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28 juillet 2025 1 28 /07 /juillet /2025 10:00

Les 17 trompe-l'œil (et natures mortes) du Musée du Monastère royal de Brou.

 

Voir :

Voir sur Brou :

 

PRÉSENTATION

Une collection de 14 trompe-l’oeil des 17e et 18e siècles a été présentée depuis 2024, entièrement dans la salle du prieur du Monastère de Brou, après une exposition en 2005.

En effet, un ensemble de trompe-l’oeil, donation exceptionnelle de Miriam et Boris Milman, a été valorisée lors de sa donation sous réserve d’usufruit en 2005 à travers l’exposition temporaire « Le trompe-l’oeil, plus vrai que nature ? ». Son intégration au parcours permanent, regroupée dans une seule salle selon le souhait de la donatrice, a nécessité le réaménagement complet des « appartements du prieur ».

Après m'être livré au jeu délicieux de la résolution de leurs énigmes, j'ai découvert le lien vers le dossier de presse du Musée de Brou, qui m'a donné accès aux "réponses" des conservateurs.

J'aurai pu consulter aussi, si je l'avais découvert à temps, l'ouvrage Le Trompe-l'œil, plus vrai que nature? de Miriam Milman, Magali Philippe, Richard Taws, Jean Rosen, 144 pages, 2005, ed Artys.

Miriam Milman est l'auteure d'autres livres sur le trompe l'œil, dont Le trompe l'œil, 1992, ou Skira 1996 et  Architectures peintes en trompe l'œil, les illusions de la réalité, Skira 2008.

 

 

GASPARD GRESLY (L'isle-sur-le Doubs 1712/Besançon 1756)

1. Trompe-l'œil à l'almanac'h du Solitaire et à la gravure de Pérelle. 1742 , huile sur toile Inv. 2009.2.3 (don Miriam et Boris Milman).

 

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Nous y trouvons, sur une planche de pin en trompe-l'œil :

-- une gravure fixée par 3 punaises et de la cire à cachetée. C'est une gravure de Gabriel Pérelle (1604-1677) plutôt que de Nicolas Pérelle, si on adopte la date de 1742 portée sur l'almanac'h. On peut affirmer le nom de l'artiste, car la même gravure est reproduite dans le Trompe l'œil de la Bibliothèque de Gresly, à suivre, avec la mention de son nom.

Elle montre un paysage en ruine, au bord d'une rive et d'un paysage maritime ; les navires sont en fuite devant un grain, peut-être orageux. La gravure évoque le passage du temps (comme l'almanac'h écorné et décrépi), mais aussi le vers de Lucrèce, que chacun connaissait Suave mari magnum turbantibis aequora ventis, "comme il est doux, lorque sur la vaste mer les vents soulèvent les flots, de contempler depuis la terre les rudes épreuves d'autrui."

La gravure est déchirée et froissée : que de jours sont passés depuis son acquisition ! De quel fond de tiroir sort-elle ! Elle raconte à son propriétaitre une longue, et nostalgique histoire, d'un attachement ancien.

-- le volume de 1742 de l'Almanac'h du solitaire, almanac'h récurrent chez Gresly.

Voir du même Gresly son Trompe-l'œil à l'almanac'h, aux gravures et à la bourse, 1739, avec une gravure de Pérelle.

 

Trompe-l'œil à l'almanac'h, aux gravures et à la bourse, 1739, Musée des Beaux-Arts de Béziers.

--une lettre décachetée, sans adresse près d'une plume à l'extrémité noircie d'encre.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Le commentaire du Musée de Brou (trouvé a posteriori):

 

"L’orage menaçant et le château en ruine de la gravure, l’Almanach du solitaire décrépi (récurrent dans l’œuvre de Gresly), manifestent le passage inexorable du temps et appartiennent à la symbolique de la « vanité », tout en donnant l’illusion d’une présence physique réelle.

Une gravure de Pérelle est fixée sur une planche de sapin par deux cachets de cire rouge et deux clous. Elle représente quelques personnages sur les berges d’une mer tourmentée sur laquelle on entrevoit des bateaux en péril. Au premier plan se détache un château en ruine entouré d’arbres. On retrouve la même estampe sur le recto des Librairies.

Dans la partie inférieure de l’œuvre est représenté un ruban rouge effiloché, fixé aux deux bout par des clous. Il sert à soutenir une enveloppe au cachet de cire rouge arraché, derrière laquelle s’enfile une plume. À son autre bout, le ruban rouge maintient en équilibre un Almanach du solitaire. Si l’œuvre n’est pas signée, cet almanach qui apparaît souvent dans l’œuvre de Gresly - entre autres sur les Librairies - porte son empreinte et permet de dater le tableau (1742).

L’orage menaçant, le château en ruine, le calendrier décrépi, sont des signes du passage inexorable et menaçant du temps. Les papiers déchirés, écornés,pliés ou froissés sont autant d’éléments soulignant la symbolique de la « Vanité ». En se détachant du plan du tableau pour pénétrer dans l’espace du spectateur, Ils arrivent à donner le sentiment de la troisième dimension et se substituent à une perspective construite."

 

2. Porte de bibliothèque, verso. 1742.

Il s'agit une porte au vitrage monté au plomb, disposant d'une serrure, et équipée d'une réglette extérieure métallique permettant de glisser des documents.

La bibliothèque vitrée évoque la "librairie" d'un maître à danser. On y trouve en effet, outre des livres et un sablier :

--en bas à droite dans la vitrine, une "pochette" ou violon du maître à danser, servant à marquer les pas, et plus précisément une "pochette bateau" dont le corps est sculpté d'un seul bloc de noyer, et la table de bois de cyprès. L'instrument est accompagné de son archet.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pochette_(instrument)

--fixés au ruban,  des partitions, un compas à tracer, des plumes (pour écrire ou copier des partitions?), une enveloppe fermée par la cire à cacheter, un almanach du solitaire, une gravure ou dessin à la sanguine d'un homme torse nu, casqué armé d'une épée. Ainsi qu'une méthode POVR APPRENDRE A PEINDRE.

On reconnaît plus précisément une gravure de Pérelle : un paysage de ruines antiques au bord d'une rive, avec l'inscription Perelle inuent et fecit Se vendent chez le Blond rue Ign...

Ainsi qu'une partition portant le titre Chaconne d'amadis... appartenant à un volume fourni. Il s'agit d'une célèbre musique à danser de Jean-Baptiste Lully. Le Mercure galant signale que cette chaconne d'amadis servait de prologue au Mithridate en 1684, tant les tragédies éaient accompagnées, à la cour, de danses et mêmes d'acrobaties. 

Et une gravure — sur laquelle une mouche est posée— montrant un chirurgien penché sur le bras d'un jeune homme pour y effectuer un acte (saignée??) sour le regard d'un personnage coiffé d'un chapeau. On lit seulement Piano praes...

 

 

 

 

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

3. Porte de bibliothèque, recto. 1742.

 

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Il s'agit d'une vue de l'envers de la porte précédente, une fois ouverte (on voit sur le montant l'extrémité de la serrure). On y retrouve, vus de l'intérieur, les mêmes objets  de cette bibliothèque, ceux qui étaient glissés dans la réglette. On poursuit  ainsi le portrait de son propriétaire. On y retrouve le jeu de plume, le compas à tracer, le courrier où est inscrit le mot "Monsieur", le dos de l' exemplaire de almanach du solitaire, toujours aussi écorné. Le jeu est donc de passer mentalement ou visuellement d'un tableau à l'autre pour de nouvelles découvertes. Plusieurs verres du vitrage se révèlent ainsi brisés.

 

-- Derrière la gravure du Chirurgien, nous découvrons une autre gravure (deux allégories d'un dessinateur) . Et un petit bout de la méthode pour apprendre à peindre, que nous nous amusons à reconnaître par sa seule couleur brunie.

--une petite gravure au paysage boisé est sans doute encore de G. Pérelle.

-- Du volume de partition auquel appartenait la Chaconne d'Amadis est désormais visible une partition manuscrite d'une "chaconne [d']arlequin" : logique.

--Une autre partition est  très dissimulée

-- Quant au port-folio de gravures de Pérelle, nous n'en voyons plus que le dos.

La Chaconne d'Arlequin est à rapprocher de la Chaconne d'Amadis du tableau précédent. 

On lit dans le Mercure de France 1741 : "Le 7 mars 1741, les comédiens Français donnèrent devant la cour le Légataire et le bon soldat, et la Demoiselle Cammasse dansa la Charconne d'arlequin toute entière avec les appludissements de la Reine et de la Cour toute entière".

Elle pourrait figurer dans la musique à danser de Lully, et on trouve la mention "la chaconne d'Arlequin,  en G R Sol tierce majeure par M. de la Montayne, Le Bourgeois Gentilhomme 1670 : musique pour danser de J.B . Lully."

On lit plus tard : "Représentée aux Grands danseurs du roi en 1778 la chaconne d'Arlequin, la danse de la Fricassée , et le Ménage du savetier , par Taconet ".

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Voici le commentaire, lu a posteriori,  des experts du Musée de Brou : j'étais pas si mauvais !

"Simulant les deux côtés d’une porte vitrée de bibliothèque (ou « librairie »), ces deux peintures constituent l’un des chefs-d’œuvre de Gresly, qui les a signées. Portant l’ancienne trace d’un trou de serrure, elles devaient être fixées sur un véritable abattant. L’idée de peindre de faux meubles ouverts sur un grand désordre remonte au XVIIe siècle, avec Gijsbrechts et Hoogstraeten. Mais Gresly adapte l’idée à une situation réelle, laissant entrevoir le monde d’un maître de danse. En effet, devant les livres aux belles reliures de cuir figurent un sablier et une « pochette bateau », servant à marquer le pas, ainsi que plusieurs partitions musicales.

Ces deux peintures simulant les deux côtés d’une porte vitrée de bibliothèque, sont exceptionnelles et constituent sans nul doute l’un des chefs-d’œuvre de Gresly. Autrefois attribuées à Cristoforo Munari, elles lui ont été rendues grâce à la découverte de sa signature. Portant l’ancienne trace d’un trou de serrure, elles devaient être fixées sur un véritable abattant.

Du côté de la façade, les livres aux belles reliures de cuir sont représentés derrière les carreaux en verre aux joints de plomb. Sur la tablette du meuble sont posés un sablier et d’une pochette bateau, servant aux maîtres à danser à marquer le pas. Sur la traverse métallique centrale sont suspendus toutes sortes d’objets et de papiers, dont plusieurs partitions musicales : une Chaconne d’Arlequin et une d’Amadis, danses d’opéra-ballet transcrites vers 1685 d’après Lully et une à la notation musicale, mystérieusement légendée « pour apprendre à peindre ». Sur l’estampe de paysage, signée de Perrelle, est posée une mouche – un motif classique des trompe-l’oeil. Un petit almanach populaire, très usé, s’ajoute à ce pêle-mêle. A l’opposé, le compas doré, les plumes et la lettre cachetée forment un contrepoint plus raffiné. Mais le regard est avant tout attiré par la gravure représentant une saignée, dérivant d’un tableau d’Adrian de Brouwer (entre 1635 et 1638). Gresly, qui la reproduit dans d’autres peintures plus modestes, s’inspire sans doute de la gravure du Bisontin Pierre de Loisy III en 1654, car on retrouve le premier mot de sa légende, « Piano ». Il est ainsi probable que le commanditaire de Gresly soit lié au domaine de la musique ou de la danse.

Une fois la porte ouverte, apparaît l’autre côté de la réalité : au premier plan, les carreaux révèlent l’envers des objets maintenus par le porte-lettres. « Défi pour l’oeil et l’esprit » comme l’écrit Miriam Milman, ces deux peintures rappellent les œuvres des Hollandais du Siècle d’or Samuel van Hoogstraten et Cornelius Gijsbrechts, pionniers et maîtres du trompe-l’oeil.

L’idée de peindre un pendant, servant à tapisser les deux côtés d’une porte d’armoire, n’est pas l’apanage de Gresly. Déjà dans les années 1670, Cornélius Gijbrechts réalisa plusieurs faux meubles aux portes ouvertes sur un grand désordre. Il orna de cette manière une porte existante pourvue de gonds métalliques qui permettent encore aujourd’hui son ouverture. Il faut pourtant souligner qu’à défaut d’originalité, Gresly sait adapter l’idée à une situation réelle, laissant entrevoir avec subtilité et adresse ce que peut être, au XVIIIe siècle, le monde d’un maître à danser." 

MRB_2025_DP_Nouvelles_Acquisitions_Raccrochage_VF_Web.pdf

4. Trompe-l'œil à la gravure Le Chirurgien, G. Gresly  ca1753.

Gaspar Gesly rassemble ici la gravure Le Chirurgien, déjà présente au verso de la porte de bibliothèque, la plume d'oie, et un exemplaire de l'almanac'h Dieu soit beny de 1752.

La gravure est punaisée, chaque punaise étant renforcée par des morceaux de carte à jouer, les couleurs pique et cœur. Elle porte à gauche la mention De Brouwer inv., mais l'artiste signe à droite sa copie G. Gresly pinxit en lieu et place de la mention du graveur flamand Marinus Van der Goes.

En effet, Gresly reproduit une gravure très diffusée de Marinus Roybin Van der Goes, datant d'avant 1638 en vente, ici, à Paris "chez A. Bonenfant avec privilège du Roy" .

https://global.museum-digital.org/object/1553403

https://wellcomecollection.org/works/ef2xbxgf

Portant dans les collections le titre de "Chirurgien pansant la plaie d'un patient grimaçant" elle s'inspire d'une peinture du flamand Adriaen Brouwer, Dorfchirurg (Das Gefülh), conservée à l'Alte Pinacothèque de Munich ou à Salzburg et datée de ca. 1635.

https://www.sammlung.pinakothek.de/de/artwork/ZMLJYr2xJv

https://fr.wikipedia.org/wiki/Adriaen_Brouwer#/media/Fichier:Adriaen_Brouwer_-_Das_Gef%C3%BChl.jpg

 

Gresly reproduit fidèlement l'inscription :

NOBILI SPECTATISSIMO QVE VIRO, D

D. IACOBO ROELANS I.L.V.

PICTVRAE ARTISQVE SCVLPTORIAE

ADMIRATORI SVMMO

Bröweri artificiossisimam tabulam

----Depromtam L :M :D.D.C

soit : "À l'homme noble et très estimé, D. D. Jacobus Roelans I.L V, le plus grand amateur de peinture et de sculpture. Ce tableau d'Adrian Brouwer, d'une grande beauté, --Livré par lui L M D D C

Les mots manquants, cachés par la page cornée, sont : ex goenisceo eius

L'homme illustre est le chevalier Jacques Roelants, comte de Tassis, d'Anvers (1568-1651), membre du Grand Conseil de Malines en 1625, directeur général des Postes à Anvers.

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Portret_van_Jacob_Roelants_(1568-1651)_Portretten_van_leden_van_de_familie_Roelants_(serietitel),_RP-P-1905-175.jpg

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Jacob_Roelants_(1568-1651)#/media/File:Wenceslas_Hollar_-_Jacob_Roelants_2.jpg

https://www.museabrugge.be/fr/collection/work/id/2014_gro1367_iii

 

La gravure de Marin Van der Goes, et la copie de Gresly, sont inversées par rapport à la peinture de Brouwer, dont le chirurgien inspecte et soigne, les lèvres pincées  une plaie du bras droit d'un jeune homme (dont le bonnet et le bâton sont posés sur la chaise). Un tiers, coiffé d'un bonnet à poils, examine avec intérêt la scène.

Un flageolet à six trous est pendu à un clou, sous une étagère.

Il ne s'agit pas d'une saignée, malgré les indications du cartel du Musée de Brou. Parmi les objets posés sur une table en premier plan, on voit un flacon (d'alcool?), des linges, un ciseau (ou pince), et surtout un récipient contenant des charbons ardents (dont le rougeoiment disparaît sur la gravure). Il s'agit donc d'une cautérisation, expliquant bien la grimace du blessé.

La toile illustre  le goût de Brouwer, élève de Frans Hals, pour l’expression et le réalisme des émotions, peints dans des scènes de genre de caractère flamand, en héritage du grand Brueghel l’Ancien.

Comparez avec "une opération dans le dos", musée de Francfort:

https://sammlung.staedelmuseum.de/de/werk/die-operation-am-ruecken

 

 

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

 

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

L'almanach  Dieu soit beny est suspendu à un clou, par une ficelle, exactement sur le point médian du tableau. L'éclairage, de forte puissance vient du haut et de gauche, comme l'indique l'ombre portée  des feuilles. Cela laisse-t-il suspecter l'utilisation d'une lentille ?

L'almanac'h est imprimé en 1752 chez Claude Joseph Daclin (1718-1782), imprimeur installé à Besançon. Époux de Jeanne-Baptiste Latreille, son entreprise sera prospère et après Jean-François Daclin, elle se poursuivit jusqu'en 1832, transmise par les veuves.

 

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Là encore, je ne découvre la description des conservateurs du Musée de Brou qu'après ma rédaction :

"Trompe-l’œil à la gravure de Marinus (Le Chirurgien) huile sur toile Inv. 2009.2.4 (don Miriam et Boris Milman)

La gravure d’après le tableau d’Adrian Brouwer représentant un chirurgien-barbier pratiquant une saignée, est un leitmotiv de plusieurs œuvres de Gresly. Elle contrebalance l’aspect amusant du trompe-l’œil par l’expression de douleur du patient dupé par le charlatan.

L’apparition sur le marché du Trompe-l’œil à la gravure de Marinus a confirmé sans ambiguïté l’attribution des Librairies. En effet, la reprise minutieuse par Gresly de l’eau-forte d’Ignatius Cornélius Marinus avec son inscription d’origine est le maillon manquant dans les déductions formulées auparavant. Cette fois-ci, la signature de l’artiste est clairement posée sur l’estampe et la date apparaît sur son omniprésent almanach. Comme c’était le cas pour le tableau du Trompe-l’œil avec la gravure de Callot, il faut souligner la finesse du trait de Gresly dans le rendu fidèle de l’eau-forte hollandaise." Copyright Musée de Brou)

5. Trompe-l'œil à la gravure du Mendiant de Callot, Gaspard Gresly ap. 1750

Peinture à l’huile sur toile Inv. 2009.2.2 (don Miriam et Boris Milman).

"Spécialisé dans le trompe-l’oeil, Gresly suit une recette immuable : Sur un fond en bois noueux, il accroche divers objets ou papiers, recréant une réalité familière. Ici, l’estampe de Jacques Callot publiée vers 1622 fait allusion au spectateur qui se laisserait tromper par sa vue, car il s’agit de L’Aveugle et son compagnon.

Auteur d’une production foisonnante, le Comtois Gaspard Gresly est l’un des premiers peintres en France à se spécialiser dans le trompe-l’oeil. La recette qu’il suit est immuable : Sur un fond en bois noueux, il accroche divers objets, papiers ou gravures, recréant de manière illusionniste une réalité familière fictive. D’œuvre en œuvre, il reproduit plusieurs fois les mêmes gravures ou objets du quotidien (plumes, besicles...), qui devaient faire partie de son fonds d’atelier.

Sur une planche de sapin tel qu’on pouvait en trouver dans les intérieurs simples, ce tableau reproduit une estampe célèbre du Lorrain Jacques Callot, issue de sa série des Gueux, publiée vers 1622. Il s’agit de L’Aveugle et son compagnon. Pour suggérer une profondeur, le peintre montre un coin relevé sur la gravure, seuls trois des angles étant collés par des cachets de cire rouge. Ses peintures s’adressent à une clientèle de la petite bourgeoisie provinciale, appréciant de reconnaître des compositions populaires, tout en étant jouée par leur caractère illusionniste.

La carte à jouer glissée entre le cadre et la gravure est un valet de trèfle. Appartenant à un jeu allemand, il porte le nom de Léopold, sans doute en référence à Leopold Miller, cartier à Ratisbonne vers 1750. La Franche-Comté maintient en effet alors de nombreux liens avec l’Empire germanique, auquel elle a appartenu jusqu’en 1678." Dossier de presse mars 2025 Musée de Brou en ligne.

Voir : Jacques Callot, Les Gueux (L'Aveugle et son compagnon) , Eau-forte sur papier au filigrane du double C (1622-1623). Collection de la Bibliothèque nationale de France.

https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb425704423

C'est la carte à jouer qui me fascine, je passe des heures à tenter de retrouver la trace de ce Léopold Miller, cartier à Ratisbonne. Sans succès. Ce valet, en pied, est habillé comme un lansquenet, avec des collants mi-parti et à carreaux, un bonnet rouge et une cape rouge et noire. Ses jambes sont écartées. Il  est vu de 3/4 arrière, il tourne la tête vers sa gauche, la main sur la poignée d'un cimeterre et l'autre main levée tenant une fleur trilobée qui doit être l'empennage d'une flêche (mais les valets de trèfle tiennent leur flêche pointe vers le haut). De l'inscription, on ne voit que LEOPO et l'empattement de ce qui peut être un L. 

Voir le valet de trèfle de Pierre Marechal à Rouen en 1567

https://www.gettyimages.fr/detail/photo-d%27actualit%C3%A9/knave-jack-of-clubs-valet-de-trefles-16th-century-photo-dactualit%C3%A9/590131638?adppopup=true

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

 

6. Le compotier de cerises. Huile sur toile, Gaspard Gresly vers 1750.

Je la présente ici, puisque la toile est exposée à côté des trompe-l'œil.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

 

 

 

Dominique DONCRE (Zeggers-Cappel 1743/Arras 1830).

 

1 et 2 : Dominique DONCRE (Zeggers-Cappel, 1743 – Arras, 1820) Trompe-l’œil aux putti, deux pendants, Vers 1750, Peinture à l’huile sur toile Inv. 2009.2.6 et 7 (don Miriam et Boris Milman)

 

"L’Arrageois Dominique Doncre réalisa principalement des portraits, des scènes de genre et des trompe-l’œil, pour une clientèle privée friande de leur caractère amusant. Il reprend ici les éléments qui firent aussi le succès d’un autre peintre provincial, Gaspard Gresly : sur des planches de bois aux nœuds très visibles, évoquant des châssis de peintures, de petites toiles peintes sont clouées de manière approximative.

Clouées sur des planches de bois, de petites toiles représentent l’une des angelots dessinant un buste en marbre au pied de colonnes antiques (d’après une composition peinte par François Boucher), l’autre des putti assoupis sur des tonneaux parmi des grappes de raisin. L’oisiveté et l’ivresse s’opposent ainsi à l’étude et au savoir. 

Les cartes à jouer glissées sous ces toiles renforcent ainsi l’illusion optique de profondeur. Dans ce jeu créé à Paris vers 1750, on reconnaît le roi de pique (David), le valet de cœur, le valet de trèfle et le roi de coeur (Charles)"

 

 

 

 

 

1. Trompe-l'œil aux 3 putti ,vers 1750; huile sur toile. inv 2009 2-7

 

 

"L’une représente trois angelots grassouillets au pied d’une colonne, contemplant un buste en marbre que l’un d’entre eux dessine. Elle dérive d’une composition de François Boucher, Le Dessin (Frick Collection, New York), gravée par Aveline.

 Une lettre décachetée dévoile le nom de son destinataire : Mon. Bert marchand orfèvre…a Duynk...

L’orfèvre Bert documenté à Dunkerque vers la fin du XVIIIe siècle, pourrait donc être le commanditaire des deux oeuvres.

Au-dessus sont accrochées les besicles permettant de lire ce courrier."

Liens : François Boucher :

https://ateliers.grandpalaisrmn.fr/fr/estampes/KM009427?guid=6885257ec4232

https://www.pubhist.com/w32706

Je finis par trouver la gravure de Pierre Alexandre Aveline, c'est la page de titre du Quatrième Livre de Groupes d'Enfant par François Boucher peintre du roy gravé par Aveline suite de 6 planches gravées chez Huquier:

https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl020548799

Metropolitan Museum

 

Les deux cartes à jouer sont le valet de trèfle et le roi de cœur nommé César. Le valet de trèfle nos révèle ici l'inscription marquée à ses pieds , la signature du cartier G. PARIS . Il porte en main droite une médaille avec une inscriptio,  F. ----. Mais dans le trompe-l'œil, où cette médaille est reproduite, on y lit au pied le mot PARIS.

 

 

 

Voir aussi :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105409283/f23.item.r=jeux%20de%20cartes%20delatre

ou bien

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105158344.r=jeux%20de%20cartes%20delatre?rk=107296;4

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

2. Trompe-l'œil aux 2 putti parmi des grappes de raisins, au médaillon, aux cartes à jouer et à la sanguine ,vers 1750; huile sur toile. inv 2009 2-7

 

"Sur l’autre, au coin soulevé, les putti semblent à moitié assoupis sur des tonneaux, parmi des grappes de raisin. L’oisiveté et l’ivresse s’opposent ainsi à l’étude sérieuse. D’autres objets plus personnels sont également accrochés.  Sur ce second tableau figurent un médaillon en plâtre figurant un profil féminin et une sanguine représentant un fumeur dans le style du Flamand David Teniers. S’y trouve ainsi renforcé l’opposition entre un pendant consacré à la lecture, au dessin et au savoir d’un côté, l’autre à la vanité et aux plaisirs terrestres."

Les deux cartes à jouer sont un valet de trèfle, Lahire, et un roi de cœur nommé Charles, en pied. On en retrouve la trace sur ebay, ou sur BnF .

 

 

 

 

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3 et 4. Dominique DONCRE (Zeggers-Cappel, 1743– Arras, 1820) Trompe-l’oeil aux putti et Trompe-l’oeil aux femmes galantes, deux pendants. Vers 1750. Bourg-en-Bresse, musée du Monastère royal de Brou, Peinture à l’huile sur toile Inv. 2009.2.12 et 13 (don Miriam et Boris Milman).
 

 

3. Trompe-l’oeil aux putti, à la loupe et aux cartes à jouer.

Le premier des deux pendants montre, sur un panneau feint en sapin imitant ceux des meubles, une sanguine aux trois putti musiciens évoquant les Amorini musiciens d'après François Boucher : l'un joue d'une sorte de traverso, l'autre d'un tambourin, tandis que le troisième feuillette un volume de partitions. La sanguine est encadrée dans un beau cadre en bois laqué noir à fleurs et décors d'or, suspendu par un anneau.

Mais la vitre est brisée, signe de la fragilité et du caractère éphémère de nos jouissances.

Une loupe est suspendue à un clou par un ruban.

 

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Deux cartes à jouer sont glissées, soit sous le cadre, soit sous un montant du panneau de sapin , une dame de trèfle portant le nom ARGINE, et un roi de cœur nommé CHARLES. La dame de trèfle tient dans sa main gauche un éventail ou un volant.

Ce sont encore des cartes du jeu au portrait de Paris après 1750 .

 

 

 

 

Les deux cartes du trompe-l'œil sont écornées, pour accroître leur vraisemblance.

Sous le roi, un fil pend, peut-être lié à une aiguille.

 

 

 

 

 

 

 

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4. Trompe l'œil aux femmes galantes.

Au centre d'un panneau de sapin est cloué une gravure, accompagnée de ces vers :

Loin de l'innocence des bois, Pour le fidèlle amour il n'est point de retraite,

A la ville on suit d'autres lois, Et c'est un jeu pour la Coquette,

De tromper deux cœurs à la fois.

Le Mercure français de 1732 indique l'existence d'une "estampe du sieur Lépicié, d'après un tableau de monsieur Charles Coypel" portant le titre L'Amour de Ville ou l'Amour Coquet. Ces vers y sont cités. "Ce sujet est traité de manière élégante et fine, avec des expressions délicates et fines, une très belle personne, galamment ajustée, reçoit la déclaration et les serments de son Amant, dans le moment qu'elle glisse adroitement un poulet à un petit More qui le reçoit de même, et fait connaître par un sourire malin, la légèreté du cœur de sa maîtresse. Le sieur Lépicié demeure rue Saint-Louis, au coin de l'Abreuvoir du Quai des Orfèvres, chez Mr Marlié."

La gravure qui sert ici de modèle est conservée à la collection des dessins et  estampes des musées de la ville de Strasbourg

 

L' Amour de Ville ou l' Amour Coquet Lépicié, Bernard François, Graveur 1732 Coypel, Charles Antoine, D'après les dessins de 1731

La gravure est accompagnée d'un papillon noir et rouge qui est posé dessus en trompe-l'œil. Il s'agit de Vanessa atalanta ou Vulcain.

Les 3 cartes sont encore du jeu de G. PARIS vers 1750. Ce sont la reine de carreau RACHEL, le valet de trèfle (mais dont la médaille est frappée d'une couronne), et le roi de carreau CEZAR. La comparaison avec les modèles permet de s'assurer de la fidélité et de la sureté de reproduction de Doncre, comme pour la gravure.

Les bésicles du peintre sont suspendues à un clou.

Une bouteille est suspendue par un ruban, mais son étiquette n'est pas lisible. Elle permet au peintre de montrer son talent sur les ombres mélées de reflet projetées sur le bois.

L'ombre portée des clous indique que la lumière vient du haut et de la gauche.

 

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Le médaillon au jeu de volant et au numéro 106 de l'exemplaire proposé sur Ebay est remplacé chez Dongre par un médaillon à la fleur.

 

 

La BnF propose un jeu de carte au portrait de Paris édité par Noël Pierre Louis Delatre (Paris), marchand-cartier actif à Paris entre 1789 et 1803. - À sa mort, sa veuve reprend l'affaire sous le nom "Veuve Delâtre", de 1804 à 1851.

Le roi de carreau porte en médalllon le n° 144 et une fleur :

Rois de Carreau issus de jeux de cartes au portrait de Paris, gravure sur bois coloriée au pochoir BnF gallica

 

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Caterina Della Santa, Trompe-l'œil aux feuilles et aux camées, année 1790 inv. 2009-2-8. Aquarelle marouflée sur papier  avec médaillons en plâtre.

 

"Une table encombrée de papiers et de camées en relief joue sur l’illusion entre réalité et fiction. Les feuillets montrent des textes hébreux italiens, grecs et latins, reflétant l’érudition du milieu florentin du XVIIIe siècle. L’artiste était en effet la fille du bibliothécaire officiel des grands-ducs de Florence.

Un encadrement fin en bois clair entoure une surface en bois plus foncé sur laquelle est posée une multitude de papiers. Le terme « posé » est important car l’absence de tout clou implique l’horizontalité de la surface et fait penser à une table. On distingue un fragment de livre de prière commentant l’Évangile de saint Marc.

La page déchirée est illustrée par une image du saint en train d’écrire sous la dictée de son ange. D’autres feuillets portent des textes hébreux italiens, grecs et latins. Un dessin, d’un style volontairement populaire, pourrait être l’illustration d’une fable. Deux camées semblent maintenir -comme le feraient des presse-papiers- le désordre régnant sur la table. Exécutés en kaolin avec un vrai relief, ces objets introduisent dans ce trompe-l’œil un autre niveau de réalité. Leur présence ambiguë, entre réalité et fiction, s’affirme aussi dans d’autres œuvres de l’artiste, contribuant à leur originalité.

Caterina della Santa est une des figures les plus intéressantes parmi les peintres de trompe-l’œil de la fin du XVIIIe siècle italien. En collaboration avec son frère Pierre Léopold elle exécute -entre autres une série de huit trompe-l’œil pour les grands-ducs de Florence Pierre Léopold et Ferdinand III de Lorraine, conservée aujourd’hui au Palais Pitti. Fille du bibliothécaire officiel du grand-duc, elle exprime dans ses tableaux l’intérêt culturel de son entourage pour l’édition et les antiquités. La diversité des langues savantes et des calligraphies utilisées dans son trompe-l’œil, pourrait signifier la volonté d’affirmer la sophistication du milieu intellectuel de la Florence de l’époque." (Dossier de presse Brou 2005)

Je dois  rectifier l'attribution du fragment des Evangiles, qui est de Matthieu et non de Marc : l'inscription en latin indique en effet : SEQUENTIA SANCTI EVANGELI SECUNDUM MATHEUM. Puis, on reconnaît le texte de Matthieu 4:18-20  In illo tempore ambulans juxta mare Gallilaeae vidit duo fratres, Simonem, qui vocatur Petrus,  et Andream fratrem ejus, ritentes rete in mare. Ce passage est lu, par exemple, pour la fête de saint André le 30 novembre.

L'illustration montre d'ailleurs l'évangéliste Matthieu écrivant sous la dictée de l'ange, et on sait que parmi les figures du Tétramorphe, l'ange revient à Matthieu (l'aigle à Jean, le lion à Marc et le taureau à Luc).

J'identifie aussi la source du "dessin, d’un style volontairement populaire, pourrait être l’illustration d’une fable." : voir infra.

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La gravure montrant un âne donnant un coup de pied à un loup illustre la fable FAVOLA DELL' ASINO E DEL LUPO dans le recueil "Cent fables morales" illustré par le graveur  Jean-Marie Verdizotti (1525/ 1600). Ce livre des Fables de Phèdre  est illustrée de 100 fables de belles figures à pleine page gravées sur bois par Verdizotti, dont quelques-unes d'après Titien (Verdizotti fut élève et ami du Titien). 

VERDIZOTTI (Giovanni Mario) Cento favole morali. De i piu illustri antichi, & moderni autori greci, & latini. Venise, Ziletti, 1577. In-4 : 2f., 301pp., (1), 7p. (tables) ; illustré d'un titre gravé et de 102 gravures encadrées sur bois à pleine page. 

L'édition originale fut publiée à Venise en 1570, Il s'agit d'illustrations pour dont la première édition parut à Venise en 1570 sous le titre « Cento Favole Morali » (Cents Fables morales), imprimée par Giordano Mario (ou Maria) Verdizotti (ou Verdizzotti). La dernière édition du volume date de 1661, elle est parue à Venise chez l'imprimeur Giovanni Pietro Brigonci

https://www.briscadieu-bordeaux.com/lot/95187/9564643-verdizotti-giovanni-mariocento

https://catalogo.beniculturali.it/detail/HistoricOrArtisticProperty/0500212061-83

 

Mais Caterina della Santa a inversé la gravure : utilisait-elle une technique de copie par miroir ?

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Attribué à Wallerant Vaillant (Lille, 1623 – Amsterdam, 1677)

Trompe-l’œil à quatre côtés, Milieu du XVIIe siècle Huile sur toile Inv. 2009.2.5 (don Miriam et Boris Milman)

 

"Ce trompe-l’œil sophistiqué mêle dessins et gravures dans un enchevêtrement de papiers rendant l’orientation du tableau indifférente. Les textes en néerlandais évoquent la fugacité de la vie ainsi qu’un traité d’arithmétique « à l’usage des jeunes studieux », publié en 1604.

Des dessins et gravures se superposent dans un pêle-mêle affolant, chaque objet avec son individualité figurative, chromatique et technique. La planche de bois qui les supporte est presque invisible. L’enchevêtrement est tel qu’il rend indifférente l’orientation du tableau et en fait un « quatre côtés ».

On peut parler dans ce cas d’originalité et virtuosité, car ce n’est que lors d’une inspection attentive que se trahit l’artificialité de la représentation. Ce qui paraît être le résultat d’un pur hasard dicté par le désordre est en fait un arrangement imaginaire sophistiqué et irréalisable. Ce tableau trompe donc doublement les yeux.

D’autre part, chaque élément se détache facilement du tout et devient compréhensible en soi-même. À l’exception d’un paysage aquarellé signé par Zaftleven (XVIIe siècle), les œuvres, exécutées avec des styles et des supports divers, rendues avec finesse et fidélité, sont difficilement attribuables. Si la lecture du texte impose une orientation, elle est tout de suite contredite par le dessin qui lui est attaché. Seule une plume enfilée parmi les papiers pourrait, à la rigueur, indiquer la verticalité de l’ensemble.

Les textes en hollandais sont difficilement déchiffrables. On peut reconnaître un traité d’arithmétique « à l’usage des jeunes studieux » (Feer boek van Willem Bartjens, tot geriet voor de leegierege-j…), livre paru en 1604, réimprimé de nombreuses fois. Par contre, les fragments d’un sonnet font allusion à un veuf, à la mort, et au cadavre qui se décompose et devient « poussière » (Sonnets de vershe weenar rutse nu, die nimmer rutste…). C’est donc parmi ces vers et dans le désordre qui règne parmi les feuillets malmenés que l’on retrouve une allusion à la fugacité de la vie et à la fragilité des œuvres d’art.

Ce trompe-l’œil a été attribué à Wallerant Vaillant. On pourrait effectivement reconnaître son style dans le fragment de dessin visible à droite, dans la partie supérieure de l’œuvre." (Dossier de presse, Musée de Brou 2005)

 

 

 

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Attribué à Jacques Bizet (actif à Bourg-en-Bresse et Annonay vers 1650)

Nature morte aux vieux livres, milieu du XVIIe siècle, huile sur toile, inv. 853.143 (legs Lorin).

 

"Des livres dans un savant désordre occupent tout l'espace de la toile. Au premier plan, un encrier et une plume ainsi qu'une lettre. Le nom inscrit, "Bizet", renvoie peut-être au peintre protestant Jacques Bizet, issu d'une famille d'imprimeurs et documenté à Bourg-en-Bresse en 1652-53. Annonay, en Ardèche, était aussi un foyer protestant." (Musée de Brou, cartel)

La lettre porte en effet l'adresse

Monsieur

Monsieur Bizet

Annonay

On parle ici de nature morte plutôt que de trompe-l'œil, malgré la lumière forte venant de gauche et suscitant des ombres portées, et malgré l'indice proposé à l'attention de l'amateur par l'adresse de la lettre, comparable à un cartelino. Malgré de nombreux détails de reliure, les livres ne sont pas assez finis pour faire illusion.
 

Voir aussi :

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Fr_Brou_Nature_morte_aux_vieux_livres.jpg

Nature morte aux livres attribué à Jacques Bizet, vers 1650 . Musée d'art de Nantes :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Attributed_to_Jacques_Bizet_001.jpg

Attribution discutée.

Daniel Bergez attribue cette peinture à Charles Emmanuel Bizet, peintre flamand (Malines 1633-Breda, 1691) orthographié plutôt Biset et signalé à Annonay en 1650-1655: il est l' auteur de natures mortes aux livres

https://www.facebook.com/monasteredebrou/posts/zoom-sur-une-%C5%93uvre-connaissez-vous-la-nature-morte-cest-un-genre-artistique-qui-/800887252079504/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Emmanuel_Biset#/media/Fichier:Charles_Emmanuel_Biset_(attributed)_-_Still_life_with_books_and_a_skull.jpg

https://www.alaintruong.com/archives/2008/12/15/11754878.html

https://www.bridgemanimages.com/fr/noartistknown/still-life-with-books-by-charles-emmanuel-bizet-d-annonay-1633-1691/nomedium/asset/505291

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Étienne MOULINEUF ou MOULINNEUF (Marseille, 1706 – Marseille, 1789)

Trompe-l’œil au verre cassé, d’après Le Bénédicité de Chardin. Après 1744 Peinture à l’huile sur toile Inv. 2009.2.10 (don Miriam et Boris Milman)

 

"Étienne Moulineuf, co-fondateur de l’Académie de peinture et de sculpture de Marseille, est l’auteur de trompe-l’œil si réussis qu’il était soupçonné de coller des estampes au lieu de les reproduire au pinceau. Pour répondre à ses détracteurs, il réalisa un autoportrait. Ici, sous un verre cassé lui permettant de donner profondeur et véracité à sa peinture, il représente le célèbre Bénédicité peint par Jean-Siméon Chardin. Cette scène de prière récitée avant le repas nous plonge dans une intimité familière.

Étienne Moulineuf est l’un des fondateurs de l’Académie de peinture et de sculpture de Marseille en 1752. Sa vie est connue par le récit qu’en a laissé sa fille, Julie Pelizzone. Il est l’auteur de trompe-l’oeil si réussis qu’il était soupçonné d’avoir collé l’estampe sur son tableau, sans la reproduire au pinceau. Pour répondre à ses détracteurs, il réalise en 1769 un Autoportrait en trompe-l’œil avec coquillages et objets scientifiques, dans lequel il invente son portrait gravé (musée de Sainte-Menehoud).

Ici, sous un verre cassé lui permettant de donner plus de profondeur et de véracité, il représente le célèbre Bénédicité peint par Jean-Siméon Chardin, gravé par plusieurs artistes en 1744.

La composition gravée est bien sûr inversée par rapport à la peinture. Le peintre cherchait ainsi à montrer sa virtuosité technique, reproduisant fidèlement l’empreinte de la plaque gravée ou les morceaux brisés bleutés du verre. Cette vitre brisée – un motif devenu un poncif de l’art du trompe-l’œil – n’est pas seulement un outil plastique au service de l’illusionnisme. Elle rappelle aussi le caractère éphémère de la vie et la fragilité de l’instant présent -celui ici d’une douce intimité partagée par une mère et ses enfants. La simplicité apparente de l’ensemble lui confère paradoxalement une grande force visuelle." (Dossier de presse, Musée de Brou 2005)

 

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Victor de Rutte (actif en Suisse au XVIIIe siècle)

Trompe-l’oeil à la partition de l’Ariette, 1778, Aquarelle sur papier, Inv. 2009.2.9 (don Miriam et Boris Milman).

 

"Centré sur une carte d’Asie mineure en 1740, le trompe-l’oeil accumule de manière illusionniste divers éléments imprimés et dessinés en français et allemand (dont le valet de pique issu du jeu de Claude Burdel), reflétant la culture bilingue du canton de Fribourg.

Une carte minutieuse de « l’Asie Mineure et le Bosphore pour l’Histoire ancienne de M. Rollin, par le Sr d’Anville, géographe ord(inai)re du roi, oct. 1740 », sert de support à une multitude de documents.

On y discerne des pages déchirées de journaux ou de livres ainsi qu’un fragment d’imprimé noirci et troué par le feu. Le dessin à l’encre d’un paysage avec un château et des personnages, porte une signature et une date : Vict. de Rutte fecit 78. Il est fort probable que cela soit la signature de l’artiste. Une déchirure dans la partie basse de la carte laisse apparaître une trame quadrillée avec un dessin à broder.

La partition musicale de l’Ariette du maître en droit (« prix 6s, p.61 ») occupe la place la plus en vue. L’amas de papiers imprimés ou dessinés est dominé par une carte à jouer, un valet de pique polychrome. Thierry Depaulis nous a confirmé que cette carte ferait partie du jeu de Claude Burdel, actif à Fribourg dans la deuxième partie du XVIIIe siècle.

A part la partition et la carte géographique titrées en français, tous les textes sont imprimés en allemand. Cet aspect bilingue confirme le fait qu’il puisse s’agir d’un trompe-l’oeil suisse exécuté dans le territoire de Fribourg-Bienne où se pratiquent couramment ces deux langues. Trois dates apparaissent sur le tableau : 1740 sur la carte, 1778 sur le dessin et DCCLXXVI (1776) sur un des imprimés.

Ce trompe-l’oeil pose le problème de la « réalité » qu’il est censé représenter. On peut questionner la véracité de la carte comme celle de la nature et de la position spatiale du support des objets. Le tableau devient paradigmatique de l’évolution culturelle du genre qui abandonne l’expression d’une mise en scène cohérente et une mimésis crédible. Il s’éloigne de la réalité tout en gardant son apparence ; la multitude des citations doctes, exécutées avec une remarquable perfection technique, a perdu ici toute vraisemblance et tout message moral." (Dossier de presse, Musée de Brou 2005)

Le valet de pique attribué à Claude Burdel, de Fribourg en Suisse. Cliché lavieb-aile.

 

Qui est "Victor de Rutte" ?

Le patronyme est signalé par les généalogistes, et je trouve par exemple "Bernardt De Rutte, né en 1820 en Silésie, en Prusse, en Allemagne, fils de Johan Emanuel Victor de Rutte et d'Anna Charlotte Hiuze."Cette dernière est née en Allemagne serait née le 3 novembre 1791. Johan Emmanuel Victor de Rutte, né à Berne en 1788 en Suisse ou en Allemagne et décédé le 29 mars 1833, se maria en 1814. Ce ne peut pas être notre peintre, mais, au mieux, son fils.

Un autre Victor de Rutte (Viktor von Rütte) était secrétaire du grand hôpital de Berne, il épousa Catherine Pignier d'Echallens et eut une fille en 1737. Son gendre A.C. Serini Witve était libraire et éditeur à Berne. C'est un candidat plausible.

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La carte de l'Asie mineure conservée à la BnF est disponible sur Gallica :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8469373f

 

L'Asie Mineure et le Bosphore, pour l'Histoire ancienne de M. Rollin / par le Sr d'Anville ; gravée par P. Bourgoin, 1740. BnF Gallica.

 

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Cartouche de L'Asie Mineure et le Bosphore, pour l'Histoire ancienne de M. Rollin / par le Sr d'Anville ; gravée par P. Bourgoin, 1740, BnF Gallica

 

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L'Ariette du maître de droit, en 8 morceaux est tirée de l'Opéra Comique Le Maître de droit, de Pierre René Lemonnier livret publié en 1760,  et c'est, avec le titre Le Faux Préjugé, ariette du maître de droit, une œuvre de Charles Emmanuel de Vignoles qu'il publie en 1763 dans  La lire maçonne, ou Recueil de chansons des francs-maçons, et qui est rééditée ensuite. Les paroles correspondent à celles qu'on lit sur le trompe-l'œil "On dit, pour nous faire peur/Que l'amour est un dieu trompeur./ Mais ce dieu plein d'attraits / Ne trompe jamais d'amants parfaits.

 

 

Le Maître en droit: opéra-comique, Volume 1 De Pierre René Lemonnier, 1760

 

 

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Les autres fragments de papiers imprimés donnent les indices suivants :

-Post und O ---,  Aus den Brande : l'image semble montrer un cavalier d'un relais de poste.

-La gravure la plus complète, signée Vict : de Rutte fecit 78 représente un cavalier portant devant lui un sac ou bissac volumineux.

-une gravure portant le mot DI GORGMANN et représentant un homme courant pour remettre un pli, la lance au pennon rouge en main gauche : un soldat ou un messager, ou un facteur du service des Postes. On lit aussi benckiwurdigen (?) Geschichten (-- histoires)

 

 

 

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Pierre DUCORDEAU (Paris, 1928 – Paris, 2018)

Le Paquet-poste 1972 Huile sur toile Inv. 2009.2.11 (don Miriam et Boris Milman)

 

"Cette peinture représentant un paquet posté transforme un banal objet du quotidien en oeuvre d’art. L’illusion parfaite de réalité est créée par la précision des détails, la finesse des ombres et lumières, donnant l’impression que le paquet est presque tangible. Cette peinture représente un paquet posté dans un style extrêmement détaillé : sur une enveloppe soigneusement pliée, avec des tampons postaux bien visibles, des ficelles semblent avoir été nouées avec minutie. La texture des matériaux, les ombres et lumières sont rendues avec une grande finesse et les bords du paquet peuvent paraître presque tangibles, comme s’ils étaient prêts à être touchés.

Pierre Ducordeau maîtrise l’art du trompe-l’oeil en créant une illusion parfaite de réalité. Le but de l’artiste est de faire en sorte que l’oeuvre semble être plus qu’une simple image, qu’elle dépasse le cadre du tableau et fasse douter le spectateur sur ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Dans cette oeuvre, le choix du paquet-poste comme sujet n’est pas anodin. Cet objet souvent perçu comme banal et utilitaire, est ici élevé au rang d’objet d’art. Le fait qu’il soit dans une posture presque «attentive » — posé avec précision et ornée de détails— transforme un élément quotidien en une oeuvre d’art, soulignant l’importance du regard sur des objets simples mais chargés de significations. Cette oeuvre interroge également l’idée de représentation en art, et en particulier sur la frontière entre le réel et l’artistique. Le spectateur peut se retrouver en face d’un objet dont il doute de la réalité, ce qui provoque une forme de jeu mental. L’oeuvre de Ducordeau peut aussi être vue comme une réflexion sur l’art en tant qu’artifice, sur sa capacité à imiter le monde réel tout en l’interrogeant." (Dossier de presse, Musée de Brou 2005)

Jacques Poirier et Pierre Ducordeau se rallient à l’artiste pour fonder ensuite le groupe « Trompe-l’œil / Réalité ». En 1993, ils exposent au Grand Palais lors de la manifestation sur « le Triomphe du trompel’œil  » suscitant l’intérêt de milliers de visiteurs. Ces artistes interrogent non sans humour ce genre et en font un support de contestation face à l’art contemporain, comme le peintre Pierre Ducordeau avec son imitation de l’œuvre de l’un des grands maîtres de l’art de son temps comme Lucio Fontana.

Ici, le trouble provient du fait qu'on hésite :  l'œuvre exposée à Brou relève-t-elle du trompe-l'œil, ou de l'art postal ?

Selon le https://masmoulin.blog/2020/11/https://masmoulin.blog/2020/11/,

"L’ Art postal ou Mail art ou Art du courrier en tant que pratique artistique se généralise à partir de 1962 . Cette année là Ray Johnson créé le réseau de la New York School of correspondance.
L’art du courrier est un mouvement basé sur le principe de l’envoi d’œuvres à petite échelle par la poste. L’envoi, lettre, carte postale, colis doit voyager à découvert et avoir été acheminé par les services postaux. Il doit donc être oblitéré et avoir un véritable destinataire. Et ce peut-être l’artiste lui-même. Le support est décoré par des dessins, des photographies, des peintures, souvent à l’aquarelle ou à la gouache mais aussi des collages.

Cette pratique est cependant antérieure aux années 1960. Il y a tout d’abord plusieurs écrivains comme Guillaume Apollinaire = André Breton = Francesco Cangiullo = Jean Cocteau, Robert Desnos =Marcel Duchamp = Victor Hugo = Stéphane Mallarmé = Victor Margueritte = Jacques Prévert = Marcel Proust = Antonio Saura Et aussi des mouvements d’avant-garde, les surréalistes, les futuristes, les dadaïstes ainsi que les membres de Fluxus

Parmi les artistes connus qui ont pratiquer l’art postal, il y a notamment Pierre Alechinsky, Giacomo Balla, Anna Banana, Joseph Beuys, Guy Bleus, Gaston Chaissac, Alexander Calder, Salvador Dali, Armand Fernade, Jean-Michel Folon , Le Corbusier, George Maciunas, Édouard Manet, Filippo Marinetti, Henri Matisse, Joan Miro, Ivo Pannaggi, Pablo Picasso, Pierre Restany, Niki de Saint Phalle, Erik Satie , Mieko Shiomi, Jean Tinguel, Vincent Van Gogh, Benjamin Vautier, Jacques Villeglé  "

 

Les timbres portent les dates de 1966 et de 1970. Le paquet est adressé, depuis Athènes, à Mr Emile Aillaud, 245 rue Saint-Honoré, Paris 1er.

C'est l'adresse de l'agence de l'architecte Emile Aillaud (1902-1988). Nous pouvons considérer qu'il s'agit d'un hommage de Pierre Ducordeau : j'apprends donc ceci :

"Émile Aillaud (1902-1988) appartient à la génération d’architectes formés auprès des maîtres modernes comme Le Corbusier, Lurçat, Beaudouin, Lods ou Pingusson qui, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, s’engagent dans le vaste chantier de la reconstruction.
Les conditions économiques exceptionnelles de l’Après-guerre permettront la généralisation des procédés de construction industrialisés, pendant que les ingénieurs les plus créatifs (Sarger, Nervi, Prouvé…) développeront des techniques innovantes.
C’est dans ce contexte qu’Aillaud poursuit une voie personnelle, hors des écoles et hors des styles, construisant essentiellement des ensembles de logements sociaux, les plus connus étant La Grande borne à Evry (91), les ensembles de l’Abreuvoir et des Courtillières à Pantin (93), les tours de Nanterre (92).
Architecte-conseil du ministère de l’Éducation nationale dès les années 50, il réalise aussi des équipements scolaires et pour la petite enfance (Crèche et groupes scolaires des Courtillières, Cet à Dugny, aujourd’hui Lycée Professionnel R.-Schuman).
À travers les détours et les courbes de ses bâtiments de logements comme aux Courtillières, Aillaud propose une alternative aux alignements des tours et des barres, tout en exploitant les techniques d’industrialisation innovantes et les modes de composition moderne.
Pour cet architecte, si l’industrialisation avait pour objectif d’innover pour abaisser les coûts de construction, l’innovation devait aussi s’exercer au profit de la qualité architecturale. L’ensemble des Courtillières lui vaudra une renommée internationale."

https://patrimoine.seinesaintdenis.fr/Emile-Aillaud

Émile Aillaud dans son agence au 245, rue Saint-Honoré, n.d. (cliché anonyme).

Je comprends dès lors mieux la raison de la carte postale, qui représente le grand hôtel INTOURIST  rue Tverskaïa à Moscou. Il fut construit en 1970 et démoli en 2002. Il s'agissait de la plus haute structure en béton armé de Moscou. Mais je n'ai pas trouvé de rapport direct entre cet hôtel, et Emile Aillaud.

https://en.wikipedia.org/wiki/Hotel_Intourist

 

Voir des trompe-l'œil de Pierre Ducordeau :

L'album aux photos retournées, huile sur toile

https://www.navigart.fr/fnac/artwork/pierre-ducordeau-l-album-aux-photos-retournees-trompe-l-oeil-140000000018850

Ses assiettes peintes :

 

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

 

 

 

Pierre AYOT (Montréal, Canada, 1943 – Montréal, 1995)

Suzanne, tête-à-tête 1991 Sérigraphie découpée. Inv. D 2025.1 (dépôt d’un collection privée)

"Le canadien Pierre Ayot explore avec humour des aspects de la culture populaire et de la société de consommation. Dans la série « tête-à-tête », il superpose à la façon des pêle-mêle en trompe-l’oeil des éléments hétéroclites, ici entre autres le livre de Miriam Milman sur ce sujet et la figure biblique de Suzanne." (Dossier de presse, Musée de Brou 2005)

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

Musée de Brou, Monastère royal de Brou. Cliché lavieb-aile 2025.

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Published by jean-yves cordier - dans Peinture.

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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