Deux vitraux en médaillon aux armes du cardinal Guillaume Briçonnet conservés à l'église de la Trinité-des-Monts de Rome, réalisés par Guillaume de Marcillat vers 1508-1514 et provenant de l'ancien couvent des Minimes du Pincio de Rome.
PRÉSENTATION.
En bon touriste visitant Rome, j'ai visité l'église de la Trinité-des-Monts, et j'ai pris quelques photos. Au retour, je me suis intéressé à celles de deux médaillons en raison des inscriptions et des blasons qu'ils portaient.
Le premier portait sur un phylactère les mots S JUSTUS HAEC EST VERA, et le second l'inscription FRATERNITAS S PASTOR.
Il fallait manifestement les coupler, d'une part car je reconnasissais ici les noms de deux saints martyrs jamais dissociés, Justus et Pastor (les saints Juste et Pasteur), et d'autre part l'incipit du cantique : Haec est vera fraternitas quae numquam potuit violari certamine; qui, effuso sanguine, secuti sunt Dominum,
contemnentes aulam regiam pervenerunt ad regna caelestia, "Voici la vraie fraternité, qui jamais ne put être altérée au combat : et, en versant leur sang, ils se sont mis à la suite du Seigneur et atteignirent le royaume des Cieux", texte qui convenaient parfaitement aux deux martyrs espagnols du IVe siècle persécutés sous Dioclétien.
Les deux saints qui se font face et se ressemblent sont nimbés, ils tiennent la palme du martyre et un livre, ils sont placés sous une arcade soutenue par des piliers à chapiteaux, devant une paroi à baies cintrées et une tenture damassée bleue à motifs floraux. Ils sont vêtus d'un surplis blanc et d'un manteau rouge Les vitraux ont été (très) restaurés, notamment les visages.
Que m'apprend l'ami Wiki ?
"Nés à Tielmes, près de Madrid, ils sont peut-être enfants de saint Marcel le Centurion dont, disent certaines légendes hagiographiques, douze fils auraient été martyrs. Selon la tradition, Just avait douze ans, et Pasteur neuf. Une hymne liturgique dit plutôt neuf ans pour l'un et à peine sept ans pour l'autre.
Alors qu'ils sont à l’école d'Alcalá de Henares alors appelée Complutum, ils apprennent la promulgation de l’édit de Dioclétien interdisant la religion chrétienne. Aussitôt, ils rejettent leurs tablettes d'école et les enfants sont conduits au palais du gouverneur Dacien qui leur demande des comptes. Dacien, devant leur jeune âge, ne les prend pas au sérieux et leur offre des cadeaux pour les faire changer d’avis.
Comme les frères restent intraitables, Dacien ordonne qu’on les fouette rigoureusement avec des verges ou qu'on les frappe à coup de gourdins. Mais rien n'y fait et devant leur détermination, les deux frères sont emmenés à l’extérieur de la ville pour être décapités par l'épée ou étranglés selon les versions dans un champ appelé Campo loable ou Campo laudable, le Champ louable."
Ils sont devenus les patrons des écoliers. Une basilique leur est dédiée à Barcelone. Quel rapport avec la Trinité-des-Monts ? Que font-ils ici ?
La solution est apportée par l'étude des blasons.
Sous saint Juste, deux anges présentent les armes de la famille Briçonnet :
D'azur, à la bande componnée d'or et de gueules de cinq pièces, le premier compon de gueules chargé d'une étoile d'or, ladite bande accompagnée d'une étoile d'or, posée au canton senestre du chef.
L'autre blason porte les armes de la ville de Narbonne (Aude) :
De gueules à la clef d'or posée en pal senestrée d'une croix patriarcale d'argent, au chef cousu d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or.
Mais ...
Donc, le médaillon est postérieur à 1508.
Il me suffit de croiser la donnée "Briçonnet" et la donnée "Narbonne" pour que je sois conduit au Cardinal Guillaume Briçonnet, archevêque de Narbonne, où il mourut en 1514. Allo Wiki ?
"Guillaume Briçonnet, né en 1445 à Tours, et mort le 14 décembre 1514 à Narbonne, est un officier royal puis un ecclésiastique français, connu sous le nom de Cardinal de Saint-Malo. Il a été nommé cardinal de S. Prudenziana en 1495 par le pape Alexandre VI à la demande de Charles VIII. Le 27 mai 1498, il couronne Louis XII à Reims.
Il devient abbé commendataire de Saint-Germain-des-Prés, qu’il cède à son fils Guillaume en 1507. Il est nommé lieutenant général du roi pour le Languedoc et doit abandonner l’archevêché de Reims (et plusieurs abbayes) cette année-là, mais obtient l’archevêché de Narbonne, 1507 à 1514 et devient évêque suburbicaire d'Albano, puis évêque suburbicaire de Frascati l’année suivante en 1508, et enfin de Palestrina en 1509.
En 1510-1511, ses violents démêlés avec le pape Jules II autour du concile de Pise-Milan-Lyon provoquent son excommunication et la perte du chapeau de cardinal pour avoir ouvert malgré lui le concile de Lyon. Après la réconciliation de l’Église française et de la papauté, Léon X lui rend la pourpre romaine en 1514, il meurt la même année."
Or, quel est le nom de la cathédrale de Narbonne ? La cathédrale Saint-Juste-et-Saint- Pasteur. Guillaume Briçonnet a donc fait allusion à sa fonction et à son titre d'archevêque de Narbonne en faisant figurer les deux martyrs Justus et Pastor sur "ses" médaillons. Il fit réaliser des travaux dans sa cathédrale en 1514.
Fort bien, fort bien, mais que venait-il faire à Rome, et plus encore à La Trinité des Monts, église qui fut construite "par les espagnols entre 1741 et 1746"?
Sachez que cette église a été construite sur le couvent royal des Minimes bâtie sur la colline du Pincio, pour les prêtres et frères de l'Ordre des Minimes fondé par saint François de Paule en 1436 et approuvé en 1474.
Couvent construit à partir de 1502 par Guillaume Briçonnet. Et, cherry on the cake, en pierre de Narbonne !
Mais attention, il peut y avoir confusion (par moi ou par les auteurs) entre mon Guillaume Briçonnet, et son fils Guillaume Briçonnet (1470-1534), évêque de Lodève et de Meaux, grand prélat de la Renaissance et ambassadeur des rois de France à Rome (auprès de Jules II en 1507).
Je me replonge dans mes lectures :
Coupures de presse : "En 1502 Briconnet , que les affaires politiques de France avaient amené à Rome où il devait six ans plus tard revenir avec le titre d'ambassadeur , jeta les fondements de l'église élevée en l'honneur de la Sainte - Trinité , et ceux du chœur …Construite à partir de la fin du XVe siècle, la Trinité des Monts est une église française occupée par un couvent des Minimes...Œuvre de pierre perchée sur les hauteurs du Pincio à Rome, le couvent royal des Minimes français de la Trinité-des-Monts ...Ce privilège en faveur des Minimes ... Briçonnet , évêque de Saint- Malo , ce furent des pierres en provenance de Narbonne qui servirent pour construire ... Le cardinal Guillaume Briçonnet , qui avait montré tant de protection aux Pères Minimes." ...
Voici un texte plus complet et récent :
"L’histoire du couvent des Minimes, fondé à la fin du XVe siècle sur la colline du Pincio, est marquée dès son origine par un contexte contrasté, alimenté par des tensions idéologiques diversifiées et souvent contradictoires. En effet, cet ensemble sera le lieu d’une confrontation impliquant d’une part les exigences d’un véritable enracinement de la communauté religieuse érémitique fondée par François de Paule dans la « Ville sainte » en vue du Jubilé du nouveau siècle, d’autre part la volonté politique d’affirmation d’une représentation de la Couronne de France dans la cité pontificale et cosmopolite. Toutes les sources historiographiques les plus dignes de foi, à quelques exceptions près – et même celles qui présentent à l’évidence une certaine inflation rhétorique – témoignent d’une volonté initiale clairement affirmée, visant à mettre en évidence l’image d’une église et d’un couvent qui représentent la France dans la cité pontificale, et ce jusque dans le choix du vocabulaire architectural. En réalité, au-delà de la rhétorique des textes, il semble bien que la suite des évènements ait pris un chemin bien plus complexe et chaotique, marqué par des évènements ponctuels, le plus souvent inattendus. L’ouvrage manuscrit de L’Histoire du couvent de la Trinité-des-Monts du père Charles Pierre Martin demeure sans aucun doute la source la plus importante et la plus complète sur ce complexe monumental. Il y est rappelé que la construction du couvent et de l’église des Minimes aurait débuté dans les dernières années du XVe siècle, lorsque Charles VIII, lors de sa mission à Rome en 1494, qui se soldera par un échec, ratifie la donation des terrains acquis sur la colline du Pincio en faveur de la communauté religieuse. À partir de ce moment-là – toujours selon le père Martin – on peut suivre une longue série de donations et de patronages en faveur de la construction du complexe monastique surle Pincio, même si ceux-cisont le plussouvent présentés avec une emphase destinée avant tout à célébrerla bienveillance desrois de France au détriment de la participation pourtant très généreuse des grandes familles de l’aristocratie romaine. Rappelons ici que c’est à ces familles que l’on doit en très grande part la splendeur du couvent romain des Minimes. À l’instar de beaucoup d’autres chantiers d’une certaine importance se déroulant sur une période relativement étendue, l’église de la Trinité-des-Monts représente l’exemple d’un édifice dont la gestation, tout au long du XVI e siècle, a été longue, marquée par de fréquents changements de projet. Toute la documentation dont nous pouvons disposer, malgré son état fragmentaire et ses lacunes, en atteste encore aujourd’hui. Elle laisse dans l’ombre un certain nombre de points qui s’avèrent cruciaux pour la connaissance d’un ensemble architectural parmi les plus significatifs et les plus stratégiques de la Rome du XVIe siècle. On a souvent noté le caractère de « gothique à la française » du parti d’origine de l’église des Minimes à Rome, caractère qu’elle perdra par la suite. C’est bien, certes, ce qu’illustre le premier projet, dans les dispositions de l’abside, de la voûte et, dans une certaine mesure, de la façade. Ceci apparaît clairement dans les documents écrits et figurés, que ce soit dans la description qu’en donne Giovanni Antonio Bruzio dans son ouvrage du Theatrum Romanae Urbis datant de 1662, très proche par sa chronologie de l’achèvement du chantier. Ainsi, la vue de l’église dans la gravure de Giovanni Battista Falda, datée de 1669, représente-t-elle l’église avec ses baies d’origine, en ogive. Nous savons que la construction de l’église sur le Pincio a dû commencer officiellement en 1502, grâce aux fonds et aux matériaux qui avaient été mis à disposition par l’ambassadeur de France Jean Bilhères de Lagraulas, cardinal de Saint-Denis, disparu en 1499, resté célèbre aujourd’hui pour avoir été l’un des commanditaires importants de Michel Ange.
Mais c’est bien autour de la personnalité du cardinal Guillaume Briçonnet que va se jouer le sort de l’église romaine des Minimes. Figure controversée et grand défenseur du gallicanisme, Guillaume Briçonnet aura été le véritable protagoniste de l’engagement des travaux et c’est lui qui, certainement, a favorisé le recours à un modèle « français » et l’adoption, clairement, d’un répertoire issu d’une rhétorique française. On sait, par exemple, qu’il fit transporter de Narbonne la pierre de taille qui servit à la construction de l’église et ce dans l’intention, non seulement d’avoir un édifice de forme gothique « à la française », mais plus certainement pour imprimer à la Rome des papes le signe d’une forte représentation de la présence royale. Les sources viennent d’ailleurs le confirmer, avec les autres commandes, celles du maître-autel, de l’abside, des deux chapelles latérales et des trois verrières de couleur créées par la maître verrier Guillaume de Marcillat – de même que le voûtement de la croisée de transept qui demeure bien lisible aujourd’hui.
Aujourd’hui, il est bien difficile de savoir exactement ce qui, de ce projet ambitieux si connoté idéologiquement, a été effectivement réalisé. Moins rares que ce que l’on pourrait croire, les sources documentaires confirment qu’au moment de l’achèvement du chantier et de la consécration en 1595, l’église dans ses dispositions « gothicisantes » devait paraître bien insolite ; il n’en reste aujourd’hui que quelques traces, comme la structure de la voûte du transept, avec ses arcades en ogive et les nervures en liernes et tiercerons de la croisée. Parmi les sources qu’il faut citer ici, car elle s’avère d’une importance majeure, se trouve la description donnée par Giovanni Antonio Bruzio dans la seconde moitié du XVII e siècle, citée plus haut, qui donne précisément l’état de la construction comme l’articulation des espaces intérieurs, leur dimension, le détail des dispositions des structures et même la forme des baies. Par le choix de la pierre de Narbonne, une autre indication chronologique est donnée. Le cardinal Briçonnet, archevêque de Reims en 1502, est nommé titulaire du siège de Narbonne en 1507, ce qui peut constituer un indice de datation pour la construction du chœur de l’église. En tout état de cause, le choix par le cardinal Briçonnet de mettre en avant un certain goût « antiquaire » par ailleurs assez peu conventionnel, et absolument contraire à toute logique économique, semble l’expression d’une volonté d’affirmation claire de la part du commanditaire, dénotant un attachement au passé et à la grande époque des cathédrales gothiques. Par ailleurs, nous savons avec certitude qu’en 1504, deux ans donc après l’ouverture du chantier du Pincio, le maître maçon Castellino della Torre (ou de Turre) est engagé pour la construction de l’église et du dortoir (cités dans les sources comme « ecclesiae et dormitorij »). Il semble toutefois que cette contribution demeure relativement modeste. D’une tout autre importance apparaît en revanche la présence sur le chantier, une dizaine d’années plus tard, en novembre 1514, du tailleur de pierre Sebastiano da Fossombrone. Connu pour avoir participé à la réalisation de projets d’Andrea Sansovino, de Raphaël et de Sangallo, c’est lui qui travaille à la Trinité, en avançant d’est en ouest, sur les chapelles et leurs voûtes aux nervures de travertin comme sur les baies géminées qui leur correspondent. C’est donc entre ces deux dates limites que l’on peut situer la prestigieuse donation du cardinal Briçonnet et le transport de la pierre de Narbonne. Des sondages très précis ont pu être réalisés à l’occasion des chantiers de restauration qui viennent de s’achever. Ils nous ont apporté de nombreuses autres informations, et notamment le témoignage d’un changement de parti très précoce dans le plan de l’église. C’est ainsi qu’a pu être identifiée une première phase, basée sur un projet de construction à nef unique flanquée de chapelles latérales passantes, ayant toutes la même dimension, avec une abside polygonale. " (Sebastiano Roberto)
On a bien lu : Sebastiano Roberto mentionne dans son texte "trois verrières", alors que j'ai multiplié les recherches en ligne sur les vitraux de La Trinité-des-Monts, croisant tous les mots clefs possibles sur le moteur de recherche et Google-image à leur propos.
Et il m'indique leur auteur : Guillaume de Marcillat!
Et Wikipédia lui consacre un longue notice (que je copie en l'abrégeant) !! Et Vasari fur son élève à Arezzo et a décrit sa vie !
"Guillaume de Marcillat (aussi nommé Guglielmo di Pietro de Marcillat ou Guglielmo da Marsiglia pour les Italiens), né à La Châtre, dans l'actuel département de l'Indre, vers 1470 et mort à Arezzo le 30 juillet 1529, est un peintre français qui est célèbre pour ses vitraux historiés. Il a également réalisé des fresques et des tableaux. Il a vécu à Rome, Cortone et Arezzo et a réalisé des vitraux pour de nombreux lieux dans le nord de l'Italie (cathédrale d'Arezzo). Vasari a fait ses premiers pas chez lui, et en fait le portrait dans Le Vite (ici).
En France
Le jeune Marcillat, bon dessinateur et maître verrier, fut contraint à revêtir l'habit dominicain pour échapper à une condamnation, après avoir été impliqué dans une bagarre qui s'était terminée par une mort d'homme. Il est mêlé à une rixe ayant abouti à une mort d'homme, et il entre chez les Dominicains pour se soustraire à la justice.
À Rome
Marcillat arrive en Italie au début des années 1500, avec maître Claude. Celui-ci avait été contacté par Bramante de la part du pape Jules II, car le pontife, qui avait vu à Rome quelques exemplaires de vitraux français, en voulut de semblables pour décorer les fenêtres des appartements du Vatican. La technique française du vitrail est alors plus raffinée et plus évoluée que celle des Italiens.
Le pape Jules II, par un bref apostolique du 19 octobre 15098 qui le qualifie de religieux profès de l'ordre des Frères prêcheurs au couvent de Nevers, le relève de ses vœux de moine dominicain, et l'autorise à choisir entre l'habit de Saint-Dominique et celui des chanoines réguliers de saint Augustin.
Toujours pour Jules II, et selon Vasari encore en collaboration avec maître Claude, Marcillat exécute deux vitraux pour le chœur de l'église Sainte-Marie-du-Peuple en 1509. Encore en place, très restaurés, les vitraux représentent des Épisodes de la vie de Marie et de Jésus et sont surmontés du blason pontifical. L'arrière-plan avec des architectures au goût de Bramante et la clarté de l'espace montrent l'adaptation de Marcillat au langage de la Renaissance.
Sa présence est documentée en 1515 à Cortone au service de Silvio Passerini.
Technique
Guillaume de Marcillat "a mis au point plusieurs techniques du vitrail. Il faisait construire des fours spéciaux, il avait sa propre composition de la grisaille et il utilisait un verre très blanc qu'il le faisait venir de France. Parlant de La vocation de saint Mathieu, Vasari écrit : « Les effets de la perspective, les escaliers, les figures, le paysage, y sont rendus avec une telle perfection, que l'on dirait que ce sont point des vitraux, mais des merveilles tombées du ciel pour la consolation des hommes. ». Vasari remarque aussi l'intelligence dans la composition qui fait en sorte que les enchâssures de plomb sont dissimulées dans les ombres ou les plis des draperies. Guillaume se servait de deux couleurs pour les ombres, l'un des battitures de fer, pour le noir, l'autre de cuivre, pour les couleurs tannées. Il utilisait aussi une pierre rouge, le lapis amotica qui sert à brunir l'or.
Sa technique particulière consistait dans sa « hardiesse à attaquer le verre » (Vasari) : Dans la peinture sur verre, chaque feuille est couverte, d'un côté, d'une couche de bleu, vert ou rouge. Il s'agit d'enlever par endroits cette couche afin de la remplace sur le verre redevenu blanc par une autre teinte. Guillaume écorchait franchement le verre, tandis que d'autres, « ayant moins de confiance dans leur verre, se résignaient à les user avec de l'émeri ».
Or, les deux médaillons comportent de belles prouesses techniques car les meubles des armoiries, les palmes et les baies cintrées sont réalisés par cette méthode de gravure du verre rouge et du verre bleu. Les zones gravées (à l'émeri) sont ensuite peintes au jaune d'argent.
SOURCES ET LIENS.
— GRODECKI (Louis), 1964, Guillaume Marcillat [compte-rendu d'un essai de J. Lafon] Bulletin Monumental Année 1964 122-1 p. 107
https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1964_num_122_1_8977
— HABLOT (Laurent) Au plaisir de Dieu, L’héraldique dans la Rome de la Renaissance, principes généraux
Laurent Hablot a relevé de très nombreux exemples d'armoiries des familles nobles françaises dans la Rome de la Renaissance.
"La-Trinité-des-Monts.
En 1494, le roi Charles VIII acquiert le domaine du Pincio au bénéfice de l’ordre des Minimes récemment fondé par saint François de Paule. Ce dernier, « saint et prophète des Valois » et thaumaturge réputé, avait assisté le roi Louis XI dans ses derniers instants à Plessis-lez-Tours en 1483. Resté en France, où il meurt en 1507, l’ermite calabrais avait également servi de mentor et de directeur de conscience au jeune roi Charles VIII. Celui-ci, «nouveau Charlemagne », inscrit cette implantation française à Rome dans son programme messianique de reconquête des Lieux saints. En 1495, le pape Alexandre VI donne l’autorisation canonique de la fondation et des travaux sont attestés dès 1502. La canonisation de saint François de Paule en 1519, activement soutenue par François Ier qui porte son prénom, consacre le succès de cette communauté française dont l’église accueillera de nombreuses sépultures françaises et italiennes.
Cette présence française s’est enfin inscrite dans les nombreuses chapelles fondées à travers les églises de la ville par des Français, cardinaux, prélats ou simples clercs, et dans plusieurs palais érigés à Rome. La plupart ont aujourd’hui disparu même si demeurent, ici ou là, quelques traces de cette présence française dans la Rome de la Renaissance."
— Sebastiano Roberto, professeur agrégé d’histoire de l’architecture, université de Sienne. L’ÉGLISE ET LE COUVENT DE LA TRINITÉ-DES-MONTS
https://usiena-air.unisi.it/retrieve/e0feeaa5-6696-44d2-e053-6605fe0a8db0/Saggio%20Sebastiano%20Roberto.pdf