Le moulin de Kereuzen à Crozon : les propriétaires au XIXe et la censive (droit foncier). III. 1805.
Le moulin de Kereuzen à Crozon : les propriétaires au XIXe et la censive (droit foncier). III. 1805.
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Voir :
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L'ACTE NOTARIÉ DE 1805.
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"Déclaration d'une rente censive par Julien KERAUDREN et consorts aux dames KERMAREC et PRIGENT."
1er pluviôse an 13
[21 janvier 1805]
Napoléon par la grâce de Dieu et la constitution de la République empereur des français, à tous ceux qui les présentes verrons, salut ; savoir faisons que par devans Auguste CARADEC et Hervé SAVINA notaires soussignés à la résidence de Telgruc et Crozon, furent présents Isidore KERAUDREN veuf d'Anne COLIN, tant en privé que comme père et garde naturel d'Yves KERAUDREN, son fils mineur de leur mariage, Julien KERAUDREN, tous les deux meuniers, Marie KERAUDREN veuve d'Henry LE BOUSSARD, sans profession, demeurant en même commensalité, au moulin de Kereuzen, Pierre LE MIGNON, cultivateur et Anne KERAUDREN sa femme, Joseph KERAUDREN meunier du moulin de la Palue, Pierre GOURMELEN meunier et Jeanne KERAUDREN sa femme de la cité de Crozon. Les dites femmes de leurs dits maris, elles le requérant autorisées et tous de la mairie de Crozon, Le – qui tant en privé qu'aux dites qualités. Connaissent et confessent d'avoir par an de rente foncière de censive à Dame Marie-Guillemette Corentine HENRY DE KERHONTENANT veuve de Claude Pierre Jean HENRY DE KERMADEC et Marie-Anne PERCHOT veuve de Pierre Marie PRIGENT, le moulin à eau de Kereuzen, appartenance et dépendances situé mairie de Crozon et dont la description suit.
Savoir est le moulin à eau de Kereuzen couvert d'ardoises, avec ses crèches, autre moulin nommé le Moulin Blanc biais de mur donnant de tous côtés sur terre aux avouants et contenant ensemble sous fonds six are cinquante trois centiares
Un fenier avec un petit bois taillis donnant du levant sur le pont de Pors Salus, du midi sur le canal qui conduit au dit moulin , du nord sur les terres du village de Kereuzen, et du couchant sur terre aux avouants contenant sous fond un hectare quatre vingt quatorze ares quarante huit centiares
Une parée de terre froide nommée Parc Du moulin donnant du levant couchant et midi sur terre aux avouants, du nord sur terre de Kereuzen, contenant sous fond soixante douze ares quatre vingt treize centiares,
Un petit jardin au couchant et nord du dit moulin contenant sous fond un are quatre vingt deux centiares
Deux champs terre chaude, l'un nommé parc Boedic et l'autre Parc ar Breton, donnant du midi sur la montagne de Tréboul, du couchant sur terre aux héritiers de Jean DANIELOU, du nord sur les terres de Poraon et du levant sur terre aux avouants contenant sous fonds vingt trois ares cinq centiares
Et finalement une garenne de terre grise et froide donnant du couchant sur les dits parcs, du midi sur la montagne de dit Tréboul, du nord sur le village de Poraon et du levant sur terre aux avouants contenant sous fonds de terre grise douze ares seize centiares
Et de terre froide aussi douze ares seize centiares
Dessus lesquels moulins et dépendances les dits avouants connaissent et confessent devoir par an de rente censive aux dites dames veuves HENRY et KERMADEC et PRIGENT cent quarante francs payables de moitié de six mois en six mois, la première moitié le deux pluviôse de chaque années et la seconde moitié le deux thermidor aussi de chaque année, savoir à la dite dame de KERMAREC cent vingt-cinq francs et à la dite dame PRIGENT quinze francs, le tout par an faisant le total de cent quarante francs que les dits avouants promettent et s'obligent de payer aux ditsusdites dames aux dites dames avouées sous l'obligation générale et solidaire de tous leurs biens meubles et immeubles en pour hypothèque spéciale des droits susdécrits ainsi a été voulu consenti après lecture donnée aux parties fait et passé à Telgruc en l'étude et au rapport de SAVINA --- CARADEC son collègue présent et sous nos seings et ceux des dits Julien KERAUDREIN, Pierre LE MIGNON, Pierre GOURMELEN et Jeanne KERAUDREN chacun pour soi, les autres comparants ayant déclaré ne pas savoir signer de ce interpeller, le premier pluviôse an treize de la République signé à la minute Julien KERAUDREN, Pierre LE MIGNON, Pierre GOURMELEN, Jean KERAUDREN, CARADEC et Hervé SAVINA notaire ce dernier rédacteur et saisi de la minute. En marge est écrit enregistré à Crozon le quinze pluviôse an treize, reçu un franc dix centimes signé DUVAL.
Mandons et ordonnons à tous huissiers sur le requis de mettre les présentes à exécution à tous commandants et officiers de la force publique d'y prêter main forte lorsqu'ils seront légalement requis, aux commissaires généraux impériaux et aux commissaires impériaux d'y tenir la main, en foi de quoi nous avons fait sceller la présente.
SAVINA notaire
Pour tous frais du présent dix-huit francs reçus d'Isidore KERAUDREN.
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I. LES MEUNIERS DE KEREUZEN ASSUJETTIS EN 1805.
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Rappel.
La déclaration semble se renouveler tous les trente ans.
En 1743, le meunier assujetti était Tanguy RIVIDIC.
En 1773, il s'agissait de Marie LE ROUX, veuve d'Yves COLIN (1705-1766) et de deux de ses enfants, Marie COLIN (1743-) (avec son mari Jean CORRE 1742-1825) et Corentin (1747-1783).
En 1761, Anne COLIN, deuxième fille d'Yves et soeur jumelle de Marie COLIN, a épousé Isidore KERAUDREN (1741-1813). Elle décéda en 1802.
En 1795, Isodore Keraudren a fait graver son nom sur un linteau du moulin, en guise d'inscription de fondation d'une construction ("fait fait par Joseph Kerinec) . Une autre pierre, aujourd'hui intégrée aux murs du moulin reconverti en habitation, et en pierre de Logonna, porte le nom d'ANNE COLIN. Ces deux inscriptions attestent que le couple avait repris le moulin de Kereuzen et y avait fait faire des travaux.
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Les meuniers en 1805.
En 1805, Anne COLIN est décédée, et son mari Isidore KERAUDREN a 64 ans. Il est présent à la convocation — qu'il signe—, et il exerce toujours la profession de meunier à Kereuzen. Il signale un fils encore mineur, Yves qui serait donc né vers 1785. C'est Isidore qui règle la censive.
—Puis vient son fils Julien KERAUDREN (Crozon 1772, Crozon 1808), également meunier. Il a 33 ans. La généalogie d'Alain Person signale qu'il s'est marié à Crozon en 1802 avec Marie-Anne LE CORRE, dont il n'est pas fait état dans cet acte.
Viennent ensuite les autres enfants d'Isidore KERAUDREN et d'Anne COLIN :
—Leur fille Marie KERAUDREN (1770-), veuve d'Henry LE BOUSSARD (Crozon 1759-) qu'elle épousa en 1788.
—Leur fille Anne KERAUDREN (1776-1844) et son mari Pierre LE MIGNON (1782-), épousé en 1799.
— Leur fils Joseph KERAUDREN (1767-moulin de Kereuzen 1841), qui a épousé Marie-Françoise ROLLAND et est meunier au moulin de La Palue.
https://gw.geneanet.org/fharmegnies?n=keraudren&oc=2&p=joseph
—Jeanne KERAUDREN (Crozon Kereuzen 1783-Crozon Kereuzen 1859), qui épousa en février 1802 à Crozon Pierre Marie GOURMELEN (Crozon 1777-Crozon bourg 1808). Il est qualifié de meunier sur l'acte de mariage tout comme sur cet acte de 1805. Sans doute à Kereuzen.
https://gw.geneanet.org/fharmegnies?lang=fr&pz=francois+edouard&nz=harmegnies&p=jeanne&n=keraudren&oc=1
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II. LES AVOUÉS de 1805, HÉRITIERS BÉNÉFICIAIRES DE LA RENTE DE CENSIVE.
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Rappel.
En 1743, il s'agissait des héritiers de Marie-Françoise de MAREIL et d'Anne-Gilette de MAREIL, épouse de François de Mareil sieur de Trébéron : soit Claude-Sébastienne de Damas de Marillac, et Jean-Baptiste de GOULHEZRE ainsi que ses sœurs Marie-Corentine (mariée en 1710 à Gabriel Giraud du Poyet) et Corentine Françoise, mariée en 1714 à Guillaume MITTERN.
En 1773, la même logique de droits héréditaires place comme bénéficiaire Marie-Claude MITTERN, fille de Corentine Françoise de GOULHEZRE (supra), devenue l'épouse de Louis HENRY DE KERHONTENANT. Les autres bénéficiaires sont Gabriel GIRAUD DU POYET, veuf de Marie Corentine de GOULHEZRE (supra), et le négociant brestois Yves-Augustin BERSOLLE ayant-droit (héritier) de [Jean-Baptiste] de GOULHEZRE.
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En 1805, la Révolution n'a pas éteint ces droits fonciers, dont se réclament les héritiers des familles nobles ou riches précédentes.
— Marie-Guillemette Corentine HENRY DE KERHONTENANT, veuve de Claude Pierre Jean Henry DE KERMADEC est la fille de Marie-Claude MITTERN et de Louis HENRY DE KERHONTENANT. Après avoir épousé en 1776 François Charles SEVIN de la POMMERAYE, décédé en 1782, et avoir eut cinq enfants, elle épousa en 1784 Claude Pierre Jean HENRY DE KERMADEC (752-1802). Elle est veuve à la date de l'acte qui nous intéresse.
https://gw.geneanet.org/ckerjosse?lang=en&pz=claude&nz=kerjosse&p=corentine+guillemette&n=henri+de+kerhontenant
—Le couple Marie-Corentine de GOULHEZRE et Gabriel GIRAUD du POYET s'est éteint sans descendance.
— Plus énigmatique est la présence comme héritière de "Marie-Anne PERCHOT veuve de Pierre Marie PRIGENT". Il faut certainement lire PERCHOC.
Mais je ne trouve la trace dans les généalogies que de Marie Anne Perrine PERCHOC, époux de Pierre PRIGENT (?-avant 1818)
https://gw.geneanet.org/frenchmagpie?lang=fr&iz=4648&p=marie+anne+perrine&n=perchoc
Ce serait une impasse, mais je note que ce couple eut un fils, Jean-Marie PRIGENT, né en 1767, et qui épousa en 1818 une Marie Catherine de GOULHEZRE (1790-). Cette dernière est la fille de Charles François Jean de GOULHEZRE, petit fils de notre Jean-Baptiste de GOULHEZRE.
Cela ne résout pas la difficulté, mais indique qu'il y a anguille sous roche.
Je remarque que la "dame PRIGENT" ne reçoit que 15 francs sur 140, cette portion congrue correspond volontiers à la part due à l'héritier de Jean-Baptiste, 10 livres sur 150.
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III. LE MONTANT ET LA DATE DE PAIEMENT DE LA RENTE DE CENSIVE.
Elle était fixée à 150 livres, elle est en 1805 de 140 francs.
Elle reste à payer au 22 janvier et au 22 juillet, mais on ne dit plus "à la Madeleine".
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IV. LA DESCRIPTION DU MOULIN.
Nous retrouvons la mention d'un Moulin Blanc inclut dans celui de Kereuzen.
La surface totale est de 211 ares 7 ca. J'avais évalué (en convertissant les toises en ares, exercice périlleux) la surface indiquée en 1773 à 180 ares 61 ca. C'est "à peu près" cohérent.
La référence géographique aux hameaux de Poraon et de Pos Salut, à la montagne de Tréboul ou aux parcelles nommées Parc Boédic et Parc ar Bretton persiste.
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