Le vitrail de l'église Saint-Gilles à Élliant :
le costume melenig.
I. Étude du vitrail.
1. Présentation.
Comme on le voit, ce vitrail porte les inscriptions suivantes : Chanoine Le Berre invenit 1947, indiquant le commanditaire, et Marc Choisnard, det et pinxit, indiquant le cartonnier et peintre.
Je dois les seuls renseignements dont je dispose sur ce vitrail au blog de Jean-Pierre Le Bihan qui signale que ses auteurs sont Marc Choisnard et Charles Lorin.
Marc Choisnard (1879-1966) est un peintre, illustrateur de livres religieux,professeur au collège Stanislas à Paris et cartonnier qui a travaillé avec les maîtres-verriers Felix puis Jean Gaudin (37 cartons, dont l'église d'Einville) et Charles Champigneulle (vitraux de l'église N.D du Rosaire de Saint-Ouen, 1933). En 1930, il réalisa trente tableaux de mission (Taolennou comme en utilisaient Michel Le Nobletz ou le Père Maunoir), conservés à l'évêché de Quimper et classés MH.
Charles Lorin appartient à la Maison Lorin, fondée à Chartres en 1869 par le peintre-verrier Nicolas Lorin (1815-1882), et reprise par son fils Charles en 1882. Très active, elle a réalisé des vitraux à New-York, Vienne, Saïgon, et sur l'ensemble du territoire français. Elle s'est entourée de peintres tels que Charles Crauk et Lionel Noël Royer. Le Ministère des Beaux-Arts lui a confié la restauration de la cathédrale de Chartres et de l'église Saint-Pierre de Chartres, ainsi que celle de diverses cathédrales et de monuments historiques. Vers 1949, l'atelier a été repris par François Lorin jusqu'en 1972, puis par Gérard Hermet, Jacques et Mireille Jumeau.L'atelier est toujours en activité 46 rue de la tannerie à Chartres, il a conservé une partie de son équipement du dix-neuvième siècle, et a été classé Monument Historique en 1999.
Le commanditaire, le chanoine Jean-Marie Le Berre est né à Kerlouan en 1876. Après des études à Lesneven, il aurait été ordonné prêtre en 1902. Vicaire de Guimaëc de 1902 à 1905 puis de Saint-Martin-des-Champs à Morlaix jusqu'en 1926, recteur de Goulien de 1926 à 1933, il est alors nommé curé-doyen d'Élliant. Il est nommé chanoine honoraire du chapître de Quimper en 1944. On souligne aussi, dans la Nécrologie qui lui fut consacrée dans la Semaine Religieuse de Quimper et Léon (1949, p. 598 http://catholique-quimper.cef.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_semaines-religieuses/SRQL_1949.pdf), sa participation aux Missions, où ses talents pour la prédication et la direrction de chant sont appréciés. (Dans un article en ligne sur la chapelle Saint-Guénolé de Beg-Meil on signale que "le chanoine Le Berre, du Chapitre, a bénit la première pierre" en 1936, mais il s'agit d'un homonyme, Eugène Le Berre, également chanoine du chapître de Quimper depuis 1933). Jean-Marie Le Berre est décédé à Plouider le 6 novembre 1949, inhumé dans la tombe familiale au cimetière de Plouider.Il avait reçu la Croix de Guerre 1914-1918.
Le vitrail porte en titre NOTRE DAME DU BON SECOURS. C'est le nom d'une chapelle d'Élliant, autrefois dédiée à Saint Roch pour implorer sa protection contre la peste, puis à Saint-Cloud, en ruine en 1782, reconstruite en 1843 avec les pierres d'une chapelle Saint-Guinal , et dont le pardon est toujours célébré le quatrième dimanche après Pâques. A proximité, une fontaine est nommée Feunteun Sant-Cleyen, fontaine Saint-Cloud.
Notre-Dame de Bon Secours ( Itron Varia Gwir Zicour, à Guingamp) est invoquée par les marins et les mariniers, et sa statue est souvent placée sur les promontoires à l'entrée des ports. Son culte est lié aussi à la survenue d'épidémies (peste, choléra), de guerres, et elle est aussi priée par les malades et les infirmes. A Kergloff (près de Carhaix), un cantique Itron Varia Kergloff était entonnée en son honneur, aux paroles militantes et patriotiques, en voici le dernier couplet (sur le même air que Itron Varia ar Folgoet, pour les connaisseurs) :
"Deiz ho pardon, o Gwerc'hez,
Dastumet 'n hoc'h iliz
Na meump holl nemet ur vouezh
Mouezh gwir vugale Breizh
Nemet ur vouezh 'vit laret
"O Itron Wir Sikour !
Kentoc'h mervel ma vez ret
Evit bezañ treitour !"
"Au jour de votre pardon, ô Vierge,
Rassemblés dans votre église,
Nous n'aurons qu'une voix
La voix des vrais enfants de Bretagne,
Une seule voix pour dire :
"O Notre-Dame du Vrai Secours !
Plutôt mourir s'il le faut
Que d'être traîtres !"
A Élliant, ce vitrail installé en 1947 a du être commandité pendant ou juste après la fin de la deuxième guerre mondiale, avec une relation possible avec les grands périls auxquels le pays et ses habitants avaient été exposés. J'ignore si la famille représentée est donatrice du vitrail, comme le suggère J.P. le Bihan, ou bien si elle est seulement le thème iconographique fixé par le chanoine Le Berre.
2. Le registre inférieur du vitrail.
La frise inférieure représente une procession, et donc très certainement celle du pardon de Notre-Dame de Bon Secours. L'arrière-plan donne à voir un paysage doucement vallonné, peut-être une étendue d'eau, et des cumulus dans un ciel gris aux teintes pastels. Deux colonnes aux chapiteaux à motif crucifère encadrent la scène à droite comme à gauche. Le clergé est représenté par quatre prêtres : le recteur aux cheveux blancs, nue-tête, est vêtu de la soutane noire, du surplis blanc et du camail noir ; il porte l'étole qui le désigne comme celui qui célèbre l'office. Puis vient un prêtre plus jeune, également vêtu de la soutane, du surplis et du camail, mais qui est coiffé de la barrette, et qui porte une étole bleu-clair. C'est le portrait du Chanoine J.M. Le Berre. Enfin deux vicaires, en soutane, surplis et barrette, et deux enfants de choeur, deux blondinets en soutane rouge et surplis, mais sans calotte.
Devant le clergé, trois hommes en costume traditionnel, dont l'un porte la croix de procession. Cette croix est reconnaissable, c'est celle qui est toujours visible à l'église :
Cette croix processionnelle est semblable à de nombreuses autres, du XVI au XIXème siécle, que l'on voit à Plouigneau, St Thégonnec, Plouenan, Lannedern, Plouguerneau, Plabennec, Plouvien, Pleuven, Pleyben, Guengat, Hanvec, ou Locarn et Ploezal, du type finistérien à deux boules latérales, le christ crucifié étant entouré de Marie et de Jean en une scène de Passion, ou bien, comme ici, par deux anges prosternés, portés par des socles en corne d'abondance. Le christ est surmonté d'un faisceau de rayons solaires comme en un ostensoir. Les boules latérales sont en partie godronnées, en partie ornées en ronde bosse de feuillage, et la boule centrale présente des guirlandes florales et deux têtes d'anges. Deux clochettes servaient à prévenir les personnes que la procession arrivait, afin, comme je l'ai lu, que les animaux soient maintenus à l'écart, mais aussi pour que chacun se prosterne et se recueille.
Lors des fêtes, elles s'enrichissaient de flots de rubans.
Une paroisse dispose de plusieurs croix : la croix des fêtes principales ( Nuit pascale, Rogations, Fête-Dieu, Sacré-Coeur, Assomption, Pardon), celle des fêtes secondaires, et celle des jours ordinaires.
Les pardons sont des fêtes votives dédiées au saint patron de la paroisse ou de la chapelle, ou dédiées à la Vierge, survenant une fois l'an (le plus souvent de mai à septembre) et donnant droit pour les fidèles à des indulgences ou au pardon des fautes commises durant l'année. Un pardon associe une procession entre le lieu consacré et une fontaine ou en circumduction d'un territoire sacré, une dévotion à une fontaine, un office, et une fête profane avec jeux, chants et feu de joie.
La procession est ritualisée : En avant (ou, comme ici, fermant le cortège des laïcs), la croix processionnelle de la paroisse. Puis, la bannière à l'effigies du saint votif, la Banniel Braz. Derrière, les croix et les bannières des paroisses voisines. Arrive alors la statue du saint ou de la Vierge, portée sur un brancart ; enfin, les enfants de choeur et le clergé, et fermant le cortège, le prêtre célébrant. Les porteurs étaient choisis et désignés par le recteur en fonction de leurs mérites et de leur respectabilité au sein de la paroisse. Lorsque, dans les préparatifs d'arrivée, les croix ou les Banniel braz de deux paroisses se rencontrent, un rituel de pacification (jadis la rivalité pouvait être féroce) impose que les porteurs inclinent chaque croix, ou chaque bannière, jusqu'à ce qu'elles se touchent : c'est le baiser des croix, c'est le baiser des bannières.
Revenons à notre vitrail : devant les porteurs de croix, quatre femmes portent le brancart de la statue de Notre-Dame, alors que deux fillettes tiennent les rubans bleus stabilisant la statue. En effet, il est attesté que dans de nombreuses paroisses (Locronan, Bulat) c'était aux femmes que revenait l'honneur de porter les éffigies de la Vierge, alors que les statues de saints étaient portées par les hommes. Nous reviendrons sur la statue au grand voile bleu tout à l'heure.
En avant du cortège, trois hommes entourent une bannière de couleur bordeaux ou violette. Une bannière est disposée sur un support en croix, avec une hampe et un montant horizontal qui se termine par deux boules. Deux cordons latéraux y sont fixés, tenus par les deux hommes qui entourent le porteur de la hampe. Leur rôle est de guider la bannière et de la maintenir malgré le vent.
J'ai pu photographier deux bannières lors de ma visite à l'église Saint-Gilles : l'une en l'honneur de Notre Dame du Bon Secours, l'autre en l'honneur du saint éponyme de l'église, Saint Gily :
Celle-ci semble de facture récente. Ce n'est pas elle qui est sur le vitrail. C'est une Vierge en Royauté, couronnée, tenant le sceptre, son enfant couronné également tient un monde crucifère. Elle ne ressemble pas non plus à la statue portée en procession.
Elle semble plus ancienne. (En Bretagne, les plus anciennes bannières datent du XVIIème (ou excepionnelement XVIème) siècle, et la plupart datent du XIX-XXème siècle). Elle représente Saint Gilles l'ermite avec la biche qui, poursuivie par des chasseurs, s'était réfugié dans sa grotte et nourrit l'anachorète de son lait. L'inscription bretonne dit : Saint Gilles priez pour nous.
Le saint est surmonté de trois blasons, l'un est celui du duché de Bretagne,couronné et les deux autres sont des armoiries écclésiastiques, celles de l'évêque du diocèse de Quimper et du Léon Henri-Victor Valleau (1893-1898), avec sa devise In te domini speravi et celles du pape Léon XIII (1878-1903).
La datation de la bannière se situe donc entre 1893 et 1898, Yves Godec étant recteur (1889-1906), sous le mandat de maire d'Alain le Meur.
Sa couleur semble correspondre à la bannière reproduite sur le vitrail.
2. Le registre principal.
L'arrière-plan montre à droite la chapelle Notre-Dame de Bon Secours, et à gauche l'église Saint-Gilles, confirmant le dessein du commanditaire d'introduire le culte spécifique de la chapelle dans l'église parroissiale. Au milieu, un bâtiment à arcature surmontée d'une croix, que François Le Berre, petit-neveu du chanoine, est parvenu à identifier comme le fronton du monument aux morts (Aux enfants d'Élliant morts pour la France), lequel reprend la forme de la Porte Triomphale ou porz ar maro des enclos bretons, par laquelle on n'accédait au placître que pour conduire un défunt à sa dernière demeure. Là encore, le choix est significatif, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale.
Au premier plan, c'est à l'évidence une famille chrétienne type de la Bretagne de la première moitié du XXème siècle, avec le père, un peu plus grand que son épouse, la mère et les trois enfants, deux garçons et une fillette. tous, sauf l'homme qui tient un chapelet, ont les mains jointes. Ils sont endimanchés, mieux, ils portent la grande tenue de pardon.
4. Le registre supèrieur.
Sous l'irradiation d'un soleil divin, la Vierge se tient, droite, comme en assomption, mais couronnée, tenant l'enfant; vêtue d'une robe rouge à ceinture et d'un grand manteau bleu, nous la reconnaissons comme identique à la statue que les porteurs exposaient sur le brancard : c'est Notre-Dame de Bon Secours, conforme à l'iconographie. Puisque je n'ai pas trouvé la statue elle-même (peut-être est-elle dans la chapelle et non dans l'église), voici celle de l'église N.D. du Bon Secours de Kergrist-Meilou :
Au total, la lecture de ce vitrail est simple : Notre-dame de Bon Secours est invoquée pour protèger cette famille chrètienne, et, à travers elle, l'ensemble de la paroisse d'Élliant qui lui rend un culte annuel lors du pardon en sa chapelle éponyme.
II. Les costumes bretons du vitrail .
Le peintre et cartonnier Marc Choisnard n'est pas breton, mais il devait avoir ses attaches en Bretagne, notamment à Trèboul, où est né son fils ; on connaît de lui une Vue de Trèboul. Il a du travailler sur documentation, peut-être fournie par le commanditaire, et il s'est sans-doute basé sur les costumes portés entre 1930 et 1945 à Élliant.
Pour ma part, je me fonde sur Le Costume Breton, René-Yves Creston, Tchou 1974, qui reprend le fascicule II du laboratoire de P.R. Giot au CNRS, La Cornouaille, 1954. R.Y. Ceston, après avoir participé à la Resistance, a éfféctué des missions pour le CNRS en 1945, 1947, 1948, dates qui encadrent celle de notre vitrail. Les pages consacrées à Élliant sont les pages 80-91. J'ai aussi consulté ce site :
http://www.arvromelenig.com/index.php/fr/historique/costumes
Dans la publication de Creston, Élliant se voit rattaché à un territoire centré sur Rosporden et limité au nord par les Montagnes Noirs, au sud par le littoral allant du Pouldu à Bénodet, à l'est au cours de la Laïta et de l'Éllé, et à l'ouest par l'Odet. Mais la mode d'Élliant se distingue, pour le costume masculin, de son groupe d'appartenance en s'apparentant à la mode du pays glazig de Quimper pour créer un costume propre, surnommé du sobriquet de melenig, "jaunet, petit jaune" pour la couleur jaune citron de ses broderies. Le terme breton meleneg vient de melen, "jaune" et peut désigner un verdier, passereau jaune et vert, ou un homme blond.
C'est le costume masculin que nous découvrirons donc en premier :
1. Le costume masculin de la guise d'Élliant.
Dans le texte, il se compose de :
-Un chapeau rond de feutre moins large que ceux du groupe de Rosporden, au large (mais moins qu'ailleurs) ruban de velours sans guides. Sur le site du cercle celtique Ar Vro Melenig, j'apprends qu'entre 1850 et 1880 "les guides en velours brodés par la future femme sont ensuite coupés le jour du mariage" : tout un symbole ! Le chapeau est en poil de taupe ou de castor, le ruban est fermé par une boucle d'étain, d'argent ou d'or selon les moyens.
- Une veste courte (chupenn) à manches, au drap criblé de piqures qui le rendent rigide, à la bordure doublée d'une large bande de velours noir qui se prolonge autour du col de la veste, et dont les boutonnières et boutons des modes voisines sont ici remplacées par des galons de soie brodés qui bordent le velours des bruskou ( pièce verticale le long du bord ) des manches et du col.
- un gilet haut, à plastron fermé, à manches, avec alignement de deux rangs verticaux de boutons.
Regardons le vitrail :
On vérifie que le chapeau, la veste et le gilet du père et des garçons sont conformes à la description. Les pantalons sont en drap de laine rayè, bleu clair pour le père, beige clair et gris pour les garçons. Les vestes et gilets sont en drap bleu foncé. Deux des gilets montrent les rangées de plus de dix boutons dorés. Chez le père, le plastron se termine au dessus d'un autre vêtement de drap. Les chemises blanches ont un col assez montant.
Il est temps de s'interesser aux fameuses broderies : elles justifient parfaitement sur ce vitrail le surnom de melenig puisqu'elles sont rendues par des verres jaune d'or et jaune orangé, et leur motif est le même : des fleurs quadrilobées qui centrent quatre feuilles, ou bien un feuillage, des feuilles enroulées en spirale et des fruits ronds au bout d'une tige. La figure 23 p. 81 de Creston donne les mêmes motifs exactement. Les pièces de broderie correspondent aux bruskou (bord droit de la veste), aux manches en situation brachiale, et à l'union des manches avec le corps de le veste. Sur le gilet, elles sont placées assez bas, sous la poitrine.
On peut consulter ce lien http://fr.topic-topos.com/chupenn-melenik-elliant
pour s'assurer de la fidélité du vitrail.
2. Le costume féminin :
Il se compose d'une jupe de satin ou de velours noir qui, en 1940, arrive aux mollets. Ici, la jupe est bordée d'une large bande de broderies au fil jaune à motifs géométriques. Un tablier court, sans devantier, en soie ou satin de couleur bleue, blanche ou violet s'orne de fleurs ou de cercles.
Au dessus, on trouve une camisole et un corselet dont on ne voit pas le laçage sous la poitrine. Chez la fillette (elle a déjà fait sa communion et porte la coiffe), le drap de velours noir est seulement orné de lignes d'un galon doré à l'emmanchure, au col et sur le devant. Chez sa maman, ces passementeries ne semblent pas plus compliquées, mais sont dédoublées. Ces décorations étaient réalisées en cannetille (fil d'or), perles ou fil de soie.
Les éléments les plus caractéristiques sont la coiffe, et la grande collerette. Leur taille s'est accrue progressivement de 1850 à 1940, mais la coiffure s'est aussi modifiée et, en 1940, les cheveux sont relevés en couronne sur le devant de la tête au lieu d'être coiffés avec une raie et la mèche à droite : cette coiffure est bien visible ici.
La grande collerette est en coton plissé ajouré et orné de dentelles. Son repassage et sa mise en forme après amidonnage fait appel à une technique très originale décrite dans tous ses gestes par Creston p. 333-337 : elle était tuyautée à l'aide de pailles cueillies en septembre, séchées et calibrées, montées sur des tresses, qui donnaient au col l'aspect gaufré souhaité. On retirait les pailles après que l'amidonnage ait fixé les plis.
La coiffe est composée d'un bonnet, ou koef bihan sur lequel se fixaient un ruban puis des ailes, relevées et épinglées en boucle ; d'une grande coiffe (koef bras) qui recevait de longs rubans et de grandes ailes, également relevées en boucle. Les deux coiffes étaient montées l'une sur l'autre. La coiffe était aussi amidonnée.
Le vitrail donne à voir un costume féminin aux décorations et broderies plus sobres que celles des tenues du cercle celtique Ar vro Melenig, mais semble un témoignage fidèle de la réalité.
http://www.arvromelenig.com/index.php/fr/historique/costumes
III. Complèment : le costume breton à Élliant au XIXéme : la statue de Saint Isidore.
L' église d'Élliant offre un deuxième témoignage sur le costume breton sous la forme d'une statue de Saint Isidore.
Si saint Fiacre est le patron des jardiniers, Isidore le Laboureur est le patron des agriculteurs depuis sa canonisation en 1662 (dans la même promotion que Sainte Thérèse d'Avila et François Xavier). C'est un saint espagnol, patron de Madrid, un valet de ferme qui travaillait tout autant qu'un autre chez le seigneur Vergas tout en se levant très tôt pour assister chaque jour à la messe, qui passait son dimanche en prière, tant et si bien que son employeur voulut savoir s'il ne dormait pas à son insu dans la journée. S'il ne dormait pas ? Que nenni, mais il priait, en extase, les yeux au ciel...tandis que deux anges invisibles guidaient pour lui les boeufs de la charrue.
Philippe III d'Espagne a été guéri après avoir demandé à Saint Isidore d'intercéder pour lui auprès de Dieu.
Pierre-Yves Castel en a relevé la presence dans 17 paroisses du Finistère (sans noter celle-ci), 33 paroisses du Morbihan, et René-Yves Creston n'a pas manqué de bénéficier de ces statues d'un saint rural en costume local pour compléter ses données ethnographiques.
Saint Isidore tient son attribut, la faucille, comme une martyre tiendrait sa palme, mais ses bragou bras (braies bouffantes) de couleur écru, ses guètres boutonnées sur l'extérieur ou ses sabots témoignent de l'authenticité de son passé de travailleur des champs. Sa large ceinture de cuir (gouriz) va de pair avec le bragou braz. Ici, elle est fermée par une boucle.
Il porte une veste courte, ouverte, de drap bleu brodée aux manches et sur les cotès, En dessous, un premier gilet, de couleur rouge, ouverte, est décorée du coté droit de plus de 24 boutons de métal blanc alignés en se touchant. Puis vient un gilet fermé sur le coté droit de cinq ou six boutons du même métal, qui possédent leur homologues à gauche. La plastron de ce gilet de drap bleu clair est enrichi d'une bande de six centimètres brodée au fil rouge, jaune, bleu et (?) vert, aux motifs bien élaborés en coeur, fleurs et palmettes.
Une chemise, de chanvre ou de lin, monte haut sur le cou, et n'est ouverte que par une courte fente frontale.
Isidore, dans une église, n'a pas de chapeau, mais ses longs cheveux témoignent de la réalité de la mode capillaire du XIXème siècle, qui avait tant ému Flaubert lors de sa visite de Ty Mamm Doue.
Conclusion
Le vitrail sud de l'église Saint-Gilles d'Élliant offre à la fois un témoignage de la foi chrétienne et du culte de Notre-Dame du Bon Secours au lendemain de la Libération, et un document ethnographique sur le costume breton écclésiastique, masculin et féminin et sur les variantes élliantaises de la Guis foën ou mode de Rosporden. Une statue de Saint Isidore donne la version rurale et ancienne du costume.