Les églises des îles du Ponant VII.
L'église Saint-Michel de l'Île-aux-Moines.
Sur un ancien sanctuaire dépendant de la paroisse d'Arradon du XIIe siècle et déjà dédié à Saint-Michel —il occupe une hauteur — ce qui explique toponyme Locmiguel du bourg , l'église a été reconstruite en 1826 par le recteur Le Gouguec sur les plans d'un architecte de Vannes, Brunet-Debaines. Le clocher est repris en 1836, puis le chœur est agrandi en 1872.
I. Présentation.
II. Les ex-voto et maquettes de procession.
datent du XIXe
L’église paroissiale possède trois maquettes d’ex-voto : deux maquettes de procession encadrant le vitrail de Saint-Georges, la première étant un trois-mâts barque, a priori une frégate de 28 canons, le "Saint-Michel", datant de la deuxième moitié du 19ème siècle et la seconde étant un thonier-dundee appelé lui aussi "Sant Mikaël", saint patron de l’île. Ce thonier fait référence à l’époque où l’ile était forte de quatre unités armées pour la pêche au thon en 1938.
La troisième maquette est un trois-mâts barque, l’Auguste Briel, réalisée par le sculpteur Félix Briel, datant de 1906. Il s’agit d’une frégate armée de deux bordées de 29 canons ainsi que de trois canons à la poupe et deux canons de sabord.
1. L'Alexandre Briel.
Maquette classée par les Monuments historiques au titre d'objet le 21 01 1981. Elle date de 1906 et est l'œuvre du sculpteur Félix Briel. Ce trois-mâts barque (et non "trois-mâts carré) est une frégate armée de deux batteries de 29 canons, trois canons à la poupe et deux sabords de retrait à l'arrière ; les canons, au fût noir à gueule rouge, sont armés, les mantelets de sabords ne sont pas apparents. Le pont et le gaillard arrière sont peints en rouge, la coque en noir avec deux lignes de batterie blanches ; la carène est bleu-roi. Le tableau arrière est encadré de rouge.
Le gouvernail n'est pas articulé. Deux embarcations de sauvetage sont arrimés sur leurs bers au niveau duu gaillard arrière. La mâture est composée des trois mâts (misaine, grand-mât, artimon) peints en blanc pour les bas-mâts, équipés chacun de hune ; du mât de beaupré, très apiqué; de vergues et bôme peints en blancs.
Outre le pavillon français et le pavillon en tête de mât d'artimon, le navire arbore un pavois de douze pavillons.
On remarquera la forme de l'étrave et de la piéce arrondie qui sert à la prolonger. (fausse guibre ??), et, toujours à l'étrave, le long arc-boutant de martinguale (en blanc), le "dolphin striker" des anglais.
Dans la chapelle des saints, située à droite et dédiée à saint-Michel se trouvent deux autres maquettes de procession :
2. Trois-mâts barque Le Saint-Michel.
Coque blanche au dessus de la flottaison, carène verte, cette frégateest armée de 28 canons. Le nom du navire est un nom de culte, et ne correspond pas à un bateau réel : ce n'est pas un ex-voto, remerciant Dieu ou ses saints d'un vœu exaucé, et où le fait de mer est précisément rapporté avec le lieu, la date, les circonstances et le nom du navire. C'est, comme les deux autres maquettes, un bateau de procession destinée à être portée le jour du pardon, ou des fêtes principales (15 août).
Le grand pavois, somme de tous les pavillons du Code International des Signaux (alphabet et chiffres), a été établi. L'étiquette navale impose qu'un ordre soir respecté, qui est :"E Q 3 G 8 Z 4 W 6 P 1 I apercu T Y B X 1er substitut H 3eme substitut D F 2eme substitut U A O M R 2 J O N 9 K 7 V 5 L C S"
3. Le Sant Mikael GX 203.
Dundee thonier groisillon "tout-dessus" avec des voiles récemment restaurées apparemment: foc et trinquette à l'avant, grand-voile (à deux bandes de ris) et son flèche, voile de tapecul et flèche de tapecul !
III. Les statues.
1. Saint-Pierre.
Une statue de saint, c'est comme une devinette : "une clef, un poisson, l'étrave d'un bateau, et je me trouve à l'Île-aux-Moines, qui suis-je ?" La clef, c'est Saint-Pierre ; le poisson, c'est saint Corentin, quand on est en Cornouailles. Ici, cela doit être saint Gildas, qui, lors de son ermitage à Houat, fut miraculeusement nourri d'un poisson échoué sur la grève. Non, c'est bien saint Pierre, le saint patron des pêcheurs, héros de la pêche miraculeuse et de la marche sur les eaux du lac.
2. Saint Michel.
Terrassant le dragon, ce pouvait-être saint Georges, mais les ailes d'archange affirment qu'il s'agit de saint Michel.
3. Vierge à l'Enfant.
La Vierge est couronnée et voilée, elle tenait peut-être un objet de la main droite; l'Enfant-Jésus de face, tient un livre.
Le support de la statue est un ange en adoration, mains jointes.
IV. Les vitraux.
sont l'œuvre de l'atelier Maumejean-Hernanos (Madrid et Hendaye) et datent de 1930 : le même atelier est responsable, dans un esprit "art déco" des mosaïques du chœur.
V. Les autres éléments remarquables.
1. Buste de saint Vincent Ferrier.
Saint Vincent Ferrier (dominicain espagnol, grand prédicateur et décédé à Vannes en 1419 après avoir évangélisé le pays vannetais en 1418) a été canonisé en 1455. Des miracles lui donnèrent une réputation de grand thaumaturge. C'est le patron du pays vannetais, et les chanoines de la cathédrale de Vannes se sont battus pour pouvoir conserver la relique de son corps.
Or, l'église renferme un buste en bois de poirier, du milieu du XVIème siècle, provenant de la cathédrale de Vannes et donné par les chanoines à une îlienne, Jeanne Touzé de Grandisle en 1780. Le mois suivant, elle en fit don à l'église de sa paroisse. Délaissée en 1842 dans la sacristie, remisée en 1872 dans la tour de l'église puis dans le grenier du présbytère, la statue était dans un tel état de délabrement quand elle fut retrouvée trente ans plus tard par le recteur Allaniou qu'il fallut se résoudre à n'en conserver que le buste, qui fut installé en 1902. Monseigneur Latieule, Évêque de Vannes, accorda une parcelle notable des ossements du grand Saint, dans un reliquaire qui fut placé avec le buste contre un des piliers du chœur, dans une niche en chêne sculpté.
On est frappé par le réalisme des traits émaciés du dominicain, dont ce serait la représentation la plus ancienne.
Dans un livre de Henri de Lagarde Montlezun se lit ceci : "Dans l’ouvrage de P.Nicol sur cette statue, on lit le passage suivant, extrait du registre des délibérations capitulaires :
« Le Vendredy premier septembre mil sept cent quatre vingt, ont été présents en chapitre Messieurs de Douhet, Duchesne, de la Pommeraye, de Grimaudet, Blanchet et de Keroignant, tous chanoines assemblés pour délibérer de leurs affaires, après le son de la cloche fait par trois fois à la manière accoutumée ; sur ce qui a été représenté par M. de Douhet que Madame Le Gris souhaiterait fort qu’on lui donne le Buste de Saint-Vincent Ferrier, qui était ci-devant placé sur l’autel du Tombeau et qui est maintenant dans une des chapelles de l’église cathédrale. Le Chapitre a saisi avec plaisir cette occasion de reconnaître le zèle avec lequel Madame le Gris s’est toujours appliquée à la décoration de la chapelle de Saint-Vincent Ferrier et luy a unanimement accordé le buste par elle désiré ».
Le Dimanche 8 Octobre 1780, la statue du Saint fut « avec un grand éclat transportée à l’Isle aux Moines, et déposée dans l’église tréviale, en la chapelle de Saint-Michel "
2. Tableau : Vierge du Rosaire.