L'ossuaire (microdiorite quartzique, 1639-1640) de l'enclos de La Roche-Maurice.
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Sur La Roche-Maurice, voir :
— sur l'église Saint-Yves :
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— Voir sur les autres monuments de la commune :
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— Sur les ossuaires, voir :
- L'église Saint-Salomon de La Martyre. IV. L'ossuaire (1619). Les inscriptions. Les crossettes.
- Le bénitier à l'Ankou (kersanton, 1619) de l'ossuaire de La Martyre.
- L'ossuaire de Lannédern (1660-1662)
- Une inscription en breton au Folgoët, venant de l'ossuaire de Guicquelleau.
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PRÉSENTATION.
Où je cède la parole aux bons auteurs :
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"L’ossuaire, placé en face du porche, porte les dates de 1639 et de 1640 gravées sur le fronton de la porte et sur le pignon sud. On y retrouve les mêmes dispositions qu'à l’ossuaire de Pencran, mais avec plus d'élégance.
Au-dessus de la porte centrale de la façade est inscrite une sentence latine. A gauche se trouve, sous une niche en accolade, un bénitier orné d'un buste de la Mort que tient, non pas la faux classique, ruais l'aiguillon élue lui prête l'iconographie du moyen âge. Le phylactère qui contourne l'accolade de la niche porte ces mots : Je vous tue tous.
Sur la partie inférieure de la façade, un cartouche, du côté droit, porte une tête de mort, un autre des ossements, un autre des entrelacs. Sur tous les autres cartouches se détachent des personnages à mi-corps : un paysan la bêche sur l'épaule ; une jeune fille tenant une fleur ; un homme de loi un rouleau à la main ; un mendiant, un prêtre, un bourgeois. Cette série d'images des diverses conditions humaines rappelle les danses macabres. On trouve une série analogue à l'ossuaire de Ploudiry." (Lécureux)
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"À La Roche-Maurice, en 1639-1640, on aboutit à la formule définitive des grands ossuaires et à l'édifice le plus parfait de l'atelier. À l'étage inférieur, les baies sont séparées par des colonnes corinthiennes qui reposent sur un stylobate décoré de panneaux semblables à ceux de Ploudiry. Ces colonnes supportent non plus un cordon, mais un entablement bien marqué avec une corniche sur laquelle s'appuient les niches du second étage séparées par des pilastres. Outre la porte de la façade principale, encadrée comme précédemment par deux colonnes servant d'appuis à un entablement amorti par un fronton triangulaire, une seconde porte semblable, mais encastrée de pilastres, s'ouvre dans le pignon sud." Couffon 1948)
"C'est l'édifice le plus parfait de l'atelier de l'Elorn. Il est de plan rectangulaire. [...] Au-dessus de la porte de la façade, une inscription : " MEMOR : ESTO : IV - 1639 - DICII : MEI : SIC : ERIT : ET : TVVM : MIHI : HODIE : TIBI : CRAS : " Dans la frise de la porte du pignon : " MEMENTO : HOMO : QVIA : PVLVIS : ES : 1640. " Au-dessus du bénitier d'angle, l'Ankou brandit un dard, et le phylactère faisant office d'accolade porte l'inscription : " IE : VOVS : TVE : TOVS. " " (R. Couffon 1988)
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« L’ossuaire. Placé, comme dans d’autres paroisses, sous le vocable de sainte Anne, l’ossuaire porte la date de 1639 au-dessus de la porte de la façade principale et celle de 1640 au-dessus de la porte du pignon sud. Faut-il voir une coïncidence avec le décès en 1638 d’Henri II, duc de Rohan, seigneur prééminencier de l’église Saint-Yves ? Rien ne l’indique. La vocation funèbre de l’édifice est affirmée dans trois inscriptions : la principale au-dessus de la porte de la façade : MEMOR. ESTO. IVDICII. MEI. SIC. ERIT ET TUUM. MIHI. HODIE. TIBI. CRAS. (Rappelle-toi mon jugement, tel sera aussi le tien, aujourd’hui moi, demain toi.), au-dessus de la porte du pignon on lit : MEMENTO : HOMO : QUIA : PVLVIS : ES : (Souviens-toi homme que tu n’es que poussière). L’unique bénitier de la façade est surmonté du buste d’un squelette qui tient une flèche et déclare sur une accolade en rubans : « Je vous tue tous ». Aucune de ces inscriptions ne fait référence à l’espérance chrétienne, elles soulignent le caractère inéluctable de la mort. » (G. Leclerc)
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"Élément constitutif des enclos, il porte ici des dates bien lisibles : 1639-1640. Il est donc bien postérieur aux œuvres jusqu’ici considérées. C’est sans doute l’indice du changement de statut de l’église. Chapelle du château, elle serait devenue église paroissiale.
L’ossuaire, comme son nom l’indique, est construit pour mettre les « ossements du peuple », comme inscrit au fronton du carnel de Pencran.
Depuis des temps immémoriaux, en Bretagne Occidentale, les morts de toute condition sociale, étaient enterrés dans l’église. Quand on allait à l’église « on allait sur sa tombe ». Lorsque les tombes étaient remplies, se déroulait une cérémonie de transfert des ossements dans l’ossuaire. A Guimiliau nous avons l’ossuaire d’attache dans sa forme la plus ancienne. Dans la Vallée de l’Elorn nous avons essentiellement des « ossuaires-chapelles ». Le plus ancien de style Renaissance est à Sizun (1585).
Celui de La Roche est l’un des fleurons de cette lignée. Sur la façade, au-dessus de la porte, une inscription latine :
Memor esto judicii Sic erit et tuum mihi hodie tibi cras « Mémorise mon jugement ainsi sera le tien, à moi aujourd’hui, à toi demain. » C’est le mort qui s’adresse au passant de façon particulièrement abrupte.
Les niches, destinées sans doute aux douze apôtres, comme on le voit à Sizun, sont vides ici." (APEVE)
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LA PORTE DU PIGNON SUD.
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La porte de plein-cintre est édifiée dans une belle pierre jaune de Logonna (microdiorite quartzique) extraite en Rade de Brest dans un appareillage de moellons de schiste. Deux colonnes cannelées à chapiteaux droits servent d'appuis à un entablement amorti par un fronton triangulaire, centré par un cartouche à cuir découpé renfermant une tête de mort. La clef de voûte s'enfle en une volute généreuse.
L'inscription de l'architrave est sculptée en réserve, en lettres majuscules entre deux angelots. Elle énonce : MEMENTO : HOMO : QVIA : PVLVIS : ES : 1640. , soit : "Souviens-toi, homme, que tu es poussière. 1640".
Dans sa forme complète Memento, homo, quia pulvis es, et in pulverem reverteris , elle traduit un passage du Livre de la Genèse (Gn 3:19) où Yahvé s'adresse à Adam après sa chute : "C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière."
Surtout, elle rappelle au fidèle la formule prononcée par le prêtre lors de l'imposition des cendres du mercredi des Cendres alors qu'il trace une croix avec de la cendre sur son front.
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LA PORTE DE LA FAÇADE ORIENTALE.
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La porte de plein-cintre est édifiée, comme la porte sud, dans la pierre jaune de Logonna (microdiorite quartzique). Deux colonnes à demi-cannelées s'achèvent par des chapiteaux corinthiens. Ils servent d'appuis à l'entablement amorti par un fronton triangulaire, dont le décor central entre deux palmes (sans doute un blason) a été martelé.
L'inscription latine déclare :
" MEMOR : ESTO : IV / 1639 / DICII : MEI : SIC : ERIT : ET : TVVM : MIHI : HODIE : TIBI : CRAS : "
Elle se déchiffre ainsi Memor esto judicii ; sic erit et tuum mihi hodie tibi cras
« Souviens-toi du jugement (du sort) qui fut le mien ; c'est le mien aujourd'hui, ce sera le tien demain. »
Ce n'est ni Dieu, ni la Mort, mais bien l'un des défunts, l'un des proches des familles qui s'adresse au passant pour le convaincre de la perspective funeste qui l'attend. Ce qui, pour un chrétien, est une exhortation à une vie juste et à une pratique du culte et des Sacrements.
-judicium,ii : sentence, jugement, décision, arrêt. D'où : "Souviens-toi de la sentence à laquelle j'ai été condamnée : ce sera la tienne demain."
La finale, mihi hodie cras tibi est une formule très fréquente sur les sépultures.
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LE BÉNITIER D'ANGLE ET SON ANKOU. Microdiorite quartzique
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Au-dessus de la cuve à godrons du bénitier d'angle, l'Ankou, squelette personnifiant la mort, brandit une flèche. Il est assis à cheval sur une double volute portant l'inscription : IE : VOVS : TVE : TOVS.
Ce bénitier rappelle celui, en kersantite, de l'ossuaire (1619) de La Martyre qui tient également une flèche tout en maintenant la tête d'un défunt.
Il est souvent photographié sorti de son contexte, qui est, ici, le registre inférieur de la façade vers laquelle il dirige sa flèche, et, en fait, également son avertissement " Je vous tue tous". En effet, c'est la succession des huit personnages qui y sont sculptés en bas-relief qui lui donne tout son sens. Ceux-ci résument toutes les conditions sociales de l'humanité, depuis le pouvoir le plus élevé (le Pape) jusqu'à la situation la plus humble (le Mendiant).
Il mène ainsi un équivalent de ronde infernale et la séquence de l'Ankou et des huit états de la société humaine est une forme des Danses macabres où les squelettes viennent inviter le Pape, l'Archevêque, le Roi, le Noble, le Bourgeois, le Moine, le Bourgeois le Paysan et l'Infirme à les suivre vers le séjour des Morts; comme à Locmaria-an-Iskuit en Plouha, et à Kernascéden.
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Le parallèle s'impose avec l'ossuaire de Ploudiry, réalisé 4 ans auparavant, également en pierre de Logonna, où le squelette tourne sa flèche vers le Paysan, la Femme à la fleur, le Juge et le Roi tandis que l'ange du bénitier dit : "Bonnes gentz qui par icy passez, priez Dieu pour les trépassez"
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LES DIX PANNEAUX AUX HUIT PERSONNAGES VISÉS PAR L'ANKOU.
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La représentation des huit personnages emblématiques vise à souligner la vanité de l'attachement aux biens, aux valeurs et aux activités terrestres, et à les soumettre avec dérision au regard transperçant de la Mort, comme dans les Roues de la Fortune. Le Plaisir des sens et la Beauté éphémère, l'attrait pour le Pouvoir temporel, et bien-sûr la recherche de Richesse sont dénoncés par l'ironie habituelle aux moralistes. Mais cette dévalorisation est plus radicale, et moins proprement chrétienne peut-être, puisqu'elle vise également le Labeur (du Paysan), la Loi, ou la Théologie. Et même le Malheur est désacralisé et relativisé par la Mort qui s'apparente moins au regard de Dieu (Les premiers seront les derniers...) qu'à celui du Temps.
L’homme ne connaît même pas son heure : comme le poisson pris au filet fatal, comme l’oiseau pris au piège, ainsi en est-il des fils d’Adam surpris par le moment fatal qui tombe sur eux à l’improviste. Ec 9:12
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1. Le Paysan (sa bêche sur l'épaule).
2. La Femme (tenant une fleur).
3. Le Juge ou Docteur en droit, (au geste d'argumentation, rouleau en main).
4. Le Miroir (panneau vide).
5. Le Pape.
6. La Mort (Tête de mort et fémurs croisés).
7. Le Pauvre (le Mendiant infirme).
8. Le Prêtre (ou docteur en théologie).
9. Le Riche (tenant une pièce puisée dans son aumônière).
10. Entrelacs.
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1. Le Paysan (sa bêche sur l'épaule).
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"PAROLES de Qohèleth, fils de David, roi de Jérusalem.
Vanité des vanités disait Qohèleth. Vanité des vanités, tout est vanité !
Quel profit l’homme retire-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ?
Une génération s’en va, une génération s’en vient, et la terre subsiste toujours.
Le soleil se lève, le soleil se couche ; il se hâte de retourner à sa place, et de nouveau il se lèvera."
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En effet, que reste-t-il à l’homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ?
Tous ses jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son cœur n’a pas de repos. Cela aussi n’est que vanité.
Mieux vaut une pleine main de repos que deux pleines poignées d’efforts à la poursuite du vent. Ec 4:6
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La même figure sur l'ossuaire de Ploudiry :
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2. La Femme (tenant une fleur).
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La même figure à Ploudiry :
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3. Le Docteur en droit, ( en bonnet carré, au geste d'argumentation, rouleau du procès en main).
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Une figure semblable à Ploudiry :
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4. Le Miroir (panneau vide).
Comme le suggère l'APEVE, devant cette figure manquante, "notre désir est grand de combler le vide. II suffit, au matin du jour, de laisser le soleil y projeter son ombre. Nous trouvons alors en bonne compagnie entre le savant docteur et le pape avec sa tiare. "
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5. Le Pape.
Il est coiffé de la tiare, tient son bâton pastoral, et trace une bénédiction.
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6. La Mort (Tête de mort et fémurs croisés).
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7. Le Pauvre (le Mendiant infirme, ou L'Aveugle).
Il porte du bissac (une besace) et un bâton, dans une main difforme ou couverte d'une moufle. Sa tête inclinée et fléchie témoigne de sa posture blessée et humble.
La figure de l'Aveugle est présente dans diverses danses macabres européennes.
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8. Le Prêtre (ou : l'Official, docteur en théologie).
Il est coiffé de la barrette de docteur, il élève la main gauche d'un air docte, et tient en main droite un objet que je ne détermine pas. Il porte sur les épaules et devant la poitrine un camail à capuchon frappé d'hermines. Il évoque les statues de saint Yves dans son rôle d'official ou juge ecclésiastique du diocèse de Tréguier, et notamment celle qui se trouve sur la façade ouest de l'église de La Roche-Maurice, exactement en face de ce panneau. Néanmoins, la présence du saint breton n'aurait aucun sens ici, et il est plus logique d'y voir la figure de l'Official dans l'exercice et l'autorité de sa charge.
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9. Le Riche (tenant une pièce puisée dans son aumônière).
Les ossuaires sont construits, comme déjà les enclos paroissiaux, lors d'une période de prospérité économique liée à la production agricole et à la manufacture des toiles de lin, les créés (breton krez, chemise d'enfant) du Léon. La situation de Landerneau, abrité au fond de la Rivière de l'Elorn, comme celle de Morlaix, permet de participer à la commercialisation en Europe (Espagne et Portugal, Angleterre, Flandre). Les maisons buandières ou kanndi permettent alors le blanchiment du lin, véritable or bleu du Léon. Les paysans-marchands deviennent fortunés.
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"J’ai entrepris de grands travaux : je me suis bâti des maisons et planté des vignes.
Je me suis aménagé des jardins et des vergers ; j’y ai planté toutes sortes d’arbres fruitiers.
J’ai creusé pour moi des bassins dont les eaux irriguent des pépinières.
J’ai eu des serviteurs et des servantes, leurs enfants nés dans ma maison, ainsi qu’une abondance de gros et petit bétail, plus que tous mes prédécesseurs à Jérusalem.
J’ai encore amassé de l’argent et de l’or, la fortune des rois et des États. J’ai eu des chanteurs et des chanteuses et ce plaisir des fils d’Adam : une compagne, des compagnes…
Je me suis agrandi, j’ai surpassé tous mes prédécesseurs à Jérusalem, et ma sagesse me restait.
Rien de ce que mes yeux convoitaient, je ne l’ai refusé. Je n’ai privé mon cœur d’aucune joie ; je me suis réjoui de tous mes travaux, et ce fut ma part pour tant de labeur.
Mais quand j’ai regardé tous les travaux accomplis par mes mains et ce qu’ils m’avaient coûté d’efforts, voilà : tout n’était que vanité et poursuite de vent ; rien à gagner sous le soleil !" (L'Ecclésiaste 2:4-11)
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Qui aime l’argent n’a jamais assez d’argent, et qui aime l’abondance ne récolte rien. Cela aussi n’est que vanité.
Plus il y a de richesses, plus il y a de profiteurs. Que va en retirer celui qui les possède, sinon un spectacle pour ses yeux ?
Le travailleur dormira en paix, qu’il ait peu ou beaucoup à manger, alors que, rassasié, le riche ne parvient pas à dormir.
Voici un triste cas que j’ai vu sous le soleil : une fortune amassée pour le malheur de son maître.
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10. Entrelacs.
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LES DIX CARTOUCHES SCULPTÉS DES BASES DES COLONNES.
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"Les petites sculptures, au bas des colonnes, sur le cartouche, peuvent intriguer. II s’agit ici, comme ailleurs, de l’insigne donné au compagnon lors de son chef-d’œuvre et qui lui sert de signature." (APEVE)
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ANNEXE.
L'importance du culte des morts trouve en Bretagne des racines profondes. Mais c'est au début du XVIe siècle, en 1519, que fut rédigé à Plougonven Le Mirouer de la Mort de Jehan an archer coz (Jehan Larcher), poème en breton de 3602 vers rédigé en 1519 et publié en 1575 au couvent des Cordeliers de Cuburien près de Morlaix. Ce Mirouer aborde le thème des quatre fins dernières de l'homme, la mort, le jugement dernier, l’enfer ou le paradis.
La présence de la Mort était d'autant plus forte que le Finistère connut, notamment à la fin du XVIe siècle, des épidémies dites de peste, des famines par mauvaise récolte et rudesse du climat, ainsi que des guerres comme celle de la Ligue en 1588-1598.
Les paroissiens ont longtemps privilégié de placer leur sépulture à l'intérieur de l'église. Plus ou moins rapidement confrontés à un manque de place, ils se firent enterrés autour de l'église, puis les ossements durent être rassemblés dans des ossuaires permettant aux familles de leur prodiguer respect, aspersion d'eau bénite et prières.
On distingue les ossuaires ou reliquaires d'attache, appuyés ou enclavés à l'église, et les monuments indépendants du sanctuaire, et placés généralement contre le mur du cimetière au sud-ouest de l'enclos. Ils sont pour la plupart de forme rectangulaire et orientés nord-sud. Dans certains, une chapelle funéraire précède l'espace réservé aux ossements, comme à Pencran et Lanhouarneau . Ils comportent un, ou deux , bénitiers destinés à asperger d'eau bénite les ossements, accessible par les ouvertures non vitrées. La porte est généralement de plein-cintre couronné d'un fronton triangulaire. Plusieurs sont dédiées à sainte Anne, comme à La Roche-Maurice, Landivisiau, Guimiliau, Lannédern, Plourin-Ploudalmézeau et Saint-Hernin.
Ils sont parfois accolés à l'Arc de Triomphe, ou Porte des Morts, Porz ar Maro, qu'emprunte le cercueil à son entrée dans l'enclos.
L'Ankou est présent à Braspart, armé d'une faux, et à Ploudiry, La Roche-Maurice et Landivisiau, armé d'une flèche.
Les inscriptions en français, latin ou breton appelant les fidèles au souvenir de la Mort sont présents dans 22 ossuaires de Bretagne, dont 16 dans le Finistère.
Les plus anciens ne sont pas antérieurs au XVe siècle, mais c'est généralement au XVIIe siècle que les églises édifiées près d'un siècle plus tôt entreprennent leur construction : de ce fait, ils offrent au visiteur de très beaux exemples de l'architecture de la Renaissance, notamment introduite en Finistère vers 1570 au château de Kererjean en Saint-Vougay (au nord de Landivisiau) après la parution des recueils d'architectures de Sébastiano Serlio (Livre III, 1540) et de Philibert Delorme (Le premier tome de l'architecture, 1567).
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Les ossuaires du Léon : liste chronologique (Couffon): les enclos de la vallée de l'Elorn sont en rouge.
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Cléden-Poher, v.1575
Lanhouarneau v.1582, par l'atelier du château de Kerjean.
Landivisiau v.1585, chapelle Sainte-Anne transporté au cimetière. Vallée de l'Élorn
Sizun 1585-1588. Credo des Apôtres.
[Daoulas v. 1581-1598 détruit pour construire la sacristie actuelle. Situé en Cornouaille
Pencran 1594. Deux étages, le 2ème équipé de niches. Vallée de l'Élorn
Le Faou, 1603, détruit au XIXe
Kernilis 1609 (disparu)
La Martyre 1619. Kersantite. Vallée de l'Élorn
Roscoff, v. 1619. Deux étages,
Landerneau, Saint-Thomas 1635. Granite. Vallée de l'Élorn
Ploudiry 1635. Kersantite. L'Ankou et ses victimes. Vallée de l'Élorn.
La Roche-Maurice (1639-1640). Deux étages, le 2ème équipé de niches. L'Ankou et ses victimes. Vallée de l'Élorn.
Saint-Servais 1643
Plouzévédé 1645
Guimiliau 1648 (chapelle Sainte-Anne). Granite. Vallée de l'Élorn
Hanvec 1653 chapelle Saint-Jean
Loc-Eguiner 1657
Locmélar 1660, chapelle saint-Gouezou, détruit en 1920.
Lampaul-Guimiliau 1667-1669, chapelle de la Trinité inspirée de La Roche-Maurice. Crypte avec Mise au Tombeau. Deux étages, le 2ème équipé de niches. Vallée de l'Élorn
Commana 1677-1687
Saint-Thégonnec (1676-1682) Crypte avec Mise au Tombeau. Deux étages, le 2ème équipé de niches. Vallée de l'Élorn.
Goulven 1709
Pleyber-Christ 1738 sur édifice de 1573.
Sibiril 1743
Plabennec 1745
Guicquelleau 1790
Plougar, XVIIe
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie), 1904, Architecture bretonne, p.67
— APEVE
http://www.apeve.net/spip/spip.php?article239
— CIAP Enclos
https://www.ciap-enclos.fr/le-pays-des-enclos/#Enclos-de-La-Roche-Maurice
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, La Roche-Maurice, in Nouveau répertoires des églises et chapelles du diocèse de Quimper
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/ROCHEMAU.pdf
— COUFFON (René), 1948, L'architecture classique au pays du Léon. L'atelier de l'Elorn. L'atelier de Kerjean. Mémoires de la SHAB, page 67
https://www.shabretagne.com/scripts/files/51ebaffb02bf24.03861061/1948_02.pdf
— LE BARS (Alfred), 1961, Les ossuaires bretons, Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne SHAB
https://www.shabretagne.com/scripts/files/5283732d24ffc6.63778332/1961_04.pdf
— LE GUENNEC (Louis), 1981, Le Finistère monumental II, Brest et sa région page 501
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eacd0a2ed3929e4b775beec287004c84.pdf
— LECLERC (Guy), 2012, La Roche-Maurice, église Saint-Yves et ossuaire, Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne , Congrès de Brest SHAB pages 699-711. En ligne :
http://www.shabretagne.com/scripts/files/58e3e365148ef0.21808328/2012_31.pdf
— LÉCUREUX (Lucien), 1914, Congrès archéologique de France.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4224131z/f218.image
— LÉCUREUX, Lucien, La Roche-Maurice, Congrès archéologique de France à Brest et à Vannes., Paris, Société française d’archéologie, 1919, p. 123-127.
http://www.infobretagne.com/roche-maurice-eglise-ossuaire.htm
— MUSSAT (André), La Renaissance en Bretagne.
http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_150/La_Renaissance_en_Bretagne_.pdf