Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux : I. Les chapelles rayonnantes du déambulatoire. Les baies 10, 12, 14 (1301-1310) de la chapelle du comte Louis d'Évreux .
Avant l'apparition du jaune d'argent.
La Vierge au chêne !
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Voir aussi :
Liste de mes 200 articles sur les vitraux : Pour la fin XIIIe ou le XIVe siècle, en Bretagne, j'ai déjà admiré la maîtresse-vitre de Dol-de-Bretagne (1290-1300), et à Merléac, les baies 2 et 3 datant du 1er tiers XIVe.
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— Sur les vitraux de la cathédrale d'Évreux :
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Les vitraux de la baie 15 (vers 1360-1370) de la chapelle du Rosaire de la cathédrale d'Evreux.
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Les vitraux de la baie 17 (vers 1360-1370) de la chapelle du Rosaire de la cathédrale d'Evreux.
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Les vitraux de la baie 19 (vers 1360-1370) de la chapelle du Rosaire de la cathédrale d'Evreux.
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L'arbre de Jessé (baie 0) de la cathédrale d'Évreux (1467-1469).
— Sur les fonds damassés :
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La chapelle Saint-Jacques de Merléac : la maîtresse-vitre (1402) II. La Passion.
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Les fonds damassés des vitraux (vers 1417) du chœur de la cathédrale de Quimper.
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La parution récente d'un article de Françoise Gatouillat sur les Vitraux français du XIVe siècle et les autres arts (Gatouillat 2019) m'incite à me replonger dans mes archives photographiques de la cathédrale d'Évreux.
Mon but (mon jeu) est de partir à la découverte du fameux Jaune d'Évreux parmi les vitraux de la cathédrale. Ce colorant n'apparut ici qu'au tiers du XIVe siècle, et je débuterai, par contraste ou pour le suspens, par les vitraux du début de ce siècle, et où, justement, ce pigment n'est pas encore utilisé.
Je débuterai ma visite dans le déambulatoire, juste à droite de la Chapelle d'axe ( qui, de toute façon, n'était pas encore construite au XIVe siècle ).
Dans un deuxième article, j'examinerai les trois baies de la chapelle voisine, les 16-18 et 20 datant de 1308, pour constater là encore l'absence du jaune d'argent. Et ainsi de suite dans les articles suivants (baies 22-24-26), avant d'arriver, au nord, aux verrières 25-27 offertes par l'évêque Matthieu des Essarts vers 1300-1310, et, enfin à la baie 23 offerte par l'évêque Geoffroy des Plessis vers 1325-1330 : ce sera mon Île au Trésor, avec une belle pièce de verre bleu devenu vert sous l'effet du jaune d'argent : victoire !
Ainsi récompensé, je grimperai jusqu'aux baies (très) hautes du rond-point du chœur afin de continuer à me régaler : baie 200, puis 201, 204, etc..
Mon guide sera, bien-sûr, Françoise Gatouillat, orfèvre en la belle matière : Gatouillat 2001.
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Pourquoi m'imposer la contrainte de débuter par les vitres qui ne répondent pas à mes attentes ?
Ah, vous ignorez tout de la sérendipité, ou quoi ? Ici, ce sera la Vierge à l'Enfant tenant, savez-vous quoi ? Un chêne !!
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INTRODUCTION : LES VITRAUX DU DÉBUT DU XIVe SIÈCLE EN FRANCE (PARIS ET NORMANDIE).
Dans la seconde moitié du XIIIe siècle : les vitraux "en litre" :
"Au XIIIe siècle, la grisaille, ou vitrail ornemental sur verre blanc, s’est développée à partir de la forme tardive de la verrière à entrelacs dans laquelle de fins rubans sont combinés avec des rinceaux végétaux. Ce type de vitrail s’est rapidement enrichi d’éléments de couleurs (bordures, entrelacs, fermaillets) et devint prédominant dans les vitreries des cathédrales de France et d’Angleterre. Le goût croissant pour les grisailles s’explique non seulement par le coût moindre du verre blanc, mais surtout en raison du souhait des maîtres d’œuvre et des commanditaires d’apporter plus de lumière à l’intérieur des églises. La verrière dite « en litre », dans laquelle les panneaux figurés forment une bande de couleur dans une vitrerie en grisaille, devint la forme la plus répandue en France et en Angleterre au cours de la deuxième moitié du XIIIe siècle. La vitrerie composite, associant les ornements et les figures, était également connue dans les pays germaniques. " (Kurmann-Schwartz et Lautier)
Je me dresse auprès des bons auteurs une petite liste des caractères des vitraux du XIVe siècle.
-Augmentation de la taille des baies gothiques flamboyantes
-Développement de grands chantiers : Paris, Rouen (cathédrale Notre-Dame et Saint-Ouen), Jumièges et Évreux
-Influence de l'enluminure parisienne : Jean Pucelle.
-Début de quelques représentations en perspective ( sous l'influence de Jean Pucelle)
-Introduction du jaune d'argent, permettant la réalisation de verres plus grands.
-Introduction de couleurs plus claires.
-Utilisation de verres colorés doublés. La gravure à l'acide des vitraux plaqués n'apparaîtra que plus tard, au XVe siècle.
-Développement de la production de verre dans les forêts de Normandie (Lyons-la-Forêt) et progrès dans la qualité et la taille des ronds soufflés (cives) de 60 cm de diamètre.
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Les trois baies sont hautes de 5,20 m et larges de 2,70 m, et elles comportent chacune trois lancettes trilobées et un tympan à 4 soufflets et 2 écoinçons. Elle forment, dans la chapelle Saint-Joseph (dénomination du XIXe) un ensemble où le donateur, à droite, et son épouse à gauche sont agenouillés devant la Vierge à l'Enfant. Il s'agit de Louis de France, comte d'Évreux de 1298 à sa mort en 1319 et demi-frère cadet du roi Philippe IV le Bel, et de son épouse Marguerite d'Artois, épousée en 1301 et décédée en 1310 ou 1311 (ce qui fournit le créneau de datation des verrières).
Ils se détachent au centre de panneaux ornementaux clairs en verre blanc peints d'entrelacs géométriques de rinceaux en grisaille et ponctués de fermaillets colorés bleu-rouge-jaune. Cette disposition témoigne du souhait de l'époque de bénéficier d'un meilleur éclairage du déambulatoire, en rupture avec les vitraux entièrement remplis de médaillons aux couleurs soutenues. Elle est autorisée par les progrès de l'industrie du verre, qui propose un verre blanc plus fin et de plus grande taille.
Les bordures verticales de chaque lancette où des fleurs de lys jaune se succèdent dans les entrecroisements bleus en losanges forment en réalité le motif héraldique des armes des comtes d'Évreux (celle de France avec la brisure d'Évreux) d'azur semé de fleurs de lys d'or à la bande componée d'argent et de gueules. Les blasons sont cités trois fois, dans des trilobes dans chacun des tympans, en réemplois parmi des soleils ondés en grisaille et jaune d'argent qui datent de 1465-1470. Les armoiries se retrouvent aussi sur les vêtements des deux donateurs.
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Un registre inférieur a été ajouté vers 1450 à la suite de la concession de la chapelle à la famille du doyen Simon Chevestre.
Les baies ont été restaurées avec modération par Duhamel-Marette en 1894
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La partie datant du début du XIVe siècle illustre une transition dans les nouveautés qui se mettront en place au XIVe siècle dans l'art du vitrail, et dont la cathédrale d'Évreux offre un des plus beaux témoignages. En effet, la place donnée aux verres blancs relève de ces changements, mais nous n'observons pas encore d'utilisation de jaune d'argent (le fameux "jaune d'Évreux" !) qui ne fera son apparition ici qu'en baie 23 vers 1325-1330.
Les couleurs utilisées sont le bleu, le vert, le rouge et le jaune du XIIIe siècle (et aussi un rose pour la colonnade au dessus du donateur de la baie 14.
Les verres rouge sont d'une teinte hétérogène, marquée de stries blanches, et celles-ci suivent parfois (donateur de la baie 12) les courbes de la cive dans laquelle le verre a été taillé.
Les inscriptions, la couronne, les fleurs de lys et les pinacles à crochets ou autres détails d'architecture des dais sont réalisés en appliquant une couche de grisaille sur le verre (jaune le plus souvent), puis en l'ôtant pour faire apparaître le dessin.
Au contraire, les trais des visages sont finement tracés à la grisaille.
Mais ces deux techniques ne sont nullement des innovations.
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Note : la fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328 par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328, elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscains après 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.
Ces influences, qui s'exercent à partir de 1325, incitent à séparer les vitraux d'Évreux du XIVe postérieurs à cette date, de ceux qui lui sont antérieurs.
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AU CENTRE : LA VIERGE À L'ENFANT ET LOUIS D'ÉVREUX EN DONATEUR.
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La Vierge au chêne.
Elle est debout sous un dais assez simple à ouverture trilobée sous une arcature à crochet encadrée de pinacles, sous une architecture plus complexe où la grisaille du verre jaune découpe des réseaux, des oculi, des gables à crochets tandis que des lancettes se détachent sur un verre rose.
Ce qui est extraordinaire ici, c'est que la Vierge tient dans sa main non pas un sceptre ou un lys, mais un chêne muni de ses racines !
Je crois halluciner, mais il faut se rendre à l'évidence : c'est bien un arbre, doté du chevelu racinaire, de quatre petites branches feuillues, et d'une cime à trois ou quatre feuilles. Je veux bien concéder que l'essence de l'arbre est discutable, entre un chêne et un érable.
Je ne parviens pas à trouver d'autre exemple iconographique. Ni à trouver ce détail mentionné dans une description de ce vitrail.
Quelle en est la signification ? La plus évidente est de voir là une allusion à l' Arbre de Jessé. La Vierge (qui est couronnée) montrerait à son Fils son ascendance royale et son appartenance à la Maison de David.
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La vue de détail montre la finesse de la peinture en grisaille des traits de l'enfant, montre aussi la grâce de son geste d'argumentation, et révèle qu'il tient un objet (pomme ou globe) dans la main. Le Fils et la Mère se regardent.
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LE DONATEUR, LE COMTE LOUIS D'ÉVREUX.
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Il est agenouillé mains jointes et levées devant la Vierge, et il porte une tunique à ses armes.
Le dais trilobé à gable à crochets renferme l'inscription (lavis de grisaille sur verre blanc) en lettres gothiques ornées d'extrémités serpentines :
DÕ
LUDÕ
COMES
EBR~ :
soit DÕ LUDO[VICUS] COMES EBROICENSIS (les abréviations étant indiquées par des tildes sur les O et le R ).
Les lettres DÕ peuvent correspondre soit à DONUM, soit à DOMINUS. Je penche pour la première solution, en adéquation avec la scène, et je traduis par : "DON DE LOUIS COMTE D'ÉVREUX". La seconde lecture a été adoptée par Bernard de Monfaucon puis par Eugène Baretsk dans un article de L'Artiste de 1837, mais en ajoutant un M (DOM) qui n'est pas observé aujourd'hui.
Les premières lettres DO ont été omises dans les transcriptions de Lebeurier, puis de F. Gatouillat pour le Corpus, mais elles sont précieuses dans l'étude des figures de donateurs de vitraux, surtout si elles qualifient bien celui-ci comme donateur, ce qui sera plus clair sur la peinture de la baie 14 où le comte tend à la Vierge le vitrail stylisé.
En fait, la même inscription sur la baie 14 montre plutôt un signe abréviatif 9 (pour -us) qu'un tilde, ce qui affaiblit ma suggestion.
On comparera cette représentation à celle de son gisant :
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Notez le verre rouge aux stries concentriques.
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LA DONATRICE : LA COMTESSE MARGUERITE.
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La donatrice Marguerite d'Artois est représentée dans une attitude de donatrice symétrique de celle de son mari. Elle est coiffée d'un voile qui cache également sa gorge, ce qui n'est pas très éloignée de la mentonnière de son gisant :
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Elle avait fondé cette chapelle et un obit de 100s. était versé chaque année à l'Ascension pour elle, pour son mari Louis et pour un certain Simon, comte d'Évreux
L'inscription indique :
MAR
GAR~:
COMITIS
SA : EBR~
MARGARITA COMITISSA EBROICENSIS, "Marguerite, comtesse d'Évreux."
La représentation de la comtesse et du comte sur ce vitrail a été recopiée, avec le relevé des inscriptions, et publiée en 1730 sur la planche 38 des Monuments de la monarchie française de Bernard de Monfaucon, tome II page 214.
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En baie 14 : à nouveau le donateur.
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Nous retrouvons l'inscription :
DÕ
LUDÕ : COMES
EBR~
Mais la grande différence est que Louis d'Évreux présente ici une maquette de la fenêtre qu'il offre à Notre-Dame.Une maquette à deux lancettes à losanges décoratifs, surmonté d'un oculus polylobé.
Ce motif de la donation d'un vitrail se retrouve entre 1325 et 1330 en baie 23 offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis et en baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrière.
La présence d'un éperon en verre jaune montre que le comte est représenté ici en armure, et que les marques des bras et jambes témoignaient d'une cotte de maille, tandis que la "robe" armoriée était un tabard.
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Le registre inférieur : Saint Nicolas et saint Yves, Pietà, Jehan Chevestre, son épouse et sa fille.
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Vers 1450 (F. Gatouillat) ou 1460, la famille du doyen du chapitre cathédrale Simon Chevestre a obtenu la concession de la chapelle qu'éclairent les trois baies 10, 12 et 14. Le registre inférieur de la baie 14 montre cette famille en donateurs, tandis que deux saints et une Pietà occupe celui de la baie 10, les six panneaux formant un ensemble puisque chaque personnage occupe une niche voûtée à clefs pendantes et à sol carrelé devant une tenture damassée par des feuillages : les trois donateurs sont tournés vers la Vierge tenant le corps de son Fils, encadrée par deux saints issus du clergé (un évêque, Nicolas, et un juge ecclésiastique, Yves).
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La baie 10 : saint Nicolas, la Pietà, et saint Yves.
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1. Saint Nicolas ressuscitant les trois étudiants (ou petits enfants).
Les personnages, le sol, le siège du saint et le baquet sont peints à la grisaille sur des verres blancs (les plombs de casse ne permettent pas de dire combien ) tandis que la tenture de fond est en verre bleu, au motif de damas feuillagé. La grisaille est rehaussée au jaune d'argent, d'usage courant pour cette partie datant du XVe siècle. La scène du miracle légendaire est représentée dans une niche octogonale voûtée.
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La Vierge de Pitié.
Le buste de la Vierge a été restauré.
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Saint Yves.
L'Official de Tréguier, patron des avocats et juristes, est représenté coiffé du bonnet rouge de docteur et vêtu d'une robe aux bordures et camail d'hermines. Il tient un rouleau de parchemin, témoin de son activité d'étude des pièces de procès. Surtout, il fait un geste caractéristique d'argumentation, index tendu, selon une tradition que j'ai déjà examiné à Saint-Ségal à propos de deux exemples :
http://www.lavieb-aile.com/2019/07/saint-segal-le-calvaire-du-bourg.html
http://www.lavieb-aile.com/2019/07/la-chapelle-saint-sebastien-en-saint-segal-l-arc-de-triomphe.html
Il ne peut y avoir de doute sur son identification.
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La baie 14 : la famille Chevestre, en donateurs.
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1. Jean Chevestre.
L'homme chenu est agenouillé à son prie-dieu, l'aumônière à la ceinture, et vêtu d'une riche robe rouge fourrée au col et au poignets, un vêtement fréquemment retrouvé chez les donateurs de vitraux normands et témoignant de la respectabilité de leurs fonctions. En effet, Jehan Chevestre, identifié par l'inscription, était procureur du roi pour le baillage d'Évreux de 1447 à 1449, et en 1461.
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Inscription indique : JEHAN : CHEVE----E : LEUR FILZ.
On peut néanmoins s'interroger sur le sens de cette inscription : de quel fils s'agit-il ?
On relie ce personnage à Simon Chevestre, Docteur en Décret, Prieur de la Madelaine de Neubourg , seigneur en Saint-Germain-des-Angles, chantre puis trésorier puis doyen vers 1460 des chanoines de la cathédrale d'Évreux, et autrefois (1458) prébendé à Sainte-Colombe-la-Campagne (ou de la Commanderie).
"Simon Chevestre, qui pour lors occupoit la dignité de doyen en l'eglise cathedrale d'Evreux, auparavant prebendé de Ste Collombe, dont les sieurs de Harcour sont fondateurs, osmona au chapitre d'Evreux le fief de St Germain des Angles, et fit faire l'image d'argent de la mere de Dieu, qui est au dessus de l'autel du chœur. Il fonda en l'an 1439 le service qui se dit le dernier jour de decembre, feste de Ste Collombe, en la chapelle de Ste Anne, en l'eglise de Nostre Dame d'Evreux."
Il était encore en vie en 1458, date d'un bail en 1458 passé par Simon Chevestre, doyen : vénérables et discrètes personnes Maistres Simon Chevestre, Jehan .... ...et en lieu de maistre Simon Chevestre, prebtre, doyen d'Evreux et seigneur en son Saint-Germain-des-Angles
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"CHEVESTRE des CHAPELLES (de). Armes : d'azur à trois hiboux d'or, 2 et 1, ceux du chef surmontés d'une étoile du même.
Le nom de CHEVESTRE est celui d'une ancienne famille noble de Normandie sur laquelle on n'a pu se procurer que des renseignements insuffisants.
Maître Simon Chevestre, docteur en décret, était vers 1458 chanoine prébende de Sainte-Colombe et doyen d'Évreux. Il fit don au chapitre d'Evreux du fief de Saint-Germain-des-Angles ; il fit également don à la cathédrale d'Évreux d'une statue de la Vierge, en argent.
Jacques de Chevestre épousa vers 1560 Marie de Mauvoisin, héritière de l'importante seigneurie de Cintray, dans l'élection de Verneuil. Il était veuf quand, en 1577, il fit, au nom de sa défunte épouse,
une présentation au bénéfice de Cintray. D'après un tableau très sommaire conservé dans les Dossiers bleus, tableau qui malheureusement n'est accompagné d'aucune date, ce Jacques de Chevestre aurait été fils d'Etienne de Chevestre et de Thomasse Guercy, petit-fils de Jean de Chevestre et arrière-petit-fils de Robert de Chevestre.
https://archive.org/stream/dictionnairedesf10chai/dictionnairedesf10chai_djvu.txt
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La donatrice.
L'inscription indique : MARIE :FEMME DUDICT DEFUNCT.
Là encore, il nous manque des informations pour préciser qui était le mari de cette veuve. Elle est vêtue d'une grande robe bleue à décolleté en V serrées par une ceinture portée très haut. Elle porte une coiffe rouge à cornette.
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Autre donatrice, Jeanne d'Alorge.
Le verrier a repris le carton du panneau précédent.
L'inscription indique Jeanne, fille de Robert Alorge et nièce des précédents.
Un acte de 1689 mentionne ces deux familles Chevestre et Allorge à Evreux (à propos de la rivière l'Iton).
La famille Allorge est une famille rouennaise annoblie en 1396.
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https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm
https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm
http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf
L'art du vitrail : le Jaune d’Évreux. Le jaune d'argent est un mélange de sels d'argent (chlorure, nitrate ou sulfure) et d'ocre. Historiquement, la composition des premiers vitraux rassemblaient essentiellement les couleurs rouge, bleue, jaune et verte. Une nouvelle technique de coloration apparaît en Occident au début du XIVe siècle, elle s'applique au revers de la pièce avant cuisson et permet de teinter localement le verre sans coupe ni mise en plombs supplémentaires. L'apparition de cette méthode coïncide avec une évolution fondamentale de l'esthétique et du style de l'art de la peinture sur verre. Le procédé donne alors une palette de couleurs enrichie : les teintes obtenues varient du jaune clair (chlorure d'argent + ocre), au jaune orangé (sulfure d'argent + ocre), en passant par le vert quand il est apposé sur un verre bleu. A la même époque, la qualité des verres s’améliore, ils sont plus fins, plus réguliers et l'utilisation de verres incolores permet d'éclairer largement les verrières. L'une des plus belles verrières de la cathédrale d'Évreux se situe dans la chapelle SaintLouis (la 4ème côté nord du chœur). Il s'agit de la baie 23, dont les panneaux ont été exécutés vers 1325-1330 avec l'emploi du jaune d'argent, notamment sur verre bleu. Les verrières des lancettes représentent l'évêque Geoffroy agenouillé en donateur, un chanoine, la Vierge à l'enfant et la charité de saint Martin. La qualité du jaune d'argent utilisé par le maître-verrier a fait notamment la renommée des vitraux de la cathédrale lui donnant le nom de jaune d'Évreux, passé à la postérité.
L'art du vitrail. Le jaune d'argent est un mélange de sels d'argent (chlorure, sulfure, iodure, oxyde d'argent, etc.) et d'un cément (ocre ou argile calcinée). Historiquement, ce mélange était inconnu pour la composition des premiers vitraux, qui rassemblaient essentiellement des couleurs rouge, bleue et verte. Ce nouveau sel apparaît en Occident au tout début du XIVe siècle et entraîne avec lui une révolution dans l'art du vitrail et de la peinture sur verre. Comme il s'applique facilement au revers d'une pièce avant cuisson, on peut désormais ajouter la couleur jaune sur le verre sans être obligé de souder des pièces différentes par du plomb.
Le procédé donne accès à une palette supplémentaire de couleurs : les teintes obtenues varient selon que l'on utilise du chlorure d'argent et de l'ocre (jaune clair) ou du sulfure d'argent et de l'ocre (jaune orangé). Sur un verre bleu, il donne du vert.
Notons en outre que, à la même époque, la qualité des verres s’améliore. Plus fins, plus réguliers, plus limpides, ils vont permettre aux verrières de s’éclaircir grâce à l’utilisation de verres incolores et... de grandir en beauté. Le jaune d'argent est idéal pour colorer les chevelures, les bijoux, les couronnes, les sceptres - tout ce qui est jaune ou blond dans la réalité - ainsi que certains éléments architecturaux (vitreries ornementales et grisaille décorative rehaussée de jaune d'argent).
Pour certains passionnés de vitraux, la plus belle (et la plus célèbre) verrière de la cathédrale d'Évreux se situe dans la chapelle Saint-Louis (la quatrième chapelle dans le déambulatoire nord). Au début du XIVe siècle, un maître verrier de la ville utilisa la nouvelle couleur à base de sels d'argent qu'on venait d'inventer. Comme tout nouveau procédé (utilisant de plus un métal précieux), il était coûteux. Mais la gamme supplémentaire de couleurs qu'il autorisait lui assura une diffusion rapide dans toute la France. Á Évreux, la qualité du jaune d'argent utilisé par ce maître verrier a fait que le jaune d'Évreux est passé à la postérité.
Dans la galerie des vitraux, vous pouvez voir l'ensemble de la verrière de la chapelle Saint-Louis ainsi que les célèbres petits panneaux historiés en gros plan.
Nef – côté nord : chapelle Saint-André chapelle Saint-Nicolas chapelle Saint-Sébastien chapelle Notre-Dame du Mont Camel chapelle Saint-Aquilin
Chœur – côté nord chapelle Saint-Fiacre chapelle des Saints Évêques d'Évreux chapelle Sainte-Thérèse chapelle Saint-Louis chapelle Saint-François chapelle du Rosaire chapelle du Sacré-cœur Chapelle axiale chapelle de la Mère de Dieu
Chœur – côté sud : chapelle Saint-Joseph chapelle de l'immaculée conception chapelle Sainte-Catherine chapelle Notre-Dame de Liesse chapelle du Trésor
Nef – côté sud : chapelle de la Bonne-Mort chapelle Sainte-Anne chapelle de l'Annonciation chapelle des Saints-Anges chapelle des Fonts-Baptismaux
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Les chapelles des bas-côtés de la nef datent du XIVe siècle. Tous les fenestrages ont été refaits à la fin du XVe siècle mais les voûtements et les colonnettes intérieures sont du XIVe siècle. Les voûtes sur croisées d'ogives à pénétration, dotées de clefs pendantes appartiennent à l'art gothique flamboyant. Les chapelles du chœur sont bâties entre 1260 et 1310. Elles sont toutes dotées de fenestrages flamboyants vers 1470-1475, et l'ancienne vitrerie a été intégrée au nouveau remplage.
La chapelle de la Mère de Dieu, plus vaste avec ses trois travées, témoigne de la première phase du gothique flamboyant avec l'abolition des murs, l'amincissement en amande des structures de pierre et la prédominance des vitraux. Couverte par des voûtes sur croisées d'ogives finement moulurées, elle s'éclaire par des fenêtres formées de lancettes trilobées supportant une grande fleur de lys en référence au roi Louis XI qui en a financé la construction et les verrières.
L'édification du chœur s'échelonne sur une période comprise entre 1260-1310. Le sanctuaire est conçu selon le style du gothique rayonnant (technique et esthétique) : l'architecture doit permettre de laisser entrer la lumière divine. Pour cela, les fenêtres sont élargies, les murs pleins disparaissent au bénéfice des vitraux et les faisceaux de colonnettes sans rupture jusqu'à la voûte accentuent l'effet de verticalité. Le chœur, d'un plan plus large que la nef, présente une élévation à trois étages : les grandes arcades en arcs brisés finement moulurés, le triforium éclairé de vitraux, et les fenêtres hautes. La première travée du chœur, de forme trapézoïdale, permet le raccordement à la croisée du transept. Cette structure si particulière est due à la nécessité de compenser la différence avec l'ancien transept roman dont l'écartement des piles était plus étroit. Le triforium ajouré présente une division en quatre baies de style flamboyant : lancettes trilobées affinées en accolade, balustrades, profusion de l'ornementation (choux frisés).
Les fenêtres hautes composées de quatre lancettes trilobées sont surmontées d'une rose. Les voûtes sur croisées d'ogives sont ornées de clés de voûtes décorées de couronnes de feuillage.
Au rond-point, la clef recevant les huit branches d'ogives figure un buste d'évêque bénissant de la main droite et tenant une croix dans la gauche.
Le déambulatoire s'ouvre sur treize chapelles rayonnantes dont la plus profonde dans l'axe est la chapelle de la Mère de Dieu.
Les vitraux. Série remarquable de vitraux des XIIIe , XIVe , XVe et XVIe siècles, avec l'emploi des techniques de la grisaille, du jaune d'argent et des très nombreux montages en chefs-d’œuvre, figurant notamment les donateurs et bienfaiteurs de l'édifice : rois de France, évêques, chanoines ou grands seigneurs locaux.
Les chapelles renferment les vitraux les plus anciens de la cathédrale : des petits panneaux de la fin du XIIIe et du début du XIVe siècles (nef côté sud et déambulatoire)
La nef possède encore de très beaux vitraux :
• 5e baie nord : une Vierge à l'Enfant et l'évêque Guillaume Cantiers, qui offrit la verrière pour son avènement en 1400.
• 6e baie nord : Annonciation (XVe ).
• 5e baie sud : St Paul et St Vincent. Don de l'évêque Paul Capranica (1420- 1427).
Le chœur est orné de magnifiques vitraux du XIVe siècle, l'une des plus belles séries qui soit en France :
• 1° baie nord : Verrière des trois Marie, vers 1450.
• 2° baie nord : Blanche d'Avaugour, Vierge à l'Enfant, Ste Catherine, Guillaume d'Harcourt (avant 1320).
• 3° baie nord : Vierge à l'Enfant, St Pierre Pape, Pierre de Mortain, St Denis (vers 1390).
• 4° baie nord : Chanoine Raoul de Ferrières et Vierge à l'Enfant (avant 1330). Verrière célèbre pour sa couleur jaune, le fameux « jaune d'Évreux ».
• 5° baie nord : St Bernard et St Taurin (1376-1383).
• 6° baie nord : Bernard Cariti et Vierge à l'Enfant. Cette verrière et la précédente ont été offertes par l'évêque Cariti (1376-1383).
• 7° baie nord : Annonciation, offerte par l'évêque Geoffroy Faë (1335-1340).
• 8° baie axiale : Vierge à l'Enfant et St Jean-Baptiste offerte par l'évêque Jean Du Pré (1328-1333).
• 9° baie sud : Couronnement de la Vierge, offerte par l'évêque Geoffroy Faë (1335-1340).
• 10° baie sud : St Jean et St Martin (Geoffroy Faë).
• 11° baie sud : St Michel et St Maur (Geoffroy Faë).
• 12° baie sud : Assomption et Blanche d’Évreux (fin XIVe ).
• 13° baie sud : Vierge à l'Enfant, Charles VI et St Denis, offerte par la reine Blanche (fin XIVe ).
• 14° baie sud : St Aquilin, Vierge à l'Enfant, chanoine R. de Molins, St Taurin (vers 1330).
• 15° baie sud : Ste Foy, Crucifixion, St Pierre, St Aubin (XVe ).
Les chapelles du chœur sont bâties entre 1260 et 1310. Elles sont toutes dotées de fenestrages flamboyants vers 1470-1475, et l'ancienne vitrerie a été intégrée au nouveau remplage.
Au nombre de treize, elles sont fermées par des clôtures de bois sculptés du xve au xviie siècle. À l'entrée du bas-côté sud de la nef, se trouve également un calvaire de terre cuite du xviiie siècle.
Chapelles nord (d'ouest en est) :
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La première chapelle nord contient un retable peint anonyme, du xviie siècle
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Chapelle des saints évêques d'Évreux : elle possède une clôture de la fin du xve siècle de style gothique flamboyant. Un enfeu, vide aujourd'hui, contenait le gisant en cuivre de Mathieu des Essarts4.
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Chapelle Saint-Louis et Jeanne-d'Arc
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Chapelle du Rosaire : clôture flamboyante et renaissante.
Chapelles sud (d'est en ouest) :
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Chapelle Saint-Joseph: clôture du xvie siècle.
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Chapelle de l'Immaculée Conception: clôture renaissance, donnée par la famille Les Postel des Minières.
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Chapelle Sainte-Catherine et Saint-Jean-Baptiste (surnommée au xvie siècle la « chapelle des paresseux »): clôture Renaissance
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Chapelle Notre-Dame de Liesse : elle contient la clef de voûte de l'ancienne église Notre-Dame de la Ronde.
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Chapelle du Trésor : elle dispose d'une armoire en chêne qui contenait jusqu'au 12 novembre 1792 le trésor de la cathédrale. Cette armoire, œuvre des huchiers d'Évreux, a été réalisée entre 1464 et 1467.
Nef – côté nord : chapelle Saint-André chapelle Saint-Nicolas chapelle Saint-Sébastien chapelle Notre-Dame du Mont Camel chapelle Saint-Aquilin Chœur – côté nord chapelle Saint-Fiacre chapelle des Saints Évêques d'Évreux chapelle Sainte-Thérèse chapelle Saint-Louis chapelle Saint-François chapelle du Rosaire chapelle du Sacré-cœur Chapelle axiale chapelle de la Mère de Dieu Chœur – côté sud : chapelle Saint-Joseph chapelle de l'immaculée conception chapelle Sainte-Catherine chapelle Notre-Dame de Liesse chapelle du Trésor Nef – côté sud : chapelle de la Bonne-Mort chapelle Sainte-Anne chapelle de l'Annonciation chapelle des Saints-Anges chapelle des Fonts-Baptismaux
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Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07 – Janvier 2016 – Annick GOSSE-KISCHINEWSKI - Virginie HENRY L'histoire de la Cathédrale d’Évreux Évreux, ancienne cité gallo-romaine appelée au IV e siècle Mediolanum Aulercorum, est implantée au fond de la vallée de l'Iton. Reliant Lisieux, Chartres, Rouen et Paris, elle constitue pour les grandes villes de l'époque un point de convergence et un trait d'union. La tradition attribue à saint Taurin, premier évêque d’Évreux, l'évangélisation de la ville. La cathédrale Notre-Dame d’Évreux s'impose de par sa majesté au cœur du centre-ville. L'édifice présente une composition architecturale assez hétéroclite témoignant de son histoire au fil des siècles ; ainsi s'explique le mélange des styles roman, gothique rayonnant et flamboyant, Renaissance. Bien appartenant à l’État, elle est classée au titre des Monuments Historiques depuis 1862. Probablement élevée à l'emplacement de la basilique païenne, dont aucun vestige ne subsiste, la cathédrale d'Évreux est mentionnée pour la première fois dans la Chronique de Guillaume de Jumièges. En 912, lors de son baptême, Rollon, chef viking et fondateur de la Normandie, fait une donation en faveur de la reconstruction de la cathédrale qu'il avait brûlée. Cette église a sans doute été plusieurs fois restaurée durant les décennies suivantes et un nouvel édifice est entrepris au milieu du XI e siècle. Il est consacré par l'archevêque de Rouen et l'évêque d'Évreux Gilbert en 1076. Incendiée en 1119 par Henri Ier Beauclerc, roi d'Angleterre, la cathédrale est reconstruite entre 1125 et 1140 par ce roi, menacé d'excommunication. Les grandes arcades de la nef actuelle et le triforium de la première travée datent de cette époque. En 1194, la cathédrale est de nouveau incendiée par le roi de France Philippe-Auguste alors en lutte avec Richard Cœur de Lion. Toutes les parties hautes de la nef sont alors détruites, seules les 1/7 Pour aller plus loin : Annick Gosse-Kischinewski, Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Évreux, Les Colporteurs, 1997 Corpus Vitrearum, Les vitraux de Haute-Normandie, Monum, éd. Du patrimoine,2001. Jean-Marie Pérouse de Montclos, Le patrimoine en Normandie, éd. Place des Victoires, 2008. grandes arcades subsistent. Les travaux de réfection interviennent tardivement, vers 1230, malgré la demande d'indulgences dès 1202 ; le triforium, les fenêtres hautes et les voûtes sont achevés en 1253. La reconstruction du chœur, dans le style gothique rayonnant, commence vers 1260 et s'achève vers 1310. En 1356, Jean le Bon, assiège la ville et la cathédrale est une nouvelle fois la proie des flammes. Puis, nouvel incendie en 1379 par les troupes du roi Charles V. La première travée du chœur est reprise, puis les travaux de restauration du transept roman sont entrepris sous les règnes de Charles VI (1380-1422) et Charles VII (1422- 1461). Les architectes "rhabillent" l'ancien transept dans le style gothique flamboyant. Puis, dès 1461, les grandes libéralités de Louis XI permettent l'achèvement du transept, avec sa façade sud et l'édification de la tour lanterne avec sa flèche, terminée en 1475. Louis XI fait aussi bâtir la bibliothèque, le "revestiaire" (sacristie), une aile du cloître et la chapelle axiale dédiée à la Mère de Dieu. Toutes les chapelles des bas-côtés de la nef avaient été aménagées au XIVe siècle mais l'ensemble des fenestrages est refait pendant le règne de Louis XI (1461-1483). Le croisillon nord est élevé par l'architecte Jean Cossart (mort avant 1509), dans la grande lignée des grands portails de style gothique flamboyant de la fin du XVe – début XVIe siècle. La cathédrale est de nouveau consacrée en 1548. Entre 1575 et 1591, le portail occidental est agencé entre les deux tours de l'ancienne façade harmonique romane. Dès 1609, la tour nord est construite par l'architecte parisien François Galopin, et sera achevée en 1631 par le couronnement d'un dôme en pierre, appelé « GrosPierre ». Le XVIIIe siècle est consacré à l'aménagement intérieur de la cathédrale : confection des grilles du chœur en 1747, refonte des deux cloches en 1760, installation d'un maître d'autel et d'un autel de la Sainte-Vierge en 1764, divers travaux de dallage de 1782 à 1785 et la restauration de l'orgue (1774-1778) du facteur Jean-Baptiste Nicolas Lefebvre de Rouen et du menuisier Dubois d’Évreux. Le XIXe siècle est celui des restaurations : réfection des bases de la tour en 1816, reconstruction de la flèche en 1826, réparation des verrières en 1826 et 1838, restauration des parties hautes de la nef de 1874 à 1887 et du chœur en 1896. En 1874, l'architecte Darcy, soutenu par Viollet-le-Duc, se charge de la restauration complète des voûtes et des arcs boutants de la nef, modifiant considérablement l'aspect de l'édifice connu depuis le XIIIe siècle. Au XXe siècle, plusieurs campagnes de restauration interviennent sur la dernière travée de la nef et celle sous les tours, ainsi que sur la flèche, anéanties suite à l'incendie du 11 juin 1940 qui endommagea considérablement Notre-Dame d'Évreux, détruisant le buffet d'orgue du XVIIIe siècle. Depuis les vingt dernières années de notre siècle, d'importants travaux sont entrepris, à l'image des chantiers pour la restauration du transept nord et des pinacles, la mise en sécurité de l'édifice et l'installation d'un orgue contemporain. La composition générale de l'édifice. De plan en croix latine, la Cathédrale Notre-Dame d’Évreux comprend une nef de huit travées, dont la première est enserrée entre les deux tours occidentales, flanquée de bas-côtés s'ouvrant sur dix chapelles latérales. Le chœur de quatre travées présente une largeur légèrement supérieure par rapport à la nef, le déambulatoire est bordé de treize chapelles rayonnantes, dont celle du Trésor (grille de 1470) et la chapelle axiale de « la Mère de Dieu » de plan allongé et pentagonal. 2/7 Le transept peu saillant est surmonté à sa croisée d'une haute tour-lanterne ; il s'ouvre, au sud-ouest, sur la grande sacristie, et au sud-est, sur la petite sacristie. Derrière le mur nord-ouest se trouve une grande salle voûtée servant de réserve au clergé (ancienne bibliothèque). Enfin, le cloître, autrefois à double étage, n'a toujours comporté que deux ailes. Prolongée jusqu'à l'évêché au XIXe
L'architecture extérieure de l'édifice. La façade principale Ouest présente une architecture de style Renaissance et classique avec la référence aux ordres antiques. Elle a été successivement édifiée entre la fin du XVIe et le milieu du XVIIe siècles par différents architectes. Le massif de façade conserve les deux tours de tradition normande. La Tour Sud. Le gros-oeuvre date du XIIe siècle et a été entièrement rhabillé vers 1573 sous l'évêque Gabriel Le Veneur. Elle s'élève sur cinq niveaux, présente une ordonnance variée, dont un entablement classique avec une frise alternant triglyphes et métopes. Avant l'incendie de juin 1940, la tour était coiffée d'un clocher octogonal en charpente bois avec abat-sons et courte flèche. Il ne fut pas rétabli car jugé disgracieux. La tour Nord, commencée en 1609, conduite à partir de 1612 par l'architecte François Galopin, a été achevée vers 1631. L'effet monumental est créé par l'élévation à trois étages, identique à la tour Sud, enrichi d'un beffroi de plan carré légèrement en retrait et abritant les cloches, lui-même surmonté d'un lanternon de forme polygonale en retrait. Les colonnes et pilastres accentuent la verticalité donnée à cette tour. Au sommet, un lanternon porte la croix. Le portail. La porte centrale est resserrée entre les deux tours et s'inscrit dans un cadre plein cintre. Elle a été exécutée sous l'épiscopat de Claude de Saintes (1575- 1591) et restaurée au XIXe siècle. La rosace aux formes arrondies, supportée par une série de colonnades, appartient au style de la Renaissance. Le pignon sommital est percé de deux oculi. De plan octogonal, la structure actuelle de la Tour Lanterne date de sa reconstruction après l'incendie du 11 juin 1940 : une restauration à l'identique sur la base de plans du XIXe siècle et d'anciennes photographies. La tour est flanquée de minces tourelles octogonales. Devant les grandes fenêtres à l'ouest trônent deux statues superposées installées au XIXe siècle : la Vierge à l'enfant et l'évêque saint Taurin. La flèche, formée de grands triangles ajourés sur quatre niveaux est recouverte de plaques de plomb. Depuis 2002, elle est couronnée d'une croix et d'une tige portant un coq. L'ensemble culmine alors à 78,15 mètres du sol. 3/7 DIMENSIONS Longueur totale hors œuvre : 108,87 m Nef : Longueur : 43,47 m Largeur totale : 25,42 m Hauteur sous voûte : 21,75 m Chœur : Longueur : 27,50 m Largeur : 31,60 m Hauteur sous voûte : 24,10 m Transept : Longueur : 31,50 m Largeur : 7,00 m Hauteur sous voûte : 2,21 m Hauteur sous la lanterne : 45,00 m Hauteur de la flèche : 75,00 m Hauteur avec la croix et le coq : 78,15 m L'élévation de la façade nord de la nef est simple et homogène grâce aux fenestrages refaits au XVe siècle. Le premier niveau abrite les chapelles du XIVe siècle, à l'étage les minces arcs-boutants ont été refaits au XIXe siècle, les fenêtres hautes de la nef de style rayonnant ont été restaurées mais sont fidèles au style du XIII e siècle. La couverture et la charpente en béton ont été entièrement reprises suite à l'incendie de juin 1940. Le portail Nord. La façade du bras nord a été élevée vers 1504 par l'architecte Jean Cossart de style gothique flamboyant. Elle fait écho aux édifices de Senlis et Beauvais et compte parmi les beaux exemples de France. La monumentalité de l'architecture flamboyante de ce portail illustre la recherche de la verticalité, la richesse et la profusion du décor sculpté du début du XVI e siècle. Les deux tourelles à six pans abritent les escaliers disposés de chaque côté et sont surmontées d'un lanternon octogonal coiffé d'une pyramide à fleurons. L'effet sculptural donné par les nombreuses niches, consoles, dais et gâbles, révèlent des jeux d'ombre et de lumière (architecture des pleins et des vides) sur la façade. Le grand portail ébrasé est encadré d'archivoltes redentées de petits bouquets de chardons. Le tympan a perdu son décor figuré à la Révolution Française. L'ensemble est surmonté d'un imposant gâble ajouré d'un réseau flamboyant. La porte du XVI e siècle laisse entrevoir la trace de trois personnages, l'iconographie reste toutefois difficile à interpréter. La rosace est un chef d’œuvre de légèreté, inscrite dans une accolade élancée, le jeu de courbes et contre-courbes, les plans décalés attirent le regard vers le haut. La façade Sud de la cathédrale présente une architecture plus sobre, en contraste avec celle du nord. Les fenestrages des chapelles ont été refaits au XVe siècle sur un modèle proche de celui du nord. Néanmoins, l'ornementation est soignée : quelques sculptures figuratives, de la faune, des grotesques et des personnages fantastiques. La balustrade de la nef ne présente pas de gâbles dentelés comme au nord. Quant aux contreforts, un simple décor de pyramidions les habillent sans cacher la rigidité des arcs-boutants du XIXe siècle. La nudité de la façade du croisillon sud, accentuée par la disparition de l'étage du cloître, contraste avec la luxuriance de la façade du portail Nord. La rose qui surplombe le portail sud dite « Rose du Paradis », célèbre pour ses tons doux, représente le Couronnement de la Vierge (XVe siècle). Construit à la fin du XIIIe siècle, le chevet conserve une homogénéité d'ensemble avec un parfait équilibre des différents styles apportés au fil du temps. Il est caractérisé par la verticalité des trois étages (chapelles, triforium, fenêtres hautes), accentuée par les clochetons qui le couronnent sur le pourtour. L'architecture intérieure et la distribution de l'édifice. La nef présente une élévation à trois étages : grandes arcades, triforium, fenêtres hautes. Les premières grandes-arcades en plein cintre de la nef remontent au XII e siècle ; elles reposent toutes sur des piliers cantonnés de neuf colonnettes engagées. L'ornementation des chapiteaux alterne entre des motifs simples géométriques ou de feuillages, et des motifs d'entrelacs et figures grimaçantes. Le triforium aveugle de style gothique rayonnant comprend quatre arcatures trilobées reliées par une balustrade ajourée. Les fenêtres hautes sont divisées en quatre lancettes trilobées et surmontées d'une rose. Les formes arrondies du réseau et du décor témoignent du style gothique rayonnant. Suite à l'incendie de 1194, les étages supérieurs, triforium, fenêtres hautes et voûtes sur croisées d'ogives, sont reconstruits au XIIIe siècle (1240) par Gauthier de Varinfroy, maître d’œuvre de la cathédrale de Meaux.
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SOURCES ET LIENS.
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— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2).
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h