Lors d'une balade, je remarque un individu suspect : déguisé en bourdon, il ne bourdonne pas, mais reste posé sur une feuille. A tout hasard, je le prends en photo, et c'est l'occasion une fois rentré de découvrir les diptères aux allures de bourdon de la famille des Syrphes.
Trois espèces sont signalées : chacune se distingue des deux autres par les moeurs de leurs larves, saprophages, ou phytophages, ou encore commensales :
• l'eristale brouillée Eristalis intricata (Linnaeus, 1758) qui se distingue par la nervation alaire propre aux éristales avec le "V de la médiane", une incurvation en V ou en U d'une des nervures. Ses pattes sont noires marquées de blanc sur la moitiè antérieure des tibias ; son front est roux. elle meure 11 à 15 mm.
Sa larve est saprophage, façon élégante de dire qu'elle se nourrit des matières organiques des eaux souillées.
• Merodon equestris (Fabricius, 1794) ou Syrphe des narcisses a les pattes noires ; ses fémurs postérieurs sont épaissis. Sa face est couverte d'une pilosité blanche. Elle mesure 15 à 17 mm.
Sa larve est phytophage, elle se nourrit des bulbes des fleurs de la famille des liliacées.
• La Volucelle-Bourdon, Volucella bombylans (Linnaeus, 1758) montre une nervation alaire propre aux volucelles. elle mesure 11 à 15 mm. Sa pilosité est abondante sauf au niveau de la partie dorsale du thorax ; se antennes sont plumeuses. Elle a pris le costume du Bourdon terrestre, Bombyx terrestris.
Sa larve est commensale du nid souterrain des bourdons, où elle a éclos : elle se nourrit des déchets et des cadavres, ou plus rarement du couvain.
Je suggère l'étymologie issue du latin volucer, " ailé" (mais aussi rapide, vif ), un adjectif peu discriminant chez les diptères. Volucris parvula, c'est la p'tite chose ailée, le moucheron. Je ferais de volucella un diminutif qui pourrait dire "la petite ailée".
Chez toutes les trois, les mâles ont les yeux rapprochés , et les femelles les yeux écartés et plus petits.
Leur mimétisme peut être un mimétisme dissuasif à l'égard des oiseaux et autres prédateurs qui mangent les mouches et évitent les bourdons ; ou bien, pour la volucelle, ce peut être un mimétisme stratégique pour atteindre les nids de bourdons sans se faire repérer comme espèce étrangère.
Laquelle des trois ai-je photographiée ? Mon cliché est trop médiocre, mais les antennes me semblent plumeuses; je me contente de parier pour la volucelle au nom chantant.