Jadis, nous nous étions rendu en décembre en visite en famille en Égypte (pour les amateurs de zeugmes), remontant le Nil de Louxor à Assouan sur un bateau à vapeur comparable au Steam Ship Sudan sur lequel, on le sait, Agatha Christie touva l'inspiration de son roman Mort sur le Nil. Brrr.
La mort ? Impossible de ne pas y penser. Car on ne peut ainsi monter et descendre le cours d'un fleuve, au rythme des escales du soir et des départs matinaux, sans embarquer aussi, chaque nuit, avec l'équipage de Rê le soleil. Dans sa barque sacrée, où le dieu Seth se tient à la proue et lutte contre le serpent Apophis et les forces du chaos, il traverse victorieusement les douze portes de la nuit et réapparaît chaque matin sur le « monde d'en haut ». La présence évidente de son cercle embrasé s'impose alors sur la rive Est du Fleuve lorsqu'il débute sa course au dessus de nos têtes. Panamas et lunettes de soleil témoignent de son écrasante emprise.
Et on ne peut l'accompagner dans ce périple circadien sans ressentir aussi la réalité du cycle annuel, celui des crues fertilisantes repoussant les menaces de sécheresse et de disette. Ou de mort.
C'est donc le cycle de la vie qui se déroulait tandis que nous regardons les gestes lents d'un fellah près de la rive et que s'éloignaient les vagues du sillage.
Dans l'Égypte antique, la stabilité de cet ordre cosmique qui régit nos existences était représentée par Maât, déesse de l'ordre, de la justice et de l'équilibre. La fonction essentielle du pharaon était de maintenir, par des rites, cet ordre cosmique, c'est-à-dire le retour régulier de l'astre du jour, de la crue du Nil annoncée par la conjonction de Sirius avec le Soleil, et, simplement, de la vie des bêtes et des hommes . Et ces rites reposaient sur des offrandes faites, dans les temples, aux divinités. Chaque jour. Chaque année. Chaque jubilée. Et lors des cérémonies funèbres de chaque pharaon.
Récemment, en relisant les textes de Proust sur le "petit pan de mur", alors que je rédigeais mon article Pan, pan, pan, pan : ce que contient le précieux petit pan de mur jaune de Proust. , et au rite vespéral du baiser maternel protecteur des dangers de la traversée de la nuit, j'ai retrouvé tous ces souvenirs. Je me souvenais surtout d'une scène vue sur les bas-reliefs d'un temple, où une déesse présentait vers les lèvres du pharaon le signe ânkh, "la vie". Comme un indispensable baiser revivifiant. Soucieux d'en retrouver l'image, je cherchais en vain sur le net les mots "don", "vie", "lèvres du pharaon", et, parce que je m'en souvenais comme d'une cérémonie annuelle d'ouverture des lèvres, "ouverture de la bouche" et "pharaon. Devant poursuivre mon travail, je passais à autre chose.
Quinze jours plus tard, explorant la signification de l'image du papillon pour les grecs, et les deux sens du mot psyché, signifiant à la fois "âme" et "papillon" parce que le souffle qui anime un être est figuré, lorsqu'il quitte le corps d'un défunt, comme un papillon, cette image du signe ânkh devant la bouche du pharaon m'est revenue. Le hiéroglyphe ânkh, ou l'objet correspondant, n'a pas la forme d'un insecte, mais, disons, d'un nœud papillon gansé. C'est Vénus toute entière à son Mars attachée :
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Lorsque la boucle s'approche des lèvres du roi, cela m'évoquais aussi une cuillère. Comme si la déesse donnait à manger à l'humain pour lui administrer une potion de vie éternelle. Cette image, que je ne parvenais pas à retrouver, me hantait. Les lèvres étaient closes, mais allaient, par le pouvoir de cette divine clef, s'ouvrir. Je pouvais aussi penser à une tétine, et, par là, à un tétin lors d'une posture de proposition du sein.
Le shème des deux actions "ouvrir-fermer" structure, si on veux bien y penser, toute notre existence dans son fonctionnement le plus quotidien. Nouveau Bachelard, au lieu de méditer sur les Quatre élements, je me penchais sur les Quatre Verbes Primordiaux accouplés deux à deux. Ouvrir-Sortir. Fermer-Entrer. Ou l'inverse.Tourner un robinet et déboucher un tube dentifrice, entendre la portière de mon véhicule claquer, sentir le penne de la clef faire jouer les rouages de la serrure de ma porte, tout cela se parait de la gloire grandiose de l'Archetype. J'eus une révélation lorsque je relus Les neuf portes de ton corps de Guillaume Apollinaire. Au dessus des lèvres étaient les narines.
— C'est tout ?
Les Narines ! Portes de la respiration ! Du Pneuma ! La déesse qui présentait le signe ânkh au pharaon ne le tenait pas seulement devant ses lèvres, mais aussi, mais surtout devant ses narines !
— Et alors ?
Narines-Ânkh ! Les portes du Net s'ouvraient sur 213 000 résultats. Et le premier me fit lire le verset 2:7 de la Genèse : "L'Eternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant." (Louis Segond)
C'est par les narines que le premier homme reçut la vie ; et qui sait si le papillon qui s'envole du corps du défunt grec ou héllenistique n'est pas issu des narines, et non des lèvres ?
De même, l'association Narines-Ânkh me donnait accès aux images qui m'avaient hanté. Par exemple celle-ci, sur le Ramesseum, temple funéraire de Ramses II de la nécropole thébaine (Photo de l'Association pour la Sauvegarde du Ramesseum): Amon approche le sceptre ouas et la croix ânkh des narines de Ramses II :
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Tous ces mouvements de mon esprit agité étaient encore très récents et l'encre de mes papiers sur Psyché ...
L'Amour est un oiseau et Psyché un papillon : la métamorphose amoureuse. Iconographie des ailes de Psyché.
Une pièce de la Tenture de l'histoire de Psyché (Sully-sur-Loire, >1609) : Psyché va chercher la laine d'or des brebis.
Zoonymie (étude du nom) du papillon l'Argus frêle Cupido minimus (Fuessly, 1775).
....n'était pas encore sèche lorsque je déscendis le petit escalier menant aux trois petites salles du département Antiquités égyptiennes du Musée de Grenoble et que je découvris le premier bas-relief consacré, somptueusement, au thème du Don de vie. Quelle émotion ! Quels réminiscences du cœur et de l'âme !
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I. Bas-relief de Nectanébo II (-360--343), Karnak nord.
© domaine public . Crédit photographique : Jean-Luc LACROIX
C'était, selon le cartel, un "Fragment de paroi conservant l'image d'une déesse offrant le signe de vie au roi" de grès jaune, mesurant 79 x 166 x 11,2 cm. Inv. : MG 1975.
La notice de la base Joconde précise que le grés est rehaussé de rouge
Le site du Musée m'apprit également ceci :
C'est au comte Louis de Saint-Ferriol, sorte d'aventurier passionné d'Égyptologie, que le musée doit , en 1916, nombre d'objets de la collection.
Le bas-relief a été apporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol, puis donné au Musée par Gabriel de Saint-Ferriol, son fils, en 1916.
Fragment de paroi conservant l'image d'une déesse offrant le signe de vie au roi
"Ce remarquable fragment de grès rapporté en 1842 est issu du temple haut de Karnak nord. La scène privilégie la communion du roi avec son dieu. Dans un geste à la fois élégant et protecteur, une déesse (Mout ou Rattaouy?) donne le signe de vie à Nectanébo II. Celui-ci fut le dernier des rois indigènes. Grand bâtisseur, il ne cessa également de lutter contre l'envahisseur perse. Son règne marque la dernière période de l'indépendance de l'Egypte.
Nectanébo II porte les attributs royaux : la couronne double de la haute et basse Egypte ainsi qu'un pagne de lin dont la ceinture retient la queue de taureau, garante de force, de virilité et de fécondité. Une robe longue droite moule avec grâce le corps de cette déesse non identifiée de façon certaine. Sa coiffe surmontée d'un vautour est en effet endommagée. Au modelé délicat des volumes travaillés en relief levé s'ajoutaient le raffinement des couleurs réalisées à partir de pigments minéraux. De celles-ci ne subsistent que quelques traces de rouge qui témoignent d'un travail d'équipe alliant sculpture et peinture. L'amollissement imperceptible des corps, l'apparition du sourire aux commissures des lèvres sont autant d'éléments qui contribuent à donner une touche nouvelle de réalisme. Seule, la représentation des corps associant faces et profils reste immuable, tant elle semble apte à définir l'homme et sa permanence dans l'univers." (Musée de Grenoble)
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Fragment de paroi conservant l'image d'une déesse offrant le signe de vie au roi", Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.
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J'apprècie la tendresse avec laquelle la déesse pose la main sur l'épaule du pharaon. Ici, nous voyons bien que le signe ânkh est présenté à ses narines, et non à ses lèvres.
Les égyptologues (Jean Yoyotte) hésitent, car la coiffure est incomplète, entre deux noms de déesses.
Mout (la Mère) est l'épouse du dieu Amon. Déesse vautour du sud de l'Égypte, elle porte sur la tête la dépouille d'un vautour, et/ou la couronne blanche ou Hedjet, de l'Égypte du sud. En tant que Mère primordiale, elle est bien placée pour donner la vie, pour donner le signe ânkh. Son principal lieu de culte se trouve à Karnak, dans l'enceinte qui porte son nom.
Râttaouy est, comme le rappele son nom, une ancienne forme féminine de Râ : elle est "le soleil féminin des deux terres". Par la suite elle devint une divinité à part entière et la parèdre tardive du dieu Montou à Erment après qu'il fut doté d'attributs solaires. En compagnie de Montou et de leur fils Harparê, elle forme la triade de Médamoud dans le temple de Karnak Nord. La déesse peut être représentée assise sur le trône, les mains posés sur ses genoux, coiffée d'une perruque tripartite, un uræus sur son front, et coiffée d'un mortier surmonté de cornes de vache enserrant un disque solaire et deux plumes hautes. Cela ne correspond pas à ce bas-relief. Mais elle peut être représentée debout coiffée d'une dépouille de vautour. Bien que je préfère imaginer que c'est Mout qui administre ici le souffle de vie, les spécialistes, eux, ne peuvent l'affirmer.
Fragment de paroi conservant l'image d'une déesse offrant le signe de vie au roi", Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.
Fragment de paroi conservant l'image d'une déesse offrant le signe de vie au roi", Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.
r— Rappel :
La XXXe dynastie égyptienne s'étend de -380 à -341.
Nectanébo Ier développe le premier pylône du temple de Karnak, le temple de Philæ et remporte une victoire contre l'envahisseur perse. Nectanébo II est battu par les armées du perse Artaxerxès III. Cette dynastie est la dernière dirigée par des pharaons égyptiens.
Alexandre le Grand libère l'Égypte du joug perse et fonde Alexandrie. Après la mort d'Alexandre, les pharaons d'Égypte seront les Ptolémées, d'origine macédonienne, de langue et de culture grecque.
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— Le donateur, Louis de Saint-Ferriol.
Je trouve aussi cette présentation sur le site du Musée :
"Né le 9 mai 1814 à Clelles (Isère), mort le 26 avril 1877 à Evian (Haute-Savoie), son nom complet est Jacques Louis Xavier Sibeud de Saint-Ferriol. On trouve souvent son nom orthographié Saint-Ferreol.
Il fait des études dans un collège de Jésuites à Fribourg, en Suisse, à la faculté de droit de Paris, à la faculté des sciences puis au Conservatoire des Arts et Métiers. En 1828, sa tante, Madame de Gautheron décède en lui léguant différents châteaux, dont celui d'Uriage.
En 1839 et 1840, il entreprend des voyages en Europe du Nord et en Italie mais son voyage le plus important est celui qu'il entreprend en Egypte. Il s'embarque le 5 décembre 1841 depuis Naples pour Alexandrie et Le Caire. Il y rencontre Clot-Bey. Le 18 janvier1843 [sic], il part sur le Nil en direction du sud. Le 20 février 1842, il atteint Ouadi Halfa et le rocher d'Aboussir, au sud de Thèbes. Là, il prend le chemin du retour et entreprend des fouilles sur un bon nombre de sites archéologiques. Le 18 mai, il est de retour au Caire. Il effectue ensuite une petite boucle en direction de Suez et du Sinaï. Il rapportera de ces différentes expéditions 14 caisses contenant les collections récoltées : 10 caisses de pierre, 2 de momies, une de dessins et de papiers et une de textiles.
En 1844, il s'installe à Uriage et commence à monter un musée dans le château. Outre les objets ramenés d'Egypte, il présente des collections d'archéologie locale, des peintures et des sculptures, des objets ethnologiques et une collection de sciences naturelles.
Louis de Saint-Ferriol est le créateur des thermes d'Uriage.
Les collections du château d'Uriage sont venues enrichir les différentes institutions muséales grenobloises au cours du XXe siècle : le musée de Grenoble pour les collections égyptologiques, le musée dauphinois et le muséum. "
Au XIXe siècle, les auteurs (et notamment les écrivains) partis à deux en Orient sont trés nombreux : outre Audiffred et St-Ferriol (1842), outre Flaubert et Maxime Du Camp (1849-1850), il faut citer Jean-Jacques Ampère et le Dr Paul Durand (1844), About et Prévost-Paradol, Gérard de Nerval * et Joseph de Fonfrède (1843), Rougé et Aymard de Banville, Marcellus et Firmin-Didot, Théophile Gautier et Parfait (1869), Fromentin et Dumesnil, Goupil et Vernet, Mariette et Renan (1864) , Michaud et Poujoulat, Félix de Saulcy et Delessert. En Angleterre, Joseph Bonomi et Robert Hay explorent en 1824-1826 Abou-Simbel, Philae, Thèbes, Éléphantine, etc..
*"j'ai vu déjà Alexandrie, Lafté, Le Caire, Fostat, Héliopolis, Gizeh, Schoubra, Les Pyramides ; je vais voiT encore Mansourah et Damiette, et la plus belle partie du Delta en redescendant le Nil: ce sera donc complet quant à l'Égypte; j'aurais bien voulu remonter jusqu'aux. cataractes et voir Thèbes, mais ..."
Jean-Jacques Ampère a publié dans la Revue des Deux Mondes, Paris 1846-47 puis chez Michel Lévy, Paris 1868, 577 pages, son Voyage en Égypte et en Nubie effectué en 1844 ...deux ans après St-Férriol. C'est dire l'intérêt de son récit. Notamment, il décrit sa visite d'Hermonthis, et son observation sur l'une des pierres du nom de Thoutmôsis III (voir infra fragment II) et d'une dédicace hiéroglyphique au dieu Mandou (Montou).
Mais Louis de St-Ferriol était accompagné de son frère Armand (1817-1880).
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— L'emplacement d'origine : le temple haut de Karnak nord.
Le complexe religieux de Karnak comprend un vaste ensemble de ruines de temples, chapelles, pylônes, et d’autres bâtiments situés au nord de Thèbes, aujourd’hui la ville de Louxor, sur la rive droite du Nil.
Le site archéologique connu sous le nom de Karnak-Nord occupe la zone située au nord de l’enceinte actuelle du Grand Temple d’Amon à Karnak.
Le « Temple haut » est le monument (ou « chapelle ») de Nectanébo Ier situé dans l'enceinte de Montou de Karnak nord. Il a été désigné par Mariette comme Temple D et par Varille comme « Haut temple occidental ».
Il est décrit ainsi par Alexandre Varille en 1943 :
« La décoration du sanctuaire du haut temple de l'enceinte de Montou semble ptolémaïque : un roi offre Maat à Montou rê sur les parois latérales ; deux représentations d'un pharaon rendant hommage à Amon Rê ornet la paroi du fond [la légende relevée par Lepsius (Denk. Text. III, p. 3) permet de préciser, d'après l'orientation des signes, que la scène gauche montrait le roi présentant un pain conique à Amon Rê]. Le dallage de ce sanctuaire était fait de blocs réemployés aux cartouches de Psametik et de Nitocris, ce qui vient confirmer sa date tardive. » VARILLE (Alexandre) 1943, Karnak-Nord I, FIFAO 19, Le Caire, 1943, page 33.
Les auteurs de la Topographical Bibliography ont suivis cette description :
TOPOGRAPHICAL BIBLIOGRAPHY OF ANCIENT EGYPTIAN HIEROGLYPHIC TEXTS, RELIEFS, AND PAINTINGS 11. THEBAN TEMPLES BY THE LATE BERTHA PORTER Oxford, 1972. page 275. http://www.griffith.ox.ac.uk/topbib/pdf/pm2.pdf
E. TEMPLE OF NEKTANEBOS 11. (1st ed. E; Lepsius, W.) Destroyed. On plan XXIV For position, see plan, L. D. i. 74 [w]. Fragment of dedication-text of Nektanebos 11 from a thickness. CHAMP., Not. descr. ii, p. 264 [B). See WIEDEMANN in P.S.B.A. vii (188s), pp. III-I2. Re-used blocks with cartouches of Psammetikhos and Achoris from buildings south of Temple. See CHAMP., op. cit. p. 264 [bottom].
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b4/Lepsius-Projekt_tw_1-2-076.jpg
Michel Dewachter, en s'appuyant sur le bloc MG 1975 de Grenoble, a donné une description plus complète et a daté la décoration du sanctuaire, non de la période ptolémaïque, mais de Nectanébo II :
Il se base d'une part sur la description de Champollion : CHAMPOLLION (Jean-François) , 1844, Monuments d'Égypte et de la Nubie, Notices descriptives conformes aux manuscrits autographes rédigés sur les lieux,..., Paris, F.Didot frères,tome II p. 273-274 :
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CHAMPOLLION, 1844, Notices descriptives..., Paris II p. 273 & 274.
"3°) Sacellum d'Amyrthée [comprendre partout Nectanébo II]. A gauche de l'édifice d'Aménothph IIIe sur une colline existe une construction composée d'une enfilade de petites chambres terminée par un tout petit sanctuaie décoré de tableaux sculptés et peints représentant le pharaon [Nectanébo II], faisant des offrandes à Amon-Râ, fond du sanctuaire, à Mandouri [Montou Rê] à la droite et à la gauche, et sur les petites parois à droite et à gauche de la porte, les déesses (Mouth et Ritho (?) [Rattaouy] légendes détruites, mettant la [croix ânkh] sous le nez du Roi. Sur les jambages du sanctuaire, la légende de [Nectanébo II], ainsi conçue [éléments du protocole de Nectanébo] répétée aussi sur les jambages d'une chambre antérieure" (C'est moi qui souligne).
Puis, M. Dewachter cite un passage inédit du journal de voyage du comte de Saint-Ferriol, lequel a visité Karnak 2 ans avant les relevés de Lepsius :
Daté du 15 avril 1842 : "Je commence ma journée par explorer les ruines du Nord. [...] ruines d'un petit édifice d'Amyrthée [Nectanébo II ] qui a lui seul forme la XXVIIIe dynastié (404-398) et qui parvint, dit-on, à chasser complétement les perses d'Égypte. Il fait une suite intéressante aux sculptures de Psammétique et d'Amasis dont je viens de parler — nous en faisons scier un fragment (2 personnages)— . je reviens au gd palais..."
Saint-Ferriol se réfère régulièrement aux Lettes écrites en Égyptes en 1838 et 1839, Paris 1840 de Nestor L'Hôte. Or celui-ci nomme (p. 182 et 204) "édifice d'Amyrtée" ce que Champollion nomme Sacellum d'Amyrthée et qui correspond à notre "temple haut". Le bas-relief à deux personnages sciè par Saint-Ferriol provient donc du "temple haut". Ce qui explique que Lepsius, lors de son passage en 1844, ne signale plus qu'un seul des bas-reliefs où deux déeees présentait chacune le signe ânkh, tel que décrit par Champollion .
M. Dewachter termine son article par la reconstitution du Temple haut dans sa figure 2 (j'indique en rouge le bloc de Grenoble, et en orange son homologue). Il précise que les légendes accompagnant les scènes 3 et 6 étaient déjà détruites en 1829, aussi est-il très difficile d'identifier à coup sûr les deux déesses ; il s'agit très probablement de Mout et de Rattaouy d'après l'ensemble du décor du sanctuaire consacré à Amon Rê et Montou Rê avec, semble-t-il, la prépondérance donnée au premier qui occupe seul la paroi du fond".
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Le Temple haut de Karnak nord, d'après Dewachter 1974 page 57.
Au total, nous comprenons maintenant le sens du blog MG1975 conservé à Grenoble : le pharaon Nectanébo II, grand bâtisseur, se fait représenter dans l'un des sanctuaires de Karnak offrant des offrandes aux dieux : il offre la plume de Maât (la justice et l'équilibre) à Montou Rê dieu solaire de la guerre et des armes, et il offre un pain conique à Amon Rê, dieu suprême de Karnak . Le pain conique correspond à l'hiéroglyphe Gardiner X8, et celui-ci, associé au bras tendu Gardiner D36, est un idéogramme Gardiner D37 rdi/di, "donner".
Nectanébo est récompensé de ses offrandes puisque , du coté gauche consacré à la Haute Égypte à la couronne blanche Hedjet, la déesse Rattaouy présente à ses narines le signe de vie ânkh, et que du coté gauche voué à la Basse Égypte à la couronne rouge Decheret, la déesse Mout procède au même don de vie. (On inversera le nom des déesses à volonté).
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— Lire :
a) bibliographie suggérée par le Musée de Grenoble:
-
TRESSON ( Abbé Paul ). - Catalogue descriptif des Antiquités égyptiennes de la salle Saint-Ferriol. - Grenoble, Imp. Allier père et fils 1933.[ II]-193p.: IV planches, appendices, index général; 22 cm- Cit. p. 44-45, cat. n°15.
-
KUENY (Gabrielle). - "La Collection Egyptienne du Musée" in Actualités Dauphiné, décembre 1966, n°116, pp.22-23. - Grenoble : Actualités Dauphiné, 1966 ISSN 0335-4423 - Cit. pp.22-23, reprod. p.23
-
KUENY (Gabrielle), YOYOTTE (Jean). - Grenoble, musée des Beaux-Arts : collection égyptienne. - Paris : RMN, 1979. - (Inventaire des Collections publiques françaises, n°23). n° isbn 2-7118-0050-4 - Cat. n° 12, reprod. p. 28
-
DEWACHTER (Michel). - "Informations relatives à la collection du Comte de Saint-Ferriol et fournies par son journal de voyage" in Grenoble, musée des Beaux-Arts : Collection égyptienne par Gabrielle Kueny et Jean Yoyotte (Appendice E). - Paris : Editions de la Réunion des Musées Nationaux, 1979 ISBN 2-7118-0050-4 - Cit. p.205
-
LEMOINE (Serge) et LE POMMERE (Marianne). - Image d'une collection, Musée de Grenoble. - Paris (France) : Réunion des Musées Nationaux, 1999. - 285 p. ; 30 cm ISBN 2-7118-3795-5 - Cit. et reprod. en coul. p. 15
-
TOSATTO (Guy), sous la dir. de / Les collections du Musée de Grenoble. - Versailles (France) : Artlys, 2004. - 240 p. ISBN 2-85495-219-7 n° isbn 2-85495-219-7 - Reprod. en coul. p. 7
-
HAMON (Paul), LEMONDE (Anne), PARAVY (Pierrette). - Le Château d'Uriage : 1000 ans d'histoire. - [S.l.] : Chapô Public Editons, 2006. - Reprod. p. 70
-
Le château d'Uriage : son cabinet de curiosité / Maquette de Alexandre Berger.- Grenoble : Chapô Public Edition, 2008 n° isbn 978-2-916813-03-5 - Reprod. p. 49
-
TOSATTO (Guy), sous la dir. de - Musée de Grenoble : guide des collections : antiquité-XIXe siècle. - Lyon (France) : Fage éditions, 2015. - 239 p. ; 25 cm ISBN 978-2-84975-384-2 n° isbn 978-2-84975-384-2 - Cit. p.18, reprod. en coul. p.19
b) mes lectures :
— DEWATCHER (Michel), 1974, Un bloc du "temple haut" de Karnak Nord au Musée de Grenoble / Dewachter Michel. — [7 p.] In : Chronique d'Égypte, ISSN 0009-6067. - (1974) vol.49 NOS 97 98 19740101, p.52-58.
— MORET (Alexandre) et al. , 1919, "Monuments égyptiens de la collection du comte de Saint-Ferriol," Revue Égyptologique, vol. 1 fasc. 1, Paris, Ernest Leroux, Janvier 1919 pages 1-27, et Vol. 1 fasc 3-4 pages 163-191 page 173
https://archive.org/stream/revuegyptologi00newpari#page/n187/mode/2up
http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/revue_egyptologique1919/0177?sid=48c163e1f57672e9cf7723efd8ebce5f
— FROPPIER (Elsa), 2014, "Quand le couvercle de cartonnage d'un "certain Djemoutefânkh" retrouve sa moitié ... Une histoire de récolement au musée de Grenoble ! ", ENiM 7, 2014, p. 287-313. « Égypte nilotique et méditerranéenne » de l’UMR 5140, « Archéologiedes sociétés méditerranéennes » :
http://recherche.univ-montp3.fr/egyptologie/enim/
—TRESSON (Abbé Paul ) 1928, : Le voyage archéologique de M. le Comte de Saint-Ferriol en Egypte et en Nubie (1841-1842) d'après son journal inédit: discours de Réception à l'Académie Delphinale. 33pages. Non consulté, mais j'ai appris que le comte Louis de Saint-Ferriol entreprit un voyage archéologique en Nubie, probablement avec son frère Armand, deux de ses amis, les comtes Louis de Galembert et Emmanuel de Quinsonas et un compatriote, rencontré au Caire, M. Audiffred
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II. Fragment d'un bas-relief d'un temple de Thoutmôsis III : don des signes de vie et de force au pharaon.
La pancarte du musée le présente ainsi :
Bloc conservant les restes d'une scène rituelle. XVIIIes dynastie : époque Thoutmoside. Grès jaune. Probablement remploi dans le grand temple d'Hermonthis. Don de Gabriel de Saint-Ferriol, 1916.
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S'agit-il de l'œuvre décrite par la base Joconde comme un "Fragment de scène rituelle : tête d'un roi recevant la vie". Relief levé polychrome ; Grès jaune recouvert d'un léger enduit de plâtre. H. 15, L. 12. Inventaire MG 1945. La taille du bloc me fait hésiter.
Le site du Musée de Grenoble propose dans ses collections en ligne 305 objets égyptiens, dont 14 provenant d' "Armant ?", mais aucune photographie ne correspond à ce fragment. "Armant" ou Erment est le nom actuel de l'ancienne Hermonthis. Le plus probable est qu'il s'agit du fragment répondant au n° d'inventaire – MG 1986 : "Bloc au nom de Touthmôsis III conservant les restes d'une scène rituelle. s.d..Sculpture, Relief Grès jaune 44,3 x 69,8 x 11 cm. Très probablement remploi dans le grand temple d'Hermonthis à Armant. Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol". mais c'est l'une des très rares oeuvres pour laquelle le Musée ne propose pas de photographie.
Je n'ai trouvé aucune image disponible sur la toile jusqu'à présent. Ce n'est que dans Kueny et Yoyotte, 1979, page 23 que je trouverai plus tard la photographie et la description souhaitée : c'est bien la pièce MG 1986.
Selon Alexandre Moret :
La collection égyptienne du comte de Saint-Ferriol faisait l'ornement du pittoresque château d'Uriage; depuis le mois de décembre 1916, les stèles, bas-reliefs, sarcophages ont été donnés au Musée de Grenoble, grâce à la générosité du comte et de ses héritiers; quelques statues et autres pièces ne se trouvent pas à Grenoble; j'ignore si elles sont restées à Uriage ou si elles ont été dispersées. C'est en 1911 et 1913 que j'ai copié et photographié les monuments les plus importants chez le comte de Saint- Ferriol, qui m'autorisa à publier mon travail, facilité par son bienveillant accueil pour lequel j'exprime ici mon reconnaissant souvenir. J'ai collationné tout dernièrement mes copies au Musée de Grenoble, dont le conservateur voulut bien m'entr'ouvrir les portes, fermées en raison de la guerre, avec une amabilité dont je le remercie.
La collection Saint-Ferriol ne possède pas un grand nombre de pièces, mais toutes sont intéressantes et quelques-unes sont célèbres : telles sont la stèle du vizir Ouser et surtout « la stèle des Mines d'or de Kouban». Il m'a semblé utile de faire connaître les inédites et de donner des autres une édition nouvelle, aussi fidèle que possible.
[...]
XI. — Fragments de bas-reliefs provenant d'un temple de Thoutmès III. (Grenoble.)
Une dizaine de fragments, dont plusieurs ont 0m70 sur 0m80, les autres plus petits; en grès jaune; ils ont été barbarement détachés des parois d'un temple pour avoir soit une figure de divinité, soit une tête royale, soit simplement un nom dans le cartouche. Les fragments appartenaient aux scènes rituelles d'une « royale montée », où Thoutmès III se présentait devant une divinité pour en recevoir la consécration et la « protection de vie » (ânkh-djed)-
Voici les morceaux les plus intéressants :
—Fragment de 0m,80 sur 0m,63.
A gauche, une déesse (Hathor), debout, coiffée du vautour, passe le bras gauche autour du cou du roi et lui présente au nez le signe de vie ânkh . A droite, le roi, debout, les bras ballants, coiffé de la couronne, sans barbe, vêtu du pagne court à queue. Les figures des deux personnages sont coupées au-dessous des genoux.
—Fragment de 0m,65 sur 0m,75.
Le roi, coiffé du casque nemes, sans barbe, portant le même costume, est accroupi , tournant le dos à une divinité (probablement Hathor), dont on ne distingue que les deux mains, qui font le geste de protection derrière la nuque du roi.
— A droite, il reste des fragments de deux lignes verticales, et une tête de génie hiéracocéphale. Les autres blocs, coupés très courts, conservent des fragments de têtes royales et de noms royaux, où le prénom de Thoutmès III est toujours incomplet.
Là encore, je ne trouve aucune correspondance avec ce fragment.
Thoutmôsis III recevant le signe de vie. Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.
Thoutmôsis III était le cinquième pharaon de la XVIIIe dynastie. Fils de Thoutmôsis II, il ne régna seul qu'à partir de -1458 / -1457, à la mort de sa belle-mère Hatchepsout. Roi guerrier qui mena de multiples campagnes vers l'Asie et porta le Nouvel Empire à son apogée, remportant avec ses dix-mille hommes la victoire de Megiddo contre le roi de Qadesh, célébrée sur les murs du temple d'Amon-rê à Karnak, ce fut un roi bâtisseur . Il fit ainsi réaliser à Karnak l'Akhmenou ou "Salle des fêtes".
Pour le situer par rapport au célébrissime Toutankhamon, Thoutmosis était l'arrière-arrière-grand-père de son père, Akhenaton, dixième pharaon de la XVIIIe dynastie et mystique fondateur du monothéisme voué à Aton ("hérésie amanienne").
Les 76 mètres linéaires de sa tombe KV34 dans la Vallée des Rois en fait la plus vaste de la nécropole. Son décor pariétal est consacré à la version la plus complète existante du Livre de l'Amdouat, Le livre de ce qui se trouve dans le monde souterrain (Douat). L'Amdouat conte l'histoire du dieu Rê, dieu du soleil, parcourant le monde d'en dessous, le monde de la nuit quand le soleil se couche à l'ouest et jusqu'à ce qu'il renaisse à l'est. Le texte prépare le pharaon à suivre un tel voyage, pour ne faire qu'un avec le soleil et devenir, à terme, immortel. Le monde d'en dessous est divisé en douze heures de la nuit, chacune comportant des alliés ou des opposants à l'immortalité du pharaon prétendant ; des centaines de monstres et de dieux menant une lutte acharnée.
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Les noms de Thoutmôsis.
Chaque pharaon est désigné par cinq Grands noms qui composent sa titélature. Formés d'un titre complété d'un nom, ils se suivent dans un ordre canonique et invariable. Ils diffèrent notamment par le cadre (ou cartouche) dans lequel ils sont inscrits.
—NH : Le nom d'Horus, dans un cadre rectangulaire ou Serekh, image stylisée du palais royal. surmonté d'un faucon.
—NN : Le nom de Nebty ou des Deux Maîtresses place le roi sous la protection de Nekhbet et Ouadjet, les déesses vautour et serpent protectrices de la Haute et Basse-Égypte. Pas de cartouche.
—NO : Le nom d'Horus d'or avec l'image du faucon Horus posé debout sur le hiéroglyphe de l'or (nebou). Pas de cartouche.
—NC : Le nom de Nesout-bity (nom de trône, nom de couronnement) fait référence à la royauté en tant qu'institution divine et pérenne (nesout) mais aussi en tant que charge éphémère (bity) exercée par un mortel. Il fait traditionnelement référence au dieu solaire Rê. Il est le nom par lequel le pharaon est désigné quant seulement un seul titre est mentionné, et il est invariablement inscrit dans un cartouche. Ce dernier hiéroglyphe représente une boucle de corde ovale nouée à l'une des extrémité, laissant entendre que la puissance royale encercle l'ensemble de la Création, et que le pharaon se proclame maître de l’univers .
Le nom de trône de Thoutmôsis est Mn-ḫpr-Rˁ ou Menkheperrê, ce signifie "La forme permanente de Rê (sur terre)". Il se reconnaît facilement par le signe inférieur, un scarabée. Selon Wikipédia, " Le scarabée, en hiéroglyphes, est un caractère trilitère classifié L1 dans la liste de Gardiner des insectes. Ce trilitère phonétique transcrit ḫpr, utilisé en tant que verbe, signifie « apparaître », « devenir » ou « se transformer ». Le mot dérivé ḫpr(w) est traduit indifféremment comme « forme », « transformation », « événement », « façon d’être » ou « ce qui est apparu », selon le contexte. Sa signification est tantôt concrète, fictionnelle ou ontologique."
— {NR] Le nom de naissance, ou nom de Sa-Rê, une sorte de prénom. Comme le précédant, ce nom se trouve inscrit dans un cartouche. C'est le nom que nous utilisons (Thoutmôsis) , et auquel les égyptologues ajoutent un nombre romain (Thoutmôsis III) afin de distinguer les monarques entre eux au sein d'une même dynastie. La XVIIIe dynastie s'est placée sous la protection du dieu Amon en adoptant le prénom Amenhotep (Aménophis) « Amon est en fête » et sous la protection du dieu lunaire Thot avec les prénoms Ahmès (Ahmôsis) « La Lune est née » et Djehoutymès (ou sa forme grecque Thoutmôsis) « Né de Thot ». Ce dernier prénom semble avoir été attribué au fils aîné d'une concubine royale.
Voir les noms de Thoutmôsis clairement expliqués sur le site http://egypte-eternelle.org/index.php?option=com_content&view=article&id=220&Itemid=724
Ou bien sur le site :
http://antikforever.com/Egypte/rois/thoutmosis_III.htm
Résumé des 5 noms de Thoutmôsis :
NH : Ka-nechet-chai-em-Waset K3-nḫt ḫˁj-m-W3st : "taureau victorieux apparu dans Thèbes"
NN : Wah-nesit W3ḥ-nsyt : "Durable de royauté comme Ré dans le ciel"
NO : Djeser-chau Ḏsr-ḫˁw "Sacré de couronnes et puissant de forces".
Les deux noms dans un cartouche :
NC : Men-cheper-Re Mn-ḫpr(w)-Rˁ(w) "La forme permanente de Ré (sur la terre)"
NR : Djehuti mes Ḏḥwtj msj(w) : "Thot a enfanté" = Thoutmôsis
L'intérêt de cette synthèse est de permettre de repérer sur les bas-reliefs de Grenoble les noms du pharaon. Sur le fragment étudié, nous voyons la partie inférieure de deux cartouches, dont celui de gauche contient le scarabée caractéristique du nom NC Men-Cheper-Re. Le cartouche de droite est compatible avec le nom Djehuti mes ou Thoutmôsis. L'association des deux permet d'identifier Thoutmôsis III.
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Les inscriptions du bloc (d'après Kueny & Yoyotte, 1979)
— Dans la partie supérieure, on trouve 5 signes :
- "toutes les terres", élément d'un discours divin (il est au dessus de la déesse )
- cartouche avec le bas du prénom [Men-] kheper- [Rê] (largeur extérieure : 14,6 cm)
- Cartouche et bas du nom [Thoutmôsis] (largeur extérieure : 14,6 cm)
- disque solaire, au dessus de la tête du roi.
- reste de légende : "[...terre"
— Sous le sceptre : les mots "apparaître" (en roi), élément d'un discours divin.
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Les trois signes présentés à Thoutmôsis III.
A la différence du premier bas-relief, le signe ânkh qui est présenté aux narines du pharaon est accollé, comme par un manche, à deux autres signes. Le premier d'entre eux est le pilier djed, mot Ḏd signifiant "force", "stabilité". Isolément, le pilier djed était souvent offert au pharaon par les dieux. Il jouait un rôle dans les rites agricoles et c’est à Memphis que le pharaon l’érigeait en l’honneur du dieu Ptah. Il servit également de modèle à de nombreux pendentifs, amulettes, talismans censés protéger les vivants.
Au musée de Grenoble, dans une grande vitrine, on peut admirer un pilier djed en terre vernissée, de la Basse Époque (1085 -333 av. J.C.) :
Pilier Djed, Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.
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La sorte de crochet qui se voit sur le bas-relief est l'extrémité du sceptre royal ouas (was). À l'origine, il s’agissait d’un bâton orné d'une longue tige terminée au sommet par une tête d'oiseau (ou de chien) et en bas par une fourche à deux dents ressemblant à des racines car il avait le pouvoir de faire communiquer le monde du haut (le céleste, le divin, le soleil) avec le monde du bas (le terrestre). Reliant les deux mondes, le sceptre Ouas donnait au pharaon la puissance et le pouvoir, donc la prospérité. Connu depuis l'époque archaïque, il est orné à son extrémité supérieure de la tête de Seth sous les traits d’un canidé stylisée. Il symbolise la puissance divine que les dieux transmettent à pharaon comme insigne de son pouvoir.
Le sceptre Ouas est souvent associé à la croix ânkh car la vie (ânkh) a besoin d'une force pour la protéger, la puissance ouas.
Tous les défunts étaient pourvus de ces deux attributs pour accéder à la résurrection. Les dieux tiennent également ces deux signes en mains car ils sont une incarnation d'une force créatrice issue de l'astre solaire. Ils ont la puissance (Ouas) et sont éternels (ânkh).
Nous avons donc un signe tripartite ouas-djed-ânkh. L'alliance des trois grands principes de la civilisation égyptienne : -la stabilité ; la vie ; et le pouvoir. L'ensemble ˁnḫ, wḏȝ, snb ânkh oudja seneb suit très souvent le nom ou les désignations du souverain, parfois sous la forme abrégée ˁ.w.s. : « qu'il soit vivant, intact et en bonne santé ! »
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Christine Desroches-Noblecourt, dans sa description du Petit temple d'Abou-Simbel, parle du diieu qui "porte dans les mains le signe "ankh" et la canne-sceptre ouas, mais de la tête du sceptre surgissent deux signes : le ouas et le ankh, qui sont dirigés vers les narines du roi. "
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Description de la tête du pharaon. Némès et uraeus.
Que voit-on encore sur ce fragment de bas-relief ? Une main posée sur l'épaule gauche du pharaon, et qui doit appartenir à un autre divinité que celle qui offre les signes ouas-djed-ânkh. On voit aussi que le pharaon porte une coiffure élaborée, centrée par le cobra. Et un large collier.
La coiffure se nomme le némès. C'est un couvre-chef de tissu (lin) composé de la coiffe Khat, des parties temporales : parties latérales couvrant les tempes et formant le pli entre la coiffe et les ailes ; du bandeau frontal bandeau doré tenant la coiffe, enserrant sa partie, les parties temporales et reposant sur les oreilles ; de l' uræus : représentation du dieu cobra censé protéger le souverain contre ses ennemis ; et des ailes : parties qui encadrent les côtés du visage du roi, partant de la coiffe et s'évasant jusqu'à l'épaule pour former une sorte de triangle.
Le némès est l'un des attributs que partagent le pharaon d'Égypte avec les divinités et qui le différencient du commun des mortels.
Le pharaon ne porte pas la barbe postiche.
Thoutmôsis III recevant le signe de vie. Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.
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Le temple d'Hermonthis.
Le site d'Armant ou Erment, connu sous le nom d'Hermonthis à la période héllénistique et romaine, se trouve sur la berge ouest du Nil à moins de 20 km au sud-ouest de Thèbes (Louxor). Elle fut dédiée au dieu Montou dès la XIe dynastie. Nebhetepra Mentouhotep II est le premier constructeur connu avec certitude. D'importants ajouts ont été faits au cours de la XIIe dynastie et durant le Nouvel Empire. L'expansion du temple à un grand temple a été réalisée sous Thoutmosis III. En effet, le pharaon-bâtisseur a offert à tous les dieux des sanctuaires dans toute l'Égypte : À Éléphantine près de la première cataracte du fleuve, pour Amon et les déesses locales Satis et Anoukis, à El Kab pour la déesse Nekhbet, à Abydos pour Osiris, à Héliopolis pour Atoum et Rê Horakhty, ...et à Hermonthis pour le dieu Montou.
Détruit pendant la période tardive, un nouveau temple a été commencé sous le règne de Nectanebo II et a été poursuivie par les Ptolémées. Cléopâtre VII et Ptolémée XV Césarion ajouté une maison de naissance (Mammisi) avec un lac sacré. Le bâtiment est resté visible jusqu'au XIXe siècle quand il a été détruit pour construire une usine de sucre. Seuls les restes du pylône de Thoutmosis III sont aujourd'hui visibles.
St-Ferriol a pu lire dans un guide Panckroute de 1821 une description complète du site.
Lire :
La stèle poétique de Thoutmosis III à Karnak : http://rennesegypto.free.fr/spip.php?article96
http://www.osirisnet.net/tombes/pharaons/toutankhamon/toutankhamon_01.htm
http://www.lemonde.fr/culture/article/2015/09/15/nefertiti-est-elle-la-mere-de-toutankhamon-git-elle-a-ses-cotes_4758427_3246.html
abou simbel Le trône du dieu et son costume sont traditionnels, et il porte dans les mains le signe "ankh et la canne-sceptre ouas, mais de la tête du sceptre surgissent deux signes : le ouas et le lankh, qui sont dirigés vers les narines du roi. C'est une revivification divine qu'Amon est en train de donner à Pharaon en échange du liquide rouge. La couleur est suffisamment conservée, sur ce panneau, pour que l'on ...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Composition_de_l%27%C3%AAtre_dans_l%27%C3%89gypte_antique#Ka
https://books.google.fr/books?id=KWMEtj8j19EC&pg=PA129&lpg=PA129&dq=ankh+%22narines%22&source=bl&ots=63zeH_YE_2&sig=O4G7FtOXxqZmJt32vRX57DCROE8&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiP45Hg5cfJAhWG2hoKHWIOA2wQ6AEIUzAM#v=onepage&q=ankh%20%22narines%22&f=false
https://books.google.fr/books?id=kGf2bp6BLosC&pg=PT129&lpg=PT129&dq=ankh+%22narines%22&source=bl&ots=vG_xrtDauH&sig=tVfVDQ3HnsphLnkg696NX19eUgE&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiP45Hg5cfJAhWG2hoKHWIOA2wQ6AEIUDAL#v=onepage&q=ankh%20%22narines%22&f=false
http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/paroi-d-un-temple-de-ramses-ii
Les cinq blocs de paroi du temple de Ramsès II à Abydos se raccordent et correspondent à deux tableaux successifs, séparés par une bande d’inscriptions verticale. A deux reprises le roi dirigé vers la gauche allait à la rencontre des divinités. Seuls restent les dieux du premier tableau. La qualité du bas-relief, l’élégance des physionomies, et la présence d’une vive polychromie témoignent du chef-d’œuvre de Ramsès II.
Deux tableaux
L’ensemble présente une paroi de chapelle, composée de deux tableaux. La frise supérieure où se succèdent les noms du roi et les tiges végétales (khekerou) cernait tout le mur de la chapelle. A gauche le roi est protégé dans sa marche par un vautour. Le second tableau place Ramsès II encadré de quatre divinités, l’une à droite, les trois autres lui faisant face. Celles-ci, lorsque les inscriptions sont trop parcellaires ou ne livrent pas leur nom, sont reconnaissables à leur coiffure et à leurs insignes. Ce sont Isis et Horusà tête de faucon qui présentent le signe de vie aux narines du roi. Puis, un dieu tend à Ramsès II les insignes osiriens, crochet et fouet, suivi d’une déesse coiffée d’un très gros disque solaire rouge qui lui offre le "collier-ménat".
Face à face
Ce face à face du pharaon et des dieux est l’un des thèmes privilégiés des représentations des temples pharaoniques. Comme Premier Prêtre, c’ est le roi qui a la primauté pour honorer les divinités, et en échange il reçoit la Vie (le signe ânkh), au nom de toute l’Egypte. L’identité de leur nature divine les place sur le même niveau, et permet la ressemblance des visages. C’est bien Ramsès II qui prête sa figure aux dieux : profil lisse, altier et élégant, yeux fardés, oreilles finement ciselées. En retour, il a reçu l’or du collier et des parures de bras. Seule le différencie sa coiffure, le casque khépresh de couleur bleue orné de l’uraeus.
Style des premières années du règne
Ramsès II, qui connut soixante-sept années de règne, fut aussi l’un des plus grands constructeurs. Or, cette paroi de chapelle en beau calcaire blanc provient du petit temple du roi, à Abydos, érigé près du célèbre « château de millions d’années » de son père Séthi Ier, dés les premières années de son règne. La forme abrégée de son nom gravé dans lescartouches, ainsi que le style du relief confirme la datation. C’est le moment où le relief monumental finement sculpté dans le creux, jouant sur plusieurs niveaux de profondeur, et rehaussé de vives couleurs, atteint la meilleure qualité.
Le roi Ramsès II parmi les dieux
vers 1275 avant J.-C. (19e dynastie)
provient du petit temple bâti par le roi Ramsès II à Abydos
Roger Stock (docteur en médecine) nous a envoyé une réflexion intéressante et qui mérite un débat autour de l’origine et de la signification de la croix de vie, la fameuse croix ânkh, un des symboles égyptiens les plus connus. Mais nous manquons toujours d’informations sur son origine.
L’examen des reliefs du temple de Sahourê à Abousir nous laisse penser que ânkh était confectionné d’une tige de jonc repliée sur elle-même et maintenue par un lien horizontal, afin d’obtenir une anse allongée s’effilant vers le bas et ayant la forme d’une vulve.
Dans l’espèce humaine, lors de la venue au monde, dès que les narines de l’enfant arrivent à l’air libre, très exactement au niveau de la vulve maternelle, la respiration s’établit instantanément. Les dieux, utilisant ce phénomène naturel, font renaître le défunt, le roi, en déclenchant sa respiration grâce au ânkh qu’ils placent sous les narines.
Ainsi, il nous semble que le signe ânkh était un « talisman », ayant la forme d’une vulve, laquelle est à la fois origine et symbole de vie. »
existe deux sortes de temples : les temples divins consacrés à un dieu (exemple Amon à Karnak) et les temples funéraires (exemple le temple funéraire de la reine Hatshepsout à Deir El-Bahari) consacrés au culte du pharaon de son vivant et après sa mort.
Nous ne parlerons ici que des temples divins. Ils sont connus à partir du Moyen Empire, mais seuls les temples du Nouvel Empire ont subsisté. - Le temple est la demeure d'un dieu : le dieu habite dans sa statue érigée dans une pièce retirée du temple, non accessible aux fidèles : le naos.
- La fonction primordiale du temple est de préserver l'équilibre de l'univers, la Maât. Le pharaon a la lourde responsabilité de cette tâche. Pour cela, il doit s'assurer du concours des dieux. Dans ce but, le pharaon construit un véritable palais (le temple) pour le dieu qui doit l'aider dans sa tâche. En nourrissant la puissance du divin par les offrandes, le pharaon sait que le dieu aura la force nécessaire pour maintenir les cycles de vie : renaissance du soleil chaque jour, retour annuel de la crue du Nil... Si les rites sont bien accomplis, en retour, le dieu donnera au pharaon la santé et la force de bien gouverner le pays. Mais si la force du divin n'est pas entretenue, il y a rupture de l'équilibre et l'univers peut retourner au chaos d'avant la création. Sans le lien pharaon-dieu dans le temple, la vie n'est donc pas possible en Egypte.
- Le temple est un monde clos, réservé au clergé : une imposante enceinte de briques crues délimite l'espace du temple et l'isole de la ville.Les pharaons étaient toujours imberbes, ils portaient cependant une fausse barbe (barbe postiche tressée et attachée aux oreilles par un fil) lors des cérémonies officielles car la barbe était un symbole de royauté. C'est pourquoi la reine Hatshepsout, devenue pharaon, s'est fait représenter avec la barbe postiche. La barbe des pharaons vivants est en forme de trapèze et droite.
Les dieux portent aussi la barbe postiche mais elle est recourbée à son extrémité (sauf le dieu Ptah qui porte une barbe droite car il appartient à la dynastie des dieux qui a régné sur terre avant les pharaons).
Quand le pharaon est représenté dans le monde des morts (sur le masque funéraire par exemple), il s'identifie alors à Osiris et porte la barbe recourbée.A remarquer :
- Hatshepsout porte le némès avec l'uraeus
- Akhenaton porte le pschent (double couronne) avec l'uraeus
- Toutankhamon porte le némès, l'uraeus et le vautour
- Osiris porte la couronne blanche de Haute-Egypte, et les trois sceptres : hedjet, décheret, ouas.Les sceptres sont à la fois les emblèmes de la souveraineté divine et du pouvoir royal. Tout comme les couronnes, qui sont nombreuses, le pharaon dispose de plusieurs types de sceptres. Les plus connus sont le flagellum (symbole de la royauté du Sud) et le sceptre Heka (symbole de la royauté du Nord). Le roi reçoit ces bâtons de commandement lors de son couronnement et les tient lors de la fête sed pendant le renouvellement de sa fonction divine. Ces deux sceptres sont à la fois les attributs d'Osiris (souverain de l'au-delà) et du pharaon (souverain terrestre) dans les cérémonies officielles et lors de la fête Sed.
Le sceptre de gauche, en forme de fouet (triple lanière), est appelé flagellum (le fouet) ou encore le nekhakha (nekhekh). Il pourrait symboliser le chasse-mouche ou un instrument qui aidait le paysan à recueillir la gomme (le ladanum) qui coulait en perles des arbres blessés, ou encore la stylisation du hiéroglyphe "mes" signifiant "engendrer" pour rappeler la fonction de donneur de vie du souverain. Chacun des brins du fouet est composé de 13 clochettes.
Le sceptre de droite, en forme de crochet, est appelé Heka (héqa), il rappellerait le bâton de berger ancestral qui servait à rattraper le bétail par les pattes.
Ces deux sceptres sont fabriqués selon la même technique : une armature en bronze recouverte de cylindres en or alternant avec des cylindres en pâte de verre bleue imitant le lapis. Le bouton terminal des deux sceptres est orné de cartouches. Sur le fouet, deux cartouches donnent le nom de couronnement du pharaon "Neb-Khéperou-Rê" et le nom du globe solaire "Aton vivant". Le bouton du crochet porte un unique cartouche du même nom de couronnement du pharaon flanqué de deux uraei dressés. Il se pourrait donc que ces deux sceptres soient ceux du couronnement de Toutankhamon.
Le roi tient souvent ces deux sceptres, un dans chaque main, les bras croisés sur la poitrine, mais parfois il est représenté avec les deux objets dans la même main. Il peut aussi arriver que le pharaon tienne deux fouets semblables dans certaines occasions, pour la cérémonie jubilaire par exemple. En tant que roi régnant il peut aussi ne porter que le crochet seul.
La fête Sed (ou Heb Sed ou jubilé du roi)
- Date : Après trente années de règne (en théorie). Le premier jour du mois de Tiby, au solstice, date à laquelle les jours commencent à augmenter et où l'on célébrait l'apparition de la nouvelle lumière spirituelle et physique (saison de la germination)
- Lieu : Memphis, lieu de couronnement des pharaons
- Déroulement : Après trente ans de règne, on peut admettre que le pharaon vieillissant pouvait être victime d'une certaine "usure du pouvoir". Pour montrer qu'il était toujours capable de gouverner, le pharaon accomplissait à nouveau la cérémonie du couronnement qui était censée lui donner une nouvelle vigueur et réaffirmer son essence divine.
La fête Sed est préparée longtemps à l'avance car elle mobilise beaucoup de ressources : bétail pour les festivités, statues de dieux provenant de toute l'Egypte, obélisques, constructions de structures (édification de deux pavillons jubilaires - "les maisons de Millions d'Années" - qui sont desservis par des escaliers orientés l'un vers le nord, l'autre vers le sud).
La fête est célébrée à l'origine sous le patronage du dieu Ptah. Elle reprend en partie les cérémonies du couronnement, mais on ne connaît pas avec exactitude la complexité du déroulement. Les principales phases devaient être :
- la rencontre des effigies des enfants royaux : revêtu d'un cours manteau, le pharaon part en procession vers les effigies des enfants royaux transportés sur une litière. Cette cérémonie à sans doute pour but d'affirmer la descendance royale.
- l'intronisation : le pharaon, vêtu d'un long manteau, monte successivement dans les deux pavillons de Millions d'Années qui représentent les Deux Terres. Sur chacun d'eux, il se coiffe de la couronne de Haute-Egypte, puis de Basse-Egypte. Il tient alors en main les deux sceptres du pouvoir royal.
- l'hommage des dignitaires : dans chacun des deux pavillons, le pharaon reçoit tour à tour les hommages des dignitaires de la Cour et du peuple de Haute et Basse-Egypte. Puis, le cortège des ambassadeurs étrangers dépose les tributs (en particulier des troupeaux de bétail).
- l'affirmation de la force royale : le roi, vêtu du pagne avec la queue de taureau, doit prouver sa force physique en accomplissant une course rituelle ou une chasse au lion, à l'hippopotame ou encore une capture de taureau. Il se peut aussi que ces démonstrations de force, héritées des temps lointains, soient effectuées par un autre que le pharaon par délégation.
- l'offrande aux divinités : le pharaon visite les chapelles des temples pour faire l'offrande aux divinités. Il est précédé par un cortège de prêtres porteurs d'enseignes. En contrepartie, les dieux lui souhaitent de nombreuses fêtes Sed.
- la prise de possession de l'univers : le roi tire des flèches en direction des quatre points cardinaux pour montrer que sa domination s'étend sur le monde.
- le relèvement du pilier Djed : en présence de son épouse, de ses enfants, des dignitaires et des prêtres, le roi doit relever l'énorme pilier Djed, c'est-à-dire remettre symboliquement le dieu de Memphis Ptak-Sokar-Osiris dans sa position verticale afin de montrer qu'après sa mort, le dieu est ressuscité. Durant la reconstitution de la résurrection d'Osiris, le pharaon prend la place du dieu mort tandis qu'Isis, Thot et Anubis, pratiquent les rites sacrés de sa renaissance. La force du roi est ainsi rituellement régénérée. Le relèvement du pilier Djed garantit le succès de la fête Sed.
Dans la réalité, certains pharaons n'ont pas attendu les trente années de règne pour procéder à cette fête. Ramsès II aurait célébré 14 fêtes Sed durant ses 67 années de règne (une fête Sed tous les 2 ans dans les dix dernières années de son règne). Aménophis III a organisé trois fêtes Sed successivement en 30, 34 et 37. En définitive, très peu de pharaons, une dizaine seulement, ont organisé ne fête Sed. Nombreuses mentions de fêtes Sed, ne renvoient en fait qu'à un acte isolé de tout rituel et plus souvent encore sont purement votives. Le pharaon était aussi amené à organiser la fête Sed, après sa mort, dans l'au-delà, d'où les édifices factices construits dans l'enceinte de la pyramide à degrés de Djéser.
Cette fête n'est pas seulement un événement religieux et politique, elle prend aussi un aspect économique et social. Les festivités demandent des provisions en abondance stockées dans les entrepôts, elles viennent de toute l'Egypte et même des pays étrangers. Les ambassadeurs étrangers offrent leurs meilleurs produits et reçoivent de pharaon, en retour, des cadeaux. C'est l'occasion pour tous de manger à profusion viande, volailles, fruits, légumes et de boire immodérément du vin et de la bière. Danse, musique, attractions diverses ponctuaient les cérémonies rituelles.
Le Djed est en réalité un pilier, ayant l'apparence d'un tronc et, symbolisant la colonne vertébrale d'Osiris surmontée par quatre vertèbres cervicales.
OSIRIS est assassiné par son frère Seth. Il renversa le Djed en tuant Osiris.
Il personnifie la stabilité et la cohérence de l'Univers.
Pharaon
Son premier devoir ayant été de redresser religieusement le Djed.
Lors de la fête dénommée Sed, chaque année, à Abydos, on mimait rituellement le retour à la vie du dieu, par l'érection de ce pilier.
Pharaon avait comme obligation d'élever le pilier sacré pour Ptah.
afin de
NH : taureau
NN jonc plume plume (Y) corbeille inversée (T)
NO
NC : cercle centré par un rond / haie / scarabée
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le son m (une chouette).
symbole de la vie.
le son D+A (pilon et mortier).
le son s (linge plié).
le son r (une bouche).
le son n (un filet d'eau).
1°/ la première personne du singulier féminin 2°/ déterminatif de la femme.
le son n+f+r.
le son f (vipère à corne).
le son t (miche de pain).
le son H+m (pubis).
le son s - z à l'Ancien Empire (loquet).
déterminatif du repos et de l'état assis.
symbole de Thèbes.
déterminatif de la ville (carrefour vu de haut).
Noms propres
(nfrt) Nofret, litt. Belle, nom féminin.
(wAst) Thèbes, cité d'Amon, capitale de Haute-Egypte à partir du Moyen-Empire.
Substantifs
abbréviation de (anx) la vie.
abbréviation de (wDA) prospérité.
abbréviation de (snb) santé.
(rn) nom.
Pronom-suffixe
(.i) je, moi. Première personne du féminin singulier.
Verbe
(Hms) habiter, s'asseoir.
Préposition
(m) en, dans, à.
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A
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Une sorte d'attaque vocalique, comme le "ha" dans "les haricots"
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x
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comme le "ch" dans l'allemand "ach"
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i
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i
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X
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sorte de "tch"
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,
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y
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y
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s, z
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s, anciennement z
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a
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Entre "a" et "eu", comme dans "Allah" prononcé par un arabophone.
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s
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s
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w
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ou
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S
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ch
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b
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b
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q
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k du fond de la gorge
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p
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p
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k
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k
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f
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f
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g
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g
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,
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m
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m
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t
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t
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,
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n
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n
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T
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sorte de "tj"
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r
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"r" roulé, parfois "l"
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d
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d
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h
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h comme en anglais
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D
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dj
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H
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h plus fort
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LIRE
https://fr.wikipedia.org/wiki/Titulature_royale_dans_l%27%C3%89gypte_antique
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III. Les autres fragments provenant d'Hermonthis et ramenés par St-Ferriol.
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–MG 1967 et MG 1973 "Fragments d'une scène représentant l'investiture du roi. Deux fragments d'un même bloc non unifiés". -Remploi dans le temple d'Hermonthis à Armant. -Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol. MG 1967 : Grès jaune pâle. 13 x 43,5 x 10 cm -. MG 1973 : Grès jaune pâle à grains fins, 66,8 x 75,5 x 11 cm.
– MG 1970 : "Bloc conservant le fragment d'une scène rituelle (amas d'offrandes)". s.d. Sculpture, Relief Grès jaune. 26,2 x 27,6 x 2,5 cm. Probablement remploi dans le grand temple d'Hermonthis à Armant, rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol. Vestige d'un amas de victuailles déposé sur le sol et présenté sur plusieurs registres (offrande de type aâbet). On voit le reste d'une natte sur laquelle s'amoncellent quatre canards troussés, un cuisseau avec son os, une tête de veau, un concombre (?), un pain et une grosse botte d'oignons. (Kueny & Yoyotte, 1979, p.26-27)
Image Musée de Grenoble
– MG1971 : "Bloc conservant les restes d'une scène rituelle", s.d. Sculpture, Relief . Grès jaune 30 x 63 cm. Très probablement remploi dans le grand temple d'Hermonthis à Armant. -Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol.
– MG 1972 : Bloc au nom d'un Touthmôsis, conservant les restes de deux scènes rituelles s.d. Sculpture, Relief Grès jaune. 57 x 54,6 cm. Remploi dans le grand temple d'Hermonthis à Armant. -Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol. (cf. infra).
– MG 1974 et MG 1980 :" Fragments d'une procession de génies de la fécondité" s.d. Sculpture, Relief . L'objet était autrefois en deux fragments, lors du récolement il a été donné un numéro d'inventaire à chacun. Depuis, des restaurations ayant été faites l'objet a été recomposé. Grès jaune. 87 x 108 x 8 cm. -Armant, arasement du pronaos du grand temple d'Hermonthis. -Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol. Don de Gabriel de Saint-Ferriol, fils du comte Louis de Saint-Ferriol, en 1916.
– MG 1975 :
– MG 1976 : "Fragment d'une grande inscription hiéroglyphique verticale conservant le prénom de Touthmôsis III." . s.d.. Sculpture, Relief Grès jaune. 37 x 22,5 x 6,5 cm. Probablement remploi dans le grand temple d'Hermonthis à Armant, rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol. C'est un reste de deux colonnes de hiéroglyphes : à droite on reconnaît la partie inférieure du cartouche du prénom de Thoutmôsis, avec le scarabée kheper de [Men-]kheper[-Rê]. A gauche, en écriture sinistroverse, la houe U6 translitterée mr suivie des deux plumes M17 translitterées -y composent le mot mry, "aimé". ( Kueny & Yoyotte, 1979, p. 26. Tresson 1919, Catal. p. 46)
Image Musée de Grenoble :
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– MG 1978 : "Bloc conservant les restes de deux scènes rituelles". s.d.. Sculpture, Relief Grès jaune. 50 x 70,5 x 13,5 cm.-Très probablement remploi dans le grand temple d'Hermonthis à Armant. -Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol.
— MG 1979 : Eclat de légendes hiéroglyphes en colonnes s.d.Sculpture, Relief . Grès jaune
18 x 30 x 7 cm. Remploi dans le grand temple d'Hermonthis à Armant, rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol. Deux colonnes, restes de légendes royales, : à gauche, en écriture sinistroverse, "[...] agréable de [Montou] ; à droite, en écriture dextroverse : [...] comme [Rê]". Ces légendes doivent se rapporter respectivement à deux personnages dos à dos. Les lacunes du texte sont établies à partir de la note manuscrite (page 5) de l'égyptologue Théodule Devéria (>1861) : "Fragments d'une inscription monumentale, de grande dimension ; partie de légende d'un roi : col.1 (à gauche) : ...agréable de Montou ; col. 2 ...comme le soleil la vie saine, comme le soleil". (Dewachter, 2008 ; Kueny & Yoyotte 1979 p. 26).
Cte éclat me permet de "lire" à l'extrême droite le hiéroglyphe Gardiner W19 du "vase à lait dans un filet" translitteré "mi", et signifiant "comme".
Image Musée de Grenoble
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– MG 1986 : Bloc au nom de Touthmôsis III conservant les restes d'une scène rituelle.s.d..Sculpture, Relief Grès jaune 44,3 x 69,8 x 11 cm.-Très probablement remploi dans le grand temple d'Hermonthis à Armant. -Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol. Pas de photographie proposée sur le site du Musée.
– MG 2017 : "Bloc au nom de Touthmôsis III conservant les restes d'une scène rituelle". s.d.. Sculpture, Relief. Grès jaune. 58,5 x 50 x 10,5 cm. Probablement remploi dans le grand temple d'Hermonthis à Armant. (cf. infra)
Les photographies indiquées "Musée de Grenoble" sont celles de Jean-Luc Lacroix,.
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— MG 1972 : Bloc au nom d'un Touthmôsis, conservant les restes de deux scènes rituelles.
s.d. 57 x 54,6 cm Grès jaune. Remploi dans le grand temple d'Hermonthis à Armant. Deux fragments ne se raccordant plus bord à bord.
Crédit photographique : LACROIX Jean-Luc
Ce blog permet de détailler le cartouche contenant le nom de Sa-Rê Thoutmôsis, Djehuti mes ou Ḏḥwtj msj(w) : "Thot a enfanté" : On y trouve de haut en bas
- un ibis sacré Hiéroglyphe Gardiner G26 dhwty désignant le dieu à tête d'Ibis Thot ou Djehuti.
- un pavois Gardiner R12 déterminant d'un symbole religieux. Il détermine le signe précédent, et sert de console d'appui à l'ibis.
- à gauche trois peaux de renard = hiéroglyphe Gardiner F31 : mes
- et en bas à droite le vêtement plié = hiéroglyphe Gardiner S29 = la lettre S
Au dessus du cartouche :
- Un pain rond = Gardiner X1
- Un trait vertical
"A gauche, un roi, maintenant disparu, accomplissait un rite devant un dieu dont on voit encore la perruque et l'épaule. Derrière ce dieu, une colonne de hiéroglyphes contenait un discours qu'il adressait au roi : "[...mon fils issu de] mon corps, Thoutmôsis, [mon] aimé [...]". En l'absence de prénom, on ne peut dire s'il s'agissait de Thoutmôsis II ou III. Le martelage de la tête de l'ibis peut remonter à la persécution des images divines à l'époque atoniste. A droite, de la scène suivante subsiste le haut du corps du roi qui amorce un gestre rituel. Ce roi est coiffé de la perruque courte bouclée ornée de l'uréus frontale et est paré du large collier" (Kueny & Yoyotte, 1979, p. 22).
MG 1972 Bloc au nom d'un Touthmôsis, conservant les restes de deux scènes rituelles, Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.
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— MG 1973 "Fragments d'une scène représentant l'investiture du roi. Deux fragments d'un même bloc non unifiés". -Remploi dans le temple d'Hermonthis à Armant. -Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol.
Grès jaune pâle à grains fins, 66,8 x 75,5 x 11 cm.
C'est le fragment décrit par Alexandre Moret :
"—Fragment de 0m,65 sur 0m,75.
Le roi, coiffé du casque nemes, sans barbe, portant le même costume, est accroupi , tournant le dos à une divinité (probablement Hathor), dont on ne distingue que les deux mains, qui font le geste de protection derrière la nuque du roi."
Selon Kueny & Yoyotte, 1979, p. 20-21 :
"Intacte, cette très belle scène montrait un dieu assis sur un trône – Amon, dieu de l'Empire, ou Montou patron d'Hermonthis – en train d'imposer la couronne sur la tête d'un roi agenouillé devant lui et de le présenter au monde. L'action se passe sous un dais installé sous une haute estrade. A gauche, on voit encore la jambe et la queue de taureau du dieu, ainsi que ses deux mains. L'une effleure la coiffure du roi ; l'autre se pose sur son épaule. Le roi imberbe, agenouillé sur ses talons, porte le khépresh à uréus torsadé, le collier large et un pagne court ; à sa ceinture, dans le dos, on devine la naissance de la queue de taureau, laquelle se prolonge en avant de ses genoux. les bras ballants sont légèrement repliés et les doigts d'une des mains, délicatement incurvés, débordent légèrement sur le fût de la colonnette supportant le dais.
En avant, un dieu à tête d'oiseau, – probablement Thot – levait le bras pour haranguer l'univers, annonçant l'avènement perpétuel du roi et proclamant les bienfaits dispensés par le dieu à ce dernier. Il en subsiste la perruque et l'épaule. Les deux colonnes de signes représentent des vestiges du discours : "1[...] la royauté. Il a renouvellé pour lui les apparitions en roi sur la terre 2.[...les rebell]es, il a repoussé leurs bras, et les voilà courbés sous sa puissance, comme celle de Rê, à jamais".
Cette scène constituait le dernier épisode de la série de tableaux rituels figurant la "montée royale", c'est-à-dire l'entrée quotidienne de pharaon dans le temple, en vue d'assumer les attributs de la souveraineté sacrale. Un autre épisode de cette série, la lustration de pharaon, est attesté sur un des reliefs thouthmôsides d'Hermonthis qui sont conservés au Vatican.
Le trait assuré du dessin, le modelé large et doux des figures, l'élégance des signes font de ce bloc un exemple précieux de l'art du relief sous les Thouthmôsides. Certains détails d'ornementation n'ont sans-doute pas été exécutés : on a seulement commencé à couvrir de points centrés le champ de la couronne khépresh, à hauteur de la nuque et audessus de l'oreille, sans aller plus loin."
MG 1973 "Fragments d'une scène représentant l'investiture du roi. Deux fragments d'un même bloc non unifiés", Photographie Musée de Grenoble (éclaircie).
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—MG 2017. Bloc au nom de Touthmôsis III conservant les restes d'une scène rituelle.
s.d.. Sculpture, Relief Grès jaune. 58,5 cm x 50 cm x 10,5 cm. Probablement remploi dans le grand temple d'Hermonthis à Armant.
"Un profil de pharaon imberbe tourné vers la droite est coiffé du némès avec uréus frontale. Le roi porte un large collier. La position de son avant-bras en dessous de son épaule gauche suggère un geste d'offrande ou de consécration. Au dessus du roi, sur trois colonnes sinistroverses, partie inférieure du nom d'Horus, du prénom et du nom personnel de Thoutmôsis III." (Kueny & Yoyotte 1979, p. 25.
MG 2017. Bloc au nom de Touthmôsis III conservant les restes d'une scène rituelle. Photographie Musée de Grenoble.
— MG1971 :"Bloc conservant les restes d'une scène rituelle".
s.d. Sculpture, Relief . Grès jaune 30 x 63 cm. Très probablement remploi dans le grand temple d'Hermonthis à Armant. -Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol.
Je m'arrête sur ce fragment en raison de la présence des signes ouas et ânkh.: "vivant et puissant" (comme Rê).
"En bas, coiffure en forme de vautour d'une déesse (sans-doute Tjenenyt ou Iounyt). Encadrant cette coiffure, reste de trois colonnes d'hyéroglyphes qui contenait un discours tenu par cette divinité : "1[...] ...aimé, 2[...] Montou, 3[...] ce [...], vivant et puissant comme Rê".
— MG1971 :"Bloc conservant les restes d'une scène rituelle". Photographie lavieb-aile.
— MG1971 :"Bloc conservant les restes d'une scène rituelle". Photo du Musée de Grenoble.
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RÉFLEXIONS COMPLÉMENTAIRES SUR LE DON DU SIGNE ANKH.
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1°) Ma confusion avec le rituel d'ouverture de la bouche.
Je l'ai dis pour commencer, je confondais, dans mes souvenirs, le don du souffle de vie ânkh avec la "cérémonie d'ouverture de la bouche". J'ai fini par en retrouver la description, et je trouve que les rituels, quoique bien différents, ont beaucoup de points communs.
L'ouverture de la bouche (et des autres orifices du visage) a lieu sur la momie lors des funérailles. Voici, par la synthèse de quelques lectures, de quoi il s'agit :
C'est un rituel d'animation, constitué de passes magiques accompagnées de formules rituelles, pour rendre la vie à la momie, en lui ouvrant la bouche, mais aussi les yeux, le nez, et les oreilles. Ainsi, elle pouvait à nouveau parler, respirer, circuler et prendre sa part d'offrandes, donc maintenir ses fonctions vitales. A l'origine, le rituel était pratiqué, dans la « Maison de l'Or », d'abord par les sculpteurs et tailleurs de pierre aux statues divines ou royales afin de transformer un objet inanimé en réceptacle vivant, l'éffigie statufiée étant l'un des éléments de l'être divin. Par la puissance du verbe, dont Thot est le maître, et par la magie du geste, le morceau de pierre ou de bois va s'ouvrir à l'univers des hommes tout en participant du divin. Les outils utilisés pour la confection de la statue vont maintenant servir à sa « mise au monde » symbolique. La statue va pouvoir voir les offrandes présentées par les hommes, entendre les prières et respirrer les effluves bienfaisants de l'encens. Selon Wikipédia, "L'ouverture permettait aussi au ka et au bâ de réintégrer le corps par les orifices ouverts symboliquement. Les textes funéraires assignent au dieu Sokaris la protection des morts, et principalement du roi défunt sur lequel il opère les rituels de purification et d'ouverture de la bouche. Anubis, en tant que guide du mort vers le tribunal d'Osiris, est un des dieux principaux de l'ouverture de la bouche."
La pratique fut étendue à la momie, parallélement à la statue du mort, qui faisait partie du matériel funéraire. C'est que la momie, tout comme la statue, est une manifestation de l'homme mort. On peut aussi soupçonner que les Égyptiens, craignant que la momie ne dure pas toujours, aient jugé nécessaire de lui adjoindre une statue, autre image du défunt plus durable que sa dépouille embaumée.
La mort sépare le corps de ses composantes immatérielles qui abandonnent le cadavre. Au sortir de l'atelier des embaumeurs, la momie n'est qu'une effigie condamnée au silence et à la nuit, incapable de communiquer. Le prêtre, après avoir purifié le corps par des fumigations et lustrations, saisit l'herminette — outil par excellence du sculpteur— et effleure la bouche, les yeux, le nez et les oreilles de la momie. Le geste est toujours accompli à deux reprises, en référence à la Haute et à la Basse Égypte. L'opération est reproduite avec divers instruments :
- le couteau « en queue de poisson » dérivé des silex bifides, nommés shepéshaef ou peseh-kaf, peut-être utilisés aussi ? pour couper le cordon ombilical, et réalisé en obsidienne, en pierre noire ou verte, verre ou métal.
- la pierre en forme de deux doigts, en pierre sombre, parfois en verre, ou doré.
- la lame en métal « du ciel » (fer d'origine météorologique), ou netjeri
- le bâton 'Grand de Magie" ou "Grand de Pouvoir", une lame terminée en tête de serpent, détenteur de tout potentiel vital, faite en pierre rouge (cornaline, jaspe rouge).
- le khepesh, patte antérieure droite du bœuf fraîchement abattu, dans laquelle réside la force vitale de l'animal sacrifié.
- l'herminette, nommée Meskhetyu
L'opération fut accomplie d'abord dans le « château d'or », atelier et officine d'embaumement, et, ultérieurement, devant ou dans la tombe. C'était un moment central et indispensable des funérailles, attesté depuis le temps des Textes des pyramides et jusqu'à l'époque romaine ; il a été définitivement codifié au Nouvel Empire.A partir de l'Ancien Empire, les ustensiles utilisés pour cette cérémonie sont ajoutés aux objets qui doivent figurer dans la tombe du défunt. La cérémonie de l'ouverture de la bouche et celle de l'enterrement sont illustrées à partir du Nouvel Empire sur les murs des chapelles, dans les tombeaux des personnages illustres. Plus tard on trouve dans le Livre des Morts, où le rite de l'ouverture de la bouche devant la tombe constitue la dernière étape de la cérémonie funèbre.
Voir ce lien : http://www.ucl.ac.uk/museums-static/digitalegypt/religion/wpr.html
Iconographie :
–Scène de rituel d'ouverture de la bouche, Papyrus de Houneffer (XIXe dynastie), British Museum.
rituel d'ouverture de la bouche, Papyrus de Houneffer (XIXe dynastie), British Museum.
–Livre des Morts de Nebqed Nouvel Empire, règne d’Aménophis III, 1391-1353 av. J.-C. Papyrus peint ; L. 6,30 m ; H. 31 cm, Musée du Louvre.
Le papyrus du Livre des Morts de Nebqed illustre deux épisodes de l'enterrement. Le premier montre le cortège qui escorte le défunt vers sa dernière demeure. Le deuxième épisode se déroule devant la porte ouverte de la tombe. En présence de la veuve accroupie et en pleurs, un prêtre exécute les rites de l'Ouverture de la Bouche. Des offrandes alimentaires sont là pour apaiser la faim du mort. Les scènes idéales dépeintes ici garantissent au mort que le rituel des funérailles, prélude à la renaissance, se déroule selon les règles.
La façade de la tombe, décorée de cônes funéraires en terre cuite, est percée d'une porte dont le vantail de bois est ouvert. Le cercueil noir, strié de bandes dorées, est redressé. Il repose sur un tas de sable aux vertus purificatrices. Le prêtre, identifiable à la peau de léopard qui l'habille, touche solennellement le cercueil à la hauteur de la bouche en récitant les formules appropriées. Les rites qui se répètent avec divers instruments et objets sont ici abrégés. Pendant l'opération, à l'approche de la séparation définitive, la veuve se lamente et couvre ses cheveux de poussière en signe de désespoir. Le rituel de l'Ouverture de la Bouche vise à ranimer les fonctions vitales du défunt afin qu'il puisse à nouveau respirer et s'alimenter dans l'au-delà. Le rituel s'adresse aussi bien aux particuliers qu'aux pharaons depuis la fin de l'Ancien Empire (2700-2200 av. J.-C.). On l'exécute aussi pour insuffler la vie aux statues et activer les monuments comme les temples.
–Livre des Morts de Nebqed Nouvel Empire, règne d’Aménophis III, 1391-1353 av. J.-C. Papyrus peint ; L. 6,30 m ; H. 31 cm, Musée du Louvre.
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2°) Le don de vie, comme théogamie.
Christiane Desroches Noblecourt propose, dans Le fabuleux héritage de l'Égypte, plusieurs exemples de don du signe ânkh provenant du temple de Deir el-Bahari, dont les bas-reliefs ont été relevés par H. Carter. Elle décrit la Théogamie par laquelle le dieu Amon s'unit avec la reine Iahmès, épouse de Thoutmôsis Ier et mère de la reine Hatchepsout.Dans une scène pleine de poésie, le dieu "descend" dans la chambre de la princesse, s'assied devant elle tandis que leurs pieds sont soutenus comme sur un nuage par deux princesses. Les genoux des deux protagoniqtes se croisent. Et Amon présente le signe du souffle de vie devant les narines de la belle Iahmès. Selon Desroches Noblecourt "pour clore le circuit établi et lui donner le maximum d'efficacité, Amon tient un autre signe de vie, que la reine reçoit de ses deux mains tendus devant lui". Mais elle ne mentionne pas un détail : ce deuxième ânkh est associé à un signe ouas, le sceptre du pouvoir. Le signe du souffle de vie présenté aux narines de la femme est différent du signe ânkh-ouas qui lui est remis en main propre et qui l'investit comme reine et lui assure la puissance éternelle.
Voir le bas-relief : http://bib18.ulb.ac.be/cdm4/item_viewer.php?CISOROOT=/shu003&CISOPTR=296&CISOBOX=1&REC=7
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Union du dieu Amon et de Iahmès, Deir el-Bahari, Temple d'Hapchepsout, Portique de la naissance.
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CONCLUSION.
J'y vois plus clair désormais. Le phonogramme ânkh servant à écrire le verbe « vivre » et le substantif « vie », doit être compris comme "souffle de vie". Tout au long de la civilisation égyptienne, l’ânkh est représenté dans les mains des divinités comme un de leur attribut, attribut qu'elles présentent aux narines du roi dans les bas-reliefs et peintures des temples d'offrande. Il anime, ré-anime et revivifie le pharaon (et l'Égypte qu'il représente). Il est le Don, et l'offrande faite au dieu est le don d'action de grâce pour cette vie qui circule et respire, dans un face à face du dieu et de son représentant. La forme ronde ( cuillère, sein, vulve, anneau de clef) di sigle possède la douceur caractéristique de cet échange vivifiant, et y associe une composante nutritive.
Au contraire, l'herminette ou les couteaux de pierre de l'"ouverture de la bouche" sont des outils tranchants destinés à ouvrir des canaux sensoriels dans les momies. Le rituel n'est pas le propre des pharaons, et n'est pas réalisé par le dieu ou la déesse. Il ne met pas en œuvre l'energie vitale du "respir", mais les energies de la survie après la mort : dans la mort, les différentes composantes se dissocient et le rituel funéraire vise à les rassembler afin d'assurer leur survie et immortalité. Outre le bâ , principe spirituel qui prend son envol à la mort du défunt, et le ka, énergie vitale et double spirituel qui naît en même temps que l'humain et survit dans la tombe après la mort grâce au culte funéraire et aux livraisons d'offrandes alimentaires, les sources égyptiennes mentionnent le corps, le nom, ren, le cœur (haty et ib), siège de la personnalité, de la mémoire et de la conscience, l'ombre shout et l'akh. Le phonogramme ânkh n'intervient plus.
SOURCES ET LIENS.
J'ai largement fait appel aux ciseaux et à la colle pour assembler mes découpages des articles de Wikipédia.
L'article Wikipédia Composition de l'être dans l'Égypte antique est remarquable. J'ai lu aussi L'Ouverture de la bouche
— Un site didactique (pour les élèves de sixième...mais qui me convient parfaitement) : http://jfbradu.free.fr/egypte/SIXIEMES/temples/temple.html
— Dictionnaire des hiéroglyphes en couleur : http://fmalarde.pagesperso-orange.fr/FM-hiero/FM-dico.htm et (tous les signes ) : http://fmalarde.pagesperso-orange.fr/FM-hiero/FM-images.htm
—Florence Maruejol, Les rites funéraires de l'Égypte ancienne, http://www.louvre.fr/sites/default/files/medias/medias_fichiers/fichiers/pdf/louvre-ritesfunerairesegypte.pdf
— DEWACHTEZ (Michel), 2008, "Imbroglio Djedmoutefänkh et Psamétique, Le Cabinet d'Uriage et sa contribution aux débuts de l'égyptologie (1841-1916)", in Le château d'Uriage, son cabinet de curiosités, Chapö Public Editions, p. 48-62.
— KUENY (Gabrielle), YOYOTTE (Jean). - Grenoble, musée des Beaux-Arts : collection égyptienne. - Paris : RMN, 1979. - (Inventaire des Collections publiques françaises, n°23). n° isbn 2-7118-0050-4 - Cat. n° 108, reprod. en n. et b. p. 84
— LEPSIUS (Karl Richard) Lepsius (1810–1884), 1842-1845, Denkmaeler aus Aegypten und Aethiopien nach den Zeichnungen der von Seiner Majestät dem Koenige von Preussen, Friedrich Wilhelm IV., nach diesen Ländern gesendeten, und in den Jahren 1842–1845 ausgeführten wissenschaftlichen Expedition auf Befehl Seiner Majestät
— TRESSON (Abbé Paul), 1933. - Catalogue descriptif des Antiquités égyptiennes de la salle Saint-Ferriol. - Grenoble, 1933. - Cit. p. 76-80, cat. n°50
—Lire :
La stèle poétique de Thoutmosis III à Karnak : http://rennesegypto.free.fr/spip.php?article96