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L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault VI : Le retable de la Trinité.
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— Sur Dinéault, voir :
L'église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault (29). I. Les bannières.
L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault. II. Quelques images de la messe de la Chasse.
L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault IV. La statue de sainte Marguerite par Bastien Prigent.
L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault V : Le triptyque de saint Yves entre le Riche et le Pauvre.
Le vitrail de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault (29) au Musée Départemental Breton de Quimper. Vers 1530.
Le calvaire et la fontaine de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. (1590)
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Retable de la Trinité, granite polychrome, hauteur 1 m. (ou 134 x 86 cm), fin XVe ou début XVIe siècle.
"L'église était aussi dédiée à la Trinité ; voilà pourquoi on trouve au-dessus de l'autel du transept Nord, une belle représentation des trois divines Personnes. C'est un groupe en pierre blanche très résistante, rehaussée de peinture et de dorures, ayant bien dans les poses, dans l'ornementation et le type des figures, le caractère du XVème ou du commencement du XVIème siècle. Le Père et le Fils sont assis sur des nuages et tiennent sur leurs genoux un livre ouvert, au-dessus duquel plane l'Esprit-Saint, sous forme de colombe. L'un des personnages, celui de gauche, est couronné et tient le globe du monde, est-ce le Père, est-ce le Fils ? Rien ne l'indique, tous deux sont barbus, et aucun ne porte les stigmates de la Passion. Tous deux également sont vêtus d'un riche manteau à fermail, orfrois et bords ornés de rangs de perles et fleurons de pierreries. Le bas d'un des manteaux, très largement développé, vient recouvrir les genoux de l'un et de l'autre. (Abgrall, 1907).
L'interrogation du chanoine Abgrall est étonnante, car il me semble évident de reconnaître Dieu le Père à gauche, avec ce que je pourrais cavalièrement nommer ses attributs régaliens, la couronne impériale – et non une tiare– et le globe crucifère. Sa barbe est légèrement plus fournie, et grisonnante. Le Christ bénit de la main droite. Néanmoins, la recherche de ressemblance entre Père et Fils pourrait être influencée par l'ancienne règle du "christomorphisme" qui christomorphisme » de la représentation de Dieu, qui voulait que l’on ne donnât pas au Père d’autres traits que ceux du Christ, par respect du « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9). (F. Boespflug)
L'interrogation méconnaît aussi que ces Trinités horizontales (à la différence des Trinités verticales que sont les Trônes de Grâce) sont des illustrations du psaume 109 : « le Seigneur à dit à mon Seigneur : “Siège à ma droite !” » dans lesquelles Père et Fils siègent côte à côte, mais le Christ à droite. Pour cette raison, elles sont aussi désignées sous le terme de "Trinité du psautier".
Les deux personnages sont revêtus au dessus de leur robe de la même chape épiscopale à orfrois de boutons dorés et perlés en ligne, ou alternativement groupés par 5 et par 2.
Comme dans certains groupes d'Anne trinitaire, les jambes des deux personnages sont recouvertes par un drap rouge perlé qui rend manifeste leur unité, et, de même, leurs manteaux respectivement blanc et brun tendent à se confondre.Les deux personnes tiennent ensemble un livre ouvert sur lequel sont peints ces mots : « BENEDICTA SIT SANCTA ET INDIVISA TRINITAS NUNC ET SEMPER ET PER SECULA SECULORUM. AMEN « Bénie soit la Sainte et indivisible Trinité est maintenant et toujours et pour les siècles des siècles. AMEN » . Il s'agit de l' Introït de la messe du dimanche de la Sainte Trinité (paroissien romain, XVIIIe s), ou Solennité de la Très Sainte Trinité célébrée le dimanche qui suit la Pentecôte.
L'église était donc dédiée principalement à sainte Marie-Madeleine, mais aussi secondairement à saint Nicolas (la fête de dédicace de l'église de Dinéault le 6 décembre honore ce saint), et enfin à la sainte Trinité. Ogée signale dans son Dictionnaire qu'il y avait "foire à Dinéault le 22 février et le lundi de la Trinité". L'existence d'une chapelle de la Trinité est signalée par Abgrall,, attenante à l'église. Selon la liste des décimes (taxe ecclésiastique due au roi par les paroisses) de Dinéault en 1789 : sur un total de 40 livres et 10 sols, on trouve le décompte suivant : Falher, recteur (22 livres et 10 sols), la fabrice (8 livres et 10 sols), le Rosaire (2 livres), Saint-Exupère (5 livres et 10 sols), la Trinité (2 livres). Rien n'atteste par contre l'existence d'une confrérie de la Sainte-Trinité à coté de la confrérie du Rosaire, fondée en 1673.
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Comparaison :
voir le retable de la Trinité de Saint-Aignan, photographie lavieb-aile : une autre "Trinité du psautier" bretonne du XVIe siècle :
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Retable de la Sainte Trinité, (XVIe siècle), église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Retable de la Sainte Trinité, (XVIe siècle), église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL (Jean-Marie), 1907, Chanoines Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron, "[Notices sur les paroisses] Dinéault",Bulletin de la commission diocésaine d'histoire et d'archéologie, Quimper, Impr. de Kerangall, 7e année, 1907, p. 171-187.
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_notices/dinault.pdf
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109986g/f168.image
— BOESPLFUG (François), 2009, "La Trinité dans l’art breton (XVe-XVIIIe siècle)
Esquisse d’une enquête", Revue des sciences religieuses 83/4 | 2009
Référence électronique
François Boespflug, « La Trinité dans l’art breton (XVe-XVIIIe siècle) », Revue des sciences religieuses [En ligne], 83/4 | 2009, mis en ligne le 15 novembre 2013, consulté le 01 octobre 2016. URL : http://rsr.revues.org/441 ; DOI : 10.4000/rsr.441
— BOESPLFUG (François),Yolanta Zaluska 1994, Le dogme trinitaire et l'essor de son iconographie en Occident de l'époque carolingienne au IVe Concile du Latran (1215) , Cahiers de civilisation médiévale Année 1994 Volume 37 Numéro 147 pp. 181-240 http://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1994_num_37_147_2591
— "Super User" (pour Philippe BITTEL ?),s.d,
http://www.dineault.fr/la-commune/le-patrimoine/patrimoine-religieux/eglise-sainte-marie-madeleine
http://www.dineault.fr/images/eglisemadeleine/eglise.pdf
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988 Notice de Dinéault, Répertoire des églises : paroisse de DINEAULT,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 5 mars 2017, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/827.