La chapelle Notre-Dame de Lansalaün
à Paule (22).
Voir la 1ère partie : Le vitrail de l'arbre de Jessé de la chapelle N.D. de Lansalaün à Paule.
I. La chapelle, présentation.
Le nom de cette chapelle du XVIe siècle, encore appelée Notre-Dame du Folgoat, renvoie au culte de Salaün (version bretonne de Salomon), Salaün ar fol le "fou" ou innocent mendiant qui ne parlait que pour répéter Ave Maria ; Salaün a zepre bara, "Je vous salue Marie, ; Salaün mangerait du pain". La chapelle du Folgoat (Bois du fou") à Landevennec ou la basilique Notre-Dame du Folgoët près de Lesneven lui sont consacrées, après que sur sa tombe un lys se soit élevé où les mots AVE MARIA s'inscrivaient en or.
Ainsi dédiée à la Vierge et à son Fou, c'est aussi, par sa fontaine surmontée de deux cœurs enlacés, le lieu d'un culte de la fécondité ou des mariages, et les jeunes gens ou jeunes filles y venaient faire un vœu en tournant sept fois autour du bassin. Elle était jadis très fréquentée, surtout le 15 août.
Elle est située à 2 km au NO du bourg de Paule, près de Carhaix, et s'élève selon un plan rectangulaire comprenant une nef avec bas côté sud de cinq travées . On y trouve quatre élément de datation : 1528 sur la verrière de l'Arbre de Jessé, 1664 sur la cloche, 1712 à l'entrée, 1719 sur la tribune.
Sa cloche de bronze date de 1664 et porte l'inscription IN MELLE MESSIRE GILLES LEGOU SEIGNEUR de KUILLON de PAOUL GLOMEL GILI PLIGEAULT et C. PAREIN et DAME MAR de POULMIC DAME DOUAIRIERE de PAUL UE ZEL MAREINE E M GILLES Y RECTEUR de PAOUL A BAPTISE LA P (RESE) NTE CLOCHE 1664.
II. La tribune et son inscription.
Cette tribune en bois polychrome, classée (19/12/2000) mesure 5 mètres de long et 2,50 mètres de large.
FAIT FER PAR MAVRICE POVLLISAC FABRIQVE LAN 1719
MISSIRE YVES DE PENNAMEN RECTEVR DE PAVLE
Les généalogistes de généanet.org nous apprennent que Maurice Poulizac (Paule,1668-Paule 1742) a épousé Catherine Le Floch (1672-1742) à Paule le 11 février 1700 et en eut un fils, Maurice Sébastien.
Le même site mentionne plusieurs Yves de Pennamen à Paule (dont l'un, 1727-1795, était marié à Thérèse Poulizac), mais qui étaient mariès. La recherche d'un Yves de Pennamen recteur de Paule est restée vaine. Dans les Archives du Finistère de 1889 il est fait mention : "du général de la paroisse de Paul contre Yves de Pennamen au sujet du payement de la rente de fondation due à la fabrique, etc...)
III. Les statues.
1. Saint Joseph.
Bois peint polychrome, statue évidée, h = 1,67m. 17ème siècle. On peut imaginer qu'il tenait un lys (son attribut) dans la main droite, et qu'il rentrait dans la composition d'un groupe.
2. Saint Roch.
...que l'on reconnaît à sa tenue de pélerin, et à l'exposition du bubon de peste sur la cuisse droite...malgré l'absence de son fidèle 'Roquet".
Bois polychrome, arrière évidé, h = 1,38m, 16ème siècle.
3. Saint Joachim.
dont la tenue vestimentaire tend à signaler ses origines hébarïques (bonnet ; aumonière : barbe longue) alors que le livre est emprunté à son épouse ( c'est l'attribut de sainte Anne).
Bois peint, 17ème.
4. Vierge à l'Enfant terrassant la démone.
Statue en bois peint du XVIe siècle, h = 165 ; la = 42 ; pr = 36, classée au titre d'objet le 03/10/1994. La peinture polychrome est moderne.
La femme diabolique foulée par la Vierge est très évocatrice des "démones" que le Dr Louis Le Thomas a recensé en Bretagne (Les démones bretonnes, Bull. Soc. Archéol. Finist. T.87 1961 pp. 169-221). Dans sa publication, il la décrit ainsi : "Paule — Chapelle de lansalaün. Démone couchée sous les deux pieds de la Vierge. Visage féminin, avec cheveux flottants. Mamelles discoïdes. Pomme présentée par la main gauche. bas du corps de serpent, avec queue d'obord annelée transversalement, spiralée ensuite".
Ce type de démone accompagne souvent les sculptures des arbres de Jessé bretons, la posture accoudée venant alors en contre-point de celle de Jessé endormi ou pensif. On les nomme alors Vierge de Jessé. Aussi sa présence à Lansalaün, au pied d'un vitrail consacré à l'arbre de Jessé, est-elle significative.
IV. Les bannières.
1. Bannière à Sainte Paule avec l'inscription Don de la paroisse 1916.
L'origine du nom de la commune est plutôt reliée à saint Paul (Aurélien ?) mais les paroissiens se sont attachées à invoquer sainte Paule, romaine du IVe siècle disciple de saint Jérome. C'est l'occasion d'une réfléxion sur la toponymie :
"Paule / Paoul :
Aux diverses graphies anciennes Poul (1330), Paoul (1407 et plusieurs fois au XVIème siècle), il faut ajouter les variantes Paole (1562), Paul (1599), Paulle (1670). Il faut surtout noter le fait que l'église est placée sous la protection de sainte Paule. Pourtant, les différentes écritures traduisent une même et unique prononciation qui n'est autre que celle du nom de personne Paul. Celui-ci est employé seul comme toponyme et se traduit par chez Paul ou encore endroit où habite Paul.
Il est difficile de savoir s'il s'agit de saint Paul-Aurélien bien que l'évêché qu'il fonda fut nommé « d'Occismor et du Léon ». Issu du démembrement de la paroisse primitive de Plévin, cette paroisse pourrait, mais c'est peu probable, devoir son appellation au nom d'un personnage local, peut-être ermite en ce lieu.
Le culte voué à sainte Paule peut tout simplement relever des écritures Paole, Paulle, interprétées, peut-être trop hâtivement comme des féminins".
Extrait de Bretagne des Saints et des croyances, Michel Priziac, Ri-Dour Editions, 2002, p. 65.
2. "A NOTRE-DAME DE LANSALAUN".
avec l'inscription AVE MARIA et le monogramme AM
3. Bannière de la chapelle de St-ELOY.
..où le saint patron des orfèvres, mais aussi des éleveurs de chevaux est représenté avec ses attributs de maréchal-ferrant l'enclume et le marteau.
Liens et sources :