Île de Groix:
Inscription Maritime et N rétrograde .
Lorsque l'on monte la sévère côte de la rue du Général de Gaulle qui mène du port de Groix au bourg, on passe devant l'Ecomusée, puis devant la créperie bien nommée "Au repos de la montée" (ex salle de danse "chez Adam" avec piano automatique) et devant le célèbre bistrot Ti Beudeff, avant de parvenir à l'embranchement de la rue des thoniers : ouf!
C'est là ( rue des thoniers, pas chez Ti Beudeff) que l'on peut admirer la façade des bâtiments de l'Inscription Maritime.
Voisinant le symbole de deux ancres croisées, on découvre, avec la poignée de main de la solidarité, l' inscription suivante :
Il faut néanmoins un regard attentif pour remarquer que, dans cette devise qui est celle des mouvements coopératifs, non seulement les mots se succédent sans espacement entre eux, mais surtout que les N présentent cette barre de direction inversée qui les fait nommer N rétrogrades.
S'ils furent fréquents au XV-XVIe siècles, ils sont exceptionnels à l'ére moderne, et plus rares encore que les escargots à coquille senestre, et non dextre.
Groix est devenu quartier maritime en 1881, avec 105 navires armés au thon et autant de sardiniers. Le bureau du Commissaire et du Syndic se trouvait alors place du Leurhé face à la mairie ( Roger Pichon, L'Île des sorcières), puis /ou à l'emplacement de l'actuel Hotel (site de'Enguerrand Gourong). Le local que nous voyons fut construit sur l'initiative de M. Priol, chef du sous-quartier maritime (ou "préposat) en 1935 pour les membres de la Mutuelle-Avaries, en pleine apogée de la flottille de pêche qui comptait alors 215 dundees: le bureau était ainsi plus proche du port.
"Bâti en 1937 à l'initiative de Monsieur Jean Le Priol, officier d'Administration par la Mutuelle des Armateurs Groisillons pour abriter les gens de mer.
A cette date le bureau de l'Inscription Maritime etait un Préposat, créeé en 1926 avec pour directeur Mr Jean Le Priol. Ce Préposat a été supprimé en 1945. Pendant toute cette période soit pendant 19 ans dans une époque particulièrement chargée en évenements dramatiques, Jean Le Priol a eu la lourde tâche de gérer ce bureau dont dépendait le plus grand port thonier de France , sa flottille de dundees forte de 200 unités pour un millier d'hommes équipages. Pendant la même période fonctionnant en lien avec le préposat, le service des Pensions de marins était assuré par Madame Joséphine Yvon, trésorière de l'Etablissement des Invalides de la Marine." (plaque apposée sur le bâtiment)
Les navires de Groix furent immatriculés LG (Lorient Groix) depuis 1856 où le syndicat de Groix est rattaché à Port-Louis puis G depuis 1883, avec une numérotation nouvelle. Ils furent immatriculés LGX en 1927, avec un nouveau numéro, lorsque le quartier maritime, dépendant de Nantes, fut rétrogradé au statut de sous-quartier (ou "préposat") de celui de Lorient . En 1946, Groix retrouva son plein quartier et l'immatriculation GX, avant d'être intégré au quartier de Lorient avec le matricule LO.
Ici, la maison Les Caramels de Groix ont repris comme fond, grâce à une belle réalisation graphique, une immatriculation (fantaisiste) GX 40709. Elle porte la signature Rouquin Marteau 1811, l'entreprise de William Duviard longtemps installé près du cinéma et proposant d'originales boites à lettres en forme de canot breton avant de gagner les quais de Port-Tudy.
On remarque la graphie particulière des chiffres : ce sont les caractères à barbe, décrits dans Ar Vag tome 1. Les chiffres 1, 4 et 7 étaient estimés non pêchants parce que trop droits et raides, et les superstitieux pensaient qu'ils portaient la poisse ; peut-être y-avait-il aussi parmi les marins plus d'amoureux des jolies choses que de superstitieux, mais l'habitude fut prise, d'abord à Douarnenez puis vers toute la Bretagne sud jusqu'à l'Île d'Yeu de corriger ces chiffres en les ornant de "barbes", des crochets arrondis en forme d'hameçon. Les lettres comme le A ou le R en profitèrent aussi, puis tout un alphabet se constitua, particulièrement soigné et esthétique.
L'Inscription Maritime a été supprimée en 1952, cédant la place aux Affaires Maritimes. Elle avait été instituée par Colbert pour permettre l'enrolement des marins sur les vaisseaux du roi selon un système des Classes imposant un roulement d'embarquement, et assurant, en Bretagne exclusivement, le paiement de la solde en période à terre. L'inscription Maritime ne concernait pas uniquement les marins, mais plus globalement les "gens de mer", qui devaient s'inscrire obligatoirement entre 18 et 50 ans. On nomme "gens de mer" toute personne amené à travailler sur un navire de mer, quelque soit sa compétence.
Dirigées par un Commissaire aux classes sous Colbert, les Inscriptions Maritimes le seront ultérieurement par un Administrateur secondé par un syndic des gens de mer.
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