Chapelle St-Albin à Plogonnec.
Le village de Saint-Albin (ou sant alc'houen), sur la commune de Plogonnec, se trouve à 8 km à l'est du bourg, sur les confins de Kerfeunteun.
La chapelle date du XVe siècle ; l'édifice vendue à la Révolution est rachetée en 1809 par les paroissiens, les sieurs Cariou, Seznec et Le Noac'h, qui l'offrent ensuite à la fabrique le 10 octobre 1828. En 1950, la chapelle est reconstruite, à l'exception du clocher du XVIe, par M. Lachaud, qui prolonge la nef par un transept de dimension plus importante et crée une sacristie, conservant l'ancienne fenêtre du chevet, gothique à deux lancettes trilobées, comme ouverture du mur du transept nord. Comme le dit un document, "le reste du bâtiment reprend avec plus ou moins de bon goût des éléments et matériaux contemporains" "épurant" l'aspect intérieur, mais préservant une statue de Vierge primitive du XVIe siècle, les statues de la Vierge à l'Enfant, de St Albin, St Gurloës, St Sébastien et de Ste Barbe. Ces statues se trouvaient auparavant dans des niches, réalisées en 1696 où les comptes mentionnent les sommes versées à Jean Le Berre, menuisier et François Morvan, sculpteur. En 1699, ces statues, et les autels furent peintes par Guillaume Nicolas, qui reçut 93 livres.
La chapelle était, au XVIIe siècle, desservie par un chapelain qui percevait 20 sols pour ses messes le premier jour de l'an, le dimanche gras, le lundi et mardi de Pâques, et 10 sols pour sa messe de la Chandeleur et le jour du pardon, le 1er mars. Plus tard, le pardon eut lieu le premier dimanche de septembre, comme c'est toujours le cas aujourd'hui.
En 1940, H. Pérennès pouvait encore lire l'inscription H : H : Y : OLLIVIER : 1728 sur la sacristie du XVIIIe siècle.
Inscription DERVE : F 1667
Le patronyme Le Dervé est attesté à Plogonnec (Hervé Le Dervé, décédé le 22 juin 1688 à Plogonnec, père d'Hervé Le Dervé, né le 13 juillet 1673, etc...)
Statue de saint Albin en évêque : Albin, ou Aubin, fut l'un des premiers évêques d'Angers.
Il resterait à expliquer pourquoi une chapelle lui est dédiée à Plogonnec.
Vierge à l'Enfant.
En 1940, H. Pérennès décrit face à la statue de St Albin, " à gauche, dans une niche à colonnes torses et dont le socle porte MI RE RENE HENAF 1698, une très jolie vierge, simplement drapée : Itron Varia ar c'helou mad." (Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper 1940 n° 61 p. 156 link) René Hénaff ne figure pas dans la liste des recteurs de Plogonnec, puisqu'en 1698, c'étaient Louis des Hayeux puis Claude Salaün qui exerçaient cette fonction. Quand à Itron Varia ar c'helou mad, il s'agit de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, parfois invoquée ou remerciée pour une naissance.
Par contre, c'était dans la nef qu'il pouvait admirer " sur un socle de granit où est inscrite la date 1576 [date la plus ancienne], une Vierge en bois, presque plate".
Notre-Dame des Portes (?)
Saint Sébastien.
Il trouvait place jusqu'en 1940 au moins dans une niche à volet. Pour une fois, Sébastien n'est ici ni blond, ni vraiment beau, et malgré son maillot de bain, il ne ressemble pas du tout à un surfer. Mais il garde sa belle indifférence aux flèches de ses bourreaux.
Saint Gurloës, ou Urlou, Hurlou, Eurlo,
Je l'avais confondu d'abord avec un saint Roch. Quelle erreur, car saint Roch montre sa cuisse gauche et son bubon de peste et se fait accompagner par son chien Roquet, alors que saint Urlou, lui, montre son genou droit enflé par la goutte, droug sant Ourlou en breton. En outre, point de toutou pour saint Urlou. Le saint abbé est invoqué non seulement pour ces accès microcristallins d'acide urique, mais aussi contre les maux de tête et les rhumatismes, ou contre les "maux de rein", sans préciser s'il n'agit que sur les crises de lithiase urique. On s'attendrait plutôt à ce qu'il montre son gros orteil, mais le bon moine n'était point podagre, ou laissait à un confrère le soin de cette forme trop répandue de goutte.
Ce moine de Saint-Sauveur de Redon du XIe siècle et premier abbé de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé accéda aux fonctions de prieur de Redon, puis, à la suite d'un rêve du Comte de Cornouailles Alain Canhiart, il s'en alla fonder un monastère à Quimperlé, où il s'établit avec douze de ses moines. On la nomma abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, et le Comte de Cornouailles octroya à l'abbaye un fief seigneurial comprenant, entre autre, Belle-Île et Groix (Saint-Ghutiern). Le 14 septembre 1029, il fut béni premier abbé par l'évêque de Nantes Orscand.
Vingt-huit ans et vingt jours après, le Père Abbé Urlou mourût. En odeur de sainteté, si bien que les moines plaçèrent ses reliques dans la crypte de l'abbaye, et lui élevèrent un tombeau, confiant sur leurs relations avec le pape Grégoire VII pour l'élever à son titre de saint Gurloës. Hélas, les papes se suivent mais ne se ressemblent pas, et Urbain II refusa la canonisation en arguant sur l'absence de témoignage de miracles, et de synode plénier. Ce que ne fit pas Urbain, le peuple breton le fit, et les paroissiens de Clohars-Carnouët, Le Faouët, Languidic et Lanvénéguen élevèrent des chapelles en l'honneur de leur saint. On voit aussi sa statue à St Ivy, chapelle N.D.-de-la-Route, ou à Bannalec.
Finalement, il fut béatifié par le pape qui le déclara bienheureux.
Ici, saint Urlou est représenté en Abbé, avec la crosse (restaurée récemment sans-doute car le chanoine Pérennès ne voyait qu'un "bâton") , la mitre, un livre, mais pieds nus. Il relève la chape et la tunicelle pour dévoiler son genou.
Sainte Barbe.
On reconnaît la vierge bien connue, toujours attachée à sa pieuse lecture et toujours aussi déterminée à subir tous les martyrs que son père ou que le Prévot veut bien, dans son sadisme, inventer plutôt que de renoncer à ses voeux de célibat et à son attachement aux dogmes de la religion, que le diacre Valentin était venu lui enseigner. Près d'elle, la tour où elle fut séquestrée, et les trois fenêtres de la Sainte Trinité. Voir par exemple Vierges allaitantes VII : Chapelle de Lannelec à Pleyben, Ste Barbe.
Le calvaire du XVIIe siècle a été relevé en 1984.
On (H.P) relevait jadis sur le socle l'inscription I. KNALEGVEN . F , soit I(ves?) Kernaleguen, fabricien. Les généalogistes citent Yvon Kernaleguen, né en 1612 de Joannis Kernaleguen. Il s'agit d'un des patronymes importants de la commune de Plogonnec, puisqu'il se retrouve sur les murs de l'église Saint-Thurien ( pour désigner un fabricien de 1581) ou de la chapelle St-Pierre où un membre de cette famille était fabricien en 1591. Corentin Kernaleguen fut recteur de la paroisse de 1804 à 1805. Kernaleguen est aussi un toponyme, celui d'un lieu-dit de Plogonnec.
Cette Vierge couronnée tenant l'Enfant-Jésus à droite et un livre dans la main gauche évoque Notre-Dame-des-Portes, telle qu'elle est vénérée à Châteauneuf-du-Faou. L'Enfant tient une pomme.