L'église de Rosporden ? Sainte Madeleine et ses boucles d'oreille : impénitente ?
Chacun connaît la Madeleine pénitente sculptée par Donatello (1455), et celle qui, sous les titres de La Madeleine à la flamme filante, La Madeleine à la veilleuse, La Madeleine au miroir et La Madeleine aux deux flammes, ont été peintes par Georges de La Tour entre 1638 et 1652.
Madeleine repentante, tableau du Caravage (1593-1594).
George de la Tour, La Madeleine aux deux flammes, Metropolitan Museum of Art, New York, États-Unis
Lorsqu'elle ne s'habille pas de serpillières, ne se couvre pas la tête d'un seau de cendres, ne vit pas dans sa grotte de la Sainte-Baume comme une sauvage émaciée et vêtue de sa seule chevelure, elle pleure, lit Jean de la Croix et goûte, devant son miroir, à l'auto-complaisance de l'ascèse. Dénouant ses cheveux, endossant le cilice, ôtant ses bijoux qu'elle pose sur sa console, caressant un vieux crâne dérobé au cimetière, elle prend la pose devant son quinquet. Elle se fait réciter le Sermon sur la mort de Bossuet, elle n'y résiste pas, elle pleure encore ; elle s'habitue à la douceur de cette amertume, aux charmes lancinants du remords.
Et puis elle souffle la bougie, essuie ses yeux, refait son maquillage et remet ses bijoux. Son confesseur se satisfera de cet exercice quotidien auquel elle se soumet avec délices. "Elle fait pénitence".
Ou bien, elle demande au peintre si elle peut se relever. Elle est la modèle du Caravage pour sa "Madeleine repentante" (1593), elle se nomme Anna Annuncia Bianchini, "courtisane" c'est à dire prostituée romaine.
Galerie Doria-Pamphilj, Rome,Italie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Madeleine_repentante_(Le_Caravage)
A Rosporden, Madeleine est toute autre, et porte fièrement sa robe grise qui souligne la convexité de son abdomen, le manteau vert céladon qui découvre habilement ses épaules, et son flacon de parfum ou d'onguents. Les perles de jade de son collier s'accordent à la couleur de son manteau, et au bleu-vert de ses yeux. La liberté de ses longs cheveux suit celle de son cœur. Elle n'a renoncé ni à la gaieté foncière de son caractère, ni à son goût pour les belles choses, ni à sa beauté ; depuis qu'elle suit le Christ et qu'elle boit ses paroles, elle ne l'a jamais entendu conseiller de devenir triste et laide. Elle est fraîche comme les lis des champs, joyeuse comme les oiseaux du ciel, et Salomon dans toute sa gloire n'eut pas l'éclat de son teint.
Elle s'est endimanchée pour son Seigneur, et les boucles que ses consœurs adeptes des macérations jettent sur leur tapis, pendent comme deux cerises d'or à ses oreilles. De son amour de la Beauté et la Vie, elle est, résolument Madeleine impénitente.
Sources et liens :
http://doudou.gheerbrant.com/?p=16575
http://www.insecula.com/oeuvre/O0026928.html