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11 décembre 2015 5 11 /12 /décembre /2015 23:07

Lors de la visite de la section des antiquités égyptiennes du Musée de Grenoble, après la salle qui renferme la spectaculaire momie de la prophétesse d'Antinoé, on découvre une autre salle où six "cercueils anthropoïdes" (nom officiel des sarcophages) sont alignés, en deux vitrines distinctes. 

Dans la première se trouvent :

1. Le cercueil anthropoïde de Naâkhons fils de Pétéamenti, XXVe ou XXVIe dynastie (751-525 av.J.C).

2. Le cercueil anthropoïde antérieur du marinier d'Amon Nehemsimontou. XXVe s-début XXVIe dynastie (751-656 av. J.C.) .

3. Le cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout. 

C'est ce dernier que j'ai tenté de photographier malgré la vitre et les reflets, afin d'en comprendre le décor. J'ai ensuite découvert que l'un des points qui ont attiré l'intérêt des spécialistes réside dans le décor floral et ses liserons ; je l'ai donc examiné de plus prêt.

J'ai largement fait appel aux renseignements fournis par le Musée de Grenoble sur son site, et à ceux puisés chez les auteurs cités en Source.

Encore une fois où je me coucherais moins bête ! Mais cela me tracasse : où cela s'arrêtera-t-il ? 

Qui a répondu "Pas de danger, y-a du boulot !" ?

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LE CERCUEIL DE LA CHANTEUSE D'AMON HATSHEPSOUT.

 

Le cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout.  MG 3572.  XXIe dynastie (1085-950 av. J.C). Bois stuqué et peint ; revers du couvercle stuqué et peint. . Sarcophage dont l'intérieur de la cuve n'est pas décoré. 191 x 53 x 54 cm

Inv.: Couvercle MG 3572 (1) , Cuve MG 3572 (2). ancien numéro autre organisme : BMG 1550 et BMG 1675.

I. Provenance Achat par la Ville de Grenoble lors de la dispersion de la collection Dubois-Aymé (commune de Meylan, Métropole de Grenoble), avec le concours financier du général Léon de Beylié le 17 juillet 1907. (achat :  300 francs dont 100 francs donné par le généreux général)

Jean-Marie, Joseph, Aymé Dubois, dit Dubois-Aymé, né à Pont-de-Beauvoisin en 1779, élève brillant (polytechnicien à 16 ans), ingénieur des Ponts et Chaussées, officier de génie, haut fonctionnaire des douanes, député de l’Isère, Dubois-Aymé est surtout connu comme archéologue. En 1798, il participe à l’expédition en Égypte aux côtés de Bonaparte où il étudie le Nil, son delta, et les systèmes d’irrigation. Il se passionne pour la civilisation égyptienne et devient un brillant égyptologue. De retour en France en 1801, il entre dans l’administration des douanes et se lance dans une carrière politique. Rendu à la vie privée, il se retire à Meylan dans sa propriété de l’Enclos acquise en 1824, où il installe un petit musée constitué d’objets rapportés d’Égypte, ultimes souvenirs de la Terre des Pharaons, dont une partie se trouve aujourd’hui au musée de Grenoble. À sa mort, le 11 mars 1846, il était conseiller municipal de Meylan et avait publié de nombreux ouvrages sur l’Égypte ancienne. 

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Général Léon de Beylié  le plus important mécène du musée de Grenoble. 

Né en Alsace, Léon de Beylié appartient à l'aristocratie dauphinoise par son père qui lui transmet son goût pour les arts et l'initie très tôt aux collections du musée de Grenoble. Sa vocation militaire et l'extension française en direction des pays de l'Asie du Sud-Est qui l'amènent aux fonctions de général de brigade dans l'infanterie de marine à partir de 1903, bien loin de ses terres d'origine, ne le détacheront pourtant jamais de son "cher" musée et il n'aura de cesse de lui offrir le meilleur de ses découvertes artistiques. Amateur d'art éclairé, il est un visiteur infatigable des salons, des expositions, des marchands d'art, des villes et des grands musées européens. Son intérêt le porte aussi vers l'archéologie, discipline pour laquelle il finance et initie des fouilles en Afrique du Nord et en Asie du Sud-Est, relatant hypothèses et conclusions dans ses écrits. A ce goût et à cette conscience que l'art et son histoire n'ont aucune limite de temps ni de lieu, la collection d'Antiquités du musée doit des pièces essentielles : deux masques funéraires d'Antinoé (Moyenne Egypte) du IIIe siècle et deux bas-reliefs de Palmyre (Syrie) de la fin du IIe ou du début du IIIe siècle, dons respectifs de 1900 et 1907. Les architectures byzantine et indienne feront aussi l'objet de publications et la riche documentation textuelle et en images qui alimente ses ouvrages ne cesse de nous interroger encore sur l'activité prodigieuse et l'énergie hors du commun du général de Beylié.

Sa curiosité sans cesse en éveil, son ouverture sur toutes les cultures qu'il côtoie pendant ses missions et ses voyages lui donnent l'opportunité d'acquérir une multitude d'objets "chinés". Embryons d'une collection personnelle, ils viendront rejoindre dès les années 1890 la salle des collectionneurs du Musée-Bibliothèque mais l'importance de ces dons (près de 2 000 objets), provenant pour l'essentiel de l'Asie du Sud-Est où Léon de Beylié effectue cinq missions entre 1884 et 1910, année de sa mort tragique dans les eaux du Mékong, aboutiront en 1900 à l'ouverture d'une salle portant son nom.

 

II. Datation. La XXIe dynastie.

D'après Wikipédia.

La Troisième Période intermédiaire est la troisième transition qui relie les deux les grandes époques du Nouvel Empire et de la Basse Époque, dernier chapitre de l'histoire de l'Égypte pharaonique. Elle débute par la  XXIe dynastie dite Tanite en raison de sa capitale sise à Tanis dans le delta oriental du Nil. En parallèle une dynastie de grands prêtres d'Amon règne sur la Haute-Égypte depuis Assouan jusqu'à Teudjoï en Moyenne-Égypte. Depuis Tanis qui devient la capitale, les pharaons de la dynastie devront composer avec les pontifes thébains : les « Premiers Prophètes d'Amon », véritables rois, grands prêtres d'Amon qui résident eux à Thèbes, et avec lesquelles ils entretiennent des liens étroits et familiaux.

À la fin de la XXe dynastie, Ramsès XI (-1098 à -1069) a perdu tout pouvoir et le pays se divise : à partir de -1080 environ, Hérihor, grand prêtre d'Amon à Thèbes, devient une sorte de pseudo-pharaon, à Thèbes alors que Ramsès XI dirige le nord du pays. À sa mort, Smendès, un inconnu, peut-être apparenté à Hérihor, fonde la XXIe dynastie, qui ne règne que sur la Basse-Égypte, il installe sa capitale dans le Nord-Est du delta du Nil, à Tanis. Le clergé d'Amon continue de régner sur la Thébaïde, dans une vassalité toute théorique à l'égard du pharaon. 

Liste des pharaons : 

  • Nesbanebdjed Ier (Smendès Ier) -1069 à -1043
  • Pinedjem Ier-1054 à -1032
  • Amenemnesout-1043 à -1040 / -1039
  • Psousennès Ier ou Pasebakhaienniout Ier-1043 à -991
  • Aménémopé-993 à -984
  • Osorkon l'ancien-984 à -978
  • Siamon-978 à -959
  • Psousennès II ou Pasebakhaienniout II-959 à -945

Je peux déjà m'ôter une idée fausse : cette chanteuse n'a rien à voir avec la reine Hatchepsout, de la XVIIIe dynastie. Mais une inscription de ce cercueil précise qu'elle est chanteuse d'Amonrasonter (= Amon-Rê, roi des dieux) », alors que son nom «Hatshepsout » [Ha.it-sheps.ouit selon P. Tresson] est écrit sur une surface grattée, replâtrée et repeinte.

"Chanteuse" s'écrit hst, avec le déterminatif du bras, la main pointant vers le bras et signifie à l'origine "frapper des mains" ou plutôt "rythmer le chant avec des battements de mains", alors qu'à partir du VIe siècle hst signifie "psalmodier, chanter, réciter des louanges"

Puisque le culte d'Amon était célébrée à Thèbes, ce cercueil provient de la nécropole thébaine.

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III. Le culte d'Amon.

" Le culte était rendu à Amon à la fois par des hommes et par des femmes. Les hommes portaient les titres officiels suivants : 

1° le premier prophète d'Amon; 

2° second prophète d'Amon; 

3° troisième prophète d'Amon;

4° prêtre d'Amon;

5° hiérodule d'Amon; 

6° danseur d'Amon. 

Les femmes pouvaient être :

1° chanteuses d'Amon; 

2° tympanistes d'Amon; 

3° harpistes d'Amon; 

4° joueuses de sistre d'Amon; 

5° divines épouses d'Amon.

Les premiers prophètes d'Amon jouirent d'une puissance considérable et jouèrent un rôle important dans l'histoire d'Égypte. Les femmes les plus illustres de l'Égypte étaient admises au sacerdoce d'Amon; les musiciennes divines que nous connaissons sont toutes les femmes ou les filles de hauts dignitaires; les reines et les princesses de la XXIe dynastie étaient toutes chanteuses, tympanistes ou harpistes d'Amon. Quant au titre d'épouse divine d'Amon, nous le voyons porté, dès la XXe dynastie, par les femmes des derniers Ramessides. Les historiens  grecs Hérodote, Diodore etStrabon désignent ces épouses divines sous le nom de pallacides et nous les décrivent comme se livrant à la prostitution rituelle dans le temple d'Amon de Thèbes. 

Nous avons vu qu'Amon avait un caractère solaire et un caractère ithyphallique. Dans chacun de ces rôles il appartient à une triade distincte. Dieu solaire, il a Maut comme épouse et Khonsou comme fils; dieu ithyphallique, son épouse est Amont-t et son fils est Horka. Les monuments représentent Amon solaire sous la forme d'un personnage à figure humaine peinte en bleu, surmontée de deux longues plumes dressées et parallèles. Tantôt la tête humaine est remplacée par une tête de bélierornée du disque solaire, tantôt, mais plus rarement, par une tête d'épervier ornée également du disque. "

http://www.cosmovisions.com/$Amon.htm

 

Notre "chanteuse" était donc une prêtresse d'Amon issue d'une famille de dignitaire, famille dans lesquelles la fonction se transmettait de mère à fille.

—. Le Musée du Louvre conserve les bustes de deux dignitaires du Nouvel Empire, Senynefer chef du bureau du roi, et son épouse Hatchepsout (eh oui). Sénynéfer était  majordome du palais royal et prêtre Ouab d'Amon, et son épouse Hatchepsout était chanteuse d'Amon. Rien à voir avec une chanteuse de cabaret.

— Toujours au Louvre, on peut voir le cercueil anthropomorphe de la chanteuse d'Amon Tanetchedmout. Le site propose 13 images, radiographies, etude en infrarouge et ultraviolet.  Il date justement de la XXIe dynastie, et c'est l'occasion de  le comparer avec celui-ci.

— En 2011 a été découvert par Suzanne Bickel et Elena Pauline-Grothe le cercueil et la momie de la chanteuse (shemayet)  d'Amon Nehmes Bastet, XXIIe dynastie, dans la tombe KV64 de la Vallée des Rois, en face de Thèbes. Elle serait la fille du grand-prêtre de Thèbes. Voir archive. archaeology.org

et une image sur http://www.delo.si/kultura/dediscina/nakljucno-odkritje-grobnice-pevke-v-dolini-kraljev.html

Une stèle retrouvée dans la même tombe montre la femme dans une robe de lin blanc en face d'un dieu à tête de faucon assis et adressant une prière à plusieurs divinités.

 

  Adrom, Faried and Bickel, Susanne and Münch, Hans-Hubertus and Peintner, Erico. (2013) Die Holzstele der Nehemesbastet aus KV 64. Mitteilungen des Deutschen archäologischen Instituts. Abteilung Kairo, Bd. 67 , S. 1–15.

— On peut voir aussi la description de la tombe TT51 à Thèbes d'Ouserhat, XIXe dynastie, grand-prètre de Thoutmôsis Ier, dont la mère et les épouses sont des chanteuses de Montou ou d'Amon. Son épouse se nomme...Hatchepsout.

http://www.osirisnet.net/tombes/nobles/userhat51/userhat51_01.htm

Le sarcophage de sycomore et la momie du musée de l'Hospice Saint Roch d'Issoudun  étudié par  Éloïse Noc sont ceux d'une chanteuse d’Amon-Rê, roi des dieux, et musicienne du chœur de Mout la Grande, maîtresse de l’Ichérou. Elle officiait  dans les temples du domaine de Karnak. Datés de la XXIe dynastie, ils proviennent   de la nécropole de Gebelein.

 Chants dans l'Égypte antique.

Musique dans l'Égypte antique

 

IV. Description.

Cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout . Il prend l’apparence du corps momifié de la défunte. J'ai emprunté deux photos générales (impossibles à prendre lors d'une visite) au site du Musée, photo Jean-Luc Lacroix.

J'étudierais :

A. Le Couvercle.

B. Le couvercle et la cuve : les pieds.

C. La cuve, le bord gauche (seul exposé).

  Les thèmes reproduits font la part belle aux motifs végétaux : nymphéas, liserons ( un végétal rarement représenté) et lotus. Un grand lotus épanoui est posé sur la tête. 

A. Le couvercle.

On peut y décrire cinq parties : la tête et sa coiffure ; les épaules et les deux bras croisés sur la poitrine ; l'abdomen, où est peint une femme étendant ses ailes d'oiseau . Ces trois parties sont peintes sur un fond de couleur or. Les jambes sous une tunique. Les pieds nus.

 

Cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo Jean-Luc Lacroix.

Cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo Jean-Luc Lacroix.

La tête.

 Celle-ci est coiffée d’une perruque tripartite noire décorée alors que ses mèches retombent sur sa poitrine. La perruque est délimitée sur le front par un bandeau à petites pièces rectangulaires rouges et noires.  Le sommet de la tête n'a pas pu être photographié, mais, sur le front, le grand lotus qui  épanouit sa corolle triangulaire doit y naître.

Deux boucles d'oreille rondes décorées d'un motif d'étoile sont réunies par un ruban bleu turquoise.

Plus bas, les pans de la perruque Entre les pans de la perruque, la défunte porte un large collier ou pectoral composé de plusieurs bandes géométriques polychromes. Les dits pans viennent mourir sur deux charmants monticules, décorés de traits multicolores et radiants. Entre les deux, le disque solaire, encadré de deux cobras coiffés des couronnes blanche et rouge, et du signe de vie.

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Cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

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La poitrine.

Les bras sont croisés, ils portent des hiéroglyphes et des figures (4 divinités  à droite, et une dizaine d'œil oudjat à gauche. Les quatre lascars sont les quatre fils d'Horus dont l'abbé Tresson me souffle les noms : Hâpi, Qebeh-senou.f, Amsty et Doua-moutef. Toujours selon le même érudit, "la déesse Neith, à tête féminine, sommée d'un ciel, et au corps de faucon, tient largement étendus ses bras ailés et ses pattes munis de sceaux. Elle domine deux Anubis à forme de chacals couchés devant deux signes kherp et entourant Osiris assis, que surmonte le soleil se levant sur la montagne et qu'Isis protège de ses ailes abaissées. Le dieu des morts reçoit l'adoration de la défunte dont l'âme-oiseau répête, sur les cotés, le même geste à droite [et à gauche] ". La main droite a disparu à moitié, et les doigts longs de la main gauche sont brisés.  Les poignets portent des bracelets multicolores, et  les mains en relief  qui ne tiennent aucun accessoire, portent des bagues, ou plutôt de larges traits noirs.  .

L'abdomen.

 

Le registre inférieur est occupé par la  déesse Nout accroupie aux ailes étendues ..."qu'encadrent deux yeux ouzat sur panier totémique, deux avirons et deux âmes-oiseaux faisant face à deux vases" détails qui ont échappé à mon objectif mais non à l'œil de l'abbé Tresson. J'en poursuis la lecture : "Sous la déesse, une colonne centrale contient le nom de la défunte, ainsi que ses titres et un discours à Nouit [sic] et elle s'étend jusqu'à la base où elle sépare les pieds". Mais il ne dit mot des   quatre longues tiges de liseron qui descendent sur la robe à partir de la taille : je marque un point.

 

Cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

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Cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

B. Le couvercle et la cuve : les pieds. Nephtys et pilier djed.

Sur le couvercle, une déesse accroupie, tournée vers la droite, le sein gauche nu et vêtue d'une robe, tient dans ses bras élevés en U deux tiges de papyrus, autour desquelles s'enroulent des liserons. Un signe de vie ânkh est enfilé comme un bracelet sur chaque bras. Au dessus de son front ceint d'un bandeau rouge, est figurée une sorte de portique (l'hieroglyphe Nb.t-ḥw.t) qui identifie cette déesse comme Nephtys

Nephtys par Jeff Dahl, travail personnel sous licence:

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La cuve est ornée au centre d'un pilier djed (premier emblème d'Osiris) au fût rouge et bleu. Au dessus des quatre plateaux habituels est figuré un  rond rouge (Râ ?). Le pilier djed est un symbole de stabilité, redresser le djed est un rite destiné à redonner vie au dieu.

 

 

Type III : En bois stuqué et peint, il date de la XXIème dynastie. Une place particulière a été réservée aux représentations végétales, les classiques lotus et papyrus, mais aussi les liserons. Sur le couvercle, quatre longues tiges de liseron descendent sur la robe à partir de la taille. 

Pied du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.
Pied du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Pied du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

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C. La cuve.

Le long plateau vertical est divisé en deux parties : dans la partie gauche, les deux tiers correspondants à la partie basse du corps sont divisés  en treize loges, occupées chacune par un personnage (une divinité). Le tiers céphalique accueille, en une seule scène, une procession où une femme, tournée vers la droite  voit venir face à elle quatre dieux , Horus, Osiris, Atoum et Thot. 

Sur l'autre face, que je ne vois pas, Paul Tresson signale douze autres loges, qu'il nomme naos. 

Je vais donc ouvrir chacune des loges, comme autant de fenêtres d'un calendrier de l'Avent, et rendre visite à son occupant qui me posera sa devinette : "qui suis-je? Que dis-je ?". Pas facile pour un touriste !

Comme disait Guy Lux, "En voiture Simone ! C'est moi qui conduit, c'est toi qui klaxonne !" (Simone Louise de Pinet de Borde des Forest a été une des premières femme pilote automobile dans les années 30).

 

 

 

 

 

 

 

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Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo Jean-Luc Lacroix.

Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo Jean-Luc Lacroix.

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C1 La partie distale de la cuve. Treize loges.

Voici déjà une vue d'une levée des cinq premières cartes. Puis, je les étudierai souvent et arbitrairement deux par deux.

Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Loge 1 et 2. Thot et Hatsepsout.

L'encadrement va se répéter tout le long de cet ensemble : des cloisons horizontales alternent des rectangles bleu et des bandes rouge-vert-rouge. Ce motif coloré se retrouve dans la bande supérieure qui suit le bord supérieur de la cuve. Chaque loge est couronnée soit par neuf sortes de quilles bleu et rouge, soit  par une tête de faucon sous des fleurs de lotus.

— Que vois-je en queue de cortège ? Un dieu à tête d'ibis, que j'identifie peut-être un peu rapidement comme le dieu Thot. Sur le site L'Egypte antique, sur un cercueil de la XXIIIe dynastie quatre divinités à tête d'ibis occupent  les quatre coins et tiennent les quatre supports du ciel. Or, Thot est figuré ici aussi aux deux extrémités de notre frise.

Ce dieu porte une perruque, un gilet à rayures bleu, jaune, verte et rouge, une ceinture rouge qui tombe sur le sol en s'évasant, et un pantalon à motifs d'écailles.

— Dans la loge n°2, une femme. Est-ce la chanteuse Hatshepsout, ou une divinité ?  Les signes et idéogrammes ânkh-djed (signe de vie et pilier) sont suspendus à son bras gauche, qui est élevé comme pour saluer. Un lotus, sur sa tête, reçoit les rayons du soleil Râ. Elle tient dans la main droite un vase (eau ? parfum ?) dont elle verse le contenu sur le sol. Le liquide est représenté par une double ligne bleue, continue et discontinue.

J'ai cru d'abord qu'elle tenait un luth, type luth hittite. Paul Tresson décrivait "deux instruments de musique (sistre, crotale)". Je me marre.

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Loge 1 et 2, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Loge 1 et 2, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

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Loge 3 et 4. Horus et Anubis.

Allez, je me lance : ce sont les loges des dieux Horus, à tête de faucon, et Anubis, à tête de chacal. Mais aucun ne porte d'attribut sur sa tête. Leur costume est le même que pour Thot, avec la même ceinture, de deux couleurs différentes. 

 

Loge 3 et 4, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Loge 3 et 4, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

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Loge 5 et 6. Chez Râ et chez Harsaphes.

On comprend ici que le tronc et le pantalon des personnages est un patron stéréotypé qui va se répéter et que seule la partie qui correspondrait à la tête va changer. Mais, ici, pas de tête. A la place, le signe d'un soleil rouge et de l'uraeus, le cobra : c'est le dieu Râ. (Image Jeff Dahl)  Son voisin est plus difficile à déterminer : il porte le cercle solaire rouge, la couronne atef , et, latéralement, deux cornes de...Ah, cornes de bélier ! c'est le dieu criocéphale Harsaphes, une divinité solaire liée à la justice. (Image ici)

Je me demande bien chez qui je vais frapper maintenant.

 

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Loge 5 et 6, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Loge 5 et 6, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

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Loges 7 et 8. Khépri et Harsaphes.

Toc-toc-toc ! Le premier à m' ouvrir est Khépri, le dieu-scarabée, sous sa forme ailée, poussant traditionnellement le globe solaire (absent sur le cercueil):

On sait que le scarabée stercoraire (Scarabeus sacer)  forme une boule d'excrément (protégeant l'oeuf et la larve), qu'il pousse ensuite. Sa forme divinisée, le dieu qui pousse le soleil devant lui, est Khepri "Celui qui sort de la Terre", nom ayant la même sonorité que le concept signifiant "venir au monde sous une forme donnée". La couleur noire du scarabée est celle de la terre fertile et évoque la vie jaillissant du néant.  Khépri ("Le soleil en devenir", ) est donc une entité de la mythologie égyptienne associée au soleil et symbole de la renaissance. Il est représenté par un homme à tête de scarabée ou comme un scarabée poussant devant lui le disque solaire. Il renaît chaque matin avant de devenir Rê, le soleil à son zénith, puis Atoum, le soleil couchant. Il était adoré à Héliopolis au côtés de Rê et d'Atoum, mais aussi partout  où l'on vénère Rê.  Par sa  faculté lui permettant de renaître tous les jours, Khepri devint le symbole de la Resurrection. Ainsi, Khepri devint très tôt une divinité funéraire, représentant l'âme se relevant dans la mort, préparée à faire son voyage vers l'au-delà et à faire face à son jugement. Au Nouvel Empire, (1539-1070 av J-C), les textes funéraires des Papyrus dépeignent le scarabée comme symbole de pouvoir et de victoire de la vie sur la mort.

 Dans le chapitre LXXXVdu Papyrus d'Ani, il est écrit : "Je me suis crée moi-même au milieu des eaux primitives (Noun) sous le nom de Khepri".

En tant que dieu solaire naissant, il est doté d'ailes de faucon.

Image Jeff Dahl. travail personnel sous licence.

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Son voisin est à nouveau  Harsaphes, hry-s.f, "Celui qui est sur son lac" , bien que son couvre-chef soit un peu différent du précédent. Je retrouve les quatre soleils rouges, les cornes torsadées de bélier et leurs deux uraei, la couronne atef, qui l'assimile à Osiris, mais l'élément central est fait de cinq lignes de perles nouées au sommet pour s'épanouir en corolle,comme un motif floral.

Son nom évoque les eaux primordiales, là où tout commença,  raison pour laquelle il était considéré comme une divinité de la fertilité. 

 

 

 

Loge 7 et 8, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Loge 7 et 8, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

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Loge 9 et 10. Isis et un chat.

La loge 9 est féminine, mais ici, ce n'est pas la chanteuse qui est figurée, mais la déesse Isis, que j'identifie par l'attribut en escalier qui la couronne. Elle possède de nombreux traits en communs avec Nephtys, et s'en distingue seulement par cet "escalier" qui est le hiéroglyphe du trône royal. Même longue robe moulante à bretelle, même bandeau rouge, même sein nu, même tige fleurie de lotus (absent sur le cercueil). Le peintre l'a représentée ici avec le même geste que la première femme de la frise, bras gauche levé. Sous ce bras sont inscrits quatre signes : le premier est l'anneau de corde tressée "cadre rond en cordage" "encercler", 10 000 000" sn, forme originelle du cartouche royal, déterminant dans snw, "cartouche". Puis viennent trois signes de l'ondulation de l'eau, phonogramme "n", ces trois signes composant le bilitère  mw, mou, "l'eau", Gardiner N35a pour les liquides et les actions liées à l'eau. Isis est-elle qualifié de divinité des eaux ? 

La main droite est tournée vers le bas au dessus de la plume de Maât, ou signe i, puis ???

 "Isis par Jeff Dahl : Travail personnel.  Sous licence".

   

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La loge 10 est animale : un chien à la robe tigrée est assis sur un trône .

— "Mais non, c'est un chat qui porte une longue cravate et qui est assis sous un naos à haute porte".

Surpris par cette voix dans mon dos, je me retourne. Pas un chat ! 

— "C'est moi, le bon abbé Tresson. J'ai sous les yeux le tome II du Dizionario di mitologia egizia de mon collègue Ridolfo Lanzione. Regardes la planche 249 n°9 !" 

Problème : je n'ai pas vu  de planche sur le bouquin qu'il me tendait. Je donne ma langue au chat.

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Loges 9 et 10, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Loges 9 et 10, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

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Loges 11 et 12. Maât et  Râ (?).

Le personnage suivant porte une plume sur la tête, et c'est donc Maât, la déesse de la Justice et de l'équilibre, qui apparaît, bien que des rayures donnent l'impression d'un homme barbu. Un serpent sort de sa bouche. C'est l'image de l'observance idéale de la règle à laquelle les êtres et les dieux doivent se comformer. (*)

Ensuite vient quelque chose d'assez curieux, comme si l'occupant de la douzième loge prenanit sa tête, en forme de globe solaire rouge marqué de l'œil d'Horus Oudjat, et la soulevait au dessus de lui pour s'arroser d'une pluie sanglante, en fait les rayons solaires. Ses mains portent, à droite et à gauche, le signe du souffle de vie ânkh. Est-ce Râ ?

(*) Je commets ici une erreur : il s'agit du "dieu Bès dont le masque barbu crache le serpent cracheur " (Kueny & Yoyotte 1979, cf.infra)

Loges 11 et 12, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Loges 11 et 12, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

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Loge 13. Néfertoum ?

La procession s'achève avec un dieu à cornes de bélier : Harsaphes ?  ? Khnoum ?  Sobek ? Au dessus, deux hiéroglyphes :

  •  le cœur et trachée artère Gardiner F35 correspondant au phonogramme nfr dans l'adjectif nfr "bon" 
  • le traineau Gardiner U15, qui est le bilitère tm (tèm).

Cela peut correspondre à Nefertoum Nfr-tm : il s'agit du  fils de Ptah et de Sekhmet. Évoquant le parfum du lotus, il est représenté par un lion ou plus souvent par un jeune homme portant une fleur de lotus dans les cheveux. 

Certes, je ne vois ici ni lotus sur la peinture, ni lotus stylisé sur la tête du dieu ; et les cornes de bélier ne s'accordent pas avec cette hypothèse.

 

 

 

 

Loge 13, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Loge 13, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Récapitulatif.

Nous avons vu successivement Thot, la chanteuse défunte Hatshepsout, Horus, Anubis, Râ, Harsaphes, Khépri, Harsaphes, Isis, Anubis, Maât, Râ et Nefertoum. Si, (ce n'est guère probable), je ne me suis pas trompé.

Il est temps de passer à la partie proximale de la face gauche de la cuve, où m'attendent cinq invités. Cela sera-t-il plus facile ? J'ai hâte de m'y confronter. 

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C2. Partie droite du panneau. Cinq personnages.

Une femme, à gauche, fait face à quatre divinités. Les compartiments colorés font place ici à des inscriptions hiéroglyphiques placés en registre supérieur.

 

 Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

La chanteuse Hatshepsout.

La femme qui est peinte ici possède des points communs si nombreux avec celle qui débutait la procession précédente que l'on peut affirmer qu'il s'agit du même personnage : la chanteuse défunte : même perruque au bandeau bleu gris, même longue robe moulante de gaze, mêmes bracelets de bras et de poignets, même collier pectoral bleu, même geste de salut du bras gauche. C'est donc, ici aussi, une fleur de lotus qui se recourbe sur la chevelure, irradiée par les rayons d'un soleil rouge. Et c'est aussi le contenu d' un vase qu'elle verse en libation sur un objet, posé sur une tablette.

Mais il y a ici un élément nouveau : sur son corps, à partir de la taille, quatre tiges de liseron descendent jusqu'à ses pieds.

Arrêtons-nous sur cette plante, qui apparaît ici pour la troisième fois (cf. couvercle et pieds). Un article du site osirisnet.net est consacré aux Liserons d'Égypte et leur rôle symbolique pour le défunt" :  http://www.osirisnet.net/docu/liseron/liseron.htm

J'en retiens ceci :

 Qu'il s'agisse du Liseron des champs Convolvulus arvensis retrouvé en guirlandes florales dans les tombes, ou d'une autre Convolvulacée, elle est représentée, avec une stylisation extrême, depuis le Moyen Empire, se   multipliant et s'affinant à la période amarnienne, et surtout  à l'époque ramesside, la plante restant le plus souvent attachée à la tige de papyrus, ou à des bouquets, mais pouvant aussi, plus rarement, en être séparée. Après la XXe dynastie,  le thème persiste, mais la qualité des représentations baisse. Ce succès sous les Ramses est probablement en lien avec les croyances spécifiques de l'époque, et notamment la place éminente qu'occupent les cultes solaires. Le liseron est nommé aussi Volubilis, et les anciens Égyptiens avaient peut-être remarqué la fécondité étonnante de la plante, qui se reproduit par ses rhizomes pour représenter la liane comme l'archétype de la renaissance , essentiellement choisie dans un but symbolique pour son caractère volubile exprimant la vigueur, pour la forme de ses feuilles en triangle ou en fer de flèche, et devenu ensuite conventionnel". La liane vit en contact très étroit avec le papyrus dans un biotope marécageux proche de la berge du Nil. Parfois les feuilles semblent directement jaillir de la tige du papyrus.L'ombelle de papyrus est souvent schématisée par les artistes, avec un aspect en corolle, qui servirait alors également au liseron de fleur unique, terminale, géante, tournée vers le soleil. Ainsi, chaque plante apporte à l'autre des éléments qui semblent lui manquer.

Six classes de représentation ont pu être distinguées. Dans le type I, une ou plusieurs lianes remontent en s'enroulant autour d'une tige de papyrus, à la recherche de la lumière. Dans le type II, les plantes pendent du toit de kiosques de verdure ou d'accouchement. Dans le type III, les plantes de liseronont été désolidarisées du papyrus, leur support naturel le plus fréquent (ce qui est facile, il n'y a pas de crampons) et constituent une offrande à part entière. C'est le cas pour le cercueil d'Hatshepsout. Dans le Type IV les fleurs campanulées de liseron apparaissent entre les fleurs ouvertes de lotus bleu.

 

  Le liseron avait une  caractéristique importante, qui explique sa représentation préférentielle, d'abord du temps d'Akhenaton, puis à l'époque ramesside (dont on sait qu'elle a repris à son compte de nombreuses idées amarniennes) : son héliotropisme très marqué. A l'image de la fleur qui recherche de toutes ses forces la lumière et ouvre ses fleurs au soleil levant, le défunt de l'époque ramesside aspire par-dessus tout à saluer, jour après jour, l'aube naissante. Dans le type V, les lianes sont incorporées à des bouquets. Enfin le type VI fait de la tige la métaphore des rayons solaires et vient irradier de ses corolles la défunte.

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La chanteuse Hatshepsout fait ici face, lors de sa traversée au royaume des morts, à quatre dieux orientés vers la gauche. Ce sont les dieux Râ, Osiris, Atoum, et Thot. Si leurs attributs diffèrent, ils tiennent  tous le sceptre ouas signe de leur puissance, et le signe ânkh signe de leur maîtrise de la vie éternelle ; ils portent le même pagne court doté d'une queue de taureau, et un collier. Osiris et Atoum portent la barbe postiche des dieux, reconnaissable à son extrémité recourbée. Notez l'alternance des couleurs des corps, vert, rouge, vert, rouge.


 

Deux représentations de la défunte,  Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.
Deux représentations de la défunte,  Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Deux représentations de la défunte, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

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Le dieu Râ.

C'est Râ-Harakté, ou Harakhty, ou Horakhti , forme la plus connue du dieu Râ, sa manifestation matinale  dans sa course diurne.  Son lieu de culte se trouve à Héliopolis, même si le sanctuaire le plus spectaculaire et le plus connu  est celui d'Abou Simbel édifié par Ramsès II. 

Le dieu Râ, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Le dieu Râ, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

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Le dieu Osiris.

A coté de moi, mon cicerone en soutane, Paul Tresson se tord de rire.  "Ah Ah, Osiris ! Mais c'est Nefertoum, voyons! "

Je jette un œil sur mon assistant numérique : " Néfertoum :  fils de Ptah et de Sekhmet. Évoquant le parfum du lotus, il est représenté par un lion ou plus souvent par un jeune homme portant une fleur de lotus dans les cheveux.  " Cela ne colle pas !

Mais l'abbé (1876-1959), qui a enseigné l'égyptologie à l'Université de Grenoble de 1944 à 1947 et qui est l'auteur d'une grammaire égyptienne, me montre  l'inscription placée au dessus de la canne ouas (notez au passage le repentir du peintre) : "C'est comme le Port-Salut : c'est écrit dessus !"

Trop facile, lorsqu'on lit les hiéroglyphes comme un Champollion. Pour moi, j'annone comme un âne.  Je reconnais la plume H6 et le serpent (la vipère f ou le cobra dj ? ou le cobra avec une plume I31), la trachée rouge en  un cœur vendéen  Gardiner F35, la luge Gardiner U15, mon répertoire de Rennes,  ... "Eh bien, F35 et U15 , cela fait nfr et tm, donc nefertoum".

 

Personnification du lotus primordial dont est né Râ, il est la forme juvénile du soleil. Or, il précède (ou succède, cela dépend) Râ-Horakthi , le soleil à midi. Tiens tiens...

 

 

Osiris, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Osiris, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

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Le dieu Atoum.

Atoum  a donné naissance au premier couple de divinités égyptiennes, Shou et Tefnout, qui sont les ancêtres de tous les principaux dieux de la religion de l'Égypte antique. On l'appelle parfois aussi Toum. Atoum est un dieu anthromorphe qui porte la double couronne (de haute et basse Égypte). Il est le dieu principal d’Héliopolis, ville au sud du Caire. Ses animaux sacrés sont le lion et le serpent. Lorsqu'il incarne le soleil couchant Atoum prend les traits d'un vieillard ou d'un homme à la tête de bélier. À l'origine, Atoum est le dieu soleil, mais il est rapidement assimilé à Rê, qui finit par le remplacer dans le panthéon égyptien.  Sous le nom de Rê-Atoum et sous l'aspect d'un vieillard courbé, il incarne le soleil couchant dans la triade d'Héliopolis : « Je suis Khépri le matin, Rê à midi, Atoum le soir».

Atoum par Jeff Dahl :

Mais pas du tout !, s'exclame mon guide Il suffit de lire : ces deux scarabées ! c'est Khépri ! C'est lui le soleil du lever matinal.

Bon. Moi, je vais me coucher.

 

Le dieu Atoum, cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Le dieu Atoum, cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

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Le dieu Thot.

Le dieu Thot à tête d'ibis  m'est particulièrement cher, car c'est  le dieu de l'écriture, du savoir, et de la médecine.

Représenté comme un ibis au plumage blanc et noir,  Thot capte la lumière de la Lune, dont il régit les cycles, à tel point qu'il fut surnommé « le seigneur du temps ». L'ibis est reconnu pour sa capacité à différencier une eau potable d'une eau non potable. De ce fait, sa transposition divinisée en fait un animal-dieu du savoir. Par extension, il est celui qui détient le savoir, et donc qui le transmet ; il devient naturellement le maître des écrits. C'est le scribe des dieux.

On remarquera donc qu'ici, à la différence du dessin de Jeff Dahl, il ne tient ni sceptre ouas, ni signe ânkh (bien qu'il pose la main sur celui d'Atoum), mais un rouleau de papyrus.

Thot par Jeff Dahl

Le dieu Thot, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

Le dieu Thot, Cuve du cercueil de la chanteuse d'Amon Hatshepsout , XXIe dynastie, Musée de Grenoble, photo lavieb-aile.

 

— MG 1998 cartonnage anthropoide de Djemoutefankh

s.d.

 

— Inv.: MG 1996 Cercueil anthropoïde de Psamétik fils de Sbarekhy

VIe siècle av. J.-C.

Tenons et mortaises métalliques fixés sur les bords du couvercle Bois stuqué et peint

188 x 54 x 46 cm

Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol.

Don de Gabriel de Saint-Ferriol, fils du comte Louis de Saint-Ferriol, en 1916

TRESSON (P.). - Catalogue descriptif des Antiquités égyptiennes de la salle Saint-Ferriol. - Grenoble, 1933. - Cit. p. 47-49, cat. n°22

  • KUENY (Gabrielle). - "Un sarcophage d'époque Saïte de la collection Saint-Ferriol" in Actualités Dauphiné, octobre 1966, n°114, pp. 15-17. - Grenoble : Actualités Dauphiné, 1966 ISSN 0335-4423 - Cit. pp. 15-17, reprod. P.16 et 17

  • KUENY (Gabrielle), YOYOTTE (Jean). - Grenoble, musée des Beaux-Arts : collection égyptienne. - Paris : RMN, 1979. - (Inventaire des Collections publiques françaises, n°23). n° isbn 2-7118-0050-4 - Cit. p. 106-109, cat. n°125

  • DEWACHTER (Michel). - "Informations relatives à la collection du Comte de Saint-Ferriol et fournies par son journal de voyage" in Grenoble, musée des Beaux-Arts : Collection égyptienne par Gabrielle Kueny et Jean Yoyotte (Appendice E). - Paris : Editions de la Réunion des Musées Nationaux, 1979 ISBN 2-7118-0050-4 - Cit. p.206

  • LEMOINE (Serge) et LE POMMERE (Marianne). - Image d'une collection, Musée de Grenoble. - Paris (France) : Réunion des Musées Nationaux, 1999. - 285 p. ; 30 cm ISBN 2-7118-3795-5 - Cit. p. 15, reprod. en coul. pp. 14-15

  • GASSE (Annie). - Le Livre des Morts de Pacherientaihet au Museo Gregoriano Egizio. - Le Vatican : Monumenti, Musei e Gallerie Pontificie, 2001. - Cat. n° 9-10

  • TOSATTO (Guy), sous la dir. de / Les collections du Musée de Grenoble. - Versailles (France) : Artlys, 2004. - 240 p. ISBN 2-85495-219-7 n° isbn 2-85495-219-7 - Reprod. en coul. p. 6

  • HAMON (Paul), LEMONDE (Anne), PARAVY (Pierrette). - Le Château d'Uriage : 1000 ans d'histoire. - [S.l.] : Chapô Public Editons, 2006. - Reprod. p. 69

  • DEWACHTER (Michel). - "Imbroglio Djedmoutefânkh et Psamétique : Le cabinet d'Uriage et sa contribution aux débuts de l'égyptologie (1843-1916)" in Le château d'Uriage: son cabinet de curiosités, pp.48-62. - Grenoble : Chapô public éditions, 2008 ISBN 978-2-916813-03-5 - Cit. pp. 52-53, reprod. p. 52

  • ALPHANDARI (Yves). - Les hiéroglyphes : du dieu Thot à Champollion. - Paris : Père Castor Flammarion, 2013 ISBN 9782081287020 - Reprod. p.87

  • TOSATTO (Guy), sous la dir. de - Musée de Grenoble : guide des collections : antiquité-XIXe siècle. - Lyon (France) : Fage éditions, 2015. - 239 p. ; 25 cm ISBN 978-2-84975-384-2 n° isbn 978-2-84975-384-2 - Cit. et reprod. en coul. p.17

 

 

 

 

— Momie d'un notable thébain accompagné de son linceul, de ses bandelettes et son cartonnage

Ensemble Couvercle du cartonnage anthropoïde de Djemoutefânkh s.d Cartonnage anthropoïde composé de deux éléments. Couvercle : MG 1998 (1) ; cuve : MG 1998 (2). Toile de lin stuquée et polychromée 175 x 38 x 19 cm Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol.

 

 

— Momie (MG 1994) accompagnée de son linceul (MG 2004), de ses bandelettes (MG 2034 ) et de son cartonnage (MG 1998 (1) et MG 1998 (2)). Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol.

Cartonnage anthropoïde composé de deux éléments. Couvercle : MG 1998 (1) ; cuve : MG 1998 (2). Toile de lin stuquée et polychromée 175 x 38 x 19 cm Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol. Don de Gabriel de Saint-Ferriol, fils du comte Louis de Saint-Ferriol, en 1916

Inv.: MG 1998 (1)

TRESSON (P.). - Catalogue descriptif des Antiquités égyptiennes de la salle Saint-Ferriol. - Grenoble, 1933. - Cit. p. 70-71, cat. n°46

  • KUENY (Gabrielle), YOYOTTE (Jean). - Grenoble, musée des Beaux-Arts : collection égyptienne. - Paris : RMN, 1979. - (Inventaire des Collections publiques françaises, n°23). n° isbn 2-7118-0050-4 - Cit. p. 97-98, cat. n°119

  • DEWACHTER (Michel). - "Imbroglio Djedmoutefânkh et Psamétique : Le cabinet d'Uriage et sa contribution aux débuts de l'égyptologie (1843-1916)" in Le château d'Uriage: son cabinet de curiosités, pp.48-62. - Grenoble : Chapô public éditions, 2008 ISBN 978-2-916813-03-5 - Cit. pp.52-53

—MG1997  Fragments du cercueil de la chanteuse d'Amon Tanakhtentahat

Ensemble Bois stuqué et polychromé 167 x 48 x 3 cm -Provenant de la nécropole thébaine. Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol. -Composé de deux fragments. MG1997 Fond du cercueil de la chanteuse d'Amon Tanakhtentahat s.d. Bois stuqué et polychromé

90 x 38 x 2,8 cm -Provient de la nécropole thébaine

 

 

— Cuve de cartonnage anthropoïde de Djemoutefânkh s.d.

  •  

Cartonnage anthropoïde composé de deux éléments. Couvercle : MG 1998 (1) ; cuve : MG 1998 (2). Toile de lin stuquée et polychromée. 173 x 43 x 14 cm. Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol. Onze bandelettes appartenant à la momie d'un notable thébain (MG 1994) Lin Largeur variable de 10 à 17 cm

Linceul du notable thébain s.d.Linceul appartenant à la momie du notable thébain (MG 1994) Lin, 192 x 77 cm. Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol.

 


 

— MG 1998 cartonnage anthropoide de Djemoutefankh

s.d.

 

— Inv.: MG 1996 Cercueil anthropoïde de Psamétik fils de Sbarekhy

VIe siècle av. J.-C.

Tenons et mortaises métalliques fixés sur les bords du couvercle Bois stuqué et peint

188 x 54 x 46 cm

Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol.

Don de Gabriel de Saint-Ferriol, fils du comte Louis de Saint-Ferriol, en 1916

TRESSON (P.). - Catalogue descriptif des Antiquités égyptiennes de la salle Saint-Ferriol. - Grenoble, 1933. - Cit. p. 47-49, cat. n°22

  • KUENY (Gabrielle). - "Un sarcophage d'époque Saïte de la collection Saint-Ferriol" in Actualités Dauphiné, octobre 1966, n°114, pp. 15-17. - Grenoble : Actualités Dauphiné, 1966 ISSN 0335-4423 - Cit. pp. 15-17, reprod. P.16 et 17

  • KUENY (Gabrielle), YOYOTTE (Jean). - Grenoble, musée des Beaux-Arts : collection égyptienne. - Paris : RMN, 1979. - (Inventaire des Collections publiques françaises, n°23). n° isbn 2-7118-0050-4 - Cit. p. 106-109, cat. n°125

  • DEWACHTER (Michel). - "Informations relatives à la collection du Comte de Saint-Ferriol et fournies par son journal de voyage" in Grenoble, musée des Beaux-Arts : Collection égyptienne par Gabrielle Kueny et Jean Yoyotte (Appendice E). - Paris : Editions de la Réunion des Musées Nationaux, 1979 ISBN 2-7118-0050-4 - Cit. p.206

  • LEMOINE (Serge) et LE POMMERE (Marianne). - Image d'une collection, Musée de Grenoble. - Paris (France) : Réunion des Musées Nationaux, 1999. - 285 p. ; 30 cm ISBN 2-7118-3795-5 - Cit. p. 15, reprod. en coul. pp. 14-15

  • GASSE (Annie). - Le Livre des Morts de Pacherientaihet au Museo Gregoriano Egizio. - Le Vatican : Monumenti, Musei e Gallerie Pontificie, 2001. - Cat. n° 9-10

  • TOSATTO (Guy), sous la dir. de / Les collections du Musée de Grenoble. - Versailles (France) : Artlys, 2004. - 240 p. ISBN 2-85495-219-7 n° isbn 2-85495-219-7 - Reprod. en coul. p. 6

  • HAMON (Paul), LEMONDE (Anne), PARAVY (Pierrette). - Le Château d'Uriage : 1000 ans d'histoire. - [S.l.] : Chapô Public Editons, 2006. - Reprod. p. 69

  • DEWACHTER (Michel). - "Imbroglio Djedmoutefânkh et Psamétique : Le cabinet d'Uriage et sa contribution aux débuts de l'égyptologie (1843-1916)" in Le château d'Uriage: son cabinet de curiosités, pp.48-62. - Grenoble : Chapô public éditions, 2008 ISBN 978-2-916813-03-5 - Cit. pp. 52-53, reprod. p. 52

  • ALPHANDARI (Yves). - Les hiéroglyphes : du dieu Thot à Champollion. - Paris : Père Castor Flammarion, 2013 ISBN 9782081287020 - Reprod. p.87

  • TOSATTO (Guy), sous la dir. de - Musée de Grenoble : guide des collections : antiquité-XIXe siècle. - Lyon (France) : Fage éditions, 2015. - 239 p. ; 25 cm ISBN 978-2-84975-384-2 n° isbn 978-2-84975-384-2 - Cit. et reprod. en coul. p.17

 

 

 

 

— Momie d'un notable thébain accompagné de son linceul, de ses bandelettes et son cartonnage

Ensemble Couvercle du cartonnage anthropoïde de Djemoutefânkh s.d Cartonnage anthropoïde composé de deux éléments. Couvercle : MG 1998 (1) ; cuve : MG 1998 (2). Toile de lin stuquée et polychromée 175 x 38 x 19 cm Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol.

 

 

— Momie (MG 1994) accompagnée de son linceul (MG 2004), de ses bandelettes (MG 2034 ) et de son cartonnage (MG 1998 (1) et MG 1998 (2)). Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol.

Cartonnage anthropoïde composé de deux éléments. Couvercle : MG 1998 (1) ; cuve : MG 1998 (2). Toile de lin stuquée et polychromée 175 x 38 x 19 cm Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol. Don de Gabriel de Saint-Ferriol, fils du comte Louis de Saint-Ferriol, en 1916

Inv.: MG 1998 (1)

TRESSON (P.). - Catalogue descriptif des Antiquités égyptiennes de la salle Saint-Ferriol. - Grenoble, 1933. - Cit. p. 70-71, cat. n°46

  • KUENY (Gabrielle), YOYOTTE (Jean). - Grenoble, musée des Beaux-Arts : collection égyptienne. - Paris : RMN, 1979. - (Inventaire des Collections publiques françaises, n°23). n° isbn 2-7118-0050-4 - Cit. p. 97-98, cat. n°119

  • DEWACHTER (Michel). - "Imbroglio Djedmoutefânkh et Psamétique : Le cabinet d'Uriage et sa contribution aux débuts de l'égyptologie (1843-1916)" in Le château d'Uriage: son cabinet de curiosités, pp.48-62. - Grenoble : Chapô public éditions, 2008 ISBN 978-2-916813-03-5 - Cit. pp.52-53

—MG1997  Fragments du cercueil de la chanteuse d'Amon Tanakhtentahat

Ensemble Bois stuqué et polychromé 167 x 48 x 3 cm -Provenant de la nécropole thébaine. Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol. -Composé de deux fragments. MG1997 Fond du cercueil de la chanteuse d'Amon Tanakhtentahat s.d. Bois stuqué et polychromé

90 x 38 x 2,8 cm -Provient de la nécropole thébaine

 

 

— Cuve de cartonnage anthropoïde de Djemoutefânkh s.d.

  •  

Cartonnage anthropoïde composé de deux éléments. Couvercle : MG 1998 (1) ; cuve : MG 1998 (2). Toile de lin stuquée et polychromée. 173 x 43 x 14 cm. Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol. Onze bandelettes appartenant à la momie d'un notable thébain (MG 1994) Lin Largeur variable de 10 à 17 cm

Linceul du notable thébain s.d.Linceul appartenant à la momie du notable thébain (MG 1994) Lin, 192 x 77 cm. Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol.

 


 

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Le couvercle de ce cercueil a inspiré à Antoine Bourdelle  une aquarelle exécutée en 1923, lors du passage de Bourdelle au Musée de Grenoble  (Tresson, 1933, n° 50). Don de Mme Antoine Bourdelle, juin 1949.

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LA CORRECTION DE MA COPIE PAR LES PROS. 

Le cercueil MG 3572 est décrit par Gabrielle Kueny & Jean Yoyotte 1979 aux pages 83 à 86.  J'obtiens la communication de leur ouvrage plusieurs jours après la fin de mon labeur.  La description est accompagnée de 5 photographies montrant les vues du couvercle, des deux flancs de la cuve, de la tête et des pieds. (Les sous-titres sont de moi).

Un cercueil composite. "Dans les quatre titélatures qu'on lit sur la cuve d'une "dame et chanteuse d'Amonrasonter (= Amon-Rê, roi des dieux)", le nom "Hatshepsout" est écrit sur une surface grattée, replâtrée et repeinte ; aucune trace de surcharge, en revanche, dans la titulature inscrite sur le couvercle. Une cuve désaffectée aurait donc été dotée après coup  d'un couvercle taillé à sa mesure. L'ajustement des deux pièces laisse à désirer dans la partie supérieure et leurs décors respectifs sont pratiquement indépendants. Dessins et coloris n'en semblent pas moins sortis du même atelier. On verra que, sur les deux pièces, les mêmes thèmes évoquant la verdure et la fraîcheur ont été repris."

Une tenue d'apparat. "L'ensemble reproduit la forme consacrée de la momie empaquetée et masquée. Cependant, certains détails anatomiques et vestimentaires du couvercle rappellelnt l'apparence d'une personne vivante, en tenue d'apparat. Au ras du masque, on entrevoit le buste de la robe de dessous ; les mains, aux longs doigts bagués tendus bien à plat, sont découvertes ; sur les jambes, des bandes striées obliquement représentent le plissé de la robe de dessus, robe dont émergent  les pieds nus, ongles et orteils traités de façon naturaliste."

Un décor floral de nymphéas de lotus et de liserons. "Noter la part faite aux parures végétales : les classiques nymphéas et, d'un usage moins courant, les liserons. Un grand lotus épanoui est posé sur le crâne ; trois lotus sont fixées aux têtes de faucon du  gorgerin-ousekh dont le rang extérieur est formé de lotus ; des calices sont brodés sur les seins ; un lotus jaillit encore dans l'entrecroisement  des mains et deux autres emboîtent les coudes ; la Nout agenouillée du ventre tient trois de ces fleurs dans chaque main et, bien entendu, sur les flancs de la cuve, la défunte est dûment coifée d'un lotus, tantôt ouvert, tantôt en bouton. Dans le grand tableau de droite, elle consacre elle-même au dieu un vaste  bouquet de lotus. Sur le couvercle, quatre longues tiges de liseron tombent le long des jambes, par dessus la robe, et, sur chaque ilmage de la dame, on retrouve dessinée cette même parure végétale (scène du pectoral, tableaux des flancs). Au dessus des pieds, le liseron s'enroule encore autour des papyrus que soulève Nephthys. Les actions rituelles de la défunte sont associées à l'idée de fraîcheur : dans le pectoral comme dans le grand tableau de gauche, elle verse une libation d'eau et l'image d'elle qui est placée dans le concert des dieux mystérieux la montre tenant la bouteille destinée à ce rite."

Le couvercle.  " Le décor du couvercle est de structure bipartite : à mi-hauteur, une ligne sombre sépare le torse surchargé d'ornement, le ventre couvert d'un large tableau, les jambes étant parées d'un long et sobre décor vertical. Visage en forte saillie, légèrement oval ; sourcils très rapprochés, yeux petits, large base du nez, lèvre inférieure épaisse, expression de concentration intérieure."

Les parures. "De haut en bas, les parures suivantes : Le diadème de pétale que le grand lotus recouvre sur le front. Deux boucles d'oreilles (n°170). Le collier de la momie. Un bijou représentant le ba tenant deux plumes symbolisant Maât, dominé par le disque solaire et que l'inscription identifie singulièrement à la déesse Neith. Autour de l'avant-bras dorit, un bracelet avec les figures assisies des quatre Enfants d'Horus ; autour de l'avant-bras gauche, un bracelet parsemé de dix yeux oudjat. Sous le signe montrant le soleil à l'horizon (akhet), un mignon pectoral en cloisonné, qui renferme une scène : la défunte verse de l'eau sur une console à libation en présence du dieu "Osiris, seigneur de Busiris", que Maât protège de ses ailes. La grande image de Nout, agenouillée, embrassant le ventre de ses larges ailes : la titulature qui légende la déesse, personnification du ciel nocturne, est suivie d'une formule de bénédiction et d'offrande. Immédiatement au dessous, le long du bandeau axial, ourlé de rubans cloisonnés, renferme une inscription par laquelle Hatshepsout invoque précisément la protection maternelle de Nout."

De part et d'autre des parures axiales, les vides sont occupés, sur le torse, par de petites figures symétriques. Autour du pectoral, des Anubis, en chiens couchés sur une natte, que suivent des oudjat. Sur chaque bras, un minuscule tableau : le ba de la morte présente fumigation et  prière au dieu des morts, figuré sous ses deux aspects momiformes d'Osiris (droite) et de Sokaris (gauche). Sous les ailes, le ba derechef, en posture d'orant.

On doit rappeler que la face interne du cercueil était plâtrée et décorée, mais qu'il ne reste pratiquement rien de visible."

Les cotés du cercueil .

" Les cotés du cercueil sont parés de files, à, peu près  symétriques, de très belles images polychromes. De part et d'autre, les sangles latérales de la momie sont matérialisées par le ruban cloisonné à motif de pétales qui borde le couvercle et la cuve. Sur chaque flanc se succèdent, de la tête aux pieds :

A. De chaque coté de la tête, un panneau de rubans horizontaux ( stylisation d'un cache-perruqe plissé ?).

B. A la hauteur du cou, trois colonnes de textes. A gauche un appel à Osiris, Anubis et autres grands dieux du "monde sacré" pour qu'il "donnent table servie et provisions, ce qui passe devant Osiris" à la défunte. A droite, Thot prononce l'incantation "Que vive Rê, que meure la tortue..." (Livre des morts, chap. 61). L'orientation concordante et non convergente des deux inscriptions (toutes deux sinistroverses) est inattenduee, mais peut-être intentionnelle. Le second texte est censément prononcé par les quatre Thot qui encadrent le coffre (deux Thot qui ferment la série des génies, un autre intercalé dans le grand tableau de gauche, le quatrième matérialisé par le texte lui-même).

C. A la hauteur des bras, deux grands tableaux sous un ciel étoilé.

A gauche, la dame, coiffée du cône d'onguent parfumé, fait une libation d'eau fraîche en versant le contenu d'une bouteille et en consacrant une une cruche-nemset posée sur une console, en présence des formes méridienne, vespérale et  matinale du soleil :  "Rê-Horakti", "Atoum le maître des dieux heliopolitain des Deux Terres" et "Khépri supérieur des dieux.", suivis par le petit Thot préposé au coin supérieur de la cuve. Les textes combinent les titulatures divine et une formule d'offrande au profit de la morte. 

A droite, on voit encore, en dépit des dégradations, que la dame présentait un bouquet de lotus, que des offrandes (deux consoles surmontées de verdure et deux jarres) étaient dressées devant elle et qu'Anubis àtête de chien l'introduisait auprès d'un dieu. Derrière ce dieu, Maât embrasse de ses ailes un aspect momiforme d'Osiris, tenant contre lui son sceptre-heqa et son flagellum-nekhakha, et ayant pour visage le haut d'un pilier djed.

D. Le long du bassin et des jambes,, des montants cloisonnés découpent le champ en une suite de panneaux alternativement dotés d'un fronton orné de pétales et d'un fronton cintré que somment deux lotus croisés et que remplit le buste de Sokar, faucon orné du gorgerin-ousek et du collier-menat. Des êtres vivants sont répartis dans ces panneaux : 12 à gauche, 13 à droite.[sic]. Qulques-uns sont des figures familières ; ainsi Osiris qui ouvre la file de droite ou l'Isis deuillante qui prend place dans la file de gauchee. Les quatre dernières figures, dans chaque file sont les Enfants d'Horus répartis deux à deux (Amset-Hapy à gauche, Douamoutef et Kébehsénouf à droite), puis la morte elle-même, en orante, enfin Thot, apposté aux bas-angles du coffre. Les seize autres images, êtres momiformes ou non, ayant pour face des emblèmes, des couronnes, des masques fantastiques ou encore compositions évoquant le rayonnement solaire, etc... sont empruntés à l'étrange répertoire de quelques soixantes "maîtres de la Douat", qu'inventorient, en de multiples variantes, divers papyrus à vignettes de la XXIe dynastie (A. Piankoff, The Litany of Re, Bollingen Series XL, 1964, p. 65-175). On notera par exemple les bras sombres du génie abyssal de la nuit qui dominent le soleil aux bras clairs de la déesse du ciel diurne dont les mamelles font couler des gouttelettes de lumière (6e droite) ; une momie à tête d'échassier qui est le phenix (5e droite) ; un dieu Bès dont le masque barbu crache le serpent cracheur ( 3e gauche). L'analyse descriptive, la dénomination et la signification de ces entités et symboles dont certains comptent parmi les manifestations divines du soleil que dénombre la Litanie de Rê devront attendre que la réunion et l'attente des papyrus eet cercueil qui les représentent soient plus avancées."

Tête et pieds.

"Au pied et au chevet  de la défunte, grandes images des habituelles deuillantes. A la tête de la cuve récupérée, Isis était dessinée, figure sombre accompagnant le nœud-shen, symbole de l'univers ; debout sosu une chapelle voûtée, la déesse prie et impose une main sur un objet devenu indistinct.

Sous la base du couvercle a été dessinée une Nephthys de même style,accroupie sur un grand signe de l'or : la déesse, en signe d'exhortation, lève ses bras auxquels sont suspendus les emblèmes de vie  et retient de grands papyrus entre la paume et le pouce. Enfin au-dessous de la cuve, le djed d'Osiris, sommé d'un soleil, est pris entre deux compositions identiques dont la structure rappelle à la fois le nœud d'Isis et un papillon qui pousserait un soleil entre des antennes papyriformes, et dont la nature et la signification appellent une explication." [pas d'illustration hélas]

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Kueny & Yoyotte 1979 fig. 84 page 108.

Kueny & Yoyotte 1979 fig. 84 page 108.

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Flanc droit  du cercueil, in Kueny & Yoyotte 1979 page 108 fig.85

Flanc droit du cercueil, in Kueny & Yoyotte 1979 page 108 fig.85

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Cercueil vu de la tête, in Kueny & Yoyotte 1979 page 108 fig. 86.

Cercueil vu de la tête, in Kueny & Yoyotte 1979 page 108 fig. 86.

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C'est la fin ! (emprunt à R.V Lanzone, 1885)

C'est la fin ! (emprunt à R.V Lanzone, 1885)

SOURCES ET LIENS.

http://www.cndp.fr/crdp-dijon/IMG/pdf/egypte.pdf

— Hieroglyphes :

http://fmalarde.pagesperso-orange.fr/FM-hiero/FM-dico.htm

​— TRESSON (Abbé Paul), 1933. - Catalogue descriptif des Antiquités égyptiennes de la salle Saint-Ferriol. - Grenoble, 1933. - Cit. p. 76-80, cat. n°50

KUENY (Gabrielle), YOYOTTE (Jean). - Grenoble, musée des Beaux-Arts : collection égyptienne. - Paris : RMN, 1979. - (Inventaire des Collections publiques françaises, n°23). n° isbn 2-7118-0050-4 - Cat. n° 108, reprod. en n. et b. p. 84

—BEYLS (Pascal), 2007, Dubois-Aymé: égyptologue, directeur des douanes, député , P. Beyls, 2007 - 442 pages

 

NOC (Eloïse)2014,  Le sarcophage du muséee de l’Hospice Saint Roch à Issoudun (n) inv. 11.55). ENIM, 2014, p. 13-32.https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00968503/document

 

— NAGUIB (Saphinaz-Amal ), 1990, Le clergé féminin d'Amon Thébain à la 21e dynastie Orientalia Lovaniensia Analecta. Peeter Press, Louvain

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Published by jean-yves cordier - dans Musée de Grenoble

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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