L'Amarylis, la pilotine de Concarneau : un nom de papillon pour un bateau pilote.
Pour celui qui, comme d'autres chassent les papillons, collectionne les noms de bateau ou les noms d'animaux, la découverte en onomastique navale d'une pilotine portant le nom d'un papillon est un vrai bonheur. J'avais déjà consacré un article au Machaon, navire militaire amarré dans la Penfeld à Brest Les caudataires Machaon et Phaéton de la Marine : délices de l'onomastique navale., et j'avais aussi décrit les pilotines de la station de pilotage de Brest, dont dépend Concarneau : La Vandrée et la Luronne, bateaux pilotes du Port de Brest.
En escale à Concarneau, je peux photographier l'AMARYLIS, pilotine de Concarneau. Les bateaux pilotes de Brest reçoivent tous des noms d'écueils de la mer d'Iroise, et je ne trouve pas par quel hasard le pilote de Concarneau a été baptisé du nom d'un des papillons les plus communs sur les sentiers côtiers de Bretagne. Néanmoins, on remarque que la graphie AMARYLIS est fautive puisqu'il aurait fallu écrire AMARYLLIS.
Ce nom a été donné à ce papillon par Étienne-Louis Geoffroy en 1762 pour reprendre celui d'une bergère ou d'une nymphe dans les pastorales de Virgile et de Théocrite.
C'est aussi, bien-sûr, le nom d'une fleur ornementale.
Le nom vient du grec amaryssein, "resplendir", qui s'applique facilemement à une nymphe éblouissante ou à une fleur magnifique.
Le mérite d'un nom bien choisi est de jouer sur sa polysémie, et de laisser chacun faire jouer à sa guise les différents reflets qui scintillent sur chaque facette. Pour ce bateau pilote, je vais délaisser la fleur et le papillon et imaginer que l'Amarylis est une bergère qui, si l'orage gronde, rentre à bon port ses blancs moutons.
Et je vais apprécier à son juste prix la coquetterie de sa graphie à une seule L (une lettre, qui est féminine, s'accorde au féminin) qui la singularise. Gageons qu'elle recevra l'L qui lui manque lorsqu'elle gagnera le paradis des pilotines. Dans les eaux émeraudes de l'Iroise.
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D'autres navires de Concarneau portent ou ont porté ce nom :
- Le chalutier CC3972 puis CC 318191 de l'armement Nicot et construit en 1965 : AMARYLLIS.
- Le navire de David Vigouroux, patron de pêche. AMARYLLIS
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Note en février 2020 : je reçois ce message de Jean-Yves Nicol (dont j'indique le lien vers le site Degemer):
https://www.passionnaviredebretagne.fr/
"Photographe naval professionnel indépendant, je peux vous apporter la réponse concernant l'amarylis de Concarneau. Ce nom, avec la faute orthographe est due à une demande de l'administration préfectorale maritime, pour la différencier du navire de pêche. Enfin, la raison de porter un différent de ceux de Brest, est parce que la station de pilotage, même si les intervenants sont Brestois, est indépendante de Brest à la demande de plusieurs intervenants économiques maritimes de Concarneau, car chaque station fixe ses propres tarifs de pilotage, et à Concarneau le principale utilisateur (Piriou) négocie ces tarifs, qui sont bien plus bas qu'à Brest.
Voilà, en espérant vous aiguillez un peu."
Merci, c'est de l'histoire participative du patrimoine maritime !