Les deux Sibylles de la crèche (bois polychrome, 1478-1484, Pietro et Giovanni Alamanno) de l'église San Giovanni a Carbonara , exposée à la Chartreuse San Martino de Naples.
Sur les Sibylles, voir ici mon article de fonds :
.
— Sur les Sibylles hors Finistère, voir en outre dans ce blog :
-
Le vitrail de l'Arbre aux Sibylles de la Collégiale Notre-Dame-du-Fort à Étampes. Vers 1555.
-
L'Aître Saint-Maclou de Rouen II, la galerie nord : Adam et Eve. Les Sibylles. Caïn et Abel.
— Sur les Sibylles du Finistère, voir :
-
Les Sibylles de la Poutre de Gloire (seconde moitié du XVIe siècle) de l'église de Lampaul-Guimiliau.
-
Les sept Sibylles de la tribune (1606) de l'orgue de l'église N-D. de Croas-Batz à Roscoff.
-
Les Sibylles de la chaire (1677) et du chœur de l'église de Guimiliau.
PRÉSENTATION.
Résumé.
La Sibylle Persica figure, tenant le texte de sa prophétie annonçant qu'une vierge donnera naissance à un Sauveur, parmi les 14 personnages d'une crèche napolitaine, commandée en 1478 et achevée en 1484 : ces dates correspondent au tout début de la période d'explosion du thème iconographique des Sibylles, ces prophétesses païennes auxquelles la chrétienté attribua la prédiction de la naissance et de la Passion du Christ. Les sculpteurs sur bois, Pietro et Giovanni Alamanno, étaient originaires d'Ulm, en Allemagne, ville où sont attestées pour la première fois les douze Sibylles, sur les stalles de la cathédrale. Une autre Sibylle, qui a perdu son attribut, est également présente, à côté de deux prophètes, dont probablement Isaïe. Il n'est pas impossible qu'à l'origine, d'autres Sibylles et d'autres Prophètes étaient figurés dans cette crèche, qui comportait plus de quarante personnages sur le contrat initial.
Cette crèche du XVe siècle provient de la chapelle Recco de l'église San Giovanni a Carbonara de Naples et est l'une des plus représentatives de l'art napolitain de confection de crèches.
D'après les documents retrouvés, la crèche a été commandée par Jaconello Pepe le 30 juin 1478 à Petrus Alamanus et Johannes Alamanus (Biblioteca del museo Filangeri BMF II H 7339), avec une Madone portant couronne sur la tête ; Jaconello Pepe (ou peut-être Pipe) était un commerçant en épice ou parfumeur (« aromatorio ») du duc de Calabre. Mais il ne pourra jamais voir sa belle crèche : les sculptures furent achevées en 1484, et le contrat pour la dorure et la peinture des statues sera en effet signé le 22 mars 1484 par son épouse désormais veuve, Antonietta de Gennaro, au profit du doreur Francesco Felice.
Pietro et Giovanni Alamanno sont alors des ébénistes très appréciés à Naples par les familles nobles, spécialisés dans les groupes sculpturaux de « crèches » commandés et présents à la même époque que celle de Recco, à Santa Maria la Nova, Sant'Eligio et all'Annunziata .
L'atelier de Pietro et de son fils Giovanni Alamanno, était l'un les plus raffinés de la période aragonaise. Ces artistes étaient d'origine autrichienne et furent, comme tant d'autres d'origine française, flamande et germanique, attirés par la luxueuse capitale de l'empire d'Aragon. Ils étaient selon le site Partenope@, originaires d'Ulm , dans le sud-ouest de l'Allemagne, et issus d'une culture nourrie du goût et de l'expérience flamande-bourguignonne, comme le laisse deviner la grammaire stylistique précise de la broderie des robes de la Vierge.
Il ne faut pas confondre ce sculpteur avec un peintre presque homonyme ("alemanno" signifie seulement "d'Allemagne) dont on peut voir sur les nombreuses réalisations de cet atelier l'article dédié de Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pietro_Alemanno
Du groupe originel sculptées en bois polychrome et doré, seules 14 ont été conservées, dont la plupart presque de grandeur nature.
À l'origine, la représentation devait comprendre quarante et un personnages, selon le document de commande remis aux sculpteurs Pierre et Jean Alamanno.
Les sculptures manquantes ont probablement été détruites en raison de problèmes de conservation et certaines, ces dernières années, ont été volées.
Autour de la Vierge et de Joseph agenouillés (l'Enfant-Jésus est perdu) et de l'âne et du bœuf, sont réunis deux anges orants, deux prophètes et deux sibylles. Au dessus, et en taille plus réduites, trois anges musiciens entourent un ange central. L'un joue du luth, l'autre de la flûte double, le troisième de la harpe.
La crèche (bois polychrome, 1478-1484, Pietro et Giovanni Alamanno) de l'église San Giovanni a Carbonara , exposée à la Chartreuse San Martino de Naples. Photo lavieb-aile 2024.
La Sibylle Persica.
La Sibylle porte une robe violette descendant sur ses pieds, une chape dorée aux pans réunis par une chaînette d'or, aux dessus de chaussures brunes à l'extrémité pointue.
Elle est coiffée d'un balzo, bourrelet alors à la mode en Italie, entourée de spires d'un voile d'or foncé, qui retombe sur son épaule droite. Ses cheveux, non visibles, sont réunis par une résille, et par un linge blanc qui entoure la gorge sous le menton.
Ce bourrelet évoque le turban, et oriente vers une origine orientale. Mais cet indice est accentué par la forme très effilée des yeux.
Ces deux indices ne sont pas suffisants, et cette ligne des yeux se retrouve dans la sculpture du XVe siècle, notamment dans les Vierges, par souci de rendre la beauté et l'intériorité du personnage. C'est ce que nous observons ici sur les deux autres personnages féminins, la Vierge et l'autre Sibylle.
Ses sourcils sont épilés, autre critère de raffinement. Sa tête est inclinée vers la gauche, et elle regarde vers la bas, comme plongée dans ses pensées et ses ressentis.
Elle tient dans ses mains un phylactère sur lequel sont écrits ces mots : Gremium virginis erit salus populi, littéralement "le sein d'une vierge sera le salut du peuple", formule que nous pouvons comprendre comme "d'une vierge naîtra un Sauveur". Ce texte permet de l'identifier comme étant la Sibilla Persica.
Cette Sibylle persique ou babylonienne devait être présentée avec des traits, ou du moins une coiffure, orientalisante/ Voir la Sibylle persique du Guerchin, peinte en 1647
La date de réalisation de cette crèche, commandée en 1478 et achevée en 1484, correspond au tout début de la période d'explosion du thème iconographique des Sibylles, ces prophétesses païennes auxquelles la chrétienté attribua la prédiction de la naissance et de la Passion du Christ. Leur nombre, le texte de leur vaticination, leur attribut et même leur costume sont fixés à partir d'un ouvrage du dominicain italien Filippo Barbieri publié en 1481. Elles figurent sur le pavement de la cathédrale de Sienne en 1481-1483, et au début des Heures de Louis de Laval vers 1489, et leur nombre de douze permettra de les associer soit aux apôtres, soit surtout aux prophètes de l'Ancien Testament dans de vastes compositions.
Les six premières sont associées à la Nativité
1. La Persique tenant la lanterne et foulant un serpent annonce la Vierge foulant le serpent (le démon).
2. La Libyque tenant un cierge, annonçant la Vierge et l'Enfant apportant cette Lumière.
3. L'Erythréenne tenant la fleur faisant allusion à l' Annonciation et à la conception virginale.
4. La Cuméenne tenant un bol (une boule) annonce la Virginité (ou la Venue d'un enfant) et la naissance dans une crèche.
5. La Samienne tenant un berceau prophétise la naissance dans une crèche, et donc la Nativité.
6. La Cimmérienne tenant une corne (biberon) annonce l' allaitement de l'Enfant par la Vierge
Dans les Heures de Louis de Laval, la Sibylle Persique est présentée en premier. L'enluminure la représente la tête coiffée d'un turban-voile, tenant la lanterne, foulant le serpent et désignant la lanterne de l'index pour soulignre sa prophétie. Le texte de celle-ci est indiquée en dessous d'elle : Ecce bestia conculcaberis et gignetur Dominus in orbe terrarum, et gremium virginis erit salus gentium et pedes ejus erunt in valitudine [sic] hominum. "La Sibylle Persique est vêtue d'une robe dorée avec sa tête couverte d'un voile blanc, et elle proclame : "Voici que le serpent sera foulé sous ton talon, que le Seigneur sera enfanté sur le globe de la terre, et le sein de la Vierge deviendra le salut du monde ; le verbe invisible sera palpable ."
Dans un Missel à l'usage de Paris de 1492 Paris, Bibl. Mazarine, 0412 f. 017, la Sibylle Persica tient un phylactère avec le même texte : Ecce bestiam conculcaberis et gignetur dominus in orbem terrarum et gremium virginis erit salus gentium
Mais c'est sur les stalles sculptées par Jörg Syrlin (1449-1491) pour la cathédrale d'Ulm que huit (ou dix) Sibylles apparaissent pour la première fois entre 1469 et 1474. Or, Pietro Alamanno venait, dit-on, d'Ulm.
Celles-ci sont représentées en buste, face à huit philosophes, au dessus du texte de leur vaticination : ce sont les Sibylles phrygienne, de Cumes, cimérienne, tiburtine, hellespontique, delphique, samienne , érythréenne et libyenne. Le premier buste n'a pas de phylactère, et selon les historiens de l'art, il est censé représenter la Sibylle persique. Les Sibylles samienne, Hellepontique et d'Erythrée, voire delphique portent un turban de type balzo alors que d'autres, italiques (Cumes, Tibur) ou moins orientales (Lybienne), portent des coiffes européennes. Les yeux des femmes ne sont pas effilés.
Les panneaux en bas-relief du dais (ou baldaquin) portent également les portraits des Sibylles tenant leur attribut et un phylactère
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/bb/Chorgest%C3%BChl_Ulmer_M%C3%BCnster_2.jpg
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:20240314_Frauenb%C3%BCste,_Ulmer_M%C3%BCnster_-_8627.jpg
https://de.wikipedia.org/wiki/Ulmer_M%C3%BCnster
http://www.frag-den-spatz.de/panoramen/muenster/chor/details-frauenseite.html
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ulm-Muenster-ChorgestuehlHellespontische-061209.jpg
.
Sibylle Persica, crèche (bois polychrome, 1478-1484, Pietro et Giovanni Alamanno) de l'église San Giovanni a Carbonara , exposée à la Chartreuse San Martino de Naples. Photo lavieb-aile 2024.
Sibylle Persica, crèche (bois polychrome, 1478-1484, Pietro et Giovanni Alamanno) de l'église San Giovanni a Carbonara , exposée à la Chartreuse San Martino de Naples. Photo lavieb-aile 2024.
Sibylle Persica, crèche (bois polychrome, 1478-1484, Pietro et Giovanni Alamanno) de l'église San Giovanni a Carbonara , exposée à la Chartreuse San Martino de Naples. Photo lavieb-aile 2024.
La seconde Sibylle.
Puisqu'elle est présente dans une Nativité, elle est la Libyque, ou l'Erythréenne ou la Cuméenne, ou la Samienne tenant un berceau ou enfin la Cimmérienne tenant le biberon. Si (mais c'est hasardeux), nous ne retenons que les Sibylles orientales, en raison de la coiffure en turban et voile, nous pouvons écarter la Sibylle de Cumes. Nous ne disposons d'aucun autre indice.
Nous retrouvons les yeux très effilés, les sourcils et cheveux épilés, et la beauté du visage. La robe est mauve, mais l'encolure, près du cou sans décolleté, est soulignée d'un galon doré. Le manteau est doré, fendu en V en haut et en bas, révélant une doublure verte. Le bourrelet est entouré d'une étoffe bleu-azur damassée d'un motif doré en bouquet.
Le regard est moins pensif que pour la Persique, et semble contempler l'objet tenu en mains. Le nez est droit, la bouche petite, aux commissures marquée, et avec une petite moue.
Sibylle, crèche (bois polychrome, 1478-1484, Pietro et Giovanni Alamanno) de l'église San Giovanni a Carbonara , exposée à la Chartreuse San Martino de Naples. Photo lavieb-aile 2024.
La Vierge.
La Vierge porte un manteau doré doublé de couleur rouge-bordeaux ou mauve (la même alliance de couleur que pour les Sibylles) et une robe bleue damassée du même motif que le balzo de la seconde Sibylle. Cette robe est serrée par une ceinture de tissu brodé.
Ce manteau de la vierge : elle est agenouillée et plusieurs plis du somptueux haussement d'épaules et de la robe, tomber au sol créant un mouvement ferme, une sorte de base pyramidale qui la cloue à l'enfant perdu, les mains jointes.
Comme le souligne le site parthenope@, (trad. google)
"la crèche de Recco, malgré la dispersion des pièces, reste un document iconographique très précieux de cette Naples qui aimait décorer les églises des années 1400 et 1500 avec des crèches dorées. Les magnifiques tissus représentés nécessitaient la contribution d'un décorateur spécialisé, comme le montrent les paiements différés et le nom de l'artisan, et nous dirions cela à la page , c'est-à-dire qu'il devait être informé des nouveaux goûts contemporains, de dont la Vierge de la nativité de San Giovanni a Carbonara devient le témoin.
Une précieuse réussite de mode : les femmes ne portent plus de robes unicolores, criardes mais pas riches et opulentes : ce sont des robes de cour, représentatives, brodées d'or, qui relient l'ancien goût gothique-flamand aux innovations de l'époque. La belle Madonna Recco présente des broderies d'or et des fils de soie qui suivent des jeux géométriques rigoureux mais non moins capricieux que ceux que devaient porter les dames contemporaines : une robe bordée de rubans brodés qui ressemblent à des bijoux le long du décolleté rigoureux de la poitrine, tout en exhibant un teint rose dans son visage rebondi et bien nourri. Les tresses de Marie tombent sur ses épaules : comme les anges avec la couronne de cette crèche, tout est en accord avec la dernière tendance mode de coiffure. La Madone de la Nativité de Recco (1478-1484) est donc une Vierge à la mode, car elle ne peut être que le carrefour d'une culture européenne, flamande-italo-bourguignonne, comme le fut la cour de Naples dans la seconde moitié du XVe siècle : avec un fond d'or, le fond plat (?) du gothique est remplacé par une flamboyante « chryso-broderie » de la pleine et brillante Renaissance."
Vierge de la crèche (bois polychrome, 1478-1484, Pietro et Giovanni Alamanno) de l'église San Giovanni a Carbonara , exposée à la Chartreuse San Martino de Naples. Photo lavieb-aile 2024.
Un des deux prophètes.
Il peut s'agir d'Isaïe, et de sa prophétie 7:14 Ecce virgo concipiet et pariet filium, verset omniprésent dans les compositions rassemblant les prophéties démontrant que la naissance du Christ et la virginité de sa Mère avait été annoncés dans l'Ancien Testament, selon la démarche typologique. Isaïe est toujours cité dans les Arbres de Jessé ou dans les Credo prophétiques.
Dans cette liste des prophètes se trouve aussi Jérémie, peut-être le deuxième prophète présent ici.
Nous retrouvons la réunion des couleurs mauve, et or, comme si le peintre avait élu celles-ci pour leur caractère sacré, ou s'il avait recherché une unité parmi les personnages. Seul Joseph se distingue, avec son manteau rouge, comme s'il était tenu à l'écart de cette dignité.
Le chapeau, les cheveux et la barbe gris et longs, ou le manteau du prophète, visent à souligner l'appartenance du prophète au peuple hébraïque. Ce même choix s'applique à la tenue vestimentaire et au visage du prophète de gauche.
.
Prophète de la crèche (bois polychrome, 1478-1484, Pietro et Giovanni Alamanno) de l'église San Giovanni a Carbonara , exposée à la Chartreuse San Martino de Naples. Photo lavieb-aile 2024.
RESTAURATION.
La restauration a été menée en 2003 par R.O.M.A Consorzio. Le site de cette entreprise publie d'excellentes photos des statues, et indique sa méthodologie :
http://www.romaconsorzio.it/en/portfolio-item/naples-san-giovanni-at-carbonara-church-pietro-and-giovanni-alamanno/
(Trad. Google)
"Notre intervention n'a pas complètement effacé les interventions passées. En effet, il a été décidé de ne pas retirer les intégrations plastiques imputables à la dernière intervention. S'agissant d'ajouts disgracieux et dans de nombreux cas trompeurs, il est préférable de ne pas les retirer. Les exigences du musée, la continuité avec l'intervention déjà réalisée sur la Madone et Saint Joseph ont été les principales raisons de ce choix. Le nettoyage a été effectué en éliminant couche par couche les substances déposées sur le topo et les dépôts superficiels. Une fois la peinture de restauration retirée, il a été commencé à évaluer correctement l'état de conservation réelle du film pictural.
Le soulèvement de la couche picturale a été consolidé avec de la colle animale.
L'intégration a été réalisée en minimisant la reconstruction plastique et chromatique des lacunes. Ils n'ont pas réalisé de véritables reconstructions plastiques sur la gravure en bois mais seulement des reconnexions limitées des fissures et des cavités les plus profondes produites par l'action des insectes xylophages.
Les intégrations plastiques réalisées lors des restaurations précédentes ont été traitées, après avoir éliminé la réintégration chromatique déjà très altérée, avec une tonalité claire qui les rend aujourd'hui clairement distinguables de celles d'origine.
Le tableau a été réalisé en augmentant progressivement l'application en fonction des zones de polychromie."
SOURCES ET LIENS.
—GAETA (Letizia), 2011, Sculture in legno a Napoli lungo le rotte mediterranee della pittura. Da Alfonso a Ferrante d’Aragona, in “Kronos”, n. 14, 2011, pp. 63-96.
https://www.academia.edu/35182639/Sculture_in_legno_a_Napoli_lungo_le_rotte_mediterranee_della_pittura_Da_Alfonso_a_Ferrante_d_Aragona_in_Kronos_n_14_2011_pp_63_96
https://www.academia.edu/30962000/DAL_CANTIERE_DELLA_CONA_DEI_LANI_DI_DOMENICO_NAPOLETANO_NUOVI_ESITI_PER_LA_RICERCA
—Dossier complet de photos :
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:San_Giovanni_a_Carbonara_nativity_scene
— Site :
https://www.storiacity.it/guide/703-cappella-del-presepe-a-carbonara-napoli
https://books.google.fr/books?id=xGghEAAAQBAJ&pg=PA179&dq=Antonietta+de+%22Gennaro%22+napoli++%22san+giovanni+a+carbonara%22&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&ved=2ahUKEwjItouWlMeIAxV6UqQEHTaFC7IQ6AF6BAgOEAI#v=onepage&q=Antonietta%20de%20%22Gennaro%22%20napoli%20%20%22san%20giovanni%20a%20carbonara%22&f=false