normalement un jour et une nuit », Coutume de Bretagne art. 386.
Aussi ce moulin est une possession de l'abbaye de Landévennec, de la seigneurie de Landévennec, comme de nombreux lieux-dits de Telgruc, dont le nom Plebs Telchruc est cité en 1050 dans le Cartulaire de Landévennec. Les lieux-dits de Telgruc dont il est fait mention dans les divers aveux et rentiers de Landevennec sont ceux de Brenvarch, Camran, Caon, Cozquérou, Douar an Abad, Goasglas, Guen- danet, Keranguéven, Keranpran, Kerbriant, Kerdrein, Kercoztylinec, Kerferman, Ker- goat, Kergoualch, Kergariou, Kergreiz, Kergustoc, Kerguiridic, Kerhuel, Kerian uhella et izella, Kerliver, Kerloch, Kernévez, Kernon, Kerouanguen, Kérrédan, Launay, Lescataouen, Lesdaffa, Lespiguet, Lyntan, , Mengleuff, Mesanplanguen, Pen An Coat, Pen ar guer, Pennarun, Péran, Porzlous, Quynyvel, Rabidan, Roskerloch, Rostégo, Rulan, Rumeing, Ty ar Han, et les trois moulins de Ronvarch, de Péran et du Yeun.
L'abbaye possédait sept moulins, répartis sur les territoires de Landévennec, Telgruc, Argol et Trégarvan: Pen-ar-Poul, Bourg d'Argol, Trégarvan, Péran, Le Yeun, Ronvarc'h, Le Loch, auxquels viendront s'ajouter au XVe ou début XVIe le Moulin à mer (Le Folgoat, Landévennec).
Le moulin devait faire l'objet d'un bail à domaine congéable (ou bail à convenant) entre la seigneurie et les meuniers. Le meunier paye les rentes, cure l'étang et entretient le moulin.
À la Révolution, les moulins et les fermes seront déclarés Biens nationaux et vendus. Premier vendu, le moulin de Pen-ar-Poul (Argol) le 27 mai 1791 ; puis la ferme de Guernevez (Villeneuve) tenue par l'abbaye elle-même, et vendue le 30 mai 1791 ; puis le moulin de Caméros et le moulin neuf d'Argol, le 1er juillet ; puis le convenant des Le Roy à Caméros, le convenant Bideau à Lézargon, et ainsi de suite... Pour vaincre les réticences, la loi multipliait les conditions avantageuses, dont le paiement à l'achat réduit à 12%, le reste étant réparti en douze annuités égales.Rares étaient les surenchères, les acquéreurs éventuels ayant bien soin de se mettre d'accord au préalable. Un moment, les ventes furent interrompues, pour ne reprendre qu'en floréal an VII (avril-mai 1799).
Roger Marzin (Une page de notre histoire en presqu'île de Crozon, 2003) mentionne la vente du 30 mai 1791 des moulins nationaux de Ronvarch à Jean Moré, et de celui du Yeun à C. M. Le Monze, tandis que celui de Péran [celui où est née Françoise Gourvez] sera acquis le 11 messidor an 4e par C. M. Le Monze. Il signale aussi que pour la rente convenancière sur le village de Kérampran, les convenants Fertil et du Chesne au dit village provenant de l’ex-abbaye, "un seul enchérisseur, adjugé à Jean Moré de Moulin Ronvarch qui a porté le prix à 1889 livres 10 sols 10 deniers, lequel présent promet de payer la somme de 228 livres pour quinzaine et le surplus en 12 termes égaux d’année en année jusqu’à parfait paiement. Il est probable que Jean Moré a acheté pour Marie Anne Riou veuve Boussard."
"Un certain nombre de fermiers deviendront ainsi propriétaires des dépouilles de leurs anciens maîtres. Ils le deviendront d'ailleurs facilement, grâce à la dépréciation rapide des assignats. En effet, « par un contraste très naturel, l'assignat qui ruinait les villes enrichissait les campagnes. Les biens nationaux étaient payables en assignats et les acquéreurs avaient douze ans pour se libérer. Comme l'Etat reprenait son papier au pair, il suffisait d'attendre la baisse, pour profiter de la différence entre la valeur nominale et la valeur réelle..
En 1796, un assignat de 100 livres, qui valait six sous, était accepté aux guichets officiels en paiement de 100 livres de bonne terre. Les paysans qui, en échange de leur blé ou de leur beurre, recevaient des quantités croissantes de vignettes, pouvaient avoir une ferme au prix d'un pigeonnier. Plus le mouvement de dégringolade s'accéléra, plus grand fut leur bénéfice... Les ruraux furent les grands profiteurs de l'affaire... »". (Corentin Parcheminou)
.
Les meuniers de Ronvarc'h au XVIIIe siècle.
Nous connaissons le noms du meunier de Ronvarc'h au XVIIe siècle : Bernard JACOBY (1709-3 novembre 1741 à Ronvarc'h) est né de Jean JACOBY (décédé en 1718 au moulin de Poutren (?) à Crozon) et de Catherine DINCUF (1653-8 janvier 1742 à Ronvarc'h).
Bernard Jacoby épousa en 1728 Marguerite LE GARREC (1704-Ronvarc'h 29 janvier 1769), dont sept enfants tous nés à Ronvarc'h entre 1732 et 1741.
Ces mentions de lieux de naissance et de décès assurent que le moulin fut habité par la famille Jacoby au moins entre 1732 et 1741.
Ces enfants sont :
-Guillaume, Ronvarc'h 1732
-Claude, Ronvarc'h 22 juillet 1733 /28 avril1789 à Roscanvel, Du Lez)
-Anne, Ronvarc'h, 9 mars 1736
-Allain JACOBY, Ronvarc'h 1738- Kervenguy (Crozon)1820
-Yves, Ronvarc'h, 29 janvier 1740
-Petronille, Ronvarc'h 27 janvier 1741 qui épousa en 1759 Jacques Gélébard. Ce couple reprit sans doute le travail de meunier, puisque leur fille Anne GÉLÉBARD est née le 8 juillet 1772 à Ronvarc'h.
https://gw.geneanet.org/cheroll?lang=fr&pz=roland&nz=cheri+zecote&p=anne&n=gelebard
https://gw.geneanet.org/harmegniesmad?n=jacoby&oc=1&p=allain
.
.
Une situation sur la Rivière de l'Aber.
La rivière de l'Aber, qui prend sa source à Argol, se dirige vers l'ouest en traversant Telgruc et se jette en baie de Douarnenez près de l'île de l'Aber à Crozon, a servi à faire tourner de nombreux moulins à eau. Ce sont les moulins de Kerenpren ou Moulin-Neuf à Argol, ceux de Kereuzen et de Pont-Men à Crozon, et, sur Telgruc, 8 moulins successifs. En 1845, A. Marteville et P. Varin mentionnent sur la commune ceux de Rouvac'h, de Launay, du Yeun, de Kerrédan, de Péran, de Kernon, de Rosmadec, du Lez . Il y en aurait eu jusqu'à quinze (AMF). Le cadastre de 1831 en montre dix , tandis le recensement de 1841 et celui de 1896 décrivent comme des lieux d'habitation ceux de Ronvarc'h, de Moulin Jeune (Meil jeun, moulin du Yun) et de Kerloc'h.
En 1951, on compte seulement 7 moulins à eau en activité : Rosmadec, Porzh-Lous, Kerloc'h (Meilh Fouest), Peran (près de Kerampran), Keredan, Meilh ar Yeun, Meilh Gouar (Moulin Ronvarc'h), mais ils ne servent plus qu'à moudre les céréales pour l'alimentation des animaux jusqu'à l'arrivée des moteurs à essence ou électriques dans les fermes.
http://moulinsdufinistere.free.fr/fichiers/2016/Echo%20des%20Moulins%2074.pdf
En résumé, je retiens la liste suivante sur la rivière de l'Aber depuis sa source jusqu'à l'embouchure :
-Moulin-Neuf (Argol
-Kerloc'h (Telgruc).
-Kernon (Telgruc).
-Péran (Telgruc).
-Kérrédan (Telgruc).
-Moulin Jeune ou Yeun (Telgruc).
-Le Launay (Telgruc).
-Ronvarc'h (Telgruc).
-Kereuzen (Crozon)
-Pont-Men (Crozon).
A contrario, les moulins du Caon, de Rosmadec, de Rostegoff et/ou Porzh-Lous et de Cameros étaient alimentés par des cours d'eau se jetant sur les plages de Telgruc, tout comme ceux de Bernal, de la chapelle Saint-Jean et de Keroland et de Kermarsilly (Kergoat , Fontaine de la chapelle-neuve) sur le ruisseau nord de la plage de Pentrez en Saint-Nic, ou ceux de Kergustans, La Forêt (Moulin-l'Abbé), ou du Rible (Menezkob) sur le ruisseau sud.
.
.
Situer le moulin de Ronvarc'h dans cet ensemble incite à une lecture du paysage sensibilisée à l'idée que l'activité meunière a été à l'origine d'une organisation spécifique des fonds de vallée et de leur anthropisation ; de la maîtrise du cours d'eau pour en assurer un débit optimal et une qualité suffisante ; de la conjugaison de l'activité meunière avec une activité agricole d'appoint par la culture des parcelles périphériques ; du couplage (particulièrement manifeste à Ronvarc'h) avec les axes routiers, à la fois parce que les routes utilisent les trajets plats des cours d'eau, et à la fois parce que les habitants doivent amener facilement leur blé à moudre , mais aussi parce que les moulins sont souvent l'occasion de franchir la rivière par des ponts.
Situer le moulin de Ronvarc'h dans l'ensemble de l'aménagement d'une rivière, c'est aussi comprendre la nécessité de maîtriser son trajet par la construction pour chaque moulin de bief d'arrivée et d'un canal de fuite pour le retour de l'eau vers le cours naturel, d'un bief de décharge en cas de débit excessif, d'une retenue ou étang (avec ses rapports avec la pêche) et de l'installation et l'entretien de la vanne ouvrière et de la vanne de décharge.
Sur le plan humain, cela incite à imaginer les relations d'entente ou de tension entre meuniers, dépendants ou solidaires pour le débit de l'eau.
Situer le moulin de Ronvarc'h dans l'ensemble de l'aménagement d'une rivière, c'est comprendre que chaque moulin est un microcosme équivalent à un hameau, n'abritant pas qu'un meunier, mais une ou deux familles complètes de meuniers, des domestiques, des cultivateurs occupant des bâtiments proches.
Enfin, les Bulletins de naissance, Mariages et Décès montrent que lors d'une déclaration en mairie, les voisins des fermes satellites sont présents comme témoins : pour Ronvarch, ce sera par exemple celles du village de Mengleuff.
.
.
.
Approche topographique du moulin de Ronvarc'h.
.
.
La rivière de l'Aber et ses moulins.
En jaune, Ronvarc'h. En rouge, les autres moulins de l'Aber.
.
a. La carte de Cassini.
.
.
.
b. La carte d'Etat-Major 1820-1866.
En jaune, Ronvarc'h. En rouge, les autres moulins de l'Aber.
Comme sur la carte de Cassini, il est intéressant de visualiser le tracé de la route Quimper-Brest via Lanvéoc : un axe de grande circulation qui passe juste au sud du moulin.
.
.
.
c.Le réseau hydrographique de la rivière de l'Aber. Carte Geoportail.
En jaune, Ronvarc'h. En rouge, les autres moulins de l'Aber.
.
.
.
Idem, centré.
En jaune, Ronvarc'h.
.
.
.
Photo aérienne MAPS.
.
.
.
Photo aérienne MAPS.
En jaune, le bâtiment ancien.
.
.
.
Le plan cadastral de 1831.
Les bâtiments sont au bord de la route Quimper-Lanvéoc.
Le ruisseau est dérivé une centaine de mètres en amont vers un bief d'abord perpendiculaire, et qui revient en aval du moulin en formant un trapèze. Ce trajet est complété par un bief supplémentaire de décharge juste avant le moulin. Le ruisseau est élargi en étang de retenue n°842 puis passe sous la partie droite du moulin. On peut supposer une roue horizontale, une quasi exclusivité du Finistère.
Il y avaient en réalité (J.Y. Marchadour) deux roues horizontales à pales courbes en bois (dites à cuillères), dont l'axe vertical transmet directement le mouvement à deux jeux de meules sur deux canaux traversant le moulin. L'une servait au blé, à l'orge et à l'avoine, tandis que l'autre était réservé au sarrasin, ou blé noir. La sortie de ces canaux sont encore visible aujourd'hui en partie arrière, tandis qu'ils sont comblés sur la face avant (c'est également le cas à Kerlédan).
.
.
.
Plan cadastral de 1831, détail. Moulin Rouvarch.
Huit bâtiments sont représentés en rose. Ils portent les numéros 836, 840, 843, 844 (le moulin), et 845.
Les parcelles portent les numéros 839, 846.
L'état de section de 1832 (3P 282/2 Tableau indicatif des propriétés foncières, de leurs contenances et de leurs revenus : sections A-K. 15 mai 1832. ) indique :
838 : maison (occupée par) Luzen Veuve, Crozon, moulin Ronvarch
839 : courtil Liors an Ty. Jean Budoc MORÉ
840: maison, Jean Budoc MORÉ.
841 sol de maison et dépendance. Jean Budoc MORÉ
842 : canal.
843 : dépendance et courtil. Jean Budoc MORÉ
845 : moulin et sol de moulin, Jean Budoc MORÉ
846 : courtil Liors an Ty. Jean Budoc MORÉ
847 : foennec ar pont. Jean Budoc MORÉ
848 : foennec ar falek. Jean Budoc MORÉ
849 : foennec lanee = lande
850 : foennec coste ar lann = pré
851 : foennec ar veil [prairie du moulin]. Jean Budoc MORÉ
866 : paturage. Jean Budoc MORÉ
867 : lande. Jean Budoc MORÉ
888 : pré. Jean Budoc MORÉ
895, pré ar raledan = lande. Jean Budoc MORÉ
.
Le recensement de 1841 (après le décès de Jean Budoc MORÉ en 1833) indique pour le Moulin de Ronvarch :
-Jean MORÉ Meunier
Yves MORÉ Meunier, fils
Barbe MORÉ Meunier, fille,
-Pierre Marie MORÉ Meunier,
Marguerite FOUEST sa femme
Jean MORÉ son fils.
-Jacques ALIX domestique,
Malo MEVEL domestique
Marie-Jeanne LAOUENAN, domestique.
.
L'axe oblique des bâtiments 838(?), 840 et 844 est bien celui des bâtiments anciens que nous connaissons .
.
.
.
Nous apprenons donc par ce cadastre et par le recensement que les deux fils du couple Jean Budoc MORÉ-Barbe LE STUM, c'est-à dire Jean et Pierre (ou Pierre-Marie), ont exercé la fonction de meuniers et se sont établis ensemble à Ronvarc'h.
Reprenons la généalogie. Le couple fondateur Jean MORÉ et Françoise GOURVEZ (GOURVES) ont eu 3 enfants :
—Pierre MORÉ, né en 1772 et marié le 8 février 1792 à Marie-Marguerite RIOU (Telgruc 1765-). Ce couple exerça comme meuniers au moulin de Ronvarc'h comme en témoignent les actes de naissance de leurs enfants 1. Pierre, né le 27 septembre 1793 à Telgruc, Décédé le 29 janvier 1847 - Camaret-sur-mer, à l'âge de 53 ans marié le 29 janvier 1813 à Jeanne Sénéchal (née le 25 mai 1789 à Crozon), dont une fille Marie Perrine 1814-1886, 2. Jean-Claude 18 floréal an XII, né moulin de Ronvarc'h et 3. Marie-Claude 20 frimaire an XIV, (décembre 1805) née au moulin de Ronvarc'h.
https://www.geneanet.org/archives/registres/view/319376/27
https://gw.geneanet.org/guedec?lang=fr&pz=sosa&nz=xx&p=pierre&n=more
—Jean Budoc MORÉ, né en 1778, décédé à Telgruc le 22 novembre 1833, marié à Barbe LE STUM (vivante en 1836), meunier à Ronvarch et dont les 5 enfants sont nés au moulin : à suivre.
— Marie-Françoise MORÉ, née en 1780 et mariée le 18 janvier 1809 à Jean EUZEN.
.
Parmi ces trois enfants, détaillons ce que nous savons de Jean Budoc MORÉ, mentionné sur l'état de section cadastral de 1831. Ses 6 enfants furent :
— Françoise, née le 2 floréal an XI (décédé jeune?)
— André, né le 17 ventôse an XIII (décédé jeune?)
— Barbe, née le 3 juillet 1809
—Mathurin meunier à Telgruc, épousé en 1836 Urbane Le Mignon (1816-1859), dont 4 enfants Emilie, Marie-Michèle Jean-Pierre et Jean-Guillaume qui épousa Marie-Olive Salaun.
— Jean né le 5 mars 1807, marié le 12 juillet 1830 à Marie-Jeanne Gourmelen, dont deux enfants Yves né en 1832 et Barbe Perrine née en 1831 (lls sont notés au recensement de 1841)
— Pierre-Marie, né le 9 juillet 1811, marié le 11 septembre 1836 à Marguerite LE FOUEST (Telgruc, 3 décembre 1816), dont un fils Jean. (lls sont notés au recensement de 1841)
.
.
UN CHANGEMENT DE PROPRIÉTAIRE : LA FAMILLE LE DOARÉ/LATREILLE (vers1850) puis LE CORRE .
Je perds la trace des deux meuniers de 1841, Jean MORÉ et Pierre-Marie MORÉ, pour constater qu'au recensement de 1896, le meunier est alors Joseph Marie LE CORRE.
Selon Jean-Yves Marchadour, le moulin aurait été acquis par son aïeule Corentine LATREILLE dans les années 1850. Je vais explorer cette piste parmi les généalogies.
— Corentine LATREILLE est née le 12 février 1833 à Saint-Nic de Hervé LATREILLE cultivateur décédé le 6 septembre 1850 à Saint-Nic et de Corentine LE DOARÉ, cultivatrice à Saint-Nic. Je vais détailler sa lignée du coté LATREILLE car son grand-père fut meunier à Pentrez (Saint-Nic) et domicilié à Kéréon, lieu-dit de Pentrez. Le moulin de Pentrez, dépendant du manoir de Pentrez appartenant alors à la famille de Brézal-Tinténiac, est peut-être celui de Brénéal. À la Révolution, Hervé Latreille, meunier de Kéréon (Pentrez) à Saint-Nic (Kéréon 1776-Pentrez 1829) devint procureur de Saint-Nic pour le Conseil municipal.
"L'un des premiers soins de la nouvelle municipalité est d'exécuter les décrets contre les Emigrés. Leurs biens sont confisqués. Et un décret de la Convention, en date du 1er Février 1793, ordonne aux municipalités de dresser sans délai l'état des biens des Emigrés de leurs communes. Il y a certainement parmi eux de Moellien-Gouandour, propriétaire de Porzandour ; de Kergariou, propriétaire de Porzamborgne ; de Brézal-Tinténiac, propriétaire du manoir et du moulin de Pentrez ; de Bouteville, propriétaire du Petit-Launay, et enfin de Kersauzon." (Corentin Parcheminou)
Je pose l'hypothèse que Hervé Latreille a fait l'acquisition du manoir de Pentrez (ou / et de son moulin) puisque nous voyons qu'il y est décédé [et que ses enfants sont nés à Pentrez].
Naissance Hervé le 12 février 1825
https://www.geneanet.org/archives/registres/view/319355/19
Marie-Jeanne LE DOARÉ
https://www.geneanet.org/archives/registres/view/319357/66
https://gw.geneanet.org/cleon29?n=latreille&oc=4&p=herve
1. Hervé LATREILLE I
Né le 3 juin 1695 - Manoir de Pentrez - Saint Nic, Décédé le 23 juillet 1720 - Pentrez - Saint Nic, à l'âge de 25 ans, Marié le 17 février 1716, Saint Nic, , avec Marie LE DROFF 1698-1756 dont
-
Thomas LATREILLE 1716-1780 (à suivre)
-
Pasquier LATREILLE 1719-1767
1. Thomas LATREILLE, né le 21 décembre 1716 - Saint-Nic décédé le 17 novembre 1780 Saint-Nic à l'âge de 63 ans; Marié le 19 avril 1743 , Saint-Nic avec Marie LE DROFF, née le 5 août 1720 - Saint-Nic décédée le 13 février 1755 - Saint-Nic
2. Hervé LATREILLE II Né le 24 février 1748 à Pentrez- Saint-Nic Décédé le 31 octobre 1821 Saint-Nic à l'âge de 73 ans, Marié le 28 juillet 1768 , ST-NIC, , avec Marie QUIRINEC 1746-1772 puis marié le 21 mars 1775 à Saint-Nic avec Anne LASTENET, née le 10 décembre 1756 - Saint-Nic et décédée le 23 février 1818 - Saint-Nic à l'âge de 61 ans (Parents : Jacques LASTENET 1712-1774 & Louise CORREOCH 1724-1764) dont
-
Hervé LATREILLE 1776-1829 Avec Marguerite MARCHADOUR 1770-1824 (à suivre)
-
Anne LATREILLE 1783-1853/ Mariée le 26 novembre 1810 ), ST-NIC, avec Corentin ROIGNANT 1789-1853/
-
Thomas LATREILLE 1786-
-
Marie (Kéréon 1792-Pors-en-Gall Saint-Nic 1840), marié à Corentin LAROUR né à Brenalen en Saint-Nic.
-
Yves LATREILLE 1797-1872 Marié le 1er octobre 1826 , Plomodiern, , avec Anne FERTIL 1799-1844 dont Marie Anne LATREILLE 1832-1862 Mariée le 5 janvier 1848 Plomodiern, , avec Nicolas SEZNEC 1828-1869 dont : Yves SEZNEC 1850-1884
3 Hervé LATREILLE III né à Kéréon le 8 février 1776-décédé à Pentrez le 14 juin 1829 (Meunier à Saint-Nic) épousa Marguerite MARHADOUR 1769-Pentrez 1824, dont
-
Marguerite LATREILLE 1796
-
Jeanne LATREILLE 1798
-
Hervé LATREILLE 1800-1850 (à suivre)
-
Marie Françoise LATREILLE 1803-1885 Mariée le 7 juillet 1829 (mardi), Saint Nic, avec Jean-Francois DAMOY 1801-1862 dont 9 enfants.
4. Hervé Latreille IV Né le 8 frimaire an IX (29 novembre 1800) - Kereon, Saint-Nic, et décédé le 6 septembre 1850 (décès : noyade accidentelle en mer)- Pentrez, Saint-Nic, à l'âge de 49 ans, Meunier à Pentrez, cultivateur à Pentrez.Marié le 17 novembre 1822, à Saint-Nic avec Corentine DOARE 1799-1883 (Parents : Jean DOARE & Marie LASTENNET) dont
-
Anne LATREILLE Pentrez, 1824-1875 Mariée le 25 février 1840, Saint-Nic,, avec Corentin DIDAILLER
-
Hervé LATREILLE Pentrez 1825-
-
Marie LATREILLE 28 décembre 1826- (Témoin Hervé Latreille 50 ans cultivateur)
-
Thomas LATREILLE Pentrez 1828-1849
-
Françoise LATREILLE 1830-1920 Mariée le 5 octobre 1851, Saint-Nic, avec Corentin BIDEAU 1829-1891
-
Corentine LATREILLE Pentrez 1833-, à suivre.
.
5. Corentine LATREILLE mariée le 3 octobre 1859 à Corentin LE DOARÉ, cultivateur à Saint-Nic, (né à Saint-Nic le 5 novembre 1835 d'Yves LE DOARÉ et de Sophie Perrine DAMOY) dont :
-
Yves LE DOARE, marié à Marie-Perrine GOURMELEN née à Pen ar Guer
-
Marie-Jeanne LE DOARÉ, mariée le 5 août 1888 à Joseph Marie LE CORRE (à suivre)
Note : Sophie-Perrine DAMOY était la fille de Michel François DAMOY, né le 9 mars 1770 à Irreville (Eure) qui s'installa à Argol en 1797 puis à Saint-Nic où il devint maire de la commune du 1er vendémiaire an 9 à 1815. Il acquit l'ancien presbytère qu'il nomma Kerdamoy. https://gw.geneanet.org/antoinelucas?lang=fr&pz=antoine+paul+marie+laurent&nz=lucas&p=michel+francois&n=damoy
.
6. Joseph-Marie LE CORRE et Marie-Jeanne LE DOARÉ, dont :
-
Hervé, marié le 25 janvier 1890 à Marie-Anne THOMAS
-
Marie-Jeanne, 1894.
Remarque sur Joseph-Marie Le Corre : il est le fils de Jean et de Marie-Jeanne ... MORÉ, fille de Claude MORÉ né à Kergoff-Portsalut le 7 mars 1790 et de Marie Mérour. Son père Jean LE CORRE est le fils de Jean LE CORRE et de ... Marguerite JACOBY.
.
.
LE RECENSEMENT DE 1896.
Il mentionne au moulin Ronvarc'h :
-LE CORRE Joseph, meunier, chef (de famille ou de l'exploitation), 39 ans
-DOARÉ Marie-Jeanne, ménagère, femme du précédent, 34 ans
-LE CORRE Marie-Jeanne, leur fille, 26 mois
-et KTHAL [??] Louis, "en pension", 54 ans.
.
Le recensement de 1901 :
-LE CORRE Joseph, meunier, chef (de famille ou de l'exploitation), meunier
-LE DOARÉ Marie-Jeanne, ménagère, femme du précédent, ménagère
-LE CORRE Marie-Jeanne, leur fille,
-LE CORRE Jean Joseph Marie, leur fils
-LE CORRE Marie, fille
-LE CORRE Yves, leur fils
-LATREILLE Corentine, belle-mçre, cultivatrice,
-UTHAL ? , Louis, retraite de la marine
-PLOUZENNEC Jean-Emile, 9 ans, domestique, cultivateur.
-GUIVARCH Francine, 13 ans, domestique, cultivatrice
- RIOU Corentin, 41 ans, journalier
.
Le recensement de 1906 :
-LE CORRE Joseph, né en 1859 à Crozon, chef, meunier
-LE DOARÉ Marie-Jeanne née en 1860 à à Saint-Nic, son épouse
-LE CORRE Jean Joseph, né en 1896 à Telgruc, fils, cultivateur.
-LE CORRE Marie-Jeanne, née en 1894, fille
-LE CORRE Jean Marie, né en 1902, fils
-LE FOUEST Philippe, né en 1849 à Landévennec, domestique cultivateur
-BONNEU Auguste, né en 1889 à Brest, domestique cultivateur.
Le recensement de 1911 :
-LE CORRE Joseph, né en 1859 à Crozon, chef
-LE DOARÉ Marie-Jeanne née en 1860 à à Saint-Nic, son épouse
-LE CORRE Yves, né en 1902 à Telgruc, fils, cultivateur.
-MARCHADOUR Hervé, né en 1888, "beau-fils"
-MARCHADOUR Marie-Jeanne son épouse
-MARCHADOUR Marie née en 1914 leur fille.
-MARCHADOUR Jean, né en 1921, leur fils
.
7. Marie Jeanne LE CORRE
Marie Jeanne LE CORRE 1894- s'est mariée le 9 novembre 1913, à Telgruc-sur-Mer, avec Hervé Corentin Marie MARCHADOUR, cultivateur (né le 26 décembre 1888 à Cosquérou, Telgruc de Magloire MARCHADOUR et Marie-Jeanne LE BOUSSARD) - dont
-
Marie MARCHADOUR 1914 Mariée le 17 mai 1937 (lundi), Telgruc-sur-Mer, 29280, Finistère, Bretagne, France, avec Auguste Marie POSTIC marin d'Etat infirmier 1909-
-
Jean-Yves MARCHADOUR Telgruc 1921-Ronvarc'h 2015
-
Magloire MARCHADOUR Telgruc 1923
https://gw.geneanet.org/j438?lang=fr&p=herve+marie&n=marchadour
.
Le recensement de 1921 ; Moulin Ronvarc'h
-LE CORRE Joseph, né en 1859 à Crozon, chef, meunier
-LE CORRE Marie-Jeanne née en 1860 à Saint-Nic, son épouse
-LE CORRE Yves, né en 1902 à Telgruc, fils.
-MARCHADOUR Hervé-Marie, né en 1888 à Telgruc, beau-fils, cultivateur
-MARCHADOUR Marie-Jeanne, née en 1894, leur fille, cultivatrice,
-MARCHADOUR Marie née en 1914, petite-fille
-MARCHADOUR Jean, née en 1921, petit-fils.
.
Le recensement de 1926 pour le Moulin Ronvarc'h.
-MARCHADOUR Hervé-Marie, né en 1888 à Telgruc, "chef", cultivateur
-LE CORRE Marie-Jeanne née en 1894 à Telgruc son épouse
-MARCHADOUR Marie née en 1914 leur fille.
-MARCHADOUR Jean Yves Marie, né en 1921 à Telgruc, leur fils,
-MARCHADOUR Magloire, né à Telgruc en 1923, leur fils,
-LE CORRE Joseph, né en 1859 à Crozon, beau-père, meunier
-LE DOARÉ Marie-Jeanne née en 1860 à Saint-Nic, son épouse, meunière.
.
Le recensement de 1931 est presque identique.
.
8. Hervé MARCHADOUR Telgruc 1888) marié à Marie-Jeanne LE CORRE (Telgruc 1893). Ils apparaissent sur le recensement de 1921 et sont mentionnés sur le recensement de 1936 pour le Moulin Ronvarc'h avec leur fille Marie, née en 1915, leur fils Jean-Yves, né en 1921, et leur fils Magloire, né en 1923, ainsi que Marie-Jeanne Veuve LE CORRE, "belle-mère" et cultivatrice.
.
9. Jean [Yves?] MARCHADOUR ( 1921-3 mai 2015) fut le dernier meunier de Ronvarc'h jusqu'en 1959.
.
.
;
RETOUR SUR LE SITE : DOSSIER PHOTOGRAPHIQUE.
.
.
I. L'APPROCHE.
Il faudrait pouvoir avoir survolé la vallée de l'Aber comme le fait le Busard des roseaux pour bien voir ses deux pentes au damier des champs et de pâtures (vaches laitières, vaches allaitantes, chevaux) dans un maillage encore serré de haies de feuillus, pour suivre au ras de l'aile ses courbes douces, éviter son habitat, plus clairsemé sur les pentes sud, et constater la résistance des espaces naturels, ou du moins cultivés, face à l'urbanisation à partir de Talar Groas.
Il faudrait aussi avoir participé aux randonnées de découverte pour repérer les villages anciens, signaler l'existence d'une chapelle et d'un hameau à Kergoff Port-Salut (d'où vient Jean MORÉ) dont il ne reste rien, repérer les maison de Kerun, celles de Poraon et de Trélannec, sur la pente nord du vallon, ou celles de Mengleuff ou de Kersaniou, par exemple, sur la pente sud. Et, bien sûr, avoir marché sur les routes et les chemins pour y avoir senti la présence douce et fraternelle mais omniprésente des deux croupes du Menez Hom.
Que l'on vienne du moulin de Kereuzen ou, par la D887, de Telgruc ou de Crozon, on empruntera la route bien modeste aujourd'hui qui passe en fond de vallée, mais dont il faut se rappeler qu'elle fut jadis la route Quimper Lanveoc (et, via le bac, Brest), et deviner le passage de la rivière par le moutonnement des arbustes, où prédominent des aulnes et des saules, tandis qu'au premier plan ce sont de belles prairies qui accueille le visiteur.
S'il vient de l'est, il sera passé devant le croisement où les panneaux indicateurs portent les noms de MENGLEUFF et de LESPIGUET, lui permettant de s'imprégner de la topoymie locale : ces noms signalent les hameaux les plus accessibles au moulin de Ronvarch.
.
.
.
.
.
.
II. VENIR DE L'EST EN SUIVANT LE COUR DE LA RIVIÈRE : LE MOULIN.
.
.
.
Ce moulin en rez-de-chaussée est construit en moellon de grès avec encadrement des baies en pierre de taille de granite (fenêtre) et de microdiorite quartzite (porte). Le toit à longs pans est couvert d'ardoise. Un canal de dérivation de l'Aber alimentait une réserve d'eau ou "étang" aménagée devant le moulin. Un système de vannes à décharges et de canaux d'amenée permettait à l'eau de passer sous le bâtiment. En jaune, l'arrivée présumée de l'eau sous le moulin. Le pignon ouest à chaînages en pierre de taille s'élève pour recevoir la maison d'habitation qui s'y adosse.
.
.
.
La porte en quasi plein cintre est encadrée par des pierres de taille en Pierre jaune de Logonna (microdiorite quartzique).
Cet encadrement, orné sur le claveau d'une fine arcade, est fréquent par exemple à Crozon et à Lanvéoc au XVIIe siècle.
.
.
Un bloc du coté gauche porte une inscription, au dessus d'un autre blog également gravé.
.
.
.
Je ne parviens pas à lire l'inscription. Mon imagination me souffle les réponses LE CORRE DOARÉ, mais je ne peux raisonnablement les adopter. Je la soumets donc aux talents des internautes.
.
.
.
Un appentis plus bas, couvert de tôle, complète le bâtiment.
Nous allons le contourner pour observer l'élévation nord-ouest.
.
.
.
Les deux canaux de fuite de la façade nord-ouest.
.
L'eau de chaque canal faisait tourner une roue à pirouette (horizontale, à pales courbes, en bois) dont l'axe vertical activait directement les deux paires de meules, l'une pour le sarrasin, l'autre pour l'avoine, l'orge et le blé. Exactement comme au moulin de Kereuzen.
L'usage de ces roues horizontales est répandu en Finistère (50% des moulins), ce en quoi le département fait exception avec le reste de la France du Nord où le modèle à roue verticale est largement majoritaire.
.
.
Si je me réfère aux données générales sur les moulins à eau (ou, mieux, sur les moulins à eau de Bretagne), Les meules (l'une dormante en dessous, l'autre mobile) étaient faites depuis les années 1820-1830 d'un assemblage de blocs de silex, cerclées d'acier comme une roue (auparavant elles étaient monolithiques).
Voir : La chapelle Sainte-Christine de Plougastel et son calvaire : avec la pierre de meule autour du cou.
Ces pierres étaient une spécialité de La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne), mais aussi, pour la Bretagne, de Cinq-Mars-la-Pile (Indre et Loire).
https://moulindelamousquere.pagesperso-orange.fr/pages/laferte.htm
La meule de Moulin Jeune (moulin à eau en amont de Ronvarc'h sur la rivière de l'Aber) est exposée au Moulin Luzoc : d'un poids de 2 tonnes, d'un diamètre de 1,50 m et d'une épaisseur de 35 cm, elle est en pierre meulière assemblée avec du mortier. Elle peut donner une idée de celles de Ronvarc'h.
.
.
.
III. VENIR DE L'OUEST EN VENANT DU MOULIN DE KEREUZEN : LA MAISON DU MEUNIER.
.
.
.
La maison d'habitation a conservé son mur mitoyen du moulin et son mur nord-ouest avec sa porte cintrée, tandis qu le mur sud-est, qui était percé d'une porte rectangulaire et de fenêtres, n'existe plus. J'imagine que le sol était en terre battue et a été dallé récemment pour former une courette.
.
.
.
L'inscription de kersanton.
Je n'y reviens pas. Elle a été placée ici lorsque Mr Prigent, maçon de Kereuzen, a restauré les lieux (vers 1970?).
.
.
.
L'inscription du mur de gauche.
.
Elle est inscrite en réserve en lettres capitales romaines en français dans un cartouche rectangulaire de granite ceinturé par un cordon (donc, elle est entière).
IESVMARIEJOSEPH--VEC
soit "Jésus Marie Joseph ---ec"
Les mots ne sont pas séparés entre eux. Les premières lettres de MARIE sont conjointes. Le plus curieux est le nom JOSEPH, où le O s'inscrit sur le jambage du J et où le H est conjoint à un petit P.
La partie peut-être la plus riche en information est sa finale, que je n'ai pas interprétée. Il ne semble pas que ce soit YVES.
Elle est un réemploi, mais vient-elle de ce moulin, ou de la chapelle de Portsalut?
Son texte a-t-il un rapport avec le prénom Joseph Marie du meunier LE CORRE ?
Autant de question qu'il faut léguer aux amateurs qui viendront s'y intéresser.
.
.
.
.
La porte nord et son encadrement de kersantite.
.
.
.
CONCLUSION.
Au même titre que le moulin de Kereuzen, son voisin le moulin de Ronvarc'h méritait largement une étude spécifique, car même si les installations fonctionnelles ont disparu, les bâtiments en place, et surtout la belle et précise inscription de fondation de 1802 ont encore beaucoup de choses à raconter, surtout si on les confrontent aux archives de la commune.
J'ai reconstitué une partie de la liste des meuniers qui y ont travaillé depuis le XVIIIe siècle, et cette liste complétée des données généalogiques fait apparaître des lignées de meuniers prenant en charge les différents moulins à eau sur plusieurs paroisses puis communes (Crozon, Telgruc, Argol, Saint-Nic) sans se limiter à un seul réseau hydrographique (celui de l'Aber). D'autres recherches centrés sur les nombreux moulins de la Presqu'île de Crozon témoigneraient certainement davantage de cette communauté fluctuante et aux fortes capacités d'adaptation.
La date de 1802 témoigne dans la pierre d'un moment crucial dans l'exercice de cette profession, celui de la Révolution où ils cessèrent d'être bailleurs des abbayes et des familles nobles pour accéder à la propriété de leur outil de production. Si le travail est resté le même (compliqué par l'absence d'obligation pour les habitants de faire moudre sa farine dans le moulin de son seigneur), c'est bien la fierté qui est à l'origine de cette affirmation inscrite dans le kersanton: "fait par Jean Moré et Françoise Gourves".
Chacun apporte ses compétences et bute sur ses limites. Il est évident que mon travail n'est qu'une ébauche, et qu'un collectage des mémoires encore vives des familles, de même que l'exploitation d'autres registres d'archives, la recherche de documents photographiques, et surtout la mise en perspective avec les autres moulins de l'Aber doit permettre de mieux préciser la vie des meuniers, qui ont modelé de leur industrie le paysage qui est aujourd'hui le nôtre.
En un mot, il ne sort plus de farine du moulin de Ronvarc'h, mais il reste beaucoup de pain sur la planche.
.
.
.
SOURCES ET LIENS.
(je n'ai pu consulter l'ensemble des sources nécessitant l'accès aux bibliothèques encore fermées en ce mois de juin 2020).
—TANGUY-SCHRÖER (JUDITH) :
Les moulins de la commune de Crozon.
Les moulins sur la commune de Trégarvan.
Moulin de Kérédan (Telgruc). 1811 et 1905. Roue horizontale "à cuillers".
Moulin de Rosmadec (Telgruc)
Moulin-mer au Folgoat (Landévennec):
— LECUILLIER (Guillaume)
Les moulins de Ploubezre.
Les moulins du Trégor
Les substrat géologique et les matériaux de construction de la presqu'ile de Crozon
—GARREC (Roger), 2001, Moulins et meuniers de Plonévez-Porzay au XVIIIe siècle » in bulletin de la Société archéologique du Finistère.
—ROUDAUT (Fanch), 1989, « Moulins et meuniers dans les cahiers de doléances de Bretagne » in « La Bretagne, une province à l'aube de la Révolution », CRBC, Société archéologique du Finistère, 1989.
—KERDONCUFF, Didier. 1995, Moulins et meuniers dans la région d'Irvillac au XVIIIème siècle (Irvillac, Daoulas, Dirinon, Hanvec, Hôpital-Camfrout, Logonna, Rumengol, Saint-Eloy, Saint-Urbain, Trévarn), maîtrise d'histoire, 1995. Université de Bretagne Occidentale
—CHASSAIN, (Maurice), 1993. Moulins de Bretagne. Keltia Graphics. Spézet, 1993.
— CROGUENNEC (André), Moulin de Brezal, article numérique
http://andre.croguennec.pagesperso-orange.fr/moulin-brezal4.htm
—DURAND-VAUGARON, 1969 "Technologie et terminologie du moulin à eau en Bretagne", Annales de Bretagne. Tome 76, numéro 2-3, 1969. pp. 285-353.
— KERDONCUFF, (Didier), 2012. "Moulins à foulon du Pays de Landerneau-Daoulas". Les Cahiers de Dourdon, novembre 2012, n°6, pp.20-29.
—LE BOULICAUT (Annick), 1993, Moulins et meuniers du Morbihan sous l'ancien régime, Vannes, Ed. Conseil général du Morbihan : Archives départementales, Coll. Connaissance du Morbihan, 1993, 238p
Bibliothèque de Rennes Métropole
—LEFRANC (Jean), s.d. Les Limbour, une dynastie de meuniers de Pont-Aven
http://www.adu-brest.fr/Les%20Limbour2.pdf
— POULIQUEN (Gilles), Moulins en Bretagne, Coop Breizh.
—QUERREC (Loïc), 1998, « Être meunier dans la région quimpéroise au XVIIIe » mémoire de maîtrise, CRBC Brest.
— RIVALS Claude, 2000, Le moulin histoire d'un patrimoine, Fédération française des Amis des moulins, Paris 2000 - Quatre Livres : Le moulin à vent, le moulin à eau, le moulin à marée, le moulin à nef.
— LE MOULIN DE LA MOUSQUERE
https://moulindelamousquere.pagesperso-orange.fr/pages/sommaire.htm
Les meules en silex
https://fdmf.fr/la-mouture-du-ble-chapitre-2/
https://moulindelamousquere.pagesperso-orange.fr/pages/autres-meules/meules-tella.htm
https://moulindelamousquere.pagesperso-orange.fr/pages/glossaire/glossaire-mn.htm
— BELMONT (Alain) Une industrie au service du pain : les carrières de meules de Cinq-Mars-la-Pile (Indre-et-Loire), au xviie siècle p. 47-66
https://journals.openedition.org/abpo/3141
— Les roues pirouettes.
Wikipédia Le moulin à Rodet :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Moulin_%C3%A0_rodet
https://www.letelegramme.fr/local/finistere-sud/ouest-cornouaille/capsizun/plouhinec/moulin-de-treouzien-decouverte-d-une-roue-pirouette-24-08-2013-2211437.php
https://moulindelamousquere.pagesperso-orange.fr/pages/roue-horizontale.htm