Le vitrail patriotique de l'église Saint-Paterne d'Orléans pour les victimes de la Première guerre mondiale "et de toutes les guerres". Baies 49, 51 et 53.
PRÉSENTATION
Les services d'Orléans Métropole ont consacré un document de 28 pages à "Orléans pendant la grande guerre". A la page 23, nous pouvons trouver la description des vitraux patriotiques de Saint-Paterne :
"Dans l’église paroissiale Saint-Paterne, trois vitraux commémoratifs situés dans la première chapelle du bas-côté nord, rappellent l’action des soldats français sur le front puis la France victorieuse. Le choix du vitrail surprend pour un support commémoratif paroissial où apparaissent les noms des disparus. La représentation délivre un message patriotique et réaliste n’hésitant pas à montrer l’enfer des tranchées avec un homme mort au premier plan. Ils évoquent aussi deux inventions majeures et décisives utilisées pendant la 1re Guerre : le char d’assaut et l’avion.
Sur le vitrail de droite, intitulé « À la poursuite de l’ennemi » dédié « À la Mémoire des soldats tombés au Champ d’honneur 1914-1918 » ; de bas en haut: une tranchée avec des marins français armés de mitrailleuses ; dans le médaillon: un char d’assaut, utilisé pour la première fois en 1916 lors de la bataille de la Somme ; des soldats français escaladant un canon, sous lequel gît le corps de l’ennemi, laissant éclater leur joie au passage de prisonniers allemands.
Le vitrail de gauche intitulé « La Victoire » est dédié « À la Mémoire des soldats morts pour la France 1914-1918 ». De bas en haut: représentation de l’entrée officielle des troupes française à Strasbourg en 1918, en présence du gouvernement français et des généraux vainqueurs. Dans le médaillon, un avion biplan allemand en feu va s’écraser. L’Alsace et la Lorraine, symbolisées par deux femmes en costumes traditionnels, sont réunies sous le drapeau français, évoquant ainsi le retour de ces régions à la France après la défaite de l’Allemagne. En bas des vitraux apparaissent la Croix de Guerre, la Légion d’Honneur et des médailles militaires.
Le vitrail central intitulé «Aux victimes de toutes les guerres » est postérieur. À daté des années 1950, il provient de l’atelier orléanais J. Le Chevallier et J. Degusseau."
Ce texte remarquable est accompagné d'une vue d'un panneau de la baie intitulé "La victoire". Mon article vise à apporter une documentation photographique plus complète, et à participer au recensement des vitraux patriotiques français.
En effet, je n'ai pas pu trouver d'autres illustrations en ligne sur ces verrières.
La chapelle des Morts pour la France, première chapelle à gauche en entrant.
La chapelle des soldats morts pour la France, église Saint-Paterne d'Orléans. Cliché lavieb-aile 2025.
La baie 53 : la guerre. "A la mémoire des soldats tombés au champ d'honneur 1914-1918."
Registre inférieur.
" une tranchée avec des marins français armés de mitrailleuses ; dans le médaillon: un char d’assaut, utilisé pour la première fois en 1916 lors de la bataille de la Somme ; des soldats français escaladant un canon, sous lequel gît le corps de l’ennemi, laissant éclater leur joie au passage de prisonniers allemands."
Le paysage, fait de marécages d'où émergent des tronçons de ponts et des saules tétards, et bordés de moulins, peut faire penser à la bataille de l'Yser.
Sur le côté, les cartouches noirs marqués de croix citent, comme sur un monument aux morts, le nom des soldats morts pour la France, avec leur grade. Ainsi : "Les Maréchaux Logis -chefs David, Grey, Aviateur Mauduit, Lieutenants Lasnier, Rotté, Adjudants Boitier, Grandamas, des Sergents R. Agier Assire, Lucien Auber Aubourg, Badinier."
En bas apparaissent la Légion d'Honneur (chevalier) et la Croix de Guerre (avec palme).
Registre médian.
"dans le médaillon : un char d’assaut, utilisé pour la première fois en 1916 lors de la bataille de la Somme ".
On aimerait pouvoir préciser qu'il s'agit d'un char Schneider CA1 (utilisé depuis 1917), d'un char lourd Saint-Chamond ou du fameux char FT 17 Renault (utilisé en mai 1918 dans la bataille de l'Aisne), mais ce n'est pas si simple (pas de tourelle pivotante).
Registre supérieur.
"des soldats français escaladant un canon, sous lequel gît le corps de l’ennemi, laissant éclater leur joie au passage de prisonniers allemands."
La baie 49.
Le vitrail de gauche intitulé « La Victoire » est dédié « À la Mémoire des soldats morts pour la France 1914-1918 ».
Registre inférieur.
"Représentation de l’entrée officielle des troupes française à Strasbourg en 1918, en présence du gouvernement français et des généraux vainqueurs."
On voit la statue du général Kléber, le défilé a lieu place Kléber précisément, le 21 novembre.
"A Strasbourg , la foule assiste au défilé des troupes françaises et alliées, le général Gouraud qui commande la IVe armée en tête, devant la statue de Kléber. Une affiche française invite les Alsaciennes à revêtir leur costume traditionnel."
https://imagesdefense.gouv.fr/fr/strasbourg-alsace-place-kleber-le-defile-des-troupes-alliees-legende-d-origine.html
En bas apparaissent la Médaille Militaire et la Croix de Guerre (avec palme).
Registre médian.
Dans le médaillon, un avion biplan allemand en feu, touché par un appareil français à cocarde tricolore, est en flammes et va s’écraser.
Registre supérieur.
"L’Alsace et la Lorraine, symbolisées par deux femmes en costumes traditionnels, sont réunies sous le drapeau français, évoquant ainsi le retour de ces régions à la France après la défaite de l’Allemagne."
La baie 51.
Orléans Métropole écrit : "Le vitrail central intitulé «Aux victimes de toutes les guerres » est postérieur. À dater des années 1950, il provient de l’atelier orléanais J. Le Chevallier et J. Degusseau."
Plus précisément, le peintre-verrier Jacques Le Chevallier a conçu les cartons dans son atelier de Fontenay-aux-Roses, mais son ami le maître-verrier Jacques Degusseau a exécuté dans son atelier d' Orléans, 26, rue des Ormes St Victor, la coupe et le montage aux plomb des verrières. Jacques Le Chevallier interviendra ensuite si nécessaire pour peindre à la grisaille les vitraux, avant que Degusseau ne procède à la cuisson. Ils ont, dans leur collaboration, réalisé la quasi totalité des vitraux des baies basses et 5 baies hautes de l'église Saint-Paterne, remplaçant ceux détruits par les bombadements, soit 645 m² de vitraux de 1945 à 1962, c'est à dire ceux de 38 baies basses, des deux rosaces des transepts avec leur galerie, et les cinq baies hautes du chœur.
Au total, je ne regrette qu'une chose : d'ignorer quel est le maître-verrier auteur des deux baies de 14-18, qui a omis de les signer.