Le calvaire de l'enclos de Lampaul-Guimiliau.
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Sur Lampaul-Guimiliau : l'intérieur de l'église :
L'extérieur de l'enclos :
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Les crossettes et gargouilles (granite, 1602-1667) de l'église et de l'ossuaire de Lampaul-Guimilau.
Le porche :
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Le porche de l'église de Lampaul-Guimiliau II : les quinze anges (vers 1533).
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Le porche de l'église de Lampaul-Guimiliau II : les Apôtres, la Vierge et les Saints (kersanton, vers 1533).
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La façade (1533) du porche sud de l'église de Lampaul-Guimiliau.
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Les œuvres de l'atelier Prigent en plus des porches cités:
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La statue de saint Fiacre sur la chapelle Sainte Nonne de Dirinon. (atelier Prigent)
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La Collégiale du Folgoët XIII. Le calvaire. (Pietà : atelier Prigent)
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PRÉSENTATION.
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Ce calvaire prend place au centre du placître de l'enclos paroissial, devant le porche sud, tandis qu'un second calvaire se dresse sur l'Arc de triomphe, l'entrée d'honneur de l'enclos.
Il a été très peu étudié. Je trouve dans la littérature ceci :
"Devant le porche de l'église, autre calvaire, du XVIè siècle : Croix des larrons sur le croisillon, anges au calice et, au revers, Pietà très mutilée." (Couffon & Le Bars 1988).
"Franchissant l'arcade d'entrée, on fait pratiquement face à la croix-calvaire du XVIe siècle, dressée au sommet d'un fût écoté. Au pied du Christ, deux anges présentent le Graal qui recueillit le sang divin. Sous la croix du bon larron, un ange reçoit son âme, alors qu'un démon (aujourd'hui mutilé) guette celle du mauvais larron. Au revers, un groupe de Notre-Dame de Pitié, ne reste plus que le cadavre du Christ dont le visage porte nettement les affres de l'agonie et de la Passion" (Y. Pelletier, 1991)
"Le calvaire (XVIème siècle) en kersanton, très simple, présente le Christ en croix entre le bon larron apaisé, et le mauvais, au visage tourmenté. Sous la croix, 2 anges recueillent le précieux sang. Sur la face arrière, une piéta restaurée en 1993." (auteur non spécifié, rapporté sur le site Infobretagne)
La meilleure description est sans doute celle de l'Atlas des croix et calvaires du Finistère par Yves-Pascal Castel. Elle propose un dossier de six photos de "Barbetorte", un croquis de l'abbé Castel, et cette description :
http://croix.du-finistere.org/commune/lampaul_guimiliau.html
"925. Lampaul enclos no 1, g. k. 5,50 m. XVè s. Trois degrés de plan octogonal. Socle carré. Fût rond, écots. Croisillon, ange et démon, anges au calice, gibets des larrons, deux consoles carrées vides, Vierge de Pitié, très mutilée. Croix, branches rondes, crucifix. [YPC 1980]"
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— La datation proposée par Castel, du XVe siècle, est étonnante puisque le début de la construction de l'église elle-même daterait de 1533. Couffon propose au contraire le XVIe siècle.
— Le fût rond à ergot est traditionnellement mis en relation avec les épidémies de peste, les ergots étant comparés à des bubons.
— les deux consoles vides accueillaient vraisemblablement les statues de Jean et de la Vierge. (Je peux juste mentionner que deux statues de ces personnages sont placés au sommet du lanternon du porche, de manière étrange car le crucifix qu'elle devraient encadrer est absent ; ces statues sont de l'atelier Prigent et datent de 1533).
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LA FACE ORIENTALE.
Ce calvaire est correctement "orienté", au sens littéral, puisque la scène de la crucifixion fait face à l'ouest, comme c'est la règle.
Le coté est reçoit une Déploration (souvent appelée "Pietà") en kersanton. Si on en juge par la description de pelletier 1991, la plus grande partie de ce groupe est due à l'artiste qui a été chargé de la restauration de 1993. Jean à genoux soutenant la tête du Christ après sa Déposition de la croix, tandis que Marie-Madeleine, une main sur la poitrine et tenant le flacon de parfum ou de myrrhe destiné à l'embaumement, est agenouillé aux pieds de Jésus. Marie soutient de ses deux bras le corps de son Fils. Les visages sont très ronds malgré un menton pointu, les yeux sont saillants, les bouches petites et en arc concave.
Enfin, n'oublions pas le soleil qui domine la scène.
Un détail m'intrigue beaucoup : venant de la droite, et se faufilant devant les genoux de la sainte, un serpent vient mordre le pied du Christ. Est-ce un artefact de ma photo ? On sait que cette "pietà" a été restaurée en 1993 : ce détail était-il noté auparavant ? S'il était confirmé, il poserait un problème ardu d'interprétation.
Au dessous, un personnage tient une épée levée dans sa main droite et un livre dans la main gauche : le Christ du Jugement Dernier.
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En contournant le calvaire, nous admirons ce diable de la face latérale. Il a les pieds fourchus, les oreilles en pointe, la face hideuse et grimaçante de l'emploi, et tient en main une petite fourche.
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À son opposé, un ange tient un cœur sur sa poitrine. Tunique plissée, cheveux longs mais sages, il vole, il va passer.
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II. LA FACE OCCIDENTALE.
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Les deux anges recueillant dans un calice le Précieux Sang.
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Le Christ en croix entre les deux larrons.
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Le Bon Larron ne tourne pas la tête vers Jésus, il ne le regarde pas non plus. Sa barbe est courte et bien taillée. Son pagne simple et lisse est nouée par une rosette. Ses jambes en grenouille (seule la gauche est liée) sont celles de nombreux larrons des calvaires bretons.
Le Mauvais Larron, plus musculeux, a une barbe plus tourmentée, tout autant que les plis de son pagne.
Le Christ a la tête inclinée à droite ; ses cheveux longs descendent, à droite devant l'épaule, tandis qu'ils forment une sorte de voile derrière l'épaule gauche. Le tronc est étroit, aux pectoraux peu soulignés et aux cotes horizontales seulement marquées par des rainures. Le pagne court, aux plis peu visibles, est noué sur les deux cotés. Les jambes sont parallèles mais les pieds se superposent, le droit au dessus du gauche.
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SOURCES ET LIENS.
—ABGRALL (Jean-Marie), 1891, Notice sur l'église de Lampaul-Guimiliau , Bulletin de la Société archéologique du Finistère .
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207615d/f92.image
— ABGRALL (Jean-Marie), 1916, Notice sur l'église de Lampaul-Guimiliau, B.D.H.A. page 65 .
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eb8a12b7e12798d2ef6eea2b182e7115.pdf
— ABGRALL (Jean-Marie), 1915, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments du Finistère, Société Archéologique du Finistère - SAF 1915 tome 42 - Pages 189 à 216
— ARMET (Alain), photos
http://www.collections.musee-bretagne.fr/resultat.php?type_rech=rs&index%5B%5D=fulltext&bool%5B%5D=&reset=1&nr=1&value%5B%5D=%22lampaul-guimiliau
— COUFFON (René), LE BARS ( Alfred), 1988, Notice sur Lampaul-Guimiliau , Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm. ISBN 978-2-950330-90-1.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/ffdece473d8b2cacb3b0124f2e647d77.pdf
— COUFFON (René), 1964 Quelques considérations sur la sculpture religieuse en Basse-Bretagne du 12e au 19e siècle In: Bulletins et mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 92 (1964) p. 21-52
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.
http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf
— PELLETIER (Yannick), 1991, Lampaul-Guimiliau, ed. Jean-Paul Gisserot, 32 p.
- Y.-P. Castel : Lampaul-Guimiliau (Rennes, 1979) Non consulté.
- M.-M. Tugorès : Le retable de saint Jean-Baptiste de Lampaul-Guimiliau (B.S.A.F. 1980) Non consulté.
- Christel Douard et Roger Barrié : Lampaul-Guimiliau : Un enclos paroissial du Léon (Châteaulin, 1987), Photos de D. Le Doaré et D. Soret. . Broché. 32 pages. Non consulté.