Les 86 miséricordes des stalles de la cathédrale de Rouen décrites et illustrées par Eustache-Hyacinthe Langlois en 1838.
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Voir sur les stalles :
- Les stalles du XVIe siècle de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard.
Les jouées des stalles du chœur (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon.
Les frises nord des stalles du chœur (1504-1520) de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon.
Les frises sud des stalles du chœur (1504-1520) de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées , N. Périaux ed.,1 vol. (V-221 p.-XIII pl.) ; ill., portr. ; 22 x 14 cm
Les images proviennent de l'ouvrage numérisé par Google :
https://books.google.fr/books?id=y3_08JFKSBwC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
J'ai pensé rendre service aux chercheurs et aux amateurs en mettant en ligne, dans une nouvelle disposition, les gravures des miséricordes patiemment relevées par E.H. Langlois. Bien-sûr, Les Stalles de la cathédrale de Rouen, ouvrage publié en 2003 par C. Elaine Block et F. Billiet aux Presses Universitaires de Rouen et du Havre est une source infiniment plus précieuse.
Ce patrimoine est fragile : en décembre 1999, une tempête a endommagé 8 des 66 stalles actuelles.
J'ai respecté les titres et les interprétations de Langlois sans autre développement que deux notules "lavieb".
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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LES STALLES DU HAUT-CHOEUR
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1. Homme accroupi tenant des sacoches de la main gauche, et comptant ses espèces, de la droite, sur une table ou un escabeau.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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2. Un homme comptant de l'argent à un autre.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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3. Un cymbalier et un tambourineur.
La flûte à bec de ce dernier est brisée.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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4. Deux Israélites portant sur un levier la grappe de raisin de Nehescol ou du Torrent de la Grappe.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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5. Homme tranchant avec son sabre l'épaule de son adversaire, qu'il a terrassé de la main gauche.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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6. Homme étranglant un lion.
Est-ce David ? Est-ce messire Yvain, dit « le Chevalier au lion » ? Le casque dont il est coiffé devrait faire pencher la balance en faveur de ce dernier, ce nous semble.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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7. Samson coiffé d'un « tortil » et représenté dans une action semblable à la précédente.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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8. Deux joueurs de bedondaine, ou gros tambour à grelots
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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9. Aristote amoureux.
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Nous n'avons fait que mentionner en passant, dans la nomenclature qu'on vient de lire, sous le n° 9, un des sujets les plus remarquables retracés sur les miséricordes de nos stalles. Nous n'avons pas voulu distraire le lecteur, par l'intercallation d'un trop long récit, de la description sommaire que nous faisions dérouler sous ses yeux de ces quatre-vingt-six singulières représentations : il nous est permis maintenant d'y revenir.
Cette stalle est la neuvième des hautes-formes du côté du midi. Elle offre un sujet bizarre et peu connu. Si le fond n'en est pas véritablement historique, il est au moins assez moral, comme on le verra tout-à-l'heure.
Cette sculpture représente un homme vieux et barbu se traînant presqu'à plat ventre, et portant sur son dos une jeune femme assise. Celle-ci, coiffée du hennin', espèce de bonnet à deux cornes assez commun du temps de Charles VI, vêtue d'une robe longue et serrée,
'Ces bonnets à deux cornes plus ou moins pointues se mais la gorge fort découverte, selon l'usage des courtisanes de la même époque, paraît, dans maintinrent dans quelques parties de l'Allemagne jusqu'à la fin du xvn« siècle. Il est assez singulier qu'ils se retrouvent aujourd'hui chez les femmes Tchouwaches, paysannes russes, entre la Soura et le Volga. Une partie de nos anciennes modes semble s'être réfugiée dans le Nord, où la bourguignote, ou corne qui surmonte le bonnet de nos Cauchoises, orne encore aujourd'hui la tête des dames islandaises.
Le hennin était encore en vogue en France au déclin du xv siècle, lors des prédications du dominicain Gabriel Barlet, dont les sermons fourmillent de quolibets ridicules et de saillies burlesques, comme ceux de Michel Menot et d'Olivier Maillard. Dans son sermon latin De Tentatione diaboli, au milieu d'une sortie violente contre les divers ajustemens du beau sexe , Barlet n'oublie pas de lui reprocher sa coiffure. « Elles portent « des cornes, dit-il, et des cheveux tortillés en anneaux ( crtt« dellos ). Dis-moi, femme , à quel signe distinguerait-on de « Macaire, le diable en habit d'ermite? Réponds sans hésiter, n — Aux griffes et aux ongles. — Eh bien! toi, ce serait à tes « cornes. » Sermo 2; inprim. dominic. Quadrag.
C'est dans les écrivains ecclésiastiques, les conciles, les ouvrages de théologie morale, les sermonaires et les légendes, qu'on peut puiser plus abondamment qu'ailleurs des notions universelles sur les mœurs publiques et privées , les usages, les costumes et l'esprit religieux et politique de nos ancêtres. Les immortelles recherches de l'illustre Ducange prouveront toujours combien de ressources on pouvait tirer d'un pareil fond.
cet équipage, chevaucher le vieillard et le conduire au moyen d'une bride dont le mors est fixé dans la bouche de cette vénérable monture. Par suite de l'oubli des traditions et des écrits de nos vieux poètes, on a souvent cru voir, dans ce sujet reproduit dans quelques autres lieux, une allégorie de la patience ou plutôt de l'excessive bonhomie avec laquelle Socrate endurait les mauvais traitemens de sa femme, l'acariâtre Xantippe. Il n'a cependant aucun rapport avec cela : il s'agit d'une autre histoire que je pourrais préciser en deux mots , mais que je crois plus à propos de rapporter avec quelques détails. D'ailleurs, je suis, je le confesse, né quelque peu conteur; mais ce défaut, si c'en est un, m'est au moins commun avec nos pères, qui, dès les xiie et xme siècles, reconnaissaient l'hospitalité ou s'en tenaient pour suffisamment indemnisés par une chanson ou le récit d'un conte, usage simple et naïf que je me plais d'autant plus à rappeler, que ce fut en Normandie, lieu de son origine, qu'il eut spécialement cours, et que c'est encore en Normandie qu'on dut, plus fréquemment qu'ailleurs , payant son hôte en pareille monnaie, le régaler du conte ou fabliau dont le sujet a fourni celui de notre sculpture;' il est d'Henry d'Andely, trouvère renommé du xme siècle, et cette production de notre vieux compatriote se distingue éminemment, par sa délicatesse, de l'immense fatras des poèmes romans , sous le titre de Lay d'Jrislote. Je n'en exposerai néanmoins qu'une sorte de sommaire, en traduisant librement le texte, même en le citant littéralement quelquefois.
'« Usages est en Normeudie ,
« Que qui hébergiez est, qu'il die
« Fable ou chanson lie {joyeuse) à son oste.
« Ceste coustume pas n'en oste
« Sire Jehans li chapelains. »
— Dit du Segretain de Cluny,
par Jean Le Chapelain. —
Voyez les Fabliaux publiés par Barbazan , édit. de Méon, t. III, préf., p. ix.
Nous trouvons, dit Henry, après un exorde fort grave, qu'Alexandre, roi de la Grèce, dont tant de potentats éprouvèrent la fureur guerrière, méprisait l'or et les richesses, faisant consister ses trésors dans sa chevalerie seule. Il s'empara de tout pour tout donner; il sema tout pour tout recueillir , et c'était en semblant mettre tout hors de sa puissance, qu'il travaillait à lui donner une étendue sans bornes. Mais je veuil, dit l'auteur, repairer à mon affaire. Ce roi de la Grèce et de l'Egypte avait soumis à sa domination jusqu'aux vastes états de l'Inde! C'est dans ces derniers climats qu'il se complut long-temps à résider; si vous me demandez pourquoi, je vous le dirai volontiers : c'est
« Qu'autant a amors sor un roy
« De droit pooir, ce est la somme,
« Comme sor tout le plus poure home
« Qui soit en Champaigne n'en France,
« Tant est sa seignorie franche. »
Or, le fier Macédonien, après avoir courbé le monde entier sous le joug, soupirait dans les fers d'une jeune Indienne que nature avait, il est vrai, comblée des charmes les plus ravissans. Le belliqueux monarque ne peut s'arracher de ses bras, ne voit, ne vit plus que par elle et pour elle; pour elle il oublie tout, jusqu'au soin de sa propre gloire. Enfin, le vainqueur des rois, le maître du monde, est devenu l'esclave idolâtre d'une simple et faible fille sortie d'un sang barbare. L'armée entière s'indigne et murmure sourdement; mais si tous se taisent encore devant le héros d'Arbelles, il n'est personne au moins qui ne le blâme en se* cret. Aristote, que le poète normand suppose à la suite du conquérant, Aristote enfin s'alarme pour la renommée de son élève, et lui reproche avec indignation de la sacrifier à une misérable étrangère. En vain le passionné monarque veut plaider contre le sage en faveur de son amour:
« Je cuit ( je crois ) que vous ne véez goûte,
« Roi, dit Aristote son mestre:
« Or vous puet-on bien mener pestre
« Tout issi comme beste en pré. »
Ce compliment, qui, soit dit en passant, ne respirait pas la politesse attique et ne ferait pas fortune aujourd'hui près des grands, produisit cependant, à l'appui de quelques autres argumens, son effet sur l'esprit du fils de Philippe. Aussi, dès ce jour même, témoigne-t-il, au moins en apparence, quelque refroidissement à sa mie. La belle Indienne s'alarme, pleure, se désole et se tait; mais son silence est celui du désespoir. Alexandre ne peut soutenir le spectacle de sa douleur : son cœur s'amollit, et le héros redevient amant. Il s'excuse sur Aristote, dont il révèle l'austère mercuriale; et la belle, essuyant ses larmes, jure de les faire payer à celui qui les lui fit répandre. « Sire roi, dit-elle, si Dieu me sauve et me maintient vive jusqu'à demain heure de none, vous pourrez, à votre tour, vous moquer de votre maître, de ce vieux bourru chauve et pâle, dont, j'en suis certaine, la dialectique et la clergie ne tiendront pas contre moi. Postez-vous seulement en secret, dès l'aube du jour, aux fenêtres de cette tour. »
Le lendemain, Alexandre se glisse au lieu du rendez-vous; et bientôt la jeune fille, n'ayant, pour couvrir ses charmes, que sa blanche chemise et un manteau bleu, voltige d'un pied léger, plus fraîche que l'aurore, sur le gazon fleuri du verger voisin. C'est près de là qu'est l'étude d'Aristote, et déjà le philosophe est enfoncé dans ses méditations. L'aimable syrène erre autour de sa retraite. Sa douce voix se marie au gazouillement des oiseaux qui saluent le retour de la lumière; elle répète les chansons les plus tendres, et, dans sa feinte insouciance, elle tresse une couronne de menthe et de fleurs dont elle orne son front plus clair que cristal, et l'or de sa longue chevelure. Le sage distrait prête l'oreille, s'émeut, abandonne son livre , et s'interroge, épouvanté de son trouble, sur le sentiment qui l'occasionne. D'une voix plus touchante encore, l'aimable étrangère fait entendre cette nouvelle chanson:
« Dans un verger, auprès d'une fontaine, la fille d'un « roi s'asseoit, la tête inclinée sur sa main ; en soupirant, « elle appelle son doux ami. Ahi! comte Guy , dit-elle, « votre amour m'enlève mon repos et mes plaisirs. »
Enfin le charme opère : le philosophe n'y tient plus; il paraît, déclare à la belle Indienne,
qui feint un mouvement de surprise, la passion dont il est embrasé, et la supplie de lui accorder le don d'amoureuse mercy.—« Ah ! Seigneur, dit-elle, despuis qu'ainsi est que vous tant m'amez. Eh bien! soit, j'y consens, mais veuillez au moins mériter mes bonnes grâces par une légère complaisance. Je ne puis, je vous l'avoue, résister à la fantaisie de vous chevaucher un peu dans ce verger, votre dos chargé de la selle d'un palefroy, pour être plus honneslement assise. » A quoi ne contraint pas l'amour ? Dans son transport, Aristote se prête à tout, et le voilà chargé de son gracieux fardeau, cheminant à quatre pattes sur le gazon humide de rosée. On se doute aisément que sa malicieuse cavalière le dirige vers la tour où son amant se tient aux aguets. Fièrede sa victoire, elle chante ces paroles d'une voix élevée:
« Ainsi va qui amors maine
« Pucelle plus blanche que laine;
« Mestre musars me soustient,
« Ainsi va qui amors maine
« Et ainsi qui les maintient. »
Alexandre, riant de ce plaisant spectacle, — eh! qui n'en eût pas ri !— se montre soudain à la fenêtre de la tour. « Maître, s'écrie-t-il, que vois-je ? Est-ce bien vous qui vous laissez conduire ainsi, oubliant à ce point votre sermon d'hier, et vous abaissant le premier à la condition des brutes ? »
Aristote lève la tête et s'arrête stupéfait, mais, malgré son trouble , tire de sa confusion même une nouvelle leçon pour son fougueux élève: « Sire, dit-il, vous dites vrai; jugez donc maintenant si j'avais raison de vous prémunir contre les écarts de votre bouillante jeunesse, quand, malgré la glace des ans, je n'ai pu me défendre des égaremens de l'amour, de cette passion fatale contre laquelle viennent d'échouer en un instant, et mes lumières et ma longue sagesse. » C'est ainsi, dit le poète andelien, que
« Moult s'est rescous (s'est tiré) et bel et gent
« Aristote de son meschief. »
Henry n'en convient pas moins avec Caton, que : turpe est doctori cum c.ulpa redarguit ipsum-, et conclut enfin son poème par cette prédiction plus certaine que celles de maître Mathieu Lœnsberg:
« Qu'amors vainc tout et tout vaincra
« Tant com cis siècle durera. »
Tel est le fond du Lay d'Aristote, production gothique dont il serait difficile de faire passer, dans notre langage moderne, la grâce et la simplicité.
La Cathédrale de Rouen n'est pas la seule dans les décorations de laquelle ce sujet ait eu l'honneur d'être admis. Nous citerons seulement , pour abréger, et ne pas sortir de la Normandie , celle de Saint-Pierre de Caen, où il occupe le chapiteau d'un des derniers piliers du côté gauche de la nef, partie de l'édifice qui fut construite vers l'an 13o8. M. l'abbé De la Rue, qui fournit ce renseignement dans ses Essais historiques sur la ville de Caen, donne, dans le même ouvrage, une esquisse de ce bas-relief.'
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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10. Homme marchant à quatre pattes ; une femme lui pose le pied sur les mains : l'un des bras de cette dernière est à demi-brisé ; il paraît avoir été dans l'intention de frapper.
Lavieb :C'est manifestement un chausseur faisant essayer à une femme sa chaussure.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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11. Un homme et une femme tirant fortement en sens inverse une espèce de vêtement.
Ce sujet représente peut-être la dispute de la culotte, caricature triviale , commune encore dans la basse imagerie du siècle passé.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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12. Deux fabricans de patins ou galoches.
Cette chaussure se composait de semelles de bois qui posaient sur deux bases fort élevées, dont l'intervalle figurait une espèce d'arche : quelquefois elles faisaient partie du soulier; plus souvent elles n'étaient que de simples sandales dans lesquelles on passait le pied déjà chaussé. Nous trouvons, dans le traité de Beaudouin : De antiquo Calceo, que les Romains employaient souvent aussi des semelles de bois. Le patin dont il s'agit ici était fort en vogue en France dans le xve siècle , et les grands le chaussaient même en habit de cour, comme on le voit dans un portrait en pied de Philippe-le-Bon , duc de Bourgogne, où ce prince est représenté vêtu d'une chlamyde de pourpre bordée de riches orfrois.
Jean Hérolt, dans ses Sermones discipuli, serm. Lxxxn1 (Lugd., i535), déclame fort contre ces chaussures, contre les chapeaux à très haute forme, etc. « Quod vitium ( inquit ) « multùm abundat jeun in quibusdam viris qui « altospileos in capitibus, et colopidea in pe« dibus, et vestes longas per terram trahunt, « volentes sic adjicere ad staturam suam eua bitum unum. » Ducange et tous les autres glossateurs ne font aucune mention des colopidea.
On portait encore, sous Henri IV, Louis XIII, Louis XIV et Louis XV, des talons d'une hauteur énorme aux souliers et aux bottes surtout; ce ne fut que sous le règne de Louis XVI que nos dames commencèrent à renoncer aux talonnettes élevées de leurs souliers et de leurs pantoufles. Les femmes turques et grecques portaient assez communément des semelles de bois à deux bases, dans les xve et xvie siècles. Voyez, entr'autres preuves, les figures de l' Histoire des Turcs, trad. par B. de Vigenère, in-fol.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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13. Deux autres fabricans de patins, dont l'un coupe son cuir.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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14- Deux lanneurs de drap.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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15. Deux épinceurs de drap..
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'La draperie de Rouen, au xve siècle, vers le temps même du travail de nos stalles, jouissait d'une haute réputation; si bien que les fabriques des autres villes contrefaisaient la lisière de ses draps , pour mieux vendre leur marchandise, et ce, en grand scandale, vitupère et deshonneur de lad. draperie, en diminution du bon nom, loz et renommée d'icelle, dit l'ordonnance royale à laquelle j'emprunte ce document. (Ordonnance de Charles VII, du 50 octobre 1458. )
Ces lettres étaient adressées aux baillis de Rouen , du Berri, de la Touraine, du Maine, de l'Anjou, et aux sénéchaux du Poitou et de la Saintonge.
LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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16. Deux hommes luttant, dont l'un veut arracher quelque chose à l'autre.
L'objet que ce dernier tenait à la main est brisé.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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17. Homme assis; un autre le salue, le chaperon à la main, et à demi agenouillé.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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18. Sculpteur travaillant à une porte gothique ou à un bahut.
Il évide les meneaux et les entrelacs qu'ils supportent.' idée de l'industrie rouennaise dans cette branche importante, au xve siècle. Aussi avons-nous cru devoir les transcrire, en grande partie, en les rejetant dans les Notes supplémentaires qui complètent cet ouvrage, pour ne pas distraire trop longtemps ici l'attention du lecteur.
Les sculpteurs en bois faisaient partie des huchiers, autrement dits menuisiers. Seulement on les distinguait quelquefois des simples ouvriers de la corporation, en les désignant par l'acception d'ymaginiers, d'ymagiers.
La corporation des huchiers de Rouen tient trop essentiellement au sujet traité dans cet ouvrage, pour que nous ne nous empressions pas de donner, dans les Notes supplémentaires, un extrait de ses statuts. Nous l'empruntons au Recueil des Ordonnances des rois de France. A. T).
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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19. Homme tenant une lance dont il semble éparpiller quelque chose.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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20. Deux hommes à table : l'un tient un énorme broc.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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21. Chimère ailée tenant d'une main sa queue de serpent.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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22. Un sculpteur de stalles.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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23. Deux jeunes diacres en tunique, tenant et montrant simultanément du doigt un grand phylactère.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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24 . Personnage encapuchonné marchant à quatre pattes.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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25. Vendangeurs , homme et femme. Tètes brisées.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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26. Sculpteur façonnant un des fleurons d'un tympan gothique.
On leur donnait le nom de chous rampans. A.D.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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27. Homme nu, couché , la tête coiffée d'un drap, qui couvre une partie du corps.
Cette figure est la seule dans laquelle on pourrait soupçonner une idée licencieuse. Disons, toutefois, à l'honneur du sculpteur, qu'il l'a laissée, en partie, à deviner : honni soit qui mal y pense!
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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28. Maître d'école fouettant un enfant.
Ici point de doute; les choses sont à nu.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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29. Deux hommes faisant usage d'un objet brisé, qui paraît avoir représenté une meule aiguisoire.
Celui qui tourne la meule, à en juger par son âge et par son occupation secondaire, est l'élève ou serviteur; celui qui tient l'instrument est le maître.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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30. Un forgeron et sa forge.
La forge, ainsi que l'enclume, diffèrent peu de celles aujourd'hui en usage.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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31. Chirurgien pansant la jambe d'un homme.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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32. Lion à torse humain, tenant embrassé un lionceau de la même figure.
La tête de ce dernier manque. Celle du premier est coiffée d'un chapeau à forme bizarre.
LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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33. Marchand de galoches ou patins, en essayant une paire au pied d'un homme.
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II est à remarquer que, de toutes les corporations de métiers de Rouen, celle des cordonniers pourrait, à coup sûr, invoquer le titre le plus ancien; on connaît une charte de Geoffroy-Plantagenet en sa faveur, qui en relate une antérieure de Henri Ier : on sait que ce dernier prince gouverna la Normandie de 1101 à 1155. Geoffroy Plantagenet, s'autorisant de l'exemple de son prédécesseur, permet aux cordonniers de Rouen de s'organiser en corporation, qu'il nomme gilde, « gilda. »
Cette confrérie reçut une nouvelle organisation en 1575. On voit dans ses statuts , qui sont conservés aux archives de la ville , que la chaussure la plus estimée, à cette époque, était les estyveaux de cordouen ( de Cordoue, de cordouennerie , d'où, plus tard, est restée la qualification de cordonnerie, de cordonnier ); venaient ensuite les estyveaux de vache et les soulliers de veau. A. D.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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34- Homme voulant en poignarder un autre.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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35. Deux hommes groupés à béchevet, d'une manière si bizarre que la tête et les pieds de chacun des deux semblent appartenir indifféremment à l'autre.
Cette combinaison plaisante se retrouve dans les bas-reliefs latéraux du portail des Libraires de notre Cathédrale. Ce n'est point là, au surplus, le seul point de comparaison qu'il serait possible d'établir entre l'œuvre des stalles et ces bas-reliefs; soit que les artistes des stalles se soient inspirés à ces compositions grotesques et originales, qui jouissaient peut-être de quelque célébrité, soit que les mêmes traditions, à raison de leur popularité, agissant sur l'imagination et du huchier et du maçon, aient fait sortir du ciseau respectif de ces ymagiers les mêmes réprésentations. A. D.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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36. Deux hommes , dont l'un paraît ouvrir de force la main de l'autre.
On peut encore induire, du mouvement de ces figures, que l'un attire violemment l'autre à lui.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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37. Samson et Dalila.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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38. Homme barbu , tenant d'une main un petit bouclier ou rondelle, et de l'autre l'épée courte ou estoc.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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39. Ymagier travaillant, avec action, à la sculpture d'une statue.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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40. Homme chaperonné, versant le contenu d'un broc dans une espèce d'assiette ou de jatte.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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41. Posture ridicule: homme les jambes extrêmement écartées, une main sur un genou , l'autre sur une escabelle.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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42. Homme barbu, déroulant un grand phylactère.
Les figures du même genre qui se remarquent dans ces stalles, paraissent rappeler les personnages travestis et les prophètes qui jouaient un rôle dans la fête de l'Ane, à Rouen. Voyez la description de leurs costumes, dans Ducange, Gloss. : verb. «Festum asinorum.»
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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43. Homme enfonçant une lance dans la gueule d'une gargouille ailée.
Un tableau du cabinet Moscardo, peint par Jules Romain, cité par Misson dans son Voyage d'Italie, offrait, contre la coutume, saint Georges combattant à pied le dragon.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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44- Jeune homme tenant un grand phylactère, et feuilletant un livre.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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STALLES DU BAS-CHOEUR.
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45. Un pédagogue et deux enfans; il en fait lire un pendant que l'autre étudie.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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46. Un maçon.
La confrérie des maçons paraît avoir pris naissance en Normandie, en 1145, à l'occasion de l'incendie de la cathédrale de Chartres. Les populations normandes, mues d'un zèle religieux , se portant en foule au pays Chartrain , pour aider à la réédification de cette église célèbre qui venait d'être consumée par le feu, s'étaient organisées en une vaste corporation, ayant à leur tête un chef, qu'ils nommaient leur prince. L'archevêque de Rouen, Hugues, a consigné ces curieux détails dans une lettre adressée à Théodoric d'Amiens. L'abbé de Saint-Pierre-sur-Dive, Haimon , nous apprend que ces compagnies, de re
a voulu reconnaître aussi la reine Clotilde, la reine Berthe, dite Berthe-aux-longs-Pieds. Voyez Montfaucon , Monum. de la Monarch. franc., t. i, p. 19a; et les Dissertations de l'abbé Lebœuf, de Mabillon, etc.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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47. Homme (probablement un manœuvre) jetant de l'eau d'un seau : un puits est auprès de lui.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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48. jeune poissonnière.
Les marchands poissonniers de Rouen avaient certainement jadis une confrérie dans la cathédrale, et furent les donateurs du magnifique vitrail représentant la vie de saint Julien-L'Hospitalier
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49. Homme barbu, tenant un phylactère, comme dans le n°44 .
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50. Femme ailée, à queue de serpent.
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51. Berger se disposant à jouer de la musette auprès de ses moutons.
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52. Charpentier perçant une pièce de bois avec une tarière.
LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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53. Alchimiste tenant un phylactère, et ayant une espèce de fourneau devant lui.
'L'objet arrondi, qui est placé derrière le bras droit du personnage, pourrait faire supposer que nous voyons ici un maitre-verrier : cet objet ne serait autre qu'un plat de verre, qui vient de sortir du fourneau. A. D.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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54. Homme les bras allongés sur une table couverte d'une nappe; il tient les vestiges d'un objet fracturé qu'on pourrait croire avoir été un broc.
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55. Homme barbu, muni de l'escarcelle, les jambes écartées, et s'appuyant, de la main gauche, sur un chicot d'arbre.
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56 Femme chimère, à queue, ailes et pattes d'oie , montrant un cœur dans sa main.
Les pieds de cette figure rappellent la reine Pédauque, dont les statues décoraient le portail de plusieurs églises, et dans lesquelles on a voulu reconnaître aussi la reine Clotilde, la reine Berthe, dite Berthe-aux-longs-Pieds. Voyez Montfaucon , Monum. de la Monarch. franc., t. 1, p. 1g2; et les Dissertations de l'abbé Lebœuf, de Mabillon, etc.1
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57. Vieillard coiffé d'un énorme chapeau de pelleterie, qui a quelque analogie avec la mitre épiscopale, et qui dort, la tête appuyée sur sa main.
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58. Figure humaine avec des pieds d'oie, la tête ceinte d'un tortil; elle tient une fronde ou fléau brisé; l'autre main porte une rondelle fort bombée.
Nous retrouvons cette bizarre figure dans les bas-reliefs du portail des Libraires.
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59. Homme répandant une corbeille de fleurs devant deux cochons.
Est-ce une allusion au proverbe « Spargere margaritas antèporcos »?
'Mémoires de l'Académie des Inscriptions, passim.
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60. Femme chimère, à corps de lion; les bras très ouverts et couverts d'une draperie, ainsi que la tète.
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61. Chirurgien ou barbier venant de faire une saignée, ou bien encore Chiromancien disant la bonne-aventure.
La corporation des barbiers, fort ancienne à Rouen, reçut une nouvelle organisation en 1407. Entre autres conditions pour être reçu maître, l'apprenti devait être en état de faire une lancette bonne et souffisante pour saingnier toutes vaines; car les barbiers avaient le droit de tirer du sang, et d'étancher, une première fois seulement, celui d'une personne blessée, en cas d'imminente nécessité. Là se bornaient les droits des barbiers rouennais à la pratique chirurgicale. Ceux de la ville de Paris, vers la même époque, pouvaient se donner un peu plus carrière ; il leur était permis de panser, et même de guérir les clous, les bosses et les plaies, pourvu qu'elles ne fussent pas mortelles. ( Ordonnance de 1572. )
L'ordonnance de 1407 défend aux barbiers de Rouen de rendre aucun service aux lépreux, sous peine de bannissement. Cette défense ferait supposer que ces malheureux ne leur faisaient pas éprouver au même degré l'horreur qu'ils inspiraient aux populations épouvantées, dans ces temps d'ignorance.
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62. Vieillard barbu, tenant un objet cassé.
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63. Homme en robe, portant une robe et un bouclier.
Ce bouclier, qui est garni de l'umbo, a la plus grande analogie avec un bouclier antique d'une médaille figurée sur une médaille publiée par Montfaucon
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64. Chimère à torse humain et à partie inférieure d'oiseau, pinçant la harpe.
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65. Figure drapée ou Mélusine relevant d'une main sa queue de serpent et portant de l'autre un miroir rond.
Les véritables figures de Mélusine représentent cette fée enfoncée dans l'eau d'un bain jusqu'à la ceinture, tenant un miroir, et démêlant sa longue chevelure.
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66. Femme assise sur un lion.
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67. Barbier savonnant un homme assis.
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68 Femme chimère, coiffée du voile et de la guimpe.
Elle tient d'une main l'écu d'armes, et de l'autre un objet brisé; la partie inférieure du corps offre la forme et la queue d'un coq.
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69. Chimère à tête voilée, à face de singe.
Elle tient les débris d'un bouclier et une espèce d'épieu.
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70. Chimère en turban ou chaperon, tenant d'une main sa queue, de l'autre un trousseau de verges.
Elle porte, sur l'abdomen, une face humaine.
Cette monstrueuse transposition se voit très souvent dans les figures de diables exécutées dans le moyen-âge; on la trouvait quelquefois jusque dans les anciennes armures, sur la pancière, ou pièce inférieure de la cuirasse.
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71. Tondeurs de drap, homme et femme.
C'est aux individus de cette profession que la Cathédrale dut, dans le xuie siècle, le beau vitrail représentant la vie du patriarche Joseph. Voyez mon Ouvrage sur la Peinture sur verre.
Voyez Noël de la Morinière , Second Essai sur le département de la Seine-Inférieure, p. 265 et suiv.
« Marchands de draps, s'écriait, dans le xv« siècle , le prédicateur Maillard, vous vendez pour du drap de lia ne» celui « qui n'est que de Beauvais; vous vendez du drap humide « pour du drap sec; l'acheteur croit avoir deux aulnes et n'en « a qu'une. » Maillardi Sermones Adventus, serm. xxxiv. )
Il est également question du drap de Rouen dans la farce de Pathelin:
Pathélin.
« Cestuy cy est-il taint en laine?
« Il est fort comme un cordouen.
Le Drapier.
« C'est un très bon drap de Rouen ,
« Je vous prometz , et bien drappé. »
Ménage, dans son Dictionnaire étymologique , a désigné, sous le nom de limestre, certaines serges drapées, croisées, qui se faisaient de son temps à Rouen et à Darnétal. Dans ses Notes sur Rabelais, t. 2 , p. 1, Le Duchat parle aussi de ces étoffes.
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72. Jeune marchande de charbon
Elle en verse un boisseau dans le tablier d'une femme.
Les cornettes dont ces figures sont coiffées sont encore fort en usage dans beaucoup de lieux de l'Italie. Souvent les modes que l'on croit éteintes n'ont fait que changer de pays ou se maintenir ailleurs.
Est-il bien présumable que cette femme reçoive du charbon dans son tablier? Peut-être sont-ce des petits pains ou des gâteaux qu'on lui compte. A. D.
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73. Homme jouant avec deux plectres d'un instrument à deux cordes, de forme fort longue et carré des deux bouts, dont le nom n'est probablement plus connu.
De Lancre, Tableau de [inconstance des Démons, Magiciens, etc., pag. aii , parle des danses des sorcières, au son du petit tambourin, de la flûte et d'un long instrument qu'on bat, dit-il, avec un petit baston; mais il ne nomme pas ce dernier. On pourrait présumer, cependant, par la position qu'il lui assigne, qu'il parle d'une espèce de trompette marine, instrument monocorde dont le nom induit beaucoup de monde en erreur sur sa forme et son usage, mais qui se jouait ordinairement avec un archet. M. Jourdain, dans le Bourgeois gentilhomme , n'oublie pas cet instrument dans son projet de concert: «Il y faudra mettre aussi, dit-il à son maître « de musique, une trompette marine. La « trompette marine est un instrument qui me « plait et qui est harmonieux. » Le Sage donne à son Turcaret des oreilles aussi délicates.
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74- Jeune femme , les bras ouverts, paraissant vouloir couvrir de son voile ou manteau un petit enfant debout.
Dans les bas-reliefs remarquables et si délicatement ciselés du portail des Libraires, on retrouve à peu près ce sujet; mais , dans ce dernier, la femme a l'air de recevoir l'enfant avec effroi.
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75. Vieillard frappant de verges un petit chien.
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76. Un fendeur de bois.
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77. Une moissonneuse.
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78. Deux hommes assis devant une espèce de billot rond et dans une occupation équivoque.
Sans l'absence du maillet, on aurait bien pu les prendre pour des ouvriers monnoyeurs.
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79. Deux cordonniers, l'un travaillant son cuir, l'autre cousant un soulier.
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80. Cordonnier fabricant des chaussettes de cuir et des escaphignons, espèces de souliers des xive et xve siècles.
Les premiers se laçaient latéralement au dessous des chevilles du pied , et les seconds se laçaient ou se bouclaient au-dessus.
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81. Autre cordonnier chaussant un soulier ou chaussette au pied d'un homme assis.
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82. Samson emportant les portes de la ville de Gaza.
Il faut convenir que si les portes de Gaza n'eussent pas été plus grandes que celles que le sculpteur a placées sur l'épaule de son personnage, il y aurait considérablement à rabattre du merveilleux de l'action de Samson, et que sa force, d'herculéenne qu'elle était, pourrait bien descendre à rester tant soit peu lilliputienne.
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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83. Deux joueurs de panoye.
Rabelais a omis, dans les deux cent quinze jeux de Gargantua dont il donne les noms, celui dont il s'agit ici, ou peut-être l'y a-t-il autrement désigné. La panoye consistait à s'asseoir à terre, et pied contre pied, en face l'un de l'autre : chacun des deux adversaires s'efforçait alors de tirer à lui un bâton court, posé perpendiculairement et retenu par le bas, entre ses semelles et celles de l'autre tireur. Je n'ai trouvé de mention claire et positive de ce jeu que dans les Devises héroïques de Paradin, Lyon, 1557, page 182 : on y voit quatre bras se disputant le bâton, avec ces mots pour ame: « Et l'un et l'autre. ».
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LANGLOIS (Eugène-Hyacinthe), 1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, ornée de treize planches gravées,
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84- Homme barbu et encapuchonné, supportant des deux mains la moulure de la miséricorde.
Une femme lui soutient le coude.
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85. Deux servantes , dont l'une nettoie de la vaisselle.
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86. Deux serviteurs , homme et femme, lavant des plats dans une grande cuvette.
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87. 88. — Ces deux dernières sellettes n'appartiennent point aux stalles de la cathédrale de Rouen , et font partie , la première (n° 87 ), des stalles de l'église de Saint-Taurin d'Evreux; la seconde (n° 88), de celles de l'église de Bourg-Achard , arrondissement de Pont-Audemer. L'auteur avait cru devoir les ajouter ici pour compléter sa dernière planche, comme un type curieux de l'imagination et du caprice des artistes du moyen-âge dans notre province.
On est toujours étonné de rencontrer, dans nos temples chrétiens, ces obscena qui, s'ils ne détournaient pas l'attention des fidèles ( c'est le moins qu'on puisse accorder ) , ne paraissaient pas du moins les beaucoup scandaliser. Quant au clergé, il est plus extraordinaire qu'il en ait toléré la présence dans nos basiliques.
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N°87. église de Saint-Taurin d'Evreux. Un renard en chaire prêchant une poule et un canard.
La volatile qu'il a déjà dans son capuchon prouve qu'un premier sermon n'a pas été infructueux. Ce sujet, qui a un caractère tout-à-fait épigrammatique, se retrouve fréquemment dans les miniatures des anciennes heures manuscrites et dans les sculptures de nos édifices religieux. A. D.
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n°88. Stalle de l'église de Bourg-Achard.
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SOURCES ET LIENS.
— PIAT (Florence), 2012, Les stalles de l’ancien duché de Bretagne, de la fin de la guerre de Succession jusqu’au concile de Trente, [thèse : Histoire de l’art], Rennes, Université de Rennes 2, 2012, 2 vol.2.
https://www.academia.edu/34924613/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_Les_stalles_de_lancien_duch%C3%A9_de_Bretagne._De_la_fin_de_la_guerre_de_Succession_jusqu'au_concile_de_Trente
Volume 2 Annexes :
https://www.academia.edu/34924818/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_-_Volume_2_-_Annexes
http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/recherche/globale?ou=Saint-Pol-de-L%C3%A9on&type=&texte=stalles+
— ALEXANDRE-BIDON (Danièle), 2001, « L’iconographie des stalles : partage et transmissions des modèles (enluminures, gravures...) », in K. Lemé-Hébuterne (dir.), Autour des stalles de Picardie et Normandie. Tradition iconographique au Moyen Âge, Amiens, Encrage, 2001, p. 149-166.
— BILLIET (Frédéric) 2001, « Un mobilier pour le chant. La vie musicale dans les stalles d’Amiens », Autour des stalles de Picardie et de Normandie. Traditions iconographiques au Moyen Âge, (ed. K. LEME-HEBUTERNE), actes du 4e colloque international de Misericordia International, Amiens, septembre 1999, Amiens, Encrage, 2001, p. 29).
http://docplayer.fr/62357535-L-es-etudes-relatives-a-l-iconographie-des-stalles-de-choeur-ne-peuvent-ignorer.html
file:///F:/chapelles/Saint%20Pol%20de%20L%C3%A9on%20stalles/Stalles%20blog/05_billiet_frederic_un_mobilier_pour_le_chant_la_vie_musicale_dans_les_stalles_de_la_cathedrale_dami.pdf
— BILLIET (Frédéric) Le miroir des miséricordes: XIIIe-XVIIe siècle : actes du colloque Université de Toulouse-Le Mirail. Images et sociétés, Université de Toulouse-Le Mirail. Section d'histoire de l'art Centre européen d'art et de civilisation médiévale, 1996 - 262 pages
.— BLOCK (Elaine C.), 2003,Corpus of medieval misericords. France. XIII - XVI century, Turnhout, Brepols, 2003,444 p.
— E. C. Block: 'Proverbs on Choir Stalls in the Rhineland', ProfaneA. Mid. Ages, v/1 (1996), pp. 25–45
.— BLOCK (Elaine C.), BILLIET (Frédéric) 2003, Les Stalles de la cathédrale de Rouen, PURH,
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— DURAND (Georges) : Monographie de l'église Notre Dame, cathédrale d'Amiens. Tome II . Yvert et Tellier, 1903.
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— KRAUS (Dorothy et Henry), 1968, Le monde caché des miséricordes. Suivi du répertoire de 400 stalles d'églises de France. Paris, 263 p. Les éditions de l'amateur.
— MISERICORDIA INTERNATIONAL MEDIEVAL ICONOGRAPHY
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Kristiane Lemé-Hébuterne, Les stalles de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens, Paris, Picard, 2007, 28 cm, 248 p., 213 fig. en n. et b. et en coul., carte, plans, dessin. – ISBN : 978-2-7084-0792-3
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https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/stalle-du-choeur-decor-en-bas-relief-d-une-jouee-la-vierge-des-litanies/08160568-5bd4-486b-8dce-04262e6e6f4e
https://inventaire.hautsdefrance.fr/recherche/globale?texte=Amiens+stalles
https://www.richesses-en-somme.com/cath%C3%A9drale-insolite-int%C3%A9rieur/stalles-de-la-cath%C3%A9drale/
La visite virtuelle des stalles peut se faire sur le site http://www.stalles-dg.info/Pag/accueil.htm
— BEAUVAIS : Inscription sur la 10ème stalle du côté gauche en haut sur une miséricorde : DE avec étoile et lune
https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/ensemble-de-83-stalles/afd61497-aa6e-4021-b20b-5c2f92980865
— SOISSONS
https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/serie-de-82-stalles/a873a336-a6d3-42a7-888e-e7f1a5ef3caa