Lieu : sablière de Bodonou (Plouzané) et dunes de Pen Had ( Crozon).
Date : 15 et 18 septembre
Chenille du Bombyx de la ronce Macrothylacia rubi (Linnaeus, 1758) the Fox Moth.
C'est Jean-Baptiste Godart qui, dans le volume 4 de son Histoire Naturelle des Lépidoptères, p. 134, en même temps qu'il lui attribue son nom vernaculaire de Bombyx de la ronce (qui se contente de traduire le Bombyx rubi de Linné), écrit :
" La chenille, connue dans certains cantons de France sous le nom trivial d'anneau du diable, probablement parce qu'elle est très velue et qu'elle se met en anneau dès qu'on y touche ou qu'on s'en approche ; la chenille, dis-je,est noire, avec les poils du dos d'un roux foncé, ceux des flancs grisâtres. Ces poils partent immédiatement de la peau. Elle a, en outre, sur le derrière de chaque anneau, une ligne transverse d'un jaune orangé, mais qui est beaucoup plus distincte dans le jeune âge qu'â l'âge adulte. Elle vit sur la ronce commune (rubus fruticosus), et sur plusieurs autres plantes, notamment sur le petit trèfle et sur la quinte-feuille dont elle paraît être très friande. On la trouve abondamment dans les bois à la fin de l'été, époque où elle est parvenue environ aux trois-quarts de sa grosseur. Cette chenille passe l'hiver dans l'engourdissement, et se métamorphose à la fin de mars ou au commencement du mois d'avril. [...] Le bombyx de la ronce éclot dans la première quinzaine de mai. Le mâle vole en plein jour, et avec une extrême rapidité. La femelle se tient dans l'herbe ou dans les buissons."
Anneau du diable ou pas, cette chenille est diablement difficile à photographier avec ses poils qui partent partout : essayez de réussir un cliché d'une boule de ouate !
En 1786, le Révérend Engramelle y voyait plutôt un ogre qu'un diable et l'avait "baptisée" la Polyphage (Papillons d'Europe peints d'après nature, tome 5 p. 4 n° 224). Effectivement, elle serait à donner en exemple aux enfants difficiles, car elle mange sans chichi ni comédie ronces, fraisiers, framboisiers, luzernes, trèfles, prunelliers, potentilles, bruyères, callunes ou rosiers.
Selon Rambur, Graslin et Boisduval (Coll. icon. hist. chenilles, 1, pl 12) les poils de cette chenille n'occasionnent que "de légères démangeaisons" lorsqu'on en touche certaines. Cette-ci s'est contentée de me chatouiller
Il nous reste à déchiffrer le nom scientifique : le nom de genre Macrothylacia a été créé par le Docteur Jules Pierre Rambur en 1866 en réunissant le mot grec macro, "gros", et thulakos, "sac formé d'une peau de bête". Ce "gros sac" qualifie le cocon de ce genre de Lasiocampidae.
L'épithète rubi,"la ronce", désigne l'une des plantes hôtes. (Linné, Systema Naturae 1758, 1, p. 498 n° 14: Phalaena Bombyx rubi , où la chenille est décrite comme laeuis [ ?], pilosa, ferruginea, nigro annulata).