Le vitrail de l'arbre de Jessé de l'église Saint-Pierre de Beignon (Morbihan).
Voir : L' arbre de Jessé de l'église de Moulins (35).
L' arbre de Jessé de l'église de Trédrez (22).
Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église de Confort-Meilars.
Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église de la Sainte-Trinité à Kerfeunteun :
Source : Françoise Gatouillat et Michel Hérold, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, Presses Universitaires de Rennes 2005
Beignon était une barronie du diocèse d'Aleth (actuel Saint-Malo), et les titulaires du siège épiscopal veillaient sur son église avec une attention toute particulière, car l'évêque possédait un manoir à Beignon dès le XIe siècle . L'église Saint-Pierre a été reconstruite au XV ou XVIe siècle après avoir été incendiée par les Anglais en 1483. Sous l'épiscopat de Mgr Bohier (1535-1567), d'importants travaux ont été réalisés, dont elle conserve des sablières signées par Iseul en 1539, date à laquelle l'édifice reçoit une nouvelle couverture. C'est l'année suivante que la maîtresse-vitre fut placée. Sous la Révolution, elle est à nouveau saccagée (mais deux vitraux sont sauvés sur un ensemble plus complet jadis), et c'est l'infatigable réparateur des églises de son diocèse Mgr Bécel qui reconstruit l'édifice au milieu du XIXe siècle.
I. L'arbre de Jessé.
Attribué au verrier rennais Michel Bayonne par l'utilisation des mêmes cartons pour les verrières de La Ferrière (22) qui est signé du monogramme MB, et pour celles de Moulins (35), ce vitrail est daté de 1540-1550 car très clairement contemporain de la maîtresse-vitre qui porte la date de 1540. Elle occupe la baie 1, dans le transept nord. Constituée de trois lancettes, d'un tympan à trois ajours et deux écoinçons, elle aurait été offerte par Mgr François Bohier, évêque de Saint-Malo (1535-1567).
Pour faciliter la comparaison, j'ai placé le cliché correspondant de l'arbre de Jessé de Moulins à coté de celle de Beignon.
1. Les panneaux inférieurs.
Au registre inférieur, Jessé assis sur une cathèdre dort, la tête soutenue par la main. Il est. entouré de deux prophètes.
Ces panneaux ont été très restaurés, et sont même entièrement modernes pour les deux clichés suivants.
Inscription Dns dabit vobis signu(n) Ecce virgo concipiet et pariet filium Esa 7, 14 issu de la citation Propter hoc dabit dominus ipse, vobis signum. "C'est pourquoi le Seigneur vous donnera lui-même un prodige. Voilà que la vierge concevra et elle enfantera un fils qui sera nommé Emmanuel."
Le prophète (Isaïe) est très richement habillé d'un manteau damassé d'or (le même tissu que l'étoffe qu'il tient de la main gauche) au dessu d'une tunique rouge (technique du verre rouge gravé) et d'une chemise ou tunique à manches longues bleue. Ce prophète n'a rien a voir avec celui de l'arbre de Jessé de Moulins, dont j'ai étudié les traits sémites ou hébraïques, et le restaurateur lui a donné le visage glabre d'un empereur romain : erreur de casting.
Jessé dort sous sa tente, sur le ciel de laquelle est inscrit, pour changer du sempiternel phylactère, la citation EGREDIETURVIRGADERADICE. IESSE ET... L'intention est bonne, mais le restaurateur, en utilisant les lettres capitales sans intervalle, donne l'impression d'une épigraphie romaine.
Le deuxième prophète n'est pas à son avantage. On dirait un Poseidon d'une fontaine vétuste. Là encore, sa tunique damassée a été taillée dans la tenture du pavillon de Jessé.
Inscription en lettres néogothiques citant Jérémie 33, 15: In diebus illis et in tempore illo germinare faciam David germen iustitiae et faciet iuducium et iustitiam in terra, "En ces jours et en ce temps, je ferai éclore à David un germe de justice ; il pratiquera la justice et l'équité dans le pays".
Les auteurs de ces verres ont signé leur oeuvre en bas à gauche : Lusson & Lefévre : il s'agit d'Antoine Lusson fils (1840-1876) , du Mans , et de son collaborateur Léon Lefévre. (Antoine Lusson père exerça jusqu'en 1853).
2.Deuxième registre : Salomon, David et Roboam.
Là encore, je m'étonne du visage glabre du roi Salomon, après avoir vu toutes les longues barbes du vitrail de Moulins.
David est, par contre, très proche de celui de Moulins (photo accolée)
Roboam.
La encore, la comparaison avec la verrière de Moulins est amusante, puisque, pour le même carton, le roi qui était nommé Ezechias à Moulins ( contre tout respect de la chronologie) est ici nommé Roboam (qui est ici, en tant que fils de Salomon, à une place logique).
(Moulins)
3. Les neuf panneaux supérieurs :
1. Lancette de gauche : de haut en bas, Manassé, Joram et Ezechias
avec deux visages glabres (mais cette lancette gauche a été très restaurée dans sa partie supérieure)
2. Lancette médiane : de haut en bas Achaz, Ozias, et Josaphat.
3. Lancette de droite : Asa, Joatham et Abia.
Au total, nous avons donc la succession des rois suivants : David - Salomon - Roboam - Ezechias - Abia - Josaphat - Joram - Joatham - Ozias - Manassè - Asa - Achaz, qui suivent la liste donnée par l'évangile de Matthieu 1, 7-16 et sont conforment aux Douze rois de Juda des arbres de Jessé. Nous verrons qu'à La Ferrière, il en va différemment.
Le tympan est formé d'un oculus montrant une "Vierge au lait" qui a été très restaurée, notamment la tête de la Vierge. Les deux ajours latéraux montrent des anges musiciens (très refaits) et les armoiries d'or au lion d'azur, au chef de gueules de Mgr Bohier, donateur supposé. Parmi les instruments, une flûte traversière, une viole, une harpe, un chebec, une flûte à bec...et un instrument non identifié.
II. La Maîtresse-vitre, vitrail de la Passion du Christ et de saint Pierre.
Baie 0 formée de 4 lancettes et tympan à 8 ajours. Réalisé en 1540, ce vitrail s'apparente à celui de Saint-Gondran (35) par Michel Bayonne.
Restaurations vers 1880 par ? puis en 1964 par l'atelier Hubert de Sainte Marie et par L'atelier Le Bihan en 1989-90.
Registre inférieur :
1. Arrestation du Christ avec le Baiser de Judas ; à terre, saint Pierre, reconnaissable à son toupet, frappe le serviteur du grand prêtre et lui coupe l'oreille.
2. Comparution devant Pilate, représenté avec une barbe bifide, des traits et une tenue juive, alors qu'il est le préfet romain, pour signifier qu'il fait partie des "méchants" (voir plus bas Simon le Magicien).
3. Crucifixion : on reconnait Marie-Madeleine, Marie en pâmoison, saint Jean, et Longin donnant le coup de lance dans le flanc droit.
4. Mise au tombeau en présence de Marie, Marie Madeleine versant le flacon de parfum sur les pieds du Seigneur, saint Jean, une sainte femme, et Joseph d'Arimathie dont il est intéressant de détailler la tenue de riche juif, membre du Sanhédrin : on voit un manteau rouge à manches courtes garnies de franges, sous lequel est une tunique à manches longues, couleur rouge clair. Le manteau est ceint par la ceinture jaune traditionnelle. Il porte deux bandes d'orfroi très richement dotées de pierreries. Des caleçons bleus et des bottines jaunes complètent ce costume. Un attribut important est constitué par la bourse, qui semble très pleine. Au total, de multiples indications sont données à la fois sur la richesse et sur la haute position de Joseph d'Arimathie, et à la fois sur son appartenance juive. C'est une constance de toutes les Déplorations bretonnes.
En bas et à droite, les armoiries d'hermines à la croix d'azur et la devise Caritas cum Fide de Mgr Jean-Marie Bécel, évêque de Vannes de 1866 à 1897, qui a financé une restauration.
Le fond bleu est décoré d'un fin paysage avec trois croix, le Golgotha, et un tronc d' arbre mort et de jeunes arbustes, qui peut être une allégorie du cycle de la Croix, et de la résurrection.
Deuxième registre
1. Remise des clefs à saint Pierre.
Simon fils de Jonas, pêcheur du lac de Tibériade, reçoit du Christ son nom de Pierre : Et vous", demande Jésus aux apôtres" qui dites-vous que je suis ?" Simon, qui répond toujours avant les autres qui sont plus taiseux, répond "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant." et Jésus satisfait reprend : "Tu es heureux, Simon, fils de Jonas : car ce ne sont pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais c'est mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre [Kephas en araméen], et que sur cette pierre je bâtirai mon Église et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur le terre sera liè dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux." (Matthieu 16, 15-18). On raconte que saint Pierre possède deux clefs, l'une en or, céleste, qui doit être la clef du Paradis et l'autre en argent, terrestre (ou : l'une pour le salut des âmes et l'autre pour le Paradis).
Le Christ et saint Pierre portent le même manteau rouge, couleur de la Passion, montrant la communauté (relative) de leur mort sacrificielle, par crucifixion pour Jésus et crucifiement pour Simon Pierre.
Dans le fond, une muraille fortifiée de tourelles aide à imaginer ce royaume, ses portes et ses clefs.
2. Prédication de saint Pierre.
"Au jour de la Pentecôte, par sa prédication, il convertit trois mille hommes" : cette citation de la Légende Dorée est une transposition des Actes des Apôtres, 2, 21 "Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et en ce jour-là, le nombre des disciples augmenta d'environ trois mille"
3. Saint Pierre donnant le baptême.
Dans le fond, un paysage assez pauvre avec deux arbres.
4. guérison du paralytique.
Actes des Apôtres, 9, 32-43 relate la guérison d'Énée et la résurrection de Tabitha, une femme de Jaffa. " Pierre, qui parcourait tout le pays, se rendit un jour chez les croyants qui vivaient à Lydda. Il y trouva un homme appelé Énée qui était couché sur un lit depuis huit ans, parce qu'il était paralysé. Pierre lui dit "Énée, Jésus-Christ te guérit ! Lève-toi et fais ton lit." Aussitôt Énée se leva."
Si Pierre se reconnaît à sa clef (qui ne passe pas inaperçue ici) et à son toupet, il est aussi remarquable par ses pieds nus, caractère iconographique de tout apôtre.
le Corpus Vitrearum désigne ce panneau sous le titre de "guérison du boiteux", mais mes modestes recherches n'ont trouvé, en Actes 14, 8, que le récit de la guérison d'un boiteux de naissance de la ville de Lystre, qui n'avait jamais marché. Mais, dans ce cas, c'est Paul, et non Pierre, qui le fait se lever d'un bond et marcher.
Registre supérieur. Trés largement restauré, peu de pièces originales.
1. Saint Pierre libéré de prison.
C'est la belle histoire racontée par le chapitre 12 des Actes des Apôtres. (Elle prouve que saint Pierre possédait au moins une paire de sandales).
" Vers le même temps, le roi Hérode se mit à maltraiter quelques membres de l'Église, et il fit mourir par l'épée Jacques, frère de Jean. Voyant que cela était agréable aux juifs, il fit encore arrêter Pierre. C'était pendant les jours des pains sans levain. Après l'avoir saisi et jeté en prison, il le mit sous la garde de quatre excouades de quatre soldats, avce l'intention de le afire comparaître devant le peuple après la Pâque. Pierre était donc gardé dans sa prison,; et l'Église ne cessait d'adresser pour lui des prières à Dieu. La nuit qui précéda le jour où Hérode allalit le afiree comparaître, Pierre, lié de deux chaînes, dormait entre deux soldats, et des sentinelles davant la porte gardaient la prison."
" Et voici, un ange du Seigneur survint, et une lumière brilla dans la prison. L'ange réveilla Pierre, en le frappant au coté, et en disant : Lève-toi promptement § Les chaînes tombèrent de ses mains. Et l'ange lui dit : Mets ta ceinture et tes sandales. Et il fit ainsi. l"ange dit encore : Enveloppe-toi de ton manteau, et suis-moi. Pierre sortit, et le suivit, ne sachant pas que ce qui se faisait par l'ange fût réel, et s'imaginant avoit une vision."
"Lorsqu'ils eurent passés la première garde, puis la seconde, ils arrivèrent à la porte de fer qui mène à la ville, et qui s'ouvrit devant eux ; ils sortirent, et s'avancèrent dans une rue. Aussitôt l'ange quitta Pierre".
2. Dispute avec Simon le magicien.
Les relations de Pierre avec Simon le Mage, palestinien qui faisait preuve de talent dans des prouesses physiques (comme celle de voler devant la foule ébahie), sont, très shématiquement de deux ordres : celles lièes à la condamnation de la simonie, vénalité des valeurs spirituelles, décrites dans les Actes des Apôtres, et celles lièes au judéo-christianisme, théme majeur des Actes. Les discussions entre les deux protagonistes se trouvèrent exposées dans un texte du Ve siècle, les Homélies ou Recognitions Pseudo-clémentines, qui rassemblent l'argumentation contre les opposants de Pierre ou de la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem autour de Jacques, frère de Jésus, en faisant de Simon Le Magicien le porte-parole de toutes tendances confondues.
a) La condamnation de la simonie.
Les Actes des apôtres consacrent le début du chapitre 8 à l'histoire de Simon, "qui, "se donnant pour un personnage important, exerçait la magie et provoquait l'étonnement des foules de Samarie" qui le considérait comme investi de la puissance divine. Mais quand ce peuple vint écouter plutôt la bonne nouvelle annoncée par Philippe, Simon vint se faire baptiser et ne quitta plus Philippe, observant lesmiracles et les grands prodiges qu'il réussisait. Il profita d'un voyage de Pierre et Jean en Samarie pour proposer aux apôtres de leur acheter leur pouvoir d'imposition des mains et de transmission du Saint-Esprit. Pierre, dont on connaît la nature vive, l'envoya au diable avec ses deniers sonnants et trébuchants en disant
" Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s'acquérait à prix d'argent ! Il n'y a pour toi ni part ni lot dans cette affaire, car ton coeur n'est pas droit devant Dieu. Repens-toi donc de ta méchanceté, et prie le Seigneur pour que la pensée de ton coeur te soit pardonnée, s'il est possible : car je vois que tu es dans un fiel amer et dans les liens de l'iniquité".
Depuis lors, dans l'Église, on donna le nom de "simonie" au péché de faire commerce des bénéfices spirituels du culte comme les grâces, les bénédictions, le pardon des péchés, les indulgences raccourcissant le séjour au Purgatoire, ou tout les sacrements, ainsi que toute tentative de corruption des clercs.
Simon le magicien apparaît donc dans les Actes comme l'inique, le méchant cupide, voué aux puissances de l'argent. Jean-François Faû a montré comment les artistes du Moyen-Âge représentaient ces personnages systématiquement en Juifs quelque-soit leur religion. C'est encore le cas à la Rennaissance, nous en avons vu un exemple avec Pilate, et en voici un autre avec Simon, qui est représenté de profil, avec la barbe longue qui s'oppose à la barbe taillée de Pierre, avec le turban associé à un chapeau terminé par une houppe, et qui recouvre un bonnet dont on ne voit que les pointes tombant sur les oreilles et s'achevant par un gland de frange. Sa tenue est complétée par le manteau , la tunique dorée courte dont les manches s'évasent en deux "tsitsit" rouges ou franges rituelles. Le geste de la main droite, qui désigne le livre, est particulier, le pouce apparaissant entre index et majeur comme pour faire la corne...du diable.
Derriére lui, un personnage est coiffé du chapeau pointu jaune ou pileus cornutus dont le port fut imposé aux juifs après le Concile de Latran de 1215, mais qui était abandonné à l'époque de ce vitrail. Il sert donc seulement à renforcer la stigmatisation.
b) les "disputes" autour du judéo-christianisme.
Ce sont bien ces discussions qui sont représentés sur le vitrail et non l'épisode de la simonie. Nous sortons du fait-divers exploité pour nous placer dans l'histoire, celle de la naissance de la religion chrétienne, avec toutes les polémiques et les échanges, soit entre les apôtres eux-mêmes, soit entre l'Église primitive et des tendances hérétiques.
Au centre de ces débats se trouve la place à donner au judaïsme. Pierre et surtout Jacques font partie de ceux qui souhaitent maintenir leur identité juive et respecter la Torah, tout en supprimant les sacrifices, le Christ ayant accompli le sacrifice rédempteur, alors que Paul apôtre des "gentils" (païens) prèche pour l'universalité, et pour l'opposition entre la Loi (torah) et la Foi . Des discussions ont lieu pour savoir si la communauté peut baptiser des "païens" non circoncis ou pour décider s'il faut leur imposer les lois mosaïques. Cela motive la réunion du Concile de Jérusalem en 50, ou Pierre prend position pour l'admission des païens sans les soumettre à ces lois, et Jacques à sa suite déclare (Actes des Apôtres 15, 19-20) qu'il ne souhaite que trois restrictions : "Je suis d'avis qu'on ne crée pas de difficulté à ceux des pïens qui se convertissent à Dieu, mais qu'on leur écrive de s'abstenir des souillures des idoles, de l'impudicité, des animaux étouffés et du sang".
Rappellons nous que Pierre est mort à Rome en 65, alors que la chute du Second Temple de Jérusalem suivie par la Diaspora date de 70. Rappellons aussi qu'une discussion entre spécialistes a lieu de nos jours pour préciser si le Christianisme s'est séparé du Judaïsme soit avec les positions de Paul de Tarse, soit, plutôt, au IVe siècle.
Les Pseudo-clémentines, textes apocryphes des évangiles du IIIe siècle attribués à Clément, premier évêque de Rome, décrit l'itinéraire de Pierre et ses discussions et entretiens avec divers protagonistes, dont principalement Simon le Mage. Dans les textes pseudo-clémentins, Pierre s'oppose à Paul dont Simon le Magicien constituerait une sorte de prête-nom, et le christianisme paulinien y est présenté comme hérétique..
Les discussions y amènent aussi Pierre à réfuter à travers les propos de Simon les thèses du marcionisme, et l'existence de deux dieux, un dieu bon mais extérieur au monde, et un démiurge, créateur, sévère, vengeur et foncièrement mauvais. Marcion se présentait comme un nouveau Paul, plus radical qui lui dans son rejet de la Torah.
Le face-à-face de Pierre et de Simon dans ce vitrail est donc à considérer comme le témoin des difficultès rencontrés par le groupe des apôtres issu d'une communauté judaïque de Galilée et confronté à l'héllénisme d'une part, aux pharisiens d'autre part, à la multitude des dérives gnostiques ou hérétiques.
3. Comparution devant Néron.
Cette scène n'a sans-doute pas de réalité historique. On sait d'après Tacite que Néron, après le Grand Incendie de Rome en 64, voulut faire taire les rumeurs qui lui en attribuaient la responsabilité et en accusa les chrétiens, qu'il persécuta. Dans la tradition, Pierre aurait été victime de cette persécution en 64 et Paul en 67. Mais il est tout-à-fait improbable que Néron ait interrogé Pierre.
Pierre qui avait été le premier évêque d'Antioche pendant sept ans, serait venu à Rome au début du règne de Néron (54), vivant en clandestin.
Le vitrail montre quatre personnages : saint Pierre, un garde romain, Néron figuré comme un roi de France, identifié par l'inscription du manteau, et un quatrième, vêtu d'une tenue orientale ou hébraïque, et en pleine argumentation digitale avec Pierre.
Est-on certain du titre donné à ces panneaux ? Car quelque chose ne colle pas : ce roi nommé Néron (par le restaurateur, car le panneau a été refait sauf la tête de lancette et la partie inférieur) est le même qui, sur la scène précédente, semble un intrus dont la présence ne s'explique pas. Et ici, c'est ce personnage, doublon de Simon Le Magicien, qui n'explique ce qu'il fait là.
4. Crucifiement de saint Pierre.
Traditionnellement, on dit que le martyre de saint Pierre eut lieu dans l'enceinte du Circus Vaticanus qu'avait construit Caligula sur la colline Vaticane, inter duas metas, "entre les deux bornes" de la spina du cirque ; soit approximativement là où s'élève la Basilique Saint-Pierre de Rome.
Eusèbe de Césarée, dans le premier chapitre de son Histoire Écclésiastique Livre III, écrit que " venu à Rome en dernier lieu, il y fut crucifié la tête en bas, ayant demandé de souffrir ainsi". On ajoute souvent le commentaire qu'il fit ce choix par indignité de subir le même martyre que le Christ.
Tympan :
Dans sa partie basse, Réssurrection et anges adorateurs très dégradés.
Dieu le Père et la colombe du Saint-Esprit, pui deux anges tenant l'un la lance, l'autre la couronne d'épine.