La chapelle Saint-Adrien à Plougastel (3) Groupes : Saint Yves, saint Martin et saint Éloi.
Outre ses boiseries du 16 et 17e siècles et ses statues, la chapelle Saint-Adrien de Plougastel possède trois groupes sculptés qui participent à l'intérêt de la visite.
I. Saint Yves entre le pauvre et le riche.
Bois polychrome, hauteur 80 cm, 17e siècle.
Le thème est si connu qu'il ne trouve son intérêt que par les variations d'interprétations ou les détails particuliers. Ici, ce sont, pour la statue du pauvre, le sac de justice (vide) ; la manche trouée ; le couteau à la ceinture. Pour le riche, le chapeau ; la barbe taillée à la Richelieu ; la perruque frisée ; la forme de la bourse suspendue à la ceinture ; et les pièces d'or, présentes dans la main droite et la main gauche. Quant à Saint-Yves, il porte le surplis et la barrette sur une robe noire, et une pèlerine.
II. Saint Martin donnant son manteau au pauvre.
Niche à volets, bois polychrome ; coffre restauré moderne. Hauteur 80 cm, 17e siècle.
Le motif central est parfaitement conforme à la tradition iconographique des "Charités de saint Martin", où le pauvre est également infirme (jambe de bois; perte de l'oeil gauche), son dénuement contrastant avec la beauté du cheval et de son harnachement et avec la stricte ordonnance de l'uniforme d'officier de Martin de Tours. Ce thème illustre la Légende dorée de Jacques de Voragine.
C'est l'occasion de rappeler que notre mot chapelle vient du nom du lieu où était conservé le manteau (en latin capa) du saint. C'est cette capa qui est aussi à l'origine de la dynastie des Capet.
L'officier porte, plutôt qu'une cuirasse, un plastron sanglé par l'arrière au dessus de son manteau. Son chapeau de feutre noir cylindrique est bien attesté à la fin du XVIe siècle. On le retrouve chez les matelots et officiers de marine aux XVIII et XIXe siècle :voir ici.
Le volet droit (à notre gauche) montre deux évangélistes avec leur attribut, Marc (lion) et Matthieu (ange/homme), et dans des cartouches, saint François et un saint évêque.
Le volet gauche montre Saint Luc (taureau) accompagné d'un saint martyr tonsuré, et saint Jean (aigle) avec saint Nicodème tenant la couronne d'épines et les clous de la Passion.
III. Groupe de saint Éloi.
16e siècle, hauteur : 1 m. Bois polychrome, fond bleu, couleurs rouge, noir, vert orangé et or. Dans une niche à volets dont les colonnes aux sculptures baroques de grappes de raisins et de pampres, saint Éloi est vêtu en évêque, mais a perdu sa crosse.
Le volet placé à notre gauche est sculpté en bas-relief de deux panneaux : Dieu le Père soutenant le corps du Fils et saint Nicolas identifiable aux trois enfants sortant du saloir du boucher. Le premier panneau peut être désigné comme une "Trinité souffrante", thème apparu dans les vitraux de Suger à Saint-Denis au 12e siècle, mais le troisième terme de la Trinité, la colombe, me semble s'être absenté. C'est, en sorte, un Pater dolorosa.
Le volet opposé offre à notre dévotion saint François d'Assise montrant ses stigmates, et un évêque non identifié.
Sources et liens :
HUCHET (Albert), " La chapelle de Saint-Adrien", in Plougastel-Daoulas, Patrimoine architectural et statuaire, Les amis du Patrimoine de Plougastel, imp. Cloître, Landerneau 1987, pp. 86-97.