Le Phare Aon du monument Jeanne d'Arc à Lanvéoc.
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Sur Lanvéoc :
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Je n'avais rien d'autre à faire en attendant que le garage Donnard ait terminé de changer mes pneus avant : en flânant, je pris la direction de l'Ecole navale et je passais devant le monument érigé en l'honneur et souvenir de la Jeanne d'Arc, le porte-hélicoptère qui, après 45 campagnes comme bâtiment école d'application des enseignes de vaisseau depuis 1964, a été désarmé le 1er septembre 2010.
L'une de ses deux hélices est exposée au dessus de la plage de Morgat, et l'autre hélice, avec son arbre, aux Ateliers des Capucins de Brest.
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Après avoir lu le panneau et ses explications détaillées, j'examinai l'écusson sculpté à gauche du soubassement, puis, comme je ne résiste pas à rechercher les inscriptions lapidaires, je lus celles qui étaient portées du côté droit : le nom du sculpteur tailleur de pierre A. MEDANE, puis la mention entourant le phare qui se dresse fièrement au dessus :
PHARE AON.
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Je crus à une erreur de lecture, mais non, c'était bien une blague carambar, comme le confirmait les yeux et le couvre-chef ou némès qui coiffait la tourelle, et qui reproduisait le célèbre masque funéraire de TOUTANKAMON.
On peut même constater la présence d'un palmier, et de deux barques de papyrus de l'Égypte ancienne descendant le Nil.
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Ce trait d'esprit plein de finesse a-t-il été savouré par les officiels qui inaugurèrent le monument le 27 juillet 2015 ? Il y avait là le Contre-Amiral Philippe Hello, commandant l'Ecole navale , Louis Bopp, président de la société de fabrication de treuils du même nom établie à La Maison Blanche, Lanvéoc, et enfin le maire de la commune, Louis Ramoné. Alain Médane, "concepteur de l'ouvrage en pierre de taille", a-t-il été applaudi pour son esprit troupier?
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Ce calembour fait-il faire les gorges chaudes aux élèves de l'Ecole navale et à leurs enseignants ?
Je l'ignore. Mais les Anciens Cols Bleus sont restés perplexes, certains trouvant cet humour "parfaitement déplacé", d'autres hésitant entre" étonnement, irrespect et mauvais jeu de mots", avant qu'un de leurs érudits bretonnants ne leur expliquent qu'en breton, "aon" signifie "peur".
Pour dbs, le tailleur de pierre breton a voulu placer là sa touche personnelle en soulignant que les phares signalent des dangers et que "le phare était alors synonyme de peur". Les Anciens Cols Bleus se satisfirent de cette éclaircissement.
https://www.anciens-cols-bleus.net/t27087p400-jeanne-d-arc-ph-volume-5
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Je ne suis pas bien convaincu par cette explication (je doute que les loups de mer, surtout bretons, aient peur des phares, eux qui arrondissent les caps, saluent les grains et relèvent les amers). Maintenant que mon véhicule est équipé de ses pneus, je ralentirai au rond-point et je saluerai le monument, non pas d'un "bande à part sacrebleu c'est ma règle et j'y tiens", mais d'un ouaf ouaf intérieur ou du pouet-pouet ricaneur de mon klacson. Le phare Aon ! J'en ris encore ! Ces marins sont-ils des plaisantins aussi fins que les carabins? Ce calembour digne de l'Almanach du Marin Breton, car plein de sel, est-il d'usage sur les passerelles entre la règle Cras et le compas à pointes sèches ?
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On attend, sur le prochain monument, sous l'influence des bordaches joyeux-lurons,
le phare MACIEN,
Le phare INX
Le phare à MINEUSE
ou le phare ISIEN,
sans oser le phare SŒUR...
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