La chapelle Saint-Adrien à Plougastel (2) Les statues. Le culte de saint Adrien pour la santé de ses intestins.
Voir La chapelle Saint-Adrien à Plougastel (1) : d'exceptionnels panneaux sculptés du XVIIe siècle.
La chapelle Saint-Adrien possède de nombreuses statues, mais celle de saint Adrien, et, encore plus discrète, celle de saint Erasme, nous permettre de découvrir un motif statuaire très particulier, l'entérophorie.
Kézako ? Suivez le guide, et ne l'oubliez pas à la sortie.
I. Le culte de saint Adrien, et sa statue.
On s'interroge sur l'origine de ce culte et, dans une monographie sur l'art religieux de Plougastel, on peut lire ceci : " Une légende, rapportée par Arthur de La Borderie, attribue le début de l'évangélisation de la Bretagne à saint Philippe et à un disciple de Joseph d'Arimathie, nommé Drénalus, en breton Drénan, qui aurait fondé l'évêché de Lexobie et serait mort en l'an 92. C'est aussi le patron du Drennec. Mais, au XVIe siècle, le clergé voulut à tout prix remplacer les saints bretons par ceux du calendrier romain, et c'est ainsi qu'officiellement saint Drénan fut changé en saint Adrien, martyr à Nicodème vers l'an 303, reconnu comme ayant le privilège de défendre contre les maladies contagieuses. Mais la ferveur continue à prier saint Drénan.".
Mais quelque esprit savant dénicha un acte du 27 décembre 1414 dans lequel était mentionné le toponyme de saint-Adrien dès le XVe siècle : il y était question de "messe du St. Esprit pour Marguerite fille de Le Burelle pendant sa vie durante et de requiem après son décès; la dite Marguerite" aurait donné à l'abbaye de Daoulas "5 sols de rentes sur terres entre Saint-Adrien et Plougastel ".
En réalité, la curiosité ne s'éveille vraiment que lorsqu'on découvre la statue en bois du saint éponyme, de 1 mètre de haut et datée du 15e siècle ; non qu'elle soit d'une beauté exceptionnelle, mais parce que l'on découvre un personnage tenant des deux mains ses entrailles qui écartent de leur volume la tunique et le manteau.
Oui, un saint entérophore ("qui porte ses intestins") !
J'avais d'abord cru avoir affaire à sainte Émérentienne, que j'avais vu à la Ferrière, mais tenant plutôt les pierres de sa lapidation dans son tablier ; ou saint Mammes, comme à l'église Saint-Martin de Reugny-Neuillé, à Saint-Nicolas de Coulaines (Sarthes), à Notre-Dame du Roncelet à La Mâre ; ou encore saint Mesme ou Mesmin.
Mais les bretons invoquent plutôt, en cas de coliques, saint Adrien, comme à la chapelle Saint-Maudé de Guiscriff (Morbihan),
Mais qu'est-ce que l'entérophorie ? Une version basse de la céphalophorie (Saint Denis, saint Trémeur, sainte Noyale...). Roland Vasseur, qui reprend ce néologisme à la suite de Louis Réau en personne, répond ainsi : " Le personnage entérophore est debout, généralement habillé, son vêtement ouvert à la hauteur de l'abdomen laisse voir une ouverture verticale par où sort les intestins lovés que le saint présente dans ses mains." L'image traduit la nature du supplice enduré. La statue de Plougastel répond parfaitement à cette définition. Rolland Vasseur décrit la statue de saint Mesmin à l'église de Jouy-Mauvoisin, et cite aussi celle de Noyer (Eure), ou de Mamet au Grand-Andely (Eure), de la chapelle de Magnitot dans le Val-d'Oise, etc...
L'auteur cite les saints entérophores suivants, Mesme et Mesmin étant deux formes d’un prénom masculin et de son dérivé (en latin Maximus, Maximimus) dont on rencontre de nombreuses variantes conservées dans la toponymie de diverses régions de France :
" 1) Saint Érasme, appelé aussi saint Elme ou saint Arras, honoré le 2 juin, et quelquefois confondu avec saint Agapit, Agrappart, Agrapa, natalice le 18 août11. Son entérophorie particulière l’écarte de notre sujet, soit qu’il porte ses entrailles enroulées sur un cabestan, soit qu’il subisse le supplice du déroulement des intestins. Il réclamerait à lui seul une étude spéciale.
2) Saint Mammès, honoré le 17 août.
3) Saint Wulmer, honoré le 20 juillet12
4) Saint Vilmer ou Vimer, qui n’est sans doute qu’un avatar du précédent
5) Saint Mexme de Chinon, honoré le 20 août et dont l’entérophorie n’est signalée que par Louis Réau.
6) Saint Mamert ou Mamère et saint Adrien qui ne sont entérophores qu’en Bretagne.
7) Saint Mémor. Mémoire, Mêmor ou Movor qui est spécifiquement breton (Finistère et
Côtes-du-Nord).
8) Signalons également l’existence d’une sainte entérophore : sainte Émérantienne
Seuls gardent leur individualité saint Adrien, saint Érasme, saint Wulmer et saint Mammès, ce dernier ayant donné naissance à une série d’entérophores soit sous l’influence de variations dialectales de son nom ou par assimilation à des noms dont la consonance prêtait à confusion avec le sien ou une de ses variantes. La similitude des noms autorisait les substitutions que favorisaient certaines concordances des natalices. Mamert, Mammerce, Mamet, Mammant, Mammas, Mammard, Mamé, Mesme, Mesmé, Mesmin et Mammès ne sont donc quand ils sont entérophores qu’un seul et même personnage."
Une sainte Émérantienne entérophore est présente en la chapelle Notre-Dame-de-Toute-Aide La Prénessaye , Querrien, Côtes d'Armor. Jusqu'en 1978, la chapelle Saint-Lubin de Plémet en possédait une.
J'avais découverte Émérentienne dans la chapelle Notre-Dame des Fleurs ( Moustoir-Remungol, 56500) lors de ma visite de l'Art dans les Chapelles :
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Dans la chapelle Notre-Dame-du-Haut de Trédaniel existe une statue de saint Mamert entérophore, de même qu'en la chapelle saint-Maudez de Trébry (22), alors que la chapelle dédiée à Saint Mamert à La Chapelle-Neuve a disparu.
Il est notable que la fête de saint Adrien de Nicodémie comme celle de saint Mesme, se tenait le 8 septembre, date de la fête de la Nativité de la Vierge. Et que cette éviscération n'est pas sans rapport avec l'accouchement.
Saint Adrien en Bretagne est invoqué pour les maux de ventre, "an droug bouzelloù", mais son homologue Mesmin était aussi consulté pour les hernies et éventrations : hernie ombilicale du nourrisson, hernie inguinale du petit enfant, éventration de la femme.
Je retrouve en Bretagne les occurrences suivantes :
1) Fontaine Saint-Adrien / Sant-Rien Drien ou Drîn Spézet (29) : " On se rend ensuite à la fontaine que l'on doit normalement vider avant d'en prélever de l'eau que l'on boit et dont on se frictionne, sur place ou à domicile si l'on en a emporté. Il y a peu de temps, on étendait une chemise sur l'eau et on l'examinait. Si elle s'enfonçait, manches premières, le malade était condamné. Si elle surnageait, il était guéri.
L'eau de la fontaine possède la vertu d'apaiser les maladies abdominales (contrairement à ce qu'on annonce parfois, l'eau de cette fontaine n'a jamais eu sa source dans la chapelle).
Une guérison des coliques est également obtenue sur place, à l'intérieur de la chapelle où, sur une ancienne borne romaine, est posée une pierre dite "pierre Saint-Adrien". Il suffit de s'en frotter le ventre pour apaiser les coliques les plus tenaces. " (Site Fontaines de Bretagne avec ref. biblio.)
Le même site signale d'autres lieux de culte :
2) à Santec, " La veille du pardon a lieu le traditionnel tantad (feu de joie). Le jour, une procession organisée derrière la statue du saint parcourt les rues du bourg. Au retour dans l'église, les mères, accompagnées de leurs enfants, vont toucher les vêtements du saint. Ici, saint Adrien est appelé à veiller sur les problèmes abdominaux des enfants. "
3) à Persquen (56), église Saint-Adrien, pas d'entérophoriste. " Un culte lui est rendu et on l'invoque pour l'apaisement des maux de ventre. On lui demande également de redonner de la vigueur aux affaires. "
4) à Saint-Barthélémy (56). " le culte est demeuré particulièrement vivant. Au lieu-dit "Saint-Adrien" est construite une chapelle placée sous le vocable du saint. Les pèlerins viennent y demander la guérison de leurs maux de ventre. A cet effet, il leur faut se plier aux exigences des rites ancestraux qui associent les pratiques de la chapelle et celles de la fontaine toute proche. Tout d'abord, il convient de faire le tour de la chapelle, puis on y entre pour prier le saint avant de déposer une offrande dans le tronc. Ensuite, au moyen d'un balai, on balaie le sol (si l'on n'a pas apporté son balai, on trouve, à l'intérieur, près de la porte, des balais de genêt à cet effet).
On se rend ensuite à la fontaine que l'on doit normalement vider avant d'en prélever de l'eau que l'on boit et dont on se frictionne, sur place ou à domicile si l'on en a emporté. Il y a peu de temps, on étendait une chemise sur l'eau et on l'examinait. Si elle s'enfonçait, manches premières, le malade était condamné. Si elle surnageait, il était guéri.
L'eau de la fontaine possède la vertu d'apaiser les maladies abdominales (contrairement à ce qu'on annonce parfois, l'eau de cette fontaine n'a jamais eu sa source dans la chapelle).
Une guérison des coliques est également obtenue sur place, à l'intérieur de la chapelle où, sur une ancienne borne romaine, est posée une pierre dite "pierre Saint-Adrien". Il suffit de s'en frotter le ventre pour apaiser les coliques les plus tenaces. "
Je retrouve aussi :
5). Scaer, chapelle Saint-Adrien, statue du saint entérophore signalée mais non confirmée.
6). A Batz-sur-Mer, la statue de saint Adrien, du XVe, découverte dans un enfeu de Notre-Dame-du-Mûrier ; on la décrit, le saint restant droit impassible pendant que son cœur et ses boyaux sont tombés à ses pieds.
7). Guicliff, chapelle saint-Maudé déjà citée.
8). Le Saint (56), à Bouthiry :Vestiges de la Chapelle de Saint-Adrien : "Au village de Bouthiry, le clocheton reste le seul vestige de la chapelle du XVIème siècle. Il rappelle l'existence de Saint Adrien, dont on peut voir la statue au côté de la Vierge de Pitié (classées). On implorait le saint pour protéger de toutes les épidémies contagieuses et particulièrement de la peste et de la dysenterie. Il était également invoqué pour guérir les enfants de coliques. En ruine au début du XXème siècle, la chapelle est entièrement démolie en 1932. La fontaine est située à 400 m au sud-ouest du petit monument."
9) Chapelle Saint-Maurille Langombrac'h à Landaul (56) : La chapelle est placée sous le vocable de Saint Maurille, mais trois autres saints y sont célébrés : Saint Mamert, Saint Adrien, dont la statue en bois polychrome le représente tenant ses entrailles dans ses mains, et Saint Durlo.
10) A Spézet, dans l'église saint-Pierre, l'Inventaire du Patrimoine décrit une statue du XVIe siècle de Saint Adrien vêtu d'un "ample manteau dont il ramène curieusement les pans entre les deux mains." (GLAD, dossier vert). A l'évidence, sur la photo, ce sont bien les anses intestinales qui pendent en arcs entre les deux mains.
Enfin des statues de saint Adrien sont signalées, sans entérophorie, à Melrand, à Pluméliau,, à Plourac'h dans l'église Notre-Dame, ou à la Chapelle Saint-Adrien de St-Bartélémy (56) où je l'ai photographié tenat l'enclume de son supplice:
Il reste à découvrir qui est ce saint Adrien : un officier de l'armée romaine chargé de participer aux persécutions contre les chrétiens avant de se convertir à leur religion, puis de subir le martyr en 300 à Nicomédie. Bien-entendu, je pense à saint Acace et aux dix mille martyrs, crucifiés sous Adrien en 140 pour le même motif.
La légende de Saint Adrien est rapportée dans la Légende dorée de Jacques de Voragine, juste après la fête de la Nativité de Marie le 8 septembre. Elle est translatée fidèlement par Wikipédia ainsi :
" Adrianus était officier dans l'armée de l'empereur Romain Galère qui faisait appliquer avec zèle les quatre édits de persécution des chrétiens de Dioclétien. Vers 306, alors qu'Adrianus avait vingt-huit ans, il se convertit devant le courage de trente-trois chrétiens de Nicomédie que Galère avait ordonné de supplicier en les faisant fouetter à coups de nerfs, en leur broyant la bouche avec des pierres, puis en les emprisonnant après leur avoir mis le garrot. Apprenant cette conversion, l'empereur fit emprisonner Adrianus avec les autres chrétiens puis, quelque temps après, le fit comparaître devant lui en présence de ses compagnons pour le faire fouetter ; les coups furent si violents qu'à la fin les entrailles d'Adrianus sortaient de son corps. Puis Adrianus et ses compagnons furent de nouveau jetés en prison. Comme des matrones, dont Nathalie, soignaient en cachette les martyrs dans leur prison, l'empereur Galère ordonna qu'on tranche les pieds puis les jambes des prisonniers puis qu'on fasse brûler leur corps. Adrianus fut le premier supplicié et on lui coupa également une main. Quand on jeta les corps des martyrs au feu, Nathalie voulut se précipiter dans le brasier mais une pluie violente éteignit les flammes. Nathalie récupéra alors la main de son mari qu'elle conserva précieusement. Réfugiée peu de temps après à Constantinople pour échapper à la proposition de mariage que lui avait fait un tribun, elle rendit l'esprit après avoir vu, en songe, Adrianus lui demander de le rejoindre dans la paix éternelle. Les reliques de Nathalie et d'Adrianus ont été transférées, en 1110, de Constantinople au monastère de Grammont en Belgique.
Saint Adrien de Nicomédie et son épouse sainte Nathalie sont fêtés en Orient ensemble le 26 août. En Occident, saint Adrien est fêté le 8 septembre et son épouse Nathalie, qui l'encouragea à souffrir le martyre, est fêtée le 26 août. Il est réputé guérir les maux de ventre."
On le dit aussi patron des soldats, des bouchers et des marchands d'armes. C'est l'un des cinq saints invoqués contre la peste. (avec saint Roch, saint Sébastien, saint Antoine et saint Christophe) L'un de ses attributs est l'enclume, sur laquelle il aurait été martyrisé. Lorsqu'il est représenté en armure, comme un officier romain, il est très proche de saint Acace.
II. La statue de saint Érasme.
J'en étais là de mes découvertes, un peu écœuré par ce étalage de boyaux (je n'apprécie ni les tripes, ni le boudin) et peut-être aussi avais-je, car il était tard, l'estomac dans les talons, lorsque je m'approchais d'une autre statue, posée sur le bahut sculpté, entre deux anges ni céroféraires ni thuriféraires. Une statue bien banale, en pierre polychrome, d'une soixantaine de centimètres et datant manifestement du 15e siècle.
Le saint me souriait benoîtement, habillé comme un père abbé mais tenant de la main droite un objet ; un râteau peut-être, ou une fleur bien fanée.
Si je n'avais pas eu avec moi le guide des Amis du Patrimoine, comment aurais-je pu identifier saint Érasme ? Un saint dont j'ignorais même l'existence et dont aucune chapelle n'avait présenté à ma dévotion l'effigie ! Il n'y avait qu'un seul Érasme pour moi, celui de l'Éloge de la folie.
Or, qui est saint Érasme ? Érasme de Formia, évêque d'Antioche, fut martyrisé sous Dioclétien en 303. En 303 ! Sous Dioclétien ! Comme Adrien ! Ils auraient pu se connaître ! Et comment fut-il supplicié, le bon Érasme ? En-lui-arrachant-les-boyaux.
S'il n'appartient pas au club très fermé des saints entérophore, c'est que le cruel maître des hautes œuvres voulait sortir du déjà-vu lassant des supplices ordinaires, du lion mangeant sainte Blandine, de l'amputation des seins de Barbe ou d'Agathe, de la roue, de la décollation, des fouets, ou du gril de Laurent. Il avait lu tout le Trattato degli instrumenti di martirio e delle varie maniere di martirizzare de Gallonio et voulait marquer son temps par quelque invention nouvelle.
Or, après lui avoir enfoncé une alène sous chaque ongle des doigts, le bourreau le brûla au fer rouge et l'arrosa d'huile bouillante. Pas de quoi fouetter un chat, direz-vous; lui aussi, et il fit préparer une de ces broches à manivelle qu'il emprunté au rôtisseur ; ayant ouvert le ventre du saint d'un habile coup de scalpel, il compléta cette laparotomie d'une entérotomie et fixa l'extrémité ainsi dégagée des saints intestins sur la broche. Tournant alors la manivelle comme s'il s'agissait de la poignée d'un limonaire, il lui chantait Ramona ou quelqu'air sadique de son invention.
Il allait bientôt devenir le patron des marins, qui l'appelèrent Saint Elme et le voyait allumer des feux sur les basses-vergues, par temps d'orage (les vergues de cacatois étant alors ramenées près du chouquet par leur balancine), des malandrins lui décernèrent comme attribut le treuil de cabestan, seule manivelle digne de lui sur les navires. A la manœuvre, poussant ensemble sur les barres du cabestan pour guinder le mât de hune, ils s'imaginaient voir s'enrouler en spires régulières des boyaux de chanvre, et cela leur donnait du cœur à l'ouvrage, et chaud au ventre.
(plus sérieux :Erasme de Formia wikipédia)
Ce supplice est si connu, et Dieric Bouts, puis Nicolas Poussin, l'ont immortalisé de telle sorte que je suis impardonnable d'avoir méconnu Érasme.
Dieric Bouts, Triptyque du martyr de saint Érasme, 1455, Louvain :
Martyre de saint Érasme Nicolas Poussin, entre 1628 et 1629, Rome, Vatican, Pinacothèque
Pourtant, l'église de Vieux-Vy-sur-Couesnon possède une statue de saint Érasme en entérophore, ce qui est troublant lorsqu'on est à Plougastel face à la fois à un Érasme porteur de râteau (c'est peut-être un treuil) et à un Adrien éventré.
Statue de saint Érasme,Vieux-Vy-sur-Couesnon , 16e siècle (source : inventaire patrimoine)
Selon le site topic-topos, à Vieux-Vy-sur-Couesnon, "À l'entrée du chœur prolongé par la sacristie, se trouvent de part et d'autre une statue de la Vierge à l'Enfant achetée en 1840 et cette représentation de saint Érasme, retrouvée dans une grange. Appelé aussi saint Elme, il porte au creux des mains ses intestins qui lui auraient été arrachés en les enroulant sur un treuil. Il est invoqué pour les maux d'entrailles, par les femmes en couches et les navigateurs dans la tempête."
Un autel lui était dédié à saint-Pol-de-Léon. Il figure parmi les saints martyrs invoqués dans le Livre d'Heures d'Anne de Bretagne : il compte en effet parmi les 14 saints auxiliaires. Edouard Valin signale un devant d'autel le représentant à la commanderie de Lambader.
La présence de ces deux saints est-elle due à une épidémie de peste, ou, mieux, à une épidémie de dysenterie survenue au XIVe siècle ?
Cette association de deux saints entérophore ou littéralement étripé me fait penser à la description de l'église de Daoulas, telle que je l'avais lue dans le Bulletin diocésain de Quimper sous la plume des chanoines Abgrall et Peyron : "Autel de saint-Erasme, où est représenté son martyre, dit le chanoine Pinson, en sculpture à faire pitié ; c'est peut-être de cet autel que provient le panneau en bois sculpté qui se voit au Musée de Morlaix, et où l'on voit les bourreaux dévidant sur un cabestan les entrailles du martyr.
[…] Autel de Saint-Memor ; saint très honoré dans le pays, représenté tenant les entrailles entre ses mains. On le confond avec saint Mamert et saint Adrien, dont on arracha également les entrailles ; mais il semble se distinguer, à Daoulas, de saint Érasme, qui subit un martyre analogue " Bull. Dioc. Arch. Archéol. 1907.
Dans la même église, de l'abbaye qui a peut-être fondé cette chapelle de Saint-Adrien, se trouve ou se trouvaient deux saints qui ont eu des problèmes avec leurs intestins ; saint Érasme, et saint Mémor. Saint Memor possède une croix à Gouesnou, sa statue à la Trinité-Plouzané (Louis Ogès 1974), il est connu aussi comme saint Mémoire .
Par ce détour par saint Érasme, je découvre donc une autre statue entérophore, celle qui existait avant la Seconde Guerre dans la chapelle de La Trinité-Plouzané près de Brest. Elle est décrite par le site de la mairie de Plouzané comme : "Saint Mémor (ou Mémoire), en costume épiscopal, avec mitre et crosse, tenait de la main droite les entrailles qui sortaient de son ventre. Ce saint était invoqué en Bretagne par les personnes qui souffraient de maux de ventre."
A quelques kilomètres, l'église de Saint-Renan, Notre-Dame-des-Liesses renferme une statue de Saint Mémor tenant ses entrailles. A Plouarzel, la chapelle St-Yves en contenait une aussi.
III. Les autres statues.
décrites en parcourant la chapelle les bras du transept du nord au sud.
Saint Corentin.
Bois, 1,15m, 16e siècle.
Sainte Marguerite.
"issant" du dragon.
Vierge et enfant.
Kersanton, La Vierge est couronnée ; l'enfant tient dans la main droite une pomme ou le globe terrestre, et pose la main gauche sur le sein maternel.
Saint Philippe.
Bois, 1 m, 16e siècle. Quel sont les critères d'identification ? (l'apôtre Philippe devrait être pieds nus, et tenir une croix ; l'apôtre qui porte la lance est Mathias).
Saint Fiacre.
Bois ; attributs : la bêche la tenue monastique et le livre.
Saint évêque ou saint abbé. Saint Aaron?
Bois, 1,20 m, 16e siècle.
J'ignore sur quel critère cet évêque a été identifié comme saint Aaron d'Aleth, sant Aihran, ermite du 6e siècle venu du pays de Galles s'installer près de Lamballe avant de se fixer à Aleth, la future Saint-Malo. Il y fonda un monastère dont il fut l'abbé, et son disciple n'était autre que saint Malo ou Maclow.
Saint Rivoal.
Bois, 1 m, 17e siècle.
Dans la nef, à gauche : Sainte Anne.
Kersanton, 80 cm, 16e siècle.
Je rappelle qu'une inscription plaçait la chapelle sous la protection de sainte Anne.
Dans la nef, pignon ouest. Crucifix.
Bois, 1,40m, 15e siècle.
Le pardon se célèbre le deuxième dimanche de mai.
Cette chapelle a été restaurée au cours de l'année 1955.
Sources et liens :
HUCHET (Albert), " La chapelle de Saint-Adrien", in Plougastel-Daoulas, Patrimoine architectural et statuaire, Les amis du Patrimoine de Plougastel, imp. Cloître, Landerneau 1987, pp. 86-97.
VASSEUR (Roland), Saint Mesmin l'entérophore, http://mantes.histoire.free.fr/items/fichiers/1289.pdf.